vendredi 28 juin 2013

évidemment ...

source à préciser - sans doute CRIDEM

27-06-2013 21:30 - France/Mauritanie: Lancement d’une commission rogatoire

Dans le cadre des diverses enquêtes lancées par la justice française contre Claude Guéant, le bras droit de l’ex président Sarkozy, une série de commissions rogatoires ont été lancées, dont l’une concerne notre pays.

On soupçonne l’ancien et puissant secrétaire général de l’Elysée d’avoir joué un rôle déterminant dans l’acceptation du putsch perpétré en 2008 par l’ancien général, devenu président par la suite, contre l’unique président civil démocratiquement élu dans notre pays.

Mais qui est le juge mauritanien qui ose enquêter sereinement et fouiller dans une affaire aussi gênante que le coup d’état qui a porté Aziz au sommet de l’Etat.

La Mauritanie et la France sont liées par une convention d’entraide judiciaire. En vertu de cette convention, la justice française peut demander à sa consœur mauritanienne d’enquêter pour son compte sur n’importe quelle affaire ou information dans notre pays. Cette demande s’exécute à travers ce qu’on appelle, dans le jargon de la maison judiciaire, une commission rogatoire.

C’est apparemment ce que vient de faire un juge français chargé d’enquêter sur les affaires dans lesquelles serait impliqué Claude Guéant. On s’intéresse au rôle qu’aurait joué ce dernier dans l’adoption par la France des autorités issues du putsch contre Ould Cheikh Abdellahi. Une position qui aurait été facturée au prix fort par celui qui était à l’époque secrétaire général de l’Elysée et qui n’hésitait pas à empiéter sur les prérogatives des autres collaborateurs du président Sarkozy.

A l’Elysée, une fois Sarkozy élu en 2007, les questions africaines sont officiellement gérées par le Monsieur Afrique, Bruno Joubert, remplacé ensuite par André Parant, aujourd’hui ambassadeur en Algérie. Mais dans les faits, un certain nombre de dossiers sont accaparés par Guéant.

«Otages, services secrets, dossiers diplomatiques : depuis Jacques Foccart, personne n’a eu concentré autant de pouvoirs que Guéant», estime Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique, cité par le quotidien français Libération dans un long article intitulé ‘’En Afrique, des parts d’ombre à la Louche’’.

Dans les dossiers gérés directement, et en toute opacité par l’Elysée, figurent les relations avec un certain nombre de nations avec lesquels la France est en délicatesse - Rwanda, Angola - ou des pays où se sont produits des coups d’Etat, condamnés par la communauté internationale.

C’est le cas, dans ces années-là, de Madagascar et de la Mauritanie. Un cas emblématique. «Jusqu’au coup d’Etat de l’été 2008, le pays était suivi par le quai d’Orsay et par l’Intérieur, se souvient un haut responsable diplomatique. Après le coup d’Etat du colonel Mohamed Ould Abdel Aziz, la cellule Afrique de l’Elysée a adopté une position très ferme contre les putschistes. Romain Serman [l’un de ses membres] ne décolérait pas…Jusqu’à ce que Claude Guéant prenne en charge le dossier.» 

En juin 2009, le nouvel homme fort mauritanien est reçu par Guéant à Paris. Ce qui vaut une reconnaissance officielle. Côté français, le processus de réconciliation a été conduit par Robert Bourgi et, côté mauritanien, par l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou. Dans le cadre de l’enquête sur Guéant, une série de commissions rogatoires ont été lancées, dont l’une concerne la Mauritanie.

Une affaire qui ne manquera pas de susciter un grand intérêt chez les partis de la COD, qui sont en train d’envoyer une mission à Paris pour mobiliser les décideurs français sur les problèmes de la Mauritanie et pour tenter de saper l’image du président Aziz, pressenti en occident comme étant le champion de la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne. Une image, qui diverge, en tout cas, de celle que se font de lui ses opposants, qui ne prennent pas de gants, en l’accusant d’être un narcotrafiquant impliqué dans bien des dossiers scabreux.

Mais au-delà des calculs politiques de l’opposition, il est difficile de croire qu’un juge mauritanien puisse instruire impartialement cette commission rogatoire, liée à une question de vie ou de mort pour le système. La justice française est-elle consciente des limites des juges mauritaniens pour mener un travail sérieux dans ce dossier épineux?

Quoi qu’il en soit, des rumeurs persistantes, relayées par beaucoup d’organes de presse évoquent l’histoire d’une somme de cinq cent mille euros que Guéant aurait reçu de la part des putschistes mauritaniens de 2008 contre la reconnaissance de leur acte, condamné par toute la communauté internationale. Il est évident, en effet, que les français avaient fait avaler le putsch de Aziz à la communauté internationale. De là à aller plus loin !

C’en est une autre affaire. On espère tout de même que l’enquête de la justice parvienne à émettre la lumière sur toutes les zones d’ombre.

Mohamed Mahmoud Ould Targui

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