mercredi 11 juin 2014

Maître Brahim Ould Ebetty - combattant permanent pour les droits de l'homme, et donc une idée certaine de la Mauritanie



Déclaration de candidature aux fonctions de Bâtonnier de l’Ordre National des Avocats pour la période  2014/2017
Messieurs les Bâtonniers, Chers Confrères ;
Après plus de (32) trente deux ans d’exercice de la profession de façon continue durant lesquels, j’ai pris part à plusieurs procédures et procès ayant trait au délit d’opinion et aux atteintes aux Droits de l’Homme, participé à plusieurs congrès internationaux d’avocats et assuré le secrétariat du conseil de l’ordre pendant 8 années successives et à l’issue des contacts individuels et collectifs que j’ai effectués avec vous, j’ai décidé de me porter candidat aux fonctions de Bâtonnier de l’Ordre National des Avocats pour la période 2014/2017 pour vous servir, servir la profession, la justice et le pays.
Conscient de l’ampleur de cette mission pour laquelle j’œuvre, je  me fonde principalement sur Allah le tout puissant, puis sur vous et sur ma volonté et ma capacité de travail patient et continu que mon expérience, ma technicité, ma fidélité et ma stabilité professionnelles et morale me confèrent d’aptitude pour l’assumer 
Une telle mission, je dirai la mission de tout Bâtonnier, exige un concours permanent de volontés et une mobilisation d’énergies qui ne peuvent  se conjuguer et donc se réaliser que par une participation consciente et effective de tous les avocats dans l’œuvre de réorganisation et de reconstruction de notre profession pour faire face aux différents défis et aux aspirations de nos confrères pour rehausser davantage le prestige, combien grand, de cette noble profession à laquelle, nous appartenons.
Les  défis, les aspirations et les préoccupations des avocats apparaissent à travers un ensemble d’axes que je veillerai pendant mon mandat à réaliser avec le concours matériel et moral de l’ensemble des avocats qui forment notre corps, l’Ordre National des Avocats de Mauritanie.
Ces axes en forme de programme que je vous expose se présentent comme suit :
1-     Garantie et protection de la profession face aux forces d’influence pour qu’elle demeure ce qu’elle a toujours été, le refuge de tous
L’indépendance de la profession constitue la pierre angulaire de son existence et l’avocat et singulièrement le Bâtonnier doit sauvegarder cette indépendance de toute forme de pression quelle qu’elle soit pour qu’il puisse effectuer dignement et honorablement sa mission de défense des intérêts de tous les avocats qui appartiennent à divers horizons et dont la mission consiste à défendre les intérêts des citoyens dans leur existence, leur liberté et leurs biens.
Si l’avocat accepte de se plier aux pressions de ses clients et à celles des acteurs politiques et économiques, il ne pourra pas remplir le rôle qui est le sien qui exige en premier lieu la constance et l’intégrité. La force de l’avocat fait de lui qu’il n’agit et n’écoute que le secret de son bureau inspiré des données des dossiers qu’il traite et des vertus et valeurs de sa profession, secret qui lui permet d’échapper à toute forme de manipulations du client, du juge et des forces politique et économique.
C’est ainsi que le célèbre « le premier ennemi de l’avocat est son client » signifie que l’avocat ne peut effectuer sa mission de défense que si le client accepte et est convaincu que l’avocat n’est pas un moyen, et non plus un outil qu’il utilise ou manipule mais plutôt cet auxiliaire de justice qui assure la mission de défense en toute indépendance.
La constance de l’avocat qui se dégage de cette indépendance apparaît à travers la formule choisie pour son serment : la défense et la représentation avec dignité, conscience, indépendance et humanisme conformément aux lois, textes et valeurs morales.
Si le serment imbu de telles valeurs exige que l’avocat soit au dessus de toute suspicion et donc de valeur morale irréprochable, il en va notamment et en premier lieu du Bâtonnier qui doit incarner le modèle en termes de valeurs dans ses comportements et relations avec les autres, parce que tout comportement négatif ou positif du Bâtonnier, même dans sa vie privée et familiale, aura les mêmes incidences sur la profession. 
Il  doit également observer le sens de la modération et s’éloigner de tout propos ou acte qui peut valoir provocation de toute force politique qu’elle soit au pouvoir ou à l’opposition, pour qu’il reste une référence pour tous et notamment  pour tous les avocats où il est appelé à connaître de leurs différends  internes mais aussi de leurs différends avec les autres.
L’incarnation de telles vertus impose une expérience, un palmarès, une stabilité et des valeurs morales irréprochables, en somme un ensemble de valeurs morales et donc un passé sans antécédent  qui prédispose le candidat à la fonction de Bâtonnier à assumer pleinement le rôle qui est le sien de traiter avec les autres et qui lui permet de prendre des décisions avec retenue et sang froid au mieux des intérêts de la profession et où personne ne peut lui reprocher une conduite quelconque qui peut le faire rougir.
2-Protection des acquis de la profession en matière de défense des libertés et des Droits de l’Homme
L’Ordre National des Avocats et un ordre jeune créé en 1980 après qu’il ait été géré par le Ministre de la justice. Créé donc en ordre indépendant sous l’autorité d’un conseil de l’ordre que préside un Bâtonnier, l’ordre est resté durant ces dernières décennies le refuge de tous, cette sentinelle bien présente pour assurer la protection des libertés comme le qualifiait l’une des meilleures plumes de ce pays.
L’ordre a réussi ainsi à émerger et à s’imposer grâce au rôle qu’il a joué dans la défense de tous ceux, atteints dans leur liberté, dans leur conscience, en somme dans leur existence lors des persécutions policières et lors des procès et dans des conditions particulièrement difficiles où ses membres s’exposaient à toutes les formes de privation, consentant ainsi de multiples sacrifices en dépit des pressions, chantages et provocations.
Ainsi,  l’Ordre a réussi, par la défense des libertés et des droits de l’homme, à susciter une prise de conscience par les citoyens de leurs droits.
Par  ce travail, les libertés se sont développées et notamment, la liberté d’expression, la liberté de presse et l’esclavage et la torture ont été classés crimes contre l’humanité.
Nous pouvons en déduire que tous les développements que la Mauritanie a connus en matière de liberté, reviennent principalement au rôle joué par les avocats pour la défense de tous ceux atteints dans leurs libertés et leur existence.
