Ghardaïa, le maillon faible ?
L'escalade de la violence en ce début
juillet 2015 et le bilan humain déjà trop lourd, ne peut être la conséquence
d'un banal conflit de cohabitation de deux communautés, mozabite et chaambie,
distinctes sur les plans ethniques, linguistiques et religieux.
Les Chaambis, une branche des Arabes Baní
Souleymane, venus du Moyen-Orient, via l'Egypte au 11e siècle, se sont
installés dans cette vallée du Mzab, à côté des Mozabites qui y étaient déjà.
La coexistence a été possible, certainement avec des conflits, puisque ces deux
communautés y sont toujours en 2015.
Les Chaambis font partie des quelques
tribus arabes qui ne se sont pas intégrées dans le monde amazigh depuis des
siècles. Ibn Khaldoun s'était bien expliqué sur le sujet.
Dans la période coloniale, la France avait
systématiquement utilisé les Chaambis comme force d'appoint pour pacifier le
Sahara. A partir de 1962, ceux-ci avaient massivement investi les structures de
l’État dans la région ainsi que le FLN et les forces police.
Sur ces aspects, nous souhaitons lire plus
d'articles de nos historiens, sociologues et anthropologues algériens pour
éclairer nos concitoyens et… les autorités politiques du pays !
Le passage du conflit à un niveau
supérieur dans la gravité depuis quelques années et aujourd'hui l'usage
coordonné d'armes de chasse et même de guerre, obéit à des considérations
géopolitiques dans le cadre de l'expansionnisme de l'islamisme politique et le
projet de réalisation du grand califat.
Il faut le dire, dans ce conflit, il y a
un agresseur et il y a un agressé. Lorsque les Chaambis incendient commerces et
maisons et écrivent sur les murs des villes du Mzab : "Irhel" (dégage
= partez ailleurs), à l'adresse des Mozabites, c'est le prélude à une épuration
ethnico-religieuse.
Nous assistons à une évolution du mode de
lutte d'AQMI et autres mourabitounes, celui de passer de la lutte terroriste
par des groupes restreints vers un soulèvement de masse, par la mobilisation de
la communauté chaambie, dans une zone bien déterminée, afin de créer une
"zone libérée". L'expulsion/extermination des Mozabites constituerait
alors une première étape.
Dans cette stratégie, le Mzab serait le
maillon faible sur le territoire algérien pour tenter d'instaurer un califat
local avec les richesses du triangle Hassi Rmel - Hassi Messaoud-Ghardaïa. Ce
n'est pas de la fiction. Les exemples syriens et libyens sont assez édifiants.
C'est bien
une tentative de déstabilisation de
l'Algérie pour son éclatement, par le jeu des alliances des islamistes
algériens et des monarchies arabes du Golfe.
Des observateurs avertis reconnaissent que
dans les caisses des chasseurs d'outardes déchargées par les Boeing 747 depuis
des années, il n'y avait pas que des victuailles ; des lots de fusils avaient
été laissés à chaque fois à "leurs frères de sang" (les princes
koweitiens, qataris et saoudiens choisissaient systématiquement de s'installer
chez des "tribus arabes" sur les Hauts Plateaux).
Ce qui se passe actuellement au Mzab n'est
pas un banal problème d'ordre public. Il s'agit de faire vite pour : identifier
les responsables de cette stratégie "Daech" afin de les neutraliser,
rassurer la communauté mozabite par la présence efficace et impartiale des
forces de sécurité, éloigner et juger les responsables locaux des forces de
sécurité complices des agressions, mettre les représentants de la communauté
chaambie devant ses responsabilités pour faire jouer les mécanismes de dialogue
et déjouer les calculs des incendiaires.
Ce n'est pas la voie suivie par les responsables politiques, avec les incantations
du type "nous sommes tous frères" et autres lubies engagées par
l'intermédiaire des imams incendiaires.
L'arrestation récente de militants des
droits de l'Homme au lieu de mettre hors de nuire les assassins est un
indicateur de l'incompétence
et de l'incurie de nos gouvernants.
Ce conflit d'apparence locale constitue
une étape décisive dans le combat entre ceux qui défendent une Algérie
algérienne issue de plus de 20 siècles d'Histoire et ceux qui veulent faire de
notre pays une province vassale des émirats orientaux.
Il y va de la liberté de chacun de nous.
Aumer U Lamara
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