mardi 15 août 2017

reçu d'un ancien ministre des Affaires Etrangères


Ce qui devrait à mon sens interpeller la France de manière particulière c’est la campagne engagée par Ould Abdelaziz  depuis quelques années et visant clairement à développer au sein du peuple mauritanien un sentiment anti-français et ce en en faisant de la soi-disant Résistance au colonialisme un thème majeur du débat politique. Tout est mis à contribution pour inculquer dans l’Opinion publique l’idée que le colonialisme français a suscité une  Résistance farouche  et  que les Forces coloniales avaient été impitoyables dans leur conquête.
 
Des lauriers sont tressés pour des individus  connus plutôt pour des actes de banditisme et qui, à ce titre uniquement, ont eu maille à partir avec l’Administration. Leurs noms sont attribués à des rues et des émissions à leur gloire sont diffusées par les Medias publics.
 
Le nom d’une Localité où un accrochage aux mobiles controversés mais au cours duquel des militaires français, dont le Lieutenant Mac Mahon (Petit-fils du Marechal), ont trouvé la mort, est donné au nouvel Aéroport de Nouakchott.
 
La mémoire des personnalités religieuses les plus prestigieuses de l’Histoire de la Mauritanie est bafouée tous les jours par Ould Abdelaziz  et ses partisans au motif qu’elles auraient été favorables à la colonisation. Des bandes rouges seront ajoutées au drapeau national en hommage au « sang versé contre le colonialisme ».
 
En outre Ould Abdelaziz ne rate jamais une occasion pour dire publiquement qu’il n’en a cure de la France et  accuser l’Opposition démocratique de chercher son appui. Comme s’il s’agissait d’un crime ! Crime qui a été pourtant décisif dans l’acceptation de son coup d’état d’aout 2008.
 
Ses thuriféraires ont largement repris récemment cette photo où on le voit à Bamako avec le Président français tenant un parapluie le protégeant (protégeant Ould Abdelaziz) de la pluie ou du soleil. Preuve, selon eux, des égards que lui manifeste M. Macron et, à travers lui, la France.
 
En toile de fond  les Forces religieuses les plus conservatrices jouissent de  toute latitude pour mener leur propagande rétrograde et activités caritatives. Pour gagner davantage leur sympathie, Ould Abdelaziz a mis en place une « Radio Coran » qui ne diffuse que des émissions religieuses et fait imprimer un « Coran » (le premier « Coran » mauritanien selon lui comme si le Coran pouvait être estampillé « Mauritanien » ou « Malaisien »).
 
En même temps il  développe les cursus  et les Institutions d’enseignement religieux.
 
Le tout sur fond, d’un côté, d’inégalités sociales de plus en plus criantes et d’enrichissement sans vergogne et sans scrupules (lui-même, sa Famille et sa parentèle). Et, de l’autre, d’absence de toute perspective politique avec un Chef d’Etat qui s’enorgueillit d’avoir fait deux coups d’Etat, dont l’un contre le seul Président démocratiquement élu de l’Histoire du pays, et dit qu’il n’y rien qui l’empêche de faire ce qu’il veut des Institutions. Et, joignant  la parole à l’action, il vient d’organiser un referendum  anticonstitutionnel après le rejet par le Senat du projet de révision constitutionnelle.
 
Donc, et pour résumer, nous avons une campagne acharnée visant à ancrer dans les esprits l’hostilité à l’ancienne Puissance coloniale (sans laquelle, au demeurant, il n’y aurait sans doute pas eu d’Etat mauritanien indépendant), une « Islamisation » de la Société véhiculée par des courants de pensée radicaux très éloignés de l’Islam tolérant prévalant depuis des Siècles, une paupérisation croissante et une impasse politique totale.
 
Ce sont là des ingrédients graves qui menacent la sécurité et la stabilité du pays et visent directement la France. Car  parmi les milliers de jeunes fanatisés et désœuvrés, le risque est réel de voir des candidats à la « vengeance des martyrs de la Résistance : »
 
Je ne peux pas m’imaginer que ces éléments factuels échappent  aux analystes  français. Ils doivent nécessairement susciter, au moins, des échanges francs entre les Autorités des deux pays.



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