vendredi 26 décembre 2008

document - texte du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi & réplique par Mohamed Hassen Ould El Hadj

Ce que vient de publier dans ses dernières livraisons, Le Calame me paraît important autant pour l'Histoire en train de se faire, que pour l'actualité de ces jours-ci (veille de l'ouverture d' "états généraux de la démocratie")

J'y reviens pour le commenter - mais le vôtre est très bien venu... merci

Sidi Ould Cheikh Abdallahi

propos recueillis le 15 Octobre 2008,
publiés par Le Calame 16 Décembre 2008

Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi évoque dans un document inédit
16-12-2008 (881 lectures)

son bilan à la tête de l’Etat et le coup d’Etat du 06 août

‘’Ould Abdelaziz n’aurait jamais accepté d’être démis de ses fonctions, même si cela devait le conduire à faire couler le sang de soldats mauritaniens’’

Lors de son séjour en prison et en réaction aux discours de ses tombeurs et de leurs soutiens qui l’accusent de tous les maux, le président Sid Ould Cheikh Abdallahi a rédigé ce document -qu’il voulait rendre public- qui évoque son bilan au cours des 15 mois qu’il passés à la tête de l’Etat et les conditions dans lesquelles s’est déroulé le putsch du 6 août dernier. Il l’a intitulé ‘’Quelques informations et commentaires à propos du Coup d’Etat du 6 août 2008’’.
Le Calame a réussi à se procurer le document par l’entremise d’un membre de l’entourage du président et le publie cette semaine en exclusivité, après avoir obtenu le feu vert de l’intéressé.



1 – Rappel




J’ai fait part dans une déclaration publique faite le 4 juillet 2006 des raisons qui m’ont conduit à prendre la décision de me présenter comme candidat indépendant à la Présidence de la République.

Je précise qu’à cette date-là, ma connaissance des officiers Mohamed Ould Abdelaziz et Mohamed Ould Ghazouani se limitait à des images renvoyées par la Télévision.

Je précise également que je suis revenu en Mauritanie depuis le 15 juin 2003, au terme d’un séjour de quelques années au Niger. Ceci pour démentir certains propos tenus récemment sur les antennes d’une radio internationale laissant entendre que les militaires m’ont fait venir de l’étranger pour faire de moi leur candidat.

J’ai mené une campagne électorale intense qui m’a permis, partout à l’intérieur du pays, de présenter mon programme électoral, programme qui a bénéficié avec enthousiasme, de l’adhésion de très larges couches de la population.

Depuis mon élection avec 52,85% des suffrages, je me suis attelé à la mise en œuvre de ce programme.

Le premier gouvernement que j’ai formé était composé essentiellement de technocrates, pour le choix desquels les critères privilégiés ont été la compétence et l’absence d’antécédents en matière de mauvaise gestion. Pourquoi un tel choix au lieu de celui d’un gouvernement politique ou même d’un Gouvernement d’union nationale? C’est le lieu ici de rappeler que j’ai été élu à l’issu d’un second tour difficile qui m’a amené à conclure des accords électoraux qu’il me fallait respecter. D’autre part, la majorité qui m’a soutenu était dispersée dans une mouvance de personnalités avec une multitude d’ambitions et de requêtes individuelles. De plus, cette majorité était hostile à toute ouverture en direction de l’opposition et ne voulait nullement d’un gouvernement d’union nationale. La formation du Gouvernement a donc été mal perçue par un nombre important de personnalités indépendantes élues et non élues. Elle portait en elle les prémisses du changement prévu par le programme du Chef de l’Etat. Même si ces personnalités déclaraient souhaiter le changement, en réalité elles le redoutaient. Rien n’indiquait, en effet, que les pratiques privilégiées par elles, consistant à financer par des fonds publics leurs activités politiques et à asseoir leur notoriété, allaient être maintenues.

Ce premier Gouvernement s’est, pour l’essentiel, acquitté de sa mission en dépit de conditions et de circonstances particulièrement difficiles. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler le contexte qui a été marqué, à l’extérieur par un accroissement sans précédent des prix des denrées alimentaires et du pétrole et à l’intérieur par une demande sociale très forte pour l’amélioration rapide des conditions de vie des populations. Des frustrations accumulées au fil des années ont été exploitées par l’opposition politique, aidée en cela par une grande liberté de la presse y compris dans les médias publics.

Moins d’un mois après la formation du Gouvernement, des manifestations, en particulier contre la pénurie d’eau, ont commencé à se déclencher à Nouakchott. Quelques mois plus tard, ce fut le tour des habitants de certaines localités de l’intérieur du pays de protester contre les hausses des prix des produits de première nécessité. Ces agitations ont été largement instrumentalisées par l’opposition et, plus particulièrement, le RFD.

