CONTRIBUTION POUR UN EXAMEN DE CONSCIENCE
DE LA CLASSE POLITIQUE MAURITANIENNE
« Je ne fais pas la Politique, je parle politique «
Un Prélat Congolais
Depuis Dakar et les élections de 2009, rien de bien nouveau ou d’inhabituel n’est intervenu sur la scène pour susciter une réaction impartiale ou simplement sensée.
Ces derniers temps pourtant, une certaine « fébrilité » imprévue a fait surface, suivi d’un meeting de la COD. Et ce meeting a donné l’opportunité à certains acteurs politiques, une fois n’est pas coutume, d’intervenir publiquement dans le débat politique, visiblement pour récupérer l’importante « nouveauté » des déclarations: le coup a fait mouche ! Que le jeu de mots ne passe pas inaperçu !
Ces interventions, par leur clarté et leur force, ont brisé un mutisme que d’aucuns ont pu, autrefois, qualifier d’anormal ou même de coupable.
A y réfléchir, tout cela peut-il être anodin ou fortuit ? Difficile de le croire !
Notre opinion, en effet, est lasse de ces jeux à cache-cache, de ces retournements furtifs, et de ces flirts chassés-croisés de quelques jours dont la scène politique est le théâtre. Elle ne peut donc que se donner à cœur joie, suite à ce scoop !
Alors on spécule, on devise, on extrapole, on s’adresse même aux liseuses d’avenir ! C’est le propre de toute opinion alerte et la nôtre n’est pas naïve malgré les apparences.
Bien avant le meeting, une initiative avait été prise d’inviter à une réunion pour débattre de la situation alarmante du Pays et même envisager l’éventualité d’une Transition (encore une ! Jamais deux sans trois !)
Depuis quelques années, on va de Transition en Transition et d’élections en élections. Pourtant la situation du Pays se dégrade lentement, sûrement, et dangereusement. Et bien plus grave, il y a un VIDE politique indéniable qui a commencé à s’installer, consécutivement à Dakar et les élections qui s’en sont suivies. Il ne faut pas se voiler la face, et faire comme l’autruche !
L’intermède Sidi O. Cheikh Abdellahi aura, toutefois, permis de tirer deux conclusions:
---- Dans ce Pays, il peut s’organiser des élections transparentes et crédibles dont les Mauritaniens ont tiré une certaine fierté.
-----Il est désormais clair que pour le Président démocratiquement élu, il ne s’était pas agi d’un mandat normal, avec la latitude et les mains libres pour gouverner, mais plutôt d’une simple parenthèse, « prévue » pour être la plus courte possible. Car la préparation de sa « SORTIE » a débuté quelques jours seulement après son Investiture. Les détails du processus déclenché ne présentent désormais d’intérêt que pour l’Histoire.
On peut toutefois remarquer, comme l’a fait le Document de la COD, que l’assassinat des 4 Français à Aleg pourrait n’avoir été qu’une étape de ce processus. Et si cela s’avérait, c’est proprement monstrueux ! Le record du « sans scrupules » aura été pulvérisé !!!
Bref !
Mais pourquoi un beau matin envisage-t-on une Transition ? Y a-t-il le moindre indice qui permette d’en envisager l’éventualité, en dehors du ras-le-bol général et du rejet réel du régime en place ?
Mais supposons, simple hypothèse d’école, que certains en aient rêvé et que par miracle, leur rêve se réalise. Une Transition de plus ? Et pour quoi faire ? Une Transition n’est viable que si la finalité en est positive pour le Pays dans l’état où il se trouve et qui a été fort bien décortiqué dans le Document de la COD, publié récemment. L’expérience doit nous servir. Parce qu’il y a en effet, deux sortes de transitions:
1° une transition ordinaire, fortuite, imprévue. On pourrait même dire « banale » et dont la finalité n’est pas connue à l’avance. Dans un jeu démocratique digne de ce nom, elle ne peut être que salutaire ;
2° une transition qui est « créée », maîtrisée, dirigée, manipulée et qui vise un objectif opaque déterminé à l’avance. C’est comme une marionnette qui ne bouge que quand on en tire les ficelles: Transition marionnette.
Il faut espérer qu’on n’a pas rêvé pour nous, de nouveau, ce genre de mascarade. Pari à pile ou face ? Ordinaire ou marionnette ?
Et quand on est de nature pessimiste, on ne peut s’empêcher de penser au cycle infernal de transition après transition que vit la pauvre Guinée Bissau, depuis quelques années. Il faut prier pour qu’il n’y ait pas de dénominateur commun ou de similitude enfouis.
Quelle qu’elle soit, une transition, aujourd’hui, ne serait donc viable que si elle ne vise pas, comme en 2008-2009, à ancrer, pérenniser ou introniser une personne spécifique. Parce que 2008-2009 illustre justement un parfait exemple de transition marionnette.
Aujourd’hui on sait que le plan du 6 Août prévoyait un maquillage pour la marionnette. Les détails importent peu, quatre ans après.
La machine avait donc coincé. Heureusement. Mais cela n’a servi à rien, en fin de compte, puisqu’on se l’est quand même bien farcie la mascarade!
Et ni le Peuple Mauritanien, ni la Communauté Internationale n’ont avalé la couleuvre, tout de go. Elle est restée en travers. Et comme il fallait la faire « passer » coûte que coûte, cela a pris un an !
Mais revenons à cette étape cruciale qui s’appelle Accord de Dakar. Dans la capitale du Président Wade qui était, soit dit en passant, le premier et même le seul à avoir réagi positivement au 6 Août (s’il pouvait nous dire aujourd’hui pourquoi), tous les acteurs Mauritaniens ont négocié, se sont entendus, avec la bénédiction de la Communauté Internationale : cerise sur le gâteau ! Il paraîtrait que M. Bourgi n’était pas loin, pas le bon Avocat, celui des mallettes !
