mercredi 31 juillet 2013
mardi 30 juillet 2013
lundi 29 juillet 2013
pratiques esclavagistes - textes les réprimant
textes réprimant la perpétuation des pratiques esclavagistes en Mauritanie
. Moktar Ould Daddah p. 1
. Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi p. 7
Il y aurait à établir
. la recension des ouvrages et articles sur les pratiques esclavagistes : ceux-ci dépassent à eux seuls l’ensemble de ce qui a été écrit sur la politique, l’économie, l’histoire et la société mauritanienne en général – c’est dire que la Mauritanie est surtout connue sous cet angle (ce qui est déplorable)
. les cas trop scandaleux ou émouvants pour ne pas entraîner un mouvement d’opinion, posant du coup la question de la tolérance ou de la légalité de ces pratiques
. l’histoire des mouvements abolitionnistes dans leur relation – pour la Mauritanie – avec d’une part la question de la place des haratines dans la société maure et dans la politique nationale, et d’autre part la question des clivages ethniques et principalement la discussion par les originaires de la Vallée du Fleuve de l’identité mauritanienne et de ce qu’est ou peut être la nation mauritanienne, donc (ce qui n’est accessoire pour personne mais ne contribue pas à l’unisson) l’arabité dela Mauritanie
Je suis pour ma part convaincu qu’il y a coincidence entre les régimes les plus autoritaires (en Mauritanie comme ailleurs) et la tolérance sinon l’encouragement cynique de la persistance de ces pratiques. – Le remède sous de tels régimes est que les abolitionnistes fondés en morale, et depuis 2007, en droit, fassent cause commune avec les démocrates, car l’établissement de la démocratie, qui est l’Etat de droit, est le seul cadre possible pour l’éradication de ces pratiques
circulaires et approche du président Moktar Ould Daddah
1957 . 1978
La Mauritanie contre vents et marées – mémoires pp. 564 à 568
(éd. Karthala . Octobre 2003 . 669 pages) disponible en arabe et en français
développement sur la Charte du Parti adoptée au congrès de 1975
in chapitre 20 – Nos décisions révolutionnaires
4°)
l’élimination radicale de l’exploitation de l’homme par l’homme. Par le retour à l’Islam authentique, il sera mis fin à l’oppression culturelle et spirituelle, à l’inégalité dans le travail et en conséquence “ tout travail non rémunéré, non contractuel, non garanti, qu’il s’agisse de domesticité, de métayage ou de gardiennage de troupeaux, doit être éliminé ”.
De toute évidence, la Charte vise ici le problème de l’esclavage que, par pudeur honteuse, nous avons pris l’habitude de ne pas appeler par son nom.
Survivance abominable d’une époque révolue, l’esclavage existait encore chez nous bien qu’il soit contraire à l’Islam originel et qu’il soit condamné par l’Histoire. Usage fort complexe pratiqué depuis des siècles par notre société - comme par beaucoup d’autres sociétés arabo-africaines et autres -, il faisait partie intégrante des traditions négatives de toutes les composantes de notre société, aussi bien dans sa partie bédouine que dans sa partie sédentaire. Il ne pouvait donc malheureusement pas disparaître du jour au lendemain : ici aussi le facteur temps est incontournable. Même certains de ceux qui en étaient les victimes ne le remettaient pas en cause. A plus forte raison, ceux qui le pratiquaient. Ce qui ne nous a nullement empêchés, dès l’accession à l’indépendance de notre pays, d’oeuvrer pour sa suppression. Tâche particulièrement difficile dans un pays comme le nôtre, si conservateur et par ailleurs si vaste, avec des populations très dispersées et dont la grande majorité était nomade.
Aussi, notre première Constitution d’Etat indépendant, celle du 20 Mai 1961, en son article 1er, alinéa 2, supprime, de jure, l’esclavage en proclamant “ La République assure à tous les citoyens, sans distinction de race, de religion ou de condition sociale, l’égalité devant la loi ”.
Pour des raisons conjoncturelles – l’examen de notre candidature aux Nations Unies et les menaces intérieures et extérieures contre notre unité nationale naissante et l’intégrité territoriale de notre pays - cette suppression n’était pas suffisamment explicite. Néanmoins, pour nous, elle était réelle dans son principe. Raison pour laquelle le Parti et le Gouvernement ont, dès le début, mené une politique anti-esclavagiste, discrète certes - pour les raisons déjà évoquées - mais véritable et conforme à l’Islam originel et à la Constitution de 1961. Cependant, pour éviter de graves troubles que n’auraient pas manqué de provoquer une attaque frontale du problème, attaque dont nous n’avions ni les moyens judiciaires, ni les moyens policiers, nous avons du biaiser. Et alterner la persuasion et la fermeté, suivant les cas. Dans ce sens, des directives ont été données aux responsables politiques et administratifs. Ainsi, la fermeté était-elle prescrite aux autorités administratives et policières (gendarmerie et police) saisies de cas concrets. Lesquels cas devaient toujours être tranchés en faveur “des serviteurs” auxquels il devait être rappelé - tout comme à “leurs maîtres” - qu’ils étaient complètement libres.
Dans le même esprit, le ministre de la Justice, par circulaire n° 8 du 5 Décembre 1969 dessaisissait les cadis de tous les cas concernant “ la main d’oeuvre servile ”. Cas qui devaient relever exclusivement des tribunaux de droit moderne. La circulaire, dont j’avais personnellement pesé chaque terme, fut signée par deux Gardes des Sceaux successifs [1], je tenais en effet d’une part à ce que la répétition ancre le principe dans les esprits, et d’autre part à ce que la hiérarchie de nos magistrats soit directement responsabilisée par le ministre. L’importance de la question et l’ampleur des critiques souvent mal informées me conduisent à donner ici l’intégralité de ce texte [2].
O b j e t : Main d’œuvre servile.
Mon attention a été attirée sur certains litiges nés à propos de l’utilisation de la main d’œuvre servile.
A cette occasion, je crois devoir vous rappeler que l’avènement à l’indépendance dans tous les Etats modernes a toujours consacré la suppression systématique de l’escalavage ainsi que celles de toutes les pratiques analogues. Aux idées réactionnaires artificielles, on pourrait obbjecter facilement que l’escalavage avait été à l’origine autorisé dans le Livre saint en vue de faciliter la soumission des infidèles et par suite leur conversion à la religion musulmane ; que cette « arme » devait être conbsidérée comme un moyen et non comme une fin ; que, de ce fait, l’esclavage n’aurait plus sa raison d’être dans une société musulmane à cent pour cent, que sa pratique est donc incompatible avec le nouvel ordre social tel qu’il est défini par la Constitution et les lois de la République prises dans le cadre de la Charte des Nations Unies et des conventions internationales.
En effet, la Constitution du 20 Mai 1961, après avoir fait référence, dans son préambule, à la Déclaration française de 1789 sur les droits de l’homme, et à la Déclaration universelle du 10 Décembre 1948 affirme, en son article 1er alinéa 2 : « La République Islamique de Mauritanie assure à tous les citoyens sans distinction de race, de religion ou condition sociale, l’égalité devant la loi ».
Cette disposition constitutionnelle vient donc supprimer, de façon claire et sans équivoque, toute discrimination raciale, religieuse ou sociale, et elle s’impose, non seulement dans l’application de la loi moderne, mais aussi dans l’application de la loi musulmane et droit coutumier qui ne sont, somme toute, qu’une partie intégrante du droit national mauritanien.
Dans le domaine social proprement dit, une loi de 1963 instituant un Code du travil en République Islamique de Mauritanie, interdit formellement le travail forcé ou obligatoire en donnant à cette fâcheuse institution la même définition que celle donnée dans les conventions internationales de 1926 et de 1956, je cite : « tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré ». Fin de citation.
De même, le Code pénal actuellement en vigueur en République Islamique de Mauritanie réprime, sous des qualifications tantôt correctionnelles, tantôt criminelles, toute atteinte à la liberté d’autrui ainsi que tout acte de brutalité et de menace.
En particulier, toutes les conventions ayant pour objet d’aliéner la liberté d’une personne, sont réprimées par ce Code.
