mardi 10 juillet 2012

anniversaire de l'anti-fondation - 6 - une explication de Mohamed Khouna Ould Haïdalla (2), publiée par Le Calame le 9 Août 2011


Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, Premier Ministre de Haïdalla


Vous allez réfléchir à votre période de gouvernement, mais on peut peut-être parler – parce que vous en avez certainement le souvenir – de la manière dont cela s’est terminé ? l’on accuse beaucoup la France d’avoir cessé de vous apprécier (si jamais elle vous a apprécié, ce que je ne sais pas) et vous avez cependant fait de Maaouiya pendant un certain temps, votre homme de confiance. Il a a été votre Premier ministre, il a été votre chef d’état-major national, il était devenu votre second.

Au moment de la désignation de Bousseif comme Premier Ministre, Maaouiya était déjà démissionnaire sous Moustapha. Il a fallu beaucoup d’effort de ma part pour le faire désigner dans le nouveau Comité militaire, malgré l’opposition de Bousseif. C’est sous mon pouvoir que Maaouiya a réellement commencé son ascension, d’abord comme commandant de la gendarmerie nationale, ensuite comme chef d’état-major de l’armée nationale et enfin comme Premier  Ministre et ministre de la Défense nationale.

A la fin de l’année 1980, la situation du pays s’est considérablement améliorée sur le plan économique et en ce qui concerne la cohésion nationale. Le secteur de la pêche, qui n’existait que de nom, s’est spectaculairement développé : une flotte nationale de plus de cent bateaux a vu le jour et plusieurs frigos. et industries ont poussé dans la ville de Nouadhibou. La raffinerie de pérole de Nouadhibou et l’usine du sucre de Nouakchott ont été mises en marche. Plusieurs industries ont vu le jour à Nouakchott [1]. Sur le plan financier, notre situation était très bonne [2].

C’est à ce moment précis que le Comité militaire de salut national (C.M.S.N.), sur ma proposition, a décidé de céder le pouvoir à un gouvernement civil pour préparer des élections pluralistes dans un délai de six mois [3]. Pour cela, le C.M.S.N. a préparé un projet de Constitution qui devait être présenté au referendum du peuple. Le Maroc, pensant probablement que l’arrivée d’un régime élu démocratiquement pouvait garantir la stabilité en Mauritanie et donc le désavantager, a décidé d’envoyer le commando de Kader.

La tentative de coup du 16-Mars : comment l’expliquez-vous ? Abdel Kader avait quitté le C.M.S.N. Il l’avait quitté à quel moment ?

Je suis arrivé au pouvoir le 6 Juin 1979. Le colonel Kader a été désigné comme ministre de l’Education nationale dans mon premier gouvernement. Moins de deux mois après sa nomination, il était venu me voir pour le dire qu’il était malade et souhaitait aller à l’extérieur pour se soigner. C’est sur son chemin pour se soigner, qu’il nous a envoyé sa démission, à partir de Dakar [4]. De là, il a rejoint le Maroc, où il a créé son « organisation d’oficiers libres » qui avait pour mission essentielle de renverser le régime en Mauritanie. Après une préparation intensive au Maroc, Kader avait convaincu ses amis marocains de l’efficacité d’un petit commando pour changer le régime en Mauritanie. Son plan prévoyait son irruption dans la réunion du Comité et l’élimination de deux ou trois personnes qui faisaient obstacle, selon lui, à son projet. Malheureusement pour lui, nous avons suivi les préparations marocaines en vue d’une agression contre notre pays et nous avons reporté la réunion du Comité en demandant aux commandants de région de rester sur place.
Le commando n’ayant pas trouvé le Comité réuni, a été pris de panique. Il a tué plusieurs personnes dans la rue et devant la présidence. Certains de ses membres avaient pris la radio et l’état-major. Mais très tôt, les éléments des Forces armées et de sécurité qui étaient sur place, les ont arrêtés [5].

Vous n’étiez pas là…

Je n’étais pas là. J’étais parti avec des attachés militaires. Les Marocains chantaient partour que nous avions donné une base au Polisario à Chegatt. J’avais emmené là les attachés militaires français, anglais et américain.

On m’a dit que Maaouiya était attentiste, à cette époque, entre Kader et vous, et qu’il se serait même porté fort que la réunion du Comité avait bien lieu.

Je ne pense pas que Maaouiya était attentiste. Il était envisagé d’éliminer Ould Boukhreiss, le Premier ministre qui était Bneijara et moi-même.

