« Livre
Blanc du candidat absent »,
ouvrage qui paraîtra prochainement dans la collection de
l’INSTITUT 2IRES, sous la signature de son Directeur, le PR
Mohamed Ould MOHAMED EL HACEN.
Tout
programme électoral d’un candidat à la Présidence de la
République, élaboré dans les règles de l’art et de la
démocratie, doit répondre, au minimum, aux questions ci-après:
Qui est concerné par les
promesses et projets?
Que promet-il de réaliser,
que va-t-il faire?
Avec quoi va- t -il le
réaliser, le faire?
Qui va faire quoi ?
Où va- t- on réaliser
les projets, mener les actions ?
Quand est ce qu’on
envisage réaliser projets, promesses et actions ?
Avec quelles
quantités (nombre, chiffrage, moyens)?
Combien coûteraient les
différentes composantes du programme ?
Comment le candidat
compte-t-il réaliser le programme, avec quelles stratégies,
quelles ressources financières et humaines?
Pourquoi ces ressources
précisément (justifications, coût d’opportunité)?
Pourquoi ce
Programme?
Ces
questionnements seront développés ultérieurement dans d’autres
sections et chapitres du livre blanc. Nous avons préféré les
soumettre par anticipation pour gagner du temps et dans le but de
contribuer à la mise sur les rails, dans la rationalité et dans
l’objectivité, les différentes campagnes des candidats.
En
ces moments historiques de la vie de mon pays, je suis contraint
et forcé, par la conscience et par le devoir patriotiques, de
m’adresser, par médias interposés, à tous les mauritaniens, à
leurs élites, à leur classe politique, à nos ressortissants dans
la diaspora, à nos fils qui défendent les frontières de notre
patrie et à ceux qui assurent la quiétude et la sécurité de nos
populations, aux partis politiques et aux candidats aux élections
présidentielles, pour attirer l’attention sur des questions
stratégiques et vitales qui nous concernent tous et pour leur
soumettre des propositions.
Mon
propos n’est pas de critiquer, ni de culpabiliser; ni de dénigrer
et, encore moins, de stigmatiser ou de prendre à parti mes
compatriotes. J’observe, je constate, je déplore et je propose.
Je
serai sincère et franc, direct et volontairement provocateur, dans
le seul but de conquérir le privilège d’accéder à votre écoute,
par-dessus les hauts parleurs d’une campagne présidentielle
parasitaire dont la dynamique est enclenchée avant date et depuis
longtemps.
Toutes
les campagnes électorales menées ces dernières années ont omis
un détail, mais ce détail est de taille, il s’agit du programme
électoral, le programme politique des candidats aux élections
présidentielles, notamment.
Aujourd’hui,
je déclare que dans cette élection du 22 Juin, je fais du
Programme électoral mon candidat et je déclare être son
porte parole et le défenseur de sa cause, de ses droits.
Je
ferais donc campagne pour l’introduction des PRORGAMMES
ELECTORAUX, conçus dans les règles de l’art, dans les débats, et
ce tant que les six candidats ne les auront pas intégrés,
comme axes principaux, autour desquels doivent graviter tous les
autres ingrédients de leurs campagnes.
Candidats
à la présidence de notre pays, vous êtes, aujourd’hui,
six .Demain, un seul parmi vous sera élu, car il n’y a,
jusqu’à preuve du contraire, qu’un seul fauteuil pour un
Président unique; les cinq autres candidats auront mené une
expérience passionnante et enrichissante.
En
effet, au terme des élections, le 22 juin ou un jour de juillet
2019, ces cinq candidats n’auront pas échoué, l’échec; pour
des hommes positifs, n’existe pas, il n’y a que des expériences.
Ils en tireront des leçons qui leur serviront dans le futur.
El
Marhoum, S . M feu Hassan II, homme politique perspicace, s’il
en est, et homme de génie hors pair, affirmait : « Les
batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts, ni par
les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais.»
Mais
tous les six candidats, se doivent, dès à présent et tout au long
de leurs campagnes, de s’assurer que la présente expérience
sera utile, et non pas nuisible, pour le pays, ni nocive pour le
corps sociétal ou fatale pour l’unité de la nation et du peuple
mauritaniens, ni préjudiciables pour eux-mêmes.
Dans
quelques jours vous allez officiellement battre campagne dans le
dessein de prendre les leviers de commandes d’un pays dans le
cadre d’une compétition démocratique.