En dépit de ce contexte, le Gouvernement a pu, avec une compétence et une forte détermination :
-Préparer en sept mois un programme triennal de développement qui a été très apprécié par le groupe consultatif tenu à Paris fin 2007 à l’occasion duquel les bailleurs de fonds ont pris des engagements de financement allant au-delà de nos requêtes;
-Assurer le maintien des grands équilibres macro-économiques et obtenir un taux de croissance du PIB, hors pétrole, de 5,9% pour l’année 2007
-Intervenir à la fin de l’année 2007 pour limiter les effets négatifs de la montée des prix des denrées alimentaires importées, tout en assurant la poursuite de ses objectifs économiques et financiers, et de son programme de réformes ;
-Mettre en œuvre des décisions importantes prises relativement au retour des réfugiés et à l’éradication de l’esclavage et de ses séquelles ;
-Entreprendre des réformes courageuses dans différents domaines, dont celui de l’Education ;
-Entreprendre un travail sérieux en matière de décentralisation régionale de développement local et de modernisation de l’administration;
-Prendre des mesures pour plus de transparence économique et administrative et pour une lutte effective contre la corruption.
-Impliquer davantage la femme dans tous les rouages de la vie active du pays;
-Elargir le champ des libertés d’expression, d’organisation et plus généralement des libertés individuelles. Notons que le pays ne comptait aucun détenu d’opinion avant le putsch.
-Mettre en place l’institution réservée au statut du Chef de l’opposition
-Assurer une plus grande justice dans le traitement des citoyens et une neutralité de l’Etat plus affirmée par rapport aux différents cercles et groupes qui exerçaient des influences et des interférences souvent partiales sur les pouvoirs de décision.

Ces différents chantiers devaient se traduire, si on leur avait donné le temps, par une profonde modernisation du mode de gestion et de fonctionnement de l’Etat et par un développement économique et social sans précédent.

Certes, des insuffisances étaient notées ça et là. Il y avait l’inexpérience de l’équipe, il y avait les obstacles et difficultés inhérents à des changements d’une telle importance dans un pays qui entrait dans un système démocratique véritable. Dans l’opinion, le doute s’installait parfois sur la cohérence dans le fonctionnement des différents leviers du système et en particulier sur la croyance à un dualisme Présidence-Primature.

En parallèle et durant toute cette période l’effort politique s’était porté sur la nécessité de construire une majorité politique nouvelle capable d’appuyer l’action d’un gouvernement de reforme et de changement, dans le contexte de la construction d’un système démocratique véritable. Le travail réalisé au sein de la mouvance des indépendants a fini par donner naissance à un nouveau parti : Le Parti ADIL. Sur un autre plan, les différentes reformes engagées ont fini par convaincre certains partis de l’opposition d’accepter de former une coalition majoritaire élargissant et rénovant en même temps l’assise politique du gouvernement.

Cette évolution a permis de satisfaire une demande de plus en plus pressante pour un Gouvernement plus politique.

C’est ainsi qu’un nouveau Premier Ministre, Monsieur Yahya Ould Ahmed El Waghf, Président du parti ADIL, a été nommé en avril 2008 et qu’un Gouvernement comprenant des représentants de plusieurs partis a été formé. J’étais particulièrement satisfait du fait que deux partis, appartenant jusque-là à l’opposition, ont accepté d’entrer dans le Gouvernement. Je souhaitais, en effet que le Gouvernement bénéficie du soutien de la majorité la plus large possible pour la mise en œuvre du programme pour lequel j’ai été élu.

Je considère que la formation de cette coalition politique regroupant certains partis de l’ancienne majorité et trois partis importants de l’ancienne opposition (APP, Tewassoul et UFP) constitue un tournant politique majeur pour l’exercice du pouvoir en Mauritanie.

Paradoxalement, la formation du Gouvernement Yahya Ould Ahmed El Waghf a été très mal accueillie par les deux Généraux, Mohamed Ould Abdelaziz et Mohamed Ould Ghazouani. Pour la première fois, je les ai vus sortir de leur réserve par rapport à la conduite de la politique générale du pays. Ils se sont investis pour faire tomber le Gouvernement et par la suite mettre en œuvre leur coup d’Etat contre le Président de la République.




2 – Les étapes du processus qui a conduit au coup d’Etat du 6 août 2008



Peu de temps après la formation du Gouvernement de Yahya Ould Ahmed El Waghf, j’ai reçu ces deux officiers qui m’ont fait part de leur souhait de me voir changer le Gouvernement auquel ils faisaient les deux reproches suivants :
•La présence de ministres appartenant à deux partis qui étaient dans l’opposition, partis dont ils désapprouvaient l’entrée au Gouvernement
•La présence de certaines personnalités symbolisant à leurs yeux le régime de l’ancien président Maaouya Ould Taya pour le renversement duquel ils ont risqué leur vie. Ces personnalités étaient, selon eux, perçues comment étant des symboles de la gabegie qui a caractérisé la gestion du régime qu’ils ont servi.

