samedi 9 août 2008

la "démocratie de façade" - Avril 1991 à Août 2005


Le 14 Mai 2003




LA MAURITANIE, en 2003


présentation élémentaire dans la perspective de l’élection présidentielle, prévue pour être tenue en Novembre



La Mauritanie constitue la façade atlantique du Sahara, elle est un lieu immémorial de communications et d’échanges entre l’Afrique de l’Ouest du golfe de Guinée, de la boucle du Niger au fleuve Sénégal, et le Maghreb. Elle se distingue des autres Etats de l’ensemble arabo-africain par une composition bi-ethnique et des structures traditionnelles particulières dont la cohésion sont dûes à l’Islam, à la culture arabe et à une re-fondation post-coloniale exceptionnellement réussie.

Cette situation et ces éléments en font – potentiellement – un facteur de dialogue entre plusieurs mondes, pas seulement dans la région mais entre forces et groupes de toutes natures qu’opposent les grands clivages géo-politiques des débuts du XXIème siècle. La population y est ouverte, peu sensible aux intégrismes, acueillante à l’étranger et à son établissement, volontiers passive comme la dictature en place et avant elle le colonisateur français l’ont éprouvé ; elle est fière, sans complexe, qu’elle soit noire ou blanche ; elle a de la littérature, de l’esprit de synthèse, une bonne adapatation aux technologies modernes, une grande aptitude à l’économie d’échanges (les marchandises et les idées, la religion de tous temps, le virtuel aujourd’hui). Les matières premières sont considérables : fer et cuivre en quantités reconnues et d’exploitation organisée depuis une quarantaine d’années, richesses halieutiques ; le pétrole est probable, des minéraux rares aussi. Peu peuplé (pas trois millions d’habitants), le pays qu’handicapent seulement la sécheresse et la concentration urbaine, historiquement très nouvelle et socialement déstabilisante, est donc économiquement tout à fait viable. Cela est rare, mais ne se traduit pas – actuellement – dans les faits.

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Les plus récents – pour ne pas développer une chronique de plus de dix ans - révèlent au contraire un système de contrainte et de violence.

En campagne d’implantation et de popularisation de son parti (terminologie africaine), Ahmed Ould Daddah, candidat probable et principal des oppositions lors de la prochaine élection présidentielle, tient un rassemblement dans le sud-est du pays : à Timbedra, le 27 Avril. Bagarres manifestement provoquées par le moindre succès d’un autre rassemblement, improvisé, en soutien du pouvoir ; plusieurs blessés, dont une grave, multiples déprédations au détriment d’un mouvement qui n’a de subsides ni de l’étranger ni de l’intérieur.

Aussitôt, des rafles dans le premier rang d’un parti allié, le Nouahoud. Huit personnalités arrêtées du 30 Avril au 3 Mai, avec gardes-à-vue et mises au secret, sans que l’issue des « procédures » soit encore aujourd’hui connue. Le siège du parti est perquisitionné, en début de processus, à 23 heures, c’est-à-dire hors de tous les délais légaux et les listes de militants confisquées.

Puis, proches ou non du Rassemblement des forces démocratiques, refondé par Ahmed Ould Daddah à la suite de l’interdiction du mouvement issu de la campagne présidentielle de 1992 pour une « ère nouvelle », c’est l’arrestation du maire de la principale des circonscriptions municipales de la capitale : Arafat, autant écrire de la plus importante commune du pays -, en coincidence avec celle de plusieurs imams et personnalités religieuses. Que le ministre dénoncé par celles-ci soit du même coup limogé, tant il avait été provoquant (en charge de l’Orientation islamique) ne les fait pas cependant libérer… 4 et 5 Mai. Au contraire, plusieurs autres responsables religieux ont été arrêtés depuis. Dans le cas du magsitrat municipal, elle est effectuée sans mandat et hors la procédure spécifique, prévue en cas de poursuites des officiers de police judiciaire, qualité qu'il tire de sa fonction de maire.

