Je mène campagne pour comprendre et pour éviter le pire . . . j’ai soutenu Ghazouani pour trois raisons essentielles à savoir (i) qu’il permet au pouvoir d’évoluer sans rupture violente des mains des Militaires à celles des civils en traversant un zone grise qui me paraissait – et me parait toujours indispensable (ii) qu’il est issu d’une famille capable peut bien gérer la paix comme l’avait bien attesté l’Emir du Tagant Bakar Ould Soueid Ahmed, en disant que la seule tribu dont il eût peur était celle des Ideiboussatt, si elle peut endurer la guerre autant qu’elle peut rechercher la paix (iii) qu’il a su traverser la période de dix ans dans l’ombre de MOA sans faire l’objet d’aucun reproche. Mohamed Ould Ghazouani est soutenu par la puissante alliance Saoudi-imarati et entretient des relations très discrètes avec les généraux de l’Armée turque. Il partage bien des convictions avec le mouvement des Frères Musulmans à l’insu de ses amis d’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis. Ghazouani est appuyé matériellement et humainement par sa grande tribu qui dominent la presque totalité du secteur de l’économie sous-terraine En dépit de tous ces atouts, je ne vous cacherai pas que je suis en train de déchanter en percevant des signes qui, s’ils se confirment, me paraissent inquiétants pour le pays et même pour toute la région ouest-africaine. Mohamed Ould Ghazouani parait de plus en plus clairement pour la grande majorité des Mauritaniens comme étant l’ombre parfaite exacte de MOA qui a perdu la plus grande partie d sa crédibilité, après les malversations qu’il a commise dans la dernière année de sa on mandat. Une rumeur persistante court selon laquelle, les eux anciens complices ont conclu un accord de type « Medvedev-Putine », ce qui donne la nausée à la classe politique ou, du moins à sa partie qui soutenait le candidat des militaires. Ensuite, Ghazouani semble aux yeux de nombreux observateurs comme n’ayant pas de discours personnel en dehors de celui de MOA, ou n’est pas capable de gérer son discours à cause de son manque d’expérience politique et discursive ; Enfin Ghazouani navigue dans un monde hétérogène formé par les plus extrémistes des deux camps de la scène politique d’avant les présentes élections. Le camp le plus fort, parce que plus nanti en moyens et plus proche du pouvoir actuel fulmine au fond contre lui reprochant de faire échouer la tentative de MOA de se présenter à un 3ème mandat. Le camp des anciens opposants achalandés s’estime exclu de la campagne électorale. Donc les deux camps ne verraient pas d’un mauvais œil l’échec de mon ami Ghazouani, qui m’a bien donné le sentiment de son embarras la dernière fois que je l’ai rencontre au siège de sa campagne. Cette situation que j’ai résumée explique que les chances de Ghazouani s’amenuisent de jour en jour, ce qui explique les changements quotidiens des responsables de sa campagne. Le candidat Sidi Mohamed Ould Boubacar, le seul candidat issu de la noblesse guerrière a des atouts sérieux, notamment son expérience de commis de l’Etat à tous els niveaux, son caractère calme et courtois, sa transversalité en tant qu’enfant né dans l’Adrar, qui a grandi dans l’Est du pays, issu de la tribu des Oulad Ahmed du Brakna, originaire de sang de la tribu des GOORE de Nouadhibou. Sidi Mohamed Ould Boubacar a nagé dans les eaux des mouvements nassériste et islamiste au temps où ils se confondaient, ce qui explique le soutien que lui apportent les Frères Musulmans et, à travers eux, la Turquie et le Qatar. Il est également appuyé financièrement par l’homme d’affaire le plus riche du pays, en l’occurrence Mohamed Ould Bouamatou, figure de proue de la Franc-maçonnerie en Mauritanie selon bien des sources. Depuis quelques jours, les meetings de l’intéressé commencent rassembler de plus en plus de monde, car il vient d’emprunter à l’opposition son langage et son programme au lieu de rester dans une zone grise entre Ghazouani et le candidat Mohamed Ould Maouloud. Mais Monsieur SMOB a certains handicaps dont son identification à l’ancien régime de Ould Taya qui avait sévi contre les communautés noires de la vallée du fleuve Sénégal et la proximité de Mohamed Ould Bouamatou dont on connait la volonté de domestiquer les régimes qui l’approchent. Mohamed Ould Maouloud a hérité du patrimoine politique de toute l’opposition et du plus grand parti