Or, j’apprends que certaines personnes présentent souvent aux autorités cette question « serviteur » sous des aspects divers et artificiels. Les cas suivants seraient les plus fréquents :
- parfois, il s’agit d’un « maître » qui s’approprie les bien de son « serviteur », sous le fallacieux prétexte que celui-ci, lui-même objet de propriété, ne pourrait rien posséder qui n’appartienne à « son patron »,
- tantôt, le « maître » tente d’empêcher le mariage de ses « serviteurs » si son consentement n’est pas demandé au préalable,
- tantôt, il s’agit d’un « maître » qui cherche vainement à rétablir son autorité sur ses prétendus serviteurs en « fuite » et il invoque à leur encontre de prétendues « créances » s’il ne les accuse pas, devant la juridiction répressive, de détournement ou de vol,
- tantôt enfin, il s’agit de conventions passées effectivement et ayant pour cause ou pour objet d’attribuer à une ou à plusieurs personnes la propriété totale ou partielle d’un prétendu « serviteur », d’une prétendue « servante » ou de leurs enfants.
Toutes ces pratiques sont anacrhoniques et nuisent au renom et à la réputation de notre pays et ne sont en tout cas conformes ni à notre droit interne, ni au droit international.
En conséquence, je vous demande de bien vouloir y mettre fin et de vous abstenir dorénavant de tout ce qui peut en permettre le retour direct ou indirect.
Je dois à la vérité de reconnaître que cette politique et ces directives n’étaient pas toujours appliquées à la lettre, surtout dans les coins reculés du pays où il n’y avait pas d’autorités étatiques, lesquelles, là où elles existaient, étaient parfois influencées par l’environnement conservateur pour ne pas dire réactionnaire. Mais, au niveau de la direction nationale, il n’y avait, quant au fond, aucun doute au sujet du but à atteindre, à savoir : l’élimination de cette plaie de notre société. Ce fut l’un des thèmes de la première conférence des responsables régionaux administratifs et politiques, tenue sous ma présidence du 27 au 31 Janvier 1969.
Pour assurer la libération et l’intégration de cette composante de notre peuple, une politique, claire quant à son contenu, mais insuffisamment explicitée pour des raisons tactiques déjà mentionnées - une politique claire a été définie par le Parti et le Gouvernement. La conception de cette politique résultait de notre conviction que la libération et l’intégration réelles de nos compatriotes “d’origine servile” devait se faire en particulier dans les secteurs de l’éducation, en encourageant la scolarisation des enfants, dans celui du travail en favorisant le recrutement des travailleurs, manuels et intellectuels, et dans le domaine militaire, en facilitant le recrutement par l’armée et les forces de sécurité de compatriotes de cette origine.
En 1978, cette politique, sans nous avoir permis d’accomplir des miracles, donnait déjà des résultats positifs. En particulier dans le domaine de la reconversion des mentalités. En effet, personne n’osait plus soutenir, ni même évoquer publiquement la pratique honteuse de l’esclavage. Personne n’osait plus “réclamer son bien”, s’agissant des “serviteurs” qui s’émancipaient de plus en plus nombreux, à mesure qu’ils devenaient plus indépendants économiquement : travailleurs salariés, fonctionnaires et agents de l’Etat, soldats, etc...
C’est par la détermination inébranlable des pouvoirs publics d’y mettre fin, par tous les moyens appropriés, et par l’indépendance économique des intéressés, que ce fléau social disparaîtra de notre société.
lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla
1979 . 1984
ordonnance n° 81-234 du 9 Novembre 1981
JO RIM n° 554-555 p. 496
Ordonnance n° 81-234 du 9 Novembre 1981 portant abolition de l’esclavage.
Le Comité militaire de salut national a délibéré et adopté :
Le Président du Comité militaire de salut national, chef de l’Etat, promulgue l’ordonnance dont la teneur suit :
Article premier – L’esclavage sous toutes ses formes est aboli définitivement sur toute l’étendue du territoire de la République Islamique de Mauritanie.
Art. 2 – Conformément à la charia, cette abolition donnera lieu à une compensation au profit des ayants droit.
Art. 3 – Une commission nationale, compose d’oulémas, d’économistes et d’administrateurs, sera instituée par décret pour étudier les modalités pratiques de cette compensation. Ces modalités seront fixées par décret une fois l’étude achevée.
Art. 4 – La présente ordonnance sera publiée suivant la procédure d’urgence et exécutée comme loi de l’Etat.
Fait à Nouakchott, le 9 Novembre 1981.
Pour le Comité militaire de salut national,
Le Président :
Lieutenant-Colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla
Ce n’est que quinze mois après une double scandale : mise en vente d’une jeune esclave sur le marché d’Atar en Mars 1980 et procès de Boubacar Ould Messaoud & consorts en Juin 1980 pour avoir dénoncé ce fait en manifestant sur la voie publique – qu’intervient l’ordonnance ci-dessus. Sa promulgation intervient au terme d’un long processus – occulte – qu’avait ouvert le 5 Juillet 1980, une réunion plénière du CMSN, décidant l’abolition de l’esclavage « après un débat approfondi autour de l’ensemble des aspects de cette question » et la mise en place d’une commission nationale comprenant des oulémas, des économistes et des fonctionnaires pour étudier les cas susceptibles de donner lieu à compensation ».
« Le CMSN a acquis la ferme conviction qu’une écrasante majorité de nos oulémas, tout en reconnaissant le bien fondé de l’esclavage tel qu’il est énoncé dans la cheriaa islamique émettent des réserves sur ses origines en Mauritanie et les conditions dans lesquelles l’esclavage est pratiqué dans notre pays . . . les oulémas estiment que l’Etat peut se substituer aux maîtres pour affranchir leurs esclaves, tout comme il a compétence pour exproprier les biens individuels dans l’intérêt de la nation . . . l’esclavage constitue l’un des problèmes les plus importants qu’affronte notre société et une maladie anachronique qui continue à obstruer la voie des efforts déployés dans le sens de la réalisation de nos objectifs d’indépendance nationale et de justice sociale »
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, Président de la République
2007 . 2008
loi n° 2007-048 du 3 Septembre 2007
JO RIM n° 1154 p. 1262 à 1264
Loi n° 2007-048 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes.
L’Assemblée Nationale et le Sénat ont délibéré et adopté ;
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
CHAPITRE PREMIER
Dispositions générales
Article premier – Fort des valeurs de l’Islam et de leurs objectifs destinés à libérer l’homme et lui garantir sa dignité, et conformément aux principes constitutionnels prescrits dans la Constitution et aux conventions internationales y afférentes, et, en vue d’incarner la liberté de l’homme de sa naissance à sa mort, la présente loi a pour objet de définir, incriminer et réprimer les pratiques esclavagistes.
Article 2 – L’esclavage est l’exercice des pouvoirs de propriété ou certains d’entre eux sur une ou plusieurs personnes.
L’esclave est la personne, homme ou femme, mineur ou majeur, sur laquelle s’exercent les pouvoirs définis à l’alinéa précédent.
Article 3 – Est interdite toute discrimination, sous quelque forme que ce soit, à l’encontre prétendue esclave.
CHAPITRE DEUXIEME
Du crime et des délits d’esclavage
Section première : Du crime d’esclavage
Article 4 – Quiconque réduit autrui en esclavage ou incite à aliéner sa liberté ou sa dignité ou celle d’une personne à sa charge ou sous sa tutelle, pour être réduite en esclave, est pûni d’une peine d’emprisonnement de cinq ans à dix ans et d’une amende de cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM) à un million d’ouguiyas (1.000.000 UM).
Les dispositions de l’article 54 de l’ordonnance n° 2005-015 en date du 5 décembre 2005 portant protection pénale de l’enfant, sont applicables à quiconque enlève un enfant en vue de l’exploiter comme esclave.
La tentative du crime d’esclavage est punie de la moitié de la peine de la peine applicable à l’infraction commise.
Section deuxième : Des délits d’esclavage
Article 5 – Quiconque porte atteinte à l’intégrité physique d’une personne prétendue esclave est punie d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM).
Article 6 – Quiconque s’approprie les biens, les fruits et les revenus résultant du travail de toute personne prétendue esclave ou extorque ses fonds est puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM).
Article 7 – Toute personne qui prive un enfant prétendu esclave de l’accès à l’éducation est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM).
Article 8 – Quiconque prive frauduleusement d’héritage toute personne prétendue esclave est punie d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM) ou de l’une de ces deux peines.
Article 9 – Quiconque épouse, fait marier ou empêche de se marier, une femme prétendue esclave contre son gré est puni d’un emprisonnement d’un an à trois ans et d’une amende de cent mille (100.000 UM) à cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM) ou l’une de ces deux peines.
Si le mariage est consommé, l’épouse a droit à la dot d’usage doublée et peut demander la dissolution du mariage. La filiation des enfants est établie à l’égard du mari.
Les dispositions de l’article 309 du Code Pénal sont applicables à toute personne qui viole une femme prétendue esclave.