Je connais la promptitude de certains à accuser ! Mais ce n’est pas bien de facilement accuser. Parce qu’en principe et, en temps normal, M. Bourgi n’est pas la France qui est plus que cela.
Après donc les effusions, les embrassades et les farandoles, les mains dans les mains, il fallait s’attaquer à l’essentiel : la démission du Président démocratiquement élu, démission sans laquelle la mascarade ne pouvait « pavoiser », en se parant des ses atours de légitimité et crédibilité apparentes : une parure est quand même une parure même si c’est du toc !
L’envie de rafraîchir certaines mémoires ne résiste pas, par délicatesse ou bienséance, au souci de ne heurter personne en particulier !
Il est donc facile aujourd’hui, pour certains, de fustiger et Mohamed O.Abdel Aziz et Dakar. Comme il est facile d’accuser certains partenaires étrangers dont on pouvait refuser et les « suggestions » et les pressions ! NON
Il ne faut pas continuer à se cacher la vérité: un chat est un chat !
En gérant les événements de 2008-2009 comme elle les a gérés, notre Classe Politique s’est globalement et chacun à sa manière, DISQUALIFIEE d’elle-même avec le fiasco de juillet 2009.Et chacun, à titre individuel, aurait dû en tirer les conséquences adéquates.
Notre Pays, malgré ses potentialités naturelles et ses ressources humaines, glisse vers l’abîme. C’est l’évidence même. Admettons aussi que dire à Mohamed O. Abdel Aziz,aujourd’hui, qu’il est l’auteur d’une rébellion et qu’il n’est pas légitime, n’est pas une affirmation gratuite. Soit !
Mais, Mohamed O. Abdel Aziz, cela ne lui fait ni chaud ni froid. Et cela n’aide donc en rien à dénouer l’impasse où se trouve le Pays et qui est chaque jour plus angoissante.
Pourquoi ? Et quel est notre problème ? Parce que nous en avons un et de taille !
Sommes-nous poursuivis par une Fatalité ? Avons-nous une guigne qui nous colle à la peau ?
A jouer aux devinettes, on découvre que notre problème, à nous autres Mauritaniens, c’est notre Classe Politique qui a besoin de changer de conceptions, de visions, de stratégies…
Elle a besoin de muer, de se changer ou simplement CHANGER, SE RENOUVELER.
Notre conception de l’homme politique ne correspond plus à la réalité et au niveau de notre évolution dans le domaine politique. Les Mauritaniens n’éprouvent pas beaucoup « d’appétit » pour les Partis politiques, surtout tels qu’ils se conçoivent et se gèrent depuis que le multipartisme a été, soi-disant, instauré dans notre Pays. En exemple, à l’instigation de certains partis, la Loi Fondamentale a été violée par une suppression anti-démocratique des candidatures indépendantes aux élections Parlementaires et Municipales. Ceci entache le libre exercice des libertés politiques. Cette pseudo dictature des partis n’aide pas au renouvellement de la classe politique, qui est pourtant nécessaire. En un mot, il faut impérativement du « NEUF » à notre scène politique. D’autant que ces dernières années, la baisse de niveau au sommet de l’Etat a développé et encouragé beaucoup d’ambitions injustifiées et irréalistes. Parce que notre Pays mérite tout simplement MIEUX !
Il ne faut plus que nous n’ayons à choisir qu’entre la Peste et le Choléra : donnons nous d’autres possibilités comme la variole, la typhoïde, la diphtérie ! Donnons-nous la possibilité de « loucher » vers d’autres horizons en matières de candidats et de choix ! Parce que nous avons la torticolis à force de ne pouvoir tourner la tête !
En conclusion, pour le bien du Pays, un examen de conscience responsable s’impose :
-- Que ceux qui, en leur âme et conscience, se doivent de jeter l’éponge, aient le courage et la dignité de le faire ; leur obstination est contre productive pour eux-mêmes et néfaste pour le Pays. La Politique use, elle aussi, comme le Pouvoir. Le réalisme est une grande qualité humaine surtout en Politique !
--Que ceux qui ont un passé douteux ou peu glorieux ou plus ou moins reluisant, ou traînent des casseroles assourdissantes, que ceux-là s’évitent l’humiliation : ils sont, quoi qu’ils en pensent, l’objet d’un rejet franc et massif de l’opinion : c’est un conseil amical et le conseil qu’on vous donne, sans l’avoir demandé, a quelque chose de divin (Hadith) Le réalisme est une grande qualité humaine surtout en Politique ! (Refrain)
--Que ceux chez qui, ces dernières années ont développé ou encouragé des ambitions démesurées injustifiées, s’abstiennent tout simplement, car l’ambition injustifiée est un crime.
Le réalisme est une grande qualité humaine surtout en Politique. (Refrain)
Ces propos, déconnectés de la réalité, eux aussi, comme certains hommes politiques, ont-ils la moindre chance d’être entendus ? Pourtant deux proverbes bien de chez nous, nous apprennent :
« Que s’assourdisse celui qui n’entend que par ses oreilles »
« Ne montres pas le ciel à celui qui ne l’a pas vu »
Mohamed Abdellahi O. Kharchi
(Très très Ancien Ministre)
Ambassadeur (à la retraite)
très grand ministre du président fondateur Moktar Ould Daddah – démissionnaire de l’Education nationale en 1973 pour de fortes et personnelles raisons . BFF
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