lundi 3 mars 2014

Forum pour la démocratie et l'unité - intervention du président de Tawassoul




بسم الله الرحمن الرحيم
Forum "La Démocratie et l'Unité "
Palais des Congres 2014
Pour des élections présidentielles consensuelles
Mohamed Jemil O. Mansour, Président de tewassoul

Il est clair que l'atmosphère politique passe par une période difficile car la divergence règne parmi les forces de l'opposition, les récentes élections n'ont pas résolu la crise politique et les citoyens s'interrogent sur l'avenir du pays. L'initiative du forum de "la Démocratie et l'Unité " est venue à point pour mettre un terme final à cette attente. Cette initiative renouvelle l'espoir et ouvre des horizons à travers lesquels les organisateurs et les participants peuvent assurer la réussite des objectifs de réforme et de changement recherchés par les Mauritaniens. La valeur, la diversité et le niveau des participants ainsi que la nature et la qualité des sujets programmés justifient largement l'espoir.
L'expérience accumulée dans notre travail national et notre performance politique, avec tous les succès et tous les échecs, devrait constituer une matière soumise à la réflexion et l'évaluation, afin de que notre vision et nos propositions soient plus matures. Nos discussions doivent être sérieuses, franches et responsables. L'importance de nos objectifs ne s'accorde pas avec l'improvisation, l'émotivité et la confusion. Un débat libre et audacieux, qui met la situation du pays, les défis du moment, et la gravité de la responsabilité au-dessus de toute considération, est requis de tous les participants, quelle que soit leur affiliation.

Dans le contexte :
La Mauritanie vit dans un espace régional où plusieurs pays progressent vers l'Etat de droit et la démocratie et où des peuples réalisent plus d'émancipation et de rupture avec les systèmes despotiques et autoritaires. De l'alternance au Sénégal qui a conjugué le dialogue et la lutte, à la révolution de la dignité en Tunisie qui a abouti à un dialogue consensuel, en passant par le changement au Maroc, au Mali et au Niger, le développement de la démocratie attire les populations et inquiète les régimes autoritaires. Le peuple mauritanien aspire à un niveau qu'il mérite et dont il a besoin comme ses frères, ses voisins et ses amis .
Notre pays est resté, depuis le début du processus démocratique, piégé dans une forme de démocratie de façade, avec toute l'essence d'un régime militaire autoritaire. La parenthèse du président civil élu, qui été clôturée par un coup d'Etat franc, n'a pas pu changer cette situation. La conception de la réforme globale doit donc prend en compte le fait que l'objectif n'est pas instantané et ne se limite pas seulement aux réformes électorales nécessaires pour résoudre le problème des prochaines élections. Un travail sérieux et de longue haleine est nécessaire pour réussir un véritable changement vers la démocratie et l'Etat de droit.
Les nombreuses infractions et irrégularités, enregistrées lors de la préparation et l'organisation des dernières élections, confirment l'urgente nécessité de fournir des garanties sérieuses avant l'organisation de toutes nouvelles élections. Ces garanties sont encore plus indispensables dans notre cas où le système présidentiel par excellence. Nous devons fournir une vision et une approche qui permettent d'aller vers les élections les plus importantes dans un esprit consensuel qui assure la sérénité de tous les adversaires politiques. C'est cette voie qui permettra de dépasser le blocage et la crise provoqués par la pratique autoritaire et dictatoriale de ce régime. C'est une voie civilisée qui se base sur le dialogue sérieux qui prend en compte les moyens de la réussite, et non pas le dialogue qui vient dans le temps perdu et utilise les moyens perdus.