Si les viols de procédure sont caractérisés, le plus grave tient à ce qu’apparaissent deux des thèmes qui devraient motiver l’étouffement de toute manifestation ou entente d’opposition. Le premier est l’habituel souci de l’ordre public, quoique autorisé un rassemblement devient fautif car il paraît plus couru que celui improvisé par le pouvoir pour le contrer ; les bagarres sont inéluctables. Le second est dans la ligne d’un recours aux Etats-Unis depuis trois ans, particulièrement depuis que les relations franco-mauritanienne ont été obérées par l’arrestation en France, puis l’évasion favorisée d’un militaire en stage professionnel, convaincu d’avoir torturé de ses compatriotes au pays ; la rupture brutale des coopérations techniques militaires avec la France qui s’ensuivit autant que la nécessité d’une meilleure notation financière internationale amenèrent Nouakchott à concéder beaucoup d’apparences à Washington. La participation locale, et à point nommé, à la croisade américaine contre le terrorisme notamment d’inspiration fondamentaliste est donc de bonne manière. Mais elle ne correspond en rien à la réalité et la manifestation de près de 100.000 personnes à Nouakchott contre la guerre en Irak, le 23 Mars

Les derniers mois ont été marqués par des violations au fond des droits élémentaires. Deux exemples.
Arrestation, torture et maintien en détention pendant cinquante jours, l’été 2002, d’un franco-mauritanien, ayant eu, sans y adhérer, des contacts avec le mouvement Conscience et solidarité ; son récit, ensuite, n’a pas été démenti quoique diffusé sur le « net ».
Contre-élection forcée du bâtonnier de l’ordre des avocats en Mauritanie, aux assises du 27 Juin 2002 dont les locaux sont investis par la police ; l’élu légitime et reconnu internationalement tant par l’Union des Barreaux arabes, que par la Convention francophone est à présent sous le coup de sanctions disciplinaires selon son propre Ordre, lesquelles semblent retardées seulement pour que ne soit pas alourdi le climat maintenant créé par la vague d’arrestations en cours : une convocation devcant le conseil de l’Ordre, pour le 12 Mai, n’a pas eu de suite, d’autant que M° Mahfouhd Ould Bettah est à la tête d’un collectif de 53 avocats constitué pour défendre les nouveaux inculpés.
Ces deux éléments ensemble enlèvent toute réalité à la prétention de demeurer ou constituer un Etat de droit. La pratique procédurale confirmée par les événements de ces trois semaines est toujours la même : maintien en détention et au secret quel que soit le chef d’inculpation (reconstitution de parti dissous, propos des Imams) ou même en l’absence de tout libellé ; après une durable mise au secret, naturellement sans concours d’avocat ni visite de parents ou de proches, renvoi par la Cour suprême des accusés devant un juge de province sélectionné pour la besogne pour y être jugés loin des leurs, de leurs avocats et de l'opinion publique nationale et internationale ; ainsi sont évitées toutes pressions.


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Les faits rappelés ci-dessus, contrôlables sur place et donnant lieu à de véritables appels à l’aide, caractérisent réellement un régime dont l’histoire peut être dite ainsi. Une histoire et un régime qui ont coupé le pays de deux ressources exceptionnelles : une légitimité nationale et un crédit à l’extérieur, certains de 1957 à 1978 et rétrospectivement très vérifiables, selon les séries de la Banque mondiale et du F.M.I. et les témoignages des principaux acteurs soit de l’époque, soit d’ensuite, ces derniers tous repentis du coup militaire du 10 Juillet 1978.

Ce coup est envisagé de longue date par une personnalité qui n’a de militaire qu’une biographie de quinze ans tout à fait tombée dans l’oubli, aujourd’hui, et que le président Moktar Ould Daddah avait mis en situation de le commettre : ramené par imprudence à la tête de l’état-major national, il agit par quelques pairs interposés – beaucoup continuent de penser que le projet, connu l’avant-veille aurait pu être empêché. Le contexte est d’une guerre que l’Algérie fait durer, qui porte principalement contre la Mauritanie et qui lasse les gouvernants français appelés à quelque soutien logistique et financier à l’appui d’une alliance avec le Maroc, alliance et guerre auxquelles beaucoup à Nouakchott et dans l’intérieur plus encore, n’avaient pas été préparés. La période du colonel Mohamed Ould Mustapha Saleck, dure très peu, l’idée que le renversement du père-fondateur est à frais nuls et que la paix sera immédiate est évidemment illusoire. Ayant supplanté pratiquement le chef de la junte (6 Avril 1979), le colonel Bouceif, disparaît aussitôt dans un accident d’avion au moins opportun (Mai 1979) ; il aurait ménagé une transition plus consensuelle avec les années de Moktar Ould Daddah ; le colonel Mohamed Mahmoud Ould Louly est de paille que son second renverse aisément (le 4 Janvier 1980). Plus aguerri, mais marqué par le Polisario et une sympathie déclarée pour l’indépendance de l’ancienne possession espagnole, le colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah fait trop triompher le nord pour que le pays n’en soit pas déséquilibré et que ne commence – au rebours de tout ce qui se faisait et se consolidait depuis les débuts du jeune Etat-nation – un recours aux simplismes et à l’instrument tribaux. Quatre exécutions pour une tentative particulièrement audacieuse de son renversement, qui n’échoue (16 Mars 1981), que précisément parce qu’elle a été semi-concertée par le commando d’officiers supérieurs avec le colonel Maaouya Ould Ahmed Taya, déjà maire du palais, suivant des emplois successifs. Celui-ci prend la tête, avec beaucoup de timidité apparente et au moins en coïncidence avec une lassitude française vis-à-vis du prédécesseur que sa participation forcée à un « sommet » francophone » a permis de renverser (12 Décembre 1984). L’état de grâce – dont on a peine aujourd’hui à comprendre ce qui le motivât dans l’esprit de beaucoup, y compris parmi des collaborateurs du père-fondateur – dure peu.

