----- Original Message -----
To: Friday, April 26, 2013 10:00 PM
Subject: A transmettre au President de la Republique par voie hierarchique ou non
A Monsieur le Président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz
Depuis quinze ans, je me bats pour la réhabilitation du Lycée National. Je dédis le gros de mon temps, en dehors des mes obligations familiales et professionnelles, a ce combat que je crois utile a mon pays. Notre capitale mérite, a mon avis, un grand lycée dans lequel un nombre significatif de jeunes Mauritaniens, pas nécessairement ceux qui en ont les moyens financiers et les dispositions sociologiques, accèdent a une éducation secondaire de qualité. Je crois aussi que le Lycée National, de part son emplacement, son histoire, et la place qu’il occupe dans le cœur de beaucoup de ceux qui l’ont fréquenté, peut tout à fait jouer ce rôle. Mais une main invisible s’acharne à le détruire comme elle l’a fait pour un autre symbole (le lycée de Rosso) de l’école Mauritanienne postindépendance.
Je vous écris parce que je sens que vous êtes mon dernier recours face à cette main invisible que j’ai essayé de combattre de toutes mes forces sans succès. J’ai initié des pétitions et organisé des rencontres pour sensibiliser sur l’importance de réhabiliter le Lycée National dans l’espoir que des personnes d’influence, de votre entourage ou non, prennent le sujet a bras le corps et le place au centre des priorités de votre gouvernement. J’en ai parlé à votre Premier ministre, à vos ministres de l’Education nationale, à des députés de votre majorité et a beaucoup d’autres mais tous, malgré les encouragements d’usage, semblent se résigner au fait accompli.
En 2011, sentant la fin proche du règne de Mu’ammar al-Ghadhafi, j’ai fait circuler une pétition demandant a votre gouvernement de dénoncer l’acte de cession du patrimoine foncier du Lycée National a la Libye et de rétablir cet établissement dans son domaine en rénovant ses infrastructures pour en faire, à nouveau, un pôle d’excellence. [Voir texte de la pétition http://lyceenational.blogspot.com]. Bien que cette pétition fût signée par un nombre important de personnalités et d’acteurs de la société civile, elle est restée sans suite. Le gouvernement a toutefois repris le patrimoine foncier cédé a la Libye mais apparemment pour d’autres fins.
Le gouvernement aurait en effet lancé des appels d’offre pour la construction de bureaux administratifs pour une administration dont la prolifération des structures n’a apparemment pas de limite. Il s’agit d’une décision vraiment décevante, œuvre de bureaucrates plus intéressés à élargir leurs bureaux pour élever leur statut qu’à servir des citoyens. Elle s’inscrit, de toute façon, en porte-à-faux par rapport a votre ordre en 2008 de transformer impromptue la résidence du Premier ministre, nouvellement rénovée et élargie, en clinique au profit des femmes et des enfants. Je vous demande, pour le seul bien des jeunes Mauritaniens et la crédibilité de l’Etat aux yeux des citoyens, d’ordonner l’arrêt immédiat de ce projet et la réaffectation de ses ressources a la construction d’infrastructure scolaires digne de ce nom sur le domaine initial du Lycée National.
Monsieur le Président,
Vous ferez du bien a votre pays en permettant la construction au cœur de la capitale d’un grand établissement d’enseignement secondaire ou mille a deux milles élèves de toutes les régions, ethnies et couches socio-économiques de la Mauritanie viendront passer trois ans pour s’instruire mais aussi se connaitre and lier ces amitiés d’enfance qui résistent aux frustrations de la vie. Notre pays a besoin de former une élite du future bien éduquée et capable de se comprendre et de travailler ensemble pour le bien commun. Il n’y a pas mieux que le cœur de notre capitale, prés des quartiers administratifs et des centres de décision, pour incuber cette élite du future qui constitue le seul rempart a la désintégration sociale qui menace notre pays.