Et, à votre avis, Kader « roulait » pour les Marocains ou bien il avait eu éventuellement un contact avec le président Moktar ?

Je pense que Kader roulait pour les Marocains et le régime de Moktar avait été le principal allié des Marocains.

Je vous pose la question, parce que je n’ai aucune réponse. Je sais que le Président avait de l’estime pour Kader [6] mais je n’en sais pas plus.

Si vous lisez le livre du président Moktar, vous voyez qu’il dit que Kader a perdu la vie en combattant pour le rétablissement de la légitimité démocratique [7].

Il fallait fusiller Kader et ses compagnons ? A l’époque, vous n’aviez pas le choix ? il fallait les fusiller, en Mars 1981 ?

Je peux vous assurer que parmi les membres du comando, il y avait l’un de mes meilleurs amis. Mais à ce niveau de responsabilité de l’Etat, le sentiment ne peut plus jouer. Ces gens avaient quand même tué plusieurs personnes innocentes. La justice devait être appliquée. Nous n’avions pas le choix [8].
Le commando démantelé, le C.M.S.N. s’est réuni pour étudier la nouvelle situation du pays. Cette réunion a révélé une grande divergence des points de vue du Comité. Tous les officiers subalternes et une partie des officiers supérieurs ont demandé le retour de l’armée au gouvernement. J’étais moi-même contre ce retour et après plus d’une semaine de discussion, nous avons passé au vote comme prévu par la charte du C.M.S.N. Mes amis et moi avons été mis en minorité. Sur le coup, j’avoue que j’avais pensé à démissionner. Mais l’idée que cette démission, dans un moment pareil, pouvait être interprétée par la population comme une fuite, m’en dissuada. J’avais donc décidé de reprendre la situation en mains et j’ai aussitôt désigné un gouvernement dirigé par le chef d’état-major de l’époque, en l’occurrence Maaouiya et dont les postes-clefs sont tenus par des officiers.

Le projet de Constitution fut alors abandonné ou plutôt reporté à plus tard.


Le « 12-12 » 1984 et la privation de liberté jusqu’en 1991 ?


Pendant les dernières années de mon exercice du pouvoir, il y avait deux groupes d’officiers, ceux du groupe du 10 Juillet qui étaient au courant du coup d’Etat, et les autres. Ces deux groupes s’opposaient et chacun cherchait à éliminer l’autre. De mon côté, je n’ai pas voulu prendre position pour l’un des groupes. C’est surtout le groupe de Maaouiya qui a cherché à m’éliminer pour deux raisons, de mon point de vue.

La situation économique que Maaouiya, Premier Ministre, a laissée, était très mauvaise et j’étais obligé de prendre très rapidement des mesures pour redresser la situation. Ces mesures, dont la création de la Société de commercialisation des produits de la pêche, l’ont vexé. Il pensait qu’on aurait pu les prendre pendant qu’il était Premier Ministre.

Deuxièmement, nous étions en discussion avec le Fonds Monétaire International. Certains fonctionnaires faisaient circuler parmi les membres du Comité militaire que si les conditions du F.M.I. étaient acceptées, le paysage mauritanien allait totalement changer et que le développement aller s’installer définitivement dans le pays. Moi, de mon côté, je pensais que les conditions avancées par le F.M.I. étaient inacceptables et qu’il fallait négocier ces conditions, dans l’intérêt de nos populations.

Décembre 1984, comment cela se passe-t-il ? vous avez eu des soupçons 

Plusieurs indices auraient pu créer en moi des soupçons : quelques jours avant mon départ pour Bujumbura, le général Jeannou Lacaze vient sans être annoncé à Nouakchott. Il me dit qu’il est envoyé par le Président Mitterrand pour se montrer sur notre frontière Nord afin de dissauder le Maroc d’attaquer la Mauritanie.

La veille de mon départ, le Président Arafat arrive à Nouakchott, sans être attendu, pendant le week-end. Dans ma recherche de quelqu’un pour accueillir notre hôte, je tombe sur le commandant Cheikh Sid’Ahmed Babamine, secrétaire permanent du C.M.S.N. Celui-ci, très troublé, me dit : « j’étais en permission, mais le mauvais temps m’a obligé de revenir à Nouakchott ».