Dès 1987, la résurgence d’anciennes propagandes négo-mauritaniennes donne prétexte à la découverte d’un semblant de coup d’Etat (22 Octobre) et une cinquantaine d’exécutions ; le scenario est répété en grand mais encore plus sommairement : massacre de plus de 500 militaires Toucouleurs, du rang ou gradés, sans procès et sans même débat à l’intérieur du gouvernement de fait, sans compter des civils dans le sud ; cette nouvelle tentative de coup d’Etat est censée impliquer le Sénégal (6 Décembre 1990) et le massacre est ainsi couvert ;. la liste nominative des victimes en a été dressée, un tribunal international ad hoc instruit et qualifie ce crime, et les gouvernants actuels sont interpellés sous atreinte pour s’expliquer ce printemps. Entre ces deux purges raciales qui ne concernaient que l’arméee, une troisième manifestation de ce recul patent et dramatique d’une Mauritanie qui s’était fondé sur l’image (et la réalité) du « trait d’union entre l’Afrique noire et l’Afrique blanche ». Dégénère en effet – en grand et rapidement - un des incidents les plus fréquents d’une rive à l’autre du fleuve Sénégal ; si le sang froid et l’esprit de conciliation sont aussi peu présents, malgré quelques intermédiaires excellents par eux-mêmes et bien relationnés, de part et d’autre, les massacres sont bien moins spontanés, à Nouakchott et à Nouadhibou notamment, que la chasse au commerçant maure à Dakar et dans le nord-est du Sénégal (25 Avril au 3 Mai 1989) ; des centaines de milliers de ressortissants de chacun des deux Etats passent la frontière ou sont expulsés (Juillet 1989), les relations diplomatiques rompues (21 Août). C’est démesuré et dramatique. La guerre est proche, elle le sera à nouveau pour un conflit territorial de minuscule portée pratique en 1999 ; les choses ne rentrent dans aucun ordre, les camps de réfugiés demeurent au Sénégal, les retours au pays sont presque impossibles puisque les propriétés et les biens ne sont pas restitués, le souvenir de scènes atroces et de tueries délibérées – des centaines de morts, rien que dans les deux villes précitées – avec la concordance de tous les témoignages sur la passivité sinon la complicité de la police et le cynisme des medias, font conclure autant aux contemporains qu’à ceux qui enquêtent qu’un tournant a eu lieu. La fracture entre ethnies devient un moyen, le moyen de gouverner ou plutôt d’être en place. Au prix autant de la cohésion sociale et de la sécurité intérieures, que du relationnement diplomatique et économique de la Mauritanie avec ses voisins.

Comme, politiquement, la présentation reste à trouver : un processus de démocratisation est proposé qu’entament un referendum (12 Juillet 1991) et l’adoption d’une Constitution, permettant le multipartisme. Celle du 20 Mai 1961, présidentielle et modifiée en Janvier 1965 pour consacrer le monopole du parti unique, avait été susendue par les militaires mais sans autre remplacement pendant douze ans qu’une Charte octroyée. L’opinion publique a soudain cure des textes car celui fixé par le referendum en 103 articles fut publié avec un 104ème légalisant et constitutionnalisant tout ce qui n’était pas explicitement et précisément abrogé. Le pays a donc conscience de demeurer en état d’exception du fait de cette supercherie qu’on ne peut appeler juridique, à laquelle s’en ajoute une seconde, décisive pour les élections, la loi disposant que nul ne peut être candidat s’il n’a la présentation d’un parti politique, alors que c’est par décret et, selon une jurisprudence de douze ans, sans appel qu’un parti peut – opportunément – être dissous. Dans ce climat propice au bon vouloir de ceux qui ont la signature de l’Etat, la presse écrite, certes multiple mais vendable seulement à la criée, est en permanent sursis : la censure s’exerce le tirage incriminé déjà fait et donc financièrement dû, ce qui en quelques numéros a raison de toute trésorerie.

