chronique d'Ould Kaïge - déjà publié par Le Calame . 5 Septembre 2007




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La mémoire d’un grand Français et gaulliste ayant aimé la Mauritanie :
Pierre Messmer,
Premier ministre (1972-1974),
commandant de l’Adrar (1950-1952), gouverneur du Territoire (1952-1954)



Pierre Messmer est décédé le 29 Août 2007 à l’âge de 91 ans. Un ancien Premier ministre français, certes après avoir été dix ans le ministre des Armées du général de Gaulle, mais surtout le commandant du cercle de l’Adrar en 1950, puis – de 1952 à 1954 – le gouverneur du territoire d’outre-mer français qu’était la Mauritanie. Il y arriva en spécialiste de l’Indochine tant sur le terrain où il s’était échappé des prisons du Viet-Minh, que des comités parisiens dont il sortit convaincu que l’indépendance était inéluctable. D’où son « exil » à Atar…Plus tard, haut-commissaire en Afrique équatoriale puis en Afrique occidentale. Même ayant quitté le pouvoir en 1974, il était resté l’homme de conseil et d’influence pour l’Afrique et en Afrique. Voir le portrait de Moktar Ould Daddah qu’il donna à Jeune Afrique en 2003, selon l’expérience notamment qu’il avait eu de la nationalisation de Miferma. Voir aussi la lettre qu’il écrivit, il n’y a pas un an à Jacques Chirac, encore à l’Elysée, pour que la France change complètement de politique en Côte d’Ivoire, sinon dans toute l’Afrique.

J’étais son visiteur depuis plus de trente ans et la Mauritanie a été, avec le général de Gaulle, notre lien (et notre sujet de conversation) permanent. J’ai été le dernier – le samedi 28 juillet. Le lendemain, à la même heure, il était au Val-de-Grâce à Paris, œdème pulmonaire. L’entretien s’acheva sur la Mauritanie. Le voici, sans précaution, et qui témoigne simplement des analyses d’une autorité de la colonisation.

Est-ce que vous auriez envie ces temps-ci de me dire ce que vous attendriez d’un résumé de l’histoire de la Mauritanie contemporaine ? du début de Coppolani à Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui vient de gagner.

J’ai sur la Mauritanie comme vous le savez une idée que je suis à peu près le seul à avoir, sauf peut-être quelques Mauritaniens.
Je pense que la Mauritanie n’a jamais été colonisée. Et si j’écrivais, ou si vous écrivez sur la Mauritanie, moi je crois que c’est une idée centrale. Que se passe-t-il à partir de Coppolani ? ce sont des militaires français, c’est une tribu guerrière qui s’impose à la Mauritanie, mais les Mauritaniens sont habitués à cela, depuis la guerre de Charr Baba. C’est une tribu guerrière qui remplace les tribus guerrières venues d’Arabie. Et nous nous insérons dans un système que nous connaissons mal au début, mais qui correspond exactement à ce que nous allons faire. Il n’y a pas de colonisation. La colonisation allait commencer au moment de l’indépendance, avec les grandes réalisations minières, Akjoujt et Fort-Gouraud. Alors là, la colonisation allait commencer, mais il y a eu l’indépendance avant.

Il y a eu la tentative d’O.C.R.S. aussi.

Cela n’existe pas.

Quand vous arrivez, vous avez le commandement par intérim puis comme gouverneur, y a-t-il un projet ? Non. Vous commencez par l’Adrar, puis l’intérim, puis vous êtes gouverneur.

Avec les militaires. En Adrar, quand j’arrive, je n’ai que des militaires sous mes ordres et je fais venir un civil, un administrateur adjoint : de Lalance, qui avait été aide-de-camp de Leclerc.

Et là, vous ne connaissiez pas du tout la Mauritanie ?

Non. Mais je connaissais le Sahara, l’Erythrée, la Libye, le sud-tunisien. J’avais voyagé dans le Sahara algérien … et alors, ce sont les mêmes, ou ils sont différents ? Ils sont différents. Ce ne sont pas les mêmes. Et en quoi ? la religion, le commerce, l’habileté ? Non, les tribus guerrières de Mauritanie sont arabes. Au Mali, et au Niger, les Touaregs sont des Berbères. Au Tchad, ce sont des Noirs. Et alors, ce clivage ethnique est un clivage… Au Darfour, ce sont des Noirs. Et quelle est la conséquence ? Les Arabes sont fiers de l’être. Et ils méprisent les autres, leurs tributaires et même les marabouts, et les marabouts s’appuient sur les Français contre les tribus guerrières mauritaniennes.

Quand vous gouvernez, y a-t-il déjà les perspecives de la loi Defferre ? on y pense un peu dans les hautes sphères ? et faut-il trouver quelques Mauritaniens pour plus tard ?

Les Mauritaniens existent, on ne pense pas à la loi Defferre. Ce n’est pas la culture mauritanienne. Mais il y a une élite mauritanienne, remarquable, déjà. Dans deux domaines. Chez d’une part, chez les marabouts, en particulier la grande famille des Cheikh Sdya, et puis d’autre part, chez… dans un cadre qui va servir d’encadrement à la Mauritanie indépendante, ce sont les interprètes qui représentent un cadre d’une qualité exceptionnelle ! Et que l’on n’a pas dans les autres territoires ?  Et ce sont eux qui vont apporter les cadres au démarrage.

La revendication marocaine était-elle prévisible en 1950 ?

Bien sûr !

Le commandement des confins laissait tout cela un peu flou…

Oui, prévisible, et pas réaliste.
Prévisible parce que les grandes dynasties marocaines almoravide et almohade viennent de la Mauritanie. Et, n’oubliez pas que si les Français n’avaient pas été au Maroc, la dynastie actuelle était renversée par les Regueibats, qui avaient pris Marrakech et marchaient sur Rabat, et c’est ce qui fait que les Regueibats haïssent la dynastie marocaine, et n’iront jamais avec elle… et ne nous aiment pas beaucoup. Parce qu’ils pensent que nous les avons empêchés de s’emparer du Maroc.

Pourrait-on dire qu’il y a eu entre 1910 et 1940 deux politiques, l’une de Lyautey faisant le Maroc tel qu’il a été, et puis celle venant d’A.O.F. et de la Mauritanie qui est une autre politique pour le désert et pour le Sahara ?

Non : pas pour le Sahara. Pour la Mauritanie. Parce que, au Mali, c’est-à-dire au Soudan, ils ont fait une politique tout à fait différente. Mauritanie…

D’autant qu’on a rattaché le Hodh à la Mauritanie.

Pour des raisons, je dirais… religieuses et ethniques. La frontière entre le Mali et la Mauritanie est un peu la limite des zones de paturages des Beydanes d’un côté et des Touaregs de l’autre. Je viens de prononcer le mot : beydane, cela veut dire : blanc. D’ailleurs, les Maures quand ils s’adressaient à quelqu’un comme moi, disaient : eux, en parlant des Noirs, et : nous, en parlant des Blancs.