Je voudrais ici apporter un démenti catégorique à tous ceux qui n’ont cessé de dire, depuis mon élection, que je ne faisais qu’exécuter les ordres des militaires.
Cette démarche était leur première intervention, à mon niveau, dans le champ politique. Nos rapports, que j’ai toujours vécus comme des rapports confiants, se sont limités jusqu’alors au domaine de la défense et de la sécurité. S’ils avaient eu pendant cette période des réserves sur la marche de l’Etat, ils se sont bien gardés de m’en faire part.
J’ai donc pris bonne note de leur démarche. Quelques temps après, combien fut grande ma surprise quand j’appris, qu’ils commencèrent à recevoir des parlementaires pour les engager dans un projet de dépôt d’une motion de censure du Gouvernement.
Dans les semaines qui ont suivi, je les ai reçus à plusieurs reprises, chaque fois pour mettre fin à leur entreprise qui devenait de plus en plus visible et qui commençait à créer l’inquiétude et le doute au sein de la classe politique et d’une bonne partie de l’opinion publique. A la fin de chacune de ces rencontres, ils me donnaient l’impression d’être convaincus. Mais aussitôt après, leurs agissements prouvaient le contraire.

Deux de ces rencontres méritent d’être signalées. La première a eu lieu à la veille de mon départ en Egypte en juillet 2008 pour prendre part au dernier sommet de l’Union Africaine. Au terme de cette rencontre, mes interlocuteurs se sont engagés à mettre fin à leurs activités politiques. Cet engagement ne fut pas suivi d’effets.

La deuxième rencontre eut lieu trois jours après mon retour d’Egypte et après mon adresse à la Nation. Dans cette adresse, j’ai exprimé le souhait de voir les auteurs de la motion de censure retirer celle-ci. J’ai fait valoir que le Premier Ministre n’avait pas encore présenté sa déclaration de politique générale et que le Gouvernement n’avait pas encore eu le temps de faire ses preuves. J’ai dit que si l’évolution de la situation me convainquait que je n’avais plus de majorité parlementaire, je pourrais envisager la dissolution du Parlement. Mais, désireux de trouver une solution qui mette fin à la situation tendue que je ne voulais pas voir empirer, j’ai décidé de demander au Premier Ministre de présenter la démission de son Gouvernement.

Le nouveau Gouvernement a commencé à travailler, et j’ai reçu des députés représentant le groupe appelé «les frondeurs» pour leur demander de travailler désormais à assurer la cohésion de la majorité, en s’attelant à résoudre les problèmes qui se posent en son sein. Il m’est apparu, peu de temps après, que la solution trouvée n’allait pas tenir. J’ai, en effet, acquis la conviction que l’objectif réel pour les Généraux était de me faire partir et que les solutions successives que je trouvais avec eux n’étaient que manœuvres destinées à gagner le temps nécessaire à l’exécution de leur coup de force. En vérité, je subodorais cela depuis quelques temps, mais j’avais décidé de n’épargner aucun effort pour éviter au pays une crise aux conséquences imprévisibles. J’ai, pendant cette période, reçu plusieurs personnalités d’horizons divers dont les avis convergeaient dans le même sens.

Le Général Mohamed Ould Abdelaziz a mis à profit la visite officielle que j’ai effectuée en Espagne pour engager un certain nombre d’élus du parti ADIL à en démissionner en vue, sans doute, de former un autre parti.

A mon retour, j’ai tenu une réunion avec les deux Généraux et je leur ai fait des observations sur leur comportement, en les engageant à le changer.

Ils ont d’abord nié toute implication dans la dernière agitation politique, par la suite, le Général Mohamed Ould Abdelaziz a bien fini par reconnaître qu’il a effectivement reçu plusieurs élus dans son bureau durant mon séjour en Espagne.

Lorsque, de surcroît, j’appris que des ministres très proches des Généraux étaient incités à démissionner et que le projet d’organisation de «manifestations populaires» destiné à me pousser à la démission, était en cours de préparation avancée, j’ai décidé de prendre les mesures ultimes consistant à les démettre de leurs fonctions.

J’ai eu une dernière rencontre avec le Général Mohamed Ould Abdelaziz le jour du coup d’Etat lorsque les hommes de la sécurité présidentielle, qui m’escortaient habituellement, sont venus, cette fois, me conduire au Bataillon de la Sécurité Présidentielle (BASEP). Là, il m’a demandé de téléphoner au Colonel Abderrahmane Ould Boubacar, nouveau Chef d’Etat Major des Armées Nationales pour lui signifier l’annulation du décret le nommant. Le général destitué m’a dit qu’il était prêt à s’opposer à son limogeage, quitte à faire couler le sang.




3 – Des justificatifs donnés par l’auteur du coup d’Etat



Ces justificatifs se rapportent au domaine institutionnel, économique, sécuritaire, militaire, à la démocratie, à la corruption, au népotisme et au favoritisme.
Le but poursuivi est de donner du Président de la République l’image d’un antidémocrate qui ne respecte pas la séparation des pouvoirs, qui a bloqué le fonctionnement des institutions, qui est un pilleur des deniers publics. Et comme si tout cela ne suffisait pas pour justifier son renversement, il fallait le présenter aussi comme un homme faible, inapte pour diriger le pays. Un irresponsable qui n’a pas hésité à faire courir à l’armée le risque d’un bain de sang et un islamiste qui encourage le terrorisme.

