correspondances
de divers amis
questions ou
opinions testées par BFF
mises en perspective in fine
Dimanche 19 Octobre 2014
Il n'y a plus d'échéance que l'imprévisible. Et de cet imprévisible,
je suis très inquiet.
Plusieurs de mes amis et correspondants m'entretiennent sur le calme trompeur qui règne actuellement en Mauritanie où MOAA, alors que beaucoup de rumeurs courent sur son état de santé et que lui-même et sa famille pillent ouvertement le pays, mène une chasse sans précédent aux diplomates 'indélicats' ( quatre limogés et rappelés en quatre jours) et opère des changements déterminants au niveau des forces armées et de sécurité (cabinet militaire de la présidence, direction de la sûreté, contre-espionnage, notamment).
Plusieurs de mes amis et correspondants m'entretiennent sur le calme trompeur qui règne actuellement en Mauritanie où MOAA, alors que beaucoup de rumeurs courent sur son état de santé et que lui-même et sa famille pillent ouvertement le pays, mène une chasse sans précédent aux diplomates 'indélicats' ( quatre limogés et rappelés en quatre jours) et opère des changements déterminants au niveau des forces armées et de sécurité (cabinet militaire de la présidence, direction de la sûreté, contre-espionnage, notamment).
Et la relation avec El Ghazouani a manifestement changé :
des nominations importantes et des évictions, sans qu'il soit consulté : la création
d’États majors opérationnels théoriquement sous ses ordres mais en réalité
commandés par d'autres officiers (dont des généraux ) directement liés à MOAA,
le maintien du Basep hors de la tutelle de l’État-major général des armées, le
limogeage du ministre de la défense (qui était un de ses hommes) sans le
consulter, contrairement à une tradition établie depuis 1978, le limogeage
d'une ministre qu'il avait cooptée et qui est sa parente, etc.
Les interrogations sur l'absence de MoAA sont plus anecdotiques mais aussi variées qu'en Octobre 2012 ...
sans qu'on
sache où il avait passé les sept jours qui ont suivi la fin de la fameuse
visite de travail qu’il a effectuée en France ces jours-ci ! Deux hypothèses
ont alors circulé à Nouakchott pour expliquer cette disparition du général :
(1) Un médecin
américain lui aurait conseillé de voir rapidement son médecin à Paris, lequel
aurait décidé d'une intervention chirurgicale,
(2) Il aurait fait une escapade en Ecosse ou à Singapore
avec son fils Ahmedou, pour planquer une partie de la fortune faramineuse qu'il
a amassée ces six dernières années et qu'il gardait en liquide au Palais.
Le 19 Octobre 0:36
Vous avez bien
une idée complète de ce qui se suppute; on peut y ajouter qu'arrivé à
20 heures de retour de Paris il est allé le lendemain à 06 heures du matin à
Banjul pour, disent les gens, planquer une partie de son magot dans des
cantines, les banques même en Suisse n'étant plus très sécurisantes. Il aurait
fait le même voyage il y aurait un an ou deux, pour la même chose. Dans
tous les cas, le ras- le- bol est général et massif, l'horizon est bouché, le
tunnel n'a pas de bout !
Et pourtant,
et pourtant certains veulent sentir une fin de règne. Rêves et fantasmes
diraient d'autres! Voilà, où on en est aujourd'hui !
Le 19 Octobre 2014 11 :00
Je vous le
dis, très inquiet, l'hibernation volontaire ou impuissante du FNDU depuis le
lendemain des "élections présidentielles" a rendue visible, y compris
aux yeux de ceux qui le soutenaient, l'incurie de ce pouvoir et sa
dangerosité. La rue, aujourd'hui, est calme mais d'apparence seulement. En
réalité, elle bruit sourdement des vols de deniers publics par la famille
du général, de l'absence de l'état lors de l'absence de celui-ci, des rivalités
entre hommes d'affaires proches de lui et militaires sucrés par ses soins, de son
état de santé (grave, selon certains). Sans compter l'insécurité qui règne à
Nouakchott, la vie chère (les prix augmentent chaque jour !), la sécheresse qui
frappe déjà une grande partie du territoire, la crainte de l'infiltration de
terroristes et la psychose de l'Ebola.
Ici, il y a à craindre que ce calme soit
suivi d'une tempête.