Article 10 – L’auteur de production culturelle ou artistique faisant l’apologie de l’esclavage est puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille (50.000 UM) à deux cent mille ouguiyas (200.000 UM) ou de l’une de ces deux peines. La production est confisquées et détruite, et l’amende est portée à cinq millions d’ouguiyas (5.000.000 UM) si la production est réalisée ou diffusée par une personne morale.
La reproduction ou la diffusion de ladite production sont sanctionnées par la même peine.
Article 11 – Toute personne physique coupable d’actes discriminatoires envers une personne prétendue esclave est punie d’une amende de cent (100.000 UM) à trois cent mille ouguiyas (300.000 UM).
Toute personne morale coupable d’actes discriminatoires envers une personne prétendue esclave est punie d’une amende de cinq cent mille (500.000 UM) à deux millions d’ouguiyas (2.000.000 UM).
Article 12 – Tout Wali, Chef d’arrondissement, officier ou agent de police judiciaire qui ne donne pas suite aux dénonciations de pratiques esclavagistes qui sont portées à sa connaissance est puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de deux cent mille ouguiyas (200.000 UM) à cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM).
Article 13 – Quiconque profère en public des propos injurieux envers une personne prétendue esclave est puni d’un emprisonnement de onze jours à un mois et d’une amende de cinq mille (5.000 UM) à cent mille ouguiyas (100.000 UM) ou de l’une de ces deux peines.
CHAPITRE TROISIEME
Dispositions communes
Article 14 – La complicité et la récidive des infractions prévues à la présente loi sont punies conformément aux dispositions du Code pénal.
Article 15 – Toute association des droits de l’homme légalement reconnue est habilitée à dénoncer les infractions à la présente loi et à assister les victimes de celles-ci.
Dès que l’information est portée à sa connaissance et sous peine d’être pris à partie, tout juge compétent doit prendre d’urgence, sans préjudicier au fond, toutes les mesures conservatoires appropriées à l’encontre dzes infractions prévues par la présente loi.
CHAPITRE QUATRIEME
Dispositions finales
Article 16 – Les dispositions antérieures contraires avec la présente loi sont abrogées et notamment les dispositions de l‘article 2 de l’ordonnance n° 81-234 du 9 novembre 1981.
Article 17 – La présente loi sera publiée suivant la procédure d’urgence et exécutée comme loi de l’Etat.
Nouakchott, le 3 Septembre 2007
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi,
Le Premier ministre : Zeine Ould Zeidane
Le ministre des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel,
ministre de la Justice par intérim : Ahmed Vall Ould Saleh
[1] - Mohamed Lemine Ould Hamoni, ensuite Président de la Cour suprême, et Maloum Ould Braham
[2] - il fut diffusé vers les Préfets et Chefs d’arrondissements s/c des Gouverneurs des Régions et du district de Nouakchott, le Président du Tribunal de Nouakchott, le Procureur de la République , les Juges des sections, les présidents des Tribunaux de cadis, ainsi qu’à tous les postes de gendarmerie de notre pays
débat sur les événements de Kaédi - suite
From: Diko diko
Sent: Monday, July 29, 2013 5:41 AM
To:
Cc:
Subject: [haratine] Le racisme d'Etat fait rage en Mauritanie
Le racisme d'Etat fait rage en Mauritanie
Depuis l'indépendance en 1960, l'Etat mauritanien a développé une politique raciste discriminant et marginalisant l'entité négro-africaine, au profit des Beidanes (arabo-berbères). Sous les régimes successifs, le racisme d'Etat n'a cessé de s'exacerber.
Ce qui se passe au niveau de notre administration centrale est flagrant. Toute une administration beidhane, cela saute vraiment à l'œil, notamment lorsqu’il s’agit de la Vallée : une population toute noire et une administration toute blanche ! Aucune pudeur ni même aucun souci de mettre la forme, de bien faire selon les règles de l'art. Et cela pour simplement dire que nous sommes dans un Etat raciste qui se prénomme pourtant, pompeusement, la « République Islamique de Mauritanie ». Un pays qui, en ce XXIème siècle est plus raciste que l'Afrique du sud des années soixante.
A Kaédi, capitale du Gorgol, le wali, son adjoint, le hakem, son adjoint, le commandant de la brigade, le directeur régional de la sûreté, le DRASS, le DREN, le procureur, le président du tribunal…, tous sont des beidanes. Je me demande quel est leur sentiment quand ils se retrouvent en réunion pour discuter d'un problème quelconque concernant la ville ... ils sont tous étrangers et ils s'attribuent les terres au marché et dans la rizière; et les services de l'état sont là pour leur faire les aménagements nécessaires …
Les événements qui se sont produits à Kaédi ne résultent pas du tout de heurts intercommunautaires, comme le disent certains, et ils ne sont pas fruit du hasard , mais ils sont tout simplement l’expression d’un racisme d'Etat qui fait rage ! Un maure frappe sans égards à son âge, une vielle halpulaar. Ses cousins, responsables de la ville et véritables maîtres des lieux, le relaxent purement et simplement après un bref passage au commissariat pour répondre de ses actes. Si c'était le contraire qui s’était produit, c’est-à-dire un halpulaar qui inflige un coup à une beidane, le fautif trouvera de sérieux problème. Comme le cas de ces pauvres jeunes qui sont en détention arbitraire actuellement à Kaédi ..juste l'administration voulait camoufler son échec et son parti pris en faisant d'eux des boucs émissaires
Encore, l'administration beidane de Kaédi interdit aux enfants de la ville d’organiser des bals, des festivals et des théâtres... Le constat est unanime, en fait le prétexte trouvé : « Ils ne nous laissent pas dormir ces kwars », ils n’ont pas le droit de vivre ces kwars …C'est cet Etat raciste qui a refusé à des citoyens de Kaédi d'ouvrir une banque.
Quand Mounir Ould Tolba était directeur du Lycée de Kaédi, après l'irremplaçable Traouré Samba, il a interdit aux enfants de la ville de venir jouer au basket-ball au lycée… c’est également lui qui a refusé au corps de la paix de signer un contrat avec le lycée portant constructions d’infrastructures au profit du Lycée. Ce «fameux» Mounir avait exigé à l’époque qu’on lui verse dans son propre compte bancaire toute la contrepartie en espèces et quand le wali avait été alerté, il prit part pour Mounir (son cousin). Invraisemblable non !
Cet état des fait n'est pas un événement nouveau ni même surprenant. Car la Mauritanie, depuis 1978 à nos jours, avait tracé sa trajectoire raciste et xénophobe qui a été l'origine des années de braise entre 1986 et 1991 … Cette campagne d'épuration ethnique a donné naissance à un racisme d'Etat qui ne se cache plus… Un racisme qui se perpétue sous ses formes les plus atroces : une minorité de maures qui détient tous les pouvoirs, qui en use et abuse à sa guise. Et toute personne qui dénonce cette situation est qualifiée d’extrémiste, de fou…Et les qualificatifs ne manquent pas.
Pire encore. Nos politiciens n'en parlent pas. C'est même normal pour eux. J'ai vu une délégation d'un parti d'opposition représentée leur formation au Maroc avec une délégation de maures seulement, comme pour nous dire il n'y a pas de différence entre l’opposition et le pouvoir en place … un autre parti politique réformiste, après son congrès, concocte une direction composée à 90 % d'arabo-berbères !
Le pouvoir limoge Mint Boidiya et la remplace par une autre mauresque, fille d'une grande famille dit-on, mais les scandales du mari de la ministre limogée soulèvent le voile sur un peu de ce qui se fait dans les coulisses. Les maures se partagent les marchés entre eux et comme 23 ministres sur trente sont des maures, l’on comprend la nature de ce business. Et même les ministres qui ne sont pas des maures, leur pouvoir est annihilé par leurs staffs (secrétaires généraux, chargés de missions, conseillers) qui détiennent en réalité les leviers de commande. C’est le système maures donc qui leur permet d'avoir une mainmise sur les postes de responsabilités, les marchés publics, les licences de pèche, les permis de recherche minières et j'en passe … Voilà le racisme d'Etat !!!
Le sud de la Mauritanie est colonisé par le nord et le petit maure blanc qui se retrouve dans cette zone peut facilement faire ce qu'il veut, l’Etat est là pour le couvrir et lui faciliter la spoliation des terres. Dans tous les villages du sud, il y a un maure provenant du nord qui spolie les terres : Haba, Cheikhatou… Le député el Kassem Ould Bellali a donné 200 hectares pour installer les réfugiés mauritaniens au Sénégal ! Et il s’en vante sans que quelqu'un lui dise qu’il n’a fait que restituer une chose indue. Est-ce qu'il ya un seul kaedien qui a des oasis à Atar ou à Tidjikja ou à Guerou ?