Il s’agit, pour l’auteur du coup d’Etat, de convaincre le plus de monde possible, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, que ce qui s’est passé le 6 août dernier n’est pas un putsch mais une opération de «rectification salutaire», devenue absolument nécessaire. Il a disposé pour cela d’un noyau dur constitué d’un groupe réduit de parlementaires qui sont totalement acquis à lui et qui ont joué un rôle important dans l’opération de déstabilisation entreprise dès la formation du premier Gouvernement de Yahya Ould Ahmed El Waghf. Il dispose également d’un nombre plus important d’élus parlementaires et locaux qui l’ont rejoint dès que le coup d’Etat a été consommé. Il dispose aussi de l’Administration, de Radio-Mauritanie et de la Télévision pour organiser et assurer la couverture des activités condamnant le Président et soutenant le Général Mohamed Ould Abdelaziz. Il dispose également de ce personnel politique enthousiaste pour le servir, comme il l’a été pour le Président qu’il a renversé, et comme il le sera pour toute autre personne qui arrive à s’installer au pouvoir. Il dispose enfin, malheureusement, de la connivence du RFD, qui entrevoit une occasion pouvant conduire à des élections présidentielles anticipées.

Mais, a contrario, il a contre lui le fait que le coup d’Etat est anticonstitutionnel et que la prise du pouvoir par les militaires ne peut plus se justifier. Il a contre lui le changement d’époque où les coups d’Etat ne sont plus de mode. Il a contre lui une classe politique et une opinion publique soucieuses de défendre l’acquis démocratique réalisé après une période de transition couronnée par des avancées dans tous les domaines de la vie politique du pays. Il a contre lui une communauté internationale qui ne tolère plus les changements de régime par des coups de force. Il a enfin contre lui le fait que les justificatifs présentés à l’opinion ne résistent pas à l’analyse et comportent de grossières contre vérités.

A. Le blocage des institutions.

Comment peut-on prétendre qu’il y a eu blocage des institutions au cours des derniers mois? Il ne suffit pas de le proclamer. Il faut le démontrer, ce qui est moins évident.

Il convient tout d’abord de dire que c’est le Gouvernement mis en place en mai 2007 qui a soumis au Parlement des projets de lois nécessaires à la mise sur pied de la Haute Cour de Justice et du Conseil Economique et Social (CES) prévus par la Constitution. Pour ce qui est du CES, toutes les dispositions relevant du Gouvernement ont été prises, y compris la désignation du Président de l’Institution. Tous les membres ont été désignés. Pour ce qui est de la Haute Cour de Justice (HCJ), il restait la désignation de ses membres qui relevait des deux chambres du Parlement.

Le projet de créer des commissions parlementaires d’enquête était principalement destiné à saper le moral du Président de la République et à ternir son image aux yeux de l’opinion intérieure et extérieure. Il s’agit de la Fondation présidée par mon épouse. L’affaire commence par une déclaration faite par un sénateur entouré de quelques autres, devant la presse nationale et internationale, pour dire que le Sénat allait créer une commission d’enquête sur cette Fondation, qu’ils soupçonnent d’avoir bénéficié illégalement des fonds publics.

Comment des parlementaires peuvent-ils porter et médiatiser avec autant de désinvolture, de mépris pour la dignité des gens, de mépris pour la loi, de telles accusations?

Seule une forte volonté de nuire au Président de la République peut expliquer que l’accusation a été faite d’abord et que, par la suite, les sénateurs fidèles au Général Aziz se sont mis à chercher des preuves. Pourquoi ne pas avoir attendu, pour la communication qui a été faite à la presse, que l’institution habilitée à créer une commission d’enquête, le fasse sur la base de preuves réelles? Pourquoi ne s’est-on pas posé la question de savoir si la Commission peut convoquer une Fondation, et même en utilisant la contrainte, surtout si elle n’est pas déclarée d’utilité publique? Sur quels textes les commissions d’enquête parlementaires s’appuient-elles pour la détermination de leurs rapports avec les particuliers? Il aurait été plus judicieux de contrôler les dépenses publiques et leur destination finale pour s’assurer que ladite Fondation en a profité.

Ces observations ayant été faites, j’affirme que toutes nos institutions ont fonctionné normalement, y compris l’Assemblée Nationale et le Sénat. La Présidence de la République n’est intervenue en aucun moment dans le fonctionnement du Parlement. La session ordinaire du milieu de l’année a été ouverte et clôturée dans les délais prévus par la loi. La loi portant sur l’accord de pêche conclu avec l’Union Européenne a été adoptée par les deux chambres, juste avant la clôture de la session.

Qu’est-ce que le Président de la République a bloqué? En quoi n’a-t-il pas respecté la séparation des pouvoirs?

Au mois de juillet, après la clôture de la session parlementaire, un groupe de députés a demandé l’ouverture d’une session extraordinaire. Le Gouvernement a estimé que la demande des députés ne lui a pas été transmise conformément aux textes en vigueur. Il l’a fait savoir. Ceci a provoqué un grand tollé au niveau du groupe de la majorité appelé alors «frondeurs». Pourquoi ce tollé? Parce que ce qui était recherché était moins l’examen de questions importantes et urgentes en session extraordinaire que l’alimentation d’un conflit avec l’exécutif. Pourquoi les députés n’ont-ils pas renvoyé leur demande en respectant les textes en vigueur?