Il nous revient alors de veiller à la préservation de tels acquis pour mieux servir la justice et le pays tout entier pour consolider davantage la place et l’importance des droits de l’homme et contribuer ainsi à la réduction de la durée de la garde à vue, instaurer l’obligation du Ministère d’avocat dès l’arrestation pour que prévale la présomption d’innocence pour que toute personne, en état d’arrestation, soit désormais traitée dignement en considération de la place que confère ALLAH à l’humain. «Citation verset)
3-Protection et défense des intérêts matériels et moraux des avocats pour l’amélioration de leurs conditions
 La protection des intérêts matériels et moraux des avocats exige une action permanente et soutenue pour préserver l’indépendance de la profession, parce que c’est l’avocat qui crée cette indépendance lorsque ne compte pour lui que le fruit de son travail, loin d’aspirer à toute protection ou moyen externe, sa richesse n’est autre que sa parole, ses écrits et sa force d’exécuter son Ministère avec courage, professionnalisme et modération en toute circonstance pour faire valoir le droit.
Je pense personnellement que la protection de l’intérêt matériel et moral de l’avocat passe par la défense de cette indépendance et la culture de la conscience professionnelle, action à laquelle le Bâtonnier doit s’y consacrer en se fondant sur des critères objectifs qui favorisent et encouragent la seule et loyale compétition entre avocats dans l’exécution de leur ministère pour mieux servir leurs clients et la justice en général.
4-Création de structures pour garantir la formation et la formation continue des avocats pour uniformiser leurs sources, leurs références et rehausser leur niveau dans tous les domaines
Il s’agit d’une question qui demande une attention toute particulière et bien soutenue pour dégager une approche qui canalise tous les aspects de la problématique. Pour dégager les paramètres de traitement des dossiers, rédiger des requêtes et conclusions, définir et identifier des techniques de recherches, de rédaction des contrats et consultations, maîtriser et accompagner l’évolution des textes législatifs et réglementaires, suivre les pratiques des tribunaux et cours, j’entends créer à cette fin des structures sous forme de centres de recherches et de rencontres entre les avocats pour échanger leurs expériences et favoriser les échanges  avec les autres notamment les confrères étrangers sur toutes les questions ayant trait à l’exercice de la profession.
Dans ce cadre, j’entends multiplier les échanges pour mieux suivre l’évolution pour développer  nos techniques de travail, la gestion de nos cabinets et le traitement de nos dossiers en favorisant la multiplication des centres de réflexion, groupes de travail à travers les ateliers et colloques sur le plan interne mais aussi sur le plan international en partenariat avec les Barreaux amis, disposés à échanger avec nous.
Plusieurs Barreaux dans le monde imposent à leurs membres un nombre d’heures de formation continue qu’ils réalisent par la participation aux colloques, séminaires et rencontres de formation et d’échanges.
Quant à nous, il nous revient d’explorer de telles techniques pour assurer aux avocats une formation continue qui leur permet de développer leurs techniques de travail et de gestion de leurs cabinets.
En matière d’étude et de suivi des textes législatifs et réglementaires, nous devons travailler pour suggérer toutes les modifications utiles et de nature à adapter les textes au vécu quotidien tout en effectuant toute étude et commentaire des pratiques juridictionnelles et nous impliquer davantage dans les congrès et forums internationaux d’avocats qui prennent en charge les préoccupations de la profession pour suivre l’évolution à tous les niveaux.
Pour ainsi faire, il nous appartient de nous impliquer davantage et en nombre dans les congrès et forum des organisations internationales des avocats à travers l’Union des Avocats Arabes, l’Union Internationale des Avocats et de la Conférence Internationale des Barreaux de tradition juridique commune pour mieux échanger dans le cadre de telles rencontres.
5- Participation effective et active dans l’assainissement de la justice
Tout le monde s’accorde à dire que la première priorité à laquelle, il faut s’attacher consiste à travailler pour assainir le secteur de la justice.
N’est ce pas que c’est grâce au mémorandum de l’Ordre National des Avocats des années 1990 que le mal de la justice avait été identifié et remède prescrit et après son rejet par certains milieux dans un premier temps, il finit par servir de termes de références aux différentes réformes que le secteur a connues. Un tel constat bien connu permet de soutenir que les avocats ont joué et peuvent toujours jouer un rôle de premier plan dans toute entreprise d’assainissement du secteur de la justice.
 L’Ordre, comme par le passé, demeure dans le même état d’esprit et de prédisposition pour participer à une telle entreprise.
Me fondant sur les acteurs de cette entreprise d’assainissement du secteur composés des magistrats, des avocats et des greffiers qui forment les piliers incontournables du secteur, j’entends exprimer à Monsieur le Ministre de la justice la disponibilité constante de notre Barreau à participer à l’entreprise d’assainissement et de reforme du secteur par la mobilisation de tous les avocats dans le cadre d’une concertation où nous pourrons apporter le concours en ressources nationales, mais aussi étrangères, Bâtonniers et magistrats avec lesquels nous entretenons d’excellentes relations depuis plusieurs années et qui nous ont toujours exprimé leur disponibilité, dès qu’ils seront requis, pour apporter leurs concours d’expérience et de technicité.
Avec le Ministère de la justice, j’opte pour un partenariat actif dans tous les domaines pour assurer une meilleure gestion et un meilleur suivi de toute reforme envisagée pour qu’elle se réalise dans des conditions satisfaisantes. Nos relations avec les Bâtonniers arabes, africains et européens nous permettent de compter sur la mobilisation de leurs ressources pour apporter leur savoir faire dans le cadre de la formation et de la formation continue des avocats et des magistrats.
5.1Relations avec les juridictions 
Pour l’organisation et la gestion des relations avec les juridictions tendant à une meilleure définition des paramètres de travail en commun, j’entends agir sur la base des directions suivantes :
-          Le traitement des demandes et sollicitations des avocats sans qu’ils soient contraints de se présenter pour requérir de réponses
-          Le respect des horaires de tenue des audiences pour permettre une meilleure gestion du temps des juridictions, des avocats et des justiciables
-          La graduation du niveau des requêtes, mémoires, conclusions  et plaidoiries des avocats en fonction du degré de la juridiction
-          La multiplication des centres de rencontres, échanges entre magistrats et avocats par l’organisation de conférences, de colloques aux fins d’échange sur les pratiques juridictionnelles
5.2- Relations avec le Ministère Public
 En leur qualité de magistrat, les membres du Ministère Public, même soumis à l’autorité de la chancellerie, bénéficient d’un régime qui atténue cette subordination à travers le principe posé par la loi  « si la plume est serve la parole demeure libre ». Un  tel concept qui régit les magistrats du parquet nous impose de les traiter, à l’instar de tous les magistrats, avec tous les respects qui leurs sont dus conformément à notre serment. En fait, nous devons, pour apprécier de tels rapports comprendre que dans toute action judiciaire, le différend oppose, au moins, deux parties. C’est ainsi que dans l’action civile, il y a un demandeur et un défendeur et en matière pénale un Ministère Public et une Défense. Une telle situation doit nous éclairer, nous guider dans nos comportements et dans nos relations avec les magistrats du parquet pour leur permettre de jouer le rôle qui est le leur tout en assumant pleinement notre mission de défense pour que les deux parties (Ministère Public et Défense) éclairent le magistrat pour prendre sereinement sa décision.
