jeudi 8 mai 2008

textes Moktar - ouverture du congrès d'Aleg - 2 mai 1958

Ce discours, choisi par les congressistes comme document de base pour leurs débats - qui furent intenses - consacre les options du discours prononcé par Moktar Ould Daddah lors de son investiture par l''Assemblée territoriale un an auparavant. Unité politique intérieure malgré les dissidences et les traditions, personnalité mauritanienne malgré les prétentions marocaines, vocation à l'indépendance malgré le chef régnant du Territoire et malgré les incertitudes françaises.
Le jeune vice-président du conseil de gouvernement (organisé selon la loi métropolitaine, dite Loi-cadre ou loi Defferre) reçoit ainsi une légitimité nationale que n'avait pu lui donner le seul choix de quelques élites et de l'administration coloniale. Il la reçoit dans les circonstances les plus difficiles pour le pays et pour un avenir dont aucun paramètre n'est alors connu, et encore moins maîtrisable.
DISCOURS PRONONCE PAR MAITRE MOKTAR OULD DADDAH
VICE-PRESIDENT DU CONSEIL DE GOUVERNEMENT DE MAURITANIE
A L’OUVERTURE DU CONGRES D’ALEG LE 2 MAI 1958



Mes chers amis,

Laissez-moi tout d’abord vous souhaiter à tous la bienvenue à Aleg où s’ouvre aujourd’hui le Congrès annoncé depuis plusieurs mois et que le calendrier politique chargé du Conseil de Gouvernement et de l’Assemblée territoriale puis la période du Ramadan ont retardé jusqu’à ce début du mois de Mai, saison dont la température est certes peu propice aux déplacements et réunions. Je tiens donc à vous remercier tout particulièrement d’avoir répondu à notre appel et d’être venus si nombreux symboliser l’attachement profond que tous les habitants de ce pays, sans distinctions ethniques, sociales ou politiques portent à l’avenir de la Patrie Mauritanienne naissante.

Hommes de Gouvernement, Conseillers Territoriaux, Chefs traditionnels et religieux, fonctionnaires, cultivateurs, éleveurs, commerçants, représentants de la jeune élite intellectuelle, nous voici donc tous réunis pour que, de la confrontation de nos idéaux et face aux dangers qui menacent le Territoire, surgisse l’Union Sacrée des libres citoyens de la Mauritanie.

Ai-je besoin de rappeler aujourd’hui que le rassemblement de toutes les énergies mauritaniennes a été le constant souci du premier Conseil de Gouvernement du Territoire – Bien que les élections du 31 Mars 1957 aient eu pour résultat d’écarter totalement de l’Assemblée Territoriale l’un des deux partis en présence, j’ai jugé indispensable d’assurer la représentation de l’ancienne opposition au sein du Conseil de Gouvernement. Si les défaillances individuelles que vous connaissez ont réduit par la suite cette représentation de trois à une unité, je demeure cependant persuadé que l’union de tous les patriotes mauritaniens est plus que jamais nécessaire.

C’est ce qu’ont parfaitement compris nos compatriotes de l’Entente dont les délégations nombreuses et représentatives se mêlent ici à celles de l’U.P.M. – Conformément aux souhaits du Gouvernement et aux désirs du pays tout entier, a été créé un comité de fusion U.P.M. – Entente chargé de préparer le Congrès qui s’ouvre aujourd’hui.

Dans le même temps étaient lancés des appels à la jeunesse afin qu’elle vienne heureusement compléter par son dynamisme l’expérience des générations précédentes.

Enfin par delà les frontières naturelles de la Mauritanie, j’adressais d’Atar, le 1er Juillet dernier, un appel à tous nos frères maures de l’extérieur. Vous savez que cet appel a été entendu puisque tout dernièrement 4.000 Regueibats sont venus déclarer solennellement à Fort-Gouraud et Fort-Trinquet qu’ils se rangeaient sans réserve derrière le Gouvernement de Mauritanie.

Notre réunion d’aujourd’hui constitue donc l’aboutissement logique de la politique menée depuis bientôt un an par le Conseil de Gouvernement en complet accord avec l’Assemblée Territoriale, elle-même interprète des aspirations populaires – Cependant, à toutes les considérations qui précèdent et furent à l’origine de la convocation du présent Congrès est venue s’ajouter récemment une raison infiniment plus importante. A la suite des revendications marocaines sur notre Territoire, l’union est en effet devenue une question de vie ou de mort pour la Mauritanie – C’est donc avant tout en fonction des convoitises de notre voisin et en pleine conscience du grand péril qui nous menace tous, que nous devons aujourd’hui prendre nos décisions.

Je rappellerai brièvement l’évolution récente de la position du Maroc à l’égard de la Mauritanie – A la suite des évènements d’Atar du début de l’année dernière, le Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement chérifien déclarait, à l’occasion de son passage à Dakar, que ces évènements étaient le fait de « bandes incontrôlées » à l’action desquelles son Gouvernement était totalement étranger – Cependant la presse et la radio mexicaines intensifiaient de plus en plus une propagande revendicatrice.

La création d’une Direction du Sahara, la personnalité de certains des membres désignés pour composer la sous-commission d’étude des frontières marocaines précisaient par la suite la voie dans laquelle semblait s’engager le Gouvernement chérifien. Enfin les revendications marocaines sur notre territoire étaient officiellement formulées en premier lieu dans une note adressée par le Gouvernement chérifien à la Banque Internationale de Reconstruction et de Développement au sujet de l’emprunt demandé par la France pour la mise en exploitation des mines de Fort-Gouraud et en second lieu dans l’allocution prononcée le 28 Mars par le Roi du Maroc.

Vous savez quelle réponse lui a été faite le 31 Mars dernier par le Conseil du Gouvernement de Mauritanie unanimement approuvé par l’Assemblée Territoriale et dont la prise de position a été soutenue par le Grand Conseil de l’A.O.F. et le Gouvernement de la République Française.

A l’appui de leurs prétentions les Marocains invoquent une communauté historique, religieuse et culturelle entre nos deux pays. Certes personne ne songe à nier la réalité d’une telle communauté mais son existence ne justifie en rien le rattachement de la Mauritanie au maroc. Jamais notre pays n’a été soumis à son voisin du Nord. Bien au contraire l’histoire nous révèle que la Mauritanie conquit le Maroc et que les Almoravides partis de nos régions fondèrent Marrakech et étendirent leur domination sur tout le territoire marocain et jusqu’aux Pyrénées – Les prétentions actuelles du Maroc à l’hégémonie sur la Mauritanie sont donc aussi ridicules que celles que pourrait, par exemple, émettre aujourd’hui la France sur l’Angleterre sous prétexte qu’à l’époque de Jeanne d’Arc, Paris et une grande partie de la France étaient occupés par les Anglais !

L’argument religieux n’est pas plus valable – L’Islam est une religion universelle destinée à l’humanité tout entière et pratiquée par de nombreux pays qui n’en demeurent pas moins politiquement indépendants les uns des autres – Pourquoi donc vouloir nous annexer au nom de l’Islam alors que nous savons tous combien la religion que nous pratiquons a su conserver sa pureté originelle. Enfin au non de quelle supériorité culturelle veut-on subordonner nos poètes, nos historiens, nos juristes dont la science n’a rien à envier à celle de nos collègues marocains ?

Derrière ces prétendus arguments historiques, culturels et religieux se cache en réalité le désir de masquer les difficultés intérieures que connaît le jeune Etat marocain, tant sur le plan politique que dans le domaine financier ou économique, par un expansionnisme qui fait appel à des sentiments d’étroit nationalisme, voire de racisme, auxquels plus que tout autre pays la Mauritanie ne peut souscrire puisqu’elle a su réaliser dans son sein l’union étroite de deux populations ethniquement différentes – Certes la majorité des habitants de ce pays reconnaît son origine arabo-berbère ; elle en est fière, mais n’en est pas moins décidée à conserver son originalité façonnée par les siècles et sa personnalité politique récemment acquise.

Ayant ainsi affirmé notre indépendance vis-à-vis du Maroc, je n’en suis que plus déterminé à renouveler à nos voisins marocains l’appel que je leur ai adressé à plusieurs reprises et notamment d’Atar le 1er Juillet dernier les assurant « de notre désir sincère d’entretenir avec eux comme avec tous les peuples voisins les relations de bon voisinage que nous n’avons jamais cessé d’avoir avec eux ». En échange, je leur demandais et je leur demande toujours, « de respecter notre personnalité et l’intégrité de nos frontières, comme nous respectons les leurs ».

Si les prétentions marocaines ne reposent sur aucun fondement valable, la Mauritanie, par contre a de solides raisons de désirer se maintenir au sein de la communauté franco-africaine.

Et d’abord matérielles puisque la pauvreté est malheureusement, dans les circonstances présentes et au moins pour quelques années encore le trait dominant de notre pays. Votre Gouvernement, vos conseillers Territoriaux connaissent mieux que quiconque la situation financière du Territoire et l’aide qu’il reçoit de la Fédération et de la république. Pour prendre un exemple récent, les dépenses budgétaires de 1958 ne sont assurées que jusqu’à concurrence de 15 % pour les recettes proprement mauritaniennes ; le reste de nos ressources est fourni par la Fédération et la Métropole. Quant à l’équipement économique, social et même administratif du Territoire, il est à peu près financé par la France sous forme de crédits FIDES ou de subventions du Budget de l’Etat, notamment pour la réalisation de notre future capitale.

A ce point de vue, le Maroc se trouve, toutes proportions gardées, dans une situation analogue à la nôtre – Pays également sous développé, il est obligé d’avoir recours à l’aide étrangère pour équilibrer son budget et tenter de combattre la régression industrielle et commerciale considérable qui frappe son économie – Dans ces conditions, il serait bien incapable de soutenir la Mauritanie comme le font l’A.O.F. et la France. Mais sans doute escompte-il seulement qu’une annexion lui assurerait dans l’avenir le bénéfice exclusif des produits attendus de l’exploitation de nos richesses minières.