Les élections dans ce régime se caractérisent facilement. On peut, quoique sans preuve que l’extrapolation des premiers résultats que la première présidentielle (24 Janvier 1992), a été gagnée par un candidat de la dernière heure. Appelé par beaucoup, le demi-frère du père fondateur, Ahmed Ould Daddah, est logiquement plébiscité par les ethnies minoritaires, les classes anciennement serviles, les élites du sud-ouest et même au nord par les tenants des militaires ayant précédé ceux en place. Mais en cours de dépouillement, le pouvoir après avoir hésité entre l’aveu de sa défaite et la suppression physique du vainqueur opte pour une dictée par radio de la capitale vers les bureaux de vote de chacun des dépouillements, désormais à ne plus faire. Les élections législatives qui suivent en Mars, sont naturellement boycottées par l’opposition. La seconde élection présidentielle (12 Décembre 1997) est une consultation avancée de quatre mois malgré les textes, comme s’il fallait tenir cyniquement à l’anniversaire, pour le candidat sortant, du renversement de son prédécesseur, et rappeler l’origine de son pouvoir de fait ; il a d’ailleurs été un moment d’anticiper dès ce printemps la prochaine élection présidentielle sans que soient attendues son échéance constitutionnelle (Novembre 2003) ; le principal candidat d’opposition en 1997 et quoiqu’il vînt du propre camp du vainqueur immanquable : Chbib Ould Ma-el-Aïnin, est, depuis Avril 2001, en prison à Aïoun-el-Atrouss, le plus souvent interdit de visite, à 800 kilomètres de la capitale. Les dernières consultations, partielles pour la seconde chambre et générales pour l’Assemblée et les municipalités (Octobre 2002), ont vu le triomphe des oppositions ; mais celles-ci sont, selon le règlement parlementaire, interdites de participation à toute commission les ouvrant légalement vers l’étranger et vers l’information, et, selon une bonne exploitation de la loi, empêchées, quoique détenant la majorité des circonscriptions, d’obtenir la mairie de la capitale. Le résultat est simple : le pouvoir politique vit masqué, invisible laissant libres les mécanismes de la corruption et l’organisation des accaparements. L’institution d’un Premier Ministre, pratiquée près depuis les débuts de gouvernements militaires, n’induit aucune liberté par la bande.

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Dans une telle situation, pouvoir et oppositions ne sont évidemment pas sur le même plan ; ils n’ont surtout pas les mêmes perspectives.

Pour le premier, c’est l’exploitation carrément organisée du pays. Les richesses de la mer donnent lieu à licences ; il a été démontré que le produit de celles-ci ne concourent au trésor public et ne sont budgétisées que depuis trois ans seulemnt ; or, depuis 1986, elles sont d’un rendement supérieur aux exportations minières. Aucun investissement public majeur depuis 1978 puisque l’infrastructure routière, maritime et aéroportuaire notamment est de réalisation ou au moins de financement antérieurs, à la prise de pouvoir par les militaires. Où va l’argent ? La comptabilité de la Banque centrale s’est avérée truquée de manière à ce que n’apparaissent pas des dépassements sans mesure du plafond convenu avec les bailleurs de fonds internationaux conditionnant le crédit à un « ajustement structurel » ; les concours à l’Etat pour ce qui peut être de « l’argent de poche » seraient en fait trente fois ce qui est communiqué officiellement. La fraude à telle échelle suppose la corruption-même des représentants localement du Fonds monétaire et de la Banque mondiale.