Le 20 Octobre 2014 10:20
Depuis qu'il a
usurpé le pouvoir en août 2008, le général MOAA a entamé un processus
d'extinction du corps de la police nationale qui s'est traduit jusqu'à présent
notamment par (1) l'arrêt total des recrutements dans ce corps et (2) la
répartition de ses missions sécuritaires entre une sorte de milice qu'il a
créée et appelée "groupement de la sécurité routière", l'agence de
l'Etat civil que dirige son cousin Mrabih, la gendarmerie nationale et un
réseau de renseignement de type familial. On pense à Nouakchott que le
putschiste soupçonne ce corps d'être resté fidèle à son cousin Ely Ould Mohamed
Vall
Les
conséquences de cette décision insensée sont rapidement apparues sur le
désordre inqualifiable qui règne dans la circulation routière, la mauvaise
tenue du fichier des populations et naturellement, le montée en flèche de la
criminalité dans tout le pays; et d'abord à Nouakchott où les populations sont
désormais amenées à s'organiser en milices de quartiers pour se protéger contre
les vols et autres menaces sur leur vie et leurs biens. On imagine facilement
les risques de dérapages d'une telle situation.
Exemple :
depuis hier, des habitants d'un des plus grands quartiers de la capitale
(Arafat) sont en sit in devant le commissariat de police pour protester contre
l'arrestation de certains des leurs qui avaient arrêté, eux-mêmes, un
cambrioleur et l'avaient remis à la police. Celle-ci, après avoir interrogé le
suspect, a sans doute trouvé des raisons d'arrêter ses dénonciateurs.
Vous imaginez
les implications d'une telle situation? !
Le 29 Octobre 2014 09 :34
Pour vous
donner une idée des risques que court notre pays avec un gouvernant réduit à
faire les poubelles pour prouver qu'il "se porte bien" et qu'il
"travaille", un gouvernement complètement absent parce que composé
pour l'être et un service public entièrement réduit au service des proches du
chef de l'état.
Si le contrat de la société française
Pizzorno a été dénoncé par la nouvelle maire de Nouakchott, c'est pour en
partager le pactole affecté à ce contrat entre des sociétés fictives
appartenant à des proches du général putschiste et, pour des miettes, à des
protégés d'autres officiers. Tout simplement !
Le 12 Novembre 2014 10:44
S'agissant de Biram, le pouvoir justifie son arrestation par la "non autorisation" de la marche qu'il organisait. Lui, se préparait à traverser le fleuve vers le Sénégal ; il avait même, semble-t-il, déjà fait ses formalités au niveau du bac de Rosso. Quelques jours avant la fameuse marche qui a sillonné plusieurs localités de la vallée sans que le pouvoir lève le petit doigt, la presse locale s'était fait l'écho d'un communiqué où son organisation prétend qu'il a fait l'objet de menaces de mort et que des organisations de droits de l'homme lui avaient conseillé, avec insistance, de quitter le pays avec sa famille.
Son
arrestation pour le motif invoqué est d'autant plus suspecte que le monsieur
parle, agit, voyage et récolte des fonds depuis des années au nom d'une
association non reconnue et qui tombe sous le coup de la loi organisant
l'activité associative, sans que les autorités réagissent. Même ses
déclarations où la diffamation et les attaques personnelles fusent à volonté
n'ont jamais ému le pouvoir. Il a même été autorisé à candidater pour la
magistrature suprême alors qu'il avait un casier judiciaire !
Après son
arrestation, un groupe de ses partisans s'est attaqué directement au marché de la Capitale et non aux
symboles de l'état et du pouvoir. Ils ont été, très vite, dispersés par les
forces de l'ordre qui en ont arrêté un "leader" (Saad Ould Louleid)
membre fondateur du parti de MOAA en 2009. Une source policière a déclaré à
Saharamedias que les autorités étaient informées du "plan de perturbation
de l'ordre ourdi par IRA".
Tout cela mérite enquête pour s'assurer
qu'il ne s'agit pas d'une grande manip. Surtout que MOAA aurait déclaré à des
proches qu'il fallait trouver quelque chose pour "occuper les gens".
Un jour avant
son arrestation, Biram tenait un discours modéré, très conciliant même.
L'escalade est-elle donc voulue par le pouvoir?
Le 16 Novembre 2014 10:32
A ce lien, nouvelle
intitulée "Après le président du parti au pouvoir, l'ambassadeur de France
rencontre le président des FLAM" et ce commentaire : "Le nouvel
ambassadeur de France, Monsieur Joel Meyer a effectué une visite de courtoisie
au président de l'organisation FLAM non reconnue.
Cette visite a suscité la curiosité
sur les réseaux sociaux, surtout que l'ambassadeur de France n'a déjà visité
que le parti au pouvoir parmi les partis reconnus."
