jugements d'auditeurs ou spectateurs du "show" de Nema

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To: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Wednesday, August 14, 2013 4:04 PM

Subject: Re: Mauritanie - tenue d'élections parlementaires et municipales contestables

J’ai suivi l’ennuuyeux ! show de MOAA. C’est un remake des précédents : le même décor surchargé et d’esthétique douteuse, le même animateur obséquieux et membre actif de la direction de l’upr, le parti du gouvernant, des journalistes (des journaleux, surtout) soigneusement choisis parce que dirigeables, le même public accouru de Nouakchott, pour l’essentiel (famille et coterie du général, membres de son gouvernement, hauts fonctionnaires de l’Etat nommés par lui, hommes d’affaires couards, accourus pour être dans la photo afin de protéger leurs sous contre la prédation du régime,...).

Le général a inauguré l’émission par un long power point dressant « son bilan » de quatre ans, avec des chiffres et des graphiques qui puent la démagogie des chiffres (et dont certains sont faux d’ailleurs !), puis les journalistes ont posé des questions pour certaines pertinentes : les élections seront-elles reportées ? Y aura-t-il un nouveau dialogue ? Les affaires de la drogue et du ghanagate ? Le général répondait au fur et à mesure en prenant parfois les questionneurs à partie. Ensuite des « appels » téléphoniques, à l’évidence soit enregistrés d’avance, soit filtrés ont été passés à l’antenne (n’ont été passés en ligne que des membres des missions de l’upr à l’intérieur du pays et une ou deux personnes appelant, soi-disant de l’étranger et qui ont fait un panégyrique de MOAA). Moi-même j’ai essayé pendant toute la séquence tous les numéros affichés. Ils étaient bloqués.

Les autres remarques qu’on peut faire sont les suivantes :

(1)       1)      A propos des élections : MOAA découvre que cela fait deux ans que le mandat des députés a expiré et que cela ne peut plus durer : Les élections ne peuvent plus attendre, elles ne seront pas reportées. Mais c’est la CENI qui décide. Elle est indépendante. Mais elles ne seront reportées que de deux ou trois semaines. Pas plus !  Il s’est dit prêt à discuter d’un observatoire indépendant des élections, de l’élargissement de la CENI. C’est tout.

(2)        2)     Le général n’a pas attaqué l’opposition (sauf AOD qu’il a accablé à l’instigation du journaliste, lequel a rappelé que le président du RFD avait soutenu le putsch et aidé à faire reconnaître son auteur par la communauté internationale), mais il y avait une voix féminine qui était (comme par hasard) près d’un micro et renchérissait sur ses piques à l’adresse de la COD : « J’espère qu’ils (les opposants) participeront aux élections » dit MOAA, « Ils n’ont pas d’électeurs ! » répond la voix.

(3)        3)     A propos de Mamère : il a affirmé que le procès suit son cours. A propos de Ghanagate, il a reconnu que l’affaire date de 2006, n’a pas nié qu’il s’agissait bien de sa propre voix et dénoncé l’exploitation de l’affaire « où il n’y a rien » répétait-il par un « délinquant »(Limam Chaffi, selon certains analystes). Il s’est gardé d’en dire plus.

(4)        4)      Il y avait un groupe de citoyens qui protestaient au sein du public. MOAA a dit à l’animateur de leur donner le micro, mais celui-ci n’a pas obtempéré. En fait, il s’agissait pour le général dont la colère déformait les traits de se donner le beau rôle, tout en évitant le scandale. Une femme parmi les protestataires a pu cependant se faire entendre : « Si tu vas aux urgences de l’hôpital national, tu verras que ce tu dis c’est des bobards » a-t-elle à peu près dit.

(5)        5)    MOAA a rechangé de look : la barbe qu’il portait lors de son discours de fin du Ramadan a été complètement rasée. Il paraissait en très bonne forme et se permettait même de rire contrairement à son habitude.

Il a tiré lui-même la conclusion de son show : Je regrette que cette « rencontre avec le peuple » n’ait pas permis un réel contact avec les populations, a-t-il dit.

De source proche de MOB, celui-ci aurait pourtant convaincu le général d’un report sine die des élections, de la révision de la composition de la CENI, de la mise en place d’un observatoire indépendant des élections, de la nomination de personnalités indépendantes et crédibles aux fonctions gouvernementales liées aux élections (Ministères de l’intérieur et de la Communication, directions des médias publics, etc. MOAA devait annoncer cela dans son show, il l’a fait en partie.

