64 .
Arrestation de chefs de l’opposition
islamiste
&
Election du
président de chacune des assemblées
et formation du
gouvernement
à la suite du
premier scrutin présidentiel pluraliste
Le 25
Avril 2005, deux des chefs du Mouvement islamiste mauritanien sont
« interpellés » : Mohamed El Hacen Ould Dedaw, guide spirituel au
prestige et à l’autorité incontestés, et Moktar Ould Mohamed Moussa. Déjà, le 2
Novembre 2004, ils avaient été arrêtés sous l’accusation d’avoir publié des
photos sur des cas de torture ,
et inculpés pour « connivence
dans la falsification et la constitution de documents de nature à provoquer des
troubles à l’ordre, porter préjudice à la sécurité intérieure et extérieure, et
porter atteinte à un ordre constitué ». Ils avaient été libérés le 13 Février 2005, après une
laborieuse et très irrégulière procédure n’ayant abouti à aucun procès ni jugement :
simple mise en liberté provisoire. Emprisonné alors en même temps qu’eux, Jemil
Ould Mansour échappe à cette nouvelle arrestation et téléphone même à
l’A.F.P., d’un lieu tenu secret, pour avertir du sort de ses compagnons,
dénoncer « une fuite en avant du régime ». Pour lui, la réélection
présidentielle de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, à la suite de la tentative de
son renversement les 7 et 8 Juin 2003, n’a pas enrayé le déclin d’un régime de
presque vingt ans : « au lieu de jouer l’apaisement et l’ouverture auxquels toute la
classe politique s’attend, le gouvernement a choisi l’escalade avec le
mouvement islamiste qui est très important et pesant sur l’échiquier national ». Il ajoute : « Nous savons qu’il s’agit d’un cadeau
offert au ministre irsaëlien des Affaires étrangères attendu en visite en
Mauritanie ». De fait,
le 16 Avril précédent, le ministre des Affaires étrangères mauritanien, Mohamed
Vall Ould Bellaï, avait indiqué que son homologue israëlien, Sylvan Shalom
viendrait au début de Mai, après une première visite en Octobre 2002. Annonce
faite, non sans audace, en conférence de presse commune avec le ministre
yéménite venu à Nouakchott pour présider la commission mixte de coopération et
la situant dans le cadre de « l’effort commun arabe de recherche de la paix avexc Israël sur la
base d’une stratégie que les pays arabes se sont fixés ».
Les autorités d’alors, au contraire, font
savoir officieusement que ces arrestations sont en rapport avec une enquête
concernant six à huit jeunes islamistes écroués depuis plusieurs semaines. En
réalité, le pays depuis la tentative des « Cavaliers du changement »
conduits par l’ex- commandant Saleh Ould Hanena, est en train de vivre une
succession d’arrestations (plus de cent quatre vingt en Août 2004 liées,
sembla-t-il, à un nouvel essai de putsch) et de procès. Celui de Ouad Naga –
amalgamant cent quatre vingt-quinze prévenus ! anciens militaires et des
personnalités politiques civiles de premier plan, telle Ahmed Ould Daddah,
Mohamed Khouna Ould Haïdalla et Cheikh El Moctar Ould Horma arrêtées le 27
Décembre 2004 – vient de tourner au ridicule du régime : les politiques
ont été spectaculairement acquittés, alors que le 6 Janvier 2005 avaient requis
contre chacun cinq ans de prison ferme (le terme du mandat présidentiel alors
en cours…) . Les
juges d’une cour criminelle paramilitaire se sont émancipés mais il y a eu deux
poids et deux mesures, en sorte que la prison attenante à la salle des
délibérations risque de devenir un mouroir
comme à Jreida ou à Oualata, pendant « les années de braise ». Les
conditions dans la prison dite de Beïla, à Nouakchott, ne sont d’ailleurs pas
meilleures, et Ould Dedaw de santé fragile, en souffre particulièrement au
