vendredi 6 juillet 2012

une enquête sur deux questions pour un avenir immédiat ?


Réponses d’amis mauritaniens
à deux questions précises qui m'ont été posées par un tiers :
- un putsch bientôt ?
- l'islamisme, un danger ?


- Un putsch bientôt ?

A Nouakchott, les choses se gâtent avec le Mali à cause de la carte de séjour. Ils veulent instaurer la réciprocité et taxer le bétail. Pour rappel, il y a 80.000 mauritaniens recensés au Mali et 5.000 maliens en Mauritanie. L'accord bilatéral de libre-circulation a été signé par Mokhtar Ould Daddah et Modibo Keïta en 1963.

De leur côté, les sénégalais, après le mauvais accueil réservé à leur ministre des affaires étrangères, ont pris la résolution, en cabinet restreint, de ne pas tomber dans le "piège de Aziz" ; selon eux, ce dernier cherche le conflit ouvert avec Macky Sall, au motif qu'un Président pullarophone au Sénégal, contribue à réveiller le nationalisme Peulh en Mauritanie. Cette thèse est inspirée, à Aziz, par deux de ses conseillers occultes : Mohamed Yehdih Ould Breidelleil (père du Baathisme en Mauritanie) et Ahmed Ould Wafi. Ce dernier vous dit sans doute quelque chose puisque Mokhtar Ould Daddah en parle, dans les toutes premières pages de ses mémoires, comme étant celui qui as informé Abderahim Boabid de l'imminence du putsch de 1978.

Par ailleurs, l'axe Abidjan-Ouaga-Niamey-Nouakchott, sous l'impulsion de Paris, se mets en place pour se lancer à l'assaut du Nord Mali, seulement voilà, les quatre pays ne peuvent pas mettre plus de 3.000 hommes dans l'opération, or il en faut dix fois plus !

Aziz est le plus "va-t-en-guerre" des quatre, il a besoin de cette guerre pour susciter l'union sacrée et marginaliser l'opposition et, à défaut d'un conflit au Mali, il aimerait bien en avoir un avec le Sénégal.

Donc pour répondre à la question (putsch ou pas ?), je pense que Aziz tient bien l'appareil et gâte trop les officiers pour qu'il y ai danger. Cependant, si jamais la guerre éclate, alors oui, le risque de putsch sera réel : Aziz ne reculera pas et lorsque l'armée mauritanienne enregistrera quelques défaites, alors oui, il y aura bien quelques officiers pour déposer Aziz afin d'arrêter la guerre. Vous connaissez bien ce scénario c'est le même qu'en 1978.

- L'islamisme, un danger ?

Là, c'est un vaste sujet. De toute façon il faut séparer l'islamisme terroriste (AQMI, Ansar Dine ... etc) de l'islamisme qui accepte de jouer le jeu démocratique (Jemil Mansour et ses amis). Pour les terroristes, la solution de Aziz, théoriquement, est la bonne sauf que lui il s'y prend mal, il veux foncer tel un taureaux, seul, alors que cela demande un minimum de coordination avec les pays concernés (Mali, Algérie, Tchad, Niger et bien sûr la France).

Pour ceux qui ont un parti reconnu, des élus et qui veulent jouer le jeu démocratique, ma foi la porte est ouverte et même si on partage pas leurs idées, ils ont le droit de se présenter et s'ils gagnent, alors il faut les laisser gouverner : s'ils réussissent, tant mieux pour le pays. S'ils échouent alors ils ne pourrons pas échapper à la sanction des urnes.

L'expérience algérienne nous a appris que le fait de les empêcher de gouverner, par la force, alors qu'ils ont gagné loyalement ne pourra que mal se terminer. Or, avant le printemps arabe, l'Algérie était l'unique pays arabe "sunnite" où les islamistes ont gagné une élection. Depuis, ils ont gagné toutes les élections mais on n'a pas encore assez de recul. En Mauritanie, ils peuvent gagner. Si la rue monte en puissance, et s'il y a des morts, les islamistes sont les seuls qui irons au  devant des balles, et ce "sacrifice", ils en récupéreront les dividendes politiques, en cas d'élection.


 
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L'islamisme, un danger pour la Mauritanie?

Je crois vous avoir fait part en octobre-novembre . . . de mon point de vue sur l'islamisme politique et la nécessité d'en faire un acteur normal du jeu démocratique.

J’avais milité fortement auprès du Président Vall . . . pour la reconnaissance du parti Tawassoul en soutenant les mêmes arguments. Mais il était resté hermétique à nos arguments au motif qu'il n'a pas d'islamisme modéré et que l'islamisme, c'est « la gandoura et la Kalachnikov ». En somme, une vision biaisée et réductrice d'un colonel des renseignements. Heureusement, le Président Sidi a mieux compris et Ely lui-même vient de reconnaître qu'il a évolué et est devenu un partenaire politique de ces Islamistes.