Malgré le fait que notre Constitution donne au Président de la République la prérogative de refuser une session extraordinaire demandée par la majorité des députés – tout constitutionaliste consulté l’aurait affirmé- je n’ai pas envisagé de refuser cette session. J’ai même informé le Président de l’Assemblée, qui était à l’intérieur du pays, que le gouvernement voulait inscrire d’autres points en plus de ceux retenus par les députés à l’ordre du jour de cette session extraordinaire.

Où est donc, encore une fois, le blocage des institutions opéré par le Président de la République, et qui était en passe de conduire le pays au chaos?

B. L’Economie.

Le Général Aziz et le groupe de parlementaires qui l’a soutenu font état d’une situation économique catastrophique dont ils rendent le Président de la République responsable. Ils se servent de cela pour justifier le coup d’Etat du 6 août 2008.
Mais peut-on parler d’analyse? Je voudrais faire observer que dans tout ce qui a été dit, dans toutes les critiques formulées, personne n’a parlé «chiffres». Cela n’est ni vrai ni responsable. Je pense en particulier aux députés de la majorité, anciens frondeurs ou nouvellement acquis au putsch. N’ont-ils pas voté les différents budgets? Quelle politique économique ou financière leur a été imposée? Quelles propositions portant sur l’amélioration de la situation économique et financière ont-ils faites et que le gouvernement a rejetées?

A-t-on jamais, dans notre pays, voté et ratifié en quinze mois, autant de conventions de financement qu’entre 2007 et 2008? Quel projet chiffré permettant d’atteindre un taux de croissance économique plus élevé que celui qui a été réalisé, a été proposé par eux ou par l’opposition?

Toutes les données que nous possédons nous amènent à dire, et tous les observateurs et analystes avec nous, que les perspectives et les opportunités de développement économiques n’ont jamais été aussi prometteuses pour le pays. Le plus grand des désastres causé par le coup d’Etat du 6 Août est précisément d’avoir brise cet élan et annihilé ce potentiel. Une fois l’ordre constitutionnel rétabli, il faudra du temps et de l’effort pour le reconstituer.

Concernant la gestion des deniers publics, des progrès importants ont été accomplis entre mai 2007 et début août 2008. La corruption est un fléau qui s’est bien installé et développé dans notre société durant les trente dernières années. Il est bien loin le temps – c’était en 1976 - où un haut responsable politique d’un pays ami me dit : «Nous disons à nos hommes d’affaires que s’ils ne veulent pas que leurs projets en Mauritanie échouent, ils doivent se garder de tenter de corrompre un responsable de ce pays». Il est illusoire de penser qu’on peut éradiquer la corruption par un coup de baguette magique. Mais on doit la combattre de façon déterminée et énergique, aussi bien au niveau de l’administration que de la société. Je dois reconnaître que si des progrès réels ont été faits au niveau de l’administration, très peu d’actions ont été menées au sein de la société, qui continue à tolérer et même à encourager ce phénomène. Dans les meetings, les conférences, les réunions de salons, tout le monde est farouchement révolté par l’existence de la corruption. Mais, généralement, quand on peut en tirer profit, on ferme les yeux et on l’encourage même.

J’ai demandé à plusieurs reprises à des hommes politiques d’engager leurs partis dans la lutte pour la transformation des mentalités par rapport à cette question et à bien d’autres.

Le Gouvernement, pour ce qui le concerne, a pris des textes et des mesures favorisant la transparence dans la gestion, instituant la déclaration de patrimoine pour un grand nombre de hauts responsables. J’ai demandé tantôt à des responsables de l’opposition, tantôt à d’autres, de m’informer de cas de corruption ou de détournement de fonds publics qui auraient été portés à leur connaissance. J’ai même demandé à l’ancien Directeur Général de la Sûreté Nationale d’engager ses services à débusquer des cas de détournement ou de corruption.

Pour ce qui me concerne, je n’ai jamais personnellement, ou par l’intermédiaire de mes collaborateurs, saisi des responsables de sociétés d’Etat ou de projets pour intervenir en faveur d’une personne ou d’une entreprise. Je n’intervenais pas non plus au niveau du privé et il n’y a pas une société privée à laquelle j’ai demandé le moindre service depuis que j’ai été élu. Il n’y a pas un contrôle, soit de la Cour des Comptes soit de l’Inspection Générale d’Etat, que j’ai bloqué.

A ma connaissance, les principaux circuits de corruption et de malversation ont cessé de fonctionner durant les périodes des gouvernements de Zeine Ould Zeidane et de Yahya Ould Mohamed El Waghf. La gestion des finances publiques se faisait dans une grande transparence saluée par en particulier par les différentes missions du FMI. Les nouvelles procédures de passation de marchés publics ont fonctionné à la satisfaction des différents opérateurs. La pratique opaque des marchés de gré à gré a été proscrite.