scandale général. Des grèves de la faim ont commencé à partir du 18 Mars. En
fait, le régime s’inquiète de la détérioration de son autorité et de son image,
à tous les points de vue : ainsi le 13 Avril, a-t-il dû relâcher trois
militants des droits de l‘homme : un journaliste, une enseignante et l’épouse
d’un opposant qui avaient été arrêtés un mois avant pour avoir recueilli par
écrit le témoignage de Jabhalla Mint Mohamed, une bergère mariée et mère de
deux enfants, qui aurait été maintenue en esclavage par une famille plus aisée…
L’amalgame des islamistes à d’autres
causes est donc analogue à celui des prévenus d’Ouad Naga. A la veille de la
tentative de Juin 2003, s’était ouvert le 3, le procès de plus de trente
personnes à Nouakchott accusées de complot contre le regime
constitutionnel, d’incitation aux atteintes à l'ordre public interieur et à la
sécurité extérieure de l'Etat, puis finalement de constitution d'association
non autorisée… Du 30 Avril au 3 Mai 2003, les dirigeants du parti Nouahoud
avaient été arrêtés et le siège perquisitionné, mis à sac. Le 4 Mai, Mohamed Jemil Ould Mansour, maire de Arafat,
qui était alors un des élu R.F.D. présidé par Ahmed Ould Daddah, et membre du
comité permanent de ce parti, avait été arrêté. Ce sont bien les
personnalités que l’on pourchasse en régime autoritaire, quelles que soient
leurs étiquettes politiques. Le 5, Mohamed El Hacen Ould Dedaw avait, pour la première fois
de sa vie, lui aussi été arrêté, puis plusieurs imams de mosquée, le tout
asssorti de propos violents autant qu’incohérents du ministre de l’Orientation
islamique finalement limogé.
L’ambiance du printemps de 2003 avait été
– momentanément – purgée par une tentative sanglante de renversement du régime,
celle de 2005 paraît orienter autrement le pays puisque les autorités finissent
par saluer les résultats d’un « forum » qui avait réuni opposition et
majorité les 11 et 12 Avril, le qualifiant d’ « événement important et de pas décisif
vers une véritable démocratie » :
quel aveu quatorze après l’adoption d’une Constitution… tandis que, sans se
démonter, Jemil Ould Mansour rejette, par téléphone à nouveau ,
toutes les accusations portées contre les dirigeants islamistes arrêtés, à
présent plus de vingt… « le gouvernement les a inventées de toutes
pièces ». Le ministre de la Communication, Hamoud Ould Abdi, avait prétendu que le groupe « démantelé
(planifiait) des actions terroristes » pour le compte des salafistes et
des Frères musulmans. Pour Jemil Ould Mansour, « ces affabulations ne sont pas nouvelles,
mais elles ont la particularité d’intervenir au moment où l’Occident cherche à
nouer des contacts avec les mouvements islamistes qui prônent le dialogue et la
non-violence, à l’image du Mouvement islamiste mauritanien. » En fait, le nouveau parti, qui
jouera dans quelques années un rôle décisif dans la tentative démocratique qu’a
incarnée le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, « ne renoncera jamais à ses choix
politiques basés sur l’Islam, dans le cadre d’un pluralisme démocratique
véritable ». C’est donc
l’enjeu et le coup du 3 Août 2005 fera se rencontrer, pour une seconde
« transition démocratique » après celle de 1991, la contestation de
l’autocrate par ses collaborateurs militaires intimes et l’aspiration de plus
en plus évidente des Mauritaniens et de leurs élites pour un Etat de droit. En
l’attendant, la police intervient dans les mosquées, notamment à Arafat, le 28
Avril pour empêcher tout rassemblement de soutien aux détenus, illustres ou du
rang. Un député, vie-président du R.F.D., Mohamed Mahmoud Ould Ematt, est même
arrêté le 29 pour quelques heures.
