dimanche 10 août 2014

chronique d'Ould Kaïge - déjà publié dans le Calame . 28 Septembre 2010



74 .







25 Septembre 1978 & 28 Septembre 2004


les tombeurs de Moktar Ould Daddah
réécrivent l’histoire nationale
&
annonce de la mise en échec d’un énième complot militaire contre Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya




Les vingt premières années de la Mauritanie contemporaine avaient une clarté, dont même l’imagination s’est aujourd’hui perdue : le pouvoir tirait sa légitimité de la marche à l’indépendance nationale qu’il avait initiée et continuait de conduire, cette légitimité était incarnée et faisait consensus. Le droit positif et les structures politiques, amendés à mesure des étapes d’affermissement de la souveraineté nationale et internationale, y étaient pour peu. La contrainte physique, l’abstention ou la corruption y étaient pour rien. En 1978, est apparu un nouveau concept : les forces armées nationales détiennent en dernier recours la légitimité et la souveraineté. Il a toujours cours … cours forcé. La conséquence, de changement possible que par un énième coup. Du moins, est-ce une lecture de l’histoire que corrobore beaucoup de dates. Celles-ci… par exemple. 


Le 25 Septembre 1978, le Comité militaire qui s’est emparé du pouvoir le 10 Juillet 1978 et tient alors enfermés le Président de la République et ses principaux co-équipiers au gouvernement et au bureau politique du parti unique de l’Etat, réunit les gouverneurs de région. C’est la première fois depuis son avènement.

Le chef des putschistes, le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck, réaffirme le souhait du C.M.R.N. d’« une véritable décentralisation de l’administration » qui « doit cesser d’être un simple outil de répression et de collecte des taxes et impôts, elle doit devenir un outil précieux de développement économique et social au niveau des régions ». Cette analyse fait table rase de vingt ans de déclarations, d’efforts et de constante remise en cause, qui avaient été le propre de Moktar Ould Daddah, et même des propos les plus récents [1]. Seule, une performance sensiblement meilleure pourrait justifier cette amnésie. Force est de constater que cette supériorité n’a jamais été vérifiée depuis 1978 et les régimes militaires ou défroqués en ont été réduits à amalgamer leurs propres insuccès à ceux qu’ils prétendent avoir caractérisé la période fondatrice : le colonel Ely Ould Mohamed Vall [2] et le général Mohamed Ould Abdel Aziz  [3] à sa suite font un bloc des cinquante ans d’indépendance. Significativement d’ailleurs, la corruption et les dysfonctionnements ne sont pas évoqués par les putschistes de 1978 : il faudra le procès par contumace tenu à Rosso, du 18 au 20 Novembre 1980 pour que le président Moktar Ould Daddah soit, entre autres chefs d’accusation, soi-disant coupable d’ « atteinte aux intérêts économiques de la nation »… Ce qu’a été, tout récemment encore, le régime défunt, pourtant riche en observations et débats – oraux ou écrits – sur son propre fonctionnement et sur les diverses fonctions à remplir par l’Etat et par les agents autant de l’administration que du Parti, semble étranger aux nouveaux responsables.

Mais c’est au lieutenant-colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, ministre de la Défense, qu’il revient d’inaugurer la théorie du nouveau système politique mauritanien : cela vaut préambule constitutionnel pour encore aujourd’hui. Il explique aux responsables de l’administration régionale et du développement à l’intérieur du pays que « l’armée n’est pas une armée de coup d’Etat et n’aspire pas au pouvoir. L’armée mauritanienne n’est pas étrangère à ce pays, ni politiquement ni moralement. Elle a vécu les peines et les espoirs de son peuple durant vingt ans. Vingt ans pendant lesquels le pays a sombré dans la destruction et la misère ». Oubliant complètement les options et les débuts d’une intégration des forces armées dans le Parti [4] et surtout dans les stratégies de développement économique et social, il assure qu’« il n’existait à proprement parler aucune politique de défense et l’armée était confinée dans un rôle marginal et isolé par rapport à l’ensemble de l’activité politique nationale. Cette armée n’a jamais été consultée sur aucun problème politique ni même sur des problèmes strictement de défense ». Conclusion étonnante et paradoxale : celui que les militaires ont accusé de « jusqu’au-boutisme » parlait-il autrement ? simplement mieux : si la Mauritanie devait engager une guerre (n’est-elle pas alors en guerre ?), « la responsabilité de l’armée et du peuple serait la même, ils combattront jusqu’à l’issue finale, mais je confirme que désormais il ne peut s’agir que d’une guerre dont nous connaissons tous les objectifs et dont nous sommes tous convaincus ».