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From: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Friday, August 16, 2013 10:17 PM

Subject: ? la rencontre directe avec le peuple

Pièce jointe: le compte-rendu par l’AMI

Existe-t-il un texte un peu plus poussé ou complet ? et aussi des notes d'ambiance. A lire, cela me paraît sans plan, sans questionnement non plus, beaucoup de redites, une conscience avouée de ce qu'il lui est reproché et des questions qu'il laisse sans réponse.

Et vous qu'en pensez-vous ?

Chaleureusement.

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To: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Saturday, August 17, 2013 10:32 AM

Subject: Re: ? la rencontre directe avec le peuple

Le compte rendu de l'AMI est très complet en ce qui concerne ce "voulait" dire MoAA : Je suis irréprochable, mon bilan est parfait. Ma parole est une loi. Mes opposants, sont des plaisantins!

L'AMI compte la crème des professionnels du journalisme dans le pays. Mais ils ont mis leur compétence au service du gouvernant depuis toujours. Quand, sous le Président Sidi, il a été essayé de les guérir petit à petit de cette déformation professionnelle, ils se sont rapidement retournés contre lui et ont cherché preneur de leurs services du côté de la subversion que MoAA préparait déjà. A y réfléchir, la cellule de Com. de la Présidence aurait pu se servir de ce péché long à guérir, mais ce n'était en aucun cas compatible avec l'esprit républicain du Président, ni avec les orientations qu'il donnait. 

Donc, il faut lire les dépêches de l'AMI  comme on regarde le soleil pendant une éclipse : avec des lunettes de protection. Dans les écrits des journalistes de l'Agence officielle, la vérité est toujours cachée sous un voile de démagogie et de flagornerie. Mais elle n'est que très rarement absente..

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To: b.fdef@wanadoo.fr

Sent: Saturday, August 17, 2013 9:53 PM

Subject: RE: ? la rencontre directe avec le peuple

La  plus longue, la plus ennuyeuse, la plus médiocre, la plus malhonnête et la plus décriée de toutes ses malheureuses sorties. Le journaliste qui a établi le compte-rendu est très brave. A partie de la matière " première ", je pourrais dire : primaire fournie par MoAA, on ne peut pas faire mieux.

 
Mes  Constats dans le désordre pêle-mêle 

1 - l'homme avait devant lui un ordinateur portable sur lequel il y a un document power point et des tableaux excel. Il croyait impressionner le public en manipulant un ordinateur à 1200 kms de Nouakchott

2 - il a présenté beaucoup de chiffres en milliards d'ouguiya et  centaines de millions de dollars qu'il commentait, c'est-à-dire qu'il lisait les commentaires sans rien comprendre quand ils avaient un sens. Le plus souvent, ils ne sont pas significatifs. Parce que ce sont des chiffres en valeur absolue qui ne sont ni une explication ni une justification
Il n'arrivait pas à s'en sortir et voulait éviter que peu de temps restât pour les questions
Mais cela s'est retourné contre lui.

3 - en faisant la revue 2008-2013, il a omis l'année 2009 qui est  pourtant son année, l'année de son coup d'Etat par excellence et sans partage

4 – les questions sur Noël Mamère et les enregistrement d'Accra (blanchiment de faux dollars) l'ont dérangé et déstabilisé  .Ces questions posées en français - certainement sur sa demande - il a demandé qu'elles ne soient pas répétées en hassanya ni en arabe

5 - le  journaliste qui dirigeait le débat n'est autre que le DGA de sa TVM et le responsable de la communication de son parti

6 - malgré sa prépondérance, le secteur des mines n'a pas été abordé parce qu'il est une affaire d'argent pour lui et pour sa famille. Une économie souterraine ! Le public ne doit rien en savoir  !!!