5.3 Relations avec les greffes
Les services des greffes composés des greffiers en chef, des greffiers et secrétaires de greffes constituent le pilier sur lequel repose le système judiciaire dans son ensemble et qui est, de ce chef, indispensable pour assurer le bon fonctionnement de l’appareil judiciaire.  Etant détenteurs et donc conservateurs des registres, des produits et de toute documentation portant sur toute action juridictionnelle, ils doivent prendre conscience, eux-mêmes,  de leur importance et de leur force, comme il appartient aux juridictions et aux services administratifs du Ministère de la justice de les traiter en tant que partie essentielle sans laquelle aucune entreprise d’assainissement ne peut être réalisée pour en tirer toutes les conséquences portant sur leur statut et leurs conditions de travail.
5.4 Exécution des décisions judiciaires
L’article 298 du code de procédure civile, commerciale et administrative énonce la formule exécutoire en ces termes « en conséquence, la République Islamique de Mauritanie mande et ordonne à tous agents d’exécution, sur ce requis, de mettre ledit arrêt  ou jugement, etc…) à exécution, aux procureurs de la république, aux procureurs généraux, d’y tenir la main à tous commandants et officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis. »
L’exécution porte essentiellement sur les jugements assortis d’exécution provisoire, les jugements non susceptibles de voie de recours ordinaire et les actes notariés, les procès verbaux de conciliation et autres titres exécutoires
Il en ressort de cette formule que la République Islamique de Mauritanie ordonne à ce que main forte soit donnée à tout détenteur de tels titres pour en assurer la bonne exécution.
Une telle injonction est ainsi donnée pour surmonter toute difficulté relative à la bonne application de la formule exécutoire et pour en assurer meilleure utilisation, j’entends engager des concertations avec le Ministère Public et l’ensemble des huissiers pour surmonter toutes les difficultés que connaissent actuellement les procédures d’exécution et que la force de la loi soit restaurée.
S’agissant de l’Etat et des personnes morales de droit public que l’article 327 du Code de Procédure Civile,  Commerciale et Administrative exonère des voies d’exécution et comme le législateur accorde de tels privilèges à ces institutions en raison de leur solvabilité présumée, et des présomptions de respect de la loi et de l’autorité de la chose jugée qu’elles doivent incarner, j’entends engager des pourparles avec les institutions de l’Etat et les personnes morales de droit public en vue de  dégager une approche qui permet l’exécution des décisions judiciaires pour qu’elles ne restent pas lettres mortes où les condamnés usent du régime protecteur pour priver les détenteurs de droit de la possibilité de recouvrer leurs dus consacrés par des décisions judiciaires définitives.
5.5 Exécution sur les sociétés d’assurance
Durant ces dernières années les sociétés d’assurances se sont multipliées et les exécutions sur certaines d’entre elles sont devenues difficiles pour ne pas dire impossibles.
Dès lors où ces sociétés sont tenues légalement d’exécuter toutes les décisions exécutoires, j’entends en concertation avec les avocats et les huissiers agir pour mettre fin à ce désordre qui caractérise aujourd’hui l’exécution sur certaines sociétés d’assurances.
Pour ainsi faire, j’engagerai des discussions avec toutes ces sociétés pour définir les meilleurs procédés qui garantissent l’exécution des décisions en parfaite coordination avec les huissiers et en collaboration avec le Ministère de tutelle en cas de besoin tout en tenant informé toutes les institutions concernées de toute évolution ou difficulté éventuelle à l’effet de dégager une approche définitive qui tend à garantir la protection des victimes constituées de veuves et héritiers mineurs et autres.
6- Action pour la mise en vigueur d’institutions corporatistes pour faire face aux exigences de santé et de vieillesse
Les modifications apportées à la loi portant organisation de l’Ordre National des Avocats intervenues en 2007 portent entre autre sur la création de système de corporation, mais la mise en vigueur de ce système demeure en l’état et n’a donc connu aucune évolution. En fait tout regroupement dont les membres se comptent en centaines et en progression nécessite la création de système corporatiste mutualiste et d’assurance maladie et vieillesse.
Dans ce cadre, j’entends m’investir pour que les avocats comprennent la nécessité de la création de mutuelles ou de toute autre structure corporatiste pour répondre aux exigences de santé et de vieillesse et pouvoir régler ainsi le sort de chacun d’entre nous et des générations futures
Pour ainsi faire, et tout en poussant la recherche et la réflexion pour combler ce vide, j’entends impliquer les institutions nationales d’assurances et banques et solliciter le concours des Barreaux amis qui sont déjà dotés de structures d’assurances multiples, il s’agit principalement des Barreaux sénégalais, marocain, tunisien, algérien, malien, belge et  Français qui ont exprimé toute leur disponibilité pour nous apporter leur expérience en termes de conception, d’organisation, d’encadrement et de formation.
7- Mise en application de l’assistance judiciaire au service des démunis et des sans voix pour la défense de leurs droits
L’Etat, remplissant l’une de ses missions d’offrir à ceux, sans voix et sans moyens, les possibilités de se défendre, a créé, par tout un arsenal juridique, l’assistance judiciaire portant définition du cadre, des bénéficiaires et du système d’organisation et de fonctionnement, mais les textes adoptés et promulgués sont restés sans effets  pour ceux au profit desquels ils ont été conçus par l’absence d’arrêtés portant création des structures de gestion.
Dès lors où la mise en application de cet arsenal juridique ne nécessite que quelques textes d’application, j’entends, dans le cadre d’un partenariat à créer avec le Ministère de la justice et avec toute instance de financement nationale et internationale, agir pour que l’assistance judiciaire devienne réalité pour assumer la mission pour laquelle elle a été créée à l’instar des autres pays qui l’ont adoptée comme système.
8- Diversification des ressources de la profession et meilleure méthode d’utilisation
Les seules ressources de la profession demeurent,  à ce jour, constituées des seules cotisations que doit verser annuellement chaque avocat. Face à leur niveau et aux difficultés que connaît leur  recouvrement, je compte engager une large réflexion sur leur niveau et les procédés de recouvrement pour demander à l’assemblée générale après adoption par le conseil de l’ordre l’élaboration d’un plan d’actions aux fins de diversification des ressources pour doter la profession de moyens qui lui permettent de faire face à son développement et à offrir à ses membres des conditions qui leur permettent de travailler dans de meilleures conditions. Dans le cadre de ce plan d’actions, j’entends suggérer, après adoption par le conseil de l’ordre et approbation par l’assemblée générale, l’émission d’un timbre à apposer sur les  requêtes et/ou conclusions présentées devant les juridictions qui peut constituer un moyen pour doter la profession de nouveaux revenus substantiels. Une telle initiative avait vu le jour au courant des années 1990,  mais n’a pas donné de résultats en raison de l’absence de procédés bien conçus et efficients.
