vendredi 15 août 2014

chronique d'Ould Kaïge - publié déjà dans Le Calame . 7 Décembre 2010



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10 Décembre 1975  & 10 Décembre 2007


les Nations Unies adoptent deux résolutions
sur le Sahara administré par l’Espagne
&
Sidi Ould Cheikh Abdallahi lance la campagne de sensibilisation à la loi incriminant l’esclavage





Le 10 Décembre 1975, l’Assemblée générale des Nations Unies, dans une même séance plénière (n° 2435) vote deux résolutions sur le Sahara jusques là d’administration espagnole. La première [1] acquise sans opposition par 88 voix mais avec 41 abstentions, demande à l’Espagne et au Secrétaire général de « faire en sorte que tous les Sahraouis originaires du territoire exercent pleinement et librement, sous la supervision de l’Organisation des Nations Unies, leur droit inaliénable à l’autodétermination ». Elle vise explicitement l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (Le Calame des 4 Juillet & 10 Octobre 2007, chroniques anniversaire des 3 Juillet & 16 Octobre 1975) qu’avait demandé le Conseil de sécurité et qui observe que le territoire n’était pas sans maître quand l’Espagne s’en est emparé. La seconde  [2], très disputée, prend acte de l’accord de Madrid (Le Calame du 18 Novembre 2008, chronique anniversaire des 10.14  Novembre 1975) et demande aux partie à cet accord de « veiller au respect des aspirations librement exprimées des populations sahraouies ». Les deux textes, qui se suivent, ne se contredisent pas, le second précise le premier.

Le premier coup de main du Polisario ne vise ni l’Espagne ni le Maroc, mais la seule Mauritanie et à l’intérieur des frontières de celles-ci, telles qu’internationalement reconnues depuis l’indépendance. Trois jours avant les votes de l’Assemblée générale, Aïn Ben Tili, Bir Oum Ghrein et la voie ferrée sont simultanément attaquées. Quant aux débuts d’une entité institutionnelle sahraouie, ils s’organisent une semaine avant, et à Alger (Le Calame du 8 Décembre 2009, chronique anniversaire du 3 Décembre 1975). Au contraire, la prise mauritanienne de contrôle au Sahara (Le Calame du 23 Décembre 2008, chronique anniversaire du 20 Décembre 1975) est de dix jours postérieure aux votes des Nations Unies, et le président Moktar Ould Daddah a refusé d’imiter, à partir de Nouadhibou ou d’autres points rapprochés de la frontière « espagnole », la « marche verte » organisée par le roi Hassan II.

La Mauritanie a donc demandé le droit, ne l’a pas anticipé, l’a respecté. En fut-il jamais autrement du 20 Mai 1957 au 10 Juillet 1978 ? Elle n’a évidemment pas cherché la guerre.


 difficulté de copier-coller - sera réparé ainsi que deux autres chroniques antérieurement en ligne  . prochainement




Le 10 Décembre 2007,  Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi lance une campagne de sensibilisation sur la loi incriminant l’esclavage.

L’un des régimes militaires avait déjà légiféré sur l’esclavage [3], le 9 Novembre 1981, pendant que  le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla, souvent en difficulté et contrôlé collégialement quoiqu’a posteriori, exerçait le pouvoir. Le texte de portée législative, que n’avait jamais voulu prendre le régime fondateur de Moktar Ould Daddah préférant priver les « maîtres » de toute légitimité et de tous moyens juridiques pour faire valoir des « droits », était intervenu quinze mois après un double scandale : la mise en vente d’une jeune esclave sur le marché d’Atar en Mars 1980 et le procès de Boubacar Ould Messaoud et de ses compagnons en Juin 1980 pour avoir dénoncé ce fait en manifestant sur la voie publique, procès tenu à Rosso avec bruit et dont Messaoud Ould Boukheir, fondateur de El Hor, alors préfet, ne manquait pas une audience. La promulgation était intervenue au terme d’un long processus – occulte – qu’avait ouvert le 5 Juillet 1980, une réunion plénière du CMSN, décidant l’abolition de l’esclavage « après un débat approfondi autour de l’ensemble des aspects de cette question … et la mise en place d’une commission nationale comprenant des oulémas, des économistes et des fonctionnaires pour étudier les cas susceptibles de donner lieu à compensation ». Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi s’inscrit dans la ligne de Moktar Ould Daddah en n’abolissant rien afin que rien ne soit reconnu, et il s’attache à la situation existante, telle qu’elle s’était développée malgré la tentative du pouvoir autoritaire.