Les raisons politiques de notre attachement à la Communauté franco-africaine ne sont pas moins valables. Après avoir réalisé l’unification administrative de la Mauritanie, la France lui a permis de faire con unité politique à partir de 1946 par la représentation démocratique des populations au sein d’Assemblées Territoriales dont la dernière fut élue au suffrage universel. La loi-cadre enfin a reconnu la réalité de la personnalité politique mauritanienne et conféré au Gouvernement d’importants pouvoirs en matière d’administration intérieure.

Est-ce précisément au moment où nous pouvons espérer obtenir notre autonomie interne complète que nous devons la sacrifier au seul bénéfice d’un impérialisme et pour l’unique raison qu’il est de souche arabo-berbère ?

Faut-il, sans vouloir profiter du grand courant d’émancipation pacifique qui traverse l’Afrique, immoler la Nation Mauritanienne naissante et devenir simplement la marche lointaine d’un royaume, hier encore féodal, dont l’unité politique n’est pas encore affirmée et dont le potentiel économique est incapable d’assurer la relève de l’aide extérieure qui nous est indispensable.

Faut-il enfin renoncer à l’Indépendance, à laquelle nous aspirons comme tous les peuples ? Certes, non ! nous aurons cette Indépendance le jour où nous serons en mesure d’en assumer tous les attributs – Car l’Indépendance n’est, au XXème siècle qu’un faux semblant lorsqu’elle n’est pas soutenue par une économie moderne et diversifiée que seuls présentent les grands ensembles.

En vérité, le choix est clair et nulle hésitation n’est possible, nulle divergence n’est admissible – Le Gouvernement de Mauritanie a dit non au Maroc approuvé unanimement par l’Assemblée Territoriale : il a flétri et sanctionné le geste des quelques égarés qui ont abandonné la cause Mauritanienne. Pour faire face à la menace extérieure il vous demande maintenant de réaliser l’Union de tous les patriotes mauritaniens sur un programme et dans des conditions dont je vais maintenant vous exposer les grandes lignes, laissant à vos débats le soin d’en préciser les détails.

* * *

Il m’apparaît que notre programme d’action doit être établi à partir des quatre points suivants :
- Maintien de la Mauritanie au sein de la Communauté franco-africaine
- Défense de l’intégrité territoriale
- Définition de la position mauritanienne vis-à-vis de l’O.C.R.S. et de l’exécutif fédéral
- Renforcement de la personnalité mauritanienne sur le plan politique, administratif, culturel et économique.

J’ai exposé tout à l’heure les raisons profondes et propres à la Mauritanie qui font que ce Territoire désire demeurer au sein de la communauté franco-africaine, parce qu’elle permet le meilleur essor de notre économie tout en favorisant le développement de notre personnalité politique. Aux sentiments de reconnaissance qu’éprouvent les habitants de ce pays pour l’œuvre réalisée par la France depuis cinquante ans vient s’ajouter ici la pleine conscience du rôle que peut jouer la Mauritanie dans le grand ensemble franco-africain, Par sa position géographique et du fait même de l’appartenance de ses habitants à deux groupes ethniques différents mais unis par des liens séculaires, notre pays possède une vocation toute particulière à servir de trait d’union entre l’Afrique blanche septentrionale et L’Afrique Noire occidentale. Notre maintien eu sein de la Communauté franco-africaine nous permet d’espérer, lorsque se seront apaisées les convulsions qui déchirent l’Afrique du Nord, pouvoir jouer pleinement ce rôle de trait d’union non seulement vis-à-vis des deux Afrique mais encore elles et la France.

De cette volonté découle naturellement la nécessité de défendre l’intégrité territoriale contre les visées annexionnistes des voisins. Sur le plan diplomatique d’abord nous savons pouvoir compter sur l’appui du Gouvernement de la République qui, après une protestation énergique auprès du Gouvernement chérifien, vient tout récemment d’affirmer publiquement et solennellement aux populations mauritaniennes la solidarité et le soutien de la République toute entière.

Nous entendons de plus en plus que la Mauritanie soit associée aux futures négociations franco-marocaines et notamment soit représentée lorsque se réunira la Commission mixte de délimitation des frontières.

Sur le plan militaire, des évènements récents prouvent que l’armée française franco-métropolitaine et d’outre-mer assure à nos frontières et avec le concours de nos guerriers, une garde vigilante. Il faut cependant dès à présent songer à recruter et à former des cadres spécifiquement mauritaniens pour assurer le Commandement des Goums et créer ainsi l’embryon de la future armée mauritanienne.

Assurée de sa sécurité du côté d’où lui viennent les menaces, la Mauritanie doit ensuite préciser les relations qu’elle désire entretenir avec l’O.C.R.S. – et la position qu’elle entend adopter au sujet du problème de l’exécutif fédéral.

Pleinement consciente des perspectives économiques que l’O.C.R.S. est susceptible de lui ouvrir la Mauritanie a jusqu’à présent adopté une position réservée vis-à-vis de cet organisme auprès duquel elle a cependant désigné ses deux délégués. Elle ne peut envisager de s’y associer plus étroitement aussi longtemps que l’O.C.R.S. n’aura pas été dotée d’une structure susceptible d’entraîner l’adhésion des pays limitrophes d’Afrique du Nord comme l’A.O.F. – De surcroît, aucune solidarité économique des régions sahariennes ne pourra se constituer valablement tant que n’aura pas été résolu le problème algérien. Pour l’instant il nous faut donc attendre, en appelant de tous nos vœux une solution pacifique qui permette aux pays d’Afrique du Nord de retrouver au Sahara la voie d’une collaboration amicale avec la France.

Le moment me paraît particulièrement opportun pour adresser au Gouvernement français un appel solennel afin que le drame algérien reçoive une solution négociée qui ramène la paix en Algérie et mette enfin un terme au déchirement de nos consciences – Alors les états de Maghreb pourront retrouver la voie d’une collaboration confiante et fructueuse avec la France, première étape d’un accord avec l’Espagne pour la constitution de l’Eurafrique.

Pour parachever ce tour d’horizon extérieur, il me reste à définir qu’elle pourrait être la position de la Mauritanie dans le grand problème politique qui agite l’opinion de la Fédération d’A.O.F. : l’exécutif fédéral.

Chacun d’entre nous connaît les liens qui nous unissent à l’A.O.F. dont la solidarité politique, financière et économique s’est constamment manifestée et s’est encore renforcée depuis que la menace pèse sur nos frontières du Nord – L’unanimité du Grand Conseil, affirmée à deux reprises depuis moins d’un an en faveur de la Mauritanie porte témoignage à la solidarité de nos liens – Mais la création éventuelle d’un Gouvernement et d’un Parlement Fédéraux à Dakar pose à la Mauritanie un problème tout particulier. Si en effet, elle veut jouer pleinement le rôle de trait d’union auquel la vouent sa position géographiques, ses traditions, sa dualité ethnique, elle ne peut s’intégrer trop intimement à l’un de ces deux pôles qu’elle est chargée de mettre en contact. S’il est inconcevable qu’elle consente à se laisser englober et noyer dans un ensemble maghrébin, il lui est également difficile de se laisser absorber par un ensemble africain dont la structure politique serait modifiée dans le sens de la centralisation. Outre que cette tendance centralisatrice nous semble contraire aux principes mêmes de la loi-cadre, elle nous paraît pour le moins prématurée aussi longtemps que les exécutifs locaux n’auront pas été dotés d’une complète autonomie interne, n’auront pas solidement implanté leur autorité et affirmé la personnalité propre de chacun des territoires de l’A.O.F. – La Mauritanie craint donc que la création rapide d’un exécutif fédéral et d’un Parlement à Dakar n’ait pour résultat de substituer à une décentralisation administrative à peine réalisée une centralisation politique qui ne tiendrait pas suffisamment compte des particularismes des Territoires. Je suis pour ma part persuadé que les leaders africains ont déjà conscience de la position originale de la Mauritanie et qu’en plein accord avec eux et le Gouvernement de la république pourra être définie, en ce qui nous concerne, une structure politique dont la souplesse correspondra à la vocation essentielle du territoire – C’est là l’uns des questions qui devront retenir tout spécialement l’attention du Congrès.

Ayant ainsi précisé le contexte extérieur dans lequel se place la Mauritanie, il nous reste à définir les moyens propres à affirmer et à renforcer la personnalité mauritanienne.

Sur le plan politique, notre premier souci commun d’ailleurs à tous les Territoires africains, sera d’obtenir une véritable et complète autonomie interne, conformément aux principes dégagés et aux résolutions adoptées par la conférence des présidents et Vice-Présidents africains qui s’est tenue récemment à Paris à l’initiative du Ministre de la France d’Outre-Mer.

Je ne crois pas faire preuve d’un optimisme en affirmant que cette étape ne tardera pas à être franchie car l’opinion métropolitaine est déjà consciente de sa nécessité – Cette autonomie interne sera réalisée lorsque d’une part l’actuel Vice-Président sera devenu le président ou le Premier Ministre du Conseil de Gouvernement du Territoire, le Chef du Territoire devenant Commissaire du Pouvoir Central et lorsque par ailleurs, aura été instituée la responsabilité politique des Gouvernements Territoriaux devant les Assemblées qui les ont élues – De plus, c’est au Président du Conseil de Gouvernement que doit incomber dans l’avenir la responsabilité du maintien de l’ordre public à l’intérieur du Territoire. Tel est d’ailleurs l’objet des propositions récemment déposées sur le bureau de l’Assemblée de l’Union Française et qui reçoivent l’entière approbation de votre Gouvernement.