Pour les secondes, c’est le chemin aussi étroit qu’escarpé vécu par des partis désargentés et sous la menace constante que leurs dirigeants soient arrêtés mais au contraire du parti du pouvoir – le Parti républicain démocrate et social P.R.D.S., dirigé par le chef du cabinet du président régnant – ces mouvements sont spontanés. L’unité réalisée l’hiver de 1991, pour le premier scrutin, s’est reconstituée depuis deux ans. Un cadre de gouvernement est débattu, les accords de désistement aussi. Il s’agit de huit partis, dont deux seulement font véritablement nombre, et surtout ne sont l’émanation d’aucun courant soutenu par l’étranger : le Rassemblement des Forces Démocratiques R.F.D., de même plate-forme et de recrutement universels que la première candidature présidentielle d’Ahmed Ould Daddah, il y a onze ans et le mouvement des haratines, des anciens serviteurs, interdit « légalement » depuis deux ans. Que ce dernier fasse de l’entrisme dans une petite entité khadafiste, serait financièrement positif, mais politiquement et socialement explosif. En Juillet 1980, le Comité militaire avait cru spectaculaire d’abolir l’esclavage, tournant le dos à une tout autre manière qu’avait eue le régime fondateur et qui portait ses fruits à l’évidence. Depuis 1968 et 1969, il avait en effet été prescrit qu’aucun conflit, qu’aucune revendication fondés sur un quelconque droit ou usage de propriété d’une personne sur une autre ne pourrait plus être porté ni a fortiori entendu devant les tribunaux. A l ’instar de la chefferie traditionnelle, il s’était agi de se concilier le temps, de consolider l’extinction de fait des pratiques longtemps héréditaires, plutôt que de proclamer quoi que ce soit. Toute consultation qui rangerait en bataille des troupes spécifiquement identifiées en ethnies ou classes sociales serait grosse de guerre civile ; or, c’est à cette éventualité que l’histoire récente de la Mauritanie risque de mener, si n’est pas soutenu la véritable alternative à ce cours désastreux, savoir la crédibilité d’un mouvement attirant de toutes parts, ayant un programme moderne et ouvert à la coopération étrangère, très spécialement celle de l’Union européenne, disposant encore d’un candidat internationalement reconnu et techniquement expérimenté.

S’il devait se perpétuer, le régime actuel et son système vont se caractériser de plus en plus par la contrainte physique et mentale. Une relative identitification de la dictature parce qu’elle était nominalement militaire, n’est plus aujourd’hui possible : l’armée est en disette à tous points de vue, sauf une garde prétorienn e ou plutôt familiale. L’équilibre est celui des tribus entre elles, la force est tirée d’une organisation efficace des renseignements politiques, à laquelle il n’est pas à exclure qu’Israël et les Etats-Unis contribuent, y compris en ressources humaines, et du contrôle absolu de tous les circuits de l’argent et du commerce à l’intérieur du pays. Parce qu’il est complexe et pas lucratif, tout le reste, c’est-à-dire l’exode rural, la stratification sociale, l’enseignement à tous degrés, l’équipement autre que minimum, la santé, est laissé à vau-l’eau : c’est criant pour qui revient en Mauritanie, que ce soit après une vingtaine d’années d’exil ou d’une année sur l’autre ; même l’information publique se dissout dans une médiocrité voulue et ce sont les médias maghrébins et surtout du Golfe qui sont localement prisés. En fait, le pays ne vit plus que quotidiennement et seulement au matériel. Le pouvoir n’est plus d’Etat. L’opposition n’en est plus à débattre, si jamais cela lui fut permis depuis maintenant vingt-cinq ans – alors que le génie de la période fondatrice, antérieure au coup militaire de 1978 avait été dans l’intégration incessante des dissidences ou des contestations de manière à les amener à la discussion dans un cadre consensuel – elle en est réduite à témoigner des exactions les plus rétrogrades, tandis que se perdent – pourtant urgentes - l’analyse globale de la situation économique et sociale et la définition de programmes propres à restaurer le pays. Ces formulations deviennent ou impossibles ou héroïques dans un tel climat d’arbitraire courant et de doute sur l’efficacité du vote électorale, qui absorbent et épuisent militants et bonnes volontés.

Que devienne générale la sécheresse, au lieu de se succéder d’année en année d’une région de la Mauritanie et du Sahara à l’autre – ce qui était déjà de plus en plus périlleux depuis trente ans -, et la rupture de tout s’opère ; c’est ce qu’il commence de se passer depuis deux mois. L’Aftout est en famine et les stocks de précaution ont été détournés, c’est su et commenté de Dakar à Casablanca, mais à Nouakchott et à Nouadhibou, on perquisitionne de nuit des sièges de partis politiques légalement reconnus, on arrête et maintient au secret des imams de mosquée selon un procès d’intentions aux accents importés, on renvoie les procès au plus loin des grandes villes pour échapper à toute notoriété.

Ce qu’il est convenu d’appeler la communauté internationale, et – singulièrement – le partenaire le plus proche de la Mauritanie à tous égards, l’Union européenne prendraient une responsabilité, énoncée déjà, si n’était pas imposée au régime actuel la sincérité de la prochaine consultation politique générale. Ce dont les conventions eurafricaines depuis Lomé et Cotonou ont établi la possibilité, sinon le devoir. Les gouvernants mauritaniens ont sollicité en Mars le Parlement européen en vue d’une supervision du scrutin, sans doute pour faire pièce aux demandes de l’opposition qui réclame en connaissance de cause le contrôle approfondi qu’a pu exercer la commission, notamment au Kenya ; ces gouvernants se félicitent aujourd’hui de ce que le pays est juste admis à la commission des Nations Unies pour les droits de l’homme. Ils doivent être pris au mot à tous les égards./.


