A mes compatriotes d’adoption, eux-mêmes en crise de
démocratie,
je donne ce que je suggère au président d’un pays dont ils
suivent tout de près,
pas seulement pour sortir de la crise que vit la France,
mais pour faire revenir les Français à la Cinquième
République d’origine.
La crise, latente dès Octobre 2018, a commencé à avoir une
ampleur nationale quand, à l’annonce d’une nouvelle taxe sur les
carburants, des Français de tous milieux, de tous âges, de toute
profession ou retraités, se sont mis sans beaucoup plus de
concertation que les « réseaux sociaux » à bloquer ou
ralentir la circulation automobile, en endossant le gilet jaune
recommandé à tout conducteur dont le véhicule est en panne. Depuis
le 17 Novembre, de 250.000 à 170.000 personnes manifestent, chaque
samedi, dans tout le pays - dont 10 à 20.000 viennent régulièrement
à Paris. Le samedi 1er Décembre a dégénéré en
violences telles dans la capitale que les forces de l’ordre ont été
débordées : plusieurs centaines de blessés des deux côtés.
Les « gilets » ont été doublés aux Champs-Elysées par
des casseurs, quelques milliers : l’Arc de Triomphe a été
vandalisé. Cela s’est répété dans les grandes villes de
régions. Il est surtout apparu qu’en sus de réclamations touchant
le pouvoir d’achat, le président Macron est personnellement en
cause. Un symbole de sa politique est la suppression de l’impôt
sur la fortune. Son rétablissement est réclamé.
Le chef de l’État qui a gardé le silence depuis son retour du
G20, le matin du dimanche 2 décembre, s’adresse au pays le lundi
10, bat un peu sa coulpe et annonce 10 milliards de divers
ajustements, allocations et diminutions, mais la demande vient
politique : la démocratie participative, notamment le referendum
d’initiative citoyenne. Malgré une décrûe statistique, la
présence des « gilets jaunes » en beaucoup de
carrefours ou sur des sites économiquement stratégiques, persiste
et tout donne à penser qu’il y aura un 6ème samedi de
manifestations dans les grandes villes et peut-être le blocus de
raffineries, du marché agro-alimentaire de Rungis, aussi…
La conclusion, que je laisse à un ami d’enfance, vaut encore plus
pour la Mauritanie.
Couriellé
à l’Elysée, le lundi 26 Novembre 2018 au secrétaire général de
l’Elysée, Alexis Kohler :
le
temps presse, il peut encore être organisé
Cher Monsieur le Secrétaire général, 1° pourquoi ne ré-instituez-vous pas la " planification souple à la française " (1945-1997) : l'outil de mise en commun entre tous les acteurs politiques, économiques et sociaux des projets, des prévisions autant que l'examen ensemble des ressources publiques et "privées". Ses diverses commissions permanentes ou ad hoc ont été l'outil des rencontres sociales et de tout un climat patronat/syndicats veillé par la puissance publique. Plus rien n'est qu'une fois, tout est périodique ou du long terme : un plan quadriennal pour un mandat quinquennal, le débattre et voter en début de mandat. Evidemment le long terme, notre production d'énergie passage du presque-tout-nucléaire au presque-tout-renouvelable, cela se programme (rien n'a été sérieux à ce propos depuis dix ans, que des échanges en "primaire" des partis...) et croire que le changement s'opérera par la modification du comportement des usagers et des habitudes par une fiscalité encourageant des investissements ou dissuadant de la voiture, est une utopie. Mais étapes, perspectives,décidées et vues par tous. 2° " un pacte social pour calmer les gilets jaunes ". Pacte social ne dirait pas bien la novation du politique sur laquelle a été élu le Président : c'est usé et manque de contenu. Les gilets jaunes, ce sont tous les Français, manifestant ou pas qui souhaitent que les gouvernants les consultent - avant - et les fassent participer à la prise des décisions. Vous ne les discréditerez pas par ce qu'il s'est passé aux Champs-Elysées ou les mêlant à Marine Le Pen ou à Jean-Luc Mélenchon. Aux divers blocages, on parle beaucoup : celles et ceux de tous âges qui sont dans le froid, et celles et ceux en voiture, et qui très souvent ont le gilet jaune sur le tableau de bord. Les préfets, qui les reçoivent spontanément ou sur ordre, je ne sais... attesteront de leur civisme pour la très grande majorité d'entre eux, mais aussi de leur rejet d'une manière, pas seulement de les taxer mais de les gouverner. 3° Brexit et Ukraine. La mission historique du Président, c'est de pallier ces risques et erreurs. Esprit de défense par un service national universel - pas le mensonge des quinze jours - mais deux ans, garçons et filles, une année militaire et une année développement. La démocratie pour l'Europe : l'élection directe de sa présidente ou de son président, et à elle ou lui, archi-légitime alors, la dissuasion nucléaire qu'Angleterre et France mettent à sa disposition sans cesser d'en garder la possession nationale. Ecrire une nouvelle loi fondamentale à tous, donc avec les Britanniques. Depuis son élection, j'en supplie le Président : vous en êtes témoin puisque vous voulez bien placer mes lettres sous ses yeux. Chaleureusement, et pensées pour vous et pour notre Président.