C. La Sécurité.

Comme justificatif du coup d’Etat, il a été dit que j’ai fait libérer les auteurs de la tuerie d’Aleg et d’autres terroristes et que je ne me souciais pas de la sécurité du pays.
On a aussi laissé entendre que j’ai des accointances avec les terroristes, puisque le Parti TAWASSOUL me soutient et que ce parti est impliqué dans le terrorisme international.

Il est vrai que quand j’ai pris le pouvoir, j’ai demandé que les prisonniers, sous mandat de dépôt depuis plus de deux ans, soient jugés. Un pouvoir démocratique ne pouvait accepter que cette situation perdure.

Mais les deux Généraux et le Gouvernement de l’époque savent que le verdict qui a été rendu m’a peiné pour certains des cas sur lesquels nous avions des informations indiquant qu’ils pouvaient constituer un danger pour la sécurité. J’ai dit en conseil des ministres que quelle que soit la peine que nous ressentons, nous ne pouvons que nous plier à l’exigence d’indépendance de la justice. La seule possibilité qui s’offrait était de faire appel et cela a été fait.

On m’a dit en ce moment là que le dossier n’a pas été bien fait, particulièrement pour ceux qui avaient pris part à l’attaque de Lemghaity, l’armée ayant pris le parti de ne pas collaborer avec la justice. J’ai demandé que dans le cadre de l’appel, l’armée collabore désormais avec la justice, ce qui aurait dû être fait.

En tout état de cause, le dossier relatif à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme était confié, durant toute cette période aux deux Généraux.


D. L’Armée.

Je suis accusé d’avoir voulu décapiter l’armée et de lui avoir fait courir le risque d’affrontements sanglants en son sein. Je fais observer qu’il s’est agit de démettre de leur poste quatre officiers supérieurs comme notre Constitution m’en donne la prérogative. J’ai nommé de nouveaux responsables à leur place exactement comme je les avais nommés eux-mêmes et fais partir des officiers comme je les faisais partir.

Le Général Mohamed Ould Abdelaziz aurait mieux fait de ne pas dire à ce sujet ce qu’il a dit. En effet, la signification de ce qu’il a dit est qu’il n’aurait jamais accepté d’être démis de ses fonctions, même si cela devait le conduire à faire couler le sang de soldats mauritaniens.

E. La Démocratie.

Notre pays vient de vivre quinze mois d’une démocratie réelle ou toutes les libertés d’expression, d’entreprise, de mouvement ont été exercées sans entraves. L’indépendance des pouvoirs législatif et judiciaire a été scrupuleusement respectée par l’exécutif. Une culture démocratique a commencé à se développer. Le droit à la libre expression des opinions est devenu plus effectif. On le voit bien maintenant avec de nombreux citoyens qui, sous un régime militaire prompt à la répression, osent manifester haut et fort contre l’illégalité.

Un coup d’Etat pour sauver la démocratie en Mauritanie – opéré moins d’une demi-heure après le limogeage de son auteur- voilà ce que Mohamed Ould Abdelaziz s’emploie à vouloir vendre à tout le monde, à l’intérieur, comme à l’extérieur, même à de vrais démocrates.

Le 15 Octobre 2008

réplique de Mohamed El Hassen Ould El Hadj,
premier vice-président du Sénat

publié par Le Calame 23 Décembre 2008
25-12-2008 (126 lectures)

«Etaghi charra men ahcenta ileyhi »