Le 28 Septembre 2004, le ministre de l’Intérieur, Ghali Ould Cherif Ahmed annonce la mise en échec d’une nouvelle tentative de coup d’Etat : arrestation du capitaine Abderrahmane Ould Mini, cerveau de la tentative du 8 Juin 2003 et réitération de la mise en cause de Mustapha Limam Chafi, conseiller personnel de Blaise Compaoré, du Burkina Faso et de la Libye. Infiltré en Mauritanie, le commandant Saleh Ould Hanenna est de nouveau en fuite ; il avait été radié pour propos politiques et critiques tenus en caserne contre le président régnant.

C’est la seconde vague des complots contre le régime du colone[5]l Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. La première  avait pu sembler imaginaire et correspondait au vide démocratique ; la période du colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla avait vêcu selon le même rythme et la même hantise [6]. La seconde est vérifiée et l’échec du coup de 2003 – dont l’histoire reste à écrire, tant elle est trouble – commence au contraire une véritable série. Dès qu’avait été consommé l’échec du putsch, le 9 Juin, Mustapha Ould Bedredine, secrétaire général du principal parti d’opposition (l’Union des forces démocratiques, U.F.D.), avait analysé l’événement qui avait d’ailleurs surpris : « aucune force politique ne peut être derrière ce coup d’Etat… il s’agit d’un mécontentement interne à l’armée… trouver dans le climat politique actuel un élément favorable à leur projet ». Le lendemain, un conseil de crise des officiers supérieurs réunis autour du Président de la République, constate que l’armée  été politisée à tort, réduite à son seul service et qu’elle est désormais dénaturée…

Les principaux putschistes en fuite ne désarment pas, et la purge montre la densité des appuis dont ils continuent de bénéficier. Le 13 Juin, limogage de celui qui commandait la gendarmerie depuis 1987, le colonel Né Ould Abdelmalek. Le 15, c’est le tour du chef d’état-major de la garde nationale, en fonctions depuis 1990 : le colonel Wellad Ould Haimdou, quoiqu’il ait été supposé le sauveur du régime, la semaine précédent. Même, le colonel Abderrahmane Ould Kekwar, responsable de la marine nationale depuis 1984, est remplacé (par son adjoint, le colonel Pathé Ba). Complices ou pas, les proches parents du chef des mutins, sont démis de leurs fonctions, le 18 : Mohamed Ould R’Zeizimou, gouverneur de Nouadhibou, puis Mintate Mint Hedeit, secrétaire d’Etat à la Condition féminine et enfin Mahfoudh Ould Lemrabott, président de la Cour suprême. Enfin, le 21, on arrête le secrétaire fédéral du P.R.D.S. pour Noukchott, Mohamed Mahmoud Ould Hamadi, également parent d’Ould Hanenna. Tout cela à quelques mois de l’élection présidentielle et dans une ambiance étouffante : le 30, est adopté un projet de loi donnant au gouvernement un contrôle strict des mosquées et le 7 Juillet, c’est à huis-clos que sous la présidence de l’homme fort se réunit improviste un congrès extraordinaire du parti dominant. Louleid Ould Weddad, l’intime directeur du cabinet présidentiel, est à son tour limogé. Le rapprochement des fins de règne suivant qu’il s’est agi de Moktar Ould Daddah ou de ses épigones militaires suffirait à caractériser les seconds, s’il est nécessaire.

L’analyse du président qu’on a failli renverser inaugure une nouvelle psychose et surtout des ambiguités politiques qui restent – aujourd’hui encore – décisives. Le 12 Juillet, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya amalgame les putschistes et les islamistes, ce qui n’est pas sans effet politique intérieur puisque l’aile, réputée islamiste, du R.F.D. d’Ahmed Ould Taya, fait alors sécession à l’initiative de Jemil Ould Mansour, l’ancien maire d’Arafat à Nouakchott qui a trouvé asile en Belgique. Mais l’analyse militaire a moins d’impact. Selon le président, les assaillants ont fait « croire à une attaque terroriste ou de brigands contre la présidence de la République » mais surtout « l’armée est restée loyaliste, républicaine et entièrement au service de la nation ». La fin de l’année 2003, et toute l’année 2004, le démentent.

