dimanche 17 juillet 2011

un débat fondamental ? ou fondateur ?

Tandis que je lis l'excellent rapport d'Isselmou Ould Abdel Kader sur la prévention et la résolution des conflits fonciers intercommunautaires - élaboré pour SOS Esclaves et diverses organisations pour le respect des droits de l'homme en Mauritanie, avec mise au début public d'ici la fin de ce mois,

je reçois ce qui suit, et réponds par un questionnement et l'énoncé d'une conviction.


dimanche 17 juillet 2011


Problème de recensement « l’enrôlement » des noirs en Mauritanie.

Nous avons eu des informations crédibles sur le déroulement de l’actuel recensement, selon lesquelles dans les formulaires officiels « questionnaires », il n’est mentionné ni spécifié les questions suivantes : « êtes-vous arabe blanc, arabe noir, halpular, peulh, soninké, wolof ou bambara. Parlez-vous hassanya ou l’arabe littéraire ? Justifiez votre Mauritanité par un acte de naissance de vos parents etc…?». Ces témoignages d’hommes et femmes dignes de confiance à l’unanimité ont tous convergés dans ce sens là. Ce qui est décrié surtout, c’est l’excès de zèle dans le chauvinisme des personnes qui sont chargées d’accomplir cette mission avec la complicité au plus haut sommet de l’état. Le recensement actuel a pour but de créer un fichier électoral en faveur du général Mohamed Ould Abdel Aziz. Le pouvoir est en phase de faire le recensement de ces électeurs potentiels. On dit que celui qui n’est pas recensé ne pourra voter dans les futures élections. Il semble même que la modification de la constitution qui limite à deux mandats successivement du président en exercice par referendum est en réflexion par les barons du parti au pouvoir dans les placards secrets pour maintenir le général Aziz à la tête du pays une fois le fichier électoral sera calibré et opérationnel. Les maîtres d’esclaves s’activent avec la complicité de certains hommes politique et cadres haratine pour l’arabisation de la communauté haratine en vue de gonfler la population arabo-berbère. La nouvelle génération consciente haratine s’oppose fermement à cette arabisation abjecte qui ne dit pas son nom surtout elle ne rapporte rien à la communauté haratine à part la domination, l’aliéna aux maitres et anciens maitres d’esclaves arabo-berbères, la continuité des pratiques de l’esclavage en toute impunité, l’exclusion, la marginalisation et le cautionnement du racisme d’état non officiel mais officieux à l’égard des noirs Mauritaniens. Cela fait plusieurs siècles qu’on nous tympanise avec l’arabité de la communauté haratine, ces derniers ne sont arabes que sur le papier en plus l’arabité ne change pas les conditions et le statut d’esclave de naissance d’un hartani ou d’une hartania. Nous mettons à garde Messaoud ould Boulkheir, président de l’APP, Boidiel Ould Houmeid, président du parti El Wiam contre tout projet d’arabisation forcé des haratine. La jeunesse consciente des haratine s’identifie à sa propre communauté haratine qui est différente de celle des arabes et demande la reconnaissance de cette communauté dans la constitution de la république islamique de Mauritanie qui est garante de l’égalité entre tous les citoyens. Les haratine sont noirs et africains, les arabes ont débarqué vers le 7ème et le 8ème siècle dans le continent africain, nous n’avons pas la même histoire que les arabes et nous tenons à rétablir notre dignité en imposant le respect et la vérité .

Notre position officielle:

1. « Recenser les Haratine en tant que communauté à part, différente des Négro-mauritaniens et surtout des Maures qui utilisent la composante haratine pour exercer un pouvoir politique auquel ils n’ont pas droit en réalité. En effet, si le critère du nombre est déterminant ( il l’est en démocratie, il ne l’est pas dans la féodalité), les Maures ne sont pas majoritaires en Mauritanie. Par conséquent, le pouvoir en Mauritanie est une usurpation politique. Les Haratine sont recensés comme serviteurs ( esclaves) et leurs votes restent détournés au bénéfices des Maîtres . Pour rompre avec ce système féodal et esclavagiste, il faut appliquer le principe d’égalité entre tous les êtres humains ( apports des Révolutions française « 1789 » et américaine « 1776 » à l’humanité). La négation des Haratine est une conséquence de l’esclavage ( l’esclave n’est pas une personne par statut). Peut-on vivre sous une République islamique et sous une « démocratie » alors que la société mauritanienne ( en particulier maure) est une société esclavagiste comme les anciennes sociétés grecque et romaine.
La ruse politique des Maures consiste à faire croire à l’existence d’une République et d’une démocratie alors que le système politique mauritanien est bâti sur l’esclavage donc l’exploitation et l’exclusion. Il convient de sortir l’esclavage des traditions liées à une situation historique et économique dépassée.

