lundi 23 juillet 2012

journal de maintenant - lundi 23 juillet 2012


Lundi 23 Juillet 2012

Je consulte quelques-uns de mes amis sur le premier jet de cette note de synthèse sur la moment mauritanien. Echange avec l’un des plus éminents.

                En réponse à votre envoi du 22 Juillet, j’ai lu avec beaucoup d’attention votre projet de note « à circuler parmi [nos] compatriotes, puis à Paris et à Bruxelles ».
                Je le trouve très bon et fort juste au plan de l’analyse historique et des projections pour l’avenir.
               Seule chose sur laquelle je voudrais à nouveau insister : mon pays ( qui reste dans l’attente de l’émergence d’une Nation et de la constitution d’un Etat) est d’abord et avant tout une   « civilisation», celle de l’Islam à ses origines dont l’inspiration humaniste et démocratique initiale sunnite-malikite, a été transférée telle quelle de Médine aux confins sahariens qui l’ont conservée intacte dans leur cocon désertique inaccessible aux remous ultérieurs consécutifs aux divergences intervenues à l’occasion puis à la suite de l’accès du Khalife Ali au pouvoir (mouvements khawarij, chiites, mutesilites,  etc.), divergences dont nous assistons encore aujourd’hui aux conséquences et desquelles s’inspirent tous les syncrétismes fondateurs du folklore bâti en Occident sur l’Islam et ses « caractéristiques ».
                Etant les héritiers d’une telle civilisation et baignant dans la culture de modération, d’ouverture d’esprit et de tolérance qu’elle a engendré, nous méritons, à mon sens, d’instaurer chez nous (d’autres, s’ils y réfléchissent suffisamment à partir  de leurs propres valeurs, pourraient nous y aider s’ils le veulent) une « politique de civilisation » pour reprendre, encore une fois, le titre du philosophe et sociologue Edgar Morin.
                Voilà, pour être bref, ce qui m’amène, pour ma part, à établir l’ordre de vos paragraphes, comme suit :
I.                    Mémoriser
II.                  Interpréter
III.                Discerner
IV.                Elaborer
V.                  Innover
J’ajoute et c’est, je le sais, un souci qui vous tient à cœur, que le caractère pluri-ethnique de la Mauritanie, (et vous en donnez la preuve en rappelant les faits de 1966 et suivants) n’est en rien antinomique de l’unité du pays ( garantie d’abord et avant tout par le ciment civilisationnel et culturel qui constitue tronc commun) et que les apparences tribales et claniques sont ici une richesse et une sécurité sociale qu’il convient certes de moderniser, mais qu’il est inutile et dérisoire de continuer à vilipender tout en en faisant un usage politique honteux pour le pouvoir et avilissant pour les individus.

Votre lettre est belle et ensemençante. Vous faites une percée - surtout pour un esprit français - en disant qu'un peuple, un pays  comme la Mauritanie est d'abord une civilisation, et vous renvoyez-référencez évidemment à l'Islam qui est certainement pour le croyant nbien plus englobant que le christianisme l'est pour le chrétien. Ce qui m'a toujours frappé en Islam tel que je le partage avec vous, certains de vos compatrotes et avec le Président Moktar, c'est la tolérance et la culture du pluralisme. Certainement Chinguitt est un môle d'authenticité et de pureté. Un immense ribat.

Le pluru-ethnique quand il est accepté et reconnu est certainement le plus fort facteur d'unité. Le nier c'est aller aux fractures et aux dubitations, certains pays en Europe l'ont vécu, une partie de la crise française est de cet ordre.

Oui pour la sécurité - par la solidarité - sociale selon les liens de toujours et qui survivent. La leçon vaut pour les institutions politiques, il y a à puiser dans la manière traditionnelle de vos collectivités de débattre et décider.

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