L’impudeur politique qui découle des propos de l’ancien « Président » Soca, heurte tous les esprits subtils contraints aux égards qui lui sont désormais dus.
L’ancien « président » n’aurait jamais dû faire la dernière sortie apocryphe dans les colonnes du journal Le calame, tout comme il n’aurait jamais dû devenir président. Une fois encore, je vais me donner la peine de répondre à toutes les allégations incohérentes et les contrevérités que cet « homme » a proféré à l’encontre de mes collègues parlementaires qui se sont opposés à sa dérive maffieuse, aux généraux qui ont mis fin aux débuts manqués de son « règne » et de tous mes concitoyens qui ont à un moment cru en lui et qu’il a désabusé de la manière que l’on sait. Je ne peux bien évidemment pas accepter que le mensonge même mélodieusement construit voile la réalité.
Soca est ma « création ».
Il y a une chose, une seule, sur laquelle le « président » déchu a dit vrai : oui, il ne connaissait pas les Généraux, mais il aurait dû ajouter, pour être fidèle à la restitution des faits, que c’est moi qui ai servi de passerelle entre lui, illustre inconnu à l’époque, et ceux qui allaient faire de lui « le premier président démocratiquement élu ». Je ne puis m’empêcher de sourire – et vous aussi avec moi – quand j’entends le « président » déchu parler de « sa » campagne et de « son » programme électoral. Personne n’est dupe. Tout le monde sait qu’en Mauritanie personne ne prête vraiment attention à ces choses-là. Il aurait dû ajouter encore, j’en détiens les preuves, que c’est moi qui ai orchestré, avec l’accord des militaires, l’annonce de sa candidature et le lancement de sa campagne ! J’ai par la suite, avec l’approbation des Généraux (Aziz et Ghazouani), fait un intense lobbying auprès de la classe politique et des notabilités qui, en réalité, soutenaient les projets de réforme politique et institutionnelle voulue par les vrais auteurs du changement du 3 août 2005 (Les Généraux Aziz et Ghazouani). Je reconnais que nous avons dû peiner pour faire accepter la candidature du « président » déchu. Pour cela, je n’exagère pas quand je dis que Sidioca est ma « création ».
Sans le soutien décisif des Généraux Ould Abdel Aziz et Ould Ghazouani, le « président » déchu n’aurait même pas pu devenir maire de la petite localité de Lemden !
Le « président » déchu devrait-il ignorer que les militaires qui l’ont porté au pouvoir pouvaient à l’époque, faire élire n’importe quel autre obscur candidat grâce à leur influence et au capital de confiance et de sympathie gagné par l’éviction de Ould Taya ? Sans leur soutien, d’aucuns considèrent que la victoire aurait dû revenir à Ahmed Ould Daddah qui était en 2007 le candidat le mieux assis, sur le plan politique. Il est clair que sans le soutien décisif des Généraux Ould Abdel Aziz et Ould Ghazouani, le « président » déchu n’aurait même pas pu devenir maire de la petite localité de Lemden !
L’ancien « président » a manifesté un certain appétit pour les fruits « interdits » de la corruption.
Je trouve indécent que le « président » déchu parle d’accords passés avec Messaoud Ould Boulkheir et Zeine Ould Zeidane alors que ces deux hommes avaient comme unique interlocuteurs les deux Généraux. La majorité dont il parle était déjà constituée dans le sillage des mêmes militaires qui l’ont mobilisée par la suite pour soutenir « sa » candidature. Sans assise politique et sans le sou, comment peut-il justifier le « miracle » des 52% au deuxième tour de la Présidentielle de 2007 ? Là au moins, tout le monde est d’accord pour reconnaître que le mérite d’un tel exploit revient aux Généraux et aux soutiens politiques de la première heure que le « président » déchu s’est évertué à trahir aussitôt élu.
« L’humilité épargne les affres de l'humiliation ».
En seulement quelques mois de présidence, Sidioca s’est entouré d’un réseau de groupes maffieux connus pour avoir sévis sous le dictateur Ould Taya. A coup de centaines de millions versés à la fondation de sa compagne, le « président » déchu s’est prêté à des accointances d’intérêt au détour d’un vicieux « commerce » fructueux avec certains milieux de politiciens affairistes. Là encore, j’invite l’ancien « Président » à la retenue. Comme le soulignait Georges Bernanos, « l'humilité épargne les affres de l'humiliation ». L’ancien Président qui, depuis feu le « Président » Moctar Ould Daddah avec l’affaire des licences de pêche, Ould Taya (avec l’affaire H’Meyda) a manifesté un certain appétit pour les fruits « interdits » de la corruption, ne doit pas trop tirer sur la ficelle. Dès les premiers jours de son accession au pouvoir, il avait effectué des « placements » familiaux largement commentés par la presse : son cousin à la BCM, comme gouverneur adjoint, un autre cousin comme directeur général du port autonome de Nouakchott et le frère de celui-ci comme conseiller du Premier ministre. Il a allongé la liste familiale en nommant sa propre fille à la tête de la communication de la présidence, son frère à l’hôtel du palais, un autre frère directeur au CSA et un énième à la Mauritel…
C’est dire que son système et notamment son entourage immédiat sont bien trempés. Le dossier du PSI et le scandale du riz avarié ne sont que la partie visible de l’iceberg. En réalité, la corruption était le sport favori de l’entourage du « président » déchu et il est difficile de penser que corrupteurs et corrompus n’avaient pas la bénédiction de celui-ci.
A cet égard, il est à souligner que les efforts du Haut Conseil d’Etat en matière d’assainissement des finances publiques ont permis de réaliser en seulement quatre mois, 16 milliards d’ouguiyas d’économie.
L’ancien « Président » a été incapable de porter l’ambition populaire