Nous, Français et Maures…
Nous, Blancs.

Et ils considéraient les Touaregs comme des Noirs ?
Non. Comme autre chose.

Est-ce que Horma est une continuité du Cheikh Hamallah, dans l’esprit des Mauritaniens et pour l’autorité administrative ?

Le hamallisme a été une des raisons du rattachement du Hodh. C’est d’ailleurs très intéressant et, à mon avis, les gens du Soudan ont très mal traité ce problème. Très, très mal. Comme des imbéciles… Horma Ould Babana, un Ida Ouali, donc… une tribu : les Ida Ouali sont une tribu très forte et très répandue partout ! Très dispersée. Avec un sens de la cohésion. Je ne crois pas qu’Horma était hamalliste. Mais, il faudrait vérifier : je crois que le Hodh votait pour Horma. Et vous l’avez connu, personnellement, Horma ?C’est un type pas sérieux, ou est-ce quelqu’un qui avait quelque chose ?  Je crois qu’il avait une immense ambition et je me demande s’il n’avait pas joué le coup trop tôt. Au fond, il pensait à l’indépendance, au fond. Et par conséquent, il a été sabré par l’administration.

Mais en vous écoutant, il m’est venu une idée que vous aviez probablement à l’esprit sans la conceptualiser. Et on parle des Almoravides. Est-ce que tous ces Mauritaniens qui sont partis au Maroc, ne se sont pas dit, nous n’allons pas pour approuver la revendication marocaine, nous allons pour mauritaniser le Maroc, qui n’a pas bien tourné avec la colonisation française et avec les Alaouites. Et cette ambition, d’une certaine manière, Moktar l’a frôlée dans les dernières années de son règne, car il était devenu le seul homme qui pouvait aller voir indifféremment Bourguiba, Boumedienne, Khadafi, Hassan II qui eux ne se saquaient jamais entre eux. Il était le seul à pouvoir y aller, non sans orgueil.

J’ai très bien connu un personnage qui a joué cela. Je vais voir si j’ai quelque chose… j’arrive. Quelque chose d’important. C’est … il faudrait que vous regardiez la biographie de Deye Ould Sidi Baba, c’était le fils d’une des grandes familles d’Atar. Il est parti quand moi j’ai quitté la Mauritanie [1]. Parce que je crois que… il ne voulait pas quitter la Mauritanie quand j’y étais, mais il a fait une très grande carrière au Maroc, il a été ambassadeur à l’ONU et président de l’Assemblée. C’est intéressant parce qu’il représente exactement ce que vous dites. Je pensais à ce genre d’homme. Et manifestement, le roi se servait de lui pour montrer que la Mauritanie était un arrière plan du Maroc. Maintenant c’est fini.

Ce cercle du Chemama sur le Fleuve, cela paraît une idée assez étonnante.

Au fond, vous savez : les Sénégalais ne souhaitaient pas aller plus loin que la vallée du Fleuve. Ce n’était déjà pas mal…parce que la Mauritanie a été conquise du sud au nord et non du nord au sud, elle a été conquise et comprise par le Trarza et les Cheikh Sidya. Et ce sont eux qui parmi les Mauritaniens sont les plus universalistes et ont le plus la vision d’un ensemble mauritanien. C’est presque les seuls…

Le général de Gaulle était très ami avec Cheikh Sidya. Ah oui ? ce n’était pas une apparence ? Il est venu en Mauritanie en 1953 ou 1954, il est venu en A.O.F., il a passé deux jours en Mauritanie, il m’a demandé – j’étais gouverneur – à aller à Boutilimit, chez Cheikh Sidya. Il en avait donc déjà entendu parler ? Ah oui ! je les ai laissés en tête-à-tête. Après les… l’accueil qui a un peu étonné le Général, mais il a eu l’habileté de ne pas le manifester. Quand il est arrivé à Boutilimit, on a devant lui égorgé un chameau et on lui a fait boire le lait de la chamelle, qui n’était pas très propre. Il s’est soumis à cette épreuve, parce que c’est lui qui a demandé à aller à Boutilimit, ce n’est pas moi qui le lui ai proposé. Alors comment vous expliquez çà ? Je crois que Cheikh Sidya avait manifesté sa sympathie au Général très tôt. Il faudrait voir si cela ne date pas de la guerre, du ralliement en 1943 de l’A.O.F. Donc, contre Boisson. Je pourrai le savoir, les Cheikh Sidya ont encore des archives. Il connaissait le Général, avant que le Général vienne à Boutilimit. Et en revanche, le jeune émir de l’Adrar et le déjà vieux Abderrahmane au Tagant, n’avaient pas l’envergure ? J’ai toujours refusé de rétablir l’émirat de l’Adrar quand j’étais en Mauritanie. On ne l’a fait qu’après mon départ, mais c’était idiot. L’émir, c’est un chef de guerre. Donc, il faut qu’il y ait la guerre. Il y avait un peu un concurrent marabout des Cheikh Sidya. C’étaient les Cheikh Mal El Ainin. Oui, dans le nord, c’est Smara, mais ils soutiennent – les Mal El Aïnin – soutiennent les Regueibats et ils sont en zone espagnole. C’est plus compliqué que çà. La répartition entre Français et Espagnols, répartition des Regueibats : les Regueibat Sahel sujets espagnols  et les Regueibat Legouacem sujets français. Ce n’était donc pas une frontière, c’étaient des gens. Les Regueibats sont les hommes des nuages, ils vont là où tombe la pluie. Vous récitez un proverbe mauritanien.

Dix-huit mois auparavant – le 16 février 2006 – Pierre Messmer commentait, de la même façon, une de mes réflexions sur la Mauritanie. J’en rentrais et disais que la question du Sahara n’était pas fermée pour les Mauritaniens et que la Mauritanie, qu’elle le veuille ou non, reste partie prenante dans le règlement à faire.

Cher ami, votre note sur le « processus de transition démocratique » de la Mauritanie m’a vivement intéressé et me donne de l’espoir pour un pays que j’aime et des hommes que je respecte. Sur un seul point, je suis en désaccord avec vous. Dans votre développement sur « les prochaines responsabilités internationales » vous évoquez la question du Sahara Occidental et affirmez qu’il n’y a qu’un Tiris (c’est vrai) et que « les populations de l’ancienne possession espagnole sont mauritaniennes » ce qui est discutable. En politique, la géographie humaine est plus importante que la géographie physique. La population du Sahara ccidental est, pour l’essentiel, Regueibat (de la branche Sahel de la confédération cousine des Lgouacem) et les Regueibats détestent la dynastie alaouite pour des raisons historiques. Mais cela ne veut pas dire qu’ils se « sentent » Mauritaniens. Ce sont les hommes des nuages. J’en sais quelque chose, ayant administré pendant quatre ans les Lgouacem dont, à ma connaissance, les sentiments n’ont pas beaucoup changé. Pour la Mauritanie, la sagesse est de se mêler le moins possible du Sahara Occidental qui lui a coûté si cher et qui pourrait à nouveau la déstabiliser. Je sais que c’est difficile ; je sais que ce que j’écris est impopulaire mais je crois avoir raison. Il y a des boîtes à chagrin qu’il faut garder fermées.                               


