mercredi 3 juin 2009

"Munich" - le 3 Juin 2009 est approuvé le coup du 6 Août 2008


Mercredi 3 Juin 2009 – début d’après-midi


Prier… un pays qui meurt une nouvelle fois, puisque sa « classe politiqsue » censée opposée au putsch du 6 Août 2008 l’entérine finalement et fait le jeu d’un général à la mexicaine marchant au plébiscite… ma chère Mauritanie. Le juste est toujours seul, sans doute y a-t-il « ah ! c’est la mer », le 25 Août 1944, mais avant … et ensuite ? Et comme à Munich, toute la « communauté internationale » a pressé les victimes et non le bourreau. Dégoût et tristesse. J’avais vu les résultats matériels et psychologiques du premier putsch dans ce pays (10 Juillet 1978) : honte des Mauritaniens et dictature corrompante quand je revins accompagnant le président-fondateur, en prison puis en exil jusqu’au 17 Juillet 2001. Et cela recommence. La France a joué un rôle décisif en étant compréhensive pour les putschistes, et mon principal ami, acteur politique décisif, avait, quant à lui, manifesté de la compréhension pour le putsch en lui-même. J’ai le privilège de souffrir de deux pays.

Cela commence hier soir, l’Agence mauritanienne d’information donne la remise des lettres de créance du délégué de la Commission européenne au « Président intérimaire ». Le temps que j’interroge un ami de Bruxelles, en lui donnant la dépêche et en observant que c’est une une reconnaissance du fait accompli ? en usages diplomatiques, accréditer auprès de quelqu'un c'est le reconnaître, elle disparaît de la page accueil de l’AMI. Depuis dimanche, les archives antérieures à 2008 de l’AMI ne sont plus ou ne me sont plus accessibles. Dans la nuit, Taqadoumy, n’est plus ou ne m’est plus accessible. Je venais d’y donner ma réaction à la re-publication d’une magnifique chronique, parue dans Le Calame numéro zéro en 1993 sur le putsch initiateur de tout : 10 Juillet 1978, puis à une semi-dépêche sur un possible accord à Dakar entre les « pôles ».


Sans nouvelle ni du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ni du président Messaoud Ould Boulkheir, j’ai été atteint par la rumeur hier soir, un pionnier du FNDD, puissant élu local :
22 heures 44 L'ACCORD DE SORTIE DE CRISE VIENT D'ETRE PARAPHE A DAKAR ET IL SERA SIGNE DEMAIN A NOUAKCHOTT.
IL RISQUE D'AVOIR UN PETIT PROBLEME DE LA PART DU PRESIDENT SIDI QUE NOUS ESPERONS DEPASSER DEMAIN.

Je lui réponds aussitôt - Avez-vous le texte ?
Quel est le "petit problème de la part du président Sidi" ?
Si vous laissez tomber le président élu le 25 Mars 2007, vous êtes sans recours contre le général-candidat que son renversement par El Ghazouani.
Merci de me répondre et de me documenter.

23 heures 39 – je reviens vers mon ami bruxellois : la dépêche ci-dessous - site Agence mauritanienne d'information - a disparu autour de minuit....
As-tu connaissance d'un papier paraphé à Dakar et à signer demain à Nouakcho
tt ?

Minuit trente – Un ami de Nouakchott me confirme la rumeur.
Je lui réponds : Merci de tout ce que tu m'apprends ou me confirme.
Je suis très inquiet de la rumeur que j'apprends depuis une heure : un accord paraphé à Dakar et à signer mercredi à Nouakchott. Si l'élection présidentielle - anticipée en toute illégalité - a lieu maintenant ou dans les trois mois, Abdel Aziz l'emporte à coup sûr. Et s'il y a participation du RFD et du FNDD, et donc des candidatures d'Ahmed et peut-être de Messaoud, tout est légitimé - pas pour tes compatriotes, j'en suis sûr - mais pour la "communauté internationale".
Très tristement.
J'espère ardemment en la dignité et la force d'âme de Sidi, pour qu'il refuse sa signature à quelque élément que ce soit de cette comédie. Ne partages-tu pas cette espérance ? et laisser les militaires s'entre-déchirer jusqu'à la prison à vie.