Dans la commune de Lexeiba 2, un seul maure, maire de la commune depuis plus 20 ans, détient les clefs de la cité. Il est le seul maitre à bord. Il vend les terres comme il veut. Les habitants, tous hratin, n’y peuvent rien c'est un fils de Cheikh Sidiya et la terre est pour ses ancêtres. Il est donc couvert par l'Etat et les habitants n'ont même pas le droit de lui dire non, c'est le racisme d'Etat.
Que l'on nous dise que la Mauritanie est un seul pays. Je dis non ! C'est juste un Etat raciste. Un système érigé par Moctar Ould Daddah , pérennisé de manière catastrophique par Ould Taya et aujourd’hui poursuivi par Ould Abdoul AZIZ. L'opposition ainsi que la presse indépendante sont là pour garantir la prévalence de ce système.Tout celui qui tire la sonnette d’alarme est considéré comme un ennemi du peuple. Celui qui se tait a droit au qualificatif de patriote et pourra hériter du poste de directeur ou de ministre sans pouvoir ni dignité
Pour résumer les vrais problèmes de la Mauritanie je cite mon ami Hamdou Raby Sy dans le passage suivant :
¨le problème fondamental de la Mauritanie est un problème de cohabitation de toutes ses composantes, le partage politique du pouvoir, la répartition équitable des richesses du pays, une gestion politique fondée sur la justice, l’égalité et la reconnaissance de la diversité linguistique et culturelle du pays¨.
Brahim Ramdhane
De : Robert Bibeau
À :
À :
Cc :
Envoyé le : Lundi 29 juillet 2013 15h48
Objet : [haratine] LE racisme de classe en Mauritanie
Envoyé le : Lundi 29 juillet 2013 15h48
Objet : [haratine] LE racisme de classe en Mauritanie
Je ne connais pas les détails de cette situation ci-dessous décrite qui présente effectivement tous les aspects de discrimination dans l’emploi et l’administration – discrimination qui semble basée sur l’appartenance raciale ou/et religieuse, et/ou ethnique.
Il est une chose que l’auteur doit cependant conservé en mémoire et bien explicité dans son texte (ce qu’il ne fait pas pour le moment) c’est que tout racisme –ségrégation – discrimination - trouve sa source dans les rapports de classes entre exploiteurs et exploités – puis se répand comme du chiendent dans l’appareil d’État qui ne fait qu’entériner dans ses LOIS et son PERSONNEL - son ADMINISTRATION les rapports de classes existant dans la société.
Le racisme n’est pas d’État – il est racisme de classe – dans le sens qu’une classe sociale dominante bourgeoise compradore – trouve intérêt de s’appuyer sur une ethnie quelconque pour assujettir – dominer – exploiter – opprimer – d’autres ethnies – groupes religieux ou raciaux ou tribaux – s’assurant ainsi de faire l’unité de toute l’ethnie dominante (même des pauvres et des sans grades de l’ethnie BEIDANES – (dans le cas qui nous préoccupe ici) faisant des exploités BEIDANES des paysans ou pauvres BEIDANES des sous-fifres – des serviteurs - des RICHES BEIDANES à l’encontre de leurs intérêts bien compris.
CONSEIL : LANCER vos attaques contre les laquais au pouvoir quelque soit leur ethnie religion ou nationalité – ou groupe linguistique – et dénoncer le racisme de cette classe qui contrôle l’appareil d’ÉTAT et en fait son bras séculier son instrument de domination de classe à travers la domination raciste
À BAS L’ESCLAVAGE EN MAURITANIE
A BAS LE RACISME EN MAURITANIE
A BAS LE RACISME EN MAURITANIE
À BAS L’ÉTAT BOURGEOIS MAURITANIEN FASCISTE
Robert Bibeau
Marxiste-Léniniste
----- Original Message -----
From:
To:
Cc:
Sent: Monday, July 29, 2013 5:56 PM
Subject: Re: [haratine] LE racisme de classe en Mauritanie
"Est-ce qu'il ya un seul kaedien qui a des oasis à Atar ou à Tidjikja ou à Guerou ?"
La réponse est non. Deyloule, qui n’est qu’un pseudo, l’affirme. Et pourtant, ce sont des esclaves ou des harratins qui jadis, naguère et encore aujourd’hui creusent, aménagent et entretiennent les palmeraies dans toutes la Mauritanie au seul profit de leurs maîtres Maures. Par contre Deyloule, n’est pas d’accord avec le fait que Moktar Ould Dadah ait instauré cette situation. Au contraire des militaires putschistes, Moktar n’avait pas tous les pouvoirs. Loin s’en faut. Bien que fils d’esclavagistes, comme la quasi totalité des Maures, personne ne peut dire qu’il a vu Moktar Ould Dadah utiliser lui-même les services d’un esclave, d’un hartani ou autre personne sans la rémunération contre le service rendu.
Dans les années 60, Deyloule était un très jeune enfant maure, mais il peut témoigner que le racisme n’existait pas, par exemple, à l’école ni de façon visible ni de façon institutionnelle. Deyloule se souvient de ses instituteurs et directeurs d’école négro-africains, noirs ou d’origine harratin, qui exerçaient leur noble métier dans des villes à majorité noire ou mauresque où ils jouissaient du même respect de la part des parents d’élèves et de tous leurs élèves. Et seul le mérite pouvait distinguer les élèves. Les petits maures, les petits harratin et les petits halpoularen étaient assis côte à côte, sur les mêmes tables, et soumis au même exigence de travail et de respect mutuel. Et plus tard, ensemble, ils sont allés combattre, vaincre et mourir côte à côté, sur le même champ de bataille pour défendre leur patrie. Le premier aide de camp du président Moktar Ould Daddah était un négro-africain qui était d’ailleurs d’origine malienne. Sous Moktar Ould Daddah les soldats, sous-officiers et officiers noirs d’origine malienne ou guinéenne qui avaient servi dans l’armée coloniale française avaient acquit la nationalité mauritanienne, sans référence aucune à leurs origines. Ils étaient tous Mauritaniens, à part entière, comme l’était tout individu d’Atar ou d’Adel Bogrou !
Du temps de Moktar Ould Daddah , le premier gouverneur de Kaêdi, à l’indépendance de la Mauritanie, était un certain Mam Ly, un Noir ; et le premier président de l’Assemblée nationale de la Mauritanie, à son indépendance, était un métis, Sidel Moktar N’Diaye né d’une mauresque d’Atar et d’un père Sénégalais. Du temps de Moktar Ould Daddah il n’y a jamais eu et il n’ y aurait jamais eu de déportations massives ou de massacres de négro-mauritaniens comme ceux qu’on a vus entre 1989 et 1991, ni même autrement.
Ce sont bien les pouvoirs militaires successifs, depuis 1978, et notamment celui de Ould Taya, qui sont les seuls responsables de la situation actuelle ! Enfin, la discrimination frappe tous ceux qui ne sont pas du cercle familial et mafieux du putschiste qui dirige actuellement la Mauritanie. Pour être plus précis, seules quelques familles Oulad Bousbaa de l’Inchiri (des clans ultra minoritaires qui ne se prennent même pour Mauritaniens et pour cause ils n’en ont jamais fait partie juridiquement même après 1960), mafieuses et ceux, de tous bords, et de toutes ethnies, qui sont leurs complices dans cette gabegie généralisée qui ont la main mise sur toutes les richesses du pays et qui en contrôlent toute la moribonde économie !!! Et il est évident que si demain, ces gens sont contraints de quitter la Mauritanie, c’est au Sahara Occidental qu’ils s’établiront, voire même, pour certains d’entre eux à Tindouf, chez le Polisario. Leur objectif, il ne faut pas s’y tromper, n’est pas de faire en sorte que la paix, la fraternité et la prospérité règnent en Mauritanie sans que cela ne puisse leur profiter à eux et à eux seuls en premier et en particulier. Ce sont des voleurs-nés ! Et ils semblent qu’ils ne soient pas près de changer. Et ce n’est pas seulement Deyloule (qui connait très bien qui est qui dans sa patrie) qui l’affirme. Cela (le fait qu’on a affaire à des voleurs-nés, sans foi, ni loi autre que la rapine) est consigné, en clair, dans tous les écrits que nous ont laissés, les officiers coloniaux français, depuis Faidherbe jusqu’à Gouraud !!!