[1] - anachronisme puisque Deye est entré, à la demande de Moktar Ould Daddah, dans le premier gouvernement mauritanien, celui issu de la « loi-cadre » et n’est parti au Maroc qu’en Mars 1958, soit quatre ans après que Pierre Messmer ait quitté le territoire, mais peut-être avait-t-il commencé de s’y rendre au départ du gouverneur et avant même l’indépendance du Maroc. A vérifier…

jeudi 29 mai 2014

chronique d'Ould Kaïge - déjà publié par Le Calame - 29 Août 2007



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24 Août 1940 & 24 Août 1991

Deux commencements ou deux contre-sens ?



Le 24 Août 1940, massacre des Tenouadji par les « hamallistes » : la répression est immédiate (30 condamnations à mort dont les fils de Cheikh Hamallah et 500 internements).

Le 24 Août 1991, le Rassemblement pour la démocratie et l’union nationale (RDUN) est autorisé officiellement. C’est le premier parti à être autorisé depuis l’interdiction générale en 1978 de tout mouvement politique. Il est dirigé par Ahmed Ould Sidi Baba, le maire d’Atar, ancien ministre de Moktar Ould Daddah, cousin de son contribule, le président du Comité militaire de salut national (le colonel Maaouya Ould Sid Ahmed Taya) et chef reconnu des Smacides.

Ces deux événements ont en commun d’être à l’origine d’une série de faux sens ou de contre sens sur l’histoire de la Mauritanie contemporaine. Celui de 1991 sur un retour du pays à la démocratie, celui de 1940 sur la réalité de l’emprise de l’administration française.

La Constitution adoptée par referendum le 12 Juillet 1991 (et promulguée, le 20, par ordonnance du Comité militaire de salut national CMSN) prévoyait que dans les deux mois serait promulguée la législation sur les partis politiques et sur la presse, en prévision d’élections présidentielle et parlementaires. La nouvelle loi fondamentale, sans référence aux Constitutions du 22 Mars 1959 et 20 Mai 1961 (et qui a été, depuis, amendée par le referendum du 5 Juin 2006), garantit la « liberté d’association, de conscience et d’expression »). Mais alors que l’opposition au régime militaire, établi le 10 Juillet 1978 par le renversement du président fondateur Moktar Ould Daddah, souhaite que les formes du changement en Mauritanie soient débattues consensuellement (ainsi qu’elles le seront lors des journées des 25-29 Octobre 2005 inaugurant la transition démocratique), le système autoritaire préfère procéder seul. Le Front démocratique uni des forces du changement FDUC, regroupant six mouvements, ne sera donc jamais reconnu en tant que tel. Quelques-uns de ses dirigeants (Hadrami Ould Khattri et Ahmadou Mamadou Diop, anciens ministres de Moktar Ould Daddah, Mustapha Ould Badreddine du MND, les jeunes « démocrates indépendants » : Bechir el-Hassen et Dah Ould Yassa) sont d’ailleurs arrêtés le 6 Juin 1991, puis assignés à résidence l’avant-veille du jour où le Comité publie le projet de Constitution censé acheminer le pays vers l’état de droit… l’amnistie n’est promulguée que le 29 Juillet, la participation au referendum n’a été que de 8,02 à 23,08 % selon les régions - seules les régions désertiques ne comptant que 5% de la population, ont vraiment participé : Adrar 86,07 %, Tiris Zemmour 69,13%, Inchiri 92,52%. Les chiffres officiels n’en rendent pas compte : 85,34% de participation et 97,94% oui.

 C’est dans ce contexte que le 25 Juillet, le Comité militaire a adopté les deux lois promises sur les partis politiques et sur la presse.

L’autorisation du mouvement fondé par le maire d’Atar sera suivie de cinq autres, dont – le 28 Septembre 1991 – l’ Union populaire socialiste et démocratique, dirigé par Mohamed Mahmoud Ould Mah, économiste, ancien maire de Nouakchott et SG de l’Union des économistes maghrébins, et surtout – le 2 Octobre 1991 – l’Union des forces démocratiques (UFD), qui compte quatre anciens ministres. Présidé par Hadrami Ould Khattri, qui a compté sous Moktar Ould Daddah, il a comme secrétaire général le très médiatique fondateur de El Hor, Messaoud Ould Boulkheir, qui – lui – a été ministre de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Deux coordinateurs : Mohameden Ould Babah  et Amadou Mamadou Diop, manifestent l’entente de toutes les composantes mauritaniennes. L’UFD est en fait la réapparition du Front démocratique.

Le Parti républicain démocratique et social PRDS, dirigé par l’ancien ministre Cheikh Sid’Ahmed Ould Baba présidant, avec le titre de « coordinateur » une commission de 16 membres – revendique jusqu’à 500.000 adhérents à l’automne de 1991. On y soutient la candidature du président du Comité militaire : « parti du pouvoir, des grosses fortunes, de l’administration mais aussi de la Mauritanie profonde, le PRDS rassemble une impressionnantes collection d’atouts. Il est le seul à diposer directement d’un journal Al Joumhouriya … » (Jeune Afrique 19 Novembre 1991). Le RDUN d’Ahmed Ould Sidi Baba n’est pas fait pour gêner ce nouveau parti ; il lui a ouvert la voie, et se prononce contre toute conférence nationale en Mauritanie (la procédure qui ailleurs a, depuis le discours prononcé par François Mitterrand, le président de la République française à La Baule, le 19 Juin 1990, devant ses pairs africains, provoqué de véritables changements dans le sens de la démocratie). Il est également hostile à toute commission d’enquête indépendante sur les « négro-africains » exécutés en Décembre 1990. Enfin, il annonce ne pas  présenter de candidat à la prochaine élection présidentielle.

La façade démocratique est cependant organisée : pluripartisme légal et vivant pour la première fois en Mauritanie depuis plus de vingt-cinq ans [1]. Toute la question est de vérifier si les élections seront sincères. L’ajout – d’autorité – au texte adopté par referendum d’un article 104 qui n’y figurait pas et qui maintient les lois d’exception, peut en effet faire douter de la sincérité du régime militaire.

