mercredi 19 novembre 2014

Mauritanie, le feu qui couve



correspondances de divers amis
questions ou opinions testées par BFF
mises en perspective in fine



Dimanche 19 Octobre 2014

Il n'y a plus d'échéance que l'imprévisible. Et de cet imprévisible, je suis très inquiet.

Plusieurs de mes amis et correspondants m'entretiennent
sur le calme trompeur qui règne actuellement en Mauritanie où MOAA, alors que beaucoup de rumeurs courent sur son état de santé et que lui-même et sa famille pillent ouvertement le pays, mène une chasse sans précédent aux diplomates 'indélicats' ( quatre limogés et rappelés en quatre jours) et opère des changements déterminants au niveau des forces armées et de sécurité (cabinet militaire de la présidence, direction de la sûreté, contre-espionnage, notamment).
Et la relation avec El Ghazouani a manifestement changé : des nominations importantes et des évictions, sans qu'il soit consulté : la création d’États majors opérationnels théoriquement sous ses ordres mais en réalité commandés par d'autres officiers (dont des généraux ) directement liés à MOAA, le maintien du Basep hors de la tutelle de l’État-major général des armées, le limogeage du ministre de la défense (qui était un de ses hommes) sans le consulter, contrairement à une tradition établie depuis 1978, le limogeage d'une ministre qu'il avait cooptée et qui est sa parente, etc.

Les interrogations sur l'absence de MoAA sont plus anecdotiques mais aussi variées qu'en Octobre 2012 ...
sans qu'on sache où il avait passé les sept jours qui ont suivi la fin de la fameuse visite de travail qu’il a effectuée en France ces jours-ci ! Deux hypothèses ont alors circulé à Nouakchott pour expliquer cette disparition du général :
(1) Un médecin américain lui aurait conseillé de voir rapidement son médecin à Paris, lequel aurait décidé d'une intervention chirurgicale,
(2) Il aurait fait une escapade en Ecosse ou à Singapore avec son fils Ahmedou, pour planquer une partie de la fortune faramineuse qu'il a amassée ces six dernières années et qu'il gardait en liquide au Palais.


Le 19 Octobre  0:36

Vous avez bien une idée complète de ce qui se suppute; on peut y ajouter qu'arrivé à 20 heures de retour de Paris il est allé le lendemain à 06 heures du matin à Banjul pour, disent les gens, planquer une partie de son magot dans des cantines, les banques même en Suisse n'étant plus très sécurisantes. Il aurait fait le même voyage il y aurait un an ou deux, pour la même chose. Dans tous les cas, le ras- le- bol est général et massif, l'horizon est bouché, le tunnel n'a pas de bout !
Et pourtant, et pourtant certains veulent sentir une fin de règne. Rêves et fantasmes diraient d'autres! Voilà, où on en est aujourd'hui !


Le 19 Octobre 2014   11 :00

Je vous le dis, très inquiet, l'hibernation volontaire ou impuissante du FNDU depuis le lendemain des "élections présidentielles" a rendue visible, y compris aux yeux de ceux qui le soutenaient,  l'incurie de ce pouvoir et sa dangerosité. La rue, aujourd'hui, est calme mais d'apparence seulement. En réalité, elle bruit sourdement des  vols de deniers publics par la famille du général, de l'absence de l'état lors de l'absence de celui-ci, des rivalités entre hommes d'affaires proches de lui et militaires sucrés par ses soins, de son état de santé (grave, selon certains). Sans compter l'insécurité qui règne à Nouakchott, la vie chère (les prix augmentent chaque jour !), la sécheresse qui frappe déjà une grande partie du territoire, la crainte de l'infiltration de terroristes et la psychose de l'Ebola.
Ici, il y a à craindre que ce calme soit suivi d'une tempête.