Deyloule
dimanche 28 juillet 2013
vendredi 26 juillet 2013
jeudi 25 juillet 2013
l'homme d'une âme - Mohamed Ould Cheikh
pour le Calame
L’homme d’une âme
La silhouette
jamais empesée, le visage émacié plus en saillants et en angles aigüs qu’en une
moindre courbe, le regard acéré mais pas impérieux, Mohamed Ould Cheikh
était d’abord le Mauritanien de tente, de moyen nomadisme et tout logiquement
pour la plus longue partie de son existence – celle où le pouvoir politique
l’avait quitté à qui il ne réclama jamais la plus minime partyie d’un dû qui
était immense – il fut un homme de prière. Longtemps, il avait été un homme de
réflexion, surtout quand de 1958 à 1966 il fut une personnalité politique de
premier plan, quoiqu’insaisissable pour l’observateur, pour ses compatriotes,
pour l’étranger. Affable, précis, bon vivant s’il le fallait, sobre de
vocabulaire et de mœurs, Mohamed
Ould Cheikh me paraît – encore aujourd’hui mais pas plus
qu’au début des années 1960 – le type d’homme d’Etat que sait produire la
Mauritanie et dont elle a besoin. Il me semble selon les échos reçus ces
jours-ci que la conscience nationale mauritanienne sait parfaitement la place –
plus que considérable – qu’a occupée dans l’histoire au jour le jour, dans la
construction nationale que voulut Moktar Ould Daddah, et qu’occupera dans l’histoire
exhaustive et encore à documenter, Mohamed Ould Cheikh. Lignée frères, fils,
filles qui donne aussi au pays autant de personnalités, le structurant à ses
époques tournantes : Yedali Ould
Cheikh, Abdallahi Ould Cheikh, Abdel Wedoud Ould Cheikh…
qu’ils veuillent bien ici, recevoir parmi des milliers d’autres, les condoléances
et l’expression d’admiration et de communion dans la prière et la nostalgie,
celle d’un compatriote d’adoption. Affectionné.
Evoquer Mohamed Ould Cheikh,
lui rester reconnaissant et fidèle, c’est d’abord dire, parfois dans le détail
des équipes et des faits, les dix premières années de la période moderne pour
un « ancien et noble pays », selon le général de Gaulle. C’est aussi
s’interroger, avec des points de suspension, sur ce qu’eût pu être pour la
Mauritanie actuelle, une participation continue d’un jeune homme d’Etat,
exceptionnellement sensitif de l’âme nationale. Son retrait volontaire est sans
doute la manifestation la plus réfléchie de l’amour réaliste, lucide et
exigeant qu’il avait pour la Mauritanie, sans doute aussi la considération éclairée,
précise dans laquelle il tenait la société de ses compatriotes.
Décisivement, Mohamed Ould Cheikh est
l’homme de la défense nationale, confiée à un type d’hommes, non politisés,
tout dévoué au développement et à la sécurité d’un pays en gestation,
revendiqué et à l’identité encore incertaine pour beaucoup des siens. Mohamed Ould Cheikh,
secrétaire général de la Défense de 1961 à 1965 [1],
concrètement ministre délégué par le président de la République pour tenir l’un
des portefeuilles fondamentaux de l’Etat en commencement, est celui par qui les
forces armées ne causent aucun souci au pouvoir politique. C’est lui qui reçoit
les éléments transférés de l’armée coloniale à la République Islamique
de Mauritanie, c’est lui qui les forme, les met en place. Il partage avec Ahmed
Bazeid Ould Ahmed
Miske, directeur de la sûreté, qui lui succèdera en Février 1966 pour dix-huit
mois, comme ministre de la Défense, les responsabilités sécuritaires et
anti-terroristes. C’est lui qui préside les formations successives de la Cour
criminelle spéciale juge des attentats de 1961 et de 1962 quand du Mali,
commandités ou non par le Maroc ou seulement par l’ancien député du Territoire
à l’Assemblée nationale métropolitaine, Horma Ould Babana, des tueurs se
répandent à Atar, à Nouakchott, à Néma. Il convainc le président de la
République de ne pas faire grâce. Dans ces deux rôles, il incarne – presque
plus que Moktar Ould Daddah
– l’instrument étatique. Un outil, reçu des Français : « le projet
d’Etat » ainsi Moktar Ould
Daddah voyait-il la Mauritanie dans les dernières années de
la période d’administraiton étrangère.
Mohamed Ould Cheikh,
en équipe avec Ahmed Bazeid Ould
Ahmed Miske et avec une même fidélité à l’homme quand leurs
propres carrières tourneront, est au cabinet du jeune vice-président du Conseil
de gouvernement. Très vite pris, tous deux, en grippe par le Gouverneur
français du Territoire, auquel Moktar Ould Daddah doit fréquemment rappeler l’esprit des
nouvelles institutions, celles de la Loi-Cadre, voulue par Gaston Defferre en
Juin 1956. C’est en réalité l’Association de la Jeunesse de Mauritanie (A.J.M.)
[2] qui
constitue les éléments nationaux des nouveaux cabinets ministériels. Mohamed Ould Cheikh,
Ahmed Baba Miske,
son frère Ahmed
Bazeid alternent ou siègent ensemble dans le bureau exécutif de cette
organisation contestataire du parti dominant devenu la matrice du premier
gouvernement mauritanien.. Il est donc d’abord politique, formation encore plus
d’autodidacte, de penseur indépendant qu’instituteur rétribué et organisé par
l’administration. Et parce qu’il est politique – et que son objectif n’est pas
telle orientation nationale ou telle forme de gouvernement ou tel type de
relation avec l’extérieur – il ne demeure pas à l’A.J.M. dont il n’a été
secrétaire général, non fondateur, que six mois – avant de partir dans le
commandement territorial à l’intérieur du pays : il est de la première
promotion, en Janvier 1958, des adjoints mauritaniens [3] aux
commandants de cercle, administrateurs de la France d’Outre-mer – et ne fait pas non plus partie du système issu,
au congrès d’Aleg en Mai 1958, de la fusion des deux partis qui se sont opposés
pendant toute la dernière période coloniale, celle des élections locales ou
métropolitaines depuis 1945. Contrairement à Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske, co-créateur et animateur principalde la Nahda, indépendantiste et
d’opposition. Est-ce sur la demande de Moktar Ould Daddah ? Il est en
revanche décisif pour préorganiser le parti unique, dont la « table
ronde » des formations existant au moment de l’indépendance, décide le
principe à sa seconde réunion mais il n’en devient l’animateur principal [4] que
lorsque l’orientation en est certaine, d’autant qu’il n’est membre d’aucune des
quatre formations.
Le Congrès de
l’Unité ne l’est que de façade, il y a tout à organiser et surtout il y a à
régler les questions que la Mauritanie pour la première fois réunie en une
sorte d’assemblée générale et en ambiance démocratique, s’est aussitôt
découverte : les expressions en sont peu compatibles. Mohamed Ould Cheikh
est avec Ahmed Baba Ould
Ahmed Miske l’un des deux fondateurs du Parti du Peuple première version.
Bureaux politiques nationaux successifs, tels qu’élu en Décembre 1961, puis
profondément renouvelé en Mars 1963 sans souci de cohérence avec les objectifs
initiaux du Parti, et finalement restreint en opérationnel en Janvier 1964 [5] iset
commissions ad hoc diverses sont animés par eux [6] .
Différents l’un de l’autre au possible, le premier reste l’homme lige du jeune
président de la République dont il est – de fait – le ministre de la Défense et
des Forces armées, encore embryonnaires, tandis que le second est l’agitateur,
le propagandiste, le faiseur d’idées et d’idéologie qu’il sera toujours et est
encore… intelligence du secret et intelligence de l’exubérance. Ils tirent dans
le même sens depuis le printemps de 1961, mais ne font pas partie du
gouvernement. Ahmed Baba n’est
que directeur de l’Information et Mohamed Ould Cheikh
traite en tête-à-tête avec Moktar Ould Daddah les questions de défense.
A la mise en
minorité au B.P.N. du secrétaire général du Parti, Moktar Ould Daddah, en butte aux
députés refusant que cesse l’autonoie financière de « leur »
Assemblée, c’est Ahmed
Baba qui organise le voyage d’études en Guinée, matrice en
Octobre-Novembre 1963 des propositions de refonte du Parti du Peuple en
conférence des cadres, puis concrèes extraordinaire réuni à Kaédi en Janvier
1964. Ce qui lui vaut – paraadoxalement – de quitter les instances supérieures
de la politique intérieure mais d’animer supérieurement l’émergence de la
Mauritanie aux Nations Unies. La suite ultime sera analogue pour Mohamed Ould Cheikh,
quoique beaucoup plus spectaculaire. A la suite de la constitutionnalisation du
Parti unique de l’Etat et du renouvellement l’Assemblée nationale un
gouvernement – d’une exceptionnelle qualité relativement à tous ceux qui se
sont succédés depuis l’indépendance – est formé par Moktar Ould Daddah. La
Chine populaire est reconnue par une Mauritanie qui quitte le système politique
de l’Afrique d’expression française
[7].