*
* *
Couriellé
à l’Elysée et à Matignon, le soir du samedi 1er
décembre 2018 à 23 heures 16 : couper court
Monsieur le Secrétaire
général, chère Madame,
je me permets de vous
courieller à tous deux ensemble, par exception. Le génie de la
Cinquième République est qu'il y ait un président avec toutes
prérogatives pour s'imposer non aux autres acteurs et institutions
publiques, mais face aux circonstances. Il ne doit pas gouverner. Il
est un recours et un garant. Le génie de notre République est qu'il
y ait un Premier ministre, chef d'une majorité parlementaire,
responsable devant l'Assemblée nationale et ayant la nécessité de
la confiance présidentielle. Ils sont absolument distincts.
Dans la crise multiforme
que nous affrontons en clair - mais qui se vivait depuis l'élection
présidentielle - cette distinction des deux fonctions et des deux
personnes, car Edouard Philippe a de l'autorité certes, de la
conviction certes, mais c'est surtout un pacifiant. Il ne doit pas
être un exécutant. Premier élément de souplesse, immédiatement
disponible, car la crise dont les violences et les scandales nous
surprennent, ne sont que la conséquence d'une rigidité totale, sans
appel. Alors même que le pays ne se connaît plus depuis plusieurs
années et que les élus qu'il s'est choisis pour l'Elysée et pour
le Palais-Bourbon, ne l'ont été que par défaut. La vérité n'a
pas été leur élection mais la table rase dont ils ont été le
produit. Dans les débats sur petit écran, ce soir, quelqu'un a eu
le mot juste : fulgurance. Celle de la montée en puissance puis de
l'élection du Président. Celle des gilets jaunes et de ce que nous
vivons scandaleusement mais significativement, car la rigidité ne
produit que de la casse.
Rigidité et
autoritarisme : les dernières lois sociales sous François Hollande,
la procédure des ordonnances (défiance s'il en est vis-à-vis de
tout débat, même au sein d'une majorité nouvelle et archi-dévouée
au Président encore ce soir), puis la "réforme" de la
S.N.C.F. et ce qui nous est promis à venir, voté au forceps. Des
acquis, de la propriété nationale dans la psychologie de tous les
Français sont démantelés sans que soit indiqués la perspective,
le bien commun qui en seront le produit. De continuité qu'une
méthode autoritaire avec des velléités, selon la rumeur et parfois
de mots du Président : "encadrer" le droit d'amendement
des parlementaires. Cette rigidité est encore le fait de ce soir :
le "pouvoir" ne peut reculer, pas de concession, de la
pédagogie (la supériorité de quel droit et selon quelle science ?
de quelques-uns sur le grand nombre qui subit..). Or, il faut
dénouer. Ces événements de maintenant doivent opérer une prise de
conscience, nous n'étions plus en démocratie alors que notre
République - celle voulue, fondée et pratiquée par le général de
Gaulle - en est le cadre rêvé : solidité des autorités, mais
participation de tous, sanction populaire de l'exercice de l'autorité
présidentielle.
Voici le chemin que je
suggère - tout en regrettant que l'habitude se soit prise que le
Président, de l'étranger sans égard pour ses hôtes ni pour le
sujet de son déplacement (ils étaient et sont gravissimes ces trois
derniers jours) apprécie et commente une situation intérieure
française. Et cela sans la vivre et par principe.
1° interdiction de toute
manifestation sur la voie publique urbaine, pendant le temps qu'il
faudra pour repérer, coffrer et punir les "casseurs", et
en regard réponses significatives et aussi immédiates à certaines
des revendications des "gilets jaunes", concernant le
pouvoir d'achat, le minimum vital.