Le jour-même de mon départ, je trouve devant moi, au pied de la passerelle, le colonel Jall Abdoulaye, ministre de l’Intérieur, qui était en consultation en France, alors que son retour n’était pas prévu. Interrogé sur son retour inattendu, il me dit qu’il a appris que je devais voyager et qu’il est venu pour assurer l’interim.

On a dit que les Français et le Président Mitterrand, vous ont forcé à y aller… à ce sommet.

Le Président Mitterrand m’a effectivement envoyé son conseiller, Guy Penne, pour me dire que des problèmes importants devaient être discutés et que ma présence était indispensable. Lui-même, le Président Mitterrand m’a téléphoné pour me demander de faire le voyage de Bujumbura.

Que s’est-il passé pour vous, à ce moment-là ? vous avez appris le coup d’Etat, cela s’est passé sous forme d’une mise en minorité au C.M.S.N. ?

Non ! à Bujumbura, je n’ai rien appris. C’est seulement, au moment de décoller, après mon escale à Brazzaville, que le Président Sassou N’Guesso m’envoya quelqu’un pour me demander de retourner le voir. C’est lui qui m’a annoncé la nouvelle. Il m’a retenu chez lui toute une nuit et une matinée, et m’a demande de rester chez lui, ou de passer par l’Algérie. J’ai tenu à rentrer dans mon pays. Le Président Bongo m’a conseillé de passer le voir avant de rentrer en Mauritanie. J’ai promis mais je ne suis pas passé. Sur mon chemin de retour, j’ai fait escale à Abdijan. Le Président Houphiet-Boigny m’a envoyé une délégation de trois ministres pour m’exprimer son indignation à la suite du coup d’Etat.

A Abidjan, les pilotes français de mon avion ont refusé de décoller pour Nouakchott, mais ont fini par décoller pour Dakar. C’est seulement, au cours du trajet, que nous avons été autorisés à atterrir à Nouakchott. Là, j’ai été accueilli par l’officier-adjoint de la 6ème région militaire, le lieutenant Sidi Ely, et j’ai été aussitôt conduit à J’Reida en compagnie du directeur de mon cabinet, Saïbout. Celui-ci ne fera avec moi qu’une nuit.

Je suis donc resté à J’Reida exactement un mois et trois jours. Je fus ensuite transféré à Kaédi où je suis resté un an et un mois dans des conditions très dures. En effet, j’ai été installé dans une petite maison où toutes les issues étaient fermées. J’ai vécu tout mon temps à Kaédi dans une semi-obscurité, sous un climat chaud et humide. J’ai souffert de la chaleur et des moustiques. Les interventions du gouverneur de l’époque, le commandant Salem Ould Meinou, pour assouplir mes conditions n’ont servi à rien. Passé tout ce temps dans ces conditions difficiles, j’ai décidé enfin d’écrire au ministre de l’Intérieur pour lui signaler les risques que je courais pour ma santé. Une semaine après-, on me transféra à Tamchakett, localité où le climat est beaucoup plus clément. Je me suis alors trouvé dans un ancien camp de l’armée française où je pouvais, de temps en temps, voir le soleil.

Les visites étaient interdites jusqu’en 1988. A partir de cette date, je pouvais recevoir la visite de ma famille tous les trimestres pendant cinq jours, et ma nourriture s’est améliorée considérablement. Je pouvais même, de temps en temps, faire un peu de marche avec les gardes.

Il y a eu une impression, au moment où Maaouiya a pris le pouvoir… certains, y compris des anciens ministres de Moktar, ont cru que Maaouiya allait établir la démocratie assez vite, et ils se sont mis assez vite à sa disposition [9]. Au bout de deux ou trois ans.

Oui, Maaouiya a trompé tout le monde. Il avait donné l’impression qu’il était sérieux, qu’il était propre, qu’il était tout. En réalité, Maaouiya que nous avons pensé… n’est absolument pas le vrai Maaouiya.

Vous êtes resté en prison combien de temps ?

Quatre ans. Mais à partir de fin 1988, j’ai été envoyé en résidence surveillée au puits de Tomi, jusqu’en 1991.


La relation avec Ould Taya après la libération

En 1991, Maaouiya a décrété une amnistie générale [10]. L’amnistie décrétée, je suis rentré à Nouakchott, malgré l’opposition de l’élément de la police qui me surveillait. J’avais alors décidé de passer à l’opposition et d’appuyer la candidature d’Ahmed Ould Daddah à la Présidence.

