mardi 9 octobre 2012

écrit au président de la République française en vue du "sommet" de Kinshasa - 13-14 Octobre 2012

Cher Monsieur le Président de la République,

quoique sans assurance que vous ayez bien voulu prendre connaissance de la courte note sur le général Mohamed Ould Abdel Aziz (actuel dirigeant de la Mauritanie) que vous alliez rencontrer quelques minutes en tête-à-tête à La Valette vendredi dernier,

je vous prie de trouver ci-jointes dans les mêmes conditions d’expérience et de familiarité avec nos amis et partenaires africains, quelques réflexions en vue de la conférence et de vos entretiens de Kinshasa. Sujet, l’éradication de la « françafrique » pour notre bien à tous.

Je suppose qu’au Sénégal, ami mais de vieille culture française, débatteuse et démocratique (les « quatre vieilles »), donc aux élites particulièrement averties de nous et brillantes, vous ne parlerez pas afin de ne pas continuer la série des discours à mettre en regard avec ceux de votre prédécesseur, à peu près aux dates correspondantes des deux mandats présidentiels de 2007 et de 2012. Ce mimétisme de forme et de rythme en calendrier est mortifère. En revanche, écouter à Dakar et à Kinshasa, interroger… pour ne rapporter éventuellement qu’en point de presse final ce que vous retenez de ces jours-là, serait une vraie rupture dans la forme, laissant attendre une maturation française,  donc l’invention du nouveau cours que vous avez annoncé en campagne et à Tulle. Combien je le souhaite.

Par prochaine lettre, je me permettrai de vous dire ce que m’inspire la courbe actuelle du commencement de l’exercice de vos hautes fonctions.

Dès maintenant, vous résumer deux choses.

 Je suis très favorablement frappé par une évidence peu commentée. Vos décisions sur une priorité macro-économique et financière : le rétablissement de nos équilibres budgétaires « à tout prix » et, d’autre part, les projets de législation sur le mariage homosexuel et les familles qui en seront issues, ont provoqué dans l’opinion des débats sans précédents en France. On discute dans tous les milieux de notre société où que ce soit mais chacun à sa manière, de ce qui était laissé à d’autres ou à des experts ou à des minorités. C’est passionnant, attentif et paisible. Mais c’est général. Enfin, nous apprenons à débattre. Ricoeur ne nous en croyait pas capables. Or, le débat est évidemment le terreau de la démocratie et du respect d’autrui, de sa connaissance surtout.

D’autre part, la communication n’est plus une manière de gouverner ou d’animer, elle est une guerre. La guerre des rumeurs notamment au sujet de la fiscalité. Depuis votre investiture par le Parti socialiste, elle n’a cessé de s’organiser et de proliférer. Condamnation sur ce que l’on vous prête, non sur ce que vous faites. Sans doute, la droite a manqué – à propos des législations en projet sur le mariage et sur les débuts ou fin de vie – ce à quoi elle avait réussi en 1984 contre François Mitterrand et le regretté Alain Savary : mettre l’Eglise de son côté et lui faire donner le gros des manifestations. Il y a un travail d’exposé, localement et partout, qui doit être fait : le Parti socialiste, les députés de la majorité sont là pour cela. J’y encourage le « mien ». Avec du matériau fourni par le gouvernement, très simple.

Je garde pleine confiance dans votre libre examen sur tous les sujets et – par votre calme et votre ténacité, si je puis prendre la liberté de vous dire ainsi ce que je vois et comprends – votre capacité de rebond, au moment nécessaire et vrai.

Vous savez toute ma déférente pensée pour vous et ma disponibilité pour concourir à ce que vous voulez incarner pour nous.

P J – une note et ses deux annexes
mises en ligne seulement à l’ouverture de la conférence – soit le samedi 13 au matin

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