PROPOSITION DE RÉSOLUTION COMMUNE
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17.12.2014
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déposée conformément à
l'article 135, paragraphe 5, et à l'article 123,
paragraphe 4, du règlement
en remplacement des propositions
de résolution déposées par les groupes:
Verts/ALE (B8-0382/2014)
PPE (B8-0383/2014)
ECR (B8-0384/2014)
S&D (B8-0385/2014)
EFDD (B8-0386/2014)
ALDE (B8-0387/2014)
sur la Mauritanie, et en
particulier le cas de Biram Dah Abeid (2014/2999(RSP))
Cristian Dan Preda, Davor Ivo Stier, Bogdan Brunon Wenta, Elmar Brok, Lorenzo Cesa, Joachim Zeller, Tunne Kelam, Monica Macovei, Franck Proust, Andrej Plenković, Jaromír Štětina, Philippe Juvin, Francesc Gambús, Giovanni La Via, Dubravka Šuica, Lara Comi, David McAllister, Jeroen Lenaers, Tomáš Zdechovský, Seán Kelly, Eduard Kukan, Inese Vaidere, Csaba Sógor, Alessandra Mussolini, Stanislav Polčák, Andrzej Grzyb, Pál Csáky, Pavel Svoboda, Michaela Šojdrová, Marijana Petir, Gabrielius Landsbergis au nom du groupe PPE Josef Weidenholzer, Victor Boştinaru, Hugues Bayet, Enrico Gasbarra, Ana Gomes, Pier Antonio Panzeri, Alessia Maria Mosca, Miroslav Poche, Gilles Pargneaux, Nicola Caputo, Elena Valenciano, Kashetu Kyenge, Liisa Jaakonsaari, Lidia Joanna Geringer de Oedenberg, Enrique Guerrero Salom, Andi Cristea, Alessandra Moretti, Goffredo Maria Bettini, Krystyna Łybacka, Marc Tarabella, Marlene Mizzi, Miriam Dalli, Michela Giuffrida, Doru-Claudian Frunzulică, Neena Gill, Vilija Blinkevičiūtė au nom du groupe S&D Charles Tannock, Mark Demesmaeker, Jana Žitňanská, Arne Gericke au nom du groupe ECR Gérard Deprez, Fernando Maura Barandiarán, Frédérique Ries, Ramon Tremosa i Balcells, Marielle de Sarnez, Ivo Vajgl, Pavel Telička, Juan Carlos Girauta Vidal, Izaskun Bilbao Barandica, Marietje Schaake, Ivan Jakovčić, Jozo Radoš, Petras Auštrevičius, Antanas Guoga, Nathalie Griesbeck, Johannes Cornelis van Baalen, Dita Charanzová, Javier Nart au nom du groupe ALDE Barbara Lochbihler, Judith Sargentini, Maria Heubuch, Ernest Urtasun, Heidi Hautala au nom du groupe Verts/ALE Ignazio Corrao, Fabio Massimo Castaldo au nom du groupe EFDD |
Résolution du Parlement
européen sur la Mauritanie, et en particulier le cas de Biram Dah Abeid (2014/2999(RSP))
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Le Parlement européen,
– vu ses précédentes
résolutions concernant la Mauritanie, y compris celle du
14 juin 2012 sur les droits de l'homme et la situation sur le plan
de la sécurité dans la région du Sahel(1) et celle du
22 octobre 2013 sur la situation des droits de l'homme dans la
région du Sahel(2),
– vu les conclusions du
Conseil des ministres des affaires étrangères du 17 mars 2014 sur
la mise en œuvre de la stratégie de l'Union européenne pour la sécurité et le
développement dans la région du Sahel,
– vu la déclaration du
25 juin 2014 du porte-parole de la vice-présidente de la Commission
/ haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique
de sécurité sur les élections présidentielles en République islamique de
Mauritanie,
– vu l'article premier de la
constitution de la République islamique de Mauritanie, qui "assure à
tous les citoyens sans distinction d'origine, de race, de sexe ou de
condition sociale l'égalité devant la loi",
– vu la charte africaine des
droits de l'homme et des peuples (ratifiée par la Mauritanie en 1986), dont l'article 5
interdit expressément toute forme d'esclavage, et vu l'adhésion de la
Mauritanie à des instruments internationaux qui interdisent les formes
contemporaines d'esclavage, à savoir la convention relative à l'esclavage de
1926, le protocole l'amendant et la convention supplémentaire relative à
l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et
pratiques analogues à l'esclavage de 1956,
– vu l'accord de partenariat
entre les membres du groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
(ACP), d'une part, et la Communauté européenne et ses États membres, d'autre
part, signé à Cotonou le 23 juin 2000 (accord de Cotonou),
– vu les observations finales
sur la Mauritanie du comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard
des femmes, publiées le 24 juillet 2014,
– vu la convention n° 105
de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur l'abolition du travail
forcé,
– vu l'article 135,
paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son
règlement,
A. considérant que Biram Dah Abeid, fils
d'affranchis, mène une campagne de sensibilisation publique en faveur de
l'abolition de l'esclavage; qu'en 2008, il a fondé l'organisation
"Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste"
(IRA-Mauritanie); que cette organisation a pour but d'attirer l'attention sur
le fléau de l'esclavage et d'aider à porter des cas précis devant la justice;