L’adoption d’une telle politique nécessite une résolution mais aussi une sensibilisation effective des avocats et une inspiration des expériences étrangères et notamment  tunisienne et l’implication des services des greffes  et du trésor public par l’adoption des meilleurs procédés de conception du timbre et des mécanismes de recouvrement.
Il est également permis d’engager dans le cadre de cette diversification de ressources des prospections aux fins de financement avec des établissements financiers nationaux et internationaux pour la réalisation d’objectifs bien conçus et bien élaborés et au seul service de la profession.
Tout en travaillant pour la diversification des ressources, il importe de veiller à leur bonne gestion pour qu’il soit bien compris que la recherche de la diversification des ressources est conçue pour mieux servir la profession à l’effet de la doter de moyens et équipements qui lui confèrent la place qu’elle mérite et sauvegardent son indépendance.
9- Dotation de l’Ordre d’un siège  pour doter la profession de la maison de l’avocat
Depuis la création du  Barreau en 1980, l’ordre demeure sans siège, hormis les bureaux dont il dispose au palais de justice qui, du reste, sont indispensables pour faire face au fonctionnement quotidien et ponctuel et qui nécessite cependant un entretien et un équipement adéquats
Une telle situation impose la recherche de moyens pour doter notre profession d’un siège qui lui garantit des conditions de travail décentes et offre aux avocats, qui le désirent, divers services pour l’exercice de leur ministère.
Pour faire face à cette exigence, je me propose de mobiliser les ressources propres des avocats et faire des prospections aux fins de financement en m’adressant aux institutions nationales et internationales de financement pour lesquelles nous devons fournir les garanties nécessaires pour les amener à apporter leurs concours pour la réalisation du projet
10- Mobilisation et utilisation de l’ensemble des relations de l’Ordre au service des avocats, de la justice et du pays
En référence au prestige du Barreau tant national qu’international, je continuerai à agir pour consolider ce prestige à tous le niveaux, en nous impliquant en nombre toujours croissant dans les forums internationaux et continuer à assumer pleinement la noble mission de défense du droit et de l’Etat de droit pour mieux servir les libertés et les Droits de l’Homme.
Je veillerai  à ce que le Barreau soit plus présent dans les milieux de la société civile pour qu’il devienne l’un de ses principaux acteurs et pouvoir ainsi jouer le rôle qui est le sien en tant que modérateur et refuge sans positionnement politique pour qu’il joue le rôle de rapprochement entre les différents acteurs politiques.
Enfin, en raison de ma présence dans les instances dirigeantes de plusieurs organisations internationales de Barreaux, j’entends donner une plus grande impulsion de notre présence dans ces organisations pour pourvoir en tirer les meilleurs profits.
11- Refonte des textes propres de la profession pour qu’elle s’adapte aux nouvelles conditions de développement
Depuis les modifications apportées à la loi portant organisation du  Barreau en 1995, aucune modification substantielle n’est intervenue hormis celles de 2005 et 2007 dans des limites bien circonscrites.
En fait le développement de la profession et les exigences édictées par les évolutions nationales et internationales exigent une refonte des textes pour qu’ils s’adaptent aux nouvelles conditions.
Actuellement le barreau fait face à une difficulté majeure en raison de la fermeture du centre de formation des Jeunes postulants pour le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocats dit CAPA. C’est ainsi que depuis plus de 4 ans le Barreau n’a enregistré aucune entrée de jeunes avocats stagiaires, j’entends alors, en étroite collaboration avec l’université, les Ministères de l’enseignement supérieur et de la justice, travailler pour apporter une solution à cette difficulté par l’ouverture d’une structure à la faculté de droit pour les postulants au CAPA ou la recherche de toute autre solution pour permettre aux  jeunes diplômés d’accéder à la profession
En plus de la question du CAPA qui doit être réglée en priorité, il importe de réfléchir sur la sécurité et la protection des avocats dans l’exercice de la profession ainsi que les conditions d’accès à la profession et notamment  l’âge et les références académiques
12- Organisation de la profession
En considération des conditions actuelles d’exercice de la profession et des impératifs du travail, je compte engager une réflexion pour la recherche d’une meilleure optimisation de notre énergie, de notre temps et de nos moyens aux fins d’adoption des meilleures formes d’organisation à travers les diverses formes de collaboration, d’association et de création de sociétés professionnelles d’avocats en nous inspirant des expériences des Barreaux amis pour évoluer vers les meilleures techniques d’organisation de la profession.
13- Sensibilisation sur le rôle des avocats
Comme il n’est pas permis à l’avocat, déontologiquement, de se faire de la publicité, il est cependant d’usage que le Barreau, à travers son Bâtonnier, fasse connaître le rôle de l’avocat en termes d’assistance conseil et de représentation judiciaire. Pour effectuer ce travail de sensibilisation, j’entends mener tous les contacts au niveau des pouvoirs publics, des sociétés nationales et internationales pour susciter une prise de conscience du rôle de l’avocat pour faire comprendre à l’ensemble des acteurs  ce que l’avocat peut apporter dans les domaines de l’assistance-conseil et de l’assistance judiciaire
Une telle campagne de sensibilisation sera effectuée par un plaidoyer bien conçu et bien orienté en direction du gouvernement pour que l’Etat soit assisté dans ses négociations, élaboration des conventions et contrats et en direction des partenaires au développement  notamment la banque mondiale, les nations unies et l’union européenne pour que ces institutions confèrent au Barreau le statut de conseil.
14- Place des avocats et leur spécificité
Les avocats constituent l’une des élites de la société  et doivent être, de ce chef, les seuls maîtres de leurs orientations et de leurs décisions loin d’être un instrument entre les mains des autres.
C’est ainsi que dans le cadre des élections pour le renouvellement des instances du Barreau, tout candidat doit tenir compte de cette spécificité tirée de la qualité de l’électeur  pour en adapter son message et éviter toute conduite ou comportement impropre de toute sorte.
Grâce à la volonté d’ALLAH, à votre soutien pour la réalisation du programme du candidat que je suis aux fonctions de Bâtonnier de notre Barreau par lequel j’ai essayé d’identifier vos principales préoccupations et fort de mes performances professionnelles et morales, j’ose compter sur votre concours pour mon élection pour qu’ensemble, nous restions mobilisés pour mieux servir la profession et toutes les générations d’avocats.