Depuis
sa naissance, la Mauritanie a vu plutôt alterner des crises non
résolues et des campagnes effervescentes de mystification utilisées
comme antidote, sans jamais connaître d’alternance démocratique
véritable, sa démocratie, de plus en plus en survie, n’est
qu’électorale.
Rétrospectivement,
des crises structurelles ou conjoncturelles, anciennes ou récentes,
épisodiques ou récurrentes, ou encore leurs séquelles, jonchent
le parcours de notre jeune Etat et laissent des accessoires plus
pernicieux que le principal, quand elles ne s’éternisent pas.
Nous
n’avons pas eu du répit, ni du recul pour réfléchir, ni pour
mûrir. L’infantilisme nous gouverne , à l’âge de 60 ans, sans
que nous le sachions.
Les
cheveux blancs des premières générations d’élites civiles et
les moustaches touffues grisâtres ou teintées des élites
militaires qui les ont suivies cachent mal « l’enfant
difficile ou l’enfant gâté» du psychologue Alfred ADELER qui
habitent les décideurs qui se sont succédés après Moktar
Ould Daddah.
En
effet dès sa première enfance, notre Etat a vu les catastrophes
naturelles se succéder et alterner avec les crises
politique infantiles et crises d’adolescence:
à
l’âge de 6 ans , ce furent le événements de 66 ;à 10 ans,
la sécheresse des années 1970 ;à 15ans, nous fîmes la Guerre
du Sahara, en 1975 ; à notre majorité, complexe d’Oedipe,
Coup d’Etat militaire de 78 ; troubles scolaires 1979 ,remède
mille fois pire que le mal; institution du modique enseignement
séparé ; événements de 89,conséquence, entre autres, des
décisions de l’enseignement séparé de 79 , avec , de
surcroît, conflit avec notre voisin du Sud , le Sénégal, en dépit
du partage de peuples , de cultures, de coutumes et des mœurs
qui caractérisent deux pays qui n’en faisaient qu’un ;
tentative de coup d’Etat racial ;rafale de coups d’états:
coup d’Etat 2003 et coup d’état 2005 ;inondation
Tintane ;Coup d’Etat contre le premier Président élu
démocratiquement avec crises politiques et institutionnelles de
2008/2009 ;crises financières doublées de sécheresse en
2014/ 2015 ;crise diplomatique prolongée avec notre voisin du
Nord , le Maroc, en dépit de la transfusion de peuples , de
cultures et de coutumes des mœurs des deux pays qui en font une
race; liquidation d’entreprise publiques stratégiques et vitales
pour notre développement économique et social Sonimex , Ener
, Agence pour l’accès univers, Amextip, Patrimoine foncier
public,patrimoine minier … ;Endettement extérieur record et
excessif…
Et
j’en passe.
Chaque
crise a laissé ses séquelles, des conséquences néfastes, des
passifs qui s’joutaient les uns aux autres, des reports à nouveau
négatifs, dans les bilans du pays, telles les dettes du mauvais
payeur ou du failli.
Les
problèmes s’accumulent s’aggravent et se compliquent sans
trouver de solution.
Les
solutions sont pires que les problèmes, l’huile étant utilisée,
chaque fois, pour éteindre les feux !
Les
grandes décisions concernant des questions de portée stratégique
et déterminantes dans vie du pays sont prises à la légère,
sans études préalables qui auraient pu permettre d’anticiper
leurs effets négatifs, leurs résultats fâcheux et dramatiques.
Lorsque,
ce faisant, les résultats de ces actions, qu’on n’a pas pu
prévoir ni prévenir, apparaissent au grand jour, nous n’arrivons
pas, faute de volonté et, de plus en plus, par déficit en
compétences et en capacité cognitive et cérébrale des décideurs,
à identifier les solutions qui auraient de réparer, et de corriger
les torts.
Nous
appréhendons les problèmes comme s’ils étaient sans causes et
sans solutions, car ce qui importe pour nous, c’est la
subjectivité, l’inquisition et l’imputation de leur de
responsabilité aux autres.
Aujourd’hui,
une opportunité historique se présente à nous de reprendre nos
clefs, de réviser nos grilles de lecture pour découvrir, en toute
humilité, ces réalités et prendre le taureau par les cornes, pour
essayer de les dépasser, pour consommer leur deuil et laisser leur
traumatisme derrière nous, au lieu de nourrir d’une inguérissable
mélancolie qui interdit toute lucidité.