Par Docteur Mohamed Yahya Ould Ciré, président de l’A.H.M.E » Lire l’intégralité du texte:


http://www.haratine.com/article134.htm

Je vous remercie

Diko Hanoune

Les préalables à toute abolition réelle de l’esclavage et du racisme en Mauritanie

Les préalables constituent la fondation d’une politique d’abolition. Ils sont différents des conditions nécessaires en vue de la réalisation concrète de l’abolition elle-même.

I) Reconnaître la communauté haratine dans la Constitution mauritanienne. En effet, une communauté ignorée, dans la loi suprême ( Constitution ) ne peut être prise en compte sur le plan politique. L’absence d’une prise en compte de la communauté haratine est le symbole même d’un manque de volonté politique


II) Inscrire dans la Constitution le principe de l’égalité raciale. L’esclavage maure repose sur le racisme et la supériorité d’une race ( berbère et arabe ) sur une autre ( noire ). Il faut d’abord mettre fin à cette inégalité raciale. Il convient de ne pas confondre l’égalité raciale et l’égalité des citoyens. Dans une République les citoyens sont censés avoir les mêmes droits. Or, cette égalité citoyenne est handicapée par le racisme en Mauritanie. Il convient donc de reconnaître l’égalité raciale. Puis c’est son application conséquente qui permettrait une égalité des citoyens. En effet, les citoyens sont des êtres égaux. Or, le Hartani ( esclave ) n’est pas l’égal du Maure. Celui-ci, n’est pas l’égal du Négro-mauritanien.


III) Sortir constitutionnellement ou par la loi ordinaire l’esclavage du joug de l’Islam. Aujourd’hui, la question de l’esclavage relève du droit musulman. L’Islam a reconnu l’esclavage et l’a sacralisé. Il faut non seulement abolir l’esclavage mais aussi soustraire toutes les affaires y afférentes au droit musulman par une décision politique : qu’il s’agisse de l’héritage, du mariage, des litiges fonciers, de la Zëkat, la Saddagha, … qui sont des moyens d’exploitation utilisés par les Maures à l’encontre des Haratine ( je renvoie à ma thèse, P. III )


IV) Interdire dans la Constitution toute détention d’esclaves par un fonctionnaire, un parlementaire ( sénateurs et députés ), hommes politiques, etc. En fait, les pratiques esclavagistes doivent être interdites à tous les serviteurs de l’Etat. Comment voulez-vous lutter contre l’esclavage quand les serviteurs de l’Etat sont eux-mêmes esclavagistes ? C’est ainsi qu’en Mauritanie, les magistrats, les enseignants, les préfets, les gouverneurs, les journalistes, les diplomates, les ministres, les présidents de la République, les sénateurs, les députés, les maires … sont tous détenteurs d’esclaves et à ce titre, ne peuvent lutter d’une manière conséquente contre l’esclavage. Aujourd’hui, SOS-Esclaves, la CNDH et l’AFCF dénichent des esclaves dans les parties rurales du pays. Or, les ministres à Nouakchott ainsi que de nombreux fonctionnaires détiennent des esclaves sans être inquiétés. L’Etat doit exiger que ses serviteurs donnent l’exemple dans sa lutte contre l’esclavage.


V) Inscrire dans la Loi suprême la discrimination positive en faveur des esclaves. Comment imaginer que des personnes nouvellement affranchies se prennent en charge quand, durant des générations, elles ont été conditionnées, animalisées, ne sachant qu’obéir aux ordres de leurs maîtres et vivre des restes ( el Vëldhlë ) ? Un jour, par une science infuse, elles doivent se débrouiller pour vivre, se loger, s’habiller, se soigner … Si les esclavagistes privés peuvent avoir des comportements irresponsables, l’Etat ne peut et ne doit se dérober à sa responsabilité, notamment une prise en charge des victimes de l’esclavage et leur accompagnement en vue de s’insérer dans la vie économique, sociale, juridique, …


VI) Recenser les Haratine en tant que communauté à part, différente des Négro-mauritaniens et surtout des Maures qui utilisent la composante haratine pour exercer un pouvoir politique auquel ils n’ont pas droit en réalité. En effet, si le critère du nombre est déterminant ( il l’est en démocratie, il ne l’est pas dans la féodalité), les Maures ne sont pas majoritaires en Mauritanie. Par conséquent, le pouvoir en Mauritanie est une usurpation politique. Les Haratine sont recensés comme serviteurs ( esclaves) et leurs votes restent détournés au bénéfices des Maîtres . Pour rompre avec ce système féodal et esclavagiste, il faut appliquer le principe d’égalité entre tous les êtres humains ( apports des Révolutions française « 1789 » et américaine « 1776 » à l’humanité). La négation des Haratine est une conséquence de l’esclavage ( l’esclave n’est pas une personne par statut). Peut-on vivre sous une République islamique et sous une « démocratie » alors que la société mauritanienne ( en particulier maure) est une société esclavagiste comme les anciennes sociétés grecque et romaine.


