jeudi 10 août 2017

couriellé à l'Elysée - sens du referendum, de ses questions et du recel de démocratie



Voici, cher Philippe, une appréciation de ce referendum mauritanien : nouveau "coup", comme celui que nous avons combattu en 2008.

Mohamed Ould Abdel Aziz reçu le 14 Avril par François Hollande, puis à la droite du Président, au sommet sahélien de Bamako, leurs deux profils : photo. très circulé en Afrique et en Mauritanie.

Chaleureusement. 

PJ une appréciation d'une jeune Mauritanienne sur le sens de ce referendum : les questions et le contenu

mardi 8 à 18 heures 37
Bonjour,

Excusez le retard de mes réponses. Mais je suis plus souvent à l'intérieur du pays où la connexion est très faible. Le communiqué non traduits que vous recevez, proviennent du parti Convergence Démocratique Nationale, la seule formation du FNDU à avoir participé au référendum putschiste de MOAA. Ils dénoncent les pratiques illicites du pouvoir(temps d'antenne sur les médias publics insignifiant(1mn contre 100mn pour le oui), interdiction de faire campagne pour le "Non", expulsion des représentants du parti dans les bureaux de vote, etc. J'ai demandé au président de  ce parti de traduire, même en résumé, ses griefs et s'il le fait je vous les communiquerai, In Cha Allah.

Mes deux adresses marchent, mais la connexion est faible. Je vous réponds aujourd'hui de Nouakchott, où je suis pour 24h... J'espère qu'au retour à ...  je trouverai que la connexion s'est améliorée.

Je suis ulcéré par ce qui vient de se passer et je trouve que le rencontre de MOAA avec Macron, récemment à Bamako, l'a encouragé à franchir toutes les lignes rouges vers le maintien de la démocrature.
Fraternel,
 

mercredi 9 à 16 heures 39

Voici ce que j'ai écrit, le 6 août courant

"Aujourd’hui, la Mauritanie se réveille encore plus meurtrie et encore plus incertaine sur son avenir.

Elle se réveille toujours aux mains d’un pouvoir militaire dont il est fort symbolique que ce jour, 6 août 2017, soit le neuvième anniversaire du coup d’État abject contre le premier président de la République, dans l’histoire de la Mauritanie, à être élu au deuxième tour d’un scrutin démocratique et transparent.

Elle se réveille avec deux constitutions, deux drapeaux, deux passés, seize gouvernements régionaux(ou peut-être plus) et une seule perspective : l’inconnu.
Elle se réveille toujours aux mains de ceux qui ont publiquement clamé que le Constitution n’est qu’un papier, que le drapeau n’est qu’un bout de tissu et que l’hymne national n’a rien de tel ; ceux qui ont toujours soutenu que notre pays reste encore à naître, que son histoire (pourtant récente et presque toute écrite) était à réécrire et qu’il leur appartient à eux, et eux seuls(!), de le faire.

Ce discours n’est pas le leur ; eux n’ont pas de discours et la campagne électorale qu’ils viennent de mener l’a amplement prouvé. C’est le discours d’autres, déjà morts ou encore en vie, qui n’ont jamais accepté que l’indépendance de la Mauritanie se fasse sans eux et parfois contre eux et que l’honneur d’avoir fondé un état sur un territoire de sable et de vent leur ait échappé. C’est le discours de ceux qui ont toujours confondu, par égoïsme et par atrophie du sentiment patriotique –n’ayons plus de scrupule pour le dire ouvertement – la Mauritanie avec les pouvoirs qui la gouvernent.

Notre pays se réveille, donc, sur un nouvel épisode du régime de la démocrature, décidé par une minorité d’une partie de ses électeurs potentiels (l’inscription sur la liste électorale a été une arme aux mains du pouvoir pour exclure davantage son opposition) ; le taux de participation (le vrai, pas celui que proclamera la honteuse CENI après établissement des procès-verbaux en l’absence des représentants du seul parti d’opposition qui a participé au vote, lesquels n’ont jamais été là ou ont été chassés) ne dépasserait guère 30% dans les grandes villes. Dans les campagnes, les urnes appartiennent aux chefs de tribus et potentats locaux (revigorés à l’occasion de ce vote) ; ils en ont fait leur gage d’allégeance au gouvernant et ils y ont mis ce qu’ils veulent, c’est-à-dire des 100% et plus.
Moins de trois mauritaniens sur dix voient leur volonté s’imposer, par celle de l’homme qui tient le pouvoir par la force des armes, aux sept autres…Démocraturement.
Plus grave encore, les sept mauritaniens sur dix qui rejettent ce référendum anticonstitutionnel n’ont même pas eu droit de faire campagne, comme la minorité qui en a décidé des résultats, ni de se faire représenter dans les bureaux de vote !
C’est une honte et ce sera sans doute un désastre.

Les forces armées nationales et de sécurité au nom desquelles le pouvoir a été pris en 1978 et jamais véritablement restitué aux civiles, les notables, hommes politiques et personnalités religieuses qui perpétuent la détestable politique d’allégeance à quiconque s’empare de la présidence fût-ce par forfaiture, les cadres et intellectuels qui ne réfléchissent plus qu’avec leur ventre et leur poche assument, seuls, la responsabilité de ce qui adviendra.
J’espère seulement que la communauté nationale et internationale n’acceptera pas que passe cette usurpation de la volonté du peuple mauritanien ; que soit légalisé ce nouveau coup d’État militaire en Mauritanie."
Fraternel,

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