Avant
même d’arriver à l’anti chambre du pouvoir et même à
l’isoloir, vous portez déjà, sans en être apparemment très
conscients, la responsabilité de conduire des campagnes dans
lesquelles les clivages tribaux, régionaux et ethniques, constituent
malheureusement les traits marquants et font les
lignes de
démarcations entre candidats
puis conduisent à un vote tribaliste, ethnique et régionaliste
prépondérant.
Mais
depuis quelques années, on observe un recours systématique, par des
intrus sur la scène politique et des procédés incompatibles avec
la démocratie, à des campagnes en continu avant, pendant et après
les élections. Campagnes Permanentes sans interruption et sans
arrêt!!?
Ces
campagnes qui paralysent les activités productrices de richesses
intellectuelles ou économiques, détruisent tant de substances et
d’énergie et ont pour toile de fond la crise permanente,
ne sont, en dernière analyse, faites que de cris, des slogans
réducteurs. Les discours qu’elles véhiculent ne font que
fructifier et renforcer les clivages rétrogrades que nous croyions
avoir, depuis longtemps, dépassés.
Les
charges sentimentales et émotives constituent le carburant
exclusif de ces campagnes.
L’animation
de ces campagnes ne comporte aucun débat sur le devenir du pays,
aucun débat sur les problèmes de l’heure. Rien que des
répétitions serviles de slogans. Tout le monde applaudit et
danse, mais personne ne réfléchit ni ne pense.
Le
Pays, la Nation ,l’Etat , l’intérêt général, le bien et
l’intérêt communs sont des termes très rarement évoqués dans
ces campagnes où la
fibre patriotique et nationaliste et les valeurs citoyennes ne sont
plus guère
palpables
Dans
les campagnes et discours politiques on fait moins recours au
travail d’architecture qu’à celui d’archéologie qui n’érige
rien et ne vise qu’à déterrer les erreurs et fautes de ses
propres prédécesseurs ou concurrents.
Ainsi
les tensions de toutes sortes y atteignent leur paroxysme.
La
campagne 2019 , point d’aboutissement des campagnes d’une
décennie, a ‘’le mérite’’ de nous alerter sur les dangers
et risques auxquels elle nous expose, en faisant apparaître au grand
jour les germes des mauvaises graines de la division semées
sciemment pendant la ‘’campagne permanente’’, et suivant la
méthode de repiquage azizien, non pas à la volée et de manière
inconsciente, comme cela pouvait arriver épisodiquement auparavant
mais, au contraire de manière consciente et délibérée. « Qui
mal sème, mal récolte », dit cependant l’adage.
On
en arrive à se demander si ces élections ne sont pas utilisées
comme instruments pour raviver davantage des tensions en exacerbant
les clivages raciaux- ethno- tribalo- régionaux, ce qui est un
crime contre l’humanité.
Avec
elle, nous risquons, cette fois, d’opérer un bond spectaculaire
en arrière.
Par
la tribalisation, la régionalisation et l’ethnicisation,
conscientes ou spontanées, de la campagne actuelle et des votes,
symptômes de dégénérescence, nous sommes en train de nous
désengager du processus de démocratisation, ce qui pourrait
conduire à un
déclin
des plus préoccupants.
Pourquoi
mener des campagnes présidentielles, notoirement, sans sève et
sans programme ? Pourquoi les intellectuels, les éminences
grises gravitant autour des
candidats ne
trouvent-ils
à se mettre sous la dent que des slogans d’occasion, de
‘’seconde bouche’’, venant du Maroc ou d’Algérie :Président
des pauvres, un slogan affiché avant eux par le « Roi des
pauvres »,Mohamed VI, bien avant que leur Mohamed à eux ne
songeât à une quelconque campagne, « Candidat du
consensus », slogan de l’une des nombreuses campagnes de
Boutefflik ?
Où
est la démocratie ? Croyez- vous avoir le droit de jouir des
modalités et procédures de la démocratie si vous les détournez de
leurs finalités : le développement politique et économique
dans l’harmonie sociale?
Nos
adhésions et nos votes prennent toujours un caractère Intuitu
personae, « en fonction de la personne », comme si le
Président était un chef de clan, ou de tribu, au lieu de tenir
compte de l’être, de la vie privée des gens et de leur amour
propre, s’apparentent à une opération de démolition au lieu de
se vouloir l’amorce d’une véritable opération de construction
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