mardi 23 mars 2010

journal de maintenant - mardi 23 mars 2010



Mardi 23 Mars 2010


Ce blog. n’est pas difficile à tenir, seulement pour des motifs de temps dans une journée qui n’a pas que cette addictions, il l’est parce qu’une partie de mon information sur le pays qui m’est cher mais où physiquement je suis rarement présent et seulement par à-coups, depuis le 17 Juillet 2001 – retour d’exil de Moktar Ould Daddah – provient de correspondances qui ne me sont adressées que par relation de confiance personnelle. Je ne peux, avant très longtemps, en faire état : ainsi de la correspondance et de la confiance dont m’honore Sidi Ould Cheikh Abdallahi, depuis bientôt un an.

Je peux cependant dire ce que m’inspirent ces correspondance ainsi que la lecture – parfois très décalée dans le temps – des sites électroniques mauritaniens, sans compter du téléphone et des rencontres de voyageurs passant à Paris.

En ce moment – je compte d’ailleurs écrire une note sur « le moment mauritanien » ces jours-ci – je suis frappé par la confluence entre des débats publics et ce que m’apprennent des communications de CVs. Des parcours apparemment multidirectionnels depuis un réveil qui pourrait se dater de 2003, plus en prévision de l’élection présidentielle à laquelle beaucoup veulent participer au contraire de la précédente, boycottée sauf par Chbi, que du fait de la tentative de coup militaire. Personnalités jeunes, très jeunes et de grande valeur, qui ne connaissent du passé fondateur que la rumeur des mémoires et le reflet déformé de ce qu’il reste d’institutions ou d’organisation. Moktar Ould Daddah est mal connu et légendaire. Il n’est plus une référence politique comme à son retour, il m’avait paru pouvoir l’être encore. L’époque est tout autre. Ces parcours déterminant des phases de vie multiples pour les principaux participants à la vie politique dans sa forme actuelle que déterminent un grand nombre de partis et des positionnements plus individuels que collectifs par rapport au pouvoir en place se heurtent à une inertie qui n’est plus sociale mais le fait du pouvoir politique ou d’Etat. Celui-ci n’est qu’accessoirement la gestion des urgences ou de nécessités permanentes, il fait généralement le trouble collectif. Les assainissements financiers et les audits de banques ont plus perturbé qu’arrangé. Ce qui aurait dû être technique est devenu questions de personnes. Le hasard d’une réplique du Premier ministre, il y a huit jours, renvoie soudainement tout le pays, en tout cas ceux qui expriment les différents groupes et les familles sociales ou mentales, à des sujets qui divisent quand ils sont mal traités, et surtout mal dits. A la nouveauté et à la diversité des parcours s’oppose une inertie mentale et des manières de gouverner – celles du pouvoir – qui tirent le pays en arrière alors que les élites, les jeunes élites sont présentés qui pourraient l’amenet loin vers un avenir que beaucoup projettent en même temps qu’ils en désespèrent.

Dans l’immédiat, les réactions sucsitées par mon compte-rendu du livre d’El Haycen, me prennent du temps mais me passionnent.

Sujet de fond, dépassant la Mauritanie mais pour le traitement duquel elle est si bien placée : la pensée religieuse au service de la concorde et de l’imagination en politique intérieure et entre confessions différentes.

J’apprends la tenue prochaine d’un colloque à Nouakchott. Le thème m’est ainsi expliqué par un ami : la modération/centralité (terme difficilement traduisible de الوسطية) en Islam, qui veut dire ne pas être extrémiste ni dans un sens (refus de l'autre, violence dans le traitement des divergences d'opinion ou de croyance, etc.), ni dans un autre rejetant les valeurs islamiques. Celles-ci, en grande partie partagées par toutes les grandes religions et philosophies du monde (justice, tolérance, traitement pacifique des différents par la discussion, alternance au pouvoir par le mécanisme du pluralisme politique sans exclusion, des élections pluralistes libres, cultiver la paix et la fraternité entre les peuples et les civilisations dans la diversité, etc.), mais d’autres aussi qui sont spécifiques (habillement, nourriture, pratiques rituelles, spécificités du système économique, etc.). L’exercice est organisé par une ONG mauritanienne, Al Moustaqbel, pour la da'awa, la culture et l'éducation. Cheikh Mohamed El Hacen Ould Dedew la préside. Je ne le connais que de très grande réputation, et en sus il a fait de la taule.