Le 20 Octobre 2014  10:20

Depuis qu'il a usurpé le pouvoir en août 2008, le général MOAA a entamé un processus d'extinction du corps de la police nationale qui s'est traduit jusqu'à présent notamment par (1) l'arrêt total des recrutements dans ce corps et (2) la répartition de ses missions sécuritaires entre une sorte de milice qu'il a créée et appelée "groupement de la sécurité routière", l'agence de l'Etat civil que dirige son cousin Mrabih, la gendarmerie nationale et un réseau de renseignement de type familial. On pense à Nouakchott que le putschiste soupçonne ce corps d'être resté fidèle à son cousin Ely Ould Mohamed Vall
Les conséquences de cette décision insensée sont rapidement apparues sur le désordre inqualifiable qui règne dans la circulation routière, la mauvaise tenue du fichier des populations et naturellement, le montée en flèche de la criminalité dans tout le pays; et d'abord à Nouakchott où les populations sont désormais amenées à s'organiser en milices de quartiers pour se protéger contre les vols et autres menaces sur leur vie et leurs biens. On imagine facilement les risques de dérapages d'une telle situation.
Exemple : depuis hier, des habitants d'un des plus grands quartiers de la capitale (Arafat) sont en sit in devant le commissariat de police pour protester contre l'arrestation de certains des leurs qui avaient arrêté, eux-mêmes, un cambrioleur et l'avaient remis à la police. Celle-ci, après avoir interrogé le suspect, a sans doute trouvé des raisons d'arrêter ses dénonciateurs.
Vous imaginez les implications d'une telle situation? !


Le 29 Octobre 2014 09 :34

Pour vous donner une idée des risques que court notre pays avec un gouvernant réduit à faire les poubelles pour prouver qu'il "se porte bien" et qu'il "travaille", un gouvernement complètement absent parce que composé pour l'être et un service public entièrement réduit au service des proches du chef de l'état.
Si le contrat de la société française Pizzorno a été dénoncé par la nouvelle maire de Nouakchott, c'est pour en partager le pactole affecté à ce contrat entre des sociétés fictives appartenant à des proches du général putschiste et, pour des miettes, à des protégés d'autres officiers. Tout simplement !

Le 12 Novembre 2014 10:44

S'agissant de Biram, le pouvoir justifie son arrestation par la "non autorisation" de la marche qu'il organisait. Lui, se préparait à traverser le fleuve vers le Sénégal ; il avait même, semble-t-il, déjà fait ses formalités au niveau du bac de Rosso. Quelques jours avant la fameuse marche qui a sillonné plusieurs localités de la vallée sans que le pouvoir lève le petit doigt, la presse locale s'était fait l'écho d'un communiqué où son organisation prétend qu'il a fait l'objet de menaces de mort et que des organisations de droits de l'homme lui avaient conseillé, avec insistance, de quitter le pays avec sa famille.
Son arrestation pour le motif invoqué est d'autant plus suspecte que le monsieur parle, agit, voyage et récolte des fonds depuis des années au nom d'une association non reconnue et qui tombe sous le coup de la loi organisant l'activité associative, sans que les autorités réagissent. Même ses déclarations où la diffamation et les attaques personnelles fusent à volonté n'ont jamais ému le pouvoir. Il a même été autorisé à candidater pour la magistrature suprême alors qu'il avait un casier judiciaire !
Après son arrestation, un groupe de ses partisans s'est attaqué directement au marché de la Capitale et non aux symboles de l'état et du pouvoir. Ils ont été, très vite, dispersés par les forces de l'ordre qui en ont arrêté un "leader" (Saad Ould Louleid) membre fondateur du parti de MOAA en 2009. Une source policière a déclaré à Saharamedias que les autorités étaient informées du "plan de perturbation de l'ordre ourdi par IRA".
Tout cela mérite enquête pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une grande manip. Surtout que MOAA aurait déclaré à des proches qu'il fallait trouver quelque chose pour "occuper les gens".
Un jour avant son arrestation, Biram tenait un discours modéré, très conciliant même. L'escalade est-elle donc voulue par le pouvoir?