Pour ma part,
je note qu'effectivement, Mr Meyer, par cette démarche risque de (1) consacrer
la bipolarisation ethno-raciale des enjeux politiques en Mauritanie et (2) d'insinuer
que la France
considère l'UPR comme porte-parole des bidhans d'une part et les FLAM comme
celui des kwars de l'autre.
Dans les deux cas, c'est peu connaître
la réalité du terrain en Mauritanie : (1) les divergences entre bidhans et
kwars ne sont vraiment déterminantes que pour l'infime minorité de
nationalistes étroits maures et négro-mauritaniens qui vivent de cet extrémisme
et (2) l'upr et le régime qui lui a donné naissance ne représentent pas les
bidhans où se recrute une majorité d'opposants au pouvoir actuel et (3) les
FLAM ne sont pas représentatives de "toutes les populations de la
vallée" au point d'être érigées en porte-parole de celles-ci.
Que pensez-vous, vous, de cette démarche
?
Le 16 Novembre 2014 22:04
"Kwars" c'est l'appellation locale
pour désigner les pulaar, les soninkés et les ouolofs mauritaniens et les
négro-africains de façon générale. Le mot n'a rien de péjoratif. Je l'ai
préféré à "négro-mauritaniens" parce que les "kwars" ne
sont pas tous "nègres" d'origine tout comme les "bidhans"
ne sont pas tous "blancs" de race. La carte ethno-raciale et
culturelle de notre pays est très complexe et ne se réduit pas aux
catégorisations manichéistes "blancs-noirs",
"arabes-africains" ou "maîtres-esclaves". Tant que la
diplomatie occidentale n'aura pas compris cela, elle sera toujours amenée à se
fourvoyer et à porter préjudice à notre pays par certaines de ses politiques.
Le
17 novembre 2014 23:05, Bertrand Fessard de Foucault <b.fdef@wanadoo.fr> a
écrit
Est-il fait état depuis vingt-quatre
heures de ce jeune Normand, converti à 18 ans par des lectures internet,
"sans gourou" ni réseau (selon ses dires sur une chaine de télévision
française, cet été - passée alors inaperçue - contact twitter) et aujourd'hui à
ses 22 ans participant, selon la dernière vidéo du "daesh" au
massacre d'une vingtaine de soldats syriens et d'un jeune humanitaire
américain. Il aurait séjourné à deux reprises, pour un total de huit mois, en
Mauritanie et étudié dans une école salafiste.
Le 18 Novembre 2014 15:17
On parle beaucoup de ce garçon dont les services français on confirmé qu'il a séjourné deux fois en Mauritanie (en 2012 et 2013), avant de rejoindre les camps de Daesh.
A propos de
MOAA et de ses prouesses anti-terroristes, j'ai toujours pensé qu'il ne
s'agissait que de galéjades et que le terrorisme trouve en son pouvoir une couveuse.
Et je vous l'ai toujours dit.
Je crains
sérieusement que si notre pays est épargné par les attaques terroristes depuis
quelques années, cela ne soit que le prix de concessions qui leur sont faites.
S'agissant des écoles salafistes, il en existe ici. Pas forcément pour former des terroristes, il est vrai. Des salafistes étrangers aussi. En nombre impressionnant. Certains ont même intégré les mosquées où ils officient comme imams et comme muezzins. Tous ne sont pas forcément des "terroristes" mais certains d'entre eux peuvent bien l'être, de toute évidence. La preuve, ce Maxime Hauchard.
Il y a une certitude qui compte pour bien appréhender ce problème : MOAA a complètement démantelé la police nationale qui, jadis, était très efficace dans l'art d'infiltrer les organisations secrètes, de ficher leurs membres et d'avorter leurs plans. Le résultat est qu'il ne faut pas exclure que des cellules terroristes dormantes se soient constituées ici à l'insu du pouvoir. D'où l'existence possible d'autres Maxime Hauchard.
S'agissant des écoles salafistes, il en existe ici. Pas forcément pour former des terroristes, il est vrai. Des salafistes étrangers aussi. En nombre impressionnant. Certains ont même intégré les mosquées où ils officient comme imams et comme muezzins. Tous ne sont pas forcément des "terroristes" mais certains d'entre eux peuvent bien l'être, de toute évidence. La preuve, ce Maxime Hauchard.
Il y a une certitude qui compte pour bien appréhender ce problème : MOAA a complètement démantelé la police nationale qui, jadis, était très efficace dans l'art d'infiltrer les organisations secrètes, de ficher leurs membres et d'avorter leurs plans. Le résultat est qu'il ne faut pas exclure que des cellules terroristes dormantes se soient constituées ici à l'insu du pouvoir. D'où l'existence possible d'autres Maxime Hauchard.