Qu’ALLAH, le tout puissant, guide mes pas pour servir la Profession, la Justice et la Patrie, Amine.    
                                              













CV de l’Avocat Brahim O Ebety, candidat aux élections du Bâtonnier de l’Ordre National des Avocats de Mauritanie
Date et lieu de naissance : 22 septembre 1958 à Boutilimitt
        I.            Etudes fondamentales, secondaires et universitaires
-Eudes Fondamentales
-         1963-1969 : Ecole Primaire à Ain-Selama (Boutilimitt)
-         Collège :
o      1969-1970 : 1ère année (6ème) à Dakar dans un collège privé
o      1970-1971 : 2ème année (5ème) au lycée de Nouakchott
o      1971-1972 : 3ème année (4ème) au collège de Rosso avec un renvoi de deux mois (mars et avril) pour fait de grèves et passage en fin d’année en 4ème  (3ème) année à l’issue des examens
o      1972-1973 : 4ème année (3ème), renvoi définitif pour fait de grèves
-         Lycée :
o      1975-1976 : préparation du probatoire, prélude au baccalauréat et succès à l’issue des examens en juillet 1976
o      1976-1977 : reprise de la scolarité normale et préparation du baccalauréat et succès en filière Lettres Modernes
-         Etudes Universitaires :
o      1977-1981 : Faculté des sciences juridiques et économiques de l’Université de Dakar, sanctionnées par une maîtrise en droit des affaires en juillet 1981
     II.            Exercice de la profession d’Avocat
-         Novembre 1981- Janvier 1983 : stage d’Avocat à l’Etude du Bâtonnier Ahmed Kelly O Cheikh Sidiya
-         Janvier 1983-Novembre 1983 : poursuite du stage à l’Etude du Bâtonnier Yacoub Diallo
-         Novembre 1983 : ouverture d’une Etude d’Avocat
Exercice de la profession à travers ses différents volets durant le stage et en mon nom depuis novembre 1981 par la représentation devant les juridictions, l’assistance conseil, la rédaction des conventions et contrats, la recherche et la participation aux négociations.
-         Premier cabinet d’Avocat en Mauritanie doté d’un clavier en langue Arabe
-         Secrétaire du Conseil de l’Ordre pendant huit ans consécutifs de 1991 à 1999
-         Conception et organisation avec le Bâtonnier Mario Stasi, Secrétaire Général de la CIB et par mandat du Bâtonnier du premier colloque d’Avocats organisé en Mauritanie en février 2007 conjointement par l’Ordre National des Avocats de Mauritanie et la Conférence Internationale des Barreaux de Tradition Juridique Commune dite CIB
-         Participation dans la conception et l’organisation avec Mario Stasi, Secrétaire Général de la CIB, le Bâtonnier et le conseil de l’ordre du premier congrès d’Avocats organisé en Mauritanie : il s’agit du congrès de la Conférence Internationale des Barreaux de Tradition Commune dite CIB organisé en décembre 2011 à Nouakchott
   III.            L’action politique
a.       Dans le cadre du mouvement scolaire et du mouvement des Kadihines
-         Adhésion en 1971 jusqu’à octobre 1975 au mouvement scolaire et au mouvement des Kadihines
-         Mars 1972 : renvoi du collège de Rosso pendant deux mois pour fait de grèves
-         Novembre 1972 : renvoi définitif de la 4ème (3ème) année du collège de Rosso
-         Arrestation en juin 1973 à Rosso et détention à Nouakchott jusqu’à janvier 1974
-         Arrestation pour la seconde fois en mai 1974 à Rosso et détention à Nouakchott jusqu’à février 1975
-         L’abandon de l’action politique en octobre 1975 et la reprise des études pour s’y consacrer
b.      Reprise des activités politiques
-         Participation et Mobilisation pour la défense de la liberté couronnée par l’adoption de la constitution de 1991, la liberté de la presse et la création des partis politiques
-         1991-2003 : retour à l’activité politique dans le cadre de la campagne présidentielle d’Ahmed O Daddah et au sein des partis UFD-ère nouvelle et le RFD
-         Depuis 2003  personnalité indépendante sans affiliation à un parti politique
  IV.            L’action dans le cadre des Organisations des Droits de l’Homme
-         1986 : membre fondateur de la Ligue Mauritanienne des Droits et l’Homme et membre de son premier Bureau Exécutif
-         1995 : membre fondateur du GERDDES et son secrétaire général
-         1995 : membre fondateur de SOS-Esclaves
-         Collaborateur avec Amnesty International, la FIDH et Human Rights Watch
-         Participation au courant des années 90 et les années 2000 dans les travaux de la commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
-         Arrestation et détention du 17 janvier 1998 au 24 mars 1998 pour création et gestion d’organisation des Droits de l’Homme
-         Participation dans plusieurs séminaires et colloques organisés par Amnesty International et la FIDH
-         2012 : membre fondateur de l’Association des droits du Patient et membre de son bureau exécutif
     V.            L’action dans le cadre des organisations internationales de Barreaux
-         Participation en 1984 au congrès de l’Union des Avocats Arabes et suivi de ses congrès et bureaux permanents en dépit de mes réserves sur la prééminence dans ses activités du politique sur le professionnel
-         Membre actif au sein de l’Union Internationale des Avocats depuis 1994,  son représentant national en Mauritanie et membre de son Conseil de Présidence depuis 2012
-         Membre actif depuis 1997 au sein de la Conférence Internationale des Barreaux de Tradition Juridique Commune dite CIB et membre de son Conseil d’Administration qui a été créé et les membres élus au congrès d’Abidjan tenu en décembre 2013 après la mort du Secrétaire Général Mario Stasi en novembre 2012
-         Elaboration avec Mario Stasi en juillet 2012 du programme du congrès de la CIB qui s’est tenu à Kigali au Rwanda en décembre 2012
-         Participation à plusieurs congrès, séminaires, colloques et rentrées judiciaires des Barreaux en Afrique de l’Ouest, du Centre et du Nord, en Europe, en Asie et en Amérique
  VI.            Actions dans le cadre du mouvement Associatif
-         1978-1980 : Président de l’Association des Etudiants et Stagiaires Mauritaniens à l’Université de Dakar
-         1993-2013 : Président de bureaux d’Association de Parents d’Elèves dans plusieurs écoles dont
o      Ecole d’Application de l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI)
o      Etablissements privés Chems Dine
o      Etablissements privés Sahel
o      Etablissements privés Elmourad
VII.            Actions en dehors de la profession d’Avocat
-         1977-1978 : Enseignant de la langue Arabe à des enfants au collège dans un domicile à Dakar durant la 1ère année universitaire
-         1978 : instituteur de langue Arabe et Française durant les vacances d’été au Corps de la Paix Américain (Peace Corps Office)