Le 16 Novembre 2014 10:32
A ce lien, nouvelle intitulée "Après le président du parti au pouvoir, l'ambassadeur de France rencontre le président des FLAM" et ce commentaire : "Le nouvel ambassadeur de France, Monsieur Joel Meyer a effectué une visite de courtoisie au président de l'organisation FLAM non reconnue.
Cette visite a suscité la curiosité sur les réseaux sociaux, surtout que l'ambassadeur de France n'a déjà visité que le parti au pouvoir parmi les partis reconnus."
Pour ma part, je note qu'effectivement, Mr Meyer, par cette démarche risque de (1) consacrer la bipolarisation ethno-raciale des enjeux politiques en Mauritanie et (2) d'insinuer que la France considère l'UPR comme porte-parole des bidhans d'une part et les FLAM comme celui des kwars de l'autre.
Dans les deux cas, c'est peu connaître la réalité du terrain en Mauritanie : (1) les divergences entre bidhans et kwars ne sont vraiment déterminantes que pour l'infime minorité de nationalistes étroits maures et négro-mauritaniens qui vivent de cet extrémisme et (2) l'upr et le régime qui lui a donné naissance ne représentent pas les bidhans où se recrute une majorité d'opposants au pouvoir actuel et (3) les FLAM ne sont pas représentatives de "toutes les populations de la vallée" au point d'être érigées en porte-parole de celles-ci.
Que pensez-vous, vous, de cette démarche ?

Le 16 Novembre 2014 22:04

"Kwars" c'est l'appellation locale pour désigner les pulaar, les soninkés et les ouolofs mauritaniens et les négro-africains de façon générale. Le mot n'a rien de péjoratif. Je l'ai préféré à "négro-mauritaniens" parce que les "kwars" ne sont pas tous "nègres" d'origine tout comme les "bidhans" ne sont pas tous "blancs" de race. La carte ethno-raciale et culturelle de notre pays est très complexe et ne se réduit pas aux catégorisations manichéistes "blancs-noirs", "arabes-africains" ou "maîtres-esclaves". Tant que la diplomatie occidentale n'aura pas compris cela, elle sera toujours amenée à se fourvoyer et à porter préjudice à notre pays par certaines de ses politiques.

Le 17 novembre 2014 23:05, Bertrand Fessard de Foucault <b.fdef@wanadoo.fr> a écrit
Est-il fait état depuis vingt-quatre heures de ce jeune Normand, converti à 18 ans par des lectures internet, "sans gourou" ni réseau (selon ses dires sur une chaine de télévision française, cet été - passée alors inaperçue - contact twitter) et aujourd'hui à ses 22 ans participant, selon la dernière vidéo du "daesh" au massacre d'une vingtaine de soldats syriens et d'un jeune humanitaire américain. Il aurait séjourné à deux reprises, pour un total de huit mois, en Mauritanie et étudié dans une école salafiste.


Le 18 Novembre 2014 15:17

On parle beaucoup de ce garçon dont les services français on confirmé qu'il a séjourné deux fois en Mauritanie (en 2012 et 2013), avant de rejoindre les camps de Daesh.
A propos de MOAA et de ses prouesses anti-terroristes, j'ai toujours pensé qu'il ne s'agissait que de galéjades et que le terrorisme trouve en son pouvoir une couveuse. Et je vous l'ai toujours dit.
Je crains sérieusement que si notre pays est épargné par les attaques terroristes depuis quelques années, cela ne soit que le prix de concessions qui leur sont faites.
S'agissant des écoles salafistes, il en existe ici. Pas forcément pour former des terroristes, il est vrai. Des salafistes étrangers aussi. En nombre impressionnant. Certains ont même intégré les mosquées où ils officient comme imams et comme muezzins. Tous ne sont pas forcément des "terroristes" mais certains d'entre eux peuvent bien l'être, de toute évidence. La preuve, ce Maxime Hauchard.
Il y a une certitude qui compte pour bien appréhender ce problème : MOAA a complètement démantelé la police nationale qui, jadis, était très efficace dans l'art d'infiltrer les organisations secrètes, de ficher leurs membres et d'avorter leurs plans. Le résultat est qu'il ne faut pas exclure que des cellules terroristes dormantes se soient constituées ici à l'insu du pouvoir. D'où l'existence possible d'autres Maxime Hauchard.