Sur le plan administratif, la personnalité mauritanienne doit s’affirmer par l’accentuation de la politique d’africanisation des cadres déjà esquissée par l’actuel Gouvernement de Mauritanie qui a procédé à la nomination de huit adjoints aux comandants de cercle et d’un chef de subdivision, par la mise en place des Conseils de collectivité rurale, enfin surtout par la réalisation rapide de notre capitale à Nouakchott – pour laquelle la décision de principe obtenue du Gouvernement français en juillet dernier vient d’être complétée par l’octroi d’un crédit de démarrage dont l’utilisation nous permettra d’ouvrir à Nouakchott, en Décembre prochain, la session budgétaire de notre Assemblée Territoriale.

Sur le plan culturel, notre principal souci sera de réaliser une synthèse harmonieuse entre notre culture traditionnelle hautement réputée et un enseignement moderne indispensable au développement politique et économique du Territoire.

Dès sa formation, votre Gouvernement s’est consacré au développement de l’enseignement arabe, aussi bien en pays maure que dans la région du Fleuve et chaque établissement scolaire a été doté d’un ou plusieurs moniteurs d’arabe. En même temps apparaissait la nécessité de donner à l’Institut Musulman de Boutilimit un rayonnement nouveau. A cet effet, six jeunes Mauritaniens ont été désignés par le Conseil de Gouvernement pour effectuer un stage au Liban et revenir ensuite dispenser aux élèves de l’Institut un enseignement élargi et modernisé. Si leur départ dû être finalement remis en raison de la prochaine fin de l’année scolaire et surtout de la situation troublée qui règne au Moyen-Orient, ce projet sera mis à exécution aussitôt que les circonstances le permettront.

Parallèlement, le développement de l’enseignement primaire et secondaire devra être activement poursuivi et complété par la création d’un enseignement technique dont les projets de mise en valeur du Territoire soulignent l’impérieuse nécessité.

Enfin la personnalité mauritanienne ne pourra s’épanouir totalement aussi longtemps que lui manqueront les moyens nécessaires à l’amélioration de sa situation financière. Il lui faut donc, avec l’aide accrue de la métropole et des organismes financiers internationaux développer au maximum son économie traditionnelle fondée sur l’élevage et l’agriculture mais en même temps transformer sa structure économique par l’exploitation de ses richesses minières. C’est là le grand espoir de notre pays et d’une des raisons des convoitises qu’il suscite – Le Gouvernement mettra tout en œuvre pour que soient réalisés dans le minimum de temps les projets précis et soigneusement étudiés qui lui sont actuellement soumis par la MIFERMA. Tout en laissant à la Société la juste rémunération qu’elle est en droit d’attendre d’investissements considérables, il veillera jalousement à ce que l’ensemble du Territoire retire le maximum de profits de l’exploitation des richesses qui constituent pour le moment l’essentiel de son patrimoine national.
Telles sont, mes chers amis, les tâches primordiales qu’il nous faut tous entreprendre et mener à bien pour que vive et prospère la Patrie Mauritanienne.

Vous avez tous compris, j’en suis persuadé, que leur ampleur, les difficultés qu’elles suscitent, les convoitises qu’elles éveillent nécessitent pour leur réalisation l’union de toutes les énergies, l’apport du concours unanime et librement consenti des citoyens de notre pays.

C’est pour affirmer et construire cette unanimité nationale que vous êtes aujourd’hui réunis.

Pour que se réalise ce bloc mauritanien, il importe en premier lieu que les entités vivantes qui composent notre patrie achèvent de se fondre définitivement en une entité nouvelle qui les résume toutes : la Mauritanie. L’heure est trop grave pour que les dissensions tribales, les discriminations sociales ou raciales, les querelles partisanes viennent freiner, voire compromettre l’avenir du pays.

C’est pourquoi j’appelle de tous mes vœux la constitution d’un parti rassemblant tous les Mauritaniens conscients de leur appartenance à cette entité, nouvelle certes dans sa forme mais dont le fondement repose depuis des siècles.

Je convie à cette réunion sacrée tous les libres citoyens de ce pays quel que soit le groupe politique, social, racial, culturel ou économique qu’ils représentent. En même temps que les générations qui ont façonné de leurs mains la Mauritanie actuelle, j’y convie tout particulièrement la jeunesse qui constitue le levain de la Mauritanie nouvelle – Dans tous les pays du monde la jeunesse consacre sa fougue, son dynamisme à la réalisation des grands idéaux politiques – Il est primordial que la jeunesse mauritanienne nous suive, nous précède même dans la voie que nous nous sommes tracée. Si, dans un passé récent, certains de ses dirigeants, après avoir proclamé le caractère apolitique de l’Association des jeunes de Mauritanie, ont consacré leur activité à des prises de position politiques aussi violentes que négatives qui ont entraîné des sanctions pleinement justifiées, le Gouvernement s’est refusé et se refuse toujours à confondre ces extrémistes et l’ensemble de la jeunesse qu’il appelle solennellement à une collaboration enthousiaste et constructive.

Mes chers amis, avant que ne s’ouvrent vos débats, laissez-moi seulement émettre encore une foi le vœu ardent que je forme pour qu’ils scellent l’union indissoluble de tous les patriotes afin que vive et s’épanouisse la MAURITANIE NOUVELLE.

anniversaires - Coppolani assassiné, le congrès d'Aleg

publié par Le Calame - 6 Mai 2008


12 Mai 1905 & 2 . 5 Mai 1958

Assassinat de Xavier Coppolani
&
Aleg, le congrès débattant et ratifiant les options fondatrices




Le 12 Mai 1905, à Tidjikja, où il vient d’arriver depuis le Fleuve, sans avoir eu à tirer un coup de fusil, Xavier Coppolani, « délégué du gouverneur général de l’Afrique occidentale française en pays maures », est assassiné. Appelé ainsi depuis trente mois, il étend l’influence française uniquement en se déplaçant, en rencontrant, en causant : aucune confrontation. Il sait qu’aussitôt, il serait désavoué à Paris où l’heure n’est plus à des extensions territoriales trop visibles de l’opinion internationale et surtout de l’Allemagne. Le protectorat des pays maures du Bas-Sénégal (cf. Le Calame 10 Octobre 2007 . chronique anniversaire du 15 Octobre 1902) est organisé selon un système d’administration indirecte. Pour le Trarza, c’est l’agrément de l’émir Ahmed Saloum II Ould Eli, comme représentant du gouvernement (15 Mai 1903), avec (8 Janvier 1904) une djemaa secondaire par chaque tribu guerrière et religieuse et (5 Février 1904) deux djemaa supérieures : le pays est organisé en deux régions en pays Trarza. Sur le même modèle (29 Mars), Coppolani organise les régions Brakna mais l’ancien émir Ahmedou Ould Sidi Eli hostile est interdit de séjour et son institution supprimée. Puis la région de Mal (31 Mars), celle du Gorgol (15 Avril). Le 26 Mai, il a organisé le personnel politique et administratif indigène des Pays Maures, en sorte que peut apparaître le Territoire civil de la Mauritanie dans le décret du 15 Octobre 1904 réorganisant le Gouvernement général de l’A.O.F. : Xavier Coppolani devient Commissaire du Gouvernement général et deux mois plus il existe des bureaux de l’administration centrale du Territoire civil à Saint-Louis. C’est de là que part le 24 Décembre 1904 la mission « Tagant-Adrar », projet qui avait été ajourné deux ans plus tôt, avec en première étape, via Podor, Boutilimit, pour de nouveaux entretiens avec Cheikh Sidya, l’ami et l’introducteur de ce pacificateur d’un nouveau genre.

Quittant Mal, le 15 Février 1905 et créant le poste d’El Haousssinia, Coppolani reçoit l’approbation de Paris puisque c’est le 25 que paraît au Journal officiel de la République française, le décret portant délimitation du Territoire civil de la Mauritanie et du Sénégal. Le 24 Mars , Coppolani se dirige vers Tijikja, venant de Ksar El Barka, occupé sans difficulté. Mais le contexte a changé soudainement : c’est le 31 Mars, le« coup de Tanger », le Kaiser s’entretient avec le Sultan du Maroc, et surtout le 18 Avril, l’émir du Trarza, Ahmed Saloum II est assassiné près de Tamresguid. Quand c’est le tour du Commissaire du gouvernement général de tomber, il semble bien que les Français vont demeurer sur le qui-vive et, surtout, la philosophie politique de la « pénétration » en Mauritanie change. Le lieutenant-colonel Montané-Capdebosc est désigné pour lui succéder dans ses fonctions administratives et prendre en même temps le commandement des troupes. Le 29 Mai, le Gouverneur général Roume tire la leçon de l’événement : maintenir l’occupation définitive du Tagant, surseoir à l’occupation de l’Adrar, tandis qu’Adam, l’adjoint au Commissaire du Gouvernement général prescrit aux résidents de Biack et de Boutilimit : ne pas épouser les querelles de succession à Ahmed Saloum. Le 1er Juillet, Montané-Capdebosc organisant le Tagant en région administrative selon le modèle de Coppolani la fait dépendre de la résidence de Mal. Il consacre une manière de « découper » la Mauritanie en cercles [1] qui va se perpétuer, après l’indépendance de la République islamique, jusqu’à la réforme régionale décidée par le Bureau politique du Parti du peuple, les 3-4 Mai 1968 [2].