Monsieur le Président,
Il faut finir et le plus vite avec notre modèle d’éducation actuel qui érige une ségrégation de fait entre riches et pauvres, mais aussi et peut être surtout entre les différentes composantes de notre peuple avec les conséquences que chacun peut deviner sur le futur de la cohésion du tissu social. Une ségrégation qui s’ajoute a une autre, encore vivace, produite par la reforme de 1979 qui a placé la question de l’identité ethnique et des langues nationales au cœur du débat sur l’éducation, rendant ce dernier plus sentimental et idéologique que rationnelle et méthodique et reléguant la question importante de l’offre d’une éducation de qualité aux oubliettes. C’est ainsi que depuis 1979 pas un grand établissement d’enseignement secondaire digne de ce nom n’a été construit dans notre pays. La profession d’enseignant a été avilie et l’acquisition des savoirs a cessé d’être un moteur de développent et de promotion sociale. Le système éducatif s’est progressivement transformé en machine de production d’analphabètes ou d’alphabètes incapables de s’insérer des les circuits modernes de production de la valeur. Il a en outre produit une élite fragmentée, incapable de s’entendre sur des normes et procédures communément admises pour la de gestion des conflits et la sauvegarde des équilibres sociaux et économiques.
Monsieur le Président,
Il est temps de s’occuper sérieusement de notre jeunesse et lui offrir les outils cognitifs qui lui permettent de dépasser la dichotomie entre tradition et modernité, langue nationale versus langue étrangère et moi versus les autres pour donner une chance aux Mauritaniens de se comprendre entre eux et avec les autres et de contribuer positivement au bien être individuel et collectif. La paix sociale et l’amitié entre les peuples en dépend. Cela est possible. Ce n’est certainement pas une question de moyens.
En 1960, la Mauritanie était beaucoup plus pauvre que maintenant. Le budget de l’Etat et des ménages étaient loin, très loin, en nominal et en valeur des sommes faramineuses que les institutions publiques et les plus nantis de nos concitoyens brassent aujourd’hui. Pourtant, cela n’a pas empêché les autorités de l’époque de voir grand et d’investir en priorité dans le futur. Le Lycée National fut doté de plus grand domaine foncier de l’époque et parce que l’Etat ne disposait pas d’un corps d’enseignant qualifiés, des professeurs et des proviseurs ont été importés de l’étranger pour s’assurer que les jeunes Mauritaniens reçoivent une éducation qui n’a rien a envier a celle offerte dans la sous-région. Le résultat a été que les jeunes Mauritaniens ont excellé dans les universités régionales et réussi à intégrer les grandes universités occidentale jusqu’aux années 90 avant que la reforme de 1979 ne fasse ses effets dévastateurs sur l’école Mauritanienne.
Monsieur le Président,
Vous avez visité le Lycée National durant l’une de vos descentes sur le terrain et, je suis sur, constaté par vous-même l’état pitoyable des conditions d’études et d’encadrement dans cet établissement, devenu méconnaissable pour ceux qui l’ont fréquenté dans les années 80 et avant. Cela fait mal au cœur. Il est vrai que le Lycée n’est plus fréquenté par les enfants nantis de la capitale, ni même de la petite class moyenne pour qui les prix exorbitants de ces établissements français et turcs sont inabordables. Personne ne s’aventure plus à envoyer ses enfants dans l’école publique que ceux qui n’ont pas d’alternative, les plus pauvres parmi les pauvres. Et ceux-là peuvent être laissés à leur triste sort !
Monsieur le Président,
On vous a déclaré le Président des Pauvres et beaucoup veulent bien y croire tant est grande la demande populaire pour des dirigeants qui prennent en compte, dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques, les besoins réels des populations. Sachez Monsieur le Président qu’aujourd’hui en Mauritanie, il n’est pas bien d’être pauvre et surtout enfant de pauvre tant les perspectives en matière d’éducation et de mobilité sociale sont presque inexistante. Et après on s’étonne du développent de l’extrémisme et de l’intolérance et les dérives violentes tant au niveau individuel que collectif observées ces dernier temps dans un pays ou il n’y a pas très longtemps les habitants dormaient dans la rue en toute tranquillité sans crainte d’être perturbés dans leur sommeil par quoi que ce soit a part les muezzins et les coqs au levée du jour.
Qu’Allah protège la Mauritanie.
Fondateur de l’Association des Anciens du Lycée National
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