dimanche 18 juillet 2010

anniversaire de la légitimation d'une rectification - forum de la Coordination de l'opposition démocratique

Forum : « Bilan du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, deux ans de crise multidimensionnelle »

Synthèse

La Coordination de l’Opposition Démocratique a organisé, dimanche 18 juillet 2010, à l’Hôtel El Khater, un forum sous le thème « Bilan du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz : deux années de crise multidimensionnelle ».
Cette activité intervient à deux ans, jour pour jour, après le torpillage de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009 prévue par l’Accord de Dakar signé par les différents pôles politiques (FNDD, RFD et Mohamed Ould Abdel Aziz) pour mettre fin à la crise institutionnelle née du coup d’Etat du 06 Août 2008 et ayant conduit le pays à un isolement international, diplomatique et économique sans précédent.

Malheureusement, le 18 Juillet tombe cette année alors que la Mauritanie patauge dans un climat de tension et d’incertitude générale, à cause de la persistance de la crise politique et du refus du régime en place d’appliquer les clauses de l’Accord de Dakar sur le dialogue inclusif ; Mohamed Ould Abdel Aziz restant sourd à l’appel de l’Opposition et indifférent à l’insistance de les partenaires économiques du pays, surtout de l’Union Européenne, à ce sujet.

Le forum a été ouvert par un mot du Président en exercice de la COD, Monsieur Boïdiel Ould Houmeïd, qui a rappelé le contexte dans lequel se tient cette activité. Comme la conférence organisé la semaine dernière à la maison de jeune, la rencontre fut une occasion hautement politique et permit de mettre en exergue le bilan d’un régime au pouvoir depuis plus de deux ans, et dont les échecs tous azimuts ont contribué à accentuer la crise, manquant chaque jour de plonger irréversiblement le pays vers le chaos. L’impasse, dont les contours se dessinent davantage et se précisent, est aujourd’hui incontestable, malgré la propagande menée autour des récentes initiatives en faveur du dialogue, qui restent timides – et d’objectif plutôt manœuvrier.

Quatre grands axes ont-ils été développés par les communicateurs, ainsi qu’il suit :

1) L’Accord de Dakar, ce qu’il stipule et comment il a été contourné par le pouvoir, présenté par Dr. Mohamed Ould Maouloud et Madame le député Nanna Mint Cheikhna ;
2) La Crise économique et financière, présenté par l’ancien Ministre du pétrole et vice-président de Convergence Démocratique Nationale, Monsieur Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed ;
3) La Crise des institutions, présenté par le Professeur Lô Gourmo Abdoul ;
4) Et l’Instrumentalisation des médias par le pouvoir, présenté par l’ancien Ministre, Monsieur Mohamed Lemine Ould Naty.

Abordant le premier axe Monsieur Mohamed Ould Maouloud et Madame Nanna Mint Cheikhna ont rappelé les raisons ayant conduit à la signature de l’Accord de Dakar. Le pays vivait une crise institutionnelle due au coup d’Etat du 06 Août 2008 unanimement rejeté à la fois à l’intérieur comme à l’extérieur. Cette crise menaçait de dégénérer à tout moment en un chaos irrémédiable. Il était impératif d’éviter l’exposition de la Mauritanie à un destin tragique. L’opposition a alors décidé d’accepter le dialogue en vue de permettre l’aboutissement à une issue à la crise, à travers un processus consensuel qui remette le pays sur la voie de la normalisation politique.

Face à l’acharnement du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz à pénaliser le peuple ; la première victime de sa forfaiture, l’opposition s’est vue contrainte de se faire des sacrifices pour desserrer l’étau qui étranglait le pays et augurait d’un avenir sombre pour nous tous. Cela passait, nécessairement, par la mise en échec de l’agenda unilatéral du 06 / 06 et le retour à l’ordre constitutionnel.

L’opposition était convaincue que tout accord entre des protagonistes quels qu’ils soient devait s’animer par la bonne volonté ; cela veut dire d’éviter de vouloir exclure le ou les vis-à-vis. En revanche, chacun avait forcément ses préalables... Ceux du RFD et du FNDD étaient alors :
- la libération des détenus d’opinion ;
- la mise en échec de l’agenda unilatéral du 06 / 06 ;
- la mise en échec du coup d’Etat du 06 Août 2008 à travers la restauration de Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi à qui est revenue la nomination du Premier Ministre et du gouvernement d’union nationale de transition avant sa démission dans une cérémonie officielle.