Le 2 Septembre 2003, dans un enregistrement diffusé par Al-Jazeera, deux des putschistes, Mohamed Ould Cheikhna et Saleh Ould Hanenna, annoncent la création d’un mouvement armé clandestin : «  les cavaliers du changement ». Objectif : «  un changement pacifique et démocratique en Mauritanie ». Le pouvoir ne sait plus identifier ses ennemis ou en voit partout. Les 28 et 29 Juillet, une grève des avocats a été suivie à 70% dans tout le pays pour protester contre l’empêchement de plaider de M° Mahfoudh Ould Bettah, dans des procès d’islamistes. Il a bien fallu, le 25 Août, prononcer la mise en liberté provisoire d’une quarantaine d’islamistes présumés, arrêtés depuis Mai pour « complot contre l’ordre constitutionnel ». Ceux-ci apportent leur soutien à l’ancien président du Comité militaire, le colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla, qui s’est porté candidat à l’élection présidentielle. Le 8 Août, ont été libérés quatre- vingt militaires dont il a été établi qu’ils n’ont pas soutenu la tentative de putsch, mais le 7 Septembre, cent-vingt-neuf autres, soupçonnés d’avoir participé à la tentative de pustch, sont inculpés de « haute trahison » et de « complot contre l’ordre constitutionnel ».

Le scrutin présidentiel du 7 Novembre 2003 est immanquablement pollué par ces diversions ; il n’y manque pas même l’arrestation – la veille et le lendemain des opérations électorales – du principal compétiteur d’Ould Taya, son prédécesseur à la tête des comités militaires, le colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla. Désormais, la vie politique est déréglée, elle n’est plus que procès pour complots [7]. Ou tentatives militaires de putsch.

Le 9 Août 2004, arrestation d’un groupe d’officiers censés prendre le pouvoir à l’occasion du déplacement du Président de la République, en France pour l’anniversaire du débarquement allié en Provence, à la fin de la Seconde guerre mondiale (prévu pour le 15 Août) : les colonels Mohamed Ould Baba Ahmed, Misqarou Ould Qweyzi, Cheikh Ould Ejdi, Tourad Ould Brahim avec les commandants Sidati Ould Mohamed Mahmoud Ould Hammdi, Dia Abderrahmane, Salih Ould Sidi Mahmoud, Brahim Ould Bakar Ould Saybah, Hammad Ould Mohamed Ould Lemine. Cela fait du monde. Pour justifier cette rafle, le ministre de la Défense, Baba Ould Sidi, assure que « ceux qui ont planifié ce nouveau coup sont les mêmes qui avaient dirigé le putsch manqué du 8 juin 2003 avant de prendre la fuite ». Le 26 Août, le commandant de la gendarmerie, le colonel Sidi Ould Riha, annonce la fin de l’enquête sur la tentative du  8 Juin 2003 et met en cause le Burkina Faso, et nommément un conseiller personnel du président Blaise Compaoré. Ce dernier relaierait la Libye pour soutenir les tentatives de putsch, alors même que vient de séjourner à Ouagadougou, le ministre de la Défense, porteur d’un message personnel d’Ould Taya : la remise de trois des officiers, prétendûment acteurs dans ce putsch, lui est refusée. Dès le lendemain, le ministre de l’Information cite nommément l’agent libyen au Burkina, Mustapha Ould Limam Chafi, dont le père Limam Chafi est membre du R.F.D. d’Ahmed Ould Daddah… ce qui tombe trop bien. Le 29, il faut bien libérer « pour insuffisance de preuves » onze officiers et un inspecteur de police, impliqués – eux – dans la nouvelle tentative de putsch, celle découverte le 9 Août.