L’élection de 1992 a été marquée par une fraude massive. L’opposition était très forte [11] et c’est le légalissime candidat qui a empêché les manifestations dans la rue. A partir de cette élection, Maaouiya a durci sa répression. Une maladie psychologique et mentale semblait l’envahir. Il a commencé à se méfier pratiquement de tout le monde.

Après l’élection de 1992, les proches parents de Maaouiya ont fait des démarches pour me faire rencontrer avec lui. Ma première audience avec lui fut organisée par son oncle maternel, Mr. Sidi Mohamed Ould Oumar, député d’Atar. Au cours de cette audience, Maaouiya m’a dit que ma place n’était pas à l’opposition et que je devais être à ses côtés. Je lui ai répondu que j’étais déjà à l’opposition, et que par conséquent, je ne pouvais pas adhérer à son parti. Tout ce que je pouvais faire, c’était de me désengager de l’opposition, sans aller au P.R.D.S.. il a aussitôt saisi l’occasion pour me dire que je pouvais être plus utile pour le pays en restant une autorité morale au-dessus de la mêlée. J’avais alors accepté sa proposition. Depuis lors, nous avons eu plusieurs rencontres, mais nos relations sont restées en dents de scie.

Plusieurs fois, je l’ai rencontré. Plusieurs fois, je l’ai conseillé… mais très tôt j’ai compris que ce n’est plus celui que j’avais connu. J’étais franc avec lui mais il ne m’a jamais fait confiance.

C’est plutôt vous qui demandez à le voir que lui qui demande à vous consulter ?

C’est le plus souvent moi qui demandais à le voir. Il me recevait très rapidement ; il ne me demandait jamais de conseils ou des informations sur les problèmes de l’Etat. Par contre, il a toujours montré beaucoup de prédispositions pour le règlement de mes problèmes personnels, prédispositions pour lesquelles je tiens à lui exprimer toute ma gratitude.

Nos relations s’étaient particulièrement détériorées lorsque toute ma famille, mon épouse et ses trois enfants furent jetés en prison sans autre forme de procès, alors qu’ils assistaient à un jugement de l’un des leurs. La rupture entre nous a été consommée lorsque je me suis présenté aux élections de 2003.

Dans les analyses du vote de 2003 [12], on pense que les originaires de la vallée du Fleuve vous ont favorisé alors que vous êtes un homme du Nord ! et que vous ne les aviez pas particulièrement favorisés quand vous étiez chef de l’Etat.

Effectivement, en 2003, j’avais fait le plein parmi les habitants de la Vallée. Je pense que ceux-ci ont voulu montrer par leur mobilisation en ma faveur leur nostalgie pour ma période de pouvoir. Comme vous le dites, je ne les avais pas particulièrement favorisés. Comme d’ailleurs, je n’ai favorisé aucune autre communauté. Je n’avais fait qu’appliquer la justice sociale sans tenir compte ni de l’ethnie, ni de la région, ni de la tribu.

Vous avez réservé, pour la fin, deux questions que je vous avais posées concernant le Président. La première : prévenu à la dernière minute, comme il l’a finalement été, Moktar Ould Daddah pouvait-il empêcher le putsch ?

Moktar pouvait faire beaucoup de choses. Il y avait plusieurs forces à Nouakchott et autour de Nouakchott qu’il pouvait actionner, par exemple l’unité de Jreida, la gendarmerie nationale et la garde nationale. Il avait surtout les alliés marocains, avec leurs troupes et leurs avions [13]. Mais, nous, nous avons surtout misé sur l’effet de surprise.

Seconde question : votre admiration pour Moktar Ould Daddah, mais un procès par contumace le condamnant en Novembre 1980 [14] aux travaux forcés à perpétuité ?

Je vous dis franchement que le premier étonné par la condamnation, était moi-même car je n’avais jamais introduit un dossier sur ce sujet. J’ai interrogé le président de la Cour de l’époque qui m’a répondu que le dossier avait été introduit avant mon arrivée au pouvoir. Quant à l’interrogatoire d’Ahmed Ould Mohamed Salah ou de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, c’est vous qui me l’apprenez !