Hélas, le Premier Ministre qui s’était solennellement engagé à respecter la neutralité avait fini instrumentalisé par Ould abdel Aziz, se livrant à plusieurs entorses : refus de refonte des démembrements proposé par la CENI, convocation unilatérale du collège électoral, refus de la révision de la liste électorale, etc. Toutes ces manœuvres ressemblent, en fait, à des coups d’Etat qui n’en disaient pas leurs noms.
C’est dire qu’il n’y avait là aucune garantie de transparence lors de l’élection du 18 Juillet 2009. Ceci est d’autant plus vrai que l’armée avait fortement participé à la campagne tout comme l’administration qui avait abusivement utilisé les moyens de l’Etat en faveur du candidat Ould Abdel Aziz.
Même le groupe de contact a comploté contre l’Accord de Dakar et ce en allant demander à la cours constitutionnelle d’accepter la convocation par le Premier Ministre du collège électoral.
Aujourd’hui, et pendant que les mauritaniens souhaitent unanimement voir le pays tourner la page ignoble de ces coups d’Etat, ironie du sort l’UPR reconnaît son attachement indéfectible au mouvement de rectification, c’est-à-dire, au coup d’Etat du 06 Août 2008. C’est là une grave violation de la Constitution et une parfaite reconnaissance des coups d’Eta militaires par un parti politique.

Au sujet du deuxième axe, l’ex-Ministre Monsieur Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed s’est appesanti sur le coup fatal assené par le coup d’Etat du 06 Août 2008 à l’économie du pays. En effet , le putsch a provoqué le gel de tous les accords de coopération, privant le pays de l’exécution de tous les programmes de développement promis par les donateurs lors de la rencontre de Bruxelles sous le règne de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

L’intervenant a dit que les milliards de dollars rassemblés par le gouvernement du Président Ould Cheikh Abdallahi grâce à la confiance suscitée par son accession démocratique et transparente au pouvoir tout comme ses différents projets soumis aux partenaires lors de la rencontre de Bruxelles ont été complètement dilapidés. Les nominations de complaisance des laudateurs du régime et le limogeage des compétences avérées ont précipité l’effondrement de l’économie. A cela s’ajoute la gestion chaotique des ressources pétrolières et financières. Les nombreux scandales, entre autres les prorogations de contrats avec PETRONAS en dehors de tout cadre légal et loin du contrôle du parlement mauritanien, sont des preuves indéniables de prévarication. Celles-ci amènent à poser plusieurs questions. Les sociétés dont les contrats ont expiré continuent-elles à verser l’argent du ? Au nom de quelle juridiction ? Les soi-disant correspondances du Premier Ministre et du Ministre du pétrole sorties – d’on ne sait où pour expliquer la poursuite de l’exploitation des richesses pétrolières par PETRONAS et consort, le 20 juillet 2009 et qui a finalement été farouchement critiquée par l’opposition - sont loin de pouvoir justifier les bévues du régime en place lequel avait tenté de légitimer à travers la promulgation d’une loi donnant les coudées franches à l’exécutif au-delà de tout contrôle préalable de l’exécutif, au cours de la récente cession parlementaire.

En effet, il est inadmissible que « la Mauritanie nouvelle » tende la main au moment où une simple remise des zones A et B off shore à l’Etat, le scellement d’accords efficient lui garantissent de se mettre à l’abri de la quémande et des dettes.
En outre, il n’est pas fortuit que l’initiative de transparence signée en 2005 par la Mauritanie demeure un slogan vaseux et donc lettre morte. Cette convention engage l’Etat à recruter un fonctionnaire international pour l’audit. Ainsi les rapports des audits de 2007, 2008 et 2009, devant être respectivement publiés en 2008, 2009 et au milieu de 2010 ne sont toujours pas diffusés.

Dans son intervention sur la crise des institutions, Le Professeur Monsieur Lô Gourmo a déclaré que le coup d’Etat du 6 août 2008 est le premier vrai coup d’Etat dans l’histoire de la Mauritanie pour avoir touché la main de la démocratie et ses institutions. En effet, on a assisté à une concentration des pouvoirs entre les mains d’une seule personne renforçant ainsi son hégémonie. Le pouvoir judiciaire dont la mission est d’assurer le droit de chacun et ne pas jouer pas le jeu « du vouloir » de l’exécutif a fini par être complètement instrumentalisé.
Dans ce cadre, il faut reconnaître à Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi de ne jamais s’être immiscé dans la justice. La preuve en est qu’il a gardé le président de la cours suprême tout comme le gouverneur de la Banque Centrale qu’il a trouvé devant lui. Car chacun avait un mandat. Or Ould Abdel Aziz a changé en moins de deux ans deux fois de président de cours suprême et de Banque centrale faisant fi des mandats qui sont les leurs. Celles-ci ont ainsi perdu leurs missions respectives pour devenir de simples annexes du pouvoir.
Du fait de la caporalisation et de l’inféodation de toutes les institutions de plus en plus vidées de leur sens, on s’est trouvé dans une situation où le régime est innommable. Personne ne peut alors nier que les institutions fonctionnent sur un non dit. C’est l’armée qui gère le pays et cela n’arrange personne, même Aziz qui, faisant ce jeu, ne pourra guère normaliser sa propre situation.