Du 2 au 5 Mai 1958, sous la tente, se réunit le premier congrès unitaire des partis politiques mauritaniens : c’est à Aleg. Depuis le 15 Janvier, un « comité de fusion paritaire » où l’U.P.M. – parti du gouvernement – et l’Entente – l’ancien parti d’opposition d’Horma Ould Babana – préparait ce congrès. Initialement prévu pour se tenir du 26 au 28 Février, il a été reporté d’abord sine die par le départ « en dissidence », c’est-à-dire en allégeance aux revendications marocaines de deux ministres, précisément ceux issu de l’Entente : Deye Ould Sidi Baba et Mohamd’El Moktar Ould Bah, accompagnés de l’émir du Trarza, conseiller territorial, Mohamed Fall Ould Oumeïr. Le 16 Mars, c’est l’ambassade du Maroc au Caire qui confirme que les trois personnalités mauritaniennes sont les hôtes du gouvernement égyptien, et le 21, le conseil de gouvernement mauritanien doit l’admettre officiellement, sous la pression de manifestants – des femmes – le questionnant sur leur disparition. La « ligne unitaire » qu’avait eue tant de mal à imposer Moktar Ould Daddah à ses co-lisitiers semble brisée [3] ; le vice-président du conseil du gouvernement parvient cependant, le même 21 Mars, à « retourner » le Comité de fusion des partis mauritaniens qui « réaffirme sa volonté ferme de faire l’union des partis mauritaniens, lance un vibrant appel à tous les Mauritaniens sans distinction aucune pour la défense de leur commune patrie et donne rendez-vous au congrès d’Aleg dont la date est maintenue au 2 Mai 1958 » ; le surlendemain, les étudiants mauritaniens en France lui apportent leur soutien, notamment pour réfuter comme « fantaisistes et sans fondement les prétentions marocaines » et déclarer « légitime la lutte pour l’intégrité territoriale ».

Toutes les difficultés se présentent en même temps : le renforcement en arguments de la revendication marocaine [4] alors que la Banque internationale pour la reconstruction et le développement – la Banque mondiale – doit décider du financement des mines de fer ; le débat sur la « fédération primaire », chef-lieu Dakar, comme objet de la décentralisation et de l’autonomie des territoires français d’Afrique [5] ; le développement de l’autonomie interne. La question émirale, au Trarza, est en revanche facilement résolue, selon les lois coûtumières : le 27 Avril, à Mederdra, la djemaa émirale du Trarza désigne Hbib Ould Ahmed Saloum pour succéder à Mohamed Fall Ould Oumeir ; le Conseil de Gouvernement entérine ce choix.

Le congrès d’Aleg est capital, dans l’histoire contemporaine de la Mauritanie, car d’une part il consacre le prestige – qui va devenir charismatique – de Moktar Ould Daddah sur ses co-équipiers, sur l’ensemble des élus et des forces traditionnelles, et d’autre part il entérine, après des débats très étendus la logique des thèses du discours d’investiture de celui-ci le 21 Mai de l’année précédente. Et d’abord l’unité, malgré la méfiance renforcée des soutiens initiaux du gouvernement. Si Moktar Ould Daddah l’a emporté, encore plus en coulisses que sur scène, c’est que la revendication marocaine fait peser sur le pays une menace mortelle, l’unité d’action et d’expression est la seule parade possible : Notre réunion d’aujourd’hui constitue donc l’aboutissement logique de la politique menée depuis bientôt un an par le Conseil de Gouvernement en complet accord avec l’Assemblée Territoriale, elle-même interprète des aspirations populaires – Cependant, à toutes les considérations qui précèdent et furent à l’origine de la convocation du présent Congrès est venue s’ajouter récemment une raison infiniment plus importante. A la suite des revendications marocaines sur notre Territoire, l’union est en effet devenue une question de vie ou de mort pour la Mauritanie – C’est donc avant tout en fonction des convoitises de notre voisin et en pleine conscience du grand péril qui nous menace tous, que nous devons aujourd’hui prendre nos décisions. Le discours d’ouverture est adopté comme document du congrès. Il va en fonder la plupart des résolutions et motions, mais moyennant plusieurs jours et surtout nuits de discussion par 40° à l’ombre.

En effet, le congrès prenant l’appellation de regroupement des partis mauritaniens, opère des choix nets en recommandant au gourvenement d’ "affirmer notre indépendance vis-à-vis du Maroc" et la "défense de l'intégrité territoriale", le "maintien de la Mauritanie au sein de la communauté franco-africaine" et le choix de l’"autonomie interne". Il reconnaît qu’il est "difficile de se laisser absorber par un ensemble africain dont la structure politique serait modifiée dans le sens de la centralisation" etr affirme qu’ "aucune solidarité économique des régions sahariennes ne pourra se constituer valablement tant que n'aura pas été résolu le problème algérien". Bref, c’est le "renforcement de la personnalité mauritanienne" qu’illustrent des motions pour la promotion sociale (formation professionnelle, imposition du revenu, unification devant l'impôt et le service militaire), pour donner à l'arabe la valeur des deux langues vivantes dans l'enseignement et pour la scolarisation des filles.

L’ensemble se traduit en motions de politique générale : fusion des partis en un parti du Regroupement mauritanien, maintien de la Mauritanie dans la communauté franco-africaine, au lieu d’une intégration politique ou administrative dans l'O.C.R.S. une convention économique librement discutée, d’expresses réserves contre la création d'un super- gouvernement et d'un parlement à Dakar. Tout en s’élevant contre un "sabotage" de la Loi-Cadre, le congrès – c’est la motion la plus spectaculaire, surtout parce qu’elle est inattendue de l’administration coloniale française – revendique l’" autonomie interne complète avec libre vocation à l'indépendance nationale ". Enfin, cachet personnel de Moktar Ould Daddah, des appels à la France sont lancés pour qu'elle se réconcilie avec les Etats arabes et mette fin à la guerre en Algérie. Le congrès marque en fait l’émancipation mentale des mauritaniens, et d’abord de leurs élites, vis-à-vis de l’administration coloniale [6]. Y participe même une délégation de la « Mauritanie espagnole », dirigée par Khattri Ould Saïd Ould Joumani, chef des Lebbeyhatt (Rgueibatt Charg, aussi appelés Legouacem) [7].

Huits jours plus tard, à Alger, des manifestations pour l'"Algérie française" aboutissent à l'occupation du Gouvernement général et à un appel au général de Gaulle. Tout semble possible, le pire comme le meilleur, mais à Saint-Louis, lors de la conférence des commandants de cercle, la divergence d’appréciation des événements en cours et de ce que représente le congrès d’Aleg pour le pays, est manifeste. Pour le gouverneur Mouragues, ouvrant les débats, le 19 : " l'avenir est possible si la permanence de notre présence et de notre assistance est assurée et c'est bien ainsi que l'entendent tous les Mauritaniens ", tandis qu’en clôture le 23, Moktar Ould Daddah assure qu’ " il n'y a pas de problèmes de contact… Nous pouvons réaliser la Mauritanie nouvelle " [8]. Il y en avait pourtant un – sérieux – avec le représentant de la métropole [9] qui d’ailleurs, se disant souffrant, n’assiste pas à cette clôture.

Ould Kaïge


[1] - 5 Septembre 1905 - de retour du Tagant, Montané-Capdebosc organise la nouvelle colonie en cinq circonscriptions, dont quatre cercles : le Trarza, chef lieu Khroufa ; le Brakna, Aleg ; le Gorgol, Kaédi ; le Tagant, Tidjikja et une résidence du Guidimaka, chef-lieu Sélibaby

[2] - un « découpage » en régions seulement désignées par leur numéro :
1ère région (Hodh occidental) = Néma
2ème région (Hodh occidental) = Aioun-el-Atrouss
3ème région (Guidimaka, Assaba moins N’Bout, plus Boumdeid = Kiffa
4ème région (Gorgol plus M’Bout) = Kaédi
5ème région (Brakna, tagant) = Aleg
6ème région (Inchiri, Trarza moins Nouakchott) = Rosso
7ème région (Adrar, Tiris-Zemmour, Baie du lévrier) = Atar
régions, ainsi que le district de Nouakchott, organisées par les lois des 30 Juillet 1968 et 21 Janvier 1969

[3] - Moktar Ould Daddah évoque, en termes pathétiques, son découragement, puis donne l’enjeu du congrès et en raconte le déroulement dans ses mémoires : La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 669 pages – disponible en arabe et en français) pp. 162 & ss.

[4] - le 29 Avril 1958, à Tanger, la conférence maghrébine (Istiqlal marocain, Neo-Destour tunisien et F.L.N. algérien) "apporte sa solidarité agissante à la lutte menée par les populations mauritaniennes pour leur libération de la domination coloniale et leur retour à la patrie marocaine"

[5] - les deux thèses s’expriment le 24 Avril 1958, à Paris : d’un côté, le bureau de coordination du R.D.A. affirme la primauté de la personnalité territoriale et revendique la liberté de la forme d’association avec la métropole, de l’autre, Sekou Touré déclare que « si un grand référendum était organisé en Afrique, une écrasante majorité imposerait une politique d’unité fédérale contre toute dissociation des territoires »

[6] - Moktar Ould Daddah, op. cit. p. 164, décrit ainsi le système, auquel il avait d’ailleurs participé en tant qu’interprète, quinze ans plus tôt : " Concernant l’évolution du statut politique du pays, tout le monde acceptait plus ou moins sincèrement, l’accession à l’autonomie interne. Mais, dès qu’il a été question des mots : « vocation à l’indépendance » la majorité des congressistes a vivement réagi – négativement. Réaction à laquelle nous nous attendions. En effet, cette majorité, constituée de chefs et de notables naturellement conservateurs, était, en la circonstance, chargée par l’administration coloniale de rejeter ce mot « diabolique » d’indépendance. Comment ? Il y a lieu de se souvenir qu’à l’époque, un usage s’était établi selon lequel, avant chaque rassemblement politique local, régional ou territorial, les représentants des subdivisions et des cercles allaient voir le chef de subdivision ou leur commandant de cercle pour leur poser la question rituelle : que devons-nous dire dans les réunions du rassemblement auquel nous allons assister ? Ces demandes d’avis – plus exactement d’instructions – étaient formulées, soit par les chefs de tribus, de fractions, de cantons, de villages, soit par les porte-paroles des mêmes entités, soit par les représentants des groupes d’alliés, traditionnels ou circonstanciels. L’autorité sollicitée donnait alors ses directives, lesquelles – suivant l’importance de la question – pouvaient émaner d’elle-même ou des autorités supérieures. Normalement, ces directives étaient suivies à la lettre. Mais, il pouvait arriver qu’elles fussent transgressées par certains chefs ou notables subissant d’autres pressions, comme ce fut le cas à Aleg au printemps de 1958. "