Ce qui rejoint un de mes travaux que je voudrais plus fréquent. Comprendre en chrétien le Coran, le lire en tout cas même si toute traduction n’est, en l’occurrence et surtout pour l’Islam, qu’une approximation, et partager ce que j’en comprends en fond et en démarche.

Deux textes me sont venus sous les yeux, à l’appui de cette intuition de nos correspondances et lieux spirituels et mentaux de rencontre.

Abd-el-Karîm el-Jîlî
Un commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran
(Albouraq . Beyrouth . Avril 2002 . 280 pages) p. 180

Le Cosmos tout entier n’est que l’expression de rapports multiples entre l’Etre et Lui-même, et ce sont les nombres qui traduisent ces rapports en mode intellectuel et « logique », ce qui revient à dire que les nombres sont la pure expression du « Logos », ou disons plus précisément, de l’activité du Logos, le nombre apparaît finalement comme l’instrument nécssaire à la qualification et à la reconnaissance (l’intelligibilité) des rapports créés par l’apparente division de l’Etre-Unité.
Dans cet ordre d’idées, la première chose qui doit être établie, c’est que l’unité (nous ne faisons pas de distinction ici entre l’Unité métaphysique et l’unité aruthmétique qui la symbolise) ne peut être perçue qu’à travers trois. C’est pourquoi Ibn Arabî enseigne constamment que le « premier singulier (fard) est trois ». Ceci résulte logiquement de ce que, dès lors qu’il y a perception, il y a sujet et objet, ce qui fait trois avec la perception elle-même. Même lorsque l’Unité est envisagée pour elle-même, elle demeure impliquée dans trois : celui qui la contemple, Elle-même, et la contemplation qui est la relation entre contemplant et Contemplé. Ce n’est que lorsque la dualité est dépassée, par la réalisation métaphysique, que l’Unité subsiste seule, sans second (c’est le tawhîd dont nous parlions au début de cette introduction), mais alors, on ne parle plus de perception ou de quelque autre relation, car connaissance, connaissant et connu sont unis dans l’Etre-Un qui se connaît lui-même en Lui-même et par Lui-même.
De ce fait, on peut dire que, du point de vue de la conscxience individuelle, dès lors qu’il y a un, il y a trois ; deux n’étant qu’un état de passage entre un et trois, une « limite » instable entre eux, sans existence autonome réelle. De quelque manière qu’on l’envisage, deux n’existe que par rapport à un premier avec lequel il fait trois, ou un troisième qui est son produit : par exemple tous les contraires (actif-passif, haut-bas, noir-blanc, grand-petit, etc…) n’ont d’existence que par le terme de référence auquel ils s’ordonnent et par lesquels ils s’équilibrent ; quant aux semblables il en est de même : seul un terme qui leur est extérieur permet de mesurer (ou qualifier) leur similarité ; ou si l’on veut, pour que les semblables ne soient pas purement et simplement identiques (c’est-à-dire un seul), il faut nécessairement quelque chose qui les distingue, ce qui fait encore un troisième.

Mohamed Talbi
L’Islam n’est pas voile, il est culte
(Cartaginoiseries . Tunisie . 1er trim . 2009 . 413 pages) pp. 99.100

Réversible ou pas, le temps en lui-même n’est pas. Il n’est pas quelque chose que nous puissions saisir dans le creux de nos mains. Il n’est pas un objet. Il est une grandeur de quelque chose qui apparaît, croît, décroît et disparaît. Sans le quelque chose qui bouge, change et se transforme en autre chose, il n’est pas. Il est un accidenty qui modifie l’étant. Il est un mouvement créateur, et la physique des particules aujourd’hui nous laisse entrevoir que le mouvement peut se transformer en matière, que l’énergie se transforme effectivement, bel et bien en matière.
. . .
Ce temps qui passe inaperçu, le jeûne le fait passer au premier plan de notre conscience, et plus nous prenons conscience du temps, plus notre jeûne prend du sens, et nous intègre dans le mouvement du temps. D’où notre souci de lui consacrer quelque temps, dans notre exposé consacré au mois du jeûne, sacré et consacré à Alllah, que des haîths, sur lesquels nous reviendrons, identifient au Temps.




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