que Biram Dah Abeid s'est vu décerner, en 2013, le prix des Nations Unies
pour la cause des droits de l'homme;
B. considérant que, le
11 novembre 2014, Biram Dah Abeid, qui est l'un des principaux
militants mauritaniens engagés dans la lutte contre l'esclavage et le
fondateur de l'organisation IRA‑Mauritanie, a été arrêté à l'issue d'une
marche pacifique organisée pour protester contre l'esclavage; que les chefs
d'accusation retenus contre Biram Dah Abeid sont les suivants: appel à
manifester, participation à une manifestation et appartenance à une
organisation illicite, et que, d'après certaines informations reçues, il
courrait le risque d'être condamné à la peine de mort; que la peine de mort
demeure prévue dans le code pénal mauritanien, sans y être réservée aux
crimes les plus graves, et qu'une telle sentence est prononcée à la suite de
condamnations qui reposent sur des aveux obtenus sous la torture;
C. considérant que d'autres militants
antiesclavagistes ont, eux aussi, été arrêtés et détenus, ce qui porte à
dix-sept le nombre de militants appartenant à l'organisation IRA-Mauritanie
qui sont actuellement en prison; que la gendarmerie mauritanienne aurait,
pour effectuer ces arrestations, eu recours à une force excessive, y compris
en rouant les militants de coups de bâton, en les traînant au sol et en
employant des pratiques destinées à les humilier, entre autres en obligeant
les détenus à se déshabiller complètement; que les gardiens de prison
auraient en outre tenté de soutirer par la force des aveux signés aux
militants;
D. considérant que Biram Dah Abeid est
arrivé en deuxième place aux élections présidentielles de l'année 2014;
que sa renommée en fait une cible de choix aux yeux des autorités
mauritaniennes; que son arrestation et celle de ses camarades constituent des
actes de répression de l'opposition politique et de la société civile;
E. considérant que l'esclavage, bien
qu'aboli officiellement en 1981 et incriminé en 2007, demeure une pratique
bien réelle en Mauritanie; que d'après le rapport sur l'esclavage dans le
monde en 2014, intitulé "Global Slavery Index 2014", la
Mauritanie est le pays où la part de la population réduite à l'esclavage est
la plus élevée (4 % de la population totale); que d'autres sources de
données portent à 20 % la prévalence de l'esclavage dans le pays; que la
loi relative à l'esclavage, d'adoption récente, ne couvre pas l'ensemble des
formes que prend cette pratique en Mauritanie, toute forme de servage, par
exemple, étant exclue de son champ d'application;
F. considérant que l'esclavage en
Mauritanie est explicitement fondé sur l'origine ethnique, les esclaves
provenant presque exclusivement de la communauté Haratin, communauté noire
qui représente entre 40 et 60 % de la population totale du
pays, ainsi que d'autres communautés, comme le signale le rapporteur spécial
sur les formes contemporaines d'esclavage; que les membres de la communauté
Haratin, y compris ceux qui n'ont pas été réduits en esclavage, se voient
fréquemment interdire l'accès à des métiers jouissant d'un statut social
élevé ou à des postes élevés de la sphère publique;
G. considérant que la condition d'esclave
est généralement héréditaire et que les enfants nés de mère esclave sont
souvent considérés, toute leur vie durant, comme étant la propriété de la
famille du maître; que des violences sexuelles sont couramment perpétrées sur
les femmes esclaves; que la majorité des esclaves sont tenus à l'écart de
toute éducation formelle et qu'on leur inculque que leur destinée est
d'appartenir à leur maître, pratiques qui entretiennent un phénomène connu
sous le nom d'"esclavage psychologique"; que les femmes esclaves
doivent solliciter auprès de leur maître la permission de se marier; que de
nombreux esclaves naissent du viol; que les perspectives de trouver un emploi
de qualité qui s'ouvrent aux affranchis sont très limitées;
H. considérant que la Mauritanie a
ratifié des conventions telles que la déclaration universelle des droits de
l'homme et le pacte international relatif aux droits civils et politiques,
ainsi que l'accord de Cotonou;
1. condamne fermement l'arrestation
et le maintien en détention de Biram Dah Abeid, militant engagé dans la lutte
contre l'esclavage, et de ses camarades, et demande leur mise en liberté
immédiate; se dit préoccupé par les informations faisant état d'un recours à
la violence contre certains militants, et exhorte les autorités
mauritaniennes à poursuivre en justice les membres des forces de l'ordre qui
ont trempé dans les sévices faits aux prisonniers et se sont rendus coupables
de torture;
2. demande au gouvernement
mauritanien de cesser tout recours à la violence à l'encontre de civils qui
participent à des manifestations publiques pacifiques et à des campagnes
