jeudi 24 février 2011

journal de maintenant - jeudi 24 février 2011

Sur Taqadoumy, deux textes magnifiques - prélude ?

Le premier d'Abou Nawass, que je ne connais pas :

Je marcherai, un jour, pour me prouver à moi que je pourrai m’efforcer à mettre un pied devant l’autre.
Je marcherai les pieds nus sur l’asphalte chaud d’une capitale née du néant, par la volonté des hommes, née d’un carrefour de vents et de sueurs.
Je sentirai le feu, je supporterai la douleur des ouvriers anonymes, fantômes, qui ont transpiré, souris pour une blague inerte.
Je marcherai sur le sable brulant d’une dune accroupie sous le poids du temps, sur les cicatrices laissée par les larmes d’une jeune fille, qui n’arrive plus à voir clairement un lever de soleil, qui ne comprend pas la couleur rose d’une lune d’été.
Je marcherai, pour tenir compagnie à un enfant sur une charrette d’eau qui n’a jamais connu une PSP, qui ne comprends plus pourquoi les enfants ne sont plus les mêmes.
Je marcherai, pour arracher une tourne vis du même enfant qui ne connaît pas la route de l’école.
Je marcherai, pour essayer de répondre à la question du mendiant qui veut savoir pourquoi l’or ne devient pas farine, viande, ou simplement une étoffe pour l’abriter du soleil.
Je marcherai, pour essuyer les larmes de la prostituée du coin, qui après avoir offert une tranche de vie à un soldat fatigué, avait oublié comment elle a tombé dans le tourbillon de la vapeur d’une vie sans début ni fin.
Je marcherai, pour dire aux hommes comme Gbagbo, que si le peuple dit non par les urnes, il pourra le dire aussi par le bruit des pas..
Je marcherai, pour que l’uniforme sacrée de mes soldats qui sillonnent le désert, qui se privent de la tendresse de leurs femmes et de le bouillonnement des enfants, pour me permettre de dormir, ne soient plus souillés par des généraux « sauveurs ».
Je marcherai, pour noyer ma tristesse de ne pouvoir acheter l’ordonnance d’un médecin nonchalant, dans la poussière d’un harmattan précoce d’un 25 février.
Je marcherai pour entendre un Saidou Kane taquiner un cousin, en Hassaniya, pour que celui-ci lui réponde en pulaar.
Je marcherai pour que le Président que j’aurai choisi, n’ait plus peur d’être renversé pour avoir pris une décision.
Je marcherai, pour que je ne sois plus représenté par un perroquet automate dans un parlement de somnolant.
Je marcherai, pour faire comprendre aux autres que je suis à la tête de la hiérarchie, que je suis le CITOYEN….
Je marcherai seul, peut être, d’autres pourront se joindre à moi, par pitié, par curiosité, ou par compassion.
Je marcherai comme un funambule
Comme un somnambule
Comme une boule
De neige.
Je marcherai……


le second de Deyloule, ou cité par lui ? je le lui demande :

« Ô toi Bouazizi, martyr de l’injustice,
Ton nom est désormais bien gravé dans nos cœurs !
Ton geste a soulevé le flux de nos rancœurs !
En ton nom nous irons leur demander justice !
Le tyran est parti sans nous laisser d’adresse !
Dans les rues de Tunis que de mères en pleurs !
Le peuple qui gémit de leurs cris de détresse,
S’est mis en rangs serrés qui ont pris de l’ampleur !
Pour toi Bouazizi, martyr de l’injustice,
Le pouvoir, aux abois, entend sonner le glas
D’une agonie sûre sans espoir d’armistice !
Pour toi Bouazizi, nous marcherons au pas !
À tous les oubliés, les damnés de la terre,
Tu as donné l’espoir de briser tous les fers.
Ton nom a traversé les déserts et les mers,
Et pour tous les tyrans gronde comme un tonnerre !... »

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