Ce qu'il faudrait noter, c'est que les Islamistes ont, comme partout, en Tunisie ou Egypte, une straégie claire et élaborée pour la prise du pouvoir. L'un de leurs meilleurs idéologues, Md El Moktar Chinguitti, un universitaire travaillant pour le Qatar,a théorisé récemment les éléments de cette stratégie qui devrait s'appuyer sur l'alliance de 4 forces politiques et sociales: les haratines, les étudiants, les militants de la COD et les Islamistes.La question est de savoir quel temps prendra ce processus de conquête du pouvoir ?Tout indique qu’il est loin d’être arrivé à maturité, leurs résulats électoraux n’ayant jamais dépassé 5 ou 7 %...mais nous savons qu’il y’a parfois des accélérations imprévisibles et brusques de l’Histoire…
Du point de vue de leur doctrine politique, nos islamistes pourraient être classés comme un parti conservateur sur le plan des questions de société et de morale religieuse, du centre pour les questions économiques et plutôt à gauche pour les questions sociales et identitaires.

Donc,c'est un parti complexe au sens de Morin et je ne pense pas personnellement qu'il représente un danger au regard de son idéologie officielle. Un autre élément important est à prendre en considération: la montée des salafistes (voir le cas de la Tunisie) fait des Islamistes modérés un partenaire à soutenir et encourager comme rempart contre l'extrêmisme et l'intolérance religieuse qui vire facilement vers la violence et le terrorisme.

 
Un coup d'Etat ?

Comme chacun sait, la science de prévision dans ce domaine est encore très inexacte. II est évident que la stratégie de la COD vise à en créer les conditions, persuadée que le changement du pouvoir passera soit par un coup d’État ou une révolte populaire(et c'est Ahmed O Daddah lui même qui me l'a confié  personnellement en tête-à-tête il y'a quelques mois).L'entrée en scène d'Ely et de plusieurs anciens officiers supérieurs conforte cette thèse.
Je pense personnellement que tout nouveau coup d’État serait une aventure aux conséquences incontrôlables et que seul le dialogue et le consensus entre toutes les forces politiques pour un pacte national de changement démocratique et de développement permettrait à notre pays de sortir de la situation actuelle. La France, avec d'autres puissances, devrait jouer son rôle dans ce sens.

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1- Le coup d'Etat :

même si on ne sait jamais quand  vient un coup d'Etat, ni de qui, la situation actuelle de notre pays est, on ne peut plus favorable à un changement de régime par la force : le général qui n'a jamais eu un seul jour de grâce est "usé" par ses errements, la crise politique s'aggrave et l'impasse politique est sans sortie, la sécheresse perdure et ne semble pas près de prendre fin, l'économie a été transformée en une économie de rente pour ould abdel aziz et sa famille, le peuple grommelle son exaspération et, pour couronner tout cela, des bruits de bottes se font entendre sur la frontière est du pays; sinon dans l'est du territoire. Et que dire des relations exécrables de l'actuel pouvoir avec tous nos voisins!!! L'effondrement du régime de MOAA est inéltuctable. Quand? Ca peut être demain, dans une semaine, dans un mois, dans un an. Cela arrivera. Le pays attend au mieux un putsch comme les précédents, avec une accalmie politique et de nouvelles espérances de réformes; au pire une insurrection à la guinéenne ou à la malienne, voire une invasion d'Aqmi ou des azawadiens...et bonjour les dégâts.

2- L'islamisme est-il un danger?

Non et oui. Non, car la Mauritanie étant un pays de soufisme et de tradition religieuse modérée et tolérante ; le radicalisme religieux n'a que peu de chance d'y prospérer. C'est d'ailleurs ce qui explique le manque d'assise de la fameuse cellule mauritanienne d'Aqmi en Mauritanie. Les premiers à le savoir sont les dirigeants de la nébuleuse terroriste eux-mêmes : N'évitent-ils pas jusqu'à  présent, d'installer des bases chez nous malgré l'immensité du désert mauritanien? C'est ce qui explique, aussi, que le candidat de Tawassoul aux dernières présidentielles n'ait obtenu que moins de 4% des suffrages, malgré la force de mobilisation des islamistes modérés et leur revendication d'une culture démocratique. Le peuple mauritanien n'est pas préparé au radicalisme islamiste.

Oui, si la déliquescence actuelle du pays se poursuit et si les errements de MOAA poussent davantage de franges de notre peuple au "désespoir" politique : La jeunesse vouée au chômage et à l'inculture, les haratines condamnés à la misère et à la marginalisation, les populations de la vallée laissées au communatarisme et au racisme à  rebours, les tribus entières victimes de la stigmatisation et des règlements de compte, les commercçants et hommes d'affaires piétinés par les proches de MOAA... Tous peuvent basculer dans le radicalisme (religieux ou autre) ou s'allier avec n'importe quels radicaux pour évincer le rambotin des sables. L'islamisme radical est, il est vrai, le mieux placé aujourd'hui pour cueillir le fruit de toutes les rancoeurs et les brimades commises par MOAA. Par les urnes ou par les armes. Plus probablement par les armes. Une grande partie des chefs et sous-chefs des factions islamistes actuellement en action au Mali sont mauritaniens. Il serait imbécile d'ignorer qu'ils pensent à prendre le pouvoir à Nouakchott et tout autant de croire qu'ils ne le peuvent pas! L'armée mauritanienne n'a jamais été aussi vulnérable qu'aujourdh'ui; car il lui manque l'essentiel pour se lancer dans une guerre : une cause et un moral. Si Aqmi engage une opération de conquête de notre pays, l'est tombera dans moins d'une semaine et le reste suivra très probablement.