2° démission du
gouvernement actuel et constitution d'une nouvelle équipe, d'union
nationale que formera l'actuel Premier ministre, dont les qualités,
etc... et dont le parcours couvre aussi bien la majorité actuelle
que la partie responsable de la droite d'opposition actuelle. Ce
gouvernement d'union nationale auquel il sera proposé de participer
à toutes les formations politiques actuelles, "extrêmes"
comprises... ainsi qu'aux gilets jaunes, y compris à des
personnalités incontestables des lettres et des sciences françaises,
administrera le pays mais aussi traitera consensuellement les sujets
brûlants pour les ajourner ou les reprendre à zéro s'ils étaient
au programme et pour étudier ce qui est réclamé et passera avant :
l'imposition de la fortune, la taxation des dividendes, les pensions
de réversion, les retraites. Il débattra les objectifs et moyens de
la transition énergétique : la confusion entre le tout pétrolier
(fonctionnement des véhicules particuliers et des transports
routiers) auquel nous avons échappé à partir de 1973 et du choix
du tout nucléaire, doit cesser, l'enjeu étant comment produire
l'énergie dont nous avons besoin, multiples pistes en pensée depuis
vingt ans, à peine débattues et n'ayant donné lieu à aucune
politique de production industrielle et d'innovation technologique
correspondante.
3° le pays dans son
ensemble, sans que soit encore mis en cause le Président comme il
l'est déjà par les "gilets jaunes" et une partie de
l'opinion publique, sera consulté par la dissolution de l'Assemblée
nationale. Tout sera fait par le nouveau gouvernement multi-partis et
d'union nationale pour que la participation à l'élection des
députés soit un record - positif. Il y a dix-huit mois, le record
était honteux : 52% d'abstention au premier tour, et 54 au second.
Cette remise en route
doit être un retour à la démocratie. Il sera alors temps de
redonner à notre Constitution les traits dont on aurait jamais du la
priver, sous le prétexte mensonger que le quinquennat ne changeait
rien. On l'a vu ! Elle doit aussi permettre au Président, au
gouvernement et au Parlement - ensemble - de proposer aux opinions de
tous les Etats-membres, à leurs institutions ainsi qu'à celles de
l'Union européenne les novations urgentes pour que notre Vieux monde
se donne visage et voix, et ainsi devenir le môle autour duquel
bâtir un nouvel "ordre" international qu'ont achevé de
détruire ces derniers mois deux énormes et cyniques dictatures
(Chine et Russie) et un géant du simplisme révélant ? ou
défigurant les Etats-Unis . Cohésion sociale : je milite pour...
depuis vingt ans : service national garçons et filles, un an
militaire et un an dédié au développement, instauration exemplaire
proposée à tous nos partenaires.
Tout cela, je vous le
propose comme de simple bon sens en homme attaché à personne mais
qui a soixante-quinze ans de respiration française de Stalingrad à
aujourd'hui et dont l'adolescence et la sortie de l'E.N.A. furent
dans la lumière et la sérénité du général de Gaulle.
Quant aux événements et
aux scandales d'aujourd'hui dont les images ont été données à
nous et au monde entier, propos de bon sens. 65.000 personnes pour
l'ordre ? mais 4.500 seulement à Paris ? une vue générale et
dynamique de la capitale absente, les vides consentis par nos forces
de l'ordre exploités par des déploiements autres et ailleurs (de
simples méditations sur les croquis de batailles de Napoléon ou sur
les combats des Versaillais avec la Commune inspireraient d'autres
préparations et mises en oeuvre). Evidentes lacunes non seulement en
stratégie, mais plus encore en commandement sur le terrain : les
hommes trop groupés, puis trop détachés, des isolés ce qui est
une faute majeure, les hommes ayant manifestement peur... Les
photographes au milieu des mêlées et des combats : interdiction
absolue pour la suite, de films et d'images. Ceux-là opérés par
les professionnels de la police et aux seules fins du gouvernement et
des identifications, et des analyses nécessaires. Mai 68 à Paris :
un préfet de police d'exception, le maintien de tout en un
périmètres précis exclusif de tous autres théâtres. Propos de
non spécialiste mais à la portée de tout téléspectateur : la
critique de nos dispositifs, de la stratégie et des commandements
aura été faite par beaucoup. Et à la charge du gouvernement.
Expression politique
générale : le chemin que je vous suggère, dessiné par le
Président, mais pas aussitôt revenu... vingt-quatre heures au moins
de latence, d'attente publique (et de consultatsions), et dix minutes
au plus de parole publique pour l'annonce sans commentaire ni
justification.
Ce matin, le Premier
ministre a manqué la belle occasion de se recueillir et de parler au
sein des militants et cadres de la
République en marche. En toute
souplesse pouvait enfin être donnée à entrevoir une possibilité
d'évolution sereine et non rigide, cassante de l'exercice du pouvoir
dans les semaines et mois à venir. Car le mouvement n'est pas
sectoriel, il n'est pas même revendicatif, il est constat que tout
se décide sans les Français et sans qu'ils soient considérés...
et c'est cela qui ne doit pas continuer.