[7] - " devenu depuis l’un des principaux leaders sahraouis marocains. Il reviendra me voir à Nouakchott, en Juillet 1962. Par la suite, nous demeurâmes en contact par divers intermédiaires, cela jusqu’en 1975. Jusqu’à cette date, il reconnaissait, nonobstant ses contacts avec les Marocains et les Algériens, comme une donnée incontestable, la mauritanité du Sahara ex-espagnol" – Moktar Ould Daddah, op. cit. p. 163

[8] - dans le huis-clos, dont cependant la sténotypie est prise pour diffusion dans les cercles, tous commandés alors par des administrateurs français, le vice-président du conseil déclare notamment, avec beaucoup de nuances, mais fermement comme il le fera durant toute sa vie politique : En ce qui concerne le problème très délicat de l’autorité, les interprétations les plus divergentes ont été données à la loi-cadre et le problème de l’autorité est mis en jeu. Personnellement, je ne crois pas à un relâchement de cette autorité, mais plutôt à un changement de structure et je vous redis une fois de plus ce que j’ai déjà dit à certains d’entre vous, c’est que rien ne peut se faire dans l’anarchie mais seulement dans la discipline et c’est à vous encore qu’incombe de faire la preuve que cette discipline existe auprès d’administrés pas toujours très compréhensifs. Là encore le Gouvernement compte entièrement sur vous comme par le passé pour continuer à faire ce que vous avez toujours fait, et toujours avec le meilleur de vous-même, et dans des conditions très satisfaisantes. En ce moment le monde change et très peu comprennent le sens de ce changement. Il ne veut pas dire que le moment est venu de se venger de querelles intestines.
J’ai eu l’occasion de parler de l’évolution de la Mauritanie et j’ai demandé aux gens d’essayer de concilier la nécessité du mouvement et ce qu’il y a de valable et d’important dans la structure actuelle. Vous savez qu’en Mauritanie il y a deux tendances : les jeunes qui parlent du spoutnik et de l’autre côté les vieux qui ne connaissent jusqu’à présent que leurs chameaux. Je pense que nous devons tous faire comprendre aux gens qu’il y a lieu de chercher un juste milieu.
Je m’excuse de toucher ici au problème politique, nous sommes entre nous et pouvons parler en toute confiance. On ne peut pas faire ici de part distincte entre la politique et l’administration. Par conséquent, sans aller jusqu’à dire qu’en Mauritanie les deux problèmes se confondent, je prétends qu’ils sont solidement liés et étant donné cette faveur que nous avons de pouvoir collaborer très amicalement que nous soyons des hommes politiques ou administratifs, nous ne pouvons pas déjà nous abstenir et nous laisser arrêter par aucun obstacle pour le bien-être de ce pays. Les difficultés sont énormes et il nous faudra réaliser de grandes choses avec de petits moyens. Je pense que nous ne perdons pas notre temps en Mauritanie et que plus que partout ailleurs, nous avons un résultat positif. C’est le résultat final qui compte et personnellement je crois qu’il sera bon.

[9] - Moktar Ould Daddah, op. cit. p. 169

la Mauritanie, vingt-six ans après - 25 Septembre 2001

Cette note a été rédigée à l'intention du ministre français des Affaires étrangères, pour synthétiser mes impressions au retour d'exil du président Moktar Ould Daddah, et de son épouse Mariem. Le 2 Octobre 1979, le président avait été "évacué sanitaire" sur la France - à la demande pressante de Valéry Giscard d'Estaing et de nombreux chefs d'Etat africains. Il n'était revenu d'exil - sans condition ni du pouvoir en place ni de la sienne - que le 17 Juillet 2001. Quant à moi, je n'étais plus revenu à Nouakchott depuis les fêtes du XVème anniversaire de l'Indépendance, soit le début de Décembre 1975.

Le 25 Septembre 2001





LA MAURITANIE, vingt-six ans après






Entré dans la confiance du Président Moktar Ould Daddah, à l’occasion d’une thèse sur le pouvoir politique en Mauritanie, commencée durant mon service national accompli à la future école d’administration de Nouakchott (Février 1965 – Avril 1966), il m’a été donné de parcourir presque entièrement la République Islamique d’alors, d’y séjourner durablement à plusieurs reprises pendant une dizaine d’années, d’y rencontrer la plupart des responsables politiques, administratifs, culturels, syndicaux ainsi que les principaux intervenants économiques nationaux, français ou étrangers. Les deux dernières fois que j’y revins furent – à l’apogée manifeste du régime fondé en 1957-1961 – en Août et en Décembre 1975 : c’étaient un congrès du Parti, suivi par de nombreuses délégations africaines et arabes, puis la célébration avec éclat du quinzième anniversaire de l’indépendance pour laquelle furent invités de nombreux anciens « mauritaniens », au premier rang desquels Pierre Messmer. Au printemps précédent, j’avais suivi le Président, secrétaire général du parti unique, dans la plus longue de ses « tournées de prise de contact » de Boghé sur le fleuve Sénégal, Kiffa et Aleg jusques dans le plein centre du pays : Tidkjikja et Tichitt. Un des thèmes dominant les rituelles réunions de cadres, jusques fort avant dans la nuit, avait été la question saharienne : elle était inépuisable puisque rien n’était encore scellé et surtout parce que la continuité géographique, économique et surtout ethnique est totale entre les anciennes possessions française et espagnole sur la bordure occidentale du « Grand désert ».

Confiance et confidence du président renversé par ses colonels le 10 Juillet 1978, c’est tout ce qu’il me resta de la Mauritanie, en sources d’information et en fréquentation de son peuple et de son ambiance, pendant vingt-six ans.

Je fais ici le point de ce qui peut être compris et retenu du pays actuellement, à l’occasion de brèves retrouvailles vécues pendant la première semaine du retour d’exil de l’ancien Chef d’Etat, soit du 17 au 24 Juillet, semaine pendant laquelle j’ai naturellement vécu auprès de ce dernier, mais ai également commencé de mettre à jour ce que je savais de longue date, en interrogeant aussi bien des rencontres de hasard, que six anciens ministres de Moktar Ould Daddah.






I - L’IMPRESSION PHYSIQUE

Nouakchott en 1975 était presque identique à la toute neuve capitale où j’avais vécu en 1965-1966. Certainement pas 50.000 habitants, et encore l’accroissement démographique ne se faisant qu’hors urbanisation à l’époque et à la périphérie, rien de modifié n’apparaissait au centre. Le sable rouge régnait entre des constructions dont aucun groupement ne déterminait des rues ou avenues à trottoirs, c’était la domination du vent, du soleil, des euphorbes et des chèvres broutant de la broussaille et du carton d’emballage. Chaque bâtiment public était isolé des autres, guère de services ailleurs que dans la série des « ministères », tous de même dessin et en barres parallèles, comme à Brasilia mais bien moins nombreux et imposants. Du « Marahaba », hôtel censément de luxe faisant face à l’autre extrêmité de l’avenue de l’Indépendance, au bâtiment unique de la Présidence de la République, on pouvait aller en diagonale vers l’Ambassade de France en droite ligne sans approcher aucune construction, la piscine de l’Ambassadeur entourée d’un muret, les quelques villas des agents du Quai et de la mission d’aide et de coopération étaient disposés sans rien qui les sépare du désert. Jusqu’en 1970 à peu près, et avant que ne soit agrégée à la direction politique et économique du pays la première vague des étudiants pour la plupart formés en France dans les années 1960, l’osmose entre les cadres mauritaniens et ceux de l’assistance technique française était totale, on s’entre-recevait quotidiennement et des réceptions très simples faisaient se rencontrer sans protocole le Président de la République, sa femme, d’origine française, l’Ambassadeur, c’était alors Jean-François Deniau et sa première épouse Dominique, couple éclatant s’il en fut ; j’avais la chance à plusieurs titres de vivre cette intimité et de regarder cette ébauche d’Etat à mes vingt-deux ans, puis ce furent les « événements » de Janvier-Février 1966 et, pour moi, un stage à MIFERMA en Novembre-Décembre 1967, huit mois avant les échauffourées qui firent morts d’hommes.
Nouakchott, en 2001, est supposée rassembler 700.000 des 2 millions d’habitants de la Mauritanie. Pas de villa, pas d‘Ambassade, pas de bâtiment public qui ne soit protégé de murs doubles de la hauteur d’hommes. Une sensation d’encombrement et d’opacité là où l’air était si libre qu’on savait qu’il avait parcouru ou parcourrait tout le Sahara ou tout l’Atlantique pour un instant s’offrir à nous. Sauf les premières dizaines de kilomètres depuis Rosso et depuis Nouakchott, rien n’était goudronné. Aujourd’hui, le palais présidentiel a les dimensions d’un siège de parti soviétique, la mosquée construite par les Saoudiens détermine un véritable quartier. Pour qui est attentif ou nostalgique, il reste bien tous les anciens immeubles ou édifices des premiers temps – de l’autre temps – mais encastrés, emmurés, donc vécus tout autrement. La route dite de l’espoir fait se prolonger l’agglomération nouakchottoise vers l’est sur plus de vingt kilomètres d’une avenue commerçante et de quartiers de villégiatures ou de campagnes désintoxiquant de la ville, me dit-on, tandis que le long de la mer où s’étaient seuls édifiés le wharf et, pour les dimanches matin, du président et de Mme Moktar Ould Daddah et de leurs trois enfants, une cabane de bois peinte en vert, c’est maintenant une seconde ville s’étirant du nord au sud sur des dizaines de kilomètres, me dit-on. L’ambiance n’est donc plus ni à une spiritualité du désert, appréhensible dès qu’on ouvre une fenêtre par temps humide ou la referme à l’approche du vent de sable, ni à une familiarité chaleureuse et très informative entre résidents étrangers et nationaux locaux.

