mardi 20 novembre 2012

déclaration de la COD - lue en arabe par le président en exercice en conclusion du meeting à Nouakchott, le 1er Novembre 2012

Discours lu en arabe par
leprésident en exercice de la Coordination de l’opposition démocratique,
l’ex-commandant Saleh Ould Hannenah
à l’occasion du meeting du 1e novembre 2012

Mauritaniens, Mauritaniennes :

                  Nous voilà de retour, toujours soucieux de prendre en charge vos préoccupations et réaffirmant notre engagement à œuvrer, avec vous, en vue d’édifier la Mauritanie, à laquelle nous aspirons tous.
Nous avions convenu avec vous de reprendre nos luttes et nos actions dès le lendemain de la fête. Mais au moment où nous nous préparions à la reprise, nous avons été surpris par les événements  du 13 Octobre où le chef de l’Etat a été victime de coups de feu, suite à quoi il fut traité à l’hôpital militaire avant d’être évacué en France à bord d’un avion médicalisé, dépêché d’urgence.
Le pouvoir a livré une version des faits dont la fiabilité était de prime abord, remise en cause du fait de la rapidité avec laquelle elle a été rendue publique sans aucune enquête préalable.
Le scepticisme  qu’a  suscité cette version était aussi motivé par de multiples incohérences qui finiront par lui ôter toute crédibilité.
Cette version étant peu convaincante, les citoyens se sont laissé aller à toutes sortes d’interrogations,  de spéculations et d’hypothèses.
Dès que ces événements ont été révélés   et nonobstant les multiples zones d’ombre et la désinformation manifeste, nous avons voulu rester dans l’esprit qui convient et avons souhaité et souhaitons encore à Monsieur  Mohamed Ould Abdel Aziz une prompte guérison en exprimant notre compassion à l’endroit de sa famille.
Nous avons également décidé de suspendre, sur le coup, les actions que nous nous préparions à lancer.
Mais puisque les milieux proches du pouvoir n’ont pas réussi à convaincre par tout ce qu’elles ont dit ou fait dire et puisqu’un grand brouillard est entretenu depuis l’évacuation en France, et puisque toutes les annonces  d’un retour ou d’une apparition n’ont pu être étayées  par aucun fait  et surtout parce que la confusion totale entoure désormais la réalité de la direction du pays, nous avons réclamé des éclaircissements  sur trois aspects:
   
Qu’est –ce qui est arrivé au juste en exigeant qu’une version officielle et cohérente soit livrée à l’opinion publique. Une version qui soit plausible, convaincante, crédible et fondée sur une enquête menée dans les règles de l’art.
   
Quel est l’état de santé réel du chef de l’Etat blessé et, pourquoi  autant de mystère et de désinformation. Et pourquoi aucun bulletin de santé n’ a été publié à ce jour ?
   
Qui gouverne le pays actuellement ? Qui prend les décisions et en vertu de quoi ?
Pourquoi cette interférence entre celui qui est supposé déléguer ses pouvoirs, sans que rien ne puisse prouver qu’il l’ait fait, et celui qui détient tous les pouvoirs, n’a jamais rien lâché et a toujours été omniprésent ?
Bien que ces questions que nous soulevons et, avec nous l’opinion publique et pour lesquelles nous réclamons des réponses  immédiates soient incontournables, elles demeurent sans réponses. Ce faisant, les milieux au pouvoir démontrent  leur mépris pour le droit fondamental du peuple à être informé.