Ces notes d’information n’engagent qu’Ould Kaïge, leur rédacteur

[1] - l’économie mauritanienne, sous le principat de Mohamed Khouna Ould Haïdalla, a connu 
de nouveaux investissements :
Octobre 1979 décision d’une nouvelle politique de pêche
(Janvier 1983 : flotte passée de 3 à 30 bateaux frigorifiques et 57 freezer boats)
7 Juillet 1980 : accords de sûreté pour le financement des guelbs
Juillet 1980 : démarrage raffinerie sucre Nouackhott 40.000 T/an
Septembre 1980
cofinancement pour aménagement de la vallée du Gorgol  noir et barrage de Foum El Gleita
8 Juin 1981 : unité de conditionnement et de stockage du ciment : capacité 70.000 tonnes par an
raffinerie de Nouakdhibou et démarrage avant 1er Juin 1981
1983 phosphates = SOPHOSMA (privés mauritaniens et Ferrrostaal RFA = gisement identifié 136 millions tonnes (près Bababé : demande réalisation chemin de fer)
mais aussi le plus fort de la sécheresse
Septembre 1980 : 70% cheptel décimé dans les régions est et centre à cause de la sécheresse (pluviométrie : 40% de la normale en juillet) ; déficit céréalier en 1979 = 75.000 tonnes

[2] - en net redressement  (mrds = milliards) :
avoir extérieurs 5.800 millions UM au 31 Décembre 1979 – 7.368 millions UM au 30 Octobre 1980
fin Décembre 1979
FMI accorde tirage de 10,5 millions DTS pour compenser pertes de recettes d’exporation du fer (tombées à 123 millions DTS, niveau le plus bas depuis 1974)
. budget Etat ramené de 11,4 mrds UM en 1978 et 10,7 Mrds UM en 1979 à moins 10 mrds UM en 1980
1980 recettes 6 mrds et dépenses 10 mrds
1981 recettes 7 mrds et dépenses 10 mrds
1982 projet équilibre à 11,4 mrds UM – réalisé avec 5,5 mrds déficit
1983 projet 11,9 mrds – déficit prévisible 1,875
1984 + 15%   13,7 mrds – déficit prévisible 2,8 mrds UM
1986   18,5 mrds déficit prévu de 4 mrds
1987  + 6,7% 19,8 mrds  déficit prévu de 3,8 mrds
. investissemens reprennent : 1980 + 6,2 mrds UM et 1981 + 3,5 mrds UM

[3] - le 12 Décembre 1980, Mohamed Khouna Ould Haïdalla, annonce dans une déclaration radiodiffusée
. un nouveau gouvernement civil : le Premier ministre sera responsable devant le CMSN qui « entend naturellement continuer à contrôler et orienter l’action du gouvernement jusqu’à la mise en place effective des institutions démocratiques » ; il sera « chargé en particulier, tout en consolidant les acquis dans tous les domaines de préparer la mise en place des institutions démocratiques » ;
. une constitution qui sera soumise à referendum
. « j’en appelle maintenant au sens civique et à la maturité de tous les Mauritaniens pour saisir la portée et l’importance d’une telle décision »
et le 15, est formé le gouvernement civil par Sid Ahmed Ould Bneijara, jusques-là gouverneur de Nouadhibou  après les propositions de Bneijara aient été fortement amendées par Haïdalla ; plus qu’un seul militaire, le secrétaire d’Etat à la Défense sous l’autorité directe du président du C.M.S.N. (le lieutenant-colonel Soumaré Sliman, ancien contrôleur général de l’Etat), un secrétaire général (Mohamed Yehdih Ould Breidelleil) ; Abdel Aziz Ould Ahmed, ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République, sous Moktar Ould Daddah, devient ministre de la Justice et de l’Orientation islamique ; Baham Ould Mohamed Laghdaf, ancien mininistre de Moktar Ould Daddah et ancien ambassadeur au Maroc, est ministre de l’Intérieur ; apparition de Louleid Ould Weddad, président du Mouvement national du volontariat

[4] - la chronologie est la suivante :
28 Mai 1979 - Ahmed Ould Bousseif tué en accident d’avion au-dessus du Sénégal ; le lieutenant-colonel Ahmed Salem Ould Sidi assure l’intérim du Premier ministre                            
31 Mai - Mohamed Khouna Ould Haïdalla, Premier ministre
3 Juin - le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah forme le gouvernement ; le lieutenant-colonel Mohamed Ould Louly succède comme « chef de l’Etat » au colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck, qui « démissionnaire » est écarté du pouvoir
17 Juin - le lieutenant-colonel Mohamed Ould Bah Abdel Kader, seul militaire mauritanien deux fois cité à l’ordre de la nation pour faits de guerre contre le Polisario, démissionne du Comité militaire