Il apparaît que, malgré l’électrification et l’équipement en télécommunications de chacun des chefs-lieux de région et la liaison routière goudronnées des principaux centres à Nouakchott, sans compter le projet de liaison de Nouadhibou à Nouakchott par la route, la propension à s’installer à Nouakchott et à spéculer sur les terrains, demeure. La succession des crises politiques et surtout l’affairisme montrent que l’immobilier est l’investissement le plus sûr. Celui-ci correspond à un sens de l’épargne qui reste encore très physique. En quoi, au total mais tristement, la capitale représente l’état actuel du pays et de la mentalité populaire. Pas de sens de l’urbanisme, quant à soi et méfiance, finie la capillarité autant avec le désert qu’entre Mauritaniens et Français des premières années.

Seul trait qui demeure inchangé, mais il est significatif : le costume traditionnel, dans la rue, et chez soi, est unanimement porté, hommes, femmes, jeunes. En regard, une différence éclate, majeure : très peu, sinon pas de gens du Fleuve. La Mauritanie dans sa capitale s’est « arabisée » au sens d’un Proche-Orient sans que soit ménagés une tradition d’habitat et un paysage propres. Le projet urbain de 1957-1960 privilégiant la communication avec l’environnement saharien plus qu’océanique et avec tous les milieux humains n’a pas été continué. Le plaquage d’architectures très différentes parce que fournies par des Etats faisant cadeau de bâtiments « clé en main » avait malheureusement commencé avant 1978, mais il n’avait pas conduite à une telle sensation d’encombrement et d’étouffement.





II – LA NATURE DU REGIME EN PLACE

Le régime et son chef, Maaouya Ould Sid Ahmed Taya, s’imposent à deux points de vue : la longévité qui approche maintenant celle du Président Moktar Ould Daddah au pouvoir, et une contrainte qui semble d’autant plus forte que partisans et adversaires, surtout s’ils proviennent du même moule que furent les dernières années du régime de Moktar Ould Daddah, ne leur voient pas d’alternative ni de succession à terme prévisible. Personne n’a de portrait intime du prince régnant qui mette en avant des qualités remarquables, mais l’astuce et surtout des traits originels de bonne volonté. Il est réputé secret, organisé remarquablement pour le renseignement mais isolé psychologiquement et sociologiquement dès son coup d’Etat, puis politiquement et diplomatiquement depuis « les événements » de 1989. Tel que son règne est décrit, il apparaît avoir été habile à faire diversion : d’allure timide et même mal à l’aise en public (revue de collaborateurs ou de troupes, passage à des manifestations traditionnelles), il semble n’avoir ni confident ni inspirateur continuels. Il a su, chaque fois sur la scène intérieure, rattraper une difficulté de relation avec l’extérieur : l’appel à des collaborateurs de Moktar Ould Daddah à deux reprises, dans les mois de son arrivée au pouvoir (Abdoulaye Baro et Sidi Ould Cheïkh Abdallahi), puis après sa réélection présidentielle (Ahmed Ould Sidi Baba et Hamdi Ould Mouknass), mais chaque fois pour figurer au plus près de lui, sans cependant accéder réellement à un partage des responsabilités et de l’information ; la proposition de « démocratie globale » après 1989, l’ouverture projetée des medias aux partis politiques d’opposition ces temps-ci. Les apparences pour un lecteur hâtif de l’histoire mauritanienne dans les années 1960 et 1970 seraient inchangées : un parti pratiquement unique, celui du pouvoir, des groupuscules n’animant ni la vie institutionnelle (le Parlement à deux chambres) ni les mouvements sociaux. Ceux-là semblant n’émaner que des milieux les plus difficiles à interprêter dans leur rapport et selon leur place dans la société mauritanienne moderne : les « compatriotes du Fleuve » et les « haratines ».

C’est ce qui caractérise l’actuel régime plus profondément que la contrainte physique et l’emprisonnement politique (devenus fréquents depuis 1978, mais par périodes). Celui de Moktar Ould Daddah, sans doute parce qu’il n’avait pas d’antécédent, évoluait par intégration, à mesure qu’ils naissaient, des groupes et organisations extérieurs au Parti unique : mouvements des jeunes et des fennes, syndicats, forces armées, et de chaque génération arrivant à relative maturité ou revenant d’études à l’étranger. Ce moule a cassé, et avec lui, une manière de considérer la bi-ethnicité de la Mauritanie comme l’élément le plus fort de son identité. Depuis 1978 et plus encore depuis 1987-1989, la dialectique est à la réduction par la force de l’élément noir : l’histoire sera compliquée à écrire des tentatives de coup d’Etat toucouleur à deux reprises, et des expulsions par centaines de mille de part et d’autre du fleuve Sénégal. La prédominance « beïdane » est en fait celle d’une minorité, au sein de laquelle se consolide ou se fragilisera la structure intime du régime : des alliances tribales, qui conduisent à tolérer ou encourager d’autres alliances de même nature dans la répartition de ce qui n’est pas le pouvoir politique, mais peut être aussi lucratif et générateur de clientèles. C’est l’exact contraire de ce à quoi avait tendu l’exercice du pouvoir en Mauritanie jusqu’en 1978 tant avait été prônées et pratiquées la suppression des chefferies par extinction de leur titulaire du moment, la promotion individuelle sans référence tribale et une alternance « noir-blanc-noir-blanc » dans la direction de chacun des ministères et de chacune des grandes institutions nationales. Cette résurgence du tribalisme frappe tous ceux qui ont connu la Mauritanie d’une décennie à l’autre et/ou qui ont écrit sur ce pays. Elle est cyniquement la contrainte la plus efficace qui puisse être opérée en Mauritanie : un partage des « fruits » du sous-développement et des permissions ponctuelles d’accaparer ; d’une certaine façon, c’était la manière dont avec si peu de forces expatriées, nous nous sommes introduits puis maintenus dans cette partie de l’Afrique, le Sahara y étant un milieu plus propice que d’autres à une emprise sur les esprits par le matériel et des réciprocités de services ou d’influence. Dans l’immédiat, cette façon de durer, mais pas de s’établir va jusqu’à rendre inopérant le suffrage universel même si dans l’avenir il devenait sincère et qu’il s’avère que l’état-civil est enfin à jour. Elle met en porte-à-faux ceux qui avec une autre règle du jeu ne seraient pas tenus d’avoir à faire allégeance (et demandes d’audience) pour éviter des parodies de procès les mettant en faillite ou pour ménager quelque place ou bourse à nomination d’Etat pour leur progéniture

L’affairisme, la spéculation et le peu d’investissements d’origine domestique, tels que beaucoup d’exemples en sont spontanément donnés, sont donc bien moins exogènes que dans d’autres pays en recherche de développement : ils sont le fait du tribalisme à l’intérieur et de l’isolement vis-à-vis des principaux voisinages, France comprise. C’est une régression que constate l’observateur, en dehors de toute référence à ce qu’il a pu connaître dans le passé.

Il est grave que dans ces conditions, l’histoire mauritanienne depuis 1978 soit lue comme étant en partie de responsabilité française. Soit, nous avons effectivement pris la responsabilité de favoriser la chute du président Moktar Ould Daddah, « fauteur d’une guerre perdue » selon nous et selon une partie des Mauritaniens, que les prises d’otages rendaient d’autant plus périlleuses vis-à-vis de notre opinion publique, puis d’opérer, à l’occasion du sommet de Bujumbura, le remplacement du colonel Khouna Ould Haïdallah par l’actuel chef de l’Etat, et enfin, malgré ses fréquents mauvais procédés envers nous, de le soutenir à des moments, comme sa réélection de 1998, où il avait besoin de caution morale – et en ce cas, nous aurons à le confirmer. Soit cette lecture des événements et le relevé de beaucoup d’indices (la présence de René Journiac à Nouakchott au début de Juillet 1978, celle de notre chef d’état-major à Atar la semaine précédant la prise de pouvoir du colonel Maaouya Ould Sid Ahmed Taya) sont autant de fantaisies, et nous serons d’autant plus libres de ne pas rester solidaires de ce que nous n’avons décidément pas contribué à mettre en place. La manière dont la Mauritanie actuelle a su se faire effacer de la « liste noire » des Etats-Unis en échange d’un très peu populaire établissement de relations diplomatiques avec Israël est également exposée ainsi.





III – LE RETOUR DU « PERE FONDATEUR »

Le retour du Président Moktar Ould Daddah dans son pays s’est fait sans condition de part ni d’autre, mais certainement à une heure délibérée par celui-ci et par lui seul. Il n’est pas certain que la conditionnalité qu’il y avait publiquement mise en Mars 2000 en réponse aux approches du régime, était vraiment sa façon de voir et de faire ; elle arrangeait certainement l’opposition démocratique qui s’apprêtait, au moment où il est revenu, à lancer une campagne de pétitions de manière à lui faciliter cet abandon d’exigences qui aurait conduit le Colonel Ould Sid Ahmed Taya à programmer son abdication. Ce dernier fait expliquer son absence à l’aéroport le mardi 17 Juillet par son respect pour une personnalité qui devait être le seul héros de la journée : de fait, l’accueil stricto sensu n’a été organisé que seln la famille de sang. Dans la foule qui fit cortège aux trois voitures roulant au pas, la jeunesse extrême était la plus nombreuse : conscience spontanée d’un événement historique sans en connaître réellement le fondement et la portée ?