C’est dans ce contexte que devait arriver,
à Nouakchott, le 1er Mai 2005, le ministre israëlien des Affaires
étrangères et que le 2, une manifestation du « Pacte national pour la
défense de la Palestine
et de l’Irak », repréenté par Cheikh Baye Ould Dowla, est réprimée, tandis
qu’une « Initiative étudiante contre l’infiltration sioniste en
Mauritanie », prend le relais. L’ambassade israëlienne minimise ces
mouvements, tandis que l’attention se reporte sur des vols d’armes en gendarmerie,
le 29 Avril, à Aïoun-el-Atrouss, et la fuite d’autres « islamistes »
vers le Mali : on les fait passer pour une branche d’Al Qaïda. Finalement,
Sylva Shalom ne passe que quelques heures, le 3 Mai, à Nouakchott et le Parti
républicain démocratique et social, le P.R.D.S. soutenant le régime, appelle le
9 à « une mobilisation générale des
religieux et de l’opinion publique ». Les oulémas sont priés d’ « éclairer l’opinion publique sur les
dangers que constituent ces phénomènes séditieux pour notre peuple. » Pour la police mauritanienne, pas
de doute, Al Qaïda recrute pour l’Irak, l’Afghanistan et des formations
préalables dans les camps du Groupe salafiste pour la prédication et le combat,
G.S.P.C.
Mais pour l’organisation internationale
non gouvernementale, qu’est l’International
crisis group (I.C.G.), « la communauté internationale devrait se rendre compte que la
menace terroriste existe à peine en Mauritanie, mais que des politiques
erronnées pourraient contribuer à son émergence…En laissant croire que les islamistes
sont liés aux rebelles armés, Ould Taya court le risque de mener l’Etat dans
une impasse, le rendant dangereusement dépendant du seul soutien des Etats,
malgré un mécontentement local croissant. Malgré l’approche répressive du
régime, le nombre de sympathisants islamistes augmente et un mouvement
islamiste pluriel se développe en Mauritanie. Une manière pour le gouvernement
de détendre la situation et de rétablir la légitimité de l’Etat serait de
cesser d’employer l’Islam comme prétexte pour interdire n’importe quel parti
qui en réfère à l’Islam »
.
Pour Hugh Roberts, directeur du projet Afrique du nord de l’I.C.G. :
« Au lieu de se
concentrer seulement sur l’aspect militaire de sa ‘guerre contre le
terrorisme’, les Etats-Unis, en association avec l’Union européenne, devraient
encourager le gouvernement mauritanien à faire face à ses défis
socio-économiques et culturels, et, surtout, ils devraient l’aider dans cette
démarche ». Le
putschiste de 1978 et de 1984, légitimé au sens de la « communauté
internationale » par trois élections présidentielles, continuera de faire
tout le contraire : ce sont ses derniers mois d’exercice du pouvoir.
Il avait été décidé que la
« transition démocratique » de 2005-2007 se distinguerait de la
première (celle de 1991-1992) en émancipant l’élection du nouveau Parlement du
scrutin présidentiel ; elle le précèderait. D’autre part, les candidats
pourraient être « indépendants » des partis
et se présenter donc sans eux, ni, une fois élu, sans obligation d’adhérer à un
groupe plutôt qu’à un autre. Le système contraire, qui avait eu cours depuis
les lois électorales du 7 Octobre 1991, loin de favoriser les partis soumis à
autorisation par arrêté ministériel et dissous ou interdits par décret,
permettait donc à tout moment d’écarter un ou plusieurs candidats tout
simplement en supprimant le parti dont ils avaient l’étiquette. Elus
respectivement les 19 Novembre et 3 Décembre 2006, et les 21 Janvier et 4
Février 2007, les députés et les sénateurs n’étaient pas entrés aussitôt en
fonction et surtout n’avaient pas été élus selon les indications d’un président
déjà en place qui indique les soutiens dont il a besoin pour remplir son
mandat. Cette façon de faire s’est
révélée à l’usage de 2007-2008, désastreuse : le premier président élu par
un scrutin pluraliste et internationalement contrôlé, en sus du bon
fonctionnement d’une Commission nationale électorale indépendante (C.E.N.I.)
nommée par consensus, s’est trouvé sans majorité parlementaire qui lui soit
propre quand il a pris ses hautes fonctions, le 19 Avril 2007. Les quinze mois
d’exercice effectif de la présidence de la République par Sidi
Mohamed Ould Cheikh Abdallahi sont donc entravés dès le début. De surcroît,
personne ne l’emportant au premier tour, la distribution des autres grandes
fonctions politique doit tout au second tour de l’élection présidentielle, le
25 Mars 2007. L’écart entre les deux candidats restés en lice pour le second
tour est faible au premier : quoiqu’en tête, Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’a
obtenu que 24,79% des voix et Ahmed Ould Daddah, il est vrai favori, que
20,68%. Les reports de voix sont censément décisifs dans un pays de vieille
tradition démocratique. S’ils ont correspondu en 2007 aux appels des
personnalités éliminées, ce serait certainement un signe de maturité.
