Initiative pour la Résurgence du Mouvement
Abolitionniste (IRA-Mauritanie)
Depuis la prison de Zouerate, les détenus
d'IRA s'adressent à l'opinion nationale et internationale
Encore une fois et au moment où les
Mauritaniens de façon générale et plus particulièrement les H'ratin, les
Pulaar, les Wolof et les Soninké vivent une situation d'une rare complexité
tant au niveau des droits de l’homme qu'aux niveaux : politique, social et
économique, le régime raciste et
esclavagiste du dictateur Ould Abdel Aziz s'évertue à afficher son mépris pour
les défenseurs de droits humains en général et des abolitionnistes en
particulier. Ce mépris ostentatoire se
traduit par l'instrumentalisation méthodique et assumée de la part de ce régime
de ce qui reste des autorités
judiciaires du pays. La preuve de cette instrumentation, si besoin en était,
est notre présence injustifiée et absurde derrière les barreaux des geôles des
esclavagistes sans raisons autres que nos
idées, nos principes et la ferme intention de les défendre et de les exprimer.
Parce que nous avons défendu nos principes,
nous avons été torturés, inhumainement traités et jetés dans les cachots des
commissariats de police. Ces tortures et traitements dégradants furent exécutés
sous la houlette du Directeur de la sûreté en personne, Mohamed Ould Meguete,
triste sir aux mains encore rouges du sang des Noirs répandu lors des années de
braises, 89-91.
Parce que nous avons exprimé nos opinions,
nous avons été humiliés, réprimés puis condamnés, par une cour à la solde de
l'Exécutif, à des peines fantaisistes et qu'aucun magistrat ayant la moindre
once de conscience professionnelle n'aurait accepté d'entériner. Ces verdicts
de la honte furent téléguidés par le ministre de la justice en personne, Brahim Ould Daddah.
Quant à la mise au pas de la Justice par le
tigre en papier qu'est Ould Abdel Aziz, elle s'est manifestée à maintes reprises
dont la plus flagrante est l'ordre intimé à la Haute Cour de Justice de
dessaisir la Cour d'Appel de Nouakchott, qui est notre juridiction naturelle et
territorialement compétente dans notre cas,
de notre dossier pour le confier à celle de Nouadhibou, située à 400
kilomètres du lieu des faits qui nous sont reprochés. Une telle décision prouve
l'absence de toute indépendance de la Justice dans notre pays.
Nous avons été transférés de la tristement
célèbre prison de Dar Ennaiim vers la pas moins sinistre maison d'arrêt de
Zouerate dans des conditions d'une rare cruauté. Entravés par de lourdes
chaînes de fer, le transfèrement vers
Zouerate, située à 700 Km au nord de Nouakchott, dura plus de vingt
heures d'horloge entrecoupées de séances de torture, d'humiliation et de
mauvais traitements de la part de nos convoyeurs aux ordres de leurs supérieurs.
Nous fûmes transportés tels du bétail ou des bandits de grands chemins ou des
terroristes aux moments où notre combat, celui de notre organisation et de nos
militants était célébrés du haut des plus prestigieuses tribunes tant au niveau
national qu'international. Mais telle est et demeurera notre volonté, celle de
continuer et d'amplifier le combat de notre glorieuse organisation en dépit des
multiples pressions morales et physiques et
malgré les tentatives répétées de corruption.
Nous, prisonniers de l'Initiative pour la
Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), tenons à porter à la connaissance
de l'opinion nationale et internationale notre position par rapport au prochain
jugement que s'apprêtent à organiser nos geôliers, position qui se résume comme
suit:
1- en direction du régime raciste et
esclavagiste, nous affirmons, du fin fond des lugubres cellules d'isolement de
la prison de Zouerate, que notre moral n'a fait que se raffermir et notre
volonté que grandir de continuer notre combat aussi bien à l'intérieur qu'à
l'extérieur des prisons;
2- informons les porteurs de képis et de
rangers et plus particulièrement leur général en chef, que nous n'avons aucune confiance en leur
justice et n'en attendons rien de bon vu comment nous fûmes empêchés de nous
défendre en première instance. Cependant nous exploiterons la tribune que nous
offrirait le jugement en appel pour dénoncer les accusations mensongères portées
contre nous et pour crier notre innocence en direction de l'opinion nationale
et internationale;
3- En direction du Dictateur en chef qui, paraît-il, se
demandait "qui sont les H'ratin?",
nous disons que nous sommes les descendants de H'ratin et que ses verdicts ne
nous font nullement peur et ne nous détourneront jamais de nos nobles
objectifs. Alors à vous de choisir... vingt, vingt-et-cinq ans ou même la
perpétuité ou encore la peine capitale.
4- A l'ensemble des Iraouis, militants et
dirigeants, nous disons "merci".
Merci pour les combats menés, les actions ciblées. A tous nous renouvelons
notre serments de poursuivre la lutte quel qu'en soit le prix et quels qu'en
seront les sacrifices. Aux organisations de la société civiles et partis
politiques qui nous soutiennent nous disons "merci" et "continuons
ensemble la lutte pour hâter l'avènement de l'aube de cette longue nuit peuplée
de ténèbres et de dangers". La victoire ou le sacrifice, telle est
notre décision et Allah disposera.
Les
prisonniers d'IRA signataires:
- Amadou Tidjani DIOP
- Hamady LEHBOUSS
-
Balla TRAORE
-
Ahmed Hamer FALL
-
Ousman LO
-
Mohamed JAR ALLAH
-
Mohamed DATI
-
Khatry ERRAHEL
-
Ousman ANNE
-
Moussa BIRAM
- Abdallahi Salek MATALA
- Abdellahi Abou DIOP
- Jemal Samba B'LEIL
Traduction :Dr Mohamed Baba Said
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