mardi 30 août 2016

l'Islam selon Tareq Oubrou - recteur de la grande mosquée de Bordeaux


L'islam selon Tareq Oubrou #1 : le djihad

VIDÉO. Le mot "djihad" apparaît partout, mais qui en connaît véritablement le sens ? Explications de texte avec le recteur de la mosquée de Bordeaux.

Modifié le 17/06/2016 à 10:02 - Publié le 17/06/2016 à 08:21 | Le Point.fr
« Internet a programmé ma radicalisation. On ne parlait que de ça, du djihad. » Larossi Abballa prononce ses paroles en 2013, à la barre du tribunal correctionnel de Paris, alors qu'il est jugé pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme » dans le cadre d'une affaire de filière d'acheminement de combattants islamistes vers le Pakistan. Trois ans plus tard, il tue un couple de policiers à Magnanville, dans les Yvelines.
Sur le plateau de France 2, en avril dernier, François Hollande emploie également ce terme : « djihad ». « Il y a aujourd'hui à peu près 2 000 jeunes qui, à un moment, peuvent basculer. (...) Et puis, il y a ceux qui sont en Syrie et en Irak, qui sont dans le djihad, et qui peuvent aussi se retourner contre nous. Il y a à peu près 600 Français qui sont dans cette situation », déclare le président de la République.
Si ce mot apparaît souvent dans l'actualité accolée au terme terrorisme, le sens du djihad semble bien différent, selon Tareq Oubrou, imam à Bordeaux et auteur du livre Ce que vous ne savez pas sur l'islam, lorsqu'on le lit dans le Coran, texte sacré de la religion islamique. Pour le religieux, le djihad relève avant tout de « l'effort intellectuel ». « Il peut aussi être un effort physique pour défendre son bien, sa patrie ou sa foi », ajoute le religieux.
Le recteur de la mosquée de Bordeaux précise en revanche que le djihad ne peut être qu'un « combat juste dans la voie de Dieu », et qu'il n'y a pas de « guerre sainte » en islam. « On ne canonise pas une guerre ! » affirme celui qui a été menacé de mort par l'organisation terroriste Daech en avril dernier. « Dieu est la vérité, la justice et la bonté. Donc, tout djihad qui va à l'encontre de ces principes-là est un crime. (...) Le djihad armé, dans la tradition sunnite et chiite, ne peut s'accomplir que dans le cadre de l'État », conclut-il, citant le cas du prophète Mahomet, qui mena une guerre à Médine, à l'ouest de l'Arabie saoudite, avec à sa disposition une armée régulière, et entre les mains le pouvoir étatique et diplomatique.
Chaque semaine, Le Point.fr invite Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, à expliquer en vidéo un des principes de base de l'islam. Il est l'auteur du livre "Ce que vous ne savez pas sur l'islam", qui a été publié en février dernier aux éditions Fayard.
Consultez notre dossier : L’islam selon Tareq Oubrou

L'islam selon Tareq Oubrou #2 : le ramadan

VIDÉO. Pourquoi la communauté musulmane pratique-t-elle le jeûne de l'aube au coucher du soleil ? Explications avec le recteur de la mosquée de Bordeaux.

Publié le 24/06/2016 à 06:24 | Le Point.fr
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Comme l'an dernier, le baccalauréat coïncide avec le ramadan : un sacré défi pour les lycéens musulmans. Cet alignement des calendriers n'est pas anodin en France, où vit la première communauté musulmane de l'Union européenne (environ 5,5 millions de personnes, selon le Zentralinstitut Islam-Archiv-Deutschland), et alors que le ramadan est un rite massivement suivi avec plus de 70 % de jeûneurs, voire 80 %, parmi les fidèles, selon les études.
Durant ce mois sacré, qui a commencé depuis trois semaines, les musulmans sont invités à s'abstenir de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles, des premières lueurs de l'aube jusqu'au coucher du soleil, soit pendant 18 heures environ (de 3 h 50 jusqu'à 22 heures environ à Paris). « Le culte correspond à un temps spirituel et physique déterminé, le neuvième mois lunaire, explique Tareq Oubrou, imam de Bordeaux. C'est un moment d'entrée en équilibre écologique avec le monde. »

Dispenses possibles

Le jeûne, quatrième pilier de l'islam, concerne tout musulman pubère. Des dispenses appelant des compensations – par un jeûne différé – sont prévues pour les voyageurs, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes ou devant allaiter. Pour le recteur de la mosquée de Bordeaux, les candidats aux examens peuvent aussi déroger au devoir de jeûne. « Il ne s'agit pas de mortifier le corps, précise le religieux. L'objectif du jeûne, ce n'est pas la souffrance ni l'affaiblissement du corps. C'est au contraire la transcendance et la libération. Il faut faire triompher la raison sur les pulsions. » Une recommandation qui va dans le sens du Conseil théologique musulman de France, qui a publié début juin une « fatwa » (avis juridique religieux) qui permet une rupture du jeûne pour les candidats.

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L’islam selon Tareq Oubrou #3 : la foi et le culte

VIDÉO. Qu’est-ce que l’islam ? Comment définir cette religion ? Le ramadan est-il une obligation ? Éléments de réponse avec l’imam de Bordeaux.