Le 18 Novembre 2014 16:44
Sous le titre
"Ould Abdel Aziz s'est-il présenté aux présidentielles sous un faux
nom?", Taqadoumy (http://taqadoumy.com/?p=3710)
publie un facsimilé du message rac par lequel est publiée la promotion au grade
de général de MOAA, sous le nom de "Mohamed Alioune Ould Abdel Aziz",
matricule 76935. Aux présidentielles et sur la liste électorale, il porte le
nom de "Mohamed Abdel Aziz Eleya".
Cette non
conformité de nom s'ajoute à la falsification du lieu de naissance de l'homme,
en réalité Saint Louis du Sénégal et dans ses pièces actuelles Akjoujt !
Cela ne fait-il pas trop de
"mensonges" dans l'état civil de l'homme?
Dans des frontières qui n’ont
jamais été mouvantes au sud, sauf une discussion au milieu des années 1970 sur
une bande semi-insulaire à l’embouchure du fleuve Sénégal, et qui ont été
stabilisées à l’est (avec le Mali) par le traité de Kayes et par la doctrine
adoptée par l’Organisation de l’Unité africaine, à sa fondation, la même année 1963 lui interdisant de revendiquer
l’Azawad (nord malien), et enfin par la renonciation unilatérale en 1979 à la
partie du Sahara espagnol qui lui était attribuée par le traité de Madrid,
la Mauritanie, administrée par la France de 1903 à 1957, n’a
été potentiellement douteuse que pour les tiers en raison de ses diversités
ethniques et de son manque de ressources propres. Les richesses minières
d’abord, substantiellement doublées par les richesses halieutiques en ont fait
un pays viable économiquement. Ce sont les régimes autoritaires qui depuis 1978 ont, chacun, peiné à
maintenir l’unité spirituelle et permis, par laxisme et/ou par tactiques
politiciennes, l’émergence de groupuscules ethniques. Sans doute, la période
fondatrice – liée à l’habileté, à l’intégrité et au nationalisme patient mais
structuré du président Moktar Ould Daddah (1957-1978) – avait vu s’exprimer le
mal-être de certaines élites issues des minorités originaires de la vallée du
Fleuve, tant lors du premier congrès du Parti du Peuple en 1961 qu’à propos de
l’arabisation dans l’enseignement primaire et secondaire en 1966. Elle avait également
vu naître en 1978 le premier mouvement d’émancipation des affranchis et des
groupes serviles (El Hor).
La dictature du colonel
Mohamed Khouna Ould Haïdalla a vu les
premières manifestations anti-esclavagistes qu’une abolition nominale du statut
de servage mal accompagnée par une réforme foncière sur la vallée du Fleuve a
seulement suspendues en raison, notamment, de l’hostilité de l’aristocratie
locale. C’est alors que se sont constituées au Sénégal, en 1983, les FLAM
(Forces de Libération Africaines
de la Mauritanie).
La dictature du colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya a radicalisé les tensions
raciales et induit une psychose de coup militaire à connotation ethnique. Les
« années de braise » ont correspondu aussi bien à une
persécution des élites civiles originaires de la vallée du Fleuve : c’est
alors qu’a circulé en 1986 le manifeste du négro-mauritanien opprimé consacrant
l’apparition du vocable négro-africain appliqué à une partie de la population
et motivant la répression d’une soi-disant tentative de coup d’Etat par une
partie des officiers natifs de la Vallée, puis une épuration ethnique sanglante
de l’armée. La garde prétorienne – le Basep – date de cette époque. La seconde
période de dictature militaire, ouverte en 2008 par l’usurpation du pouvoir par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a ouvert un
second front, sans que disparaisse le premier : la revendication
anti-esclavagiste incarnée par Boubakar Ould Messaoud et plus spectaculairement
Biram Dah Ould Abeid. Pour beaucoup l’activisme de ce dernier a été
suscité par le pouvoir en place afin de diminuer Messaoud Ould Boulkheir,
l’initiateur historique de la revendication anti-esclavagiste et le président
de l’Assemblée nationale quand fut votée la loi criminalisant les pratiques esclavagistes.
L’ensemble de ces deux foyers
de tension menaçant ethniquement et socialement, était en cours de résorption
consensuelle pendant la présidence, si vite interrompue (2007-2008), du président Sidi Mohamed
Ould Cheikh Abdallahi, en même temps que le passif humanitaire issu des
« années de braise ».