Epilogues ? le 4 Octobre 2004, on découvre deux caches de matériels de télécommunication qui devaient servir à la tentative d’Août et, le 9, c’est enfin l’arrestation – à Rosso – du commandant Saleh Ould Hanenna : un procès équitable lui est garanti. Et l’amalgame continue : dès le lendemain, arrestation de trois personnalités islamistes et pas des moindres, le cheikh Mohamed El-Hacen Ould Dedaw, Jemil Ould Mansour et Moktar Ould Mohamed Moussa, ancien ambassadeur dans le Golfe. Le 4 Novembre, pour faire bonne mesure, Mohamed Khouna Ould Haïdalla, Ahmed Ould Daddah, et Cheikh Ould Horma Ould Babana sont inculpés pour avoir financé les « Cavaliers du changement » et d’avoir directement communiqué avec Saleh Ould Hanenna. Ils sont laissés cependant en liberté, mais le procès de Wad Naga se prépare. Sa mise en scène sera sans doute l’un des éléments précurseurs de la chute du régime de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

Le 21 Novembre, s’ouvre le procès : les cent quatre-vingt-un putschistes du 8 Juin 2003, tous ceux présumés de tentatives du 9 Août et du 8 Septembre 2004, et les personnalités politiques censées les avoir soutenus. Au total, cent-quatre-vingt-quinze prévenus ! Dans la semaine, la palinodie est raillée par une apparition, sur la chaîne d’information iranienne El-Alem, du commandant Ould Cheikhna au nom des « Cavaliers du changement ». Le lendemain, le Président de la République discourant pour l’anniversaire de l’indépendance – c’est sa dernière prestation du genre – évoque des « tentatives criminelles ». Mais c’est bien la nature des régimes militaires ou défroqués de les appeler ainsi.


                                                                 






[1] - le secrétaire général du Parti du Peuple mauritanien, Moktar ould Daddah,  devant le congrès extraordinaire, tenu à Noualchott, le 25 Janvier 1978

Nos difficultés sont de deux ordres :
1- celles que je viens de passer en revue, c’est-à-dire les effets de la guerre, de la sécheresse et de la crise économique mondiale.
2- celles liées à nos habitudes, à nos structures et à nos méthodes, qui se reflètent dans le gaspillage, l’inefficacité, l’irresponsabilité.
Et il est évident que pour faire face d’une manière correcte aux premières de ces difficultés, il est nécessaire, je ne dis pas suffisant, mais nécessaire de surmonter les secondes.
Et là, une autocritique sérieuse s’impose, et s’impose avec d’autant plus d’acuité que notre pays connaît actuellement un déficit budgétaire important.
La première constatation à faire à cet égard est qu’il y a eu, depuis quelques temps, un relâchement évident dans l’application de la politique d’austérité décidée en 1963.
Ce relâchement concerne beaucoup de services publics et tout particulièrement les sociétés d’État.
Mais il concerne aussi, très largement le secteur privé, qui vit nettement au-dessus de ses moyens.
Ce relâchement s’accompagne d’une tendance, très nette également, à l’enrichissement au détriment de la chose publique, et peut-être même, aux dépens de l’intérêt général.
Et c’est celui d’affirmer avec force, à l’adresse surtout des responsables du secteur public, qu’il faut choisir entre le service public et la course à l’enrichissement, entre le pouvoir et l’argent.
La deuxième constatation est qu’on assiste à des blocages parfois dus simplement à la négligence, au laisser-aller, à l’irresponsabilité dans le fonctionnement des administrations.
La troisième constatation est que certains blocages résident dans une compartimentation excessive des responsabilités avec, pour conséquence, leur dilution dès lors qu’il y a dualité au niveau des centres de décision.
Des deuxième et troisième constatations, il résulte nécessairement des lourdeurs dans les rouages, qui entraîne des lenteurs dans le processus de prise et d’exécution des décisions.
Mais il en résulte surtout, car tout cela se chiffre, il en résulte une aggravation considérable des coûts en hommes, en temps, en argent.
Il faut donc revenir impérativement à une appréciation plus juste de nos moyens, pour les mieux gérer au profit de l’intérêt général.