La ruse politique des Maures consiste à faire croire à l’existence d’une République et d’une démocratie alors que le système politique mauritanien est bâti sur l’esclavage donc l’exploitation et l’exclusion. Il convient de sortir l’esclavage des traditions liées à une situation historique et économique dépassée.

Mohamed Yahya ould Ciré


----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Diko diko
Sent: Sunday, July 17, 2011 9:02 PM
Subject: Re:
Problème de recensement « l’enrôlement » des noirs en Mauritanie.


Cher Hanoune, je vous lis et vais à votre site, toujours avec intérêt.

Dans ce que vous mettez maintenant en ligne, je peux faire un complet contre-sens, mais ce que je vois c'est que la confection des listes électorales serait un enjeu de pouvoir pas tellement dans les termes habituels pour recenser seulement les partisans du système politique en place, mais dans la compréhension de rapports de forces statistiques entre les différents groupes et ethnies composant la population de votre pays. La période où j'y ai le plus longtemps vécu est maintenant lointaine : quarante-cinq ans. Le problème de chiffrer les différentes ethnies : Noires, Maures et comment classer dans l'une ou dans l'autre, les haratines ou les affranchis, se posait déjà sans commentaire ni publicité. Intérêt sociologique certain pour comprendre comment s'est formée et s'enrichit la nation mauritanienne. Mais s'il s'agit d'identifier des communautés pour en abaisser une ou en valoriser une autre, je crois que l'on fait fausse route. Qu'il faille trancher dans le vif - comme l'a fait le président Sidi - en faisant en sorte que l'esclavage ne soit plus pratiqué et ne soit plus praticable, est décisif pour la construction national, décisif positivement. Montrer qu'une communauté a droit statistique de supériorité ou d'émancipation vis-à-vis des autres me paraît contraire à une construction nationale. Nous avons d'ailleurs ce problème en France : jusqu'il y a dix ou vingt ans, il était impensable que l'on raisonne en communautés, les Juifs ont commencé, les Noirs ont continué, les descendants d'immigrés maghrébins ont la sagesse ou le patriotisme français de ne pas donner là-dedans. Le gouvernement français actuel encourage de facto ces communautarismes, c'est un vrai péril pour nous Français, car il désagrège le pays et nourrit le racisme.

Vous-mêmes en Mauritanie, vous êtes le fruit de métissages culturels, ethniques et politiques. Ne comptez pas les fruits, ne les répartissez pas, ne travaillez qu'à l'égalité de chances et de considération entre vous. Le système décrit en 1983-1986, par les FLAM, a créé une ambiance telle que tous les faux procès, les vrais massacres, puis l'incendie de 1989 ont trouvé leur terreau, notamment dans la tête du chef de l'Etat prétendu de l'époque. Je note d'ailleurs que le système militaire autoritaire d'aujourd'hui, proche parent de celui qui a été renversé en 2005, produit le même type de conflit dans l'université et entre ethnies, conflits de peur, conflit tenant à la crainte des uns et des autres d'être noyés. C'est une dialectique inverse de celle de l'unité nationale.

Ce qui m'a frappé en revenant en Mauritanie - avec le président Moktar Ould Daddah et son épouse - en Juillet 2001, tenez justement... aujourd'hui 17 Juillet, c'est l'emploi fréquent de l'expression "négro-mauritanien"... expression totalement inconnue avant le 10 Juillet 1978. Le Président n'évoquait que les compatriotes originaires de la vallée du Fleuve, comme chez nous en France on dit les gens du midi, ou les "gars de Ch'Nord". La Révolution française, l'Assemblée constituante a aboli les références aux provinces en multipliant les départements et en leur donnant des noms de rivière, manière de "dépayser" les citoyens, exactement comme la loi de 1968 numérotait les régions, ce que s'est empressé d'abolir le premier régime militaire : c'était une conquête.

Mais il se peut que je ne comprenne rien. Expliquez-moi alors...

en gros, émancipation citoyenne des individus, des personnes, mais communauté nationale unique.

Sympathie et attente de votre réponse, quand vous en aurez le temps.


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