Le premier tour – le 11 Mars – avait accordé la troisième place,
avec 15,27 % des voix au cadet des candidats : Zeïne Ould Zeidane, né en
1966 à Nouakchott, qui venait d’être gouverneur de la Banque centrale (de
Juillet 2004 à Septembre 2006), donc nommé par le régime renversé le 3 Août
2005. Il avait résigné ses fonctions pour se porter candidat, et parut un temps
avoir la faveur de la junte. Manquant le poste suprême, il revendique la place
de Premier ministre et est pressé. Son score et la faveur des militaires le
rendent décisif : il fera élire le nouveau président de la République. Il se
tourne vers le candidat de tête, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, mais ne lui promet
son soutien qu’en contrepartie d’un accord signé portant sur l’ensemble de la
législature : il serait Premier Ministre et une partie de son programme
serait prise en compte. Les colonels poussaient à cet accord, représentant à
Sidi Ould Cheikh Abdallahi que l’essentiel serait ce soutien et qu’ensuite,
élu, le nouveau président serait libre de faire ce qu’il voudrait, sinon d’ignorer
sa propre signature… Sidi Ould Cheikh Abdallahi, sens de sa dignité autant qu’habileté,
refusa catégoriquement : il préférait ne pas être élu plutôt que
d’accepter le marché. Zeïne Ould Zeidane attendit trente-six heures pour se
convaincre que le candidat ne céderait pas. L’accord – écrit – fut donc très
différent de celui qu’il proposait. Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne s’engageait
qu’à le nommer le premier dans la future succession de Premiers ministres. De
fait, Zeïne Ould Zidane ne gouverna qu’un an et son renvoi mécontenta
certainement les militaires mais le Président de la République qui avait
conservé, par devers lui, la lettre de l’accord, ne la transgressait pas,
contrairement à ce qu’il fut prétendu.
Nommé dès le 20, Zeine
Ould Zeïdane forme le gouvernement le 28
Avril 2007 .
Conrairement à l’image qui en a été
répandue, le nouveau Président de la République n’est ni un faible ni un autoritaire.
Pour ceux qui ne l’ont pas trahi, il apparaît un homme de principes et de
patience, décidé à enraciner, très pratiquement, des comportements
constitutionnels et démocratiques. Arrivant au pouvoir, conscient de ce que
trente ans de régimes autoritaires ont produit sur le pays et sur ses
compatriotes, il est – dans son for intérieur – très tenté par la formation
d'un Gouvernement d'union nationale. La majorité parlementaire, précisément
parce qu’elle est composée d'indépendants, l'ayant appris, pèse aussitôt pour
qu’il ne le fasse pas. Mais ce qui est déterminant pour que l’élu du 25 Mars
2007 ne forme pas un gouvernement de la nature qu’il veut, c'est
l'impossibilité technique de le faire. Aucun des indépendants qui entrerait au
gouvernement ne serait considéré par d'autres indépendants comme les
représentant et ceux-ci en voudraient, d’emblée, au nouveau pouvoir de ne pas
les avoir nommés de préférence aux premiers. Il faudra donc que Sidi Ould
Cheikh Abdallahi attende la création du parti ADIL pour former ce gouvernement
politique, largement ouvert à l'opposition. Malheureusement, le R.F.D. d’Ahmed
Ould Daddah choisira de ne pas y entrer, contrairement à l'U.F.P. de Mohamed
Ould Moloud et les Islamistes (Tawassoul).