A n n e x e

faite de témoignages reçus par écrit, émanant de personnalités connues par le signataire de cette note





Violations actuelles des droits de l’homme & des libertés publiques




I – Agressions, coups et blessures à Timbedra – dimanche 27 Avril 2003

Récit reçu le mardi 29 Avril – étant noté que Cheikhna est Cheikhna Ould Mojamed Laghdaf ministre de la Justice et co-négociateur des accords de copération avec la France à l’indépendance, puis ministre des Affaires Etrangères du premier gouvernement des militaires en 1978, que Hamoud Ould Ahmed a présidé l’Assemblée Natioonale dans les années 1960, et qu’Ahmed est Ahmed Ould Daddah, anciengouverneur de la Banque centrale et ancien ministre, probable candidat à l’élection présidentielle prochaine. Le RFD est d’opposition, le PRDS est le parti organisé par le pouvoir

Le travail du parti dans les Hodhs a affolé les pontes du PRDS à tel point qu'elles ont commencé à s'attaquer aux dirigeants du parti dans un premier temps où il y avait une délégation comprenant MOHAMED OULD HAROUNE et le maire de Toujounine, le PRDS à cause de leur travail s'est ataqué à eux, mais les dégats se sont limités aux boubous déchirés et les vitres des voitures et ces atteintes ont plutôt conduit à un résultat inverse c'est-à-dire la sympathie de la population et notamment de HAMOUD OULD AHMEDOU qui a envoyé un message de menaces clair à son frère CHEIKH MOHAMED LEMINE qui est le poulain local du ministre de l'intérieur LEMRABOTT .
Par la suite, il y a eu la forte délégation comprenant principalement AHMED, Cheikhna ould Mohamed Laghdaf et l'avocat BRAHIM OULD DY et lors du meeting organisé par le RFD, le préfet de connivence avec le PRDS a autorisé le même jour et dans les mêmes endroits un autre meeting pour le PRDS et comme le public du RFD était plus important que le PRDS, le PRDS a été pris au dépourvu et a donné l'ordre à ses agents de s'attaquer au RFD et ce fut le tour des pierres, mais les dégats se sont essentiellement limités au véhicule de CHEIKHNA et une femme de la tribu des OULAD NASSR qui était dans le véhicule de cheikhna qui fut blessée
L'affaire ( véhicule de Cheikhna endommagé et une femme de OULAD NASSR blessée) a créé beaucoup beaucoup de problème et SDALEM MAJBOUR pour AFRICA N° 1 a bien couvert les incidents et AHMED a fait une declaration bien mediatisée


II – Vague d’arrestations à Nouakchott – du mercredi 30 Avril au samedi 3 Mai


1° rafle dans les rangs du parti Nouhoud
éléments reçus le jeudi 1erer Mai 2003
NOUHOUD dont huit de ses membres (trois en étant les dirigeants) viennent d'être arrêtés les 30 Avril et 1er Mai 2003 :
- MOHAMED ABDALLAHI OULD EYA, profeseur à la faculté des lettres, secretaire général du parti arêté le 30 Avril 2003 à 18 heures 25 mn au siège de son parti
- MOHAMED EL KORY OULD EL ARBY, litteraire, membre de la direction responsable de la culture arrêté le 30 Avril 2003 à 20 heures à son domicile
- MOHAMED RADHY OULD NAHAH,étudiant secretaire général du parti, arrêté au siège du parti le 1er Mai 2003 à 11heures
- AHMED OULD OUBEID professeur, membre du parti arrêté le 1er mai 2003 à 11h au siège du parti
- AHMEDOU OULD BRAHIM, agent commercial, membre du parti, arrêté le 1er mai 2003 à 11 heures au siègec du parti
- Me KHATRY OULD TALEB JIDDOU, avocat ancien ministre, membre du parti arrêté le 30 Avril 2003 à 17heures 45 à son domicile
- MOHAMED OULD RADHY, économiste, membre de la direction du parti arrêté le 1er mai 2003 à 13h à son domicile
- CHEIKHNA OULD HIJBOU, professeur, membre du parti, arrêté le 1er mai 2003 à 18 h au domicile de l'avocat Me KHATRY OULD TAELEB JIDDOU où il était de passage pour rendre visite à sa famille.

