mercredi 10 août 2011

esclavage - état actuel de la discussion factuelle avec le pouvoir régnant


Je reçois de mon ami Boubacar Ould Messaoud les deux textes ci-dessous et me reporte aux dires du général-régnant.




dires du général Mohamed Ould Abdel Aziz lors de sa "rencontre avec le peuple" - 5 Août 2011

dépêche AMI

En réponse à une question relative à l'esclavage et plus précisément à un cas récent en l'espèce, le Président de la République a indiqué que cette affaire a fait l'objet d'une plainte dont les services de police se sont saisis, ouvrant ainsi la voie à des enquêtes de la police et de la justice, bien que la plainte en question ait été introduite par une organisation qui n'est pas reconnue et qui, jusqu'ici, n'a pas fait les démarches nécessaires pour sa reconnaissance, les autorités se sont saisies de la question en raison du souci de justice et d'équité. Toutefois, rien ne justifie dans ce cas que des personnes saccagent un commissariat et s'attaquent à une famille dans le dessein de se faire justice, a-t-il indiqué. Le Président de la République a déclaré que l'esclavage n'existe pas en Mauritanie et que l'égalité des citoyens est consacrée par le droit. Il a mis en garde ceux qui jouent sur la misère d'une partie de nos concitoyens pour faire de la surenchère politique, précisant que ce procédé n'est plus payant de nos jours.



communiqué de SOS-Esclaves

TROP C’EST TROP, MONSIEUR LE PRESIDENT !

Dans son adresse au cours de la « Rencontre en direct avec le Peuple » le vendredi 5 août 2011, le Président de la République a fait une surprenante déclaration à propos de l’esclavage. Le gardien de la Constitution, garant de la citoyenneté et de la séparation des pouvoirs, a émis une sentence sans appel, sur les ondes des deux chaînes de la télévision nationale et de l’ensemble du réseau de Radio-Mauritanie ; son propos a été repris, dès le surlendemain 7 août, par les quotidiens officiels Chaab et Horizons ; Pour Mohamed Ould Abdel Aziz, « …l’esclavage n’existe pas en Mauritanie (…), l’égalité des citoyens est consacrée par le droit… » . La gravité de l’assertion et ses conséquences prévisibles appellent, de la part des mauritaniens sensibles à l’équité, une réaction exempte d’ambiguïté.

Notre organisation s’étonne d’une telle déclaration qui semble préjuger ou ordonner les conclusions de la justice sur des procès actuellement en cours d’instruction. D’autre part, une loi existe « criminalisant les pratiques esclavagistes». Implicitement, les mots du chef de l’Etat mettent en cause la pertinence de la norme, seulement à peine trois ans après sa promulgation.
SOS-Esclaves affirme qu’il existe bien en Mauritanie un esclavage de tente, de case et de maison, sous ses formes "traditionnelles " et "modernes " ; nier cette réalité ne sert ni les victimes, ni les maîtres, encore moins la justice. De surcroît, la négation, en plus d’être infondée, menace dangereusement la paix civile et la concorde nationale.

SOS-Esclaves rappelle qu’au-delà du principe qui garantit, en théorie, « l’égalité des citoyens », le discours du prophète Mohamed (PSL), en son ultime pèlerinage, constitue une condamnation sans appel de l’esclavage, du racisme et de toutes les formes de discriminations. Pourtant ce magnifique sermon n’a pas empêché la persistance de telles pratiques ni aboli la culture des préjugés de la différence.

SOS-Esclaves en appelle aux autorités religieuses, partis politiques, ONGs, syndicats et personnalités indépendantes, pour une mobilisation rapide et conséquente, contre toutes les tares sociales et la tentation de les occulter ; il importe de combattre, sans répit désormais, les survivances inadmissibles de la servitude de naissance mais aussi l’exclusion raciale qui se profile sous couvert de révision du fichier démographique.

SOS-Esclaves compte se pourvoir, en action militante, contre le mépris, exprimé, par le Président de la République, contre toute la communauté des descendants d’esclaves, exactement dans les termes habituels de la dictature de Ould Taya.