La loi  du 3 Septembre 2007 [4] diffère en tout dans le fond et dans la manière de l’ordonnance des militaires. Elle procède du discours-programme qu’a prononcé le 29 Juin 2007, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Celui-ci est le nouveau Président de la République, le premier élu démocratiquement au second tour d’un scrutin pluraliste et incontesté. Il a d’abord traité – sereinement – de  ce qui hante la mémoire mauritanienne depuis deux décennies : le « passif humanitaire »des « années de braise », les réfugiés qui ont fui les pogroms du printemps de 1989. Il assure que  « le combat pour l'égale dignité des citoyens dans un Etat de droit est aussi un combat contre l'esclavage dans toutes ses formes, traditionnelle et moderne. Pas plus tard qu'hier, le gouvernement a approuvé un projet de loi portant incrimination et répression de cette pratique abominable.  Parallèlement aux efforts visant l'élimination des séquelles de l'esclavage, une grande vigilance sera observée pour réprimer les formes contemporaines de ce phénomène comme l'exploitation des mineurs, le trafic des personnes et toutes les autres formes d'exploitation de l'homme par l'homme. ». Les partis lui répondent. D’abord, dès le 1er Juillet, le Rassemblement des forces démocratiques, que préside Ahmed Ould Daddah, le compétiteur du 25 Mars précédent : «  nous nous joignons à toutes les voix de la liberté,dans un esprit de persévérance pour éradiquer à jamais les pratiques et les séquelles de l’esclavage conformément à notre programme politique. C’est pourquoi, il nous parait indispensable que le projet de loi relatif à l’esclavage soit plus précis et prenne en compte l’ensemble des dimensions du phénomène et de ses manifestations. De ce fait découle l’absolue nécessité de réfléchir sérieusement aux modalités de définition et de mise en œuvre pratique d’un plan de rattrapage économique, social et culturel en faveur de cette couche opprimée. Pour relever ces immenses défis et assurer la mise en œuvre des solutions les plus adaptées, il est capital que toutes les forces vives de la nation puissent conjuguer leurs efforts et accepter de dépasser, ne serait- ce que le temps d’un consensus, les tendances politiciennes, les tiraillements négatifs et les propagandes malsaines. Dans le même esprit, nous en appelons aux institutions républicaines, aux partis politiques, aux organisations de la société civile, aux oulémas, aux hommes d’opinion et à l’ensemble des citoyens pour mettre en garde contre toute exploitation de cette orientation juste à des fins personnelles et contre les calculs étroits que les ennemis de la liberté seraient tentés de faire jouer en cette étape décisive du devenir national. ». Les F.L.A.M. aussi qui « saluent cette disposition d’esprit positive du chef de l’Etat qui, non seulement, assume au nom de l’Etat mauritanien les violations des droits… commmises contre une partie de nos populations, mais aussi s’engage à les réparer… un préalable important pour la réconciliation nationale ». 

Le gouvernement de Zeine Ould Zeidane avait déposé, le 25 Juin, un projet de loi. Dès le 30 Mai, le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, moins de deux mois après son élection, avait réclamé un « dispositif de lutte », notamment sur le plan juridique [5]. Le texte est évalué, le 8 Juillet, par le président de SOS-Esclaves, Boubacar Ould Messaoud : « Nous sommes satisfaits de ce qui a été fait et du climat qui règne dans notre pays, de la volonté des autorités actuelles d’éradiquer l’esclavage, mais nous estimons que le texte proposé est insuffisant. Le projet ne donne pas une qualification très claire de l’esclavage tel qu’il est vécu chez nous. Il contient des aspects vagues sur des questions essentielles et édicte des peines en deçà de celles prévues pour des crimes similaires, comme pour les cas de crimes contre l’humanité ». La session extraordinaire, convoquée pour débattre du projet et aussi pour réviser le budget de l’Etat, car les recettes pétrolières s’avèrent bien moindres que prévu, s’ouvre le 23 Juillet. La nouvelle loi de finances doit en effet traiter des programmes d’insertion accompagnant la législation incriminant l’esclavage. Le vote intervient le 8 Août, il est unanime. Le texte initialement proposé a été très amendé : les peines prévues sont renforcées, la définition des pratiques constatées dans le pays est précisée. Surtout, l’article 2 de l’ordonnance des militaires est abrogé : il avait accordé aux anciens maîtres un droit à compensation. Boubacar Ould Messaoud s’écrie : « Nous sommes très satisfaits, c’est une grande victoire pour les démocrates et le peuple mauritanien, et qui n’aurait pas été possible sans cette volonté politique du président et de son gouvernement ». Le lendemain, l’organisation internationale Anti-slavery International, basée à Londres, salue le « pas en avant historique qui est très bienvenu ».