Le 7 Octobre 1991, le CMSN promulgue la nouvelle loi organique pour les élections, mais sans donner de date pour la tenue de celles-ci. Pour les présidentielles, notamment, tout candidat doit être présenté au moins 30 des 208 maires ou 400 conseillers municipaux. Or, 200 de ces 208 maires ont adhéré au PRDS. La manœuvre est si évidente que, le 14 Octobre, le pouvoir recule. Le secrétaire permanent du CMSN, le lieutenant-colonel Mohamed Lemine Ould Ndiayane indique que les candidats à l’élection présidentielle n’auront à justifier de la signature que de 50 conseillers municipaux, dont 1/5ème au maximum provenant de la même région. L’UFD enregistre « favorablement », mais réclame un gouvernement de transition pour que se fassent en toute indépenndance du régime militaire la concertation politique préalable entre partis, la révision des textes électoraux et des listes et que soit, consensuellement, fixé l’échéancier des scrutins. L’opposition demande aussi la dissolution des conseils municipaux et des « structures d’éducation de masse » mises en place par le système militaire pour combler le vide laissé par l’interdiction du Parti du peuple mauritanien lors du coup du 10 Juillet 1978. L’ouverture des médias publics aux partis sur une base égalitaire est exigée. Il s’agit de « baliser ensemble le chemin susceptible de garantir une transition démocratique sereine et transparente ». Les prodromes sont déjà discutables, la suite va montrer la nature du régime censément nouveau, car le referendum de l’été de 1991 ne peut – par lui-même, d’autant que les résultats en sont contestés – faire oublier la succession des sanglants événements qui de l’automne 1986 à l’automne 1990 ont endeuillé le pays, sans compter le drame du printemps de 1989, ni les premières « émeutes du pain », à Nouadhibou le 2 Juin.   

En 1940, la coincidence entre le désastre subi par la métropole française et les événements de l’est mauritanien, peut faire croire à une manifestation nationaliste. C’est certainement ce qu’ont craint – alors – les aurorités coloniales. Le « hamallisme », du nom de sa figure emblématique, le Chérif Hamallah, n’est pas encore complètement élucidé faute qu’une recherche indépendante ait été possible avant l’indépendance et parce qu’ensuite l’attention éventuelle des chercheurs a été requise par une actualité à rebondissements. [2] Une conséquence indiscutable et bénéfique a été, pour ces raisons de maintien de l’ordre, le rattachement du Hodh que Bamako on comprenait et contrôlait moins bien que de … Saint-Louis, près de quatre ans plus tard.

Je préfère donc à ce stade laisser s’exprimer le colonisateur, dans son « rapport politique annuel », celui de 1940 donc.

A partir du mois de mai, l’élément européen lui-même, qui, à quelques exceptions près, n’est composé dans la Colonie que de militaires ou de fonctionnaires ne put suivre qu’avec quelque peine les opérations qui allaient se dérouler sur un rythme accéléré. L’annonce de l’Armistice le surprit avant qu’il ait eu le temps de réaliser l’étendue et l’importance de nos défaites successives. Pendant plusieurs semaines, nos postes de radio furent muets, les journaux et périodiques ne parvinrent plus. La propagande étrangère put répandre en toute liberté et sans crainte d’être démentie les informations les plus propres à jeter le trouble dans l’esprit des français éloignés de la métropole. Ceux de la Mauritanie malgré leur anxiété et de douloureux débats de conscience firent preuve de discipline. L’arrivée au pouvoir du Maréchal PETAIN, au moment où tout semblait manquer à notre malheureux pays fut un grand soulagement et permit un premier espoir dans le relèvement de la France.
La suspension des hostilités coïncide avec l’époque où à la suite des premières pluies, les autochtones commencent à se disperser à la recherche des pâturages verts et à ensemencer les terrains de culture. De leur côté, les Européens, encore abattus par notre défaite, et mal renseignés, évitèrent à ce moment d’aborder avec les indigènes la question de la fin de la lutte avec l’Allemagne.
Ce n’est guère que dans le courant de Juillet que la situation de la Métropole commença à être connue en milieu indigène. Les nomades, en commentant les nouvelles de l’invasion et de l’occupation de la France, évoquèrent les images d’un razzi de grande envergure. Le vainqueur, disait-on, avait le trésor de l’Etat, enlevé les femmes, s’était emparé de tous les biens pour les envoyer en Allemagne. Le brusque changement d’attitude de l’Angleterre à notre égard, les évènements de Mers-El-Kébir déconcertèrent nos gens.
Cependant rien ne changeait dans la vie de la Colonie. Aucun mouvement n’avait eu lieu dans les garnisons du Nord, sinon pour les renforcer en vue de parer à une attaque possible venant du Rio. Aussi la plus grande partie de la population demeura-t-elle sans inquiétude trop vive.
Il serait vain cependant de nier l’atteinte grave portée à notre prestige par la défaite. La propagande nécessaire que nous avions menée avant l’Armistice et par laquelle nous affirmions la force de nos armes et la certitude de notre victoire se retournait contre nous. A cela venaient s’ajouter les difficultés matérielles qui, pour des esprits encore fermés à la complexité des problèmes internationaux et économiques, pouvaient passer pour le signe d’une ruine plus ou moins complète de notre pays.
D’autre part, si nous avions apporté à la masse des originaires de nos colonies la paix intérieure, une justice plus exacte, des améliorations certaines dans l’ordre social et économique, nous avions dû, surtout en Mauritanie, lutter contre les abus de pouvoir de certains chefs et de certaines castes privilégiées. Il était humain que ceux qui pouvaient jadis imposer leur volonté sans contrôle éprouvassent quelque regret des temps passés et fussent tentés de les faire revivre au besoin par la violence, comptant sur notre impuissance à maintenir notre autorité, d’autres parmi nos administrés pouvaient être incités par notre défaite et les commentaires tendancieux dont elle était l’objet, à croire qu’il leur était permis sans avoir rien à craindre de notre part d’assouvir librement leurs haines et leurs rancunes.
En effet, alors que dans le reste de la Colonie, seuls quelques isolés se permettaient d’émettre des doutes sur notre maintien dans le pays, de graves évènements se préparaient à la limite orientale de la Mauritanie et dans la zone limitrophe du Soudan. Cette dernière région est le centre de la voie Tidjania réformée dont le chef est Cheikh Hamallah qui réside habituellement à Nioro depuis plusieurs années, celui-ci et ses disciples sont en violent conflit avec leurs coreligionnaires de la voie quadria et de la voie tidjania orthodoxe il apparaît que dès la fin de Juillet, les fils du Cheikh et peut-être le Cheikh lui-même, ont cru le moment venu de s’imposer par la force, en s’attaquant d’abord à leurs vieux ennemis les Tenouadjiou dans le courant du mois d’Août, ils firent répandre chez leurs fidèles le bruit du remplacement prochain en A.O.F. des autorités françaises par les autorités allemandes et, comptant sur notre carence, déclarèrent l’occasion favorable pour les tribus de régler leurs comptes. L’attaque contre les campements Tenouadjiou fut déclenchée à la fin d’Août le récit des évènements est donné par ailleurs. Une action prompte et énergique permit de circonscrire et d’arrêter le mouvement. Les hamallistes des autres cercles mauritaniens : Tagant, Adrar, Guidimaka et Gorgol, surveillés, ne bougèrent pas.
En dehors même de la zone frontière soudano-maritanienne, la population apprit à la fois le mouvement et son échec. Les Hamallistes furent sévèrement jugés par les autres musulmans, l’arrestation des principaux meneurs favorablement commentée. Mais les fidèles du Cheikh de Nioro n’en sont pas à leur première affaire : ils ont suscité dans un passé peu éloigné des désordres plus ou moins sérieux au Soudan, puis à Kaédi. Les sanctions sont attendues avec curiosité dans toute la Colonie, avec anxiété dans l’Assaba. Leur insuffisance, l’impunité laissées à certains chefs du mouvement ne manqueraient pas de susciter des commentaires fâcheux et de faire taxer notre mansuétude de faiblesse. De nouveaux désordres seraient à craindre. L’emprise de Cheikh Hamallah sur ses fidèles est telle que ceux-ci peuvent n’avoir pas perdu encore tout espoir de reprendre leur action. Quant à leurs adversaires, il est nécessaire tout à la fois de les rassurer et de leur ôter tout prétexte de revanche.