[5] - voir la chronique anniversaire du 16-Mars dans Le Calame du 11 Mars 2008

[6] - Moktar Ould Daddah, dans ses mémoires La Mauritanie contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 669 pages), p. 638, parle élogieusement «du colonel Mohamed Ould Abdel Kader, dit Kader, commandant notre aviation pendant la guerre et fusillé le 26 Mars 1981 avec  ses compagnons d’armes, le colonel Ahmed Salem Ould Sidi, les lieutenants Niang Issa dit Sala et Mohamed Ould Doudou Seck, pour avoir voulu rétablir la légitimité. » 

[7] - Moktar Ould Daddah écrit en effet (La Mauritanie contre vents et marées . Karthala . Octobre 2003 . 664 pages . disponible en arabe et en français) : « Je veux ici, et avant d’évoquer cette période capitale et douloureuse, rendre un hommage national et combien mérité à ceux de nos officiers ayant particulièrement et glorieusement représenté notre armée, nos soldats, nos combattants. Il s’agit du commandant Soueïdatt Ould Wedad [7], officier parachutiste, mort au combat le 20 Janvier 1976 avec ses hommes en défendant notre position d’Aïn Ben Tili, et du colonel Mohamed Ould Bbe Ould Abdel Kader, dit Kader, commandant notre aviation pendant la guerre et fusillé le 26 Mars 1981 avec  ses compagnons d’armes, le colonel Ahmed Salem Ould Sidi, les lieutenants Niang Issa dit Sala et Mohamed Ould Doudou Seck, pour avoir voulu rétablir la légitimité. » p. 639

[8] - 21-24 Mars – siégeant secrètement et à huis clos, mais en présence d’une dizaine d’avocats (AFP du 24), la Cour militaire spéciale, réunie à Jreida (caserne à 30 kms au nord de Nouakchott), condamne à mort les lieutenants-colonels Mohamed Ould Bah Abdelkader et Ahmed Salem Ould Sidi, ainsi que les lieutenants Moustapha Niang et Mohamed Doudou Seck, et aux travaux forcés à perpétuité cinq sous-officiers
25 Mars – président du Comité militaire, chef de l’Etat, le colonel Ould Haïdalla rejette les recours en grâce
26 Mars 1981 – à Jreida, exécution des condamnés à l’aube, malgré une rumeur ayant fait croire à un simulacre ; annonce à la radio, une seule fois, seulement en version arabe ; plusieurs membres du CMSN avaient demandé la grâce ; Sadam Hussein envoie Tarek Aziz pour la grâce ; celui-ci atterrit trois heures après l’exécution, aéroport spécialement ouvert

[9] - l’A.M.D. soutient aussitôt le nouveau pouvoir et son chef, Mustapha Ould Abeïderrahmane entre au gouvernement – Abdoulaye Baro et Sidi Ould Cheikh Abdallahi, collaborateurs constants et très proches du président Moktar Ould Daddah, membres du comité permanent du Parti, ministres d’Etat, y entrent aussi le 29 Décembre 1985 (le premier comme secrétaire général de la présidence) cf. entretien avec le second, publié par Le Calame, le 14 Avril 2008
ces « ralliements » avaient eu leurs précédents sous Haïdalla puisque le gouvernement civil formé à son initiative par Bneijara, le 15 Décembre 1980, comprend Abdel Aziz Ould Ahmed, ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République, sous Moktar Ould Daddah (Az 2), qui devient ministre de la Justice et de l’Orientation islamique, et Baham Ould Mohamed Laghdaf, ministre des Affaires sociales de 1968 à 1970, qui devient ministre de l’Intérieur – en Mai 1981 Mohamed Ould Sidi Ali, à qui succède en Septembre 1983 Ahmed Ould Ghanallah, et Bamba Ould Yezid acceptent des emplois de vice-ministres – enfin Bakar Ould Sidi Haïba

[10] - au sommet franco-africain tenu à La Baule, du 19 au 21 Juin 1990, le président de la République française, François Mitterrand, a vivement engagé ses pairs à la démocratie chez eux : « la France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront acomplis pour aller vers plus de liberté » ; annoncé à l’Aïd El Fitr, 15 Avril 1991, par le président du Comité militaire, un referendum adopte, le 13 Juillet suivant, un projet de Constitution rédigé sans consultations publiques par le C.M.S.N.qui ne l’a rendu public que le 10 Juin en même temps qu’étaient arrêtées de nombreuses personnalités de l’opposition