Pour la première fois, le Chef de l’Etat abandonne tout portefeuille et ceux de
la Défense qu’il n’avait que dékégué en secrétariat général et celui des
Affaires Etrangères confié puis repris,
sont tous deux donnés à Mohamed
Ould Cheikh,
qui les cumule, comme les avait donc cumulés Moktar Ould Daddah. Il semble
alors, sinon l’héritier déjà d’un fondateur qui n’est pas encore père [8], au
moins le numéro deux. L’ambassadeur de France analyse alors le personnel
politique mauritanien comme désormais formé par les « jeunes turcs »
de 1957-1958 : A.J.M. et Nahda : Mohamed Ould Cheikh
dirigeant armée et diplomatie à Nouakchott, Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske mettant en œuvre le dessein saharien aux Nations Unies et la future
admission de la Chine populaire. Quand surviennent, en conséquence d’une loi
scolaire commençant d’arabiser l’enseignement secondaire, le manifeste des
Dix-Neuf, puis les premières échauffourées de Janvier 1966, l’homme fort est
donc Mohamed Ould
Cheikh à qui – dans un dialogue resté secret (sauf avancée
dans le dépouillement des archives diplomatiques françaises de l’époque) –
Jean-François Deniau propose l’emploi des troupes de l’ancienne métropole,
encore stationnées à Dakar mais que Moktar Ould Daddah a fait se retirer
de leur base d’Atar. Assistant aux premières manœuvres de la jeune armée
mauritanienne, autour d’Aleg, Mohamed Ould Cheikh est rappelé à Nouakchott, puis
fait la navette [9]. Il préconise le 12, la
réunion d’une commission mixte chargée d’étudier les problèmes fondamentaux de
la coexistence des deux communautés, ce qui met fin à la grève des
fonctionnaires originaires de la Vallée du Fleuve. Et le 31, la suggestion est
mise en œuvre [10]Mohamed Ould Cheikh
passe alors pour comprendre et même défendre le point de vue et les
revendications de ceux-ci, pendantes et éludées depuis le Congrès de l’Unité.
Reprendre les travaux de commission de cette époque ?
L’équipe n’est
plus avec Ahmed Baba Ould
Ahmed Miske, peut-être encore son frère Ahmed Bazeid, au cabinet du président de la
République, elle est surtout avec le syndicaliste, enseignant d’histoire,
Elimane Mamadou Kane, ministre du Développement. Leur fait face Ahmed Ould Mohamed
Salah, de formation également d’instituteur, mais d’expérience gouvernementale
déjà aguerrie : entré dans le gouvernement formé à la suite de l’élection
présidentielle, pour tenir un portefeuille secondaire d’abord [11],
puis devenir ministre de l’Intérieur et de l’Information, avec l’intérim des
Finances en Juillet
1963, et en cumulant l’administration territoriale et la Justice un an plus
tard : le maître d’œuvre de l’interdiction des partis d’opposition malgré
les hésitations de la Cour suprême à l’été et à l’automne de 1964, puis de la
révision constitutionnelle de Janvier 1965, c’est Ahmed Ould Mohamed
Salah. Celui-ci n’est entré au Bureau Politique national qu’au second congrès,
en Mars 1963, et il y joue un rôle qui paraît alors mineur : assurer
l’implantation du Parti dans l’intérieur du pays, grâce aux initiatives du
personnel d’autorité de l’Etat. Il passe – lui – pour favorable aux points de
vue des Maures. Quand, après un report de quinze jours, vu l’agitation scolaire
et le trouble au Parlement, a lieu enfin le voyage officiel du président de la
République au Mali, c’est lui qui fait l’intérim à Nouakchott.
Tour à tour, ces semaines-là, les deux ministres non
seulement paraissent en rivalité mais peuvent être soupçonnés de préparer un
coup d’Etat : c’est la
rumeur. L’ambassadeur de France en a rendu compte dès
Novembre 1965 après que e chef d’état-major national, premier mauritanien à en
tenir les fonctions, lui en ait fait part : le commandant M’Bareck Ould
Bouna Moktar. Entre Jean-François Deniau et Mohamed Ould Cheikh,
la relation est d’une telle intimité et estime réciproques, qu’elle est notoire
à Nouakchott et dans l’ambiance de Janvier 1966 peut tout laisser supposer.
L’ambassadeur de France, contrairement à ses deux prédécesseurs, a une bien
moindre compréhension de la personnalité du président de la République :
il a d’ailleurs commencé sa mission au lendemain du voyage d’études guinéen du
secrétaire général d’un parti unique qui n’est évidemment pas sa propre
conception. Mais au début de Février, les positions changent. Mohamed Ould Cheikh
accompagne Moktar Ould Daddah
au Mali et Ahmed Ould
Mohamed Salah a les rênes libres en Mauritanie. Mustapha Ould Mohamed Saleck
fait l’intérim de M’Bareck. Quand l’avion présidentiel revient de Bamako, il
est conseillé au président de la République d’aller se poser à Dakar… Moktar Ould Daddah atterrit le 10,
Jean-François Deniau, doyen du corps diplomatique, a convoqué celui-ci,
escortant et peut-être protégeant le chef de l’Etat. Le dénouement [12] est
d’abord dans la rue et dans le milieu politique. Ni l’un ni l’autre des deux
ministres supposés rivaux n’y prend part. C’est le lieutenant Soueïdate, le
soldat d’élite, et le communiqué de total soutien à Moktar Ould Daddah que publie
l’U.T.M. qui font la
décision. Au ksar, le 15, le secrétaire général du Parti
président de la République donne une version des événements et en tire surtout
les conclusions : le racisme est mortel pour le pays. Ce à quoi n’avait
pas abouti son appel, le 10 Janvier précédent, des bases fondatrices de la
nation mauritanienne selon la proclamation de son indépendance le 28 Novembre
1960, est alors obtenu. Mais c’est surtout l’épilogue gouvernemental qui
subjugue l’ambassadeur de France et l’étranger, et fait gagner au pays le temps
de reprendre souffle. Le 21 Février, le Chef de l’Etat reçoit ensemble (ce qui
est contraire à son habitude) cinq de ses ministres à qui il fait connaître sa
décision de les libérer de leurs fonctions. Il forme un nouveau Gouvernement
dont ne font plus partie ni Mohamed Ould Cheikh, responsable de la Défense
depuis 1961, ni Ahmed
Ould Mohamed Salah, membre du Gouvernement depuis 1961 et
chargé de l’Intérieur depuis 1962. Aux Affaires Etrangères, honnête mais pâle, Maloum
Ould Braham, et à la Défense, Ahmed Bazeid Ould Ahmed Miske coéquipier
de toujours, succèdent à Mohamed Ould Cheikh. A Ahmed Ould Mohamed
Salah, succède un fidèle absolu de Moktar Ould Daddah : Mohamed Lemine Ould
Hamoni, premier président mauritanien de la Cour suprême devient ministre de la
Justice et de l’Intérieur. Aux ministres remerciés, le Chef de l’Etat a donné
le choix de servir à Nouakchott ou dans l’administration tererirotiale, cela
vaut aussi pour Mamadou Samboly Ba, compagnon de la première heure et président
de l’Assemblée nationale : Ahmed Ould Mohamed Salah reste à Nouakchott, il est
inspecteur des affaires administratives et va préparer le congrès du Parti qui,
à Aioun-el-Atrouss, définira les options linguistiques transitoires pour le
pays. Mohamed Ould
Cheikh st nommé à Aleg, Bamba Ould Yezid au Hodh occidental
et l’ancien ministre et grand parlementaire chef de subdivision à Chinguetti.