Les huit ont été arrêtés à NOUAKCHOTT sauf MOHAMED OULD RADHY, le n° 7 de notre liste qui a été arrêté à NOUADHIBOU où il travaille et serait enroute pour NOUAKCHOTT par la liaison aérienne de ce jour.
Toutes ces personnes ont été arrêtée sans mandat et sans signification du motif de l'arrestation et sont dans l'isolement complet depuis leur arrestation et sans contact ni avec leur famille ni avec leur parti ni avec leur avocat et la police politique qui les a arrêtées n'en donne aucune information en dépit des contacts et demandes d'information.
Pour prolonger la garde à vue, elles sont arrêtées le ébut d'un long week end (il y a en Mauritanie un week-end de trois jours en fait les jeudi, vendredi et samedi).
Certaines de ses personnes avaient été arrêtées en 1995, poursuivies, condamnées en première instance avant d'être complètement blanchies par la cour d'appel de NOUAKCHOTT selon un célèbre et courageux arrêt qui avait déclaré toutes les procédures nulles et de nul effet.


2° arrestation du maire d’Arafat, élu R.F.D., une des plus grandes communes du pays. Communiqué reçu le vendredi 9 Mai 2003
Le dimanche 04 mai 2003, la police politique du pouvoir a procédé, dans le cadre d’une nouvelle escalade du processus de violations des libertés fondamentales qui a toujours caractérisé le régime, à l’arrestation de Mr Mohamed Jemil Ould Mansour, Maire de Arafat, élu RFD, membre du Comité Permanent de ce Parti.
Cette arrestation d’un officier de police judiciaire en activité qui a été opérée au siège d’un parti politique d’où l’intéressé a été conduit manu-militari, vers une destination inconnue et sans mandat judiciaire, donc en violation flagrante des dispositions légales, réglementaires et usuelles – En effet, Mr Jemil Ould Mansour, Maire de la plus grande commune du pays, élu par une large majorité de sa ville (plus de 62%) et réputé bon gestionnaire, a été enlevé, gardé au secret et l’enquête de police judiciaire le concernant, confiée à une police politique réputée pour ses méthodes «spéciales» de garde à vue et d’interrogatoires.

3° arrestations d’imams au prétexte d’incitations au terrorisme
récit et présentation reçus le 6 Mai 2003
- CHEIKH MOHAMED EL HACEN OULD DEDEW, professeur et grande référence de la pensée islamique en Mauritanie, mais aussi à l'étranger où il fait souvent office de grand conférencier, il a été arrêté à Nouadhibou le
5 Mai 2003 à 10 heures et transféré le même jour à Nouakchott
En outre, au cours des journées du 5 et 6 Mai plusieurs Imams de mosquées ont été arêtés soit dans leur mosquée soit à leur domicile. Il s'agit des
chioukh suivants :
- MOHAMED LEMINE OULD EL MOUSTAPHA, professeur au collège IMAM de TENSOUELEM (24 Avril) à Nouakchott
- MOHAMED LEMINE OULD ISMAIL directeur des études au lycée de TEVRAGH ZEINA (département de Nouakchott)et IMAM de TOUJOUNINE ( département de Nouakchott )
- MOHAMED OULD DOUA , IMAM à ARAFAT, (département de Nouakchott)
- SIDINA OULD RADHY, IMAM à ARAFAT
- KHALED OULD ISSELMOU, IMAM à TEYARETTE (département de Nouakchott)
- HAMOUD OULD DHOU NOURAYNE, IMAM à ARAFAT
- ABDARRAHMANE OULD SABAR, IMAM au Ksar (département de Nouakchott)
- SIDI AMAR OULD CHEIKHNA, IMAM au Ksar, (département de Nouakchott)
auxquels ajouter, depuis le changement du ministre…
- MOHAMED YESLEM OULD KHTOURA, IMAM arrêté à NOUADHIBOU le 12 Mai 2003
ainsi que deux jeunes arrêtés eux aussi à Nouadhibou, la veille :
- ABDI OULD ABDI,
- EL KHADIM OULD SEMANE.
A l’exception de ces deux derniers, tous ces Imams sont des Imams de mosquées.
Il faut préciser qu'en Mauritanie contrairement à ce que soutient le pouvoir, il n y a pas de terrorisme et il n y a pas de violence non plus, il s'agit apparemment d'une marchandise ou la recherche d'une marchandise à proposer à l'administration américaine dans son entereprise contre l'islam et pour ceux qui connaissent l'Islam en Mauritanie, il s'agit d'un Islam de type très pacifiste. Mais au courant de la dernière semaine du mois d'Avril, le ministre de l'Orientation islamique qui vient d'être limogé ce jour avait soutenu devant quelques centaines d’Imams que s'ils ne se plient pas à ses instructions, il va transformer les mosquées en boulangeries ou en poubelle et les déclarations du ministre ont été dénoncées par tous les Imams dans leur prêche du dernier vendredi d'Avril comme une atteinte à la religion et à ses symboles et lors des prêches du premier vendredi du mois de mai les Imams ont présenté auxfidèles dans toutes les mosqués de Nouakchott une déclaration du ministre qui, au lieu de présenter ses excuses, réitère ses propos devant les Imams qu'il avait rencontrés et tous les Imams lors des prêches de ce vendredi c'est-à-dire le 2 Mai 2003 ont tenu de nouveau à dénoncer le ministre et ses propos qu'ils considèrent comme une atteinte extrêmement grave au symbole de la religion musulamne qu'est la mosquée.
La répression semblant ainsi se généraliser, et sans motif clair, plusieurs voix s'élèvent dont celles de 90 Imams et grandes personnalités religieuses qui ont écrit au Président de la République pour dénoncer ces arrestations et demander leur libération immédiate. L’arrestation d’un Imam et d’hommes du savoir en charge de la religion constitue un acte extrêment grave dans toute société religieuse, et les partis politiques, la presse, la société civile et les avocats se sont fortement mobilisés pourdénoncer ces pratiques.