Mauritaniens, Mauritaniennes
La patrie, ses intérêts, sa stabilité et sa pérennité sont au-dessus de toute autre considération, sentiment ou allégation.
C’est pourquoi nous estimons, au niveau de la COD,  qu’il est de notre devoir de dire la vérité à notre peuple.
En effet, l’époque où une instance,  quels que soient sa nature ou les atouts où l’influence qu’elle pense exercer sur   le peuple et sur l’Etat, peut user du pays et de ses affaires à sa guise est bel et bien révolue. Et il est désormais  inadmissible que le peuple interpelle sans obtenir de réponse, revendique sans obtenir  satisfaction ou s’inquiète sans être rassuré.
Les Mauritaniens, à l’instar  de tous les peuples, sont désormais conscients qu’ils ont des droits qui ne peuvent être bafoués, un pouvoir qui ne peut être spolié et un destin qui ne peut être laissé à l’aventure.
Nous vous affirmons donc, en toute  responsabilité et confiance que la version diffusée par les milieux du pouvoir et par leurs propagandistes sur les coups de feu qui ont touché le chef de l’Etat, est fausse. A cet égard,  nous réitérons notre exigence de voir une structure  crédible diligenter une enquête transparente de manière à permettre au peuple mauritanien de savoir, précisément, la nature et les causes qui ont sous –tendu cet événement.
Nous serions alors entièrement disponibles à contribuer  autant que nous le pouvons au travail de ladite structure.
L’absence d’information officielle relative à l’Etat de santé du chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz  ainsi que l’impuissance de tous les instruments de la propagande à prouver les rumeurs de retour ou de parution, de même  que l’absence de toute image du chef de l’Etat depuis son évacuation en France, la multitude de versions  contradictoires mais aussi les nombreux indices confirment, dans leur ensemble, que nous sommes bel et bien face à un vide dans la fonction suprême dont on ne pourra sortir qu’en ouvrant une véritable transition qui débouche sur un système démocratique et marque une rupture définitive avec le monolithisme. Ainsi seulement on engagera la Mauritanie et son peuple dans une nouvelle ère où prévalent la stabilité et l’unité nationale et où l’Etat se consacre aux problèmes et préoccupations des citoyens.
Nul n’ignore, par ailleurs, les incidences graves de cette vacance de fait aussi bien sur l’Etat, son fonctionnement et ses intérêts financiers et administratifs, ainsi que sur la sécurité publique  et l’unité des différentes composantes de notre peuple et sur nos rapports avec nos voisins.
A cet égard, la paralysie du gouvernement depuis près de trois semaines est un signe éloquent.
La COD part du principe que la patrie prime sur toute autre considération et que la préservation du pays est une responsabilité collective. Ainsi, les forces armées et de sécurité ont pour rôle d’assurer la quiétude et de défendre le pays en harmonie républicaine avec les politiques et leaders d’opinion chargés, eux, de combler le vide actuel.
Nous appelons donc l’ensemble des acteurs, sans exclusive, à s’engager dans une concertation responsable, sur la base d’une charte nationale afin de déterminer les contours d’une sortie consensuelle de l’impasse actuelle.
Cette charte devrait prendre en compte tous les dangers liés à la situation interne mais aussi à la situation sous-régionale où les groupes terroristes étendent leur influence et où la guerre qui se profile ne manquera pas d’avoir de graves répercussions sur notre pays.
La COD interpelle tous les partenaires et amis de la Mauritanie et leur affirme que le peuple mauritanien est mûr, conscient des enjeux et qu’il n’acceptera jamais aucune tutelle de qui que ce soit. Il aspire à des relations cordiales avec tous ses amis, partenaires et frères. Il est maître de son destin et ne peut tolérer de marchandage sur son droit à la souveraineté,  à la dignité et à la démocratie.   
Mauritaniens, mauritaniennes
La COD , consciente des circonstances complexes que vit le pays et de l’ampleur des défis intérieurs et autour de nous, convaincue que la stabilité, l’unité et le destin de la Mauritanie sont au-dessus de toute autre considération, est plus que jamais déterminée à tendre la main à tous  et appelle à ouvrir une nouvelle page où l’ensemble des acteurs collaborent pour sortir notre cher pays de d’une situation dont tout le monde appréhende les dangers.
La gravité de la situation appelle à la responsabilité et au sacrifice.

                  Merci

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