Le Président demande donc au nouveau
Premier ministre de ne pas former un gouvernement politique : il sera
présenté comme une équipe de techniciens. Zeïne Ould Zeidane doit donc lui
proposer des cadres compétents, non soupçonnés d'avoir fait de la mauvaise
gestion et n'ayant pas été mêlé à des querelles politiques. Il y en a,
heureusement… le Président lui fait, de son côté, connaître ceux qu’il destine
à la présidence de la
République, à l'Intérieur (pour lequel il a choisi un
compatriote du Fleuve, en prévision du retour des réfugiés au Sénégal et au
Mali), à la Défense
(ce doit être l’inamovible Mohalmed Mahmoud Ould Mohamed Lemine), à la Justice (mais la
personnalité pressentie préfère demeurer à la Banque Mondiale, le
susbtitut sera trouvé par le Premier ministre et le Président, ensemble), aux
Affaires Etrangères (mais en accord avec le Premier ministre) et aux
Finances. Messaoud Ould Boulkheir communique le nom des quatre siens, comme
convenu pour son soutien en vue du second tour. Les autres nominations sont
faites, sur proposition du Premier ministre, éventuellement avec une
alternative quand un premier nom n’agrée pas le Président. Ce dernier ne fait
la connaissance de la plupart des futurs ministres qu’au moment de leur
proposer leur portefeuille… tous ne seront pas reconduits dans le premier gouvernement
Waghf. Celui-ci sera de nature toute différente : explicitement politique,
et les différents partis – ceux ayant accepté le principe d’en faire partie –
auront donc proposé des noms. Ce n’est que pour former le second
gouvernement Waghf, que le Président consultera les généraux et tiendra compte
de leur avis des généraux, précisément en vue de mettre fin à la crise. Les
militaires ont donc pu, alors – à quelques jours du coup – récuser certaines
personnalités et en suggérer d'autres. A
la manière de Moktar Ould Daddah, ne nommant qui que ce soit qui n’ait d’abord
donné son accord, ne renvoyant jamais quelqu'un sans lui en avoir directement
donné auparavant les raisons, Sidi Ould Cheikh Abdallahi pratique, par
conviction, la délégation des pouvoirs et a demandé au très jeune Premier
ministre d'en faire autant, lui-même et chacun de ses ministres. Il aurait fallu
du temps pour faire accepter autre chose qu'une concentration forte des pouvoirs,
signe pour beaucoup de l'autorité, de la force – en Mauritanie... et ailleurs.
L’équipe ne comprend
donc aucune des personnalités marquantes des gouvernements précédents qu’ils
aient été ceux du colonel Ould Taya, ou ceux du colonel Ely Ould Mohame Vall.
Elle ne comprend pas non plus de proches d’Ahmed Ould Daddah, l’adversaire du
second tour. Le clivage majorité/opposition est donc clair. A celui qui compte
donc, alors, trois défaites à l’élection présidentielle mais aurait dû l’emporter
en 1992, selon beaucoup, il est
– de droit – attribué ce qui avait été
imaginé pendant la « transition démocratique » : le rôle de chef
de file de l’oppostion pour la personnalité présidant la formation la plus
représentée au Parlement. Le R.F.D. a quinze députés sur 95 à l’Assemblée, et
onze sur 53 au Sénat. Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi fait prendre les
textes nécessaires dès sa propre prise de fonction, dispositions prévoyant des
facilités matérielles que le chef du R.F.D. partagera de fait avec les autres
personnalitésde l’opposition, notamment pendant l’année putschiste, et une rencontre
au moins trimestrielles avec le chef de l’Etat : ce sera observé pendant
les quinze mois de pouvoir de l’élu du 25 Mars 2007, ce ne l’est pas par l’élu
du 18 Juillet 2009 – en contravention d’ailleurs avec le chapitre VII des
accords dits de Dakar entre les opposants et le général Mohamed Ould Abdel
Aziz.