Epilogues… tandis qu’en Avril, Sidi El Moktar N’Diaye et
Souleymane Ould Cheikh
Sidiya, chacun compétiteur putatif ou avoué de Moktar Ould Daddah, sont réintégrés
dans le Parti alors que leurs tentatives de créer des partis d’opposition, à la
suite du Congrès de Kaédi avait déterminé la constitutionnalisation de
l’exclusivité politique du Parti du Peuple, Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske publie à Washington sa décision de démissionner de toutes fonctions
diplomatiques [13]. Une arrestation pour
prévarication suivra un an après pour cet autre fondateur du Parti du Peuple , et
Mohamed Ould Cheikh,
s’étant écarté volontairement de toute responsabilité politique, tandis qu’Ahmed Ould Mohamed
Salah, chargé de la permanence du Parti puis de nouveau ministre, restera au
pouvoir jusqu’au coup militaire faisant change d’ère politique la Mauritanie [14]. Revenu
à Nouakchott et nommé petitement directeur des Transports, en Août 1966, Mohamed Ould Cheikh prendra
le parti d’Ahmed Baba avec
cinq autres hauts fonctionnaires [15] pour
être suspendu, puis amnistié avec beaucoup d’autres et banalement [16] :
le premier coéquipier de la fondation mauritanienne est devenu de « droit
commun », et en 1975 à la suite d’une publication signée mais guère écrite
par lui, d’inspiration marxisante, il est révoqué et privé de pension. Ses
demandes de l’audience présidentielle sont interceptées, n’aboutissent pas,
elles n’étaient pas des supplications. Vivant de la solidarité familiale, Mohamed Ould Cheikh
va alors vivre quarante ans de silence. Dans la foule qui fait liesse pour le
retour de Moktar Ould Daddah
à Boutilimit en Décembre 2001, un quasi-anonyme : à celui et au pays qui
lui doivent une part décisive de la construction nationale, il dit simplement
« ne m’oubliez pas ». Peu avant le 15 Octobre 2003, le père fondateur
qui en fut marqué, me le rappelait. Et maintenant, le 17 Juillet 2013, vient de
les réunir dans la miséricorde divine, la reconnaissance mauritanienne et
l’estime aussi instinctive que fondée de n’importe qui, depuis longtemps,
maintenant et dans l’avenir, veut comprendre et évaluer un pays décisif.
Exemplaire aussi des débats possibles et des débats éludés. Le civisme, le
désintéressement personnels autant que le civisme de tout dirigeant et les mutuelles
considérations entre origines sociales, ethniques, entre cultures, savoirs
traditionels et acquisitions unibversitaires ou scolaires. Mohamed Ould Cheikh,
implacable pour les ennemis de l’Etat, savait comprendre tous les points de
vue, affronter toutes les vérités. Il n’a donné sa mesure qu’en trop peu de
domaines et bien trop peu de temps. Sa fidélité aux valeurs fondatrices de la
Mauritanie contemporaine et à celui qui les incarna l’empêcha de cautionner qui
ou que ce soit ensuite. Ni après le 10 Juillet 1978 alors que tant de
collaborateurs du régime renversé puis peu à peu travesti dans la mémoire
collective, reprirent immédiatement ou ensuite du service, ni pendant les douze
ans suivant son éloignement de Moktar Ould Daddah, soutenant les personnes mais jamais une
opposition en tant que telle [17]. Ni
en 1967, ni en 2003 ou en 2005, je ne l’entendis se plaindre. Jamais. Ni non plus dénigrer aucun de ses adversaires ou
successeurs. Il n’était pas l’homme des portraits d’autrui, mais celui qui
savait caractériser les problèmes, les obstacles et analyser les paramètres du
moment autant que ceux du long terme. Souverain, tranquille, réflexif, la
hauteur de l’intelligence ? bien davantage, l’âme d’une entreprise, celle
d’une nation.
L’histoire putative est impossible à écrire. Mais la
disparition d’une personnalité telle que celle de Mohamed Ould Cheikh
de la suite d’une histoire nationale qu’il avait tant contribué à faire
commencer, permet trois interrogations.
La relation entre les forces armées et les institutions
politiques, sans problème tandis qu’il fondait les premières et inspiraient en
bonne partie la première version des secondes, aurait-elle évolué autrement
s’il était resté chargé de la
Défense. L’intégration nominale des forces armées dans le
Parti unique de l’Etat et les nominations d’officiers supérieurs dans
l’administration territoriale puis dans le gouvernement n’a, en rien (très malheureusement),
empêché d’éclore l’esprit putschiste. La suite a même produit le contraire,
c’est l’Etat et le parti de gouvernement qui a été intégré dans la logique et
la hiérarchie militaire, et la légitimité nationale à raison d’un consensus et
d’un dessein évidents dans les vingt premières années de la Mauritanie
indépendante a été contrainte de laisser la place à un discours et surtout une
pratique faisant de l’armée la détentrice en dernier recours de la souveraineté
nationale. La Mauritanie politique subit cette logique depuis trente-cinq ans.
Ce n’est certainement pas ce que fondaient Mohamed Ould Cheikh
avec Moktar Ould Daddah.
Le parti unique selon Mohamed Ould Cheikh,
encore plus que Ahmed
Baba Ould Ahmed Miske, devait être un creuset d’élites et de
cadres, et non un parti de masses. Le débat avait été occulté au Congrès de
l’Unité par les débats que suscitèrent les revendications à fondements
ethniques, il reprit mais insuffisamment à Kaédi. Moktar Ould Daddah arbitra pour le
parti de masses, qu’il pratiqua surtout comme un élargissement constant aux
jeunes générations et aux oppositions, y compris en thèmes (la révision des
accords avec l’ancienne métropole, la nationalisation des mines de fer, la
charia) et même dans une composition si ouverte du Bureau politique national
qu’au coup de 1978 une bonne partie de celui-ci faisait partie des conjurés et
de ces civils sans l’inspiration et les encouragements desquels au moins
Mustapha Ould Mohamed
Saleck n’aurait pas sauté le pas, et sans celui-ci les
putschistes auraient manqué de cohésion. Ce qui n’est pas accessoire, tous ont
continué de rendre hommage au créateur de leurs unités : Mohamed Ould
Cheikh.
La dernière considération est la plus actuelle. Mohamed Ould Cheikh
était partisan de ne pas éluder la question ethnique ni donc celle des cultures
et des langues. Sans prôner un schéma précis ni a fortiori la fédération, et
pas du tout en opposition de fond avec Moktar Ould Daddah [18], Mohamed Ould Cheikh
voulait vider les abscès et mettre tout au net. C’est certainement ce que
continue de demander une partie du pays, et pas seulement les originaires de la
Vallée du Fleuve. Moktar Ould
Daddah, fondateur, donnait à la Mauritanie son souffle autant
que son identité : le souffle d’une vocation à unir les Afriques, une
identité arabe mais tolérante. Aucune des trajectoires institutionnelles et
thématiques n’était achevé en 1978. Elles auraient gagné à la contribution de
Mohamed Ould Cheikh.
