mardi 7 juin 2011

journal de maintenant - mardi 7 juin 2011

Mardi 7 Juin 2011


J’alerte qui je peux atteindre au Quai d’Orsay, guère que le ministre lui-même, ce qui est peu, et à l’Elysée – mon contact haabituel, parfois ouvert, parfois prudent. – Je donne copie à notre représentant permanent à Bruxelles, puisqu’il a suivi de près l’année putschiste tandis qu’il dirigeait le cabinet du ministre d’alors, Bernard Kouchner.



----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Alain Juppé abs Quai d'Orsay
Cc:
André Parant
Sent: Monday, June 06, 2011 9:11 PM
Subject:
nouvelle étape d'une main-mise chinoise organisée par le pouvoir régnant en Mauritanie

Cher Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre,

je suis depuis une quarantaine d'années et plus les choses et les gens de Mauritanie ; je vous l'ai fait savoir comme je le peux, en vous écrivant à Bordeaux, dès votre prise de fonctions.

J'ai vu en Mauritanie le démarrage - au temps ou Jean-François Deniau était notre ambassadeur à Nouakchott - de la coopération avec la Chine. Elle était équilibrée car le président Moktar Ould Daddah circonscrivait les coopérations à des secteurs publics non concurrentiels : infrastructures portuaires et hospitalières, et comptait énormément dans le jeu politique de Pékin pour aller de voix en voix vers l'admission aux Nations Unies. Il n'y avait aucune corrpution : les entreprises de Guelfi dans le secteur de la pêche furent ainsi empêchées, par débat en conseil des ministres, le Président suivant l'avis de ses ministres...

Depuis quelques années, la Chine - qui n'est d'ailleurs à aucun égard, vous en êtes bien mieux informé que moi, la même qu'il y a quarante ans - avance au Sahel. En coincidence d'ailleurs des foyers d'insécurité sinon de terrorisme. Nous avons vu sa collusion avec la dictature pour le Darfour.

Je suis alerté d'un passage en force aujourd'hui à l'Assemblée Nationale de Nouakchott, d'une convention décriée par à peu près tout le monde, y compris la majorité du général Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le texte d'une convention très controversée, même au sein de sa propre majorité, que MOAA vient pourtant de faire passer à l'assemblée nationale. Cette convention,comme vous le verrez, donne un liberté absolue et sans contrepartie, à une société de pêche chinoise. celle-ci pêchera dans nos eaux, avec de filets interdits et pourra même faire venir en Mauritanie autant de travailleurs qu'elle voudra. sans compter les annexes au texte qui n'ont jamais été soumis aux députés.Raison de ce blanc-seing accordé à Pékin : les Chinois sont les partenaires "stratégiques" de Mohamed Abdellahi Ould Yaha, proche de MOAA. Au moment du vote, des députés de MOAA ont clairement dits que la convention est dangereuse pour le pays (mais l'ont votée quand même!), d'autres se sont absentés, ceux de l"opposition ont quitté la salle et les pêcheurs artisanaux qu'une meute de chinois viendra, grâce à cette convention, concurrencer dans leur gagne pain ont envahi l'hémicycle. Mais rien n'y a fait : la convention est passée!

C'est édifiant à tous égards sur la nature du régime et sur son irresponsabilité pour courtes vues et vénalité.

Cette convention est socialement mortelle pour toute la pêche artisanale mauritanienne - très ethniquement et socialement située, ce qui accentue les tensions de plus en plus fortes entre communautés de fait, depuis que les textes incriminant l'esclavage sont devenus lettre morte. Elle montre le clientélisme d'un régime que nous avons contribué à légitimer. Comble, le régime fiscal est plus avantageux pour les Chinois que ne le fut la convention de 1959 entre la jeune République Islamique et notre société des Mines de Fer de Mauritanie (Miferma - Rothschild, BRGM, Lero-Beaulieu puis Audibert comme PDG).

La Mauritanie, et nous-mêmes au Sahel, sommes ensemble en danger.

Bruxelles et notre ambassade ont certainement à dire et à faire.

Sentiments très déférents.

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