déclaration de Moktar Ould Daddah, publiée par CHAAB le 8 Juin 1978

Dans la conjoncture que nous traversons, conjoncture caractérisée par le triple défi que nous connaissons, il nous revient parallèlement aux mesures de redressement économico-financières en cours, de nous pencher avec sérieux sur le problème de la moralité publique, ou mieux, sur la qualité des rapports entre le responsable à quelque niveau qu’il soit, et l’Etat.
L’Etat sera fort si ses lois sont respectées. Les agents de l’Etat sont censés les respecter les premiers et mieux que les autres.
Or malgré mes directives maintes fois répétées verbalement ou par écrit, je constate qu’en dépit de la conjoncture les comportements de certains responsables, loin de s’améliorer, sont de plus en plus critiquables
(…) deux objectifs :
1° Faire en sorte que les multiples sacrifices demandés à notre peuple soient équitablement partagés par tous. Ainsi la paix sociale fondée sur la justice sociale n’en sera que mieux assurée.
2° Conserver l’image de dignité et de sérieux que notre pays s’est acquise à l’extérieur. En effet, la grande crédibilité dont jouit notre pays ne peut être entâchée par des vices intolérables.
La règlementation des rapports du citoyen et particulièrement de celui qui détient une parcelle de pouvoir, avec l’Etat, ne date pas, pour nous musulmans, d’aujourd’hui. En effet, le Coran a consacré de nombreux versets aux obligations fondamentales du citoyen vis-à-vis des institutions étatiques.
L’Etat mauritanien, fondé sur les principes de l’Islam, s’est donné une Constituton et des lois qui ne font que traduire fidèlement les principes moraux contenus dans notre religion.
Face à ces objectifs, à la lumière de ces principes, que constatons-nous ?
1° que certains responsables confondent les biens de l’Etat c’est-à-dire les biens de la communauté, avec leurs biens propres.
On peut à cet égard détourner les biens publics de plusieurs manières ; aussi bien en s’appropriant les deniers publics qu’en utilisant à des fins personnelles les biens de l’Etat.
2° que de nombreux responsables ne considèrent pas l’obligation de payer l’impôt comme une obligation fondamentale. C’est ainsi qu’il a été constaté que certains d’entre eux ont des arriérés impayés depuis 1974.
3° que plusieurs responsables qui, refusant de choisir entre le secteur public et le secteur privé, comme la loi les y oblige, acceptent les fonctions et les salaires de l’Etat tout en consacrant une partie de leur temps à la gestion de leurs propres affaires, notamment lorsqu’ils sont actionnaires de sociétés privées.
4° qu’enfin, il y a ceux qui malgré le sous-développement de notre peuple et la conjoncture difficile que nous traversons, n’hésitent pas, sans aucune pudeur, à s’enrichir en accumulant villas somptueuses et autres biens, qui ne correspondent nullement à leurs revenus de salariés de l’Etat
Tels sont certains des comportement que je suis décidé à ne plus tolérer. Il y va, je le dis, de la justice à l’intérieur et de la crédibilité à l’extérieur.
Désormais que l’on sache que les violations de nos textes, les spéculations et trafics de tous genres seront combattus et sanctionnés selon les textes en vigueur. Je ne ferai en cela qu’appliquer l’un des grands principes du 4ème congrès de notre Parti : la réhabilitation de la récompense et de la sanction, pilier fondamental de notre démocratie.
Cela dit, deux remarques s’imposent :
1° Il y a de bons fonctionnaires et il y a même des hommes et des femmes admirables, souvent discrets qui, sans contrepartie autre que la satisfaction du devoir accompli, servent leur peuple, savent respecter les lois de l’Etat.
Ceux-ci seront dorénavant mieux récompensés qu’auparavant tout comme les malhonnêtes seront punis plus souvent et plus sévèrement qu’auparavant.
2° Qu’on ne me dise pas :  « Seules des mesures économiques et financières permettront de relever les défis auxquels nous devons faire face », car je répondrai : «  Sans le redressement moral, que je viens d’esquisser, il ne peut y avoir de valable redressement économique et financier. »
Le redressement est un tout. C’est tous ensemble, chacun à sa manière et à sa place que nous relèverons les défis qui sont autant d’épreuves dont nous devons sortir vainqueurs : le défi de la nature, le défi de la crise économique mondiale, le défi de l’agression algérienne, en bref le défi de notre existence dans l’indépendance, la justice, la dignité et la prospérité.