La campagne que lance le président de la République, a été explicitement recommandée par les députés. Une « politique économique complémentaire de nature à réadiquer les séquelles de l’escalavage » est également souhaitée. Cette campagne fait suite aux journées de concertation, ayant abouti du 20 au 22 Novembre, à un consensus sur le passif humanitaire, salué en termes aussi dithyrambiques qu’exceptionnels [6], et auparavant à des consultations, menées à partir du 12 Juillet, sur la question du rapatriement des réfugiés, et enfin au commencement de recensement des disparus et des assassinés.

C’est d’une véritable méthode qu’il commence de s’agir. Elle coincide avec le passage à Nouakchott, le même 10 Décembre, de l’ancien président de la République française, Jacques Chirac, lançant – lui – sa future fondation pour le développement durable et le dialogue des cultures. Celle-ci doit se consacrer «  aux sujets cruciaux pour l’avenir du continent africain, de l’accès à l’erau et aux médicaments, notamment dans la lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose. » Encore au pouvoir, en France, au moment du coup militaire du 3 Août 2005 qui renversait son « ami » Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, qu’il avait notamment soutenu pour l’une de ses réélections présidentielles en venant en Mauritanie, les 5 et 6 Septembre 1997, donc très peu avant un scrutin boycotté par les oppositions et par le président Moktar Ould Daddah, toujours en exil, il avait contribué – sans le dissimuler – à retarder la reconnaissance internationale d’un fait accompli qui promettait pourtant la démocratie à bref délai. Il visite donc le colonel Ely Ould Mohamed Vall, qu’il avait alors boudé, et surtout le président régnant. A celui dont peu prévoient le renversement dans pas neuf mois… il discerne un vibrant satisfecit : « J’apprécie les efforts de gestion du pays par le président et le gouvernement, qui essaient de répondre aux besoins des populations. J’ai beaucoup d’estime et de considération pour la conduite des affaires dans le pays ».

De fait, sur cette question de l’esclavage qui constitue l’identité-même du pays, tant ethnique que culturelle, familiale que nationale,  aussi bien dans les mentalités ataviques que dans le regard de l’étranger, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi – homme de foi mais que ses détracateurs, déjà, considère irrésolu – n’a pas craint de baliser le terrain pour une course rapide : il a donné six mois au pays et au gouvernement. Religion et administration. Le 29 Juillet, en plein débat parlementaire, le président de 


De fait, sur cette question de l’esclavage qui constitue l’identité-même du pays, tant ethnique que culturelle, familiale que nationale,  aussi bien dans les mentalités ataviques que dans le regard de l’étranger, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi – homme de foi mais que ses détracateurs, déjà, considère irrésolu – n’a pas craint de baliser le terrain pour une course rapide : il a donné six mois au pays et au gouvernement. Religion et administration. Le 29 Juillet, en plein débat parlementaire, le président de






La réponse des événements va être sinistre. Des pluies diluviennes détruisent Tintane (à sept cent kilomètres de Nouakchott) le 8 Août. La faillite d’Air Mauritanie se laisse prévoir depuis l’immobilisation, le 5 Septembre, de deux de ses avions par un créancier. Surtout, le 23 Décembre, quatre touristes seront abattus sur la route de l’Espoir. Qui sait alors que cela  devient des engrenages ?

Plus facile à déchiffrer que les présages, l’opposition – que constitue principalement le R.F.D. – refuse de croire que le nouveau parti en gestation (la future A.D.I.L.), depuis le 25 Août, pour organiser une majorité gouvernementale, sera démocratique [1]. Malgré l’assurance donnée par le président de la République à son compétiteur malheureux, Ahmed Ould Daddah – qui a la loyauté de le rapporter – , qu’il entend « rester au-dessus des partis, un arbitre entre les partis et les ciotyens », l’opposition en fait un cheval de bataille autant que de la hausse des prix : le 31 Octobre, les principaux mouvements politiques tiennent un rassemblement commun, diagnostiquant que le nouveau pouvoir est « incapable d’apporter le changement voulu par le peuple ». Tout l’été, ils ont critiqué la légalisation (intervenue le 3 Août) de dix-huit nouveaux partis dont un « islamiste », incarné par Jemil Ould Mansour. Au contraire de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya et des militaires de la transition démocratique inititiée le 3 Août 2005, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi a été sensible à une argumentation  qui exaspère les partis traditionnels : « Nous sommes un parti comme tous les autres, tous étant islamistes par la force de la Constitution qui fait de l’Islam la religion du peuple et de l’Etat ».  Déjà fort de sept parlementaires et de nombreux élus locaux, le Rassemblement national pour la réforme et le développement (R.N.D.D.) déclare, le 7 Août, apporter une « dose de moralité » à la gestion de



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