-         1979 : Assistant d’un expert américain durant les vacances d’été pour la réalisation d’une étude sur le droit foncier en Mauritanie
-         1980 : Assistant de recherche d’un expert américain durant les vacances d’été pour la réalisation d’une étude sur le rôle du secteur privé dans le développement, étude réalisée dans le cadre du 4ème plan économique et social qui m’a permis de parcourir tout le territoire national
-         1982-1989 : Assistant chargé de travaux dirigés en droit pénal, civil et commercial à la faculté de droit de Nouakchott
VIII.            Principaux procès politiques et/ou sensibles auxquels j’ai participé depuis 1983
-         1983 : Procès du mouvement Baathiste- Base militaire de Jreida
-         1985 : Procès d’éléments appartenant au mouvement Nassiriste
-         1986 : Procès du mouvement FLAM au palais de justice de Nouakchott
-         1987 : Procès des militaires négro-africains - Base militaire de Jreida
-         1988 : Procès du mouvement Baathiste-Palais de justice Nouakchott
-         1989 : Procès du mouvement Baathiste- Base militaire de Jreida
-         1990-1991 : suivi du dossier des militaires négro-africains jusqu’à leur libération après la décision de la défense du boycott du procès qui devait être organisé à Wad-Naga
-         1992 : suivi du dossier à Nouadhibou des détenus de la campagne présidentielle d’Ahmed O Daddah
-         1993 : dossier des veuves et des victimes des arrestations et des exécutions dont étaient victimes les négro-africains en 1990-1991
-         1995-1996 : procès du mouvement Baadhiste au Palais de Justice de Nouakchott
-         1997 : Procès des éléments appartenant au mouvement Nassiriste
-         1998 : dissolution du parti AC
-         1998 : procès de Baba O Sidi Abdallah, Haut commissaire de l’OMVS poursuivi pour haute transition
-         1999 : procès d’Ahmed O Daddah et de Mohameden O Babbah
-         1999 : dissolution du parti UFD-ère nouvelle
-         2000 : dissolution du parti Taliaa et défense de ses dirigeants
-         2000 : arrestation et défense des militants du mouvement Conscience et Résistance à Nouakchott et à Kaédi
-         2001 : procès de Chbih O Cheikh Melainine à Nouakchott et à Aïoun
-         2003 : avocat de Mohamedou O Sellahi, l’un des détenus mauritaniens à Guantanamo
-         2003 : dossier des imams et des islamistes
-         2003 : procès de candidat Ould Heidallah et du directoire de sa campagne
-         2004-2005 : procès des militaires, des civils et des dirigeants de l’opposition à Wad-Naga
-         2004-2005 : Défense de Mohamed Hacen O Deddew, Jemil O Mansour et Mokhtar O Mohamed Moussa dans le cadre de leur poursuite consécutive à la plainte de la Direction de la Sûreté de l’Etat après découverte et diffusion des pratiques de tortures dans les centres d’arrestation de la police
-         2009 : avocat de Yahya O Ahmed Waghev, ancien Premier Ministre
-         2009 : avocat du journaliste Hannevi O Dehah, directeur du site Taqadoumy
-         2009 : avocat des hommes d’affaires
-         2010 : avocat de Mohamed Lemine O Dadde, ancien Commissaire aux Droits de l’Homme chargé de la société civile et de l’action humanitaire
-         2011 : suivi du dossier des étudiants arrêtés
-         2010-2012 : Biram O Dah O Abeidi et ses codétenus


















Interview accordée au site Cridem publiée le 13 avril 2014 sur le même site puis sur le site saharamedias
Me Brahim Ould Ebety, candidat au bâtonnat mauritanien : 
« Tout candidat qui tenterait d’avoir un parrain politique ou économique échouera… »
«L’homme sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont… » C’est en ces termes que Me Mario Stasi rendait hommage à Me Brahim Ould Ebety au cours du 26eme congres de la Conférence Internationale des Barreaux (CIB) de Tradition juridique Commune tenu à Nouakchott en décembre 2011. Me Stasi faisait référence au rôle joué par Me Ebety dans la lutte pour l’instauration d’un État de droit en Mauritanie. Me Ebety, membre fondateur de la Ligue mauritanienne des droits de l’Homme, membre fondateur de SOS esclaves et du Gerddes… après plus de 30 de gestion de son cabinet, est candidat à l’élection du bâtonnier de l’ordre national des avocats mauritaniens. Une élection qui aura lieu en juin 2014. Pourquoi cette candidature ; quelles sont les propositions de Me Ebety ? Réponses dans l’interview qui suit.
Cridem : Quelles sont les raisons de votre candidature ?
J’exerce le métier d’avocat depuis plus de 32 ans. Après  ce  long parcours, je crois que  je suis de ceux qui peuvent prétendre à la fonction de bâtonnier. J’ai géré un cabinet pendant plus de 30 ans. J’ai géré le conseil de l’ordre en tant que  secrétaire pendant 08 ans. J’ai des relations au beau fixe avec l’ensemble de mes confrères. Ces bons rapports avec mes collègues ont pour cause mon passé, mon professionnalisme et la qualité de mes relations. Comme vous le savez, la Mauritanie a connu des moments difficiles, notamment de 1980 à 2005. Le barreau auquel j’appartiens à jouer un rôle important dan l’assistance de toutes les personnes sans voix, éprises de justice.  J’étais de ceux qui étaient là pour défendre tous les courants politiques ou idéologiques, défendre des citoyens victimes d’arrestations arbitraires, de tortures voire d’exécutions sommaires. Ce passé, pour un avocat, est très important, je dirai capital et je m’en glorifie de l’avoir bien rempli aux côtés de mes vaillants et courageux confrères et parfois dans des circonstances des plus pénibles, mais exaltantes et toutes les victimes que nous avons défendues peuvent en témoigner.
J’ai également un passé politique. Durant  ma jeunesse, j’ai milité au sein du  courant kadihine entre 1971  et 1975. J’ai aussi appartenu à des formations politiques durant la période  1991 à 2003. Ce passé politique, je ne le regrette point, il me rehausse plutôt
Et depuis 2003,  je me suis libéré de toute appartenance partisane. Je me définis alors en personnalité indépendante, un avocat sans appartenance partisane. Un bâtonnier doit avoir de bonnes relations avec tout le monde, avec ses confrères mais aussi avec toutes les composantes de la société. Un bâtonnier doit été équilibré, avoir de bonnes relations avec le ministère de la justice car c’est lui  représente le barreau, qui peut ester en justice en son nom, c’est lui qui discute avec toutes les institutions publiques concernant la gestion de l’ordre qu’il dirige. Il doit donc instaurer un partenariat avec le ministère de la justice. Pour cela, le bâtonnier doit donc éviter toute prise de position pouvant avoir une connotation politique dans la gestion du Barreau. Un bâtonnier qui s’assume pleinement peut être utile à ses confrères.