Le 18 Novembre 2014 16:44

Sous le titre "Ould Abdel Aziz s'est-il présenté aux présidentielles sous un faux nom?", Taqadoumy (http://taqadoumy.com/?p=3710) publie un facsimilé du message rac par lequel est publiée la promotion au grade de général de MOAA, sous le nom de "Mohamed Alioune Ould Abdel Aziz", matricule 76935. Aux présidentielles et sur la liste électorale, il porte le nom de "Mohamed Abdel Aziz Eleya".
Cette non conformité de nom s'ajoute à la falsification du lieu de naissance de l'homme, en réalité Saint Louis du Sénégal et dans ses pièces actuelles Akjoujt !
Cela ne fait-il pas trop de "mensonges" dans l'état civil de l'homme?


Dans des frontières qui n’ont jamais été mouvantes au sud, sauf une discussion au milieu des années 1970 sur une bande semi-insulaire à l’embouchure du fleuve Sénégal, et qui ont été stabilisées à l’est (avec le Mali) par le traité de Kayes et par la doctrine adoptée par l’Organisation de l’Unité africaine, à sa fondation, la même année 1963 lui interdisant de revendiquer l’Azawad (nord malien), et enfin par la renonciation unilatérale en 1979 à la partie du Sahara espagnol qui lui était attribuée par le traité de Madrid,

la Mauritanie, administrée par la France de 1903 à 1957, n’a été potentiellement douteuse que pour les tiers en raison de ses diversités ethniques et de son manque de ressources propres. Les richesses minières d’abord, substantiellement doublées par les richesses halieutiques en ont fait un pays viable économiquement. Ce sont les régimes autoritaires qui depuis 1978 ont, chacun, peiné à maintenir l’unité spirituelle et permis, par laxisme et/ou par tactiques politiciennes, l’émergence de groupuscules ethniques. Sans doute, la période fondatrice – liée à l’habileté, à l’intégrité et au nationalisme patient mais structuré du président Moktar Ould Daddah (1957-1978) – avait vu s’exprimer le mal-être de certaines élites issues des minorités originaires de la vallée du Fleuve, tant lors du premier congrès du Parti du Peuple en 1961 qu’à propos de l’arabisation dans l’enseignement primaire et secondaire en 1966. Elle avait également vu naître en 1978 le premier mouvement d’émancipation des affranchis et des groupes serviles (El Hor).

La dictature du colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla    a vu les premières manifestations anti-esclavagistes qu’une abolition nominale du statut de servage mal accompagnée par une réforme foncière sur la vallée du Fleuve a seulement suspendues en raison, notamment, de l’hostilité de l’aristocratie locale. C’est alors que se sont constituées au Sénégal, en 1983, les FLAM (Forces de Libération Africaines de la Mauritanie). La dictature du colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya a radicalisé les tensions raciales et induit une psychose de coup militaire à connotation ethnique. Les « années de braise » ont correspondu aussi bien à une persécution des élites civiles originaires de la vallée du Fleuve : c’est alors qu’a circulé en 1986 le manifeste du négro-mauritanien opprimé consacrant l’apparition du vocable négro-africain appliqué à une partie de la population et motivant la répression d’une soi-disant tentative de coup d’Etat par une partie des officiers natifs de la Vallée, puis une épuration ethnique sanglante de l’armée. La garde prétorienne – le Basep – date de cette époque. La seconde période de dictature militaire, ouverte en 2008 par l’usurpation du pouvoir par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a ouvert un second front, sans que disparaisse le premier : la revendication anti-esclavagiste incarnée par Boubakar Ould Messaoud et plus spectaculairement Biram Dah Ould Abeid.  Pour beaucoup l’activisme de ce dernier a été suscité par le pouvoir en place afin de diminuer Messaoud Ould Boulkheir, l’initiateur historique de la revendication anti-esclavagiste et le président de l’Assemblée nationale quand fut votée la loi criminalisant les pratiques esclavagistes.

L’ensemble de ces deux foyers de tension menaçant ethniquement et socialement, était en cours de résorption consensuelle pendant la présidence, si vite interrompue (2007-2008), du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, en même temps que le passif humanitaire issu des « années de braise ».