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Je me permets de partager avec vous deux documents de l'Inspection générale d'Etat qui, tout en étant aux ordres de MOAA, n'a pas pu cacher les manifestations de la gabegie du régime de celui-ci.
L'un des documents porte sur la Société Mauritanienne des Hydrocarbures qui gère les ressoruces pétrolières et dont le directeur indéxé n'est autre que le frère de l'actuel ministre d'Etat à l'Education nationale et le demi-frère de MOAA !!!
Le second concerne le ministère de la santé et le ministre indéxé, Ould Horma agissait sous les ordres de MOAA au bénéfice d'une société d'intrants médicaux très liée à la famille de MOAA. Il est actuellement Président du Conseil d'administration d'une société soudano-mauritanienne d'approvisionnement en mer des bateau en mazout dont le capital est, semble-t-il en partage entre MOAA et Omar Béchir !!!

Horma député était ambitieux, mais national. Il apparaît que son "ralliement" à la prétention marocaine n'était certainement pas une militance pour l'annexion mais une stratégie pour hâter l'indépendance de la Mauritanie. Reste qu'il a eu du sang sur les mains en 1960-1962, mais le président Moktar Ould Daddah lui pardonna, comme probablement la plupart des Mauritaniens (dîner intime en 1976).

Dans les analyses Mali, islamisme, facteurs de déstabilisation plus du pays que de MOAA, intégrez-vous la drogue. C'était un élément à la fin de Maaouyia. Cela a-t-il empiré ?

La drogue est, de toute évidence, un facteur essentiel dans la détermination de la donne sahélienne. Les fameux groupes djihadistes sont pour la plupart, en réalité des couvertures pour les réseaux de trafc de drogue. Ca, c'est connu. Les choses se compliquent chez avec, de sources concordantes, l'implication de figures importantes du régime actuel dans ces réseaux. Un documentaire de France2 avait déjà, en 2009-2010, révélé que des personnalités mauritaniennes dont de hauts gradés de l'appareil militaire étaient en relation avec la filière américaine du sud via la Guinée Bissau. Les mauritaniens eux chuchotent, presque tous, que des proches de l'actuel pouvoir sont également impliqués dans ce commerce. La présence de trafiquants en Mauritanie date du temps de Maaouya comme vous l'avez dit.Elle  ne serait pas étrangère à  l'attaque de la base de Lemghaity (juin 2005) qui a marqué un tournant dans la déconfiture du régime de l'ancien président.

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Pour ce qui est de la situaton,les gens ne semblent pas douter que quelque chose est en l'air;Quand ?Comment? ce sont là des questions qui ne peuvent pas avoir de réponse et heureusement !
Ces derniers temps je suis plutôt sur le Mali et partant sur le véritable problème de cette sous-Région. et je suis arrivé à la conclusion que notre problème avec un grand "P" en Afrique de l'Ouest, c'est la drogue qui finalement soutend aussi bien les situations en Giunée Bissaue,en Mauritanie au Mali et un peu partout dans l'Ouest Africain, à des degrés différents, suivant les Pays!Et cela m'inquiète parce que les réseaux sont secrets et les Narco ne badinent pas!Jusqu'à quel point tel ou tel Pays est "embourbé", seuls les services spéciaux peuvent s' y risquer et encore s'ils ne sont pas embourbés eux aussi !De nos jours ils ne faut rien exclure!
Qui est derrière Sanogo ? Qui a voulu éliminer Traoré qui est le seul Symbole encore à Bamako !
Traoré assassiné, c'est le chaos au Mali et le Chaos est une terre fertile pour le trafic! Heureusement que la France l'a exfiltré  et le garde encore en sécurité ce
qui est un excellente chose.Il ne faut surtout pas qu'il revienne maintenant, ce serait le jeter dans la gueule du loup
Tout le monde est d'accord que l'Algérie est une pièce maîtresse pour tout réglement! Mais l'Algérie ne veut pas de l'intervention militaire de L'Occident par Cedeao interposée !On comprend aisément pourquoi, Elle privilégie le Dialogue
Seulement voilà, à Bamako il n'y a pas de pouvoir!Diarra n'est assi sur rien et s'il essaie de croire en lui, il risque de lui arriver ce qui est arrivé à Traoré!
Qui va dialoguer avec qui ? Et quels sont les sujets à débattre !
Il faut d'abord recréer le pouvoir à Bamako et ça seule une force extérieure peut le sécuriser ! Il faut bien que l'Algérie s'y résolve!

Et notre problème cher Ami est désormais intimement lié au problème au Mali ne serait-ce qu'à cause de notre dénominateur commun !
Dénominateur commun : l'Azaouad ?

Le dénominateur c'est la drogue


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