[1] - au total six partis sont, à l’époque, autorisés : Rassemblement pour la Démocratie et l’Unité nationale RDUN ; Parti Républicain Démocratique et Social PRDS ; Parti Mauritanien du Renouveau PMR ;Union Populaire Socialiste et Démocratique UPSD ; Union des Forces Démocratiques UFD ; Parti pour la Justice Démocratique PJD

[2] - Moktar Ould Daddah, dans ses ses mémoires (La Mauritanie contre vents et marées Karthala . Octobre 2003 . 669 pages – disponible en arabe et en français) l’évoque p. 259 et fait référence à la thèse de Alioune Traoré, un compatriote

la question d'Azawad - le discours prononcé par Moktar Ould Daddah à Atar, le 1er Juillet 1957




Discours prononcé à Atar, le 1er Juillet 1957,
par le vice-président du Conseil de gouvernement,
Me Moktar Ould Daddah



Mes chers amis, mes chers compatriotes,

C’est avec une émotion toujours renouvelée, que je me retrouve dans ce cadre de l’Adrar immortalisé par le poète qui a chanté les noms prestigieux de « Gour Hamogjar, du Batem, du Dhar Tiffojjar » et surtout au milieu de vous tous à qui je dois la place que j’occupe maintenant. Je tiens à vous remercier à nouveau de la confiance que vous m’avez accordée, me permettant ainsi d’accéder aux plus hautes responsabilités. Je puis vous assurer que cette confiance ne sera pas déçue. Je veux aussi remercier tout particulièrement l’Emir de l’Adrar à l’hospitalité duquel nous devons de nous retrouver tous ensemble ce soir. Je lui suis reconnaissant de vous avoir rassemblés ici pour entendre ce que j’ai à vous dire.

Je vous convie aujourd‘hui à regarder avec moi au-delà de la falaise du Dhar, au-delà des dûnes de l’Akchar et de l’Azefal, pour embrasser d’un seul coup tout le « Trab el Beïdane » c’est à dire la Mauritanie.

Je vous  invite à oublier vos préoccupations et vos soucis, pour nous pencher ensemble sur des problèmes beaucoup plus vastes, intéressant l’avenir de la Mauritanie tout entière.

C’est à dessein que je choisis l’Adrar pour évoquer, pour la première fois publiquement, des questions qui intéressent non seulement l’ensemble de notre pays mais débordent au-delà de ses frontières. La Mauritanie n’est plus ce vaste désert  jadis si difficile à traverser et qui constituait entre le monde méditerranéen et l’Afrique noire une sorte de barrière que franchissaient mal les idées et les hommes.

Aujourd’hui grâce au progrès, grâce au développement des moyens de communication, grâce à la radio, à la presse comme aussi à la traditionnelle « radio Beïdane », nous nous trouvons étroitement mêlés à tout ce qui se passe autour de nous.Un lien de solidarité de plus en plus fort unit désormais tous les Mauritaniens conscients d’appartenir à une même communauté de l’Atlantique au Soudan.

Mais cette solidarité déborde nos frontières, elle englobe les populations Maures du Sahara Espagnol et des confins Marocains. Il m’a paru nécessaire de faire connaître aux uns et aux autres ce que nous entendons faire de la Mauritanie pour susciter leur compréhension, les intéresser à nos efforts et leur montrer la part qu’ils peuvent y prendre.

C’est précisément Atar que je choisis pour m’adresser à eux, parce que tout d’abord Atar, par sa position géographique au nœud des routes qui mènent des rives de l’Atlantique aux confins du Soudan, du Sud Marocain au Sénégal, est, par excellence, un lieu de rencontre, de réunion et d’échange ; qu’il s’agisse de marchandises, de troupeaux ou de nouvelles, c’est à Atar que se fait le relais. Ce Ksar où cohabitent des éléments de toutes origines, venus de tous les horizons, est par excellence un foyer de brassage d’idées et d’affaires, un foyer de rayonnement commercial et intellectuel.

Si je choisis Atar, c’est aussi parce que toute la Mauritanie est actuellement tournée vers l’Adrar où vos guerriers viennent d’affirmer et réaffirment demain encore s’il le faut, la volonté de tous de défendre l’intégrité du sol mauritanien. Je renouvelle ici le témoignage d’admiration et de reconnaissance de toute la Mauritanie pour tous ceux, Mauritaniens, Français de la Métropole ou des Territoires de l’A.O.F., qui ont si vaillamment combattu pour la défense de notre liberté.

Population de l’Adrar, avant-gardes vigilantes face à l’agresseur, vous constituez aussi nos meilleurs ambassadeurs tant auprès de nos frères du Sahara espagnol que de nos amis marocains ; voulant qu’ils m’entendent, je compte sur vous pour leur transmettre aux uns et aux autres mon message et pour vous faire auprès d’eux les avocats de la Mauritanie nouvelle. Vous leur direz d’abord quels sont nos espoirs et ce vers quoi tendent aujourd’hui tous nos efforts. Nous voulons construire, avec l’aide de la France, une communauté franco-mauritanienne basée sur l’égalité et la reconnaissance de nos intérêts et de nos libertés réciproques. Le pas immense que nous venons de franchir par l’application de la Loi-Cadre, nous ouvre les perspectives les plus brillantes sur un idéal de liberté et de prospérité que nul ne peut contester.