Je vous donne une parole
confiante et libre. Inquiète si le Président et le Premier ministre
s'en tiennent à de la pédagogie et à des invitations que
quelques-uns viennent les voir... mais certaine de la qualité de
notre pays et de sa capacité à susciter, d'âme et de corps
celles-ceux qu'il lui faut.
Pensées déférentes. La
confiance peut se rétablir, et nous faire tous revenir de la seule
légalité à la légitimité : aucun pouvoir n'a de prise sur les
événements et les consciences si sa légitimité n'est pas
reconnue. Cela ne se décrète ni ne s'écrit.
*
* *
Couriellé
à Alexis Kohler à 16 heures, le lundi 3 Décembre 2018 :
de
Gaulle et le peuple
Juillet 1789, Louis XVI : " Mais c'est une révolte ! " - " Non ! Sire. C'est une révolution ". Monsieur le Secrétaire général, le Président, dès son retour parmi nous, a constaté les faits - scandaleux et sans précédent - autour de la place Charles-de-Gaulle Etoile : l'Arc lui-même, l'avenue Kléber, pour le moins à Paris. Mais il n'a pas répondu sur le fond, il ne répond pas aux manifestants : les gilets jaunes qui sont ce qu'ils sont par procuration de presque tous les Français, maintenant les élèves et étudiants chargés à Thionville (ville calme et "bourgeoise" où j'ai failli être candidat en 1980) et à Hayange et qui font grève en Loire Atlantique. Effets : Donges, déjà un temps... Vous êtes plus informé que moi de ce qui bouge, se projette. Il est acquis, le pays le comprend, que le Président ne changera pas de cap ! Soit ! mais pour que réussissent et "prennent" les recettes, les réformes ... il faut que les Français y adhèrent. Donc, le décident plus clairement et positivement que lors de l'élection présidentielle, si circonstancielle. Donc :la dissolution. Elle est moins risquée qu'il n'y paraît. La majorité constituée avec tellement d'abstentions il y a dix-huit mois va en devenir adulte. Chacun des élus de la République en marche ne sera plus "robotisé" en tous votes à l'Assemblée ou pour "choisir" les instances dirigeant le mouvement, mais devra défendre lui-même et sur ses lieux-propres le bilan des dix-huit mois de gouvernement. Le Président lui-même s'engagera personnellement et à fond pour expliquer bien mieux ce qu'il fait, ce qu'il va faire, et surtout... surtout... ce à quoi cela nous mène. La dissolution au plus vite, la nouvelle assemblée élue en Janvier et au travail en Février. Les élections européennes n'ont de sens que si une forte initiative du Président de la République propose une novation de l'Union. Celle-ci, je la suggère depuis dix-huit mois. /La dissolution, comme en Novembre 1962 pour répondre à une motion de censure : l'actuelle est populaire. La dissolution, comme le 30 Mai 1968, qui sortit le pays - déjà d'un chaos - et le général de Gaulle s'engagea à fond. Et gagna. Ce fut le Premier ministre qui fit plus que le lui suggérer : Georges Pompidou. Et nous nous retrouverons dans la Cinquième République d'origine, donc en démocratie : tout scrutin national engageant le président de la République et pouvant - éventuellement - le sanctionner. Fin des automatismes, déterminant notre vie publique depuis 2002... De Gaulle : et que serait le président de la République, s'il vous plaît, s'il ne voyait grand dans cette grande affaire ? Faites, s'il vous plaît, le Président et vous. Sentiments déférents et d'espérance. * * *
Courriel adressé au secrétaire général de l’Elysée, soir du
jeudi 6 décembre 2018, à 18 heures 05
Je
dissous aujourd’hui l’Assemblée nationale
Cher Monsieur le
Secrétaire général,
permettez-moi d'insister
: la dissolution. Une décision de tous les Français en connaissance
de cause : ces dix-huit mois en fond et en forme, ainsi que la
manière par le Président d'exercer le pouvoir. C'est ce que
lui-même sent bien : nous ne détricoterons pas ce que nous avons
fait pendant ces dix-huit mois.
Communication...
