lundi 28 mai 2012

limogeage du président de la Cour suprême - message à l'Elysée

----- Original Message -----
Sent: Monday, May 28, 2012 9:24 AM
Subject: Mauritanie exemplaire de la françafrique - Cour suprême gardée militairement pour empêcher depuis hier en milieu de journée que son président limogé et le bâtonnier de l'ordre des avocats y accèdent

Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Préfet, cher ami,
je me suis permis de vous confier par courriel pour le président de la République le remerciement de mes amis mauritaniens - et en fait des Africains - pour la clôture de la palinodie montée à Nouakchott selon laquelle le dictateur actuel allait être invité à la journée du 15 discours. Et ensuite je vous ai fait parvenir une lettre, par la poste, à l'attention du Président.
Il me faut de nouveau appeler sa très haute attention, dans l'esprit de son discours de Tulle, le 6 au soir.
Tout est dit et connu sur le risque sahélien en géo-stratégie, mais il y a des remèdes politiques qui ne coûtent ni argent ni sang des otages ou des soldats. "Débarquer" les illégitimes que leurs peuples respectifs, élites en tête, rejettent, s'inquiétant de leur incapacité autant que de l'image donnée aux gens, leurs compatriotes ou les étrangers, de ce qu'est le pouvoir et surtout quand la France ne le désavoue pas. Précisément, notre désaveu peut faire tomber ce genre de personnages et s'inventer dans de bonnes et belles conditions une démocratie spécifique mais réelle. Nos amis ont ce désir et cette maturité.
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a pris le pouvoir (il était chef de la garde prétorienne depuis une vingtaine d'années, sauf interruption de trois, garde montée sur modèle irakien... et chef de l'état major particulier du seul président mauritanien élu au suffrage pluraliste à l'issue d'un deuxième tour de scrutin) parce qu'il était limogé et remplacé par le général Ould Boubakar, un officier de la plus grande valeur morale et militaire (que n'a pas notre protégé, même et surtout au plan militaire). Depuis, il limoge... après le président de la République, le président du Conseil économique et sociale. Histoire ancienne de bientôt quatre ans ? soit ! mais ensuite le gouverneur de la Banque centrale, le président de la Haute autorité de l'audiovisuel et - depuis hier - le président de la Cour suprême. En début de la matinée du dimanche, le bâtonnier de l'ordre des avocats interdit d'accès à la Cour suprême, cernée par la troupe (comme l'est périodiquement l'Université pratiquement militarisée). En fin de matinée, le président de cette plus haute juridiction, à son tour empêché d'accès et démissionné. Le général-président n'a transféré à aucun autre militaire son commandement personnel de ce que l'on connaît là-bas sous le sigle BASEP.
L'avant-veille, l'opposition avait tenu au centre du pays - en écho aux manifestations hebdomadaires à Nouakchott, le plus souvent réprimées avec violence et auxquelles la participation est encore plus nombreuse que contre le putsch à l'été et à l'automne de 2008 - un grand rassemblement démontrant physiquement l'union des principaux chefs de parti, notamment Ahmed Ould Sidi Baba, qui va prendre la présidence de la Coordination de l'opposition démocratique, et Ahmed Ould Daddah, tous deux anciens ministres du président-fondateur Moktar Ould Daddah, et ce dernier connu du Président, puisqu'il assiste régulièrement en invité de l'Internationale socialiste aux congrès du Parti socialiste. Il faut aussi retenir que les "islamistes" font partie de cette opposition générale et que ce sont eux avec les anciens partis marxistants qui furent les plus en éveil et tristement prophétiques avant le putsch de 2008, alors que le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi soucieux de consensus national formait le gouvernement de son choix, notamment avec eux (Jamil Ould Mansour et Mohamed Ould Moloud).
Il me semble que le rappel de notre ambassadeur pour consultation sera un minimum. Je suis en correspondance confiante avec Hervé Besancenot depuis sa prise de fonctions. 
Vous savez que depuis 1965, époque à laquelle j'ai effectué là-bas le service national, je suis les affaires et surtout les gens de ce pays, par simples affection et tropisme, si... dans nos moeurs "françafricaines", il faut le spécifier. La France est d'image intacte malgré les abus "françafricains", notamment ces cinq dernières années, dont elle est l'illustration exemplaire puisque toutes les composantes de l'illégitimité et de la corruption à Nouakchott comme à Paris s'y retrouvent.
Avec l'expression de mon amicale et déférente confiance.

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