Le débat est aujourd’hui de
plus en plus complexe. Si les FLAM n’ont jamais été reconnues en tant que parti
politique à l’intérieur du pays, en revanche la courte période démocratique
leur a donné droit de cité en même temps qu’elle a intégré les islamistes dans
la vie nationale en donnant la légalité au parti Tawassoul. Mais depuis 2008,
le pouvoir en place se pose en défenseur d’une seule ethnie si composite
qu’elle soit, et de pratiques sociales, même illégales. La contestation
anti-esclavagiste mettant en cause le rite malékite et certaines
interprétations de l’Islam apportent même au putschiste le beau rôle de
défendre la religion de la quasi-unanimité des Mauritaniens
La cause raciale et la cause
sociale tendent à se confondre, mais elles sont indépendantes de l’opposition
politique et ne soutiennent pas la pétition démocratique. Au lieu d’un débat
démocratique et d’une perspective d’alternance au pouvoir ou d’un changement du
régime actuel, la vie nationale mauritanienne s’engage dans la voie périlleuse
de réévaluer tout ce qui constitue le pays. C’est le fait de minorités aussi distantes de
l’opposition démocratique que du pouvoir en place, mais celui-ci y gagne
mensongèrement de paraître en tout le modérateur et surtout le garant de
l’identité nationale.
C’est ce débat biaisé qui
inquiète car, du fait dsu pouvoir actuel, il est mené dans le contexte le moins
propice à l’objectivité et aux conciliations. La carte des ethnies ne peut se
dessiner avec exactitude, celles des tribus pas davantage depuis l’urbanisation
massive et la concentration des populations à Nouakchott, les clivages sociaux
et la place des haratines dans l’influence économique, politique et culturelle
sont mouvants. La corruption ne profitant qu’à la parentèle du dictature, les
nominations militaires, politiques, administratives et dans la part de
l’économie dépendant de l’Etat (c’est-à-dire sa plus grande partie) n’étant que
féodales, le pays paraît ou monolithique ou ne se comprendre que selon une multitude d’entrées et
de critères difficiles à discerner. La façade démocratique, malgré des
calendriers électoraux très bouleversés depuis le coup de 2008 et le boycott par l’opposition de
toute consultation depuis 2013, donne la sensation d’un pays d’autant plus
stable qu’aucun mouvement de contestation générale et violente n’est plus
enregistré depuis la légitimation de l’usurpation par élection présidentielle
du putschiste en 2009.
Aucune des causes
d’instabilité – ainsi relevées – n’ayant opéré depuis cinq ans, l’observateur
superficiel en vient à considérer la Mauritanie, par comparaison avec l’ensemble des
Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, comme le plus stable de la région, et donc
un partenaire de choix pour la
France (et les Etats-Unis).
Ces dernières semaines
donnent pourtant à penser le contraire. A ceux qui imaginent une relève seulement
lointaine dans l’avenir par un
changement de génération politique que jusqu’à présent l’opposition
démocratique n’avait pas consenti, plusieurs faits rappellent que la suite est
imprévisible, et peut vite commencer.
A cela, la France n’est pas préparée. Ses
ambassadeurs se sont portés forts du général Mohamed Ould Abdel Aziz tant à
Paris auprès du Président et du gouvernement, que des opposants à Nouakchott.
Ils n’ont pas pour autant, jusqu’ici, pénétré la personnalité du dictateur ni
évalué la fiabilité de son alliance apparente avec celle à laquelle il doit la
pérennité de sa place. La
France ne connaît pas davantage l’armée, alors même qu’elle a
cautionné le coup de 2008 – par corruption du secrétaire général de l’Elysée à
l’époque – et reconnu la légitimité des élections présidentielles qui suivirent
puis celles qui viennent d’avoir lieu. Il est vrai que l’Union africaine s’est
donnée en début d’année le
putschiste pour la présider,
et donc ces jours-ci la représenter au règlement provisoire de la crise
bukinabé, et l’un des chefs d’Etat les plus corrompus personnellement pour la
représenter au G 20 de Brisbane. Enfin, la France ne connaît plus la société mauritanienne
ni la culture et l’islam qui
sont les siens. Simplement parce qu’elle se fonde sur des considérations
obsolètes (pays/société maures par opposition à un pays/société nègres ;
populations blanches arabophones contre populations noires francophones ;
rapports maures esclavagistes/esclaves esclaves ou descendants d’esclaves) et
plus encore sur une certitude de représentativité et d’efficacité du général
Mohamed Ould Abdel Aziz.
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