Cher Philippe,
brièvement.
1° Europe. Un choc pour
la novation, la visibilité pour les citoyens européens
et pour le monde, le préalable à une refondation.
L'élection au suffrage direct du président de l'Union
européenne par tous les ressortissants européens (y
compris par les Britanniques, qui ne nous ont pas
encore quittés) en circonscription unique. Le
gouvernant qui directement fera appel aux opinions
publiques plus encore qu'à ses pairs, entrera vraiment
dans l'Histoire comme Schuman, de Gaulle et Adenauer
pour l'Europe et le Vieux Monde. En sus, nous
changeons la campagne électorale allemande. Dès
l'automne de 2006, ce fut une proposition du SPD en
congrès à Leipzig et nous mettons cela au suffrage de
notre grand partenaire : Angela Merkel y trouve une
ouverture. - Le premier à exercer la fonction sans
qu'on ait achevé la rédaction d'une nouvelle Loi
fondamentale (plaisir aux Allemands, et mieux que
Constitution) est tout trouvé tant il symbolise à peu
près tout : Lech Walesa. Vous-même et le Président,
avez-vous lu son entretien avec Ouest-France ?
joint.
2°
Mauritanie. Referendum
constitutionnel aujourd'hui.
Deux questions : a) le drapeau vert
à étoile et croissant d'or, s'ensanglante du
martyre de la résistance à notre pénétration (déjà le
nom choisi pour l'aéroport international de
Nouakchott. Un combat en 1932 - Moutounsi, rapport
politique 1932, extrait joint - au cours duquel est
tombé un officier français. La réalité est que le sang
a coulé en répression du hammalisme un peu plus tard :
question religieuse qui a viré à du nationalisme, et a
surtout fait rattacher à la Mauritanie l'ouest
soudanais : le Hodh). La réalité est que le sang qui a
coulé est surtout de responsabilité des dictatures
militaires de 1987 à 1991 : purges de l'armée
anti-toucouleurs, mouroir d'une élite intellectuelle
de même ethnie à Oualata (Hodh), drames
inter-ethniques non immédiatement empêchés par les
militaires au printemps de 1989 : massacres de Maures
au Sénégal et de gens du sud le long du Fleuve, rive
mauritanienne, en Mauritanie. dernière manifestationde
solidarité des harratines (noirs affranchis et
culturellement arabisés) avec les Maures (tout le
problème du comptage des différentes ethnies composant
la nation mauritanienne qu'avait si bien su contenir
et maintenir ensemble le fondateur Moktar Ould Daddah.
b) suppression du Sénat opposant, apparition
flatteuse d'une instance juridictionnelle
mi-religieuse mi-amiable, rétablissement des conseils
régionaux de l'époque fondatrice.
La réalité est que Mohamed Ould Abdel
Aziz, ayant interrompu la première expérience
démocratique mauritanienne par un putsch contre lequel
vous, JMC et moi avons lutté tout l'automne de 2008
tandis que le président régnant avait été retourné par
CLaude Guéant, acheté un million d'euros en espèces...
veut un troisième puis un énième mandat
présidentiel tandis que le pays ne fonctionne plus
que pour son enrichissement personnel (repérage
de deux appartements bien situés dans Paris, et
comptes un peu partout) et celui des siens. Nonobstant
son serment constitutionnel à la suite d'une première
élection contestable en fondement et en pratique,
nonobstant encore son engagement auprès de François
Hollande en Avril dernier. Le Sénat s'opposant à ces
énièmes mandats et dénonçant les malversations est
donc supprimé, l'Assemblée nationale est docile
puisque les élections sont contestables depuis dix ans
(même en ouverture de la période démocratique de
2007-2008 : le président Sidi Mohamed Ould Cheikh
Abdallahi, les élections parlementaires avaient
précédé l'élection présidentielle et autorisé des
candidatures indépendantes des partis traditionnels,
tous fondés ou assemblés contre la dictature
précédente, et ces candidatures indépendantes avaient
été soutenues ou suscitées par lajunte d'alors qui
avait renversé en Août 2005, le long régime du colonel
Maaouyia Ould Sid'Ahmed Taya, l'un des participants au
premier de tous les coups militaires en Mauritanie,
celui de 1978, ayant renversé l'admirable Moktar Ould
Daddah).
Pour nous, la question est simple. La
sécurité à la frontière sud de l'Europe peut-elle se
garantir durablement par nous sans solidarité ni
participation de nos partenaires de l'Union
européenne, faute que nous soyons crédibles à leurs
yeux tant les relations franco-africaines nourrissent
la corruption de part et d'autre ? et nous-même nous
appuyant sur des régimes dictatoriaux qui découragent
et empêchent les élites nationales locales ? Le cas
mauritanien est d'école, car la dictature de
Mohamed Ould Abdel Aziz n'aurait pu s'établir sans
notre caution en Afrique et en Europe (les
procédures du traité de Cotonou).
Le Président, selon son dialogue du 18
Avril dernier avec Bourdin, avait défini notre
attitude envers les dictatures (Russie, Chine, Turquie
sans les énumérer mais en les visant d'évidence, et
l'Afrique) comme une aide et un relationnement ouverts
et privilégiés avec les démocrates de ces pays-là, à
l'intérieur comme avec l'extérieur : la liberté
rongeant l'arbitraire. Attitude dont l'expression et
l'anticipation m'avaient, dès l'instant, "retourné" en
sa faveur. C'était quatre jours après que François
Hollande ait conforté, mais sous condition, Mohamed
Ould Abdel Aziz (pas de troisième mandat).
Il y a donc à réfléchir et à agir. La
Mauritanie est notre cas d'école. Le changement du
drapeau est une démagogie falsifiant totalement
l'Histoire franco-mauritanienne : passe encore. Aller
vers un troisième mandat pour le général Mohamed Ould
Abdel Aziz ne doit pas être accepté par la "communauté
internationale" (naguère on disait mieux : la
conscience universelle), donc par nous.
Par prochain courriel, sauf incidents
mauritaniens ces heures-ci (les opposants siègent en
permanence au Sénat et à l'Asemblée, cernés par la
troupe), ma lecture du discours de Versailles.
Pensées très chaleureuses.
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