L’avant-veille, le 26 Avril 2007, Messaoud Ould Boulkheir,
arrivé quatrième le 11 Mars, avec près de 10% des suffrages, est élu président
de l’Assemblée nationale : selon la Constitution, il l’est
pour toute la durée de la législature en sorte qu’il faut dissoudre la Chambre si on veut le
remplacer. C’est certainement ce qui fut envisagé à plusieurs reprises d’abord
par le putschiste du 6 Août 2008, puisque dès le 10, le président de l’Assemblée
nationale avait condamné le fait du coup militaire, puis, le 18, avait déclaré
illégale toute session extraordinaire qui ne serait pas convoquée par le
président, précisément renversé. Il fait partie aujourd’hui de la Coordination de l’opposition démocratique (C.O.D.),
fondée le 5 Décembre 2009, dont il vient d’assumer la présidence tournante
jusqu’il y a huit jours. Dissolution encore envisagée à l’automne par l’élu du
18 Juillet 2009 (scrutin où Messaoud Ould Boulkheir obtint la seconde place
sans pourtant provoquer un second tour qui eût été électoralement fatal au
général Mohamed Ould Abdel Aziz) et que le président de l’Assemblée nationale a
fait éviter jusqu’à présent, en reconnaissant le fait accompli à l’ouverture de
la première session parlementaire du nouveau mandat, le 9 Novembre 2009 . Son élection a été
imposée à la majorité parlementaire – composée d’indépendants réputés pour
beaucoup n’avoir été élus que par le soutien des militaires les dispensant de
faire allégeance à un parti. Il est élu par 91 voix sur 93 présents (l’effectif
total de la chambre
« basse » étant de 95 membres), les deux autres voix sont allées
respectivement à Babah Ould Ahmed Babou (député de Kobenni) et El Arbi Ould
Jideyne (député de Chinguitti), ancien chef d’état-major national, et qui,
soutenant le coup du 6 Août 2008, présidera l’Assemblée en tant que
vice-président pendant toute l’année putschiste. Un accord également écrit
entre Messaoud Ould Boulkheir et le futur président Sidi Ould Cheikh Abdallahi
prévoyait que celui-ci, élu, recommanderait ce choix à ses soutiens
parlementaires du Mithaq (la
Charte), mais ceux-ci n’auraient pas suffi puisque le
Rassemblement des forces démocratiques, le R.F.D. présidé par Ahmed Ould
Daddah, candidat malheureux pour la troisième fois, dispose de quinze sièges,
et que le parti de Messaoud Ould Boulkheir : l’Alliance populaire progressiste
A.P.P. compte cinq députés. En sus, ce parti a obtenu quatre portefeuilles dans
le gouvernement à former. Toutes promesses tenues (à un portefeuille près),
mais au-delà du moment, elles ont manifesté une alliance véritable, toujours
valable, puisque Sidi Ould Cheikh Abdallahi, à la suite de sa démission du 26
Juin 2009, a
soutenu la candidature présidentielle du président de l’Assemblée nationale.
Arrivé cinquième le 11 Mars, avec 7,94%
des voix, soit le meilleur score qu’ait jamais obtenu un candidat originaire de
la Vallée du
Fleuve, Ibrahima Moctar Sarr n’ayant soutenu personne au second tour et
seulement appelé à un gouvernement d’union nationale, ne reçoit rien. Cve
gouvernement-même d’union nationale correspond au vœu intime de l’élu du 25
Mars mais le nouveau Président de la République en est empêché et ses soutiens – élus
et notables – souhaitent au préalable que soit créé un parti les regroupant et
que « bénisse » Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Celui-ci charge du projet
Yahya Ould Waghf, seule personnalité de toute l’équipe qui ne se soit pas
impliqué avec les précédentes, et il est bien décidé à éviter, précisément que
ce soit la reconstitution du « Parti-Etat » qu’avait été le P.R.D.S.
pour Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya. Ce ne sera pas compris, ni de l’opposition
démocratique, ni des militaires, quand Zeine Ould Zeïdane aura à céder la place
et que les islamistes entreront enfin au gouvernement..
Le 27
Avril 2007, c’est l’élection du président du Sénat, elle n’est pas convenue
d’avance d’avance mais elle va peser lourd. C’est le député de Maghama, un
ancien ministre des Pêches du colonel Ould Taya, après avoir fait partir des
rafles d’originaires de la
Vallée du Fleuve en Septembre 1986 : Ba Mamadou dit
M’Baré. Quarante voix pour lui contre onze au candidat présenté par le
R.F.D. : Ahmed Salem Ould Bakar. Le président du Sénat, selon la Constitution, assure
l’intérim en cas de vacance de la présidence de la République ou
d’empêchement du président. Au lieu de prendre l’intérim dès le 6 Août 2008,
quand Sidi Ould Cheikh Abdallahi commence d’être détenu, M’Baré le recevra du
putschiste, le 15 Avril 2009, donc pour l’apparence d’un montage légaliste
faisant accroire que le général Mohamed Ould Abdel Aziz avait chef de l’Etat
jusqu’à démissionner de telles fonctions. Constitutionnellement, le président
du Sénat n’aurait dû l’assumer qu’à compter du 26 Juin. Il avait pourtant
commencé par être solidaire, au lendemain du putsch, de la position du
président de l’Assemblée.