Demain nos efforts conjugués avec ceux de la France placeront la Mauritanie au rang des nations modernes. Demain notre pays aura dans le monde la place qu’il mérite, celle d’un pays doté d’une économie moderne et pourvu d’une élite capable de gérer sagement et démocratiuquement ses propres affaires, un pays qui, parce qu’il compte chez lui les plus éminents docteurs de l’Islam, voit son autorité spirituelle universellement reconnue. La Mauritanie est en effet un pont naturel, un trait d’union entre le monde arabo-berbère méditerranéen et le monde noir. La Mauritanie est, et doit demeurer le pays où la culture musulmane traditionnelle et la culture occidentale se développent côte à côte sans s’opposer mais bien au contraire en se complétant harmonieusement.

En un mot si nous le voulons, avec l’aide d’Allah, la Mauritanie sera demain un carrefour où se rencontreront et coexisteront pacifiquement les hommes de toutes origines, de toutes civilisations et de toutes cultures.

A ces différentes perspectives, il faut encore ajouter la vocation saharienne de la Mauritanie et c’est ici que je m’adresse plus particulièrement à nos frères du Sahara espagnol.

Je ne peux m’empêcher d’évoquer les innombrables liens qui nous unissent : nous portons les mêmes noms, nous parlons la même langue, nous conservons les mêmes nobles traditions, nous vénérons les mêmes chefs religieux, faisons paître nos troupeaux sur les mêmes pâturages, les abreuvons aux mêmes puits. En un mot, nous nous réclamons de cette même civilisation du désert dont nous sommes si justement fiers.

Je convie donc nos frères du Sahara espagnol à songer à cette grande Mauritanie économique et spirituelle à laquelle nous ne pouvons pas ne pas penser dès maintenant. Je leur adresse et je vous demande de le leur répéter, un message d’amitié, un appel à la concorde de tous les Maures de l’Atlantique à l’Azaouad et du Draa aux rives du Sénégal.

L’heure est passée des rezzou et des luttes fratricides opposant les uns aux autres. J’engage nos frères du Tiris, de l’Adrar Soutoff, du Zemmour, de la Séguia El Hamra, de l’Imrikli, de la Gaad et du Chebka, à se tourner ensemble vers un avenir commun, à partager avec nous les heureuses perspectives que nous réservent l’exploitation des richesses de notre sol et la mise en valeur de notre pays.

Ils bénéficieront avec nous des moyens immenses mis à notre disposition par l’O.C.R.S. à laquelle la Mauritanie est invitée à s’associer et dont le démarrage et le développement ne sauraient nous laisser indifférents.

L’Adrar et le Zemmour sont ouverts à leurs troupeaux, nos palmeraies les accueillent pour la « guetna » ; ils peuvent y venir en sécurité, profiter de l’hospitalité mauritanienne mais encore faut-il qu’eux aussi accueillent sans réticence nos troupeaux et nos tentes, lorsque les nécessités du pâturage nous amènent à nomadiser au-delà de cette limite artificielle qu’est une frontière que nous voulons voir disparaître de nos cœurs avant qu’elle ne s’efface sur les cartes.

D’aucun voudraient que cette hospitalité fût à sens unique et que soit interdit le Sahara espagnol aux Mauritaniens n’ayant pas fourni l’aide ou donné de gage au Djich Tharir. D’aucuns même n’ont pas hésité à violer les lois sacrées de l’hospitalité beïdane pour plaire aux ordres d’étrangers nouveaux venus au Sahara où ils voudraient imposer leurs lois au nom d’une prétendue libération. Les Maures ont toujours été des hommes libres. Jamais ils ne se sont laissés imposer leurs chefs. Ils n’accepteront pas plus ceux-là qui sont aussi dépaysés dans notre Sahara que nous le sommes nous-mêmes dans leurs bruyantes cités du nord ; sans doute, sont-ils attirés chez nous par les richesses découvertes dans notre sol, mais l’appât du gain ne saurait leur servir de titre de propriété et encore moins leur conférer le droit au commandement ; si nous accueillons tous ceux qui veulent travailler avec nous, nous ne voulons à aucun prix recevoir l’ordre d’intrus venus pour nous dresser les uns contre les autres, se prétendant en cela meilleurs musulmans que nous.

Ils appliquent la formule « diviser pour régner » et cherchent à nous lancer dans une lutte fratricide. Nous ne serons pas dupes. A ces Réguibats du Sahel et du Charg, nomades de la Ségui el Hamra et du Rio, Tekna Larroussyines, Oulad Tidrarine, Oulad Delim et Ahel Cheikh Ma el Aïnin, nous disons : Soyons unis et ne nous laissons plus divisés par des étrangers.

« Si deux groupes de croyants se mettent à se faire la guerre, conciliez-les ; si l’un de ces groupes cherche à opprimer l’autre, battez-vous contre lui jusqu’à ce qu’il revienne à l’ordre de Dieu ».

Voilà, hommes de l’Adrar, chres compatriotes et amis, le message de fraternité que je vous demande de répéter dans tous les campements du Sahel.

Me tournant maintenant vers le nord, je voudrais de la même façon me faire entendre de nos voisins et amis marocains.

En votre nom et au nom de tous les Mauritaniens, je leur adresse notre salut amical et tiens à les assurer de notre désir sincère d’entretenir avec eux comme avec tous les peuples voisins les relations de bon voisinage que nous n’avons jamais cessé d’avoir avec eux. Nous leur demandons de respecter notre personnalité et l’intégrité de nos frontières comme nous respectons les leurs, de nous laisser suivre sagement le chemin de notre propre évolution, sans intervenir pour nous conseiller et nous imposer une destinée dont le choix n’appartient qu’à nous et à nous seuls.

Je suis sûr que nous serons entendus et compris chez nos voisins, car nos voisins et amis marocains ont déjà affirmé par la voix de plusieurs de leurs dirigeants leur volonté de respecter les aspirations des peuples et leur droit à disposer librement d’eux-mêmes. J’ajoute que je ne peux m’empêcher de crier notre étonnement et même notre indignation devant la légèreté avec laquelle certains, prétendant parler au nom de la Mauritanie, droit que nous leur refusons formellement, veulent disposer de nous. Serions-nous à vendre ou incapables d’exprimer nous-mêmes notre volonté ? Notre indignation est d’autant plus grande que ces prétendus représentants de la Mauritanie trouvent dans certains milieux marocains une aide inexplicable et injustifiable. Nous souhaitons que les dirigeants du Maroc interviennent pour que cesse une campagne – que leur silence semble accréditer – et que l’opinion marocaine, enfin éclairée, ne soit plus dupée par ces faux ambassadeurs.

Pour que tous sachent nos véritables sentiments et que s’établisse une compréhension mutuelle, je tiens à proclamer notre désir de voir se renouer et se développer nos relations passées. Nous voulons voir reprendre les échanges commerciaux qui s’effectuaient traditionnellement entre le sud marocain et la Mauritanie. Et que, seule, a pu interrompre la présence à nos confins de bandes incontrôlées se nommant « Armée de libération ».