Avec Sidi, c’est le sentiment général et justifié de perte de contrôle qui accrut la méfiance à l'égard de l’État. Les analyses de l’ancien Président sur les externalités négatives de l'économie mondiale qui affecteraient la vie quotidienne de nos compatriotes relèvent de théories anachroniques et défaitistes qui méritent un bon dépoussiérage. Cette « appréciation » avait fait le lit du désarroi et de la désillusion générale qui a marqué les quinze mois du sinistre « règne » du président fantoche. En effet, s’il est incontestable que l’économie et ses crises ignorent les frontières, il n’en demeure pas moins que la marque d'un homme d'État, c'est d’abord sa volonté de changer le cours des choses. Au lendemain de l’élection Présidentielle de 2007, le peuple était prêt à être rassemblé derrière une vision et une volonté claire. L’ancien Président a été incapable de porter cette ambition populaire. Contrairement à ses affirmations, c’était moins la classe politique que l’ancien Président lui-même qui était en cause.
L’ancien Président violait systématiquement la règle fondamentale de séparation des pouvoirs
J’ai été stupéfait de constater que l’ancien « Président » ose nier grossièrement le blocage évident que l’institution parlementaire a connu pendant que le dérèglement de notre système constitutionnel était à son comble. Il est absolument controuvé d’alléguer que l’institution parlementaire fonctionnait normalement alors que l’ancien « Président » violait systématiquement la règle fondamentale de séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, connue depuis Montesquieu. En vérité, le peuple ne pouvait accepter le dessein inavoué et dissimulé de persécuter les parlementaires qui ont osé commettre un crime de lèse majesté en gardant tout simplement leur liberté de penser et d’agir.
La rectification du 06 août était donc la seule démarche qui pouvait nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique.
De nombreux humoristes interprètent, à la faveur de nos superstitions, la succession des malheurs qui se sont abattus sur le pays, évoqués par l’ancien président à sa décharge, comme des manifestations de la poisse dont il serait porteur.
Flambée des prix, attentats terroristes, crise politique sont venus compliquer une situation dans laquelle les Mauritaniens avaient misé, sur le mauvais cheval.
L’ancien « Président » en évoquant les données macroéconomiques s’est attribué le bilan économique de la Transition militaire de 2005-2007 qui nous a valu la sympathie de nos partenaires au développement. Les engagements de financement de nos programmes de développement pris par les bailleurs de fonds étaient plutôt une prime à cette Transition, du moins, à son bilan économique. Et même si le président déchu tient tant à s’approprier ces succès, les chiffres mirobolants invoqués n’étaient pas corroborés par la réalité vécue par les populations. Idem pour l’évocation de la loi criminalisant les pratiques esclavagistes et le retour des réfugiés. Ces questions nationales avaient fait l’objet d’un large consensus lors des journées de concertation mais le président déchu en a fait une mauvaise application en s’en tenant à la promulgation de textes sans réelle volonté de leur application.
Je suis tenté de demander à l’ancien président de nous dire où il était quand le régime Taya sévissait contre la communauté négro-mauritanienne, quand des centaines de ses membres étaient enterrés vivants dans des fosses communes ? N’entendait-il pas, dans son exil doré -ou plutôt sa fugue- les cris de ces opprimés ?
Au sujet du statut de l’opposition démocratique, on peut se demander comment le président déchu peut-il revendiquer la paternité de cet « acquis » alors qu’il est de notoriété publique que c’est à la transition militaire 2005-2007 que l’opposition doit son statut et les fondements institutionnels de ses droits (ordonnance prise par le CMJD). Il en est de même pour la discrimination positive en faveur des femmes qui a octroyé à celles-ci, avant même l’élection du président déchu, un quota de 20% des postes électifs (ordonnance 2006-029- du 22 aout 2006).
Ne s’agit-il pas encore de mensonges quand le président déchu parle de liberté totale de la presse alors que sa propre fille usait – et abusait - de tous les moyens de coercition publique pour régenter les lignes éditoriales ? Lui-même, à la veille de sa destitution, n’avait-il pas introduit une plainte contre un journaliste indépendant ? La réforme décidée au cours de la transition militaire pour ouvrir les médias publics à tous les acteurs politiques a été renvoyée aux calendes grecques par le déchu. Concernant les prisonniers politiques, bien entendu qu’il n’y en avait pas dans les geôles à son accession à la Présidence mais, celles-ci étaient occupées par des terroristes qu’il avait lui-même ordonné aux juges de remettre en liberté dans des circonstances des plus obscures, leur permettant ainsi de sévir en commettant de nouveaux crimes et de nouveaux attentats (assassinat de quatre touristes français à Aleg, attaque contre l’Ambassade d’Israël, assassinat de soldats à Ghallawuya, fusillade de Tevragh Zeina, assassinat de policiers… ).
Feyty khamna police, police khamna Feyty
Sur un autre plan, je m’étonne que le déchu prétende avoir une majorité politique alors que lui-même n’est pas un homme politique. On peut dire que le déchu a été victime de la revanche des vaincus des élections, tous bords confondus. Tourner le dos à la majorité qui l’a porté au pouvoir et tisser des « liaisons dangereuses » avec des communistes et des islamistes qui ont vendu leur âme au diable, ont porté un coup fatal à ce « président » très commun. Il ne s’agit pas d’une ouverture, comme veut le laisser croire le déchu, mais d’une corruption politique.
Je m’étonne également quand le déchu affirme qu’il s’était aperçu que les généraux sortaient de leur réserve par rapport à la politique. Comment peut-il dire cela, alors que « Feyty khamna police, police khamna Feyty ».
A la veille des Etats généraux de notre Démocratie, l’expérience malheureuse que l’ancien « Président », nous impose de revisiter notre constitution pour mieux l’adapter à nos réalités. Dans ce cadre, il importe de noter que le Président de la République occupant déjà, la place prépondérante que nulle institution ne lui dispute, ce sont les prérogatives du Parlement qu’il conviendrait de renforcer. A cet égard, il serait indiqué d’évoluer vers l’élargissement du champ d’action des parlementaires, l’introduction de garde-fous juridiques à la dérive de l’exécutif ainsi que des réformes pour une démocratie plus vivante, plus participative et plus conforme à nos réalités.

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