- Depuis
quelques jours, les familles des prisonniers politiques detenus à Ouad Naga se
plaignent de la maltraitance, des conditions d'hygiéne déplorables, des
tortures, le manque de sommeil et de soins adaptés aux maladies ,ajoutés à tout
cela une gréve de la faim en vue d'obtenir une amélioration de
leurs conditions de detention qui s'empirent au jour le jour, au seul vouloir
des géoliers zélés.
- ceux-ci faillirent rompre à ce propos avec la junte
(le Conseil militaire pour la justice et la démocratie) qui au contraire y
tenait mordicus et l’imposa – l’avenir a montré que ce point est décisif pour
la démocratie, l’actuelle Assemblée nationale est toujours celle élue à la fin
de 2006 : « 4° Le problème des
candidatures indépendantes demeure posé et doit faire l’objet de concertation
entre le Pouvoir de transition et les
partis politiques. Il ne s’agit pas à propos de cette question d’un débat
juridique même si l’on peut se prévaloir de la nécessité de justifier la
restriction de la règle générale de liberté pour des motifs d’ordre
sociologique, historique, culturel et social. Il s’agit en effet d’un débat sur
l’opportunité politique dans le contexte actuel du pays. Abstraction de la
nécessité de substituer les partis aux oranisations traditionnelles dont on
connaît les mérites et les anachronismes, les candidatures indépendantes
peuvent aiguiser les conflits locaux, favoriser l’émergence d’un parlement
composé d’individus et non de groupes ayant un réflexe collectif et pouvant
réfléchir aux problèmes à l’échelle nationale. En tout état de cause, les
partis politiques dégagent toute responsabilité en cas d’émergence d’un
parlement dominé par quelques trbus, et où , les souches sociales
déshéritées, ni les groupes traditionnellement satellites ne figurent. »
- point 4 du mémorandum des partis
politiques – Mars 2006
;-
Ministre Chargé de la
Promotion Féminine, de l'Enfance et de la Famille : Fatimetou Mint Khattri
-
Ministre chargé de la
Jeunesse et des Sports :
Mohamed Ould Ahmed Ould Yerg
-
Ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Environnement : Aicha Mint Sidi Bouna;
- Ministre délégué auprès
du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, chargé du
Maghreb arabe : Mohamed El Hafedh Ould
Ismael;
- Secrétaire Général du
Gouvernement : Abdellahi Ould Limam Maleck
- Commissaire Chargé de la Protection Sociale : Mohamed Ould Mohamedou
- Délégué Général pour la Promotion de l'Investissement
Privé : Mohamed Abdellahi Ould Yaha
- vous n'êtes pas sans savoir
que je me suis abstenu depuis le 20 Août 2008, de présider tout travail
parlementaire, et ce après m'être opposé, par principe, à toute forme de
collaboration avec un régime militaire qui a subitement mis fin à une
expérience démocratique saluée par tous aussi bien à l'intérieur qu'à
l'extérieur du pays. Un coup d'Etat qui a plongé le pays dans une phase
d'instabilité interne et d'isolement politique et économique externe. Néanmoins,
grâce à Allah le Tout Puissant, à la sagesse des fils du pays et la solidarité
de pays frères et amis, la
Mauritanie a pu dépasser cette phase dangereuse de son
histoire en organisant les élections du 18 Juillet 2009, réussissant ainsi à
désamorcer une crise constitutionnelle qui était de nature à saper les
fondements même de son unité nationale. Frères et soeurs, je considère
sincèrement que les résultats issus de telles élections, en dépit des réserves
que j'ai personnellement exprimées au lendemain de leur parution, constituent
un important acquis que nous devons tous préserver tout en développant
l'ouverture et le dialogue entre tous les courants politiques et sociaux et ce
dans l'intérêt de notre pays, de sa stabilité politique et de son émancipation
sociale, deux conditions essentielles pour tout développement économique. AMI extraits du discours