Ce retour a aussitôt provoqué une re-lecture de l’histoire du pays, telle qu’elle s’écrivit, quasiment à la troisième personne du singulier, jusqu’au lundi 10 Juillet 1978. L’exercice n’est pas sans péril. Il consiste à réfléchir sur les causes de la chute, donc sur un affaiblissement du régime de l’époque, sur une certaine perte par le Président d’alors de cette autorité politique qu’en dépit d’une grande sobriété de silhouette, de discours et de mise en scène des événements, il était parvenu à asseoir contrairement à tous les pronostics (et aux nôtres qui ne manquèrent pas au moins jusqu’en Février 1966 : Jean-François Deniau, à la fin de 1963, avait pour mission expresse de le « débarquer » tant ses prises de position aux côtés de Sékou Touré qu’il était aller visiter officiellement, nous déplurent et agacèrent le Général de Gaulle). Il est d’ailleurs intéressant de nous souvenir qu’à nouveau à partir de 1972 nous eûmes à reprocher aux gouvernements de Moktar Ould Daddah leurs décisions, dites « révolutionnaires » à Nouakchott, d’autant que, chaque fois, nous en fûmes surpris ; de là, aujourd’hui, à prétendre que la France a préféré des deux régimes, celui qui est le moins intéressant moralement… Les deux réflexions principales, quand le passé est analysé, portent sur le système du parti unique et sur la question saharienne. Le parti unique de l’époque était constitutionnel, mais en fait en perpétuelle réouverture de ses instances dirigeantes, à telle enseigne que les ministres de la première heure voient aujourd’hui dans la chute de 1978 une prise de Moktar Ould Daddah en otage par une équipe de « jeunes Turcs », qui fut ensuite assez prompte à apporter du concours aux successeurs militaires ; son existence antan est un albi aujourd’hui pour les soutiens de l’actuel régime, analysant ce dernier comme une réplique avec défauts et qualités de l’ancien, et notamment le fait que l’opposition ne puisse être que groupusculaire et extrêmiste. C’est oublier le fait qu’à la veille du coup d’Etat, Moktar Ould Daddah, conscient de l’échec du congrès du Parti en Janvier 1978 ainsi que du système des ministères d’Etat (autant de fonctions de Premier Ministre), préparait dans le mutisme qui le caractérise précisément quand des décisions importantes mûrissent dans son esprit et alors même que ceux qui en seraient partisans, se croient désavoués, deux instaurations : celle du multipartisme et celle d’un Premier Ministre, lui-même, si la guerre devait être jugulée, comptant ne pas se représenter en Août 1981. Le legs du Président Moktar Ould Daddah est autant un certain nationalisme donnant son vrai sens à la détribalisation, que dans cette conception seulement instrumentale et transitoire du parti unique.

L’autre est le fait de la géographie autant que de l’histoire ; à moins d’être elle-même le centre politique et économique d’un grand Maghreb, de dimensions sans doute encore plus vastes que la revendication d’Allal El Fassi en 1956, reprise à son compte par Mohamed V, la Mauritanie n’avait le choix qu’entre une bonne entente avec ses deux voisins du nord : Maroc et Algérie, sans afficher la moindre prédilection pour l’un ou pour l’autre – y être parvenu fut de Septembre 1969 à Octobre 1975 l’apogée diplomatique et morale du pays et de son fondateur – ou un attentisme tel à propos de l’enclave espagnole qu’il eut conduit à l’émergence d’une Mauritanie jumelle de celle ayant pour capitale artificielle Nouakchott. Mais cette seconde naissance eût été encore plus combattue par le Maroc que la première, et la Mauritanie aînée n’eût pu éviter de s’engager, donc de choisir encore entre Alger et Rabat. Le drame reste contemporain, puisqu’il est répandu à Nouakchott que le Président Bouteflika n’a pas d’estime pour son homologue mauritanien, et que Mohamed VI est « étonné » de la psychologie de ce dernier. Son voyage sur place ne peut que raidir les termes d’une alternative que Nouakchott ne saurait trancher qu’en ayant par ailleurs des relations privilégiées et sereines avec l’Ouest africain. Or précisément, la Mauritanie s’est retirée de la communauté économique de cet ensemble, contradiction du même ordre que celle ayant abouti aux relations avec Israël, et donc à une certaine rupture avec la Ligue arabe. La réflexion sur cette géo-stratégie permanente semble davantage le fait des fondateurs du pays que de ses actuels dirigeants, car s’il y a une unanimité de toute l’ancienne classe, c’est bien dans le regret qu’elle éprouve des « événements de 1989 », équivalant pratiquement à une changement d’identité du pays, quelque millénaire qu’ait été celle-ci jusqu’à cette tragique année-là. La vocation mauritanienne à unir les deux colorations du continent africain fut vraiment l’obsession autant que le génie d’une génération, dont les militaires, sauf sans doute le Colonel Ould Bouceïf, ont été oublieux : c’est bien l’un d’eux qui devait – follement et dans un secret maintenu plusieurs mois,même vis-à-vis de ses ministres – faire perpétrer le massacre des 532 officiers et soldats toucouleurs de l’armée nationale.




IV – LES ISSUES POSSIBLES

Ceux qui avaient été imprégnés des thèses et de la moralité du Président Moktar Ould Daddah, ont eu des attitudes diverses envers ses successeurs. Aucun n’a pensé à un rétablissement possible, beaucoup auraient souhaité un retour bien plus tôt et surtout des prises de position mieux accordées à la hiérarchie de fait des événements ayant continué l’Histoire après 1978, et notamment une déclaration dans le vif des massacres et « échanges » de populations en 1989. Presque tous font un portrait du Colonel Ould Haïdallah assez absolutoire : celui-ci soutint d’ailleurs la candidature d’Ahmed Ould Daddah en 1992 et se fit annoncer chez Mariem et Moktar ould Daddah, par une chamelle magnifique, dès le lendemain matin du retour. L’institution militaire n’est donc pas davantage que l’institution démocratique une donnée solide permettant au régime son évolution puis un passage de mains tel que le pays renoue avec ses traditions géo-politiques et avec les tentatives de modernisation sociale qui avaient caractérisé les premières décennies de l’indépendance. Certains anciens ministres pensèrent obtenir du Colonel Ould Sid Ahmed Taya le meilleur de lui-même en figurant dans l’oganigramme de la Présidence de la République, en 1985 puis en 1998. Ce n’a pas été décisif. La fédération d’opposants que suscita en quelques semaines de campagne présidentielle Ahmed Ould Daddah, a choisi l’abstention tant aux élections législatives qu’aux élections municipales qui suivirent. Ce qui a conduit la contestation à la rue qui, en Mauritanie, est le désert.

A défaut de scenarii de sortie du régime actuel, il est possible d’indiquer quelques facteurs de nature à faire évoluer à moyen terme la Mauritanie d’une telle manière qu’elle ne puisse plus se projeter d’avenir selon les tenants du pouvoir de ces bientôt vingt années :

1° le prix de plus en plus élevé de l’isolement en Afrique de l’Ouest (le commerce et le « maraboutage » traditionnels en sont très renchéris) et de la précarité des relations avec le Maghreb ;

2° quoique la presse écrite soit faiblement répandue et d’une valeur contestable en arabe comme en français, quoique l’audiovisuel national soit presque ignoré au bénéfice des chaines tunisienne ou du Golfe, un certain pluralisme de l’opinion exprimé existe ;

3° une littérature scientifique sur l’histoire contemporaine du pays, rédigée par des étudiants mauritaniens, existe depuis maintenant assez de temps pour que l’économie, la politique, la sociologie soient désormais évaluées, par celui qui veut s’en donner la peine, en termes objectifs et fondés et non plus selon les « akhbars » ou une tradition orale ;

4° la parution des mémoires du Président Moktar Ould Daddah créera une rentrée de la mentalité collective dans la perspective historique, que le retour de celui-ci a déjà commencé de susciter ;

5° la seule présence du « père fondateur » sur le territoire national empêche désormais des violations trop flagrantes des droits de l’homme et de la lettre démocratique. Il y a désormais un grand témoin, dont l’âge et la santé sont tels qu’il sera impossible pour le régime de le contraindre au silence si l’ancien Président voulait rompre celui qu’il a projeté de garder jusqu’à complet examen par lui-même des données de la situation du pays. Une autorité morale, d’autant plus forte qu’elle est désintéressée politiquement mais qu’elle sera bien mieux informée que depuis l’exil, est apparue. Moktar Ould Daddah est un homme à qui ne l’on ne fait pas dire ce qu’il ne veut pas dire et à qui personne ne peut imposer un cheminement de pensée ou un questionnement qui ne soient pas le sien propre. En ce sens, il échappe littéralement à l’étreinte intellectuelle ; sa communication n’en sera que plus prestigieuse, elle correspondra d’ailleurs à la tradition afro-musulmane d’un aîné à la science et à la morale indiscutées ; elle sera certainement relayée par un possible renversement d’alliances du camp des opportunistes ;

6° la paupérisation et l’exclusion d’une trop grande partie statistique de la population appellent des mesures de conciliation et de réconciliation qui dépassent le cadre d’une démocratie formelle ou d’une fusion de partis ;

7° la capitale est un risque politique et social ; la base de l’armée est peu satisfaite ; le nord minéralier et portuaire est aussi exposé que pendant le vif de la guerre, d’il y a vingt-cinq ans ; le bon sens est ce qu’il y a de plus répandu au désert, avec en sus de la finesse.

Ces réflexions se fondent sur l’intuition que le fond mauritanien n’a pas changé depuis les années 1960, que l’absence de vie politique apparente n’indique qu’un manque de repères et surtout l’existence d’un hyatus – mental et peut-être même démographique – entre la génération qui fonda le pays dans sa version moderne et la génération des jeunes de 18 à 25 ans actuellement, dont les plus motivés ne pourront pas indéfiniment s’exiler pour faire valoir leurs diplômes. Ces jeunes vont accéder à la mémoire collective perdue, à une ambition nationale actuellement insatisfaite et à des nécessités de carrière appelant au désenclavement du pays. La France, si elle a une politique transparente et ouverte, peut contribuer à cette sorte d’impartialité dans l’apparition d’une nouvelle conscience nationale et civique. Les jumelages, les coopérations entre entités comparables (notamment les secteurs bancaire et coopératif), ce qui n’est pas strictement d’initiative étatique, sont très propices à une osmose transmettant de la démocratie, de l’objectivité et de la liberté.

ouverture de ce blog. - présentation & buts


Mauritanie

Ould Kaïge



http://mauritanie-ouldkaige.blogspot.com



Soyez bienvenus.