Bref, c’est l’armée qui tire les ficelles, nomme, fait campagne, choisit le candidat et l’impose.
Ça prouve une fois encore combien il est important et urgent que l’Accord Dakar trouve sa voie vers l’exécution. Ceci est de nature à définir les mission originelle de cette institution ô combien importante et laisser la politique aux politiciens.


Concernant le quatrième et dernier axe du forum, Monsieur Mohamed Lemine Ould Naty a mis l’accent sur le rôle des médias publics dans la défense des libertés tout comme le renforcement et l’ancrage de la démocratie.
Il a ajouté que la liberté d’expression et le droit à l’information constituent des fondements essentiels de la démocratie. Cependant, ils ont totalement disparu avec l’arrivée de Ould Abel Aziz au pouvoir, suite au coup d’Etat du 06 Août 2008 et la consécration de l’Etat d’exception. En effet, comme dans toute dictature, la première décision de fut le limogeage des personnalités dirigeant les 3 institutions de l’information (radio, télévision et AMI) qui se sont faits remplacer par des proches du régime.
Des pressions avaient été faites sur les journalistes pour les inféoder. Le hic était la démission du présentateur vedette de la télévision Monsieur Ishagh Ould Moctar. A cela s’ajoute l’arrestation respective de Aboul Abass Ould Abraham. Ce dernier est même resté incarcéré un mois après avoir purgé sa peine. L’ex-Ministre Isselmou Ould Abdel Kader, invité de la télévision nationale a été détenu puis emprisonné pour ses opinions dans ce qui a été la plus ridicule des tentatives de bâillonnement des intellectuels et des voix libres.
Du 06 Août date du coup d’Etat à l’élection du 18 juillet, les médias publics se sont retenus de toute couverture des activités de l’opposition. Elles ont en revanche servi d’outil de diabolisation et d’insulte aux symboles de celle-ci et même les personnalités institutionnelles (le Président de l’Assemblée Nationale et le Chef de fil de l’Opposition Démocratique).
Après les élections, toutes les couvertures des activités de l’opposition se sont distinguées par le sabotage tant au niveau du son que l’image. On se rappelle de la conférence du Président de l’Assemblée Nationale après son retour de sa tournée en Afrique et en Asie et celle organisé par MM. Ahmed Ould Daddah et Mohamed Ould Maouloud pour annoncer la naissance de la Coordination de l’Opposition Démocratique, pour ne citer que cela.

L’instrumentalisation des organes de presse publique est aujourd’hui à niveau où ceux-ci ont perdu tout sens d’objectivité, de professionnalisme et d’équité. Ils deviennent les médias du parti au pouvoir qui occulte absolument la présence de l’opposition. Ce sont des moyens de propagande et de démagogie qui se moquent du peuple. C’est pourquoi la HAPA les regarde impuissantes, malgré les cris d’alarme de la COD et les associations des journalistes.
Sortie des tiroirs sous la pression de la COD, la loi de libéralisation de l’espace audiovisuel a été objet d’appropriation du régime en place après l’avoir vidée de son contenu, différé son exécution et accordé la tâche de se prononcer sur les cahiers de charge au Ministère de la Communication et non à la HAPA.

Plusieurs personnalités dont le Secrétaire Général de APP, Monsieur Ladji Traoré, Abderrahmane Ould Mohamed Cheikh Secrétaire Général de l’AFCD et Mohamed Lemine Ould El Ouaère membre de la Commission de communication de la COD ont intervenu. Ils ont rappelé l’interdiction par le régime de la radio lancée par For Mauritanie pendant que DAVA TV émettait à Nouakchott faisant campagne en faveur de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ils ont ajouté que ce dernier est le premier dans l’histoire de la Mauritanie à avoir fait un coup d’Etat réactionnel contre son limogeage fait pourtant en toute légalité.
Les intervenants ont, par ailleurs, mis les mauritaniens en garde contre les faveurs accordées à de tierces parties étrangères au grand dam des pauvres citoyens. Les marchés gré à gré, le développement calamiteux du phénomène de la prévarication, les violations de toutes les formes de droits et les projets calamiteux font florès. Ils nécessitent plus de vigilance des politiques et de mobilisation pour leur barrer la route.

Nouakchott, le 18 juillet 2010

Commission de synthèse

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