Nous désirons que de plus en plus nombreux nos amis du Maroc viennent chez nous se rendre compte par eux-mêmes de ce qui est. En effet, nous n’avons rien à cacher, bien au contraire, nous sommes fiers des réalisations dont nous pouvons faire état dans les domaines spirituel, économique et social. La bienvenue sera réservée à tout visiteur pourvu que celui-ci n’apporte avec lui ni la guerre ni les paroles de haine ou de discorde que nous ne voulons pas entendre.

Nous souhaitons que ceux qui ont été expulsés il y a quelques mois comprennent particulièrement notre appel. Que cet exil leur serve de leçon. Qu’ils ne craignent pas de solliciter leur retour s’ils sont prêts à affirmer sans équivoque leur respect de la volonté mauritanienne. Ainsi prouvons-nous notre bonne volonté et la loyauté de nos intentions.

Et maintenant, à ceux qui ne voudraient pas comprendre et refuseraient la main que nous tendons, à ceux qui voudraient malgré tout se lancer dans une agression ou tenter de diviser les Maures, en prétendant les libérer, nous répondrons par les armes et le »qiçaç » ou « la loi du talion ». Aux coups de fusils nous répondrons par les balles de nos fusils, de nos engins blindés et de nos avions. Au pillage, nous répondrons par le pillage. Au rapt par le rapt. Notre population tout entière se dressera face à l’agresseur et elle aura l’appui de toutes les forces que la France met à notre disposition pour défendre nos frontières. Nous le poursuivrons jusqu'au lieu de son refuge, quel qu’il soit et où qu’il se trouve.

« Celui qui s’est conduit injustement vis-à-vis de vous, payez-le de la même façon ».

A ceux qui, se prétendant meilleurs patriotes que nous, vont porter leur aide aux soi-disant libérateurs, je répondrai que le véritable patriote est celui qui défend le sol sur lequel il est né ; l’autre, celui qui se met au service d’une nation étrangère pour travailler contre les véritables intérêts de la Patrie qu’il trahit, celui-là est un traître à son pays et aux siens. Il ne mérite que le châtiment suprême sur cette terre et celui que leur réserve le Tout Puissant dans l’autre monde…

Nous ne voulons de mal à personne, nous voulons seulement qu’on nous laisse vivre en paix et nous saurons défendre de toute notre énergie la paix régnant actuellement en Mauritanie et qu’on semble nous reprocher.

On voudrait nous faire passer pour de mauvais musulmans parce que nous sommes attachés à la France. A cela nous répondrons que nous avons de bonnes raisons de l’être, que la reconnaissance n’est pas pour nous un sentiment honteux et surtout que si demeurons aux côtés de la France, c’est parce que nous avons la conviction que malgré les difficultés de l’heure, malgré les désaccords et les oppositions, elle demeurera toujours l’amie des peuples musulmans et que cette amitié ne peut que se resserrer dans l’avenir. Vous savez bien, renoncer à l’amitié de la France, ce serait renoncer à toute perspective d’avenir radieux pour notre pays, ce serait revenir en arrière, ce serait abandonner toute idée d’évolution, toute idée d’une grande Mauritanie riche et prospère.

« Dieu ne vous met pas en garde contre ceux (les infidèles) qui ne combattent pas votre religion et ne cherchent pas à vous chasser de chez vous ; Dieu ne vous défend pas d’être courtois et justes avec eux car Dieu aime les justes. »

Certains nous accusent encore d’être de mauvais Arabes parce que nous défendons l’intégrité de notre pays en refusant l’annexion ou la domination. Est-il besoin de leur rappeler que d’autres pays arabes, comme la Syrie, la Jordanie, l’Arabie saoudite pour ne citer que ceux-là, ont tenu comme nous, à garder jalousement leur indépendance malgré les appétits et les ambitions de certains de leurs voisins. Et pourtant ils ne sont que je sache ni mauvais musulmans, ni traîtres à la cause arabe.

Tel est, mes chers compatriotes, le message de paix que j’adresse à tous les Maures désireux de bâtir avec nous la Mauritanie nouvelle dans laquelle ils ne seront pas des parents pauvres habitant d’une marche lointaine d’un empire mais des citoyens libres et égaux d’une nation qui naît. Tel est aussi l’avertissement solennel à ceux qui doutent de notre détermination à faire ensemble la patrie mauritanienne.

« Travaillez ! Dieu regarde votre travail, ainsi que son Envoyé et tous les croyants. »

« O Seigneur, accorde-nous ta miséricorde et donne-nous le succès dans nos entreprises. »

Kidal, Mohamed Ould Abdl Aziz et les séparatistes - la question d'Azawad



 





29-05-2014 15:47 - Négociations : Le parrain du Mnla s’invite dans la médiation

Négociations : Le parrain du Mnla s’invite dans la médiationL'Aube - Le président mauritanien, Mohamed Abdel Aziz, connu pour être le parrain du Mnla, se retrouve paradoxalement dans la médiation entre l’Etat malien et le même groupe terroriste.

Le pompier pyromane a désormais le champ libre au Mali. Il s’est retrouvé dans cette médiation avec les bénédictions du pouvoir en place. Désemparé par les derniers évènements survenus à Kidal, IBK ne sait plus à quel Saint se vouer…

En 2012, lorsque la rébellion éclatait au nord du Mali, tout le commandement (militaire) et la direction (politique) du Mnla n’ont pas mis trop de temps pour trouver des soutiens à l’extérieur. Le président de la Mauritanie, Mohamed Abdel Aziz, était de ceux-là.

En effet, il apporta un appui de taille à ce groupe armé, qui, à l’époque, avait promis à la France et la Mauritanie de combattre le terrorisme dans le Sahel. «Notre combat s’inscrit dans la lutte contre AQMI et le terrorisme au Sahel. Car le pouvoir malien ne fait rien dans ce sens», c’était là, la tonalité du discours de ce mouvement armé.

Ce discours (mensonger) du Mnla était savamment distillé à l’extérieur, au moment où ATT refusait d’engager les troupes maliennes dans une guerre contre AQMI. La conviction de l’ancien chef de l’Etat malien était que «la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo saharienne devrait être globale, avec l’engagement de tous les pays de la sous région». ATT n’a jamais été entendu. Au contraire. Cette position affichée du président Touré passait difficilement à l’intérieur et à l’extérieur du pays…

Dès lors, un plan de déstabilisation fut mis en œuvre entre Bamako, le nord du Mali, Paris et Nouakchott. Le Mnla établit ses quartiers à Nouakchott avec l’aval du régime mauritanien. Le mouvement est doté de moyens matériels et financiers conséquents.

Ensuite, Mohamed Abdel Aziz met son appareil sécuritaire et de renseignement à la disposition de ce mouvement. Qui, en réalité, était en étroite complicité avec les terroristes d’AQMI, du Mujao et d’Ançardine. Dès lors les premières attaques ont commencé au nord du Mali. Et le territoire mauritanien était utilisé soit comme base de repli ou d’attaques de la meute lancée contre le Mali. C’est à partir de là que les localités de Diabaly (région de Ségou), Léré ou encore Balé (Nara), ont été attaquées.