Vous trouverez ci-après – augmenté périodiquement – des éléments sur la Mauritanie contemporaine, et souvent aussi sur les questions africaines et les relations internationales les concernant.

Principalement,
. des notes d’actualité déjà anciennes ou écrites ad hoc,
. des textes fondamentaux faisant la vie publique du pays, notamment les discours et rapports du président Moktar Ould Daddah, et – moins exhaustivement – de ses successeurs illégitimes ou – pour ce qui est du président Mohamed Sidi Ould Cheikh Abdallahi – légitime,
. des chroniques déjà publiées par l’hebdomadaire mauritanien Le Calame selon le surnom d’Ould Kaïge que m’avait donné le président Moktar Ould Daddah. D’où le titre de ce blog.,
. des documents anciens ou d’actualité,
. des commentaires ou des répliques au jour le jour.

J’interroge et écoûte la Mauritanie et les Mauritaniens – comme des compatriotes d’adoption – depuis plus de quarante ans.

Je ne prétends à l’exhaustivité sur aucun sujet. Je ne réside pas actuellement en Mauritanie, mais y séjourne souvent, et suis en relation électronique avec quelques amis informés et patriotes.

Curiosité, savoir et amour me sont nés, lors d’un premier séjour du 15 Février 1965 au 9 Avril 1966. J’effectuais à Nouakchott le service national français comme enseignant au Centre de formation administrative. Je décidais, dès ma première rencontre avec mes étudiants, futurs agents publics de pas vingt ans ou fonctionnaires d’administration générale chevronnés, parfois proches de la retraite, de ne pas leur asséner les recettes ni le droit et l’économie de l’ancienne métropole, mais de contribuer à leur émancipation intellectuelle en leur enseignant la modernité de leur propre pays en voie de se formuler : économie et politique économique depuis une indépendance d’à peine quatre ans d’ancienneté, droit public nouveau, histoire en train de se faire. Le président d’alors – fondateur de la République Islamique de Mauritanie, seule alors à s’adjectiver ainsi – me reçut le 26 Avril 1965 et donna les instructions pour que toutes archives anciennes ou vivantes, et toute documentation, y compris à la permanence du Parti unique de l’Etat, me soient ouvertes afin que je documente mes cours, puis une thèse de doctorat de droit public sur le pouvoir politique en son pays. Une amitié et une confiance – qui ne se défirent jamais – me furent alors accordés par un homme de sourire, de vision, au charme intense et à la ténacité exceptionnelle. A défaut de publier autrement qu’en quelques articles de revues et en polycopiés d’université, je travaillai pour lui à façon et discrètement, invité à séjourner presque chaque année jusqu’à la guerre du Sahara, qui coincida pour moi avec le début effectif de ma carrière dans la diplomatie économique française.

Le pustch du 10 Juillet 1978 me trouva à Rome, en mission ; l’inquiétude pour mon éminent ami, son épouse Mariem qui l’avait aussitôt accompagné dans sa manière de m’accueillir, leurs enfants m’étreignit aussitôt. Je ne fus apaisé que le 3 Octobre 1979 quand il atterrit, pour raisons médicales, en France, puis comblé de sa confidence en dialoguant avec lui ses pré-mémoires du 16 au 21 Décembre 1979, pendant sa convalescence à Toulon. Désormais, c’est pour ce pays – qui m’était devenu si cher – que je m’inquiétais. Et cette angoisse et ces vœux sont encore les miens aujourd’hui.

Dans l’avion de son retour d’exil, le 17 Juillet 2001, je revenais dans une tout autre Nouakchott que celle de mes vingt ans. J’ai alors contribué à la mise en forme ultime des mémoires de mon éminent ami, en compagnie de Mariem, si exigeante et logique. Ils ont paru, juste le lendemain de sa mort survenue le 15 Octobre 2003. Je le raccompagnai du Val-de-Grâce à Paris jusqu’à la dûne de Boutilimit où autour des Cheikh Sidya reposent les siens.

J’ai aussi entrepris, dès ce moment, d’interroger ses collaborateurs et, aussi, ceux qui l’avaient renversé, puis le plus possible des acteurs de la Mauritanie d’avant et d’après 1978, ceux de maintenant aussi, pour comprendre la suite et l’actualité.

De cette longue familiarité et de ces nombreux dossiers, je projette maintenant de tirer des écrits et réflexions sur la Mauritanie contemporaine – de la « pénétration française » à ces années-ci. Je n’envisage que le pouvoir politique et économique que je peux analyser selon les documents et les témoignages à ma portée. C’est-à-dire que je réserve à d’autres chercheurs, surtout mauritaniens, mais aussi à la jeune école anthropologique française, le soin d’étudier la société et la vie traditionnelle mauritaniennes et leur influence structurante sur le développement moderne du pays. Je ne peux – à ce propos – que résumer ou exploiter de seconde main (la plus adéquate et sans doute l’une des plus érudites étant encore actuellement mon éminent ami Mohamed Ould Maouloud Ould Daddah), et j’y ai grand plaisir intellectuel. Sur la sociologie politique moderne, je crois en revanche demeurer pionnier parce que je suis – par la confidence que m’accorda Moktar Ould Daddah – seul, avec son épouse et ses co-équipiers survivants, à avoir la mémoire (et la documentation) de l’ensemble de la période. Du régime autoritaire, dans ses différentes versions de 1978 à 2005, ma connaissance part des dossiers de presse étrangère et nationale ; elle s’enrichit progressivement du témoignage des premiers et des seconds rôles. Donc, d’importantes publications en projet, mais je débuterai par un Abrégé d’histoire réconciliée de la Mauritanie contemporaine 1903 . 2007 pour donner, au plus vite, un outil d’enseignement et de réflexion aux praticiens qui voudront bien l’accueillir. Et un instrument de mémoire et d’évaluation pour la génération qui n’a pas vêcu la fondation.

Je n’appartiens à personne en Mauritanie ni en France, à aucun mouvement, aucun parti. Je ne suis pas musulman, mais croyant – catholique pratiquant. Rappel de mon parcours, ci-après.
J’ouvre ce blog. pour mieux communiquer et vérifier ce que je sais, et rendre service comme je le puis, à ce pays et à ses citoyens que j’apprécie, et qui m’accueillent, si bien. Vous peut-être déjà.

A vous lire… le dialogue va beaucoup m’apprendre.


Bertrand Fessard de Foucault, alias Ould Kaïge . 8 Mai 2008

rappel biographique

né le 9 Avril 1943 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
marié & père d’une fille née le 22 Novembre 2004

profession : diplomate

enseignant à l’Université Paris VIII Saint-Denis (Institut d’Etudes Européennes) Octobre 2002
& conférencier à l’Université de Bretagne-Sud Vannes Octobre 2005

président du conseil de surveillance d’ETHYS, conseil en gestion éthique et solidaire Juin 2001

Ambassadeur de France au Kazakhstan Juin 1992 . Février 1995

Conseiller commercial, chef des services d’expansion économique près l’Ambassade de France
en Autriche Octobre 1988
à l’administration centrale : Direction des Relations Economiques Extérieures Décembre 1986
au Brésil Décembre 1984
en Grèce Juillet 1982
près le Consulat Général de France à Munich Février 1979
adjoint du Chef de poste au Portugal Septembre 1975

à l’administration centrale
harmonisation des assurances crédit des Etats membres de la C.E. Octobre 1973
exportation du livre français Janvier 1971
achats gouvernementaux des pays membres de l’O.C.D.E. Juin 1969

lauréat de la fondation Elf-Air France Octobre . Décembre 1970 (Suède, Roumanie, Iran, Japon, Indonésie)

élève à l’Ecole Nationale d’Administration 1966 . 1969
stages en Préfecture de Loir-et-Cher,
au Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine, et à la société des Mines de fer de Mauritanie

agrégatif de droit public Juin 1972
D.E.S. Droit public Dakar Avril 1966 & Science politique Paris Mars 1972
service national :
E.N.A. Nouakchott (République Islamique de Mauritanie) Février 1965 . Avril 1966

licence en droit public Juin 1964
Institut d’Etudes politiques de Paris Octobre 1960 . Juin 1964

études primaires à Saint-Jean de Passy & secondaires à Saint-Louis de Gonzague : à Paris 1950 . 1960

candidat indépendant à l’élection législative partielle du Haut-Doubs Novembre 1980
conseiller municipal de Pontarlier (Doubs) Juin 1983 à Janvier 1989
membre du Comité national de soutien pour la réélection de François Mitterrand 1988
l’ayant accompagné à son voyage officiel au Canada Mai 1987,
au sommet francophone de Québec en Septembre 1987 et en Irlande en Février 1988
reçu en audience privée par le Pape Jean Paul II Février 1995
conseiller municipal de Surzur (Morbihan) Juin 1995 à Mars 2001

collaborations de presse Le Monde 1972.1982 – La Croix 1972 . 1997 – Défense Nationale – Lettre de Michel Jobert – Espoir – Revue des deux mondes – Témoignage chrétien – Combat – Le Calame

publications Dernière prière à M. Valéry Giscard d’Estaing, encore président de la République –
Le pouvoir politique en Mauritanie – Maurras et le socialisme – L’esprit du 10 Mai 1981 – L’inquiétude

en préparation Ouvrir une Ambassade dans l’ex-Union Soviétique : ma mission au Kazakhstan 1992-95
Abrégé d’une histoire réconciliée de la Mauritanie contemporaine 1903-2007
biographie de Maurice Couve de Murville, Pierre Messmer, Michel Jobert . présence de Jacques Fauvet
Les relations franco-allemandes depuis 1945 (Que sais-je ?) Les relations franco-américaines (ibid.)
Les relations extérieures de l’Union européenne . Eléments et genèse du droit fonctionnel européen.
Cinq Français et l’Allemagne (Caillaux, Briand, Laval, de Gaulle, Mitterrand)
Une histoire dialectique de la Cinquième République – Ces crises de légitimité qui ont fait la France

langues lues et parlées : allemand, anglais, portugais, espagnol – débuts de russe