Bertrand Fessard de Foucault, alias Ould Kaïge
[1] - le 27 Juin 1961, le Conseil des ministres approuve,
en même temps qu’un un projet de loi
relatif à l'élection du Président de la République, la création d'un
secrétariat général à la défense nationale. Le décret est pris le 30 et le
nouve organisme placé sous l'autorité du ministre chargé de la Défense en
l'occurrence Moktard Ould Daddah,
alorsPremier Ministre. Le 7 Juillet 1961, Mohamed Ould Cheikh,
est nommé secrétaire général de la Défense nationale, en même que Mohamed Ould Maouloud Ould Daddah, commandant de
cercle de l'Assaba cumulativement avec le Hodh occidental et Mohamed Lemine Ould
Hamoni, commandant de cerclede l'Adrar cumulativement avec la Baie du Lévrier
[2] - le 24 Novembre 1955, création de l’Association de
la Jeunesse par des jeunes dissidents de l’U.P.M. en marge du Congrès de Rosso
: bureau provisoire chargé de préparer
un Congrès avec Yacoub Ould Boumediana, président et Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske, secrétaire général
Puis du 15 au 17 Juillet 1957, à Rosso encore se tient le 2° Congrès
ordinaire de l’Association de la Jeunesse de Mauritanie en présence de Dey Ould
Didi Baba,
membre d’honneur et représentant le Conseil de gouvernement :
renouvellement du Bureau (haut comité d’action) composé de Mohamed Ould Taki,
président - Kone Ali Bere, vice-président - Mohamed Ould Cheikh,
secrétaire général - Ahmed
Ould Mohamed brahim,
secrétaire général adjoint - Yarba
Ould Ely Beiba, secrétaire général adjoint - Mohamed Ould
Bah, trésorier général - Yahya Ould Abdi, commissaire aux comptes &
création d’une commission de presse composée de Gaye Silly Soumare, directeur
de publication - Ahmed Bazeid Ould
Ahmed Miske, rédacteur français - Ahmed Ould Abdallah,
rédacteur arabe
Enfin, les 25 et 26 Décembre 1957 à Rosso toujours, un congrès extraordinaire de l’Association de
la Jeunesse de Mauritanie (en présence de Fall Ould Oumeir émir du Trarza, de Cheikhna Ould Mohamed
Laghdaf et de Bouyagui Ould Abidine) rejette toute idée de fusion avec tout
parti politique et renouvelle le bureau : Mohamed Ould Taki réélu président
- Abdallahi Ould Cheikh
secrétaire général (remplacé en Janvier par Ahmed Bazeid Ould Ahmed Miske) - Mohamed
Ould Babah trésorier général - Seck Momar commissaire aux comptes - Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske directeur du journal - Ahmed Ould Abdillah rédacteur arabe - Bamba Ould
Yezid rédacteur français (remplacé en Janvier par hamadou Ould Zein)
[3] - le 14 Janvier 1958, le Conseil de gouvernement
nomme les adjoints mauritaniens aux commandants de cercle : Brakna : Mohamed Ould Cheikh
- Inchiri : Samory Ould Biya - Hodh : Sidi Ahmed Ould Mohamed
- Tagant : Nagi Ould Moustapha
- Assaba : Mohamed Saliou et
Mohamed Sidya - Sélibaby : Sy Ismaelia - M’Bout : Diaga Calibou
[4] - les 20-22
Mai 1961 : 1° réunion de la
"table ronde" des partis et tendances politiques, "réalisation rapide de l'unité politique
en Mauritanie" et "unité d'action entre les formations en
présence" – le bureau permanent du Comité d'union est composé d’Abdoul
Aziz Ba, Ahmed Baba Ould
Ahmed Miske et Dembele Tiecoura
du 2 au 4 Octobre
1961 :
5° réunion de la "table ronde" des partis et des tendances
politique. Il rsst décidé que le
congrès de l'unité aura lieu le 25 Décembre et que la représentation y sera
égale pour chaque formation qui enverra 80 délégués maximum ; il sera fait
appel à des personnalités indépendantes ; Mohamed Ould Cheikh, secrétaire permanent de la
Table ronde
[5] - * Bureau
politique national provisoire élu par le Congrès de l’Unité en vue d'un congrès prévu pour le 25 Mai 1962 : Moktar Ould Daddah, secrétaire général - Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske - Mohamed Ould
Cheikh - Souleymane ouls Cheikh Sidya - Bouyagui Ould Abidine
- Youssouf Koita - Hamoud Ould
Ahmedou - Bouna Ould Abeidallah - Mohamed Abdallahi Ould
El Hassen - Doudou Ba - Hadrami Ould Khattri - Sakho Abdoulaye
Sidi Ould
Abass - Ba Mamadou
Samba Boly - Haiba Ould Hamody - Ahmedou Ould el Hadj Habib - Salem Ould
Boubout -Touré Mamadou dit Racine - Mohameden Ould Babah - Yahya Ould Abdi -
Dey Ould Brahim
* 2 Avril 1963 : le premier Congrès ordinaire renouvelle le Bureau politique national ; les députés y ont
la majorité et le président de l'Assemblée nationale en fait partie - Moktar Ould Daddah, secrétaire
général - Souleymane Ould Cheikh Sidya - Hbib Ould Ahmed Saloum - Mohamed Ould Cheikh
- Yahya Ould Abdi - Youssouf Koita - Dah Ould Sidi haiba - Abdoul Aziz Ba - Cheikh Mohamed Lemine Ould
Sidi - Sidati Ould Moumouna - Cheikhna Ould Mohamed Laghdaf - Bouna Ould
Abeidallah - Samory Ould Biya - Sidi Mohamed Ould Abderrahmane - Moktar Ould Ahmed Ethmane - Cherif Ould Mohamed Mahmoud
- Haiba Ould Hamody - Ahmed
Baba Ould Ahmed Miske - - Ahmed Ould Mohamed
Salah -Yahya Kane - Doudou Ba
* à l’issue du Congrès extraordinaire de Kaédi, le 31
Janvier 1964, le Bureau Politique
National, réduit de 21 à 13 membres, est renouvelé : il ne comprend plus
que deux députés dont le Président de l’Assemblée – Me Moktar Ould Daddah, secrétaire
général - Ba Ould Ne - Mohamed
Ould Cheikh - Birane Mamadou Wane - Mohamed Salem Ould
M’Khaittirat - Sidi
Mohamed Diagana - Mamoudou Si dit Sy Seck - Samory Ould Biye
- Hbib Ould Mohamed
Saloum - Haiba Ould Hamody - Sidi Mohamed Ould
Abderrahmane - Yahya Ould Menkouss - Ahmed Ould Mohamed
Salah
[6] - le 1er
Janvier 1962, première réunion du Bureau
politique national (B.P.N.) : ses membres se répartissent en
cinq commissions * organisation et propagande, orientation : Mohamed Ould Cheikh
- * politique générale et relations extérieures : Bouyagui Ould Abidine - *
administration, information et documentation : Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske - * finances et affaires économiques : Mamadou Samba Boly Ba - * affaires
culturelles, sociales et jeunesse : Touré Mamadou dit Racine. Mais Mohamed Ould Cheikh
ne fait pas partie de la commission pour préparer le règlement intérieur : Ahmed Baba Ould Ahmed
Miske, Touré Racine, Bouyagui Ould Abidine, Abdoulaye Sakho
Le
15 , le Bureau politique national désigne une "commission chargée
d'étudier certains problèmes difficiles qui se sont posés au Congrès"
(l’officialisation de la langue arabe et les garanties demandées en échange de
la minorité) : Youssouf Koita, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, Touré Racine, Mohamed Ould Cheikh
Le 8 Février 1964, mêmes rôles de mise en application, à la suite du congrès vraiment fondateur,
celui de Kaédi : dès sa première réunion, le nouveau B.P.N. désigne ses
commissions : politique : Mohamed Ould Cheikh
(suppléant : Birane Mamadou Wane) - administrative : Ahmed Ould Mohamed
Salah (suppléant O/Menkouss) - économique, sociale et culturelle : Ba Ould Ne
(suppléant: Mamoudou Si) et décide de missions du B.P.N. pour étudier
l’emplacement des comités ruraux du Parti, et d’élaborer un programme de
formation civique et politique, enfin d’organiser un stage de formation des
« animateurs du parti »
[7] - le 26 Juillet 1965, le Président de la République
remanie le Gouvernement dans lequel entrent Mohamed Ould Cheikh,
secrétaire général à la Défense, et Elimane Kane, secrétaire général adjoint de
l’U.T.M.
Président de la République, Me
Moktar Ould Daddah
Affaires Etrangères & Défense Nationale Mohamed
Ould Cheikh
Garde des Sceaux, Justice &
Intérieur Ahmed Ould Mohamed
Salah
Finances, Plan & Fonction
publique Bamba
Ould Yezid
Développement Elimane
Mamadou Kane
Construction, Travaux publics
& Transports Yahya
Ould Menkouss
Education & Culture Baham
Ould Mohamed Laghdaf
Jeunesse, Information &
Téléc. Sidi Mohamed Ould
Abderrahmane
Santé, Travail & Affaires
sociales Sidi Mohamed Diagana
[8] - le premier né du
Président et de Mariem Daddah ne leur arrive qu’en Décembre 1066 et
l’expression de « père de la nation » n’apparaît qu’en Décembre 1975
[9] - du 9 au 11 janvier 1966, à Aleg, Mohamed Ould Cheikh
assiste aux premières manœuvres de l’armée mauritanienne tandis que le 11
reprend la grève des lycéens originaires de la Vallée du Fleuve - demande
préventive de renforts par les chefs de circonscription administratives -
« élargi » au groupe parlementaire et aux membres du Gouvernement, le
Bureau Politique National voit s’affronter les deux communautés au sujet des
sanctions à appliquer aux « 19 », le Président de la République pose
la question de confiance et rappelle le ministre de la Défense
[10] - le Bureau Politique National
« examine la situation politique dans son ensemble ainsi que les mesures à
prendre pour le renforcement du Parti » et désigne une Commission
nationale d’études chargée d’étudier tous les aspects des relations entre les
deux communautés : Abdallahi Ould Daddah, Abdoulaye Baro, Ahmed Bazeid Ould Ahmed Miske, Bakar Ould
Sidi Haiba, Bocar Alpha Ba, Gaye Silly Soumare, Mohameden Babbah, Hamdi Ould
Mouknass, Seck Mame Diack, Ibrahima Kane, sous la présidence du Chef de l’Etat
[11] - le 29 Septembre 1961,
sept semaines après son élection, le Président de la République forme un
nouveau gouvernement en se gardant les portefeuilles des Affaires
étrangères et de
Inscription à :
Articles (Atom)