Nouakchott, le 9 Ramadan 1432 & le 8 août 2011.

Le Bureau Exécutif de SOS Esclaves


Communiqué conjoint


SOS-Esclaves . AMDH . AFCF . CR

Trop, toujours, délibérément !

Communiqué conjoint

Le dimanche 31 juillet 2011, des activistes de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) ont, conformément à la loi, introduit une plainte, pour pratiques esclavagistes, contre la nommée Aicha Mint Saibot.

Celle-ci, informée de l’enregistrement de la procédure, au profit de la victime mineure Oueïchetou Mint Hamadi (10 ans), parvient à cacher l’enfant et nie même son existence ; les militants de l’IRA ont bel et bien vu et interrogé la fille dont l’accoutrement misérable et les aveux étayèrent les propos des voisins sur la maltraitance et les privations subies, par elle, du fait de sa maîtresse et de la famille de celle-ci. A ce jour, aucune enquête digne de ce nom n’a été menée pour ramener la fillette cachée par Mint Saïbott ce qui confirme l’absence de volonté, de la part des autorités policières, à poursuivre un cas flagrant d’esclavage.

Devant tant de négligence complice, les militants de IRA ont organisé un sit-in pacifique à proximité de la Brigade des mineurs, pour dénoncer l’impunité récurrente dans ce domaine.

Il est regrettable que les autorités aient utilisé des moyens disproportionnés pour disperser les militants pacifistes, avec un acharnement qui confinait, parfois, à la fureur homicide ; l’expédition des forces de l’ordre a occasionné l’arrestation de 13 membres de l’Ira et 11 blessées parmi les autres, dont trois admis, aux soins d’urgence, dans une clinique de la place.

Les 4 associations signataires de la présente note s’inquiètent de la tournure des évènements, suite à l’expédition punitive, que des membres de la tribu de la présumée esclavagiste, ont effectuée contre des agents de la Brigade des mineurs et des militants abolitionnistes.

Il s’agit d’une privatisation inquiétante de la violence, par un groupe de manifestants arabo-berbères, venus envahir le commissariat de police, aux cris de «libérez notre femme !», «libérez notre fille !», « vous étés tous des chiens !» ; ensuite, ils se sont attaqués aux membres de l’Ira, tout, scandant, au passage, des injures à caractère raciste, en présence de la police.

La situation s’avère d’autant plus préoccupante que le 6 août, à la faveur de son entretien télévisé avec la presse, le Président de la République, niait l’actualité de l’esclavage en Mauritanie et rejetait le tort sur les dénonciateurs de ce crime. Mohamed Ould Abdel Aziz envoie ainsi un signal d’encouragement aux segments conservateurs de la société et leur confirme la promesse de ne rien entreprendre contre les auteurs de telles pratiques, pourtant réprouvées, sans ambiguïté, par la loi de 2007.

Il existe, entre l’affaire Mint Saibott-Ira et les propos du Chef de l’Etat, un lien de corrélation intime en vertu duquel, l’égalité des droits reste une vaine promesse dans la Mauritanie de 2011 : Le Maure arabo-berbère gouverne et se place au dessus de la loi. Les autres, citoyens de seconde zone, par naissance, courbent l’échine, endurent et se taisent.

Cela ne saurait durer.

Nouakchott, le 9 aout 2011


Ont signé pour

SOS-Esclaves, Boubacar Messaoud, Président

AMDH Me Fatimata M’Baye, Présidente

AFCF Aminetou Mint Ely, Présidente

CR El Arby Ould Saleck , Porte parole

FONADH Mamadou Sarr, Secrétaire Exécutif

1 commentaire:

MEDERDRA ALAKHBAR a dit…

Comme vous avez étudié l Histoire de la Mauritanie,quelle est votre impression sur l exclavage des années 50 où ils se vendaient à nos jours?Le tracé des frontières et le dernier recenssement colonial ont ils une coincidense sur la nationalité? MERCI TARHILGAZRA site