Cridem : Quelles sont vos propositions, vos idées pour convaincre vos collègues qui vont décider au moment du renouvellement du bureau de l’ordre national des avocats mauritaniens ?
Le barreau mauritanien est très jeune. Il est né en 1980. Il  a besoin d’être restructuré, redynamisé. Il a besoin d’une  forme d’entraide entre ses différents membres dans le cadre d’échanges d’expériences et de méthodes de travail.
La formation des avocats doit être intensifiée en matière de recherche, de rédaction et de toilettage de contrats…Nous pouvons aussi nous faire assister par des amis des barreaux étrangers avec lesquels j’ai d’excellentes relations. Je suis membre du conseil de Présidence de l’Union Internationale des Avocats dont je suis le représentant national en Mauritanie, membre aussi du conseil d’administration de la Conférence Internationale des Barreaux (CIB) de tradition juridique commune. Un conseil d’administration né en décembre  2013 à Abidjan après le décès du regretté Mario Stasi qui a dirigé par consensus et compétence cette conférence depuis sa création en 1985
Ce réseau de relations me permet de redynamiser les rapports entre l’Ordre National des Avocats mauritaniens et les barreaux étrangers.
Un autre  volet important : le  bâtonnier doit avoir un comportement exemplaire, un passé propre, c’est important, je dirai essentiel pour tout candidat à l’élection  du Bâtonnier.
Le barreau mauritanien est composé d’anciens avocats, de jeunes et de professeurs d’université.  C’est une diversité enrichissante qui nous permettra de revoir l’ensemble de nos textes pour les actualiser, accompagner  la législation et la jurisprudence par nos propositions  et nos commentaires.
Nous devons aussi intensifier la formation continue comme ailleurs dans le monde. Cette formation, cette mise à niveau continue est importante  car la Mauritanie s’ouvre aux sociétés minières, pétrolières  et autres investisseurs.  Nous devons nous préparer pour accompagner cette ouverture.
Je signale aussi, qu’à ce jour, les avocats mauritaniens ne bénéficient d’aucune forme d’assurance et notamment les  assurances maladie et  vieillesse. Je compte initier une grande réflexion sur la question au sein des avocats à l’effet de susciter une prise de conscience pour engager des pourparlers avec tous les organismes spécialisés en étroite collaboration avec les barreaux amis pour s’imprégner de leur expérience et des techniques  qu’ils ont adoptées. 
Les avocats doivent aussi engager une vaste réflexion pour diversifier leurs ressources pour combler le déficit  des moyens que connaît actuellement notre barreau dont les ressources ne proviennent que des cotisations de ses membres.
Il y a  également la création d’un siège. Nous sommes actuellement hébergés au palais de justice. C’est important pour le suivi des affaires courantes. Mais comme ailleurs, il nous faut une maison du barreau.
Je dois préciser que la force d’un avocat réside dans sa parole, ses écrits, dans sa  foi en lui-même, sa richesse intellectuelle. Il ne doit pas compter sur l’assistance d’un gouvernement ou d’une force politique ou économique quelconque.
La question de l’indépendance constitue la raison d’être de tout barreau et constitue les termes de référence auxquels tout Bâtonnier doit veille. Il ne s’agit pas seulement de l’indépendance par rapport au pouvoir politique, mais aussi par rapport à toutes les forces politiques,  économiques et  sociales.
Je compte aussi initier un plaidoyer pour sensibiliser le gouvernement  et l’ensemble des institutions et sociétés tant nationales qu’étrangères  sur le rôle des avocats. Un rôle qui ne se limite pas à la phase du procès. Il y a l’avant procès pendant lequel l’avocat peut donner son avis, son expertise. C’est un rôle préventif.
Les avocats peuvent aussi jouer un rôle dans l’assainissement du secteur de la justice. C’est pourquoi, je compte proposer  au Ministre de la justice un partenariat bien conçu qui permettra aux avocats d’apporter leur contribution dans toute entreprise de reforme et d’assainissement du système judiciaire.
Le système judiciaire est composé des magistrats, des greffiers et des avocats. Le succès de toute entreprise de reforme passe nécessairement par l’implication de ces composantes qui doivent veiller à la bonne entente pour améliorer le rendement et rehausser le prestige du système pour le bien être du pays pour assurer la sécurité et attirer les investissements.
Cridem : Vous avez beaucoup insisté sur les rapports entre l’ordre national des avocats et le ministère de la justice.  Ces dernières années, ces rapports ont été tendus entre le barreau et le ministère de la justice ou plus largement l’exécutif. Avec vous, y aura-t-il retour a une sorte de normalité ?
Je  tiens à mettre fin à ces rapports conflictuels. J’entends instaurer un véritable partenariat avec le ministère de la justice pour le bien être de l’ordre et de la justice. J’ai un passé politique, je suis militant des droits de l’homme et je suis depuis 2003 une personnalité indépendante, donc sans affiliation partisane. Une telle situation constitue un atout majeur qui me met à l’abri de toute tentative de manipulation que tenterait toute force politique ou économique surtout qu’aucun courant ou force politique ne peut me reprocher un comportement ou acte qui me fait honte en raison des soins que j’ai toujours veillés à imprimer à mes activités professionnelles et à    ma vie privée. Je pense le Ministre de la justice est en droit d’attendre du barreau la fin de toutes formes de tensions et de conflits. C’est ce climat loin de toute forme de tension, mais aussi de respect mutuel des prérogatives de chacun  que j’entends cultiver et instaurer dans nos rapports  avec la chancellerie.
Ces conflits doivent appartenir au passé et doivent être dépassés. J’entends instaurer une nouvelle ère, une nouvelle ambiance avec le Ministre de la justice et l’ensemble des composantes du pouvoir exécutif. Mais, en même temps, j’entends, bien entendu, garder mon indépendance qui est ma force. Le bâtonnier doit avoir des rapports distants avec tout le monde mais aussi des rapports fondés sur le respect. Si chacun s’en tient à son rôle, nous allons évoluer. Le bâtonnier doit avoir comme objectif de gérer en bon père de famille les intérêts matériels et moraux des avocats  nonobstant leur affiliation partisane. Il doit se mettre au dessus de la mêlée, éviter les positions partisanes et veiller au respect des principes d’indépendance et à la protection des droits de la défense  à tous les niveaux et en toute circonstance.