1° le maintien de
l'ordre et la sécurité des personnes comme des biens est la
responsabilité de l'Etat, du gouvernement. Une responsabilité qui
ne se délègue pas aux fauteurs de troubles, aux casseurs, ni
surtout à ceux qui manifestent, dans la certitude qu'ils ne sont pas
écoutés autrement
2° l'Etat et le
gouvernement n'ont à afficher ni peur ni satisfaction : ils font
leur devoir
3° évoquer une prime
(de risque ?) pour les fonctionnaires du maintien de l'ordre samedi,
serait les traiter en mercenaires et non en citoyens des plus
exemplaires
4° le Président de son
élection à son retour dimanche de Buenos-Aires avait habitué les
Français à une communication très fréquente et directe. Depuis
dimanche, sont distillées des phrases ou des indications attribuées
au Président et dont sont attributaires tel média ou tel organe de
presse, comme si le Président redoutait maintenant la "scène",
les projecteurs, le regard
5° quand le Premier
ministre mardi a annoncé ce que le gouvernement lâchait en lest, la
rumeur a été dite que le Président aurait voulu davantage : donner
le moindre sentiment d'une divergence, en ce moment, serait
catastrophique. Il sera temps pour l'Histoire et après le dénouement
quel qu'il soit, de les dire ou commenter
L'épreuve...
le Président a su
discerner le champ libre de l'élection présidentielle. Il n'a pas
su dire (encore) aux Françaises et aux Français les perspectives
qu'ouvraient les réformes de ces dix-huit mois ni celles à venir
immédiatement, et de tous ordres. Il a su rendre désert le champ
politique français en fascinant les médias et commentateurs, ses
soutiens sans s'interroger si ce serait ou bénéfique à terme. Il
est maintenant - seul - en question devant l'opinion publique
française et devant l'étranger. Le vrai savoir-faire politique :
dénouer une crise et en faire un rebond, est maintenant à
démontrer.
Il y a plus de points
communs que de différences entre les "événements de Mai"
et ceux que nous vivons à présent. Et il y a l'exemple - la
jurisprudence du général de Gaulle. En pièce jointe, son discours
du 30 Mai 1968 : abattu de tristesse depuis trois semaines, "mon"
grand homme vaincu, je suis allé place de la Concorde, dès que
s'est achevé le discours radodiffusé improviste atour de 14 heures.
Je n'habitai pas loin. L'"amphi-corps" pour la sortie de ma
promotion de l'E.N.A. avait lieu le lendemain. J'ai choisi de
redoubler la dernière année, n'obtenant pas ce que je souhaitais.
Joie, bonheur, profondeur qui m'ont déterminé jusqu'à ce jour.
Scenario se répétant pour la non-dévaluation le 25 Novembre 1968.
Savez-vous ? qu'il est facile de faire comme de Gaulle : répondre à
ce que l'on ressent des Français.
Françaises, Français,
Étant le détenteur de la
légitimité nationale et républicaine j’ai envisagé depuis
vingt-quatre heures toutes les éventualités sans exception qui me
permettraient de la maintenir. J’ai pris mes résolutions. Dans les
circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du
peuple, je le remplirai. Je ne changerai pas le premier ministre ...
Je dissous aujourd’hui l’assemblée nationale... aux citoyens
l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et
de notre université et en même temps de dire s’ils me gardaient
leur confiance ou non par la seule voie acceptable, celle de la
démocratie...
N'ayez pas peur, ne
prêchez pas la peur, risquez une tout autre suite pour le mandat
décerné, trop circonstanciellement en Mai 2017.
Sentiments attentifs et
déférents. Surtout très reconnaissant que vous mettiez ce message
comme les trois précédents que je vous redonne, sous les yeux du
président de la République.
*
*
*
Courriel
au secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler – vendredi 7
décembre 2018 à 15 heures 24 : après-demain
et ensuite … ce sera trop tard
Cher Monsieur le
Secrétaire général,
tous ces derniers jours
ne sont donnés - par le gouvernement et indirectement selon des
propos dits par le Président - que des signaux de peur.
Il est maintenant indiqué
que le Président s'adressera aux Français au début de la semaine
prochaine, comme si ce qu'il doit nous dire dépend de " l'acte
IV ", c'est à dire de ce qui se sera passé demain.
Je souhaite que le
président de la République s'adresse à nous dès ce soir, quelques
minutes, à la de Gaulle - la référence vaut en méthode et en
succès. Pour simplement affirmer ce qui doit être : l'ordre est une
responsabilité de l'Etat, le Président est chef de l'Etat. La
responsabilité du maintien de l'ordre ne se délègue pas aux
manifestants, à leur sagesse, et encore moins aux "casseurs".
Cela affirmé clairement et en justifiant ainsi les moyens et les
précautions mis en oeuvre par l'Etat partout et par les
collectivités territoriales, le Président - sans rien aborder du
fonde des revendications et des réponses déjà données ou allant
être données, peut affirmer son voeu chaleureux et ardent de la
réconciliation entre Français et tous habitants de France,
spécialement entre les Français et leurs dirigeants, dont il est le
seul élu nationalement. Voeux de compréhension et écoûte
mutuelle, et pour la réalisation, il sait ce qui lui incombe et va
désormais tout faire pour incarner cette attente, y contribuer par
lui-même et très personnellement.