après celui des islamistes, le Rassemblement des Forces Démocratiques de Monsieur Ould Daddah. Les deux hommes peuvent se prévaloir de leur passé honorable qui n’ont rien à se reprocher. En plus M. Maouloud jouit de l’appui discret de sa puissante tribu qui compte par le plus nombreuses, les plus riches, les plus nantis en ressources humaines de haut niveau et les plous influentes sur le plan spirituel. Toutefois, Mohamed Ould Maouloud traine toujours dernière lui un passé de militant marxiste pur et dur, ce qui le prive du soutien des islamistes qui monopolisent l’opinion de vastes pans de la société. En plus, M. Maouloud ne dispose pas de ressources financières en dehors de quelques subsides offerts par sa communauté. Il ne jouit d’aucun appui financier extérieur Mais en dépit de ces lacunes fatales, Mohamed Ould Maouloud peut être la surprise de ces élections. Ses meetings à Zouerate et Aoujeft ne doivent pas être des cas isolés. Ils sont grands par rapport à ce qui était prévu et ne sont pas dans les zones où le candidat a des soutiens traditionnels. La raison principale de ce succès inattendu en serait que les Mauritaniens, particulièrement les jeunes, ont soif de sortir du cycle des régimes militaires et de tout ce qui a un lien avec eux. Je vous fais grâce des commentaires à propos des trois autres candidats qui constituent les garnitures de ces élections. On pourra, le moment venu, analyser leur résultats pour en tirer de leçons valables sur les plans de la prospective et de la sociologie. J’ai tardé à déboucher sur les scenarii possibles qui, il faut le dire d’emblée, me font peur : 1° Scenario Monsieur Ghazouani revisite son discours de manière à lui donner une originalité rassurante prouvant qu’il n’est ni l’ombre ni le continuateur de l’œuvre de MOA. Dans ce cas, il aura des atomes crochus avec son ancien patron et avec son ancien parti. Cela pourrait le conduire à l’échec et s’il est élu malgré tout, il devra rapidement réunir autour de lui de novelles forces politiques, y compris de l’ancienne opposition. Celle-ci comprendra-t-elle, encore une fois, que ce rassemblement est nécessaire pour le pays ? Le nouveau Président aura-t-il le soutien de l’Armée ? 2° Scenario Mohamed Ould Ghazouani n’arrive pas à changer son discours et à se distinguer de MOA. Dans ce cas, il sera battu à l’issue d’un second tour, par Sidi Mohamed Ould Boubacar. Dans ce cas, MOA refusera le résultat, car il ne peut accepter que le pouvoir tombe entre les mains de l’homme inconditionnel de Bouamatou, du clan d’Ely Ould Mohamed Vall et d’une coalition de l’opposition pressée de régler des comptes. L’Armée acceptera-t-elle de revenir à la case de départ ? L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis accepteront-ils de voir un régime favorable au Qatar et à la Turquie s’installer au bord de l’océan de gaz naturel de l’Atlantique sud ? 3° Scenario Ghazouani est imposé par la force du trucage des élections et, dans ce cas, une tempête se soulèvera, car ni l’Armée, ni les forces politiques autres que celles très faibles qui soutiennent MOA, n’accepteront des résultats truqués. Il s’avère malheureusement très probable que ces élections déboucheront sur de graves troubles dont les conséquences n’échapperont pas à nos amis Français. Ces derniers ont investi tant de moyens pour assurer la paix dans cette région qu’ils sentiront l’urgence de modérer le jeu politique pour obvier au scénario « Putine –Medvedev », au trucage des élections et à une tentative de putsch de la part de MOA en cas d’échec. Mais il est très probable qu’il n’entendra pas ce conseil et préférera ouvrir le pays aux rivalités sur le terrain, comme au Yémen et en Libye, de deux blocs arabes opposés qui se plaisent à mesurer leurs capacités dévastatrices respectives aux extrémités d’un monde arabe émasculé. Malheureusement, notre pays se situe dans une zone idéale où les éclats d’obus d’un conflit entre wahhabisme pur et dur et islam politique version qatari ne risquent pas de troubler le sommeil des émirs. Avec un peuple qui meurt de faim, une élite corrompue et des dirigeants illettrés, rien n’est plus facile que de déclencher un tel conflit qui ferait le bonheur inespéré des mouvements terroristes gravement affaiblis.
mardi 11 juin 2019
ce que je reçois d'un ami, l'ayant reçu d'un ami
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