Cridem : Il y a un reproche qui est fait à la justice ; Ceux qui ont les moyens se paient des avocats de luxe. Les pauvres, la grande majorité, se contentent des commis d’office qui ne les prennent pas au sérieux…
En Mauritanie,  l’assistance judiciaire conçue pour combler ce vide en offrant aux démunis les moyens pour se défendre l’objet d’une loi et de textes d’application, mais les sans moyens pour qui le système a été conçu restent dans l’attente de la mise en application de l’ensemble des textes. J’entends tout faire en étroite collaboration avec le Ministre de la justice et l’ensemble de ses collaborateurs  pour que cette assistance judiciaire  se réalise. Quant aux commis d’office, ils existent partout dans le monde pour les plaideurs dépourvus de moyens grâce aux efforts conjugués des pouvoirs publics et du barreau à travers les mécanismes de l’assistance judiciaire
Cridem : Les avocats mauritaniens souffrent aussi de la concurrence d’intermédiaires informels…
Ce genre d’intermédiaires avait partiellement disparu, mais il est de retour. Le meilleur moyen de le combattre passe par la mobilisation des avocats et l’instauration d’un suivi avec les magistrats et le service des greffes de toutes les juridictions. Il faut aussi que les avocats cultivent et entretiennent  des rapports sains et suivis avec les magistrats du siège et ceux du parquet  pour pouvoir  combattre le système de  démarchage qui entrave le bon fonctionnement de la justice. Certains intermédiaires s’enrichissent sur le dos de justiciables. Le justiciable doit être en contact direct avec son avocat sans intermédiaires surtout que dans notre pays, les avocats ont l’exclusivité de la représentation devant la cour suprême et les cours d’appel.
Cridem : Vous êtes avocat, vous avez un passé et même un présent de militant actif des droits humains. Dans plusieurs procès, vous avez pris la défense de militants des droits de l’homme ou autres contre l’Etat. Pour l’élection du bâtonnat, est-ce que ça ne peut pas représenter un handicap quand on sait que les avocats ont aussi leurs orientations politiques et que l’État, semble-t-il, a une certaine influence sur cette élection du bâtonnier ? Votre statut de contradicteur permanent de l’État, du pouvoir, peut-il être un handicap ?
Non, c’est plutôt un facteur enrichissant. J’ai été dans tous les procès de 1983 à nos jours. Je crois que c’est plutôt un facteur hautement positif qui m’a permis de jouir d’un prestige de respectabilité et d’honorabilité dans  les milieux du pouvoir, de l’opposition, de la société civile et dans l’opinion en général. Grace à ce parcours, je suis au parfum plus que tout autre  des mécanismes de fonctionnement du système judicaire, des rapports entre l’État et les avocats. Je suis aussi militant de plusieurs organisations des droits de l’Homme. Je suis membre fondateur de la Ligue mauritanienne des droits de l’Homme et de son premier bureau exécutif, membre fondateur de SOS Esclave et du Gerddes dont le suis le secrétaire général. Les pouvoirs publics œuvrent conformément aux textes organisant le barreau et à leurs engagements internationaux à veiller à l’indépendance et à l’unité du barreau, en somme à sa force.  Un barreau faible ne peut remplir sa mission tout comme un Bâtonnier soumis ou inféodé à une force politique ou économique. Le bâtonnier doit jouer le rôle d’organe régulateur des relations entre les avocats et l’État.  
Je serai le bâtonnier de la situation qui œuvre pour apporter solution à tout conflit et à toute situation conflictuelle. Je suis par tempérament posé et je m’efforce toujours d’agir avec sang froid. Je pense que le gouvernement  actuel, contrairement à 2002 sous le régime de  Ould Taya ne s’impliquera pas dans le renouvellement de nos instances dirigeantes qui aura lieu à la fin du mois de juin.
 L’expérience de 2002  appartient au passé et les leçons que les avocats ont pu tirer de cette période leur ont permis d’assumer pleinement leur indépendance de toute force politique et économique à travers l’unité et la confraternité qui constituent le ciment de leur existence.  
 Les avocats sont des électeurs d’un certain niveau, je dirai de qualité en raison de leur niveau et de leur appartenance à un corps qui fait leur fierté, mais aussi la fierté nationale qui fut la sentinelle vigilante et disposée à apporter son concours dans les moments difficiles que beaucoup de nos compatriotes ont traversés dans leur existence et dans leur liberté. Les membres d’un tel corps resteront maîtres de leur voix qu’ils donneront en toute conscience et dans le secret de l’isoloir.   
 En 2002, le pouvoir a tenté de faire de l’ordre national des avocats une sorte de satellite. Mais depuis 2005, je crois que  cette orientation a été abandonnée. Je n’ai senti ni de la part de l’actuel ministre de la justice, ni du pouvoir politique une quelconque  tentation de s’immiscer dans l’opération électorale à venir. Ce sont les  avocats qui vont élire leur bâtonnier et leur conseil de l’ordre. Tout candidat qui tenterait d’avoir un parrain politique ou économique échouera parce que les avocats tiennent à leur indépendance. J’invite tous mes confères à n’obéir qu’à leur conscience et à choisir celui qui présente les meilleures performances en terme d’indépendance, de probité, de professionnalisme, d’intégrité morale et intellectuelle et de probité notoire  dans sa vie professionnelle et privée.
Une dernière chose : il faut distinguer deux casquettes ; celle de l’avocat qui exerce sa profession et celle de bâtonnier appelé à jouer le rôle d’organe  régulateur d’un ensemble de relations.
Propos recuillis par Khalilou Diagana
  X
Bonne chance Me
un homme compétent, intègre et sérieux, dépourvu de tout esprit ségrégationniste. Il mérite bcp plus plus que cela.
  mdmdlemine 13/04/2014 15:04 X
Un juriste intègre resté toutes ces dernières années immunisé des dérives professionnelles. Un homme fier de sa mission qui incarne à lui seul la dignité et l'honneur de la justice mauritanienne. En dehors de cet homme demeuré égal à lui même inflexible devant les pouvoirs politique, financier, tribal, régional, la justice est appliquée par suivant des intérêts.

Félicitations Me merci pour khalilou et pour Cridem pour être aller à la rencontre de ce juriste unique de son genre. Dommage, j'aime ne pas arrêter d'éloges sur l'homme mais suffiront-ils. EBETTY UN GRAND
Voir moinscheibou 13/04/2014 13:20 X
Je salue votre professionnalisme et votre franchise, c'est naturel pour quelqu'un qui vous a connu et qui a eu l'occasion de suivre de près l'évolution de votre plaidoyer. Bonne chance.
Les liens des deux interviews sur les site Alakhbar en version arabe et sur le site cridem et saharamedias en version française 
http://cridem.org/C_Info.php?article=655103

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