" Surtout quand les
temps sont difficiles et pressants, le pouvoir s'apprend et se
réapprend - je le comprend plus fortement maintenant que jamais
quand vous me souteniez bien davantage - et la paix, l'élan civils
se veulent et se structurent. Je dissous donc l'Assemblée nationale
pour que fond et forme soient librement discutés et exposés, à
l'épreuve et à l'expérience de ces dix-huit mois, et que
s'adoptent ou se réadoptent par nous tous nos ambitions et nos
moyens de les atteindre. A premier rang, notre jeunesse - je
n'en suis pas encore très éloigné, moi-même ... - doit elle
surtout contribuer à la décision, au débat pour que nos
perspectives ainsi choisies soient d'abord les leurs. Elle aura, pour
cette élection et toutes celles à venir, désormais le droit de
voter dès seize ans. Il était anormal qu'à seize ans on soit
pénalement responsable, mais pas politiquement.
Je suis à votre écoute,
à vote disposition. Les médias d'aujourd'hui nous permettent de
nous regarder mutuellement, d'échanger : continuons de ne pas nous
en priver ".
Voilà ce que pourra dire
le Président, d'ici quelques heures, ce soir. Et l'acte IV sera une
heureuse tombée du rideau.
Voeux et pensées, le
Président, vous-même qui en êtes si proche et voulez bien lui
communiquer cela.
*
* *
Courriel
à Alexis Kohler, dimanche 9 décembre 2018, 21 heures 54 :
d’ici demain soir
Monsieur le Secrétaire
général,
pouvez-vous donner ce
message au Président, aussi tôt que cela sera possible.
citation
Monsieur le Président de la
République,
les Français ne savent rien
de vous, malgré dix-huit mois d'images, de phrases, de décisions.
Ce qui a cristallisé avec les "gilets jaunes", mais aurait
pu l'être avec les agriculteurs et les élèves, mais le "tout
venant" des gilets est le plus éloquent, c'est la rencontre
avec vous, refusée de part et d'autre. L'impossible compréhension
entre vous et eux, alors que votre conception de l'exercice du
pouvoir en direct sur tous les sujets et avec tous, suppose cette
compréhension mutuelle (synonyme d'estime).
C'est cela qu'il faut
établir et qui s'est de plus en plus manqué depuis votre élection.
Solution pour la vie des
années à venir, et pour ce que vous allez donner de vous-même
demain soir. Ne consultez plus personne, pensez par vous-même, pas
en fonction de ce qui est commenté : recul, votre projet initial à
sauvegarder, que lâcher ? tout est hors sujet, c'est technique,
c'est politique, c'est crise avec des issues très pratiques, la
dissolution de l'Assemblée nationale, votre démission car bien
d'autres avenirs vous sont possibles. La question est psychologique.
Que commence quelque chose entre vous et les Français.
Faire ressentir aux
Français, nous faire ressentir qui vous êtes, ce que vous voulez
faire et vivre avec nous qui vous avons confié le pouvoir, et en ce
moment-ci de l'évolution mondiale, notre destin pour peut-être
longtemps, en conséquence de votre exercice du pouvoir, rien à voir
avec votre longévité politique. Faire ressentir ce que vous vivez,
comprenez de la France en tant que telle, oui : votre idée de la
France. Le bien commun, notre bien commun, notre ambition à tous, le
faire sentir vous-même.
Demain, ne lisez plus, ne
consultez plus, laissez-vous envahir par ce moment où il vous faut
nous rencontrer. La haine comme l'amour en politique, et il y a
beaucoup de haine envers vous, ces jours-ci, bâtit une réelle
intimité entre "ennemis". Que cette intimité devienne
positive. Le général de Gaulle : le début de ses mémoires, une
certaine idée de la France. Sa manière parfois d'une halte en
silence, sans audiences, sans papier, immobile à sa table, le bureau
devenant obscur avec la nuit venant à l'Elysée.
Dites et écrivez brièvement
ce qui vous viendra. L'envie, l'ambition d'être et de faire avec
nous. En conclusion accessoire, laissez au Premier ministre l'annonce
détaillée de mesures immédiates qui alourdirait votre moment avec
nous, mais que vous lui aurez demandé de prendre, ce qui est et
devrait être le processus de vous à lui. L'âme, demain soir.