Le débat est aujourd’hui de plus en plus complexe. Si les FLAM n’ont jamais été reconnues en tant que parti politique à l’intérieur du pays, en revanche la courte période démocratique leur a donné droit de cité en même temps qu’elle a intégré les islamistes dans la vie nationale en donnant la légalité au parti Tawassoul. Mais depuis 2008, le pouvoir en place se pose en défenseur d’une seule ethnie si composite qu’elle soit, et de pratiques sociales, même illégales. La contestation anti-esclavagiste mettant en cause le rite malékite et certaines interprétations de l’Islam apportent même au putschiste le beau rôle de défendre la religion de la quasi-unanimité des Mauritaniens

La cause raciale et la cause sociale tendent à se confondre, mais elles sont indépendantes de l’opposition politique et ne soutiennent pas la pétition démocratique. Au lieu d’un débat démocratique et d’une perspective d’alternance au pouvoir ou d’un changement du régime actuel, la vie nationale mauritanienne s’engage dans la voie périlleuse de réévaluer tout ce qui constitue le pays.  C’est le fait de minorités aussi distantes de l’opposition démocratique que du pouvoir en place, mais celui-ci y gagne mensongèrement de paraître en tout le modérateur et surtout le garant de l’identité nationale.

C’est ce débat biaisé qui inquiète car, du fait dsu pouvoir actuel, il est mené dans le contexte le moins propice à l’objectivité et aux conciliations. La carte des ethnies ne peut se dessiner avec exactitude, celles des tribus pas davantage depuis l’urbanisation massive et la concentration des populations à Nouakchott, les clivages sociaux et la place des haratines dans l’influence économique, politique et culturelle sont mouvants. La corruption ne profitant qu’à la parentèle du dictature, les nominations militaires, politiques, administratives et dans la part de l’économie dépendant de l’Etat (c’est-à-dire sa plus grande partie) n’étant que féodales, le pays paraît ou monolithique ou ne se comprendre que selon une multitude d’entrées et de critères difficiles à discerner. La façade démocratique, malgré des calendriers électoraux très bouleversés depuis le coup de 2008 et le boycott par l’opposition de toute consultation depuis 2013, donne la sensation d’un pays d’autant plus stable qu’aucun mouvement de contestation générale et violente n’est plus enregistré depuis la légitimation de l’usurpation par élection présidentielle du putschiste en 2009.

Aucune des causes d’instabilité – ainsi relevées – n’ayant opéré depuis cinq ans, l’observateur superficiel en vient à considérer la Mauritanie, par comparaison avec l’ensemble des Etats de  l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, comme le plus stable de la région, et donc un partenaire de choix pour la France (et les Etats-Unis).

Ces dernières semaines donnent pourtant à penser le contraire. A ceux qui imaginent une relève seulement lointaine dans l’avenir par un changement de génération politique que jusqu’à présent l’opposition démocratique n’avait pas consenti, plusieurs faits rappellent que la suite est imprévisible, et peut vite commencer.

A cela, la France n’est pas préparée. Ses ambassadeurs se sont portés forts du général Mohamed Ould Abdel Aziz tant à Paris auprès du Président et du gouvernement, que des opposants à Nouakchott. Ils n’ont pas pour autant, jusqu’ici, pénétré la personnalité du dictateur ni évalué la fiabilité de son alliance apparente avec celle à laquelle il doit la pérennité de sa place. La France ne connaît pas davantage l’armée, alors même qu’elle a cautionné le coup de 2008 – par corruption du secrétaire général de l’Elysée à l’époque – et reconnu la légitimité des élections présidentielles qui suivirent puis celles qui viennent d’avoir lieu. Il est vrai que l’Union africaine s’est donnée en début d’année le putschiste pour la présider, et donc ces jours-ci la représenter au règlement provisoire de la crise bukinabé, et l’un des chefs d’Etat les plus corrompus personnellement pour la représenter au G 20 de Brisbane. Enfin, la France ne connaît plus la société mauritanienne ni la culture et l’islam qui sont les siens. Simplement parce qu’elle se fonde sur des considérations obsolètes (pays/société maures par opposition à un pays/société nègres ; populations blanches arabophones contre populations noires francophones ; rapports maures esclavagistes/esclaves esclaves ou descendants d’esclaves) et plus encore sur une certitude de représentativité et d’efficacité du général Mohamed Ould Abdel Aziz.



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