Et ce matin…
8 heures 19 - Mon ami de Bruxelles me répond :
Pas beaucoup de temps, puisque on m'a annoncé la signature d'un accord consensuel hier soir à Dakar!!!!!! C'est tout ce qui compte vraiment et on aura un Chef de Délégation à Nouakchott pour avancer maintenant. Je dois me plonger dans les détails
Je lui courielle aussitôt :
Je te laisse administrer ce que je considère comme une farce - tragique. Il m'est rapporté que toute la pression a été celle, conjointe, de la France et du Sénégal et qu'elle n'a (naturellement ?) porté que sur les partis opposés à la démarche du général-candidat : deux temps dans le triomphe de celui-ci, 1° le coup militaire 6 Août 2008, condamné par la communauté internationale, 2° le coup diplomatique, le 2 Juin 2009, la communauté internationale devenue complice du 1°
Points communs entre ladite communauté et le général, l'art de tomber un vêtement gênant pour en endosser un autre, mais c'est le même homme. Il s'était déshabillé pour paraître candidat démocrate, la "communauté internationale" donne maintenant à son plébiscite le caractère consensuel, dont lui-même se serait passé, mais qui était indispensable à la "communauté" pour qu'elle puisse tranquillement passer à autre chose.
Pardonne-moi, je suis très triste.
Si tu as du papier, et d'abord celui de l' " accord consensuel ", tu me rendras très grand service.

11 heures 22 – Il me répond :
Ceci joint devrait être très proche du document agréé. Je te comprends, mais l'alternative vraiment réaliste serait quoi? Sursum corda.

12 heures 44 - Mon ami FNDD me répond : Je n'ai pas encore eu le document définitif qui doit être signé aujourdhui à Nktt. On ne compte pas isoler le Président élu car tout a été fait en étroite avec lui.
Je réplique aussitôt : J'ai grand besoin que vous me rassuriez là-dessus. C'est affaire d'honneur et de dignité pour vous tous - et cela compte pour l'histoire et pour le regard des Mauritaniens sur eux-mêmes. C'est aussi préserver l'avenir.

Maintenant… début d’après-midi
Je lis le document, variant peu par rapport aux deux esquisses que j’en avais précédemment obtenu : On demande au président élu le 25 Mars 2007 son « abdication », pour le confort du putschiste et la légitimation en principe de son plébiscite.
Le point V en page 3 sur les mesures de confiance ne donne rien quant à au Premier ministre détenu et à ses compagnons.
Je ne vois pas en quoi le FNDD est fidèle à son cap de départ. Et si Ahmed pense être élu dans ce processus… et faire le plein de toutes les voix « civiles » c’est que vraiment je n’ai rien compris.
En somme, le général-candidat qui conserve la nomination du Premier ministre dit de transition, concède à ses adversaires la possibilité de renoncer au boycott.
Que de courageuse résistance méprisée dans ce papier.
Seul décisif changement, la « communauté internationale » enfin peut tranquillement se contredire, et accepter le fait accompli du putsch avant même le plébiscite.

A l’heure qu’il est, le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi est-il en train de signer ?
« En application de l’article 40 de la Constitution, la période transitoire débutera par trois actes essentiels :
la signature par le président Sidi Ould Cheikh Abdullahi (sic) d’un décret portant formation du gouvernement transitoire d’union nationale pour donner effet au consensus obtenu par les consultations entre les forces politiques mauritaniennes, et ce sans oréhjudice pour les actes de gouvernement signés antérieurement (donc la confirmation de toutes les niolmiunatyions et du réseau d’autorité organisé par la junte depuis le coup)
l’annonce et la formalisation de sa décision volontaire concenant son mandat de Président de la République
et la prise en charge des effets de cette décision en terme d’intérim de la Présidence de la République par le Président du Sénat. »

Elections reportées au 18 Juillet pour le premier tour et « le cas échéant » - n’est-ce pas ? au 1er Août pour le second tour. Et si d’aventure, le général-candidat ne l’emporte pas, comme il garde la majorité parlementaire, il se retrouve, à volonté, dans sa position du 5 Août 2008, au soir, dont les Mauritaniens ont vu qu’il sait en profiter.

Ancien ambassadeur, chargé notamment de faire signer à une des Républiques nucléaires de l’Union soviétique en 1992 le traité de non prolifération alors que tous les sites de l’URSS – atomiques et spatiaux – et ayant auparavant fait beaucoup de contentieux de grandes entreprises exportatrices, je ne peux qu’… admirer la capacité des négociateurs du FNDD et du RFD qui en huit jours n’ont pas pu changer une virgule à un papier qui a atterri tout écrit à Dakar et qui n’est sans doute pas de plume africaine, à voir les premières orthographes et présentation pour M° Abdoulaye Wade et pour le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Pour ce dernier, son nom a été sans cesse incorrectement mentionné.

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