Il s'est vanté des excédents en devises de la Banque centrale mais il a occulté de déficit de la balance commerciale et de celle des paiements. Idem pour l'argent dans le compte du Trésor, à la Banque Centrale, mais il a occulté le déficit budgétaire
Des excédents bizarres,  bâtards et artificiels. Preuve qu'il  s'agit d'un voleur qui a l’œil à la caisse et n'a que le niveau du caissier, ne comprenant rien aux sciences économiques et financières

7 - toujours agressif et sans respect pour les valeurs de ce pays

8 - il promet de changer la face de la Mauritanie durant les années à venir alors que "son mandat" finit dans un an. Il n'a pas voulu avouer qu'il est candidat parce qu'il a entendu d'autres dire, dans pareilles circonstances, "le moment venu, je répondrai" … et il l'a répété.

9 - il a répété que les élections relèvent de la CENI et que celle-ci est totalement indépendante mais il affirme que les élections ne peuvent être reculées sauf d’une ou de deux semaines.

10 - l'événement est titré : rencontre directe avec le peuple alors qu'il s'agit d'une émission, d’un show télévisé avec des spectateurs dans la salle ou une sorte de conférence de presse ! Le peuple n'a eu droit à la parole que trois fois, tout le reste a été pour le journaliste Beaucoup de gens criaient sous les tentes.  Pour contester, saboter ou demander la parole ?? On n'a pu le savoir !!

11 – ce n'est pas qualifiable C'est une nouvelle version de petit  Khadafi

 
12 - il a parlé de financements de projets  obtenus et dont l'étude va commencer comme si les financements peuvent s’obtenir avant étude

J'ai suivi le "supplice" intégralement. Il a duré quelques quatre heures

AMBIANCE
- il a ennuyé tout le monde :

On voyait à l'écran les gens bailler et dormir, puis de temps à autre sursauter pour applaudir  Beaucoup de gens se sont retirés avant la fin qui a eu lieu vers deux heures du matin
Tout le monde en était dégoûté, j'ai entendu des charretiers et des "michelins", c'est-à-dire des réparateurs de pneus, dire dans les rues de Nouakchott ,"il était nul, ce n'est pas un président" !!! Tous ceux qui avaient un niveau quelconque, sont unanimes : c'était minable et honteux !!

Savez-vous que cette manie qui le prend sur les chiffres depuis la dernière rencontre directe, celle d’Atar, a été provoquée par le premier document : " IRHAL, les raisons d'une revendication ". Le document commençait par des  tableaux comparatifs sur l'économie pour faire ressortir sa responsabilité, notamment le PIB et son discours, il y a un an à ATAR, a débuté par les commentaires sur le  PIB .... Cette année,  il aura fait des progrès : il a pu présenter des tableaux sur excel et un commentaire power point .

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To: b.fdef@wanadoo.fr

Sent: Sunday, August 18, 2013 1:00 PM

Subject: RE: ? la rencontre directe avec le peuple COMPLEMENT

  

13 - il a reconnu avoir été illégal mais légitime en  perpétrant un  coup d'Etat contre  le Président  élu et le processus de démocratisation naissant alors que jusqu'ici et pendant ces quatre dernières années, il jurait qu'il s'est agi d'une rectification démocratique… mais contrairement  à SONOGHO, son alter ego  au Mali, il n'a pas présenté des excuses

14 - d'ailleurs dans ce désert où nous avons soif, il a l'habitude de nous montrer du doigt des mirages et quand on arrive au point qui était à l'horizon, il reconnaît son mensonge et il nous pointe du doigt un autre horizon-mirage pour nous illusionner et nous "mobiliser" à nouveau

15 - son exposé : un  mélange du  passé, du présent et du futur  proche et lointain…bourrage et remplissage

 
16 - il dit qu'en  2013, notre agriculture couvrira 60% de nos besoins alimentaires alors  qu'on a tous les aléas devant nous : inondation, oiseaux, sécheresse  .

 

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To: "Bertrand Fessard de Foucault" <b.fdef@wanadoo.fr>

Sent: Sunday, August 18, 2013 2:27 PM

Subject: Re: ?

Aziz a été combatif et il paraissait en bonne santé. Cependant, il a fait deux aveux qui risquent de l'embarrasser a l'avenir :

- Il a reconnu que la voix sur les enregistrements du Ghanagate est bien la sienne, même s'il précise que ça date de 2006, une manière de dédramatiser, comme pour dire : "c'était avant que je devienne roi".

- Il a reconnu l'illégitimité de son régime entre le putsch d'août 2008 et la présidentielle de juillet 2009 dont il reconnaît, de facto, que 2008 fut bel et bien un coup d'Etat et non une rectification comme il disait jusque-là.