De janvier à mars 2012, le Mnla a été au petit soin à Nouakchott. Les autorités maliennes étaient informées de toutes les tractations entre les terroristes et leur parrain de Nouakchott. Celui-ci pour déstabiliser davantage le pouvoir d’ATT et le Mali va s’appuyer sur un homme politique malien, connu pour être un grand agitateur. Le chef de l’Etat malien est informé de tous les déplacements effectué dans la capitale mauritanienne par cet homme politique et les membres de la direction du Mnla

Député à l’Assemblée nationale, cet homme politique noue des contacts avec le Mnla, par l’intermédiaire des services mauritaniens. Objectif ? Provoquer l’effondrement des institutions à Bamako. Ainsi, le parrain de Nouakchott, le Mnla, Iyad Ag Ghaly et le député étaient désormais engagés dans une insidieuse manœuvre contre le Mali et les institutions de la République. Alors que le nord s’embrasait, l’homme politique lui travaillait (avec l’aide de sa radio) à rendre ingouvernable le pays.

Il contribua à mettre le camp de Kati en ébullition. Et le coup d’Etat de mars est venu couronner (à Bamako) cette déstabilisation fomentée en grande partie à partir de la capitale mauritanienne.

Il faut dire qu’entre ATT et Mohamed Abdel Aziz, le courant n’a jamais passé. Cela à cause de divergences d’ordre personnel.

C.H. Sylla
L’aube



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Source : Mali Actu
Commentaires : 4
Lus : 987 – en ligne vendredi 30 Mai 2014 à 08 heures 45

Commentaires (4)

·         hathlele 29/05/2014 17:30 X

Voilà ce qu'on appelle mordre la main nourricière. Le président Mauritanien arrache sous l'insistance du gouvernement Malien un cessez- le feu du MNLA. Et voilà qu'on l'accuse d'être un parrain. Un parrain qui a eu le courage de les frapper dans leurs bases et tout seul.Il est mal informé ce @ C.H Sylla de l'AUBE. La Mauritanie était le seul pays qui a fait des opérations dans la forêt de WAGADOU.

Sidi Ould Bobba
Zouerate

·         morelam 29/05/2014 16:57 X

il faut etre serieux est faire face a ce probleme par vous meme les Malien, la Mauritanie ne reglera rien pour vous, Aziz cherche un support des occidentaux la france est mettre des manupulations chez nous nous devons prendre notre destiner en main .

·         mine-you 29/05/2014 16:45 X

C'est le pompier pyromane.

·         YEHESS 29/05/2014 16:06 X

Quand est-ce que le Mali comprendra la nécessite d'une résolution définitive du problème de l'Azawd? Rien ne sert à tergiverser alors que le sang des Maliens continuent à couler. Il est urgent de trouver une solution négocié à ce problème.


mercredi 28 mai 2014

journal de maintenant - mercredi 28 mai 2014




Mercredi 28 Mai 2014

Les conditions et dates du scrutin mauritanien semblent maintenant irréversibles. Voici ce que je reçois d'un important ancien ministre. Ce n'est pas seulement le syndrome de Rascar Capac, mais la conviction que la France, aimée mais mal en point, a fauté en Mauritanie.

----- Original Message -----
From:
Sent: Wednesday, May 28, 2014 12:08 AM
Subject: Re: votre éditorial

J'étais en voyage à l'intérieur et je n'ai pas vu l'éditorial! Mais comme beaucoup de Francophiles,je suis préoccupé par ce qui arrive à notre première Mère Patrie!
Les Socialistesq continuent leur dégringolade. Certains pensent qu'ils la méritent. Mais L'UMP ? Et quand on pense que Sarkosy "rêve" de revenir et de prendre sa "revanche", nous autres on se demande où est désormais la France! Et la montée du FN, cela semble suivre un certaine logique et c'est très grave ! Pour nous autres, en tous cas ! Mais c'est peut-être mieux pour la France,parce que cela correspond désormais aux sentiments des Français qui sont fatigués du nouveau niveau de leur classe Politique !!
Mais je vais vous surprendre M. de Foucault,en vous faisant un aveu plutôt farfelu::
Tant que le pouvoir  en France n'aura pas réparé le tort que Sarko et ses accolytes ont fait à la Mauritanie en détruisant "gratuitement" sa Démocratie naissante, les Socialistes continueront à dégringoler et l'UMP pourra tout au plus renaitre de ses cendres et encore ! Vous avez suivi la mise en examen de Mme Balkany ou Balkani peu nous importe; c'est la clique de Guéant Bourgi,la famille Balkani.Tous les gens qui ont "participé" de façon plus ou moins active à notre "affaire" ont payé:Kadhafi, Wade,Sarko,Guéant,Bourgi,Les Balkani,;l'UMP est en train de payer!
Et M. Hollande pourquoi il "oublie" ses déclarations de TULLE
Bonsoir et excusez ce radotage


Une réaction au message précédent.


----- Original Message -----
From:
Sent: Wednesday, May 28, 2014 3:02 PM
Subject: Re: Mauritanie t France : léthales ? Fw: ces trois jours ... leçons d'harmonie Meriam condamnée?

Bonjour,
L'auteur du mail sur la "malédiction du coup d'Etat mauritanien" n'est pas aussi farfelue que le pense l'auteur du mail. Chez nous cela s'appelle "Tazoubba" ou Tazaboute" selon les régions. C'est la justice d'Allah en faveur de la victime de l'injustice et, en ce qui nous concerne, ce sont trois millions de citoyens qui ont subi la pire des injustices de la part de Sarko et sa bande.
Les élections en cours sont une honte, même pour MoAA qui n'a pas froid aux yeux. Si vous pouviez suivre les télés mauritaniennes, vous serez écoeuré par le nombre d'initiatives de "soutien au général" par des gens qui, au fond prient pour que le diable emporte le général, mais n'ont pas d'autre choix, devant l'inéluctable "réélection" du putschiste, que de se protéger contre ses représailles.
Ainsi va notre pays, malheureusement.
 

J'y ajoute des liens qui viennent de m'être donnés et qui montrent un double jeu - pour ne rester que dans cette dimension - de MoAA à Kidal. Je suis inquiet. Quant à la Centrafrique... nous allons vers du pire.

https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=8&cad=rja&uact=8&ved=0CEsQFjAH&url=http%3A%2F%2Fwww.cmra.fr%2Factualite-415-le-president-mauritanien-mohamed-ould-abdel-aziz-joue-et-perd.html&ei=FreEU9juOaXE7Ab5-ICIBQ&usg=AFQjCNFCQoZ0zn51ZFsnzAvJ2qfG_wMFfw