L'exécution ensuite, toutes délibérations à quelques niveaux que
ce soient ou dans quelques formes que ce soient, ne sera possible que
si - demain soir - enfin nous commençons de vous connaître et
comprendre. En bien, en humain.
fin de citation
Chaleureuses pensées à
vous, cher Monsieur le Secrétaire général, et voeux pour le
Président. Organisez sa paix, sa solitude demain : ce seront son
inspiration.
*
* *
Couriellé
à l’Elysée - lundi 10 décembre 2018, à 08 heures 35 : pour
ce soir - la politique est affaire de sentiment
Cher Monsieur le
Secrétaire général,
ce qui suit pour le
Président si vous voulez bien le lui donner. Merci. sentiments et
voeux chaleureux. L'essentiel, est cette immersion en lui-même du
Président d'ici ce soir
citation -
Monsieur le Président de la
République,
vous et les Français, vous
devez retrouver votre liberté, nous devons nous retrouver. Ce n'est
ni fidélité à un programme, le vôtre, ni fidélité aux
revendications ponctuelles qui sont connues et exprimées, nous le
savons, ni fidélité aux intérêts, ils sont criants et pas
toujours bien placés. Fidélité à nous-mêmes et à ce que nous
sommes dans le fond, qui fait que tant d'hommes et de femmes ces
années-ci ou à toutes époques, choisissent la France non pour une
carrière ni pour de l'argent ni - pas principalement - pour la
sécurité ou le mieux vivre, mais par dilection pour la personne
morale si existante : la France dont nous avons hérité et que nous
faisons.
Que l'on apprécie ou pas
votre manière depuis dix-huit mois,vos décisions et changements par
la contrainte la plus subtile, une sorte de désarmement des
volontés et une disparition des "corps intermédiaires",
vous êtes - vous seul et par l'onction de votre élection, même si
elle a été circonstancielle, presque par défaut - vous êtes le
seul, tel que vous êtes placé dans les institutions et dans le
moment - à pouvoir rétablir unisson et communion. C'est bien
davantage que des " mesures concrètes... au plus près du
terrain ". Il s'agit d'une nouvelle dialectique psychologique,
chacun, à commencer par vous-même, ré-aimant et apprenant la
démocratie, la confiance dans la lucidité de chacun, encore plus
que que dans la seule sincérité de l'expression des besoins.
Je n'ai aucun mot, aucune
recette à vous suggérer. Comme je me suis permis de vous l'écrire
hier soir, c'est de répondre à une attente générale, faite
d'attentes disparates et contradictoires selon les situations, les
parcours, les intérêts, les groupements et associations de chacun :
sexe, classe d'âge, etc. et c'est à vous de lier ces attentes
disparates en une attente générale. Un appel de vous qui sera
la réponse à une attente. En ce sens, e au fond de lui-même,
chacun souhaite et attend que vous réussissiez ce soir. Si vous
manquez, nous entrons ans l'inconnu et la longueur, l'amplitude d'une
crise dont nous savons peu car elle est mentale, car elle est
défiance.
J'ajoute que si vous
réussissez, vous donnez aux autres démocraties un signal : chacune
est malade parce qu'elle n'est plus aimée en tant que telle, quelle
que soit la diversité et la qualité ou les défauts de gouvernance
de nos homologues. Le danger planétaire est là. Il est probant que
l'Arc de Triomphe ait été profané. Nous savons que nous avons à
nous reprendre. La suite et le reste sera gestion, le Premier
ministre en a la capacité, un gouvernement d'une dizaine de membres
et d'union nationale offert à tous les partis et mouvements, mêmes
dits extrêmes ou excessifs. La dissolution, un peu plus tard, selon
ce qui aura été obtenu par cette union. L'élection au Parlement
européen, seulement d'objet européen, et que ce Parlement soit
constituant.
J'espère. Hier soir, nos
télévisions. Le dialogue Anny Duperey / Cohn-Bendit, la
capacité d'Alain Duhamel pour caractérise notre moment et vos
tâches du fait de l'âge (qui voisine le mien) et donc d'un
demi-siècle d'observation vécue de nos personnages et paysages
politiques. Ce qui a suscité en moi ce réflexe : nous n'avons
nationalement pas le choix, il faut que vous réussissiez. Pas en
programme, mais en personnalité.
Mektoub, comme l'on dit en
arabe.
Si ! une annonce choc,
disant la confiance en notre avenir, notre jeunesse : abaisser à
seize ans la majorité électorale.
fin de citation.