La route aux présidentielles:
Nous ne sommes pas ici pour discuter les défauts du système présidentiel et le comparer avec d'autres systèmes démocratiques en termes de stabilité et d'équilibre, mais il est bon de rappeler qu'il y a un besoin urgent d'équilibrer de manière significative les pouvoirs afin de donner au contrôle son sens et afin de faciliter l'alternance. Le plus important maintenant n'est pas cela, mais sa présence dans l'esprit et la disposition à le discuter dans l'avenir est utile. L'important maintenant, est de concevoir une vision intégrée et des propositions sérieuses qui aboutissent à des conclusions concernant des élections présidentielles consensuelles, qui corrigent la base, ouvrent les horizons et donnent à chacun son emplacement dans la scène politique nationale.
Il est important de préciser ici que nous ne donnons pas dans documents d'ouverture de ce forum des conclusions. Nous ne clôturons pas le débat dans les sujets abordés, mais nous présentons des opinions et des approches et nous identifions des problématiques. Il restera aux participants de débattre pour ajouter, ajuster et affiner pour que les résultats et les conclusions gagnent en profondeur, en précision et en objectivité.
Les prochaines élections posent deux grandes questions - comme toutes élections - la question de la liberté et la question de la transparence. La question de la liberté traduit la supervision, dans le sens institutionnel et politique, qui garantit l'égalité des chances, assure la confiance de toutes les parties et neutralise l'Etat qui doit rester pour tous et non pas pour les uns et contre les autres. La question de la transparence traduit l'organisation et ses dispositifs de mécanismes qui font que tous, gagnants et perdants, acceptent les résultats. Pour traduire ces questions, nous présentons ici les idées suivantes :
·  Le gouvernement consensuel, le gouvernement d'unité nationale ou le gouvernement neutre : assure que cet instrument important qui domine les divers secteurs de l'Etat et ses services ne fera pas partie de la compétition en utilisant la force, le titre, les services et les moyens de l'autorité publique en faveur d'un parti en particulier. Un tel gouvernement va respecter les lois de la République et assurer la neutralité. Les dernières élections ont montré à quel point ce régime est prêt à exploiter le gouvernement, aussi bien les secteurs des services que les secteurs de souveraineté.
·  Le sujet des institutions responsables des élections comme le Conseil Constitutionnel, la direction générale du registre de la population, la Commission Electorale Nationale Indépendante, le Ministère de l'Intérieur, ce qui est nécessaire concernant ces institutions en termes de mode de nomination, de personnes qualifiées, de leurs  pouvoirs et des garanties qui libèrent leur action de l'orientation politique et du chantage financier   .
·  Le sujet de la neutralité de l'administration. Une neutralité réelle qui permet au citoyen de faire un choix libre sans peur. Il est évident pour tous les observateurs du processus politique et électoral du pays que la corruption de la vie politique a surtout été causée par l'exploitation flagrante par le pouvoir et son parti de l'administration, les agents publics, les moyens publics, les nominations publiques, les entreprises publiques, l'argent publique et le sens public. La chose devient plus dangereuse quand elle dépasse les institutions civiles pour atteindre les titres militaires, les personnalités militaires et les menaces militaires pour intimider les gens et les pousser dans une direction particulière. Cela met en évidence l'état de grandes institutions publiques et semi-publiques comme la SNIM, la SONELEC, SOMELEC, la SNDE, la SONIMEX et les autres entreprises sujettes à une exploitation flagrante qui a affecté leur image et leur valeur aux yeux des populations et des partenaires. La réflexion sérieuse aux nivaux juridique et pratique pour la libération de l'administration, des contrats publics, des forces armées, des forces de sécurité de la politisation est une priorité de toute réforme électorale. Les propositions suivantes méritent à ce sujet l'attention et la discussion dans le forum :
·  L'annonce officielle par le commandant supérieur des forces armées, le président de République, de l'interdiction de tout exercice du jeu politique par les forces armées et les forces de sécurité, les dirigeants essentiellement.
·  L'engagement public des dirigeants des forces armées et des forces de sécurité qu'ils sont à égale distance de tous les adversaires politiques. Les institutions responsables des élections doivent avoir les responsabilités et les pouvoirs nécessaires pour le vérifier.
·  Réguler le financement des campagnes électorales et les contributions individuelles.
·  Réviser et organiser le vote forces armées et des forces de sécurité.
·  Réviser et reformer le code électoral d'une manière qui tienne en compte les remarques qui précédente.
·  Ouvrir les média publics de manière continue et concertée.
·  Le sujet des dimensions techniques liées à la préparation du fichier électoral, le recensement des populations, la participation de tous les concernés dans la préparation des listes électorales, le travail de la CENI, ses branches, ses employés, son financement, ses modes d'action, et ses liens avec les différentes parties prenantes.

Ce qui est mentionné, ce que vous allez ajouter et ce que nous enseignent les expériences qui ont réussi autour de nous doit faire l'objet d'un débat franc dont l'objectif est de développer une nouvelle situation qui rend son sens et sa raison d'être aux élections. Celles-ci doivent réellement ouvrir la porte à une alternance pacifique dans notre pays, loin d'un autoritarisme dépassé et inacceptable, et sans recours et des processus que les populations ne peuvent pas supporter et dont certains modèles proche de nous ne sont pas attractifs.
La clarté de la vision et de la voie qui mène à sa réalisation sont nécessaires ici pour faire revivre l'espoir dans le cœur de ceux qui ont abandonné la volonté de changement et de réforme dans ce pays. Nul doute que notre préférence pour le style du dialogue sérieux sur ces questions est justifiée, à condition que ce dialogue soit conséquent et responsable. En prenant soin de ce dialogue et en prenant soin d'y entrer avec un esprit positif qui cherche sa réussite, il est nécessaire pour les participants et pour tous les démocrates de faire suivre leurs conclusions et leur résultats par un soutien médiatique, une lutte populaire et une action diplomatique. La vision discutée et concertée lors de ce forum mérite une large sensibilisation sur la nécessité de présidentielles consensuelles à travers des activités populaires, qui montrent l'adhésion des populations à cette vision, et des actions diplomatiques pour expliquer aux partenaires du pays l'importance du changement demandé.
Chers frères et sœurs, ce sont des opinions, des titres, des propositions dont la principale contribution est de motiver votre réaction au débat et d'obtenir vos idées, vos remarques, vos rectificatifs et vos commentaires.

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