29 Juillet 1991 – promulgation  d’une ordonnance portant amnistie générale pour tous crimes ou délits d’atteinte à la sûreté de l’Etat


[11] - le 24 Janvier 1992, le colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, en possession d’état depuis sept ans, remporte l’élection présidentielle dès le premier tour en obtenant officiellement 62,8% des suffrages contre 32,9% à Ahmed Ould Daddah, les abstentions dépassant 53% - ces statistiques ont été aussittôt contestées

[12] - le 7 Novembre 2003, l’élection présidentielle est remportée dès le premier tour par le président sortant :. Maaouyia Ould Sid Ahmed Taya avec 66,69% des suffrages exprimés – Mohamed Khouna Ould Haïdalla  est en seconde position avec 18,73%, puis viennent Ahmed Ould Daddah avec 6,9% et Messaoud Ould Boulkheir avec 5,3% des voix. Les quatre perdants dénoncent, dans un communiqué commun, une « mascarade » : la participation tombe de 75% en 1997 à 60,83% - Haïdalla est arrêté quelques heures la veille du scrutin et réarrêté le surlendemain ; accusé de tentative de coup d’Etat, il est condamné le 28 Décembre à cinq ans de prison avec sursis, 400.000 UM d’amende et à une privation de droits politiques pendant cinq ans - son fils aîné Sidi Mohamed Ould Haïdalla, Ismaïl Ould Amar, le directeur de sa campagne, Ely Ould Sneiba, son porte-parole et Devally Ould Cheïne un de ses conseillers, subissent le même sort – le procès ouvert le 1er Décembre a tourné au procès du régime et s’est internationalisé : les témoins à charge disparaissaient ou se trouvaient à l’étranger, les avocats français n’avaient pas obtenu de visa

[13] - le Président a écrit dans ses mémoires, op. cit. « Je préfère me sacrifier moi-même et subir les conséquences prévisibles de la perte du pouvoir plutôt que de provoquer des heurts meurtriers et des divisions irréparables entre mes compatriotes et, en même temps, d’affaiblir nos combattants qui affrontent l’ennemi dans des conditions déjà difficiles. Etait-ce la meilleure décision ? L’Histoire la jugera peut-être. Objectivement, j’espère. Mais, ce qui compte avant tout pour moi, c’est le jugement divin. Que ce jugement me soit favorable dans l’au-delà. Au moment de terminer la rédaction de ces Mémoires, je demeure encore dans la même manière de penser. Je pouvais comprendre le fait d’être devenu un obstacle aux yeux de certains, dont les militaires. Je pouvais donc être tenté de m’effacer volontairement, pourvu que continue notre lutte pour la réunification, peut-être de meilleure manière encore. En revanche, je ne pouvais imaginer que des nationaux mauritaniens, des officiers, laisseraient en quelques jours, semaines ou mois, tomber tout l’acquis de vingt ans de notre effort. Je ne pouvais imaginer qu’ils capituleraient. Ce manque d’imagination, que mes compatriotes veuillent bien me le pardonner. »  pp. 19

[14] -  du 18 au 20 Novembre 1980, la Cour spéciale de justice à Rosso (organisée par la loi du 14 Septembre 1973) condamne par contumace Moktar Ould Daddah aux travaux forcés à perpétuité pour haute trahison, violation de la Constitution et atteinte aux intérêts économiques de la nation (art. 77, 83, 84, 112 & 171 du Code pénal), et le colonel Mohamed Ould Bah Abdel Kader à mort pour abandon de poste et désertion (art. 32 L 62-165 19 Juillet 1962 sur justice militaire et art. 18 L. 62-132 sur recrutement des forces armées), pour trahison et intelligence avec une puissance étrangère pour attaquer le pays (art. 67 Code pénal), pour création d’un Front des officiers libres. L’instruction à charge contre le Président a donné notamment lieu à l’interrogatoire d’Abdoul Aziz Sall, le 30 Septembre, en tant que président de l’Assemblée nationale, et de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, le , en tant que ministre de l’ensemble du domaine économique. Sans s’être concertés l’un avec l’autre, chacun a assuré que l’audience publique ne serait pas favorable à l’accusation.

 voir la chronique anniversaire dans Le Calame du 14 Novembre 2007

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