Je sais, Monsieur le
Secrétaire général, que - bien davantage que mes lettres et
précédents messages pour le Président par votre aimable truchement
- ce que je vous ai confié hier et vous confie maintenant, est
inusuel de ton et de fond. C'est pourtant ce registre de l'affectif
et du transversal, oui : du transcendant en politique, qu'il faut
rouvrir. Maurice Couve de Murville me disait que la politique est
affaire de sentiment, tout simplement parce qu'il s'agit d'humain et
non de choses.
*
* *
Couriellé à l’Elysée, lundi 17 décembre 2018 à 06 heures 51 : sincérité Cher Monsieur le Secrétaire général, un gage décisif de sincérité sera donné - après les promesses d'ajustements fiscaux et autres pour le niveau de vie - en retirant tout projet de loi de révision constitutionnelle ainsi que de lois organiques touchant l'organisation des pouvoirs publics, en sorte que "le grand débat national" soit - entre autres le début d'une vraie compréhension par nous tous de la Cinquième République (telle que voulue et pratiquée par le général de Gaulle) et donc d'une nouvelle adoption par les Français de leur Constitution, rendue à elle-même. Ce retrait signifiera que ce sont les Français qui vont avoir, sur le fond et dans la forme, l'initiative de la prochaine révision. Celle-ci à l'évidence de toutes les réclamations - notamment des gilets jaunes à qui nous devons la reconnaissance qu'une question sociale ne se tranche que par la politique - aura pour pièce maîtresse l'initiative populaire (nous disons maintenant : citoyenne) du referendum. Son inscription dans la révision de 2008 a été mensongère : aucun texte d'application, et surtout esquive possible par une auto-saisine du Parlement. Le vote blanc et donc un quorum de participation pour que tout scrutin dans toute instance publique soit valable, est du même tonneau. Ce qui se vit maintenant est un retour à beaucoup de vérités. Le jeu de masques depuis des années - accentué par la manière d'exercer le pouvoir depuis le printemps de 2017 - aura été la responsabilité de tous, pas seulement des acteurs politiques, mais des médias, des commentateurs et des "corps intermédiaires" encadrant de fait une tolérance populaire qui n'a pas de précédent chez nous. Ce retour la vérité s'il est, de coeur et d'esprit, totalement assumé et garanti par le Président de la République, donnera à M. Emmanuel Macron une stature et une place dans notre Histoire qu'il avait cherchées autrement et par un chemin qui s'est avéré une dangereuse impasse. Viendra ensuite la nécessaire cause européenne qui attend d'urgence notre initiative. Je me permets par un prochain courrier postal de vous confier une lettre pour le Président, et vous remercie par avance pour votre amical truchement. Chaleureusement. N B D'un ami d'enfance, je viens de recevoir ceci :
Le 15/12/2018 à 17:38, Jean-Claude … a écrit :
Un homme providentiel : non seulement une utopie mais une illusion. davantage même : un mensonge.
Toute la tradition juive (dont nous sommes les hôtes, ne l'oublions pas) nous enseigne le refus des idoles. Jésus, lui-même, s'est présenté comme celui-là qui s'efface, laissant vide la place du pouvoir qu'il aurait pu prendre (cf. Ph 2, 7, et aussi les récits de la Nativité et de La Croix).
Il est urgent de dire à tous qu'il n'y a personne à attendre comme le messie..., sinon certains mettront, à la place qui devrait rester vide (occupée cependant certes pour la nécessité de gouverner, mais occupée d'une manière telle qu'elle est libre de toute idolâtrie), des non-serviteurs qui nous conduiront vers des terres sans droits de l'homme et sans liberté, sans égalité ni fraternité. Le règne de l'idole en place du service.
La seule légitimité de celui qui gouverne, qui qu'il soit, c'est de rendre possible au plus faible de vivre dans la dignité humaine. Si cela était réalisé nous aurions à la tête des pays des serviteurs, ne cherchant rien d'autre que la vie pour tous dans la justice. "Justice et paix s'embrasse", dit magnifiquement le psaume, et même un gouvernement mondial deviendrait possible. (Je rêve et ne suis pas raisonnable, bien sûr je sais...).
Notre démocratie (dont l'origine est l'Evangile et non pas la cité grecque, comme on le dit sans trop réfléchir...) nous enseigne le service, c'est-à-dire la place laissée aux plus pauvres, comme centre et coeur du monde commun.
Comment pouvons-nous imaginer un seul instant une société vivant dans la liberté et la justice si nous ne consentons pas, enfin !, à donner leur place à ceux qui ne sont pas habilités à penser ni à construire l'avenir et le présent ?
Le père Joseph Wresinski écrivait que "les instruits finissent toujours pas penser à a Pace des autres" !
Amicalement.
Jean-Claude
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