médiatiques de soutien à Biram Dah Abeid, de cesser tout acte de répression
de la société civile et de l'opposition politique, et de permettre aux
militants antiesclavagistes de poursuivre leurs activités non violentes sans
qu'ils aient à craindre de subir harcèlement et pratiques d'intimidation;
exhorte les autorités mauritaniennes à permettre l'exercice des libertés
d'expression et de réunion, conformément aux conventions internationales et
au droit mauritanien lui-même;
3. condamne fermement toutes les
formes d'esclavage, et plus particulièrement la forte prévalence de
l'esclavage, des pratiques liées à l'esclavage et de la traite des êtres
humains en Mauritanie; salue la décision prise par le gouvernement
mauritanien d'incriminer l'esclavage, l'existence d'une juridiction spéciale
traitant de l'esclavage et l'annonce par le gouvernement, en mars 2014,
de la mise en œuvre d'une feuille de route pour l'abolition de l'esclavage;
4. constate avec regret qu'il n'y a
eu jusqu'à présent qu'une seule affaire dans laquelle des poursuites pour
esclavage ont été engagées; demande au gouvernement mauritanien de mettre un
terme à toute forme d'esclavage, de promulguer des lois antiesclavagistes et
d'adopter des textes législatifs destinés à modifier ou à abroger toute
disposition discriminatoire du corpus législatif, y compris les dispositions
discriminatoires du code pénal, du code de l'état civil et du code de la
nationalité; insiste sur la nécessité d'enquêter réellement sur les
allégations d'esclavage et de pratiques similaires et de poursuivre en
justice les responsables de manière effective;
5. demande aux autorités
mauritaniennes de mener un travail de sensibilisation en matière de
comportement et de croyances de la population en ce qui concerne l'esclavage,
et ce, à tous les niveaux de la société; encourage vivement les autorités
mauritaniennes à contribuer à modifier le comportement de la société envers
la question ethnique et l'esclavage, en particulier en ce qui concerne la
communauté Haratin; insiste sur la nécessité de rendre illicite toute
discrimination fondée sur l'appartenance ethnique, en particulier dans les
domaines de l'éducation et de l'emploi; demande également aux autorités mauritaniennes
d'abattre complètement le système d'esclavage fondé sur la caste, notamment
en ce qui concerne les employées domestiques;
6. incite fortement les autorités
mauritaniennes à instaurer une éducation formelle universelle, de sorte que
les esclaves et les affranchis, ainsi que leurs enfants, puissent acquérir
une instruction élémentaire et se doter des outils nécessaires à l'obtention
d'un emploi de qualité; fait observer que tous les citoyens mauritaniens
devraient avoir le droit de posséder des terres, en particulier lorsqu'ils
ont vécu sur celles-ci et les ont cultivées des générations durant, et qu'il
s'agit là d'un droit que Biram Dah Abeid et l'organisation IRA-Mauritanie
proposent comme clef de voûte de l'abolition de l'esclavage; encourage, à cet
égard, le gouvernement mauritanien à ratifier la convention n° 169 de
l'OIT, qui reconnaît les formes d'utilisation des terres propres aux peuples
autochtones;
7. souligne l'importance que revêt
une relation fructueuse entre l'Union européenne et la Mauritanie pour le
renforcement de la démocratie, de la stabilité et du développement dans ce
pays; insiste sur l'importance de la Mauritanie en tant que partenaire au
sein de la stratégie de l'Union européenne pour la sécurité et le
développement dans la région du Sahel;
8. exhorte la vice-présidente /
haute représentante, le SEAE et les États membres à accroître les efforts
consentis pour éliminer l'esclavage en Mauritanie, notamment en veillant à
définir une politique claire et praticable en matière d'affaires étrangères
et de droits de l'homme, dans le respect du cadre stratégique de l'Union en
matière de droits de l'homme et de démocratie, et en mettant en avant le
volet "droits de l'homme" de la stratégie dans la région du Sahel,
ainsi que dans le contexte du dialogue avec le gouvernement mauritanien, y
compris dans le cadre d'accords bilatéraux formels;
9. charge son Président de
transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission /
haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique
de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux États membres, aux autorités de
Mauritanie, à l'assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, au Conseil de
l'Europe, à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, au
Conseil des droits de l'homme des Nations unies, à la Communauté économique
des États de l'Afrique de l'Ouest, à la Ligue des États arabes ainsi qu'à
l'Union africaine.
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Dernière mise à jour: 17 décembre 2014
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