Publié le 01/07/2016 à 06 :13 | Le Point.fr
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Le jeûne du mois de ramadan se termine dans quelques jours. Cette pratique de la religion musulmane, qui invite les croyants à s’abstenir de boire, de manger et d’avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil, est sans doute l’une des plus médiatisées en France. Comment la concilier avec la vie professionnelle, scolaire et même familiale ? « Le ramadan fait partie des cinq pratiques cultuelles, autrement appelées les cinq piliers de l’islam, répond Tareq Oubrou, l’imam de Bordeaux. Ceux-ci sont obligatoires, mais celui qui les néglige ne perd pas son statut de musulman. Les cinq piliers sont entourés de dérogations qui les rendent accessibles en fonction du cadre professionnel ou sociétal où se trouve le musulman. »
Pas le temps de pratiquer les cinq prières, autre pilier de l’islam ? Pas d’inquiétudes, rassure le recteur de la mosquée de Bordeaux. « Les pratiques ne font pas partie de la définition de la foi. Dans la doctrine du salut, c’est la foi qui sauve le musulman le jour du jugement dernier. Ce ne sont pas les pratiques. On est musulman d’abord, et pratiquant ensuite. » Un discours clair qui discrédite les fidèles qui veulent se définir par leurs pratiques cultuelles : « La pratique ne valide pas la foi. C’est parce que je suis musulman, que je fais les cinq prières, et non l’inverse. Ce n’est pas parce que je fais les cinq prières que je suis musulman. »

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L'islam selon Tareq Oubrou #4 : le Coran

VIDÉO. Lu par des millions de fidèles, le Coran est le fruit de l'histoire de l'empire arabe. Explications de texte avec l'imam de Bordeaux.

Publié le 08/07/2016 à 06:06 | Le Point.fr
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Le Coran, livre sacré pour les musulmans et sujet de batailles théologiques centenaires. Comment un texte religieux peut-il d'un côté porter la foi de millions de pratiquants en France et dans le monde, et servir, d'un autre côté, de base liturgique aux fanatiques terroristes ? La réponse repose dans la lecture historique du texte.
« Le Coran est d'origine divine, mais ce texte a fait irruption dans l'Histoire, précise Tareq Oubrou, imam de Bordeaux et auteur du livre Ce que vous ne savez pas sur l'islam. Donc on ne peut pas lire et comprendre le Coran si l'on ne comprend pas aussi l'histoire du Coran. » Compilées par 27 scribes, les paroles de Dieu ont été révélées au prophète Mahomet puis écrites pendant 23 années, à partir de l'an 610 après Jésus-Christ. La version finale que les musulmans connaissent aujourd'hui date environ de l'époque du troisième calife Othmân (579 - 656).
Le Coran se lit en intégrant le contexte historique spécifique pendant lequel il a été écrit, soit l'empire arabe (622 - 1258). « Liturgiquement parlant, le Coran se lit donc en arabe, explique le recteur de la mosquée de Bordeaux. Et traduire le Coran en français serait l'interpréter. Or l'interprétation du Coran n'est pas Coran. En revanche, rien n'interdit de penser le texte en français, dans la prière notamment. »
Consultez notre dossier : L’islam selon Tareq Oubrou
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L'islam selon Tareq Oubrou #5 : les règles et les principes

VIDÉO. Les règles et l'éthique sont deux choses différentes. Explications de l'imam de Bordeaux, qui prend pour exemple l'égalité entre hommes et femmes.

Publié le 17/07/2016 à 15:24 | Le Point.fr
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Au cours de l'histoire, la place de la femme dans les communautés de confession musulmane a évolué. « À l'époque du Prophète (570-632 apr. J.-C., NDLR), explique Tareq Oubrou, imam de Bordeaux et auteur du livre Ce que vous ne savez pas sur l'islam, le Coran a négocié le principe d'égalité métaphysique entre les hommes et les femmes en fonction du contexte des populations arabes de l'époque. Un contexte patriarcal et tribal où le pouvoir politique et économique était lié à la force musculaire. L'égalité de principe était de fait difficile à réaliser. »

« La femme d'hier n'est plus la femme d'aujourd'hui ! »

Comme l'égalité, la dignité et le respect d'autrui sont deux autres principes immuables qui composent l'éthique ou la morale de l'islam. « Cette éthique est ensuite traduite – ou pas – dans la société par la coutume et la culture, qui peuvent évoluer dans le temps. Ce qu'on appelle les règles dans l'islam, poursuit le recteur de la mosquée de Bordeaux. À ne pas confondre avec les principes éthiques qui, eux, ne changent pas en fonction des sociétés. »
Ainsi, selon Tareq Oubrou, l'ancienne règle de l'infériorité de la femme par rapport à l'homme ne vaut plus dans les sociétés d'aujourd'hui. « La femme d'hier n'est plus la femme d'aujourd'hui ! Les progrès technologiques et de la médecine ont fait que la femme n'a plus besoin de la force musculaire pour accéder au pouvoir politique et économique. Donc, aujourd'hui, le droit ou la règle canonique, en matière d'héritage ou d'accès aux responsabilités par exemple, doit se déplacer en fonction des évolutions anthropologiques ! » Sans doute un rappel à l'ordre vis-à-vis des esprits un peu trop conservateurs.
Chaque semaine, Le Point.fr invite Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, à expliquer en vidéo un des principes de base de l'islam. Il est l'auteur du livre "Ce que vous ne savez pas sur l'islam", qui a été publié en février dernier aux éditions Fayard.

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