[2] - dans un entretien accordé à François Soudan dans la nuit du 11 au 12 Juillet 2006 à Nouakchott, et publié par Jeune Afrique (n° 2376 du 23 au 29 Juillet 2006), Ely Ould Mohamed Vall évoque le « le système autocratique en vigueur depuis l’indépendance », souligne que « le changement du 3 Août n’a pas mis fin à un régime en particulier, mais à tout un système de pouvoir vieux de quarante-cinq ans et usé jusqu’à la corde » et indique qu’il n’y a « pas d’enquêtes en cours ou en vue, donc, sur l’origine de la fortune ou de la propriété de telle ou telle personnalité ? Si nous mettions le doigt dans cet engrenage, il nous faudrait pousser nos investigations sur quatre décennies en arrière »

[3] - à l’avant-veille de sa prestation de serment et de son investiture, Mohamed Ould Abdel Aziz déclare au cours d’un entretien accordé à Hichem Ben Yaïche, pour New African n° 25, repris par Cridem, le 7 Août 2009 : « Je suis convaincu que l'on peut faire beaucoup pour ce pays, qui est riche. Je n’ai cessé de le dire, et je le prouverai. Malheureusement, la Mauritanie a été victime de son élite et d’une classe politique qui ont régné sur le pays pendant 50 ans, de l’indépendance à aujourd'hui. En parlant de classe politique, je ne désigne pas des individus en particulier. Ce sont une vision, une stratégie, une conception et une façon de faire qui ont été néfastes. Grâce au peuple mauritanien, la page est maintenant tournée. »

[4] - décidée par le 3ème congrès ordinaire du Parti, tenu à Nouakchott, du 23 au 27 Janvier1968, l’intégration des forces armées est très mûrie, concertée et expliquée ; elle est débattue avec et entre les militaires, elle est évidemment spécifique ; elle est tout simplement civique. En séminaire des cadres de l’armée, les 24 et 25 Février 1969, le chef de l’Etat définit l’armée, école de civisme par excellence, la vocation militaire et économique de l’armée et en conclut que le soldat doit être un militant exemplaire – Paradoxalement, c’est le colonel Cheikh Ould Boïdé, président des diverses cours de justice ou de sûreté de l’Etat dans la première décennie des militaires, qui, au grade de capitaine, est le « secrétaire de la mission chargée d’étudier le problème de l’intégration au Parti de l’Armée et des autres Forces de Sécurité ». Il rédige le compte-rendu de « la mission de préparation psychologique des Forces (armée – gendarmerie – garde nationale) en vue de leur intégration future au sein du Parti » qui, du 5 au 11 Juin et du 22 au 25 Juillet 1969, visite les garnisons de Moudjeria, Néma, Aïoun, Kiffa, Kaédi, Rosso, Atar, F’Derick, Bir-Moghrein et Nouadhibou. – Ce compte-rendu, signé le 31 Octobre 1969, est visé par le président Moktar Ould Daddah le 11 Novembre… sans annotation

[5] - - notamment…
7 Septembre 1986 : arrestation d’opposants accusés d’atteinte à l’unité de l’Etat, parmi lesquels de nombreuses élites mauritaniennes originaires de la vallée du Fleuve
22 Octobre 1987 : semblant de coup d’Etat militaire par des officiers Toucouleurs et trois exécutions
6 Décembre 1990 : tentative prétendue de coup d’Etat et, dans les semaines qui suivent, massacre de 500 militaires Toucouleur

[6] - notamment…
28 Avril 1980 : déjà en instance de départ à l’aéroport de Nouakchott, Haïdalla annule au dernier moment sa participation au premier sommet économique de l’OUA qui doit commencer le jour-même à Lagos ; arrestations Mohameden Ould Babah, Abdoulaye Baro, Abdallahi Ould Ismaïl, Sidi Ould Cheikh Abdallahi et d’Ahmedou Ould Abdallah, ancien ministre des Affaires étrangères et cousin de l‘ancien chef d’état-major ;
16 Mars 1981 : tentative manquée des lieutenants-colonels Mohamed Ould Ba Abdel-Kader et Ahmed Salem Ould Sidi, qui sont fusillés avec deux de leurs compagnons 
6 Février 1982 : arrestations de l’ancien président du Comité militaire et chef de l’Etat, le colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck et de l’ancien Premier ministre Ould Bneijara, accusés d’avoir tenté un coup d’Etat 
17 Mars 1982 : découverte d’un complot « baassiste pro-irakien »

[7] - du 1er au 28 Décembre 2003, celui du colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla et d’Ismaïl Ould Amar, député dont l’immunité a été levée dans des conditions contestables

du 21 Novembre 2004 au 3 Février 2005, procès des complots de Juin 2003 et Août 2004, à  Wad Naga

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