lundi 23 août 2010

une lettre que je reçois, aux bons soins du Calame

Bertrand Fessard de Foucault, un des nôtres
par Mohamed Fadel Ould Ahmed Yahya
Consultant
La livraison du Calame en date du 10 Août 2010 nous a proposé une lettre écrite par M. Bertrand Fessard de Foucault sous le titre , Lettre ouverte à l’opposition et aux démocrates mauritaniens, que j’ai lue avec intérêt en raison du nom qui l’a signée et en raison, après lecture, de son contenu .

Voyons l’homme et les idées qu’il développe
L’homme

Les publications signées de M. Bertrand Fessard de Foucault exercent un certain magnétisme sur nous les mauritaniens par la valeur de l’homme, celle de la pertinence de ses idées et de la prodigieuse mémoire de sa plume.
Les rubriques historiques qui reprennent le parcours politique moderne ou contemporain de la Mauritanie, publiées dans le Calame et qui continuent jusqu’à présent, mettent en relief un amour certain pour la Mauritanie, le peuple que nous sommes, alors que nous-mêmes, chauvinisme à part, nous nous trouvons peu de charmes pour mériter un tel intérêt surtout de la part d’un occidental, pétri d’une culture cosmopolite au cœur du vieux continent et ressortissant du pays qui avait la haute main sur la Mauritanie avant l’ accession de ce dernier à l’indépendance. La Mauritanie ne peut qu’être redevable à cet homme de grand cœur qui semble avoir décidé, souverainement, de lui consacrer pratiquement, une bonne partie de son temps, depuis son jeune âge et au-delà de son départ à la retraite. Quel signe de loyauté !
M. Bertrand a conseillé le premier président de la république pendant que ce dernier était en fonction et après son retrait forcé de la vie publique, formé une bonne partie de l’élite nationale qui devait passer peu de temps après, aux commandes. La fin de sa mission en Mauritanie, la retraite, au lieu d’émousser sa patience pour le pays, l’ont plutôt revigoré comme s’il était attaché à ce pays par un cordon ombilical.
La lettre ouverte, objet du présent papier, dénote d’une formidable hargne de se rendre utile et d’une grande présence d’esprit, bref d’une rare odyssée d’amour et d’une passionnante succes story de nature à susciter une admiration que les mauritaniens apprécient à sa juste valeur. Les mauritaniens ne l’appellent-ils pas affectueusement Ould Kaïge du nom de cet explorateur français du 18° siècle, de son vrai nom René Caillé, premier européen à fouler le sol de la sous région et qui a traversé le Trarza et le Brakna, pour que la culture populaire le crédite d’estime en raison de ses capacités d’adaptation aux dures conditions du Sahel et de sa population d’alors.
Un homme si bon ne peut développer que des idées à l’image de son envergure.
Les idées
M. Bertrand a donné, donne toujours à la Mauritanie ce dont elle a besoin alors qu’il l’avait quittée des années plus tôt, il lui restitue son histoire parce qu’un peuple qui n’étudie pas son passé ne peut organiser son présent. Quant à son avenir, n’en parlons pas, il lui échappera inéluctablement. Il a dû certainement évaluer notre besoin fondamental pour décider de cibler la restitution des péripéties historiques depuis l’avènement de notre accession à la souveraineté internationale, se fondant très certainement sur les enseignements que donne de nous la sociologie en ce sens que notre culture africaine ne valorise pas suffisamment l’écrit mais le sacrifie au profit de l’oralité. C’était un choix simple mais pas à notre portée, pertinent mais aussi utile, perspicace mais de dimensions, fabuleux.
Pour revenir à la lettre ouverte, M. Bertrand a montré, point après point, comment l’opposition a mal manœuvré suite au dernier coup d’Etat, et comment elle a été dans une large mesure le dindon de la farce, l’expression n’est pas de lui parce qu’il est courtois. Pour être pratique, il a indiqué à cette opposition des possibilités de se reprendre, de passer de la défensive à l’offensive par la prise d’initiatives.
L’opposition ne souffre-t-elle pas de d’handicapes structurels ? En fait, l’opposition, malgré le courage de quelques uns, est alourdie par une masse d’adhérents qui obéissent plus à des intérêts étroits, personnels, et qui militent dans ses rangs faute de bénéficier d’une place confortable au soleil, ou pour se mettre en relief tout en scrutant à l’horizon la première opportunité de la part du pouvoir pour tout renier, et se muer en inconditionnels soutiens au prince du moment, abstraction faite de sa politique, de ses projets pour le pays. Cette masse d’adhérents est forte de sa taille, de l’expérience de quelques uns de ses meneurs en matière d’opportunisme et à ce titre exerce des pressions terribles sur les leaders de l’opposition. La logique veut qu’il n’y ait pas de parti ou de mouvement politique sans adhérents, et comme les adhérents en Mauritanie posent problème, l’opposition s’en trouve affectée, à la limite freinée dans ses projets.
S’agissant du modèle politique que doit chercher la Mauritanie, je pense, sans aller jusqu’à affirmer que l’histoire des peuple de la planète est linéaire, que ce modèle ne peut qu’évoluer dans le sens de la démocratie contemporaine, les hommes n’en ont pas encore trouvé, du moins à ce jours, de meilleur. Les difficultés énumérées dans la lettre se posent sous bien d’autres cieux parfois à des degrés plus dramatiques.
Historiquement, combien de membres de l’assemblée constituante française de la fin du 18ème siècle ont échappé à la guillotine ?
L’Amérique Latine est restée longtemps terre de prédilection de l’intrusion de l’armée en politique, bien avant les indépendances africaines.
Aujourd’hui, non seulement la démocratie y retrouve ses lettre de noblesse mais ses dirigeants ont été à l’avant-garde dans le chapitre de la contestation du nouvel ordre international imposant le néolibéralisme dévastateur.
L’Inde, deuxième pays le plus peuplé de notre planète, où survivent 445 langues, une pauvreté endémique, des castes d’un autre âge, les parias, a mis en place un système démocratique à la fin des années 40, pour arriver à la performance combien délicate, de le maintenir à ce jour.
Je croix que le système de consensus que suggère M. Bertrand Fessard de Foucault, il faut le prendre pour un euphémisme qui sous-tend un conseil dans le sens de plus de dialogues, d’ouverture sur l’autre, de tolérance, de nature à permettre à la classe politique de s’entendre sur des minima sans cataclysme, histoire de s’affirmer, plus, vis –à-vis de l’Institution militaire et préparer la perspective de la reconquête pacifique du pouvoir.
Comme l’histoire nous enseigne que les changements brutaux n’enfantent que la haine, la violence et l’accaparement du pouvoir par des autocrates difficiles à déboulonner et quand on parvient à mettre un terme à leurs mandats, les séquelles de leur gestion restent longtemps dévastateurs comme ces bombes qui attendent d’atteindre le sol pour libérer dans la nature des milliers de petites bombes à retardement qui explosent au contact des personnes et des animaux , nous souscrivons à l’idée de passage au changement démocratiquement.
Donc, travaillons toujours pour plus de liberté, M. Guy Bedos ne disait-il pas que La liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

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