vendredi 21 juin 2013

un débat sur l'esclavage mauritanien à l'Assemblée nationale française - réflexions croisées


Réflexion sur la rencontre à l’Assemblée nationale française autour de la question de l’esclavage en Mauritanie



----- Original Message -----
From: Diko diko
Sent: Friday, June 21, 2013 9:15 PM
Subject: Réflexion sur la rencontre à l’Assemblée nationale française autour de la question de l’esclavage en Mauritanie

              Cette rencontre a eu lieu le 12 juin 2013. D’une manière générale, les intervenants mauritaniens ou étrangers ont fait le constat que l’esclavage continue encore à sévir en Mauritanie. Le gouvernement mauritanien a fait l’objet de critiques parce qu’il il ne fait rien pour changer la situation et dans une certaine mesure, il  soutient les esclavagistes.
Des réflexions importantes se sont dégagées. Il serait important qu’il y ait un suivi afin que ces bonnes idées trouvent suite.
Une des idées les plus importantes est celle relative à la création d’un mouvement civique. L’intérêt de cette idée est qu’elle permet de dépasser les particularismes et d’aborder des questions qui, jusque-là, n’ont pas tellement eu d’échos. On peut prendre pour exemple la condition de la femme sur laquelle  un des intervenants s’est longuement penché.
En créant un mouvement civique, on pourrait rapprocher différents mouvements ou communautés et traiter de différentes questions qui minent la Mauritanie.
La difficulté qui se pose souvent en Mauritanie est de pouvoir rassembler. Car, comme le dira un des intervenants, les égos empêchent d’avancer. C’est ce qu’il a nommé le moi-moi.
Mon expérience m’a fait comprendre que, dans les luttes qui réussissent, le leadership s’impose de lui-même et c’est souvent par son action  et comportement qu’il émerge. D’autre part, il ne s’agit pas, à mon avis, du point essentiel. Ce qui est important est l’idéal.
Si le problème de leadership se pose, c’est parce que la plupart des acteurs  politiques et ceux de la société civile ne mettent pas en avant l’intérêt général car si tel était le cas, les problèmes qu’ils rencontrent ne se poseraient pas.
D’une manière générale, les Africains de la nouvelle génération ont du mal à travailler pour l’intérêt général, se mettre ensemble pour un but collectif. Les sentiments, les intérêts personnels prennent souvent le dessus sur les idéaux. Chacun se centre sur lui-même.
Le second point qui me parait important est de travailler en vue d’avoir une assistance juridique internationale. Ainsi, en cas de procès, des avocats venus de l’étranger et des observateurs internationaux pourraient aider à mieux faire  connaitre la manière dont les militants sont traités sont traités par la justice mauritanienne].
Autre idée importante, il s’agit de dire comment aider les Harratine à avoir les moyens de leur autonomie. Certaines pistes ont surgi. Il s’agit d’une réforme foncière qui permettrait  à cette catégorie de la population d’accéder à des terres et cette réforme foncière doit être suivie par les organisations anti-esclavagistes et d’autres afin que cette réforme ne soit pas détournée de ses objectifs premiers. Il ne faudrait pas que l’on profite encore de cette occasion pour donner les terres aux  riches et à certaines personnes n’y ayant pas droit ou encore arracher à d’autres leurs biens indûment.
Dans le même ordre d’idées, quelqu’un vivant en Inde a mis l’accent sur l’aspect économique de la question. En Inde, selon lui, il existe des classes marginalisées, une politique a été mise en route pour les aider à sortir de leur situation. On pourrait donc s’inspirer de cet exemple.
Le problème de l’esclavage en Mauritanie est lié à une question de mentalité mais comme les mentalités ne changent que difficilement, on peut donc commencer par des programmes éducatifs et économiques qui favoriseraient l’indépendance intellectuelle et économique des Harratine. Celle-ci aiderait à un changement  de comportements  des Harratine  qui ont tendance à vouloir rester auprès de leur maître car il est difficile de le quitter si l’on n’a pas les moyens de sa survie.
Une autre idée aussi mérite qu’on lui prête attention, il s’agit de créer une organisation qui travaille pour une autre lecture des textes coraniques en faveur de l’émancipation car comme l’a affirmé un des intervenants, la Mauritanie est une République des Marabouts dont l’idéologie est en faveur de la légitimation de l’esclavage, de la domination des femmes, etc.
 Des pistes ont été ainsi ouvertes. Il reste maintenant à en assurer le suivi. Car les débats  à eux seuls ne suffisent pas. Ils doivent être accompagnés d’actions.
Oumar Diagne
Ecrivain


----- Original Message -----
To: Diko diko
Sent: Saturday, June 22, 2013 8:45 AM
Subject: Re: Réflexion sur la rencontre à l’Assemblée nationale française autour de la question de l’esclavage en Mauritanie

L'essentiel est oublié.

Rien ne peut être fait en Mauritanie sans le rétablissement de la démocratie. Démocratie de forme à inventer, sans doute pour aujourd'hui et pour demain en tenant compte de l'expérience et des acquis des collectivités traditionnelles (Fleuve et Haute Mauritanie) et de la période fondatrice (Moktar Ould Daddah 1957-1978) : la preuve en a été donnée par les textes et concertation pendant le bref exercice démocratique du pouvoir, celui de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Rétablissement auquel deux dispersions ne concourent pas. La première est celle de l'opposition démocratique incapable de se donner par avance un candidat unique contre celui de la dictature militaire et personnelle, candidat soutenu par tous les autres qui auraient pu l'être, candidat se répandant dans tout le pays et à l'international. La seconde est précisément de l'abolitionnisme qui donne une image incorrecte de la Mauritanie. celle-ci est une dictature avant d'être un pays esclavagiste. On n'éradiquera pas l'esclavage et d'autres maladies comme le racisme, comme l'accaparement des richesses, sans la démocratie. Tout ce qui n'est pas le combat pour la démocraatie et contre la dictature est une dispersion. L'étranger se satisfait des réalistes esclavagistes, cela produit au mieux de l'humanitaire. tandis que mettre en cause une dictature soutenue par les partenaires de la Mauritanie, à commencer par l'ancienne métropole qui n'en finit pas - contrairement à de Gaulle et aux paris de 1956-1958 - de mépriser les Africains en les jugeant incapables de démocratie, et qui persiste quotidiennement à croire que la sécurité, notamment au Sahel, n'est pas fonction du régime intérieur des Etats, et qui depuis 2008 maintient un regard sur la Mauritanie : c'est Mohamed Ould Abdel Aziz qui fait bien le travail, que c'ait été la sape du régime démocratique, puis la déstabilisation du Mali, puis le massacre de Germaneau, puis les palinodies d'aujourd'hui... L'esclavage abominable, mais l'application des lois de 2007 ne se fera que par la démocratie. C'est le moyen qu'il faut réclamer avant la fin.

Merci, cher Hanoune. 

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