mercredi 22 mai 2013

communication étonnée que je crois devoir faire au ministère français des Affaires Etrangères

 
----- Original Message -----
Sent: Wednesday, May 22, 2013 9:55 AM
Subject: une interrogation paradoxale : efficacité des sanctions contre le putsch en Mauritanie (2008 et ... ?)

Chers amis, une de mes relations mauritaniennes très constantes et bien informées, ayant d'ailleurs publié dans certaines de nos revues officieuses, mais pas consultant de profession - quoique consulté souvent, notamment par des partenaires de pays émergents - me fait part d'une étude d'O.N.G. "commandée" par le Département. Cette O.N.G. lui demandé d'y contribuer à titre amical... et il me met également à contribution.
 
Ci-joint, le questionnaire à servir.
 
Avant de m'y mettre si je m'y mets - ce dont je ne suis pas sûr, car cautionner ce genre de demande et d'exercice ne me convient pas, et si je m'y résouds mon intervention ne sera qu'anonyme : vous en avez chacun le fond de dossier par vos services et par les observations dont je vous ai fait part depuis quelques mois ou années selon vos fonctions d'alors ou de maintenant -, deux observations ...
 
... puisqu'il s'agit de faits et d'une époque où certains de vous ont été acteurs, sinon "décideurs" finalement, et puisqu'il s'agit d'un sujet pour lequel je me suis engagé en politique mauritanienne au contraire de ce que j'avais fait et été depuis que je connais et pratqiue ce pays, et pour lequel j'ai bataillé et continue de batailler auprès de vous, auprès de nos plus hautes autorités de l'époque et à présent, ainsi qu'à Bruxelles.
 
Faits et époques : en Mauritanie, l'été de 2008, le renversement du seul président démocratiquement élu (scrutin pluraliste à deux tours effectifs, préparation technique et contrôle international avec dix-huit mois de mise en place, reconfection a nihilo des listes électorales et en fait de tout l'état-civil, observation de tout le processus de la distrubution des cartes à la transmission des dépouillements urne par urne jusqu'à l'échelon central d'une commission nationale indépendante composée par consensus)... par son chef d'état-major particulier, promu général dès l'avènement du régime démocratique et co-auteur du putsch ayant mis au précédent régime autoritaire qui avait duré plus de vingt ans et bénéficié d'une amitié de président français à président mauritanien particulièrement visible (voyage officiel de Jacques Chirac en Mauritanie accompagné d'Hubert Védrine et de Pierre Messmer, à deux mois d'une élection présidentielle anticipée, boycottée par l'opposition, celle de Maaouyia Ould Sid'Ahmed Taya, lui-même putschiste contre le président fondateur Moktar Ould Daddah en 1978 et contre un autre colonel, Mohamed Khouna Ould Haïdalla, en 1984... etc... = Mauritanie, le putsch à perpétuité ?
 
S'interroger en 2013 sur l'efficacité des sanctions à l'époque contre un régime de fait - et alors que le tenant actuel du pouvoir tente de criminaliser toute nouvelle tentative de putsch qui n'aurait évidemment pour objet que de mettre fin à son propre règne - me paraît ou une amnésie du Département ou la preuve d'un cynisme, malheureusement pas exceptionnel ni chez nous ni ailleurs... Les services de la Commission et notamment ceux du directeur général pour le Développement, Manservisi, à l'époque, n'ont pas eu l'idée de cette investigation, et pour cause...
 
En résumé, ce putsch - celui de 2008 - a été aussitôt condamné par nous, dans les termes les plus précis et vifs, selon la délibération de la "cellule" compétente à l'Elysée, qui a inspiré au président Sarkozy un communiqué  au ton définitif. La France était à l'époque présidente semestrielle de l'Union et donc présidente des groupes de travail et pour l'animation des consultations au titre de l'article 96 du traité de Cotonou. L'Union européenne était le bras armé de l'Union africaine. L'unanimité et l'efficacité étaient donc notre fait et notre responsabilité. Ligue arabe et Organisation internationale de la Francophonie, évidemment, à l'unisson. Les Etats-Unis se déchargeant sur nous, comme il est tacitement entendu pour notre "pré carré".
 
En quelques semaines, l'ambiance changea. Pourquoi ? Comment ?
 
L'expression du changement est venue, dès avant le début des consultations, de notre ministre de la Coopération Alain Joyandet. C'est sur ordre de Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, et non du Président lui-même, que notre position a changé. Malgré la cellule diplomatique, malgré les cabinets au Quai et rue Monsieur, qui ont "résisté" jusqu'à la mi-Décembre et dont - vous le savez - certains membres ont été écartés du dossier par promotion ou par mise à l'écart quelque temps. Or Claude Guéant a été converti - très probablement par corruption, ce que les enquêtes en cours infirmeront ou confirmeront, même si elles n'ont pas cet objet principal. La relation du numéro deux du régime putschiste, directement avec lui, au méris de l'interdiction européenne de la délivrance de tout visa Schengen aux putschistes, a été établie, moyennant finances, par Mohamed Ould Bouamatou obtenant de Karim Wade le contact avec M° Robert Bourgi, lequel était depuis Septembre 2005, l'homme Afrique de Nicolas Sarkozy et de son assesseur. La conclusion fut donnée en conférence de presse conjointe, à Niamey, en Mars 2009 : le président Sarkozy mentit à dex reprises. Il aurait téléphoné au président renversé dans la journée du putsch et contre ce putsch il n'y avait eu et il n'y a eu aucune résistance ni expression de résistance... J'ai sur le champ communiqué à Christian Frémont les démentis formels du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et donné, à toutes fins utiles, le numéro de téléphone du Président.
 
La France s'est alors portée caution du régime pustchiste, en a inspiré l'habillage "démocratique" et consensuel par des états-généraux ad hoc en Décembre 2008-Janvier 2009, puis en écrivant et dirigeant les négociations et le texte d'un accord intervenu à Dakar en Juin 2009 - lequel a été aussitot violé et continue de l'être - enfin en reconnaissant le résultat d'élections précipitées, malgré leur report de cinq semaines, avant même sa proclamation à Nouakchott, tandis que le président de la commission électorale démissionnait. 
 
Bien entendu, les sanctions...
 
Je n'énonce pas mon jugement sur la relation que nous avons depuis lors avec le général Mohamed Ould Abdel Aziz.
 
Mais - deuxième observation - au lieu d'interroger une ONG, à moins que nous cherchions à nous couvrir d'une expertise dont l'authenticité paraît en l'espèce à démontrer, un simple groupe de travail, en interne, mais ouvert à nos ambassadeurs au Sénégal et en Mauritanie pour l'époque et à quelques témoins, montrerait ce que nous avons commis et nous porterait peut-être à réfléchir notre attitude pour les mois à venir. J'accepterai volontiers d'y participer. La véritable "expertise" pourrait être sollicitée en demandant un exposé à Claude Guéant ainsi qu'à M° Robert Bourgi.
 
Les choses ne sont pas seulement un cas d'école (elles furent à juste titre spontanément et immédiatement regardées comme telles le mercredi 6 Août 2008 à l'Elysée et au Département), elles sont immédiates et périlleuses puisque la Mauritanie est partie au conflit sahélien et partenaire de notre intervention pour le rétablissement du Mali. Je ne développe pas l'inévitabilité ou le danger de ce partenariat pour nous, pour le Mali et pour la Mauritanie elle-même.
 
Bien chaleureusement et avec confiance.

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