III – Mise en cause de l’indépendance et de l’unité du Barreau, depuis Juin 2002
message reçu le mardi 29 Avril 2003

La remise en question de l’indépendance et l'unité du barreau par le pouvoir en place depuis le mois de juin 2002 et les tentatives récentes de poursuites que les autorités mettent en place contre le Bâtonnier légitiment élu. Le rapport de l'Union des Avocats Arabes élaboré par le bâtonnier ABDEL JELIL BOURAOUI, ancien bâtonnier de TUNISIE et larésolution du Bureau permanent de l'Union des avocats arabes sur le Barreau mauritanien, la résolution de la CIB sur la Mauritanie, la lettre ouverte adressée à l'opinion publique nationale et internationale, ont dénoncé les menaces de sanctions que fait peser le "conseil mis en place par le pouvoir" et dirigé, sur ordres, par un "bâtonnier" inféodé, contre les avocats défenseurs de la cause des droits de l'homme et partant de l'indépendance du barreau.
Refus de visas d’entrée aux avocats et confrères voisins qui souhaitaient enquêter sur place en Mauritanie sur les faits à l'instar de l'Union des Avocats Arabes.
En fait et pour rappel, ce "bâtonnier" inféodé et son conseil se sont rendus compte de leur isolement au plan international parce que non reconnus ni par la communauté des avocats arabes ni par la Conférence Internationale des Barreaux de tradition francophone (CIB) ; et au plan national rejetés par toute la société civile y compris tous les médias indépendants et partis politiques à l’exception du parti au pouvoir(le PRDS) et de certains de ses segments politiques qui œuvrent en sous-main et tentent actuellement de faire radier le bâtonnier démocratiquement élu le 27 Juin 2002 comme l'a si bien reconnu l'émissaire de l'Union des Avocats Arabes dans son rapport, rapport que la CIB a consacré en mentionnant qu'il n'a jamais été réfuté.
Ce "bâtonnier" aujourd’hui soutenu par le procureur général vient de signifier, ce jour, 24 Avril 2003 à Me MAHFOUDH OULD BETTAH, bâtonnier élu lors des assises du 27 Juin 2002, une citation aux fins de comparaître le 12 Mai 2003 prochain devant le conseil que le bâtonnier du pouvoir ( comme on l'appelle ici ) dirige et ce en formation disciplinaire ( nous détenons cet acte rédigé deux pages en langue arabe notifié ce jour par le ministère d'un huissier).
Ce qui est recherché à travers cette procédure c'est de mettre définitivement fin à cette volonté d’indépendance du Barreau vis à vis du pouvoir que nous incarnons, c'est aussi la fin de cet élan de liberté, de solidarité et d'assistance bénévole à tous les persécutés d'opinion dans ce pays et ils sont nombreux, c'est la lutte en faveur des Droits de l’Homme, la combativité inébranlable que le pouvoir veut briser en utilisant un groupe d'avocats manipulés par le procureur général pour éliminer des prétoires mauritaniens un certain nombre d'avocats refusant la soumission au diktat du pouvoir en place.

Pour qui connaît la Mauritanie et la politique du régime en place depuis ces dix neuf dernières années, la politique du bâton et de la carotte a fonctionné à merveille et à toutes occasions: société civile bâillonnée, partis et opposants politiques décapités ou emprisonnés, ordres professionnels, associations et organisations indépendantes de lutte pour les Droits de l’Homme soumis ou poursuivis en justice à l’exception d’un nombre infime aujourd’hui objet de menaces et intimidations de toutes sortes.

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