dimanche 12 juillet 2015

selon Vlane ... et ce dont je ne me souvenais plus


http://chezvlane.blogspot.com/2015/07/encore-un-coup-azizien-connaissez-vous.html

Encore un coup azizien : connaissez-vous l'histoire émouvante du ministre de la justice ?

Quand on me l’a racontée, je n’ai pas voulu y croire car on entend tout et n’importe quoi dans ce pays du million de cadavres dans les placards. J’ai alors posé la question à des gens sérieux qui me l’ont confirmée. Ce n’est pas une histoire privée, c’est une affaire publique qui fut l’un des plus retentissants scandales de la république. On peut donc en parler car la taire serait faire de l’ombre au courage hors norme qu’il a fallu à ce jeune pour affronter héroïquement son destin jusqu’à redorer son blason même si ce n’est jamais gagné vu la peur féodale que d’autres osent faire sauter les masques…

J’ai alors fait mille clics sur le net, en me disant qu’il doit bien y avoir une trace de cette affaire au pays de la médisance. Rien nulle part ou presque… Il faut dire que le futur ministre comptait jusque-là pour du beurre. D’ailleurs il peut être viré demain mais cela ne change rien à l’affaire car il restera un exemple de courage, d’audace dont un père peut être fier et dont ce pays a besoin pour faire bouger les lignes qui emprisonnent le progrès.

Qu’a-t-il fait au juste ? Eh ! bien, ailleurs cela serait tout simplement tragique, chez nous c’est en plus  culturellement tsunamique. La seule trace écrite disponible sur le net, on la trouve sur le blog de Bertrand Fessard de Foucault dans son texte émouvant «  Celui qui revient… » à propos du retour du père de la nation, retour qu’il a vécu de l’intérieur où il signale en passant et sans le nommer  qu’« il y a, qui a fait office de chauffeur de la voiture principale, un fils naturel d’Abdallahi Ould DADDAH, dont la reconnaissance a donné lieu à procès. »


Ainsi, ce jeune a eu l’audace inouïe de faire un procès à son père en Mauritanie pour avoir le droit de s’appeler Ould Abdallahi Ould Daddah. Le père yarahmou  n’a pas pu reconnaître ce fils de hartania mais le fils a gagné son procès en république islamique de Mauritanie pour devenir officiellement Brahim Ould Abdallahi Ould Daddah.

Jamais la justice mauritanienne n’a été plus humaine en reconnaissant à ce fils naturel le droit de porter le nom de son père. Jamais Aziz n’a été mieux inspiré de choisir comme ministre de la justice de la république islamique cet avocat qui a connu les plus hauts degrés de l’injustice et de la justice. Effroyable injustice que devoir convoquer son père devant les tribunaux pour que la justice soit rendue et incroyable bonheur de reconnaître que la justice a été rendue.

Bien sûr ce fut un scandale, mais entre nous qui nous nous connaissons, qui n’a pas un cadavre dans le placard ? Les fils ne sont pas responsables des vies de leurs pères, pas  plus que les pères ne sont coupables de n’être que des humains.

Quand on regarde l’entourage d’Aziz, civil et militaire, on trouve des naissances chargées qui sans un coup de pouce azizien n’auraient jamais pu devenir ministre, général, conseiller etc. Ce sont des révolutions silencieuses qu’Aziz administre à la Mauritanie féodale qui tient à conserver certains archaïsmes.

Maître Brahim Abdallahi Daddah, puisque les Ould ont officiellement disparu, a dû subir l’inimaginable, il a dû entendre ou imaginer bien des choses humiliantes venant de la société bien-pensante dont bien peu peuvent prendre Dieu à témoin de leur vie personnelle sans rougir de honte en secret si cette honnêteté leur est encore permise.

L’omerta en Mauritanie tue tous les jours. On sait que deux grands rivaux hratines ont vu le grand-père de l’un tuer le grand-père de l’autre. Ce fut toute une affaire publique à l’époque mais on n’en dira jamais une ligne pour expliquer la rivalité de ces frères ennemis. Cela n’a rien à voir avec les affaires privées qui font qu’on sait que tel célèbre journaliste n’a été reconnu par son père oralement qu’à l’article de la mort comme on sait que tel n’est pas le fils de tel et personne ne lui dira jamais même s’il en souffrira secrètement car un enfant sent toujours ces choses-là.


Comment en vouloir à un fils qui réclame à son père de le reconnaître ? Comment ne pas comprendre le père d’une certaine génération qui n’a pas trouvé la force d’affronter la société hypocrite et cruelle ?

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Je connaissais cette histoire des années 70. Le plaignant avait comme défenseur Maître Ahmed Killy (cousin du père du plaignant). Je vous remercie pour votre écriture des événements de ce pays. Vous ajoutez du bémol à ma fierté d'être un Mauritanien. Très modestement, je vous dis mercis.
merci à vous de compléter cette histoire en nous apprenant que le plaignant avait comme défenseur maître Ahmed Killy. Cordialement

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