dimanche 19 juin 2011

un évêque - évêque de Nouakchott en République Islamique de Mauritanie

présentation biographique de Mgr Robert de Chevigny

Robert de Chevigny, homme de service

- Né le 2 août 1920 à Besançon, Robert sera baptisé le 4. Son enfance se passera essentiellement aux haras du Pin, dans l’Orne, haras nationaux dont son père est directeur.

- Enfance heureuse avec ses 4 frères et ses 2 sœurs. Ils connaîtront les sorties en calèche, apprendront les bonnes manières et enregistreront quelques mots du répertoire des palefreniers.

- Robert a 14 ans quand la famille s’installe à Versailles. Il y passera son Baccalauréat.

- En septembre 1940, Robert prononce ses premiers vœux à Piré-sur-Seiche.

- La guerre est là.

- Philosophie à Langonnet et à Cellule.

- En novembre 1942, il part pour 32 mois en Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, dans les Sudètes. Après la libération, il y prolongera son séjour afin de rester auprès de camarades malades.

- Le 3 octobre 1948, il est ordonné prêtre à Chevilly-Larue. C’est là qu’il recevra son obédience pour la Guinée : 18 ans d’intense service à Conakry et à Fria. En mai 1967, il est dans le lot des missionnaires étrangers expulsés par le président Sékou-Touré.

- Il est nommé à Lille comme supérieur de la communauté et devient également animateur missionnaire.

- Sénégal. Le grand Séminaire de Sébikotane est en difficulté. Robert y sera supérieur pendant 2 ans.

- En 1973, la démission de l’évêque de Nouakchott, Mgr Michel Bernard, est acceptée. On lit dans une lettre de Robert de Chevigny au provincial de France, Georges-Henri Thibault : « Peut-être fais-tu allusion à Nouakchott ? Si jamais cela me tombait sur le dos, j’ai bien l’intention de refuser car je ne crois vraiment pas avoir les qualités requises – et je ne suis pas le seul à le penser. Ici, à la paroisse Sainte-Thérèse de Dakar, je me sens bien dans ma peau de prêtre et de spiritain. »

- Le 23 février 1974, toujours dans la chapelle de Chevilly-Larue, le Père Robert de Chevigny reçoit l’ordination épiscopale des mains de Mgr Thiandoum, archevêque de Dakar, de Mgr Michel Bernard, archevêque-évêque de Nouakchott, et de Mgr Le Bourgeois, évêque d’Autun. En hommage à Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, alors injustement retenu dans les geôles guinéennes, il prendra la même devise que lui : « Spes non confundit » (« l’Espérance ne déçoit pas »).

- En Mauritanie, 5000 chrétiens, tous immigrés vivent au milieu de 2 millions de musulmans. 15 religieuses et 12 religieux sont à leur service. Mgr Robert de Chevigny y vivra 21 ans entièrement donné à tous, nullement effarouché par la multiplicité des cultures qui émaillent ce petit pays.

- Un fait évocateur, un seulement. En mars 1974, Robert arrive à Nouakchott. Il s’adresse au P. Paul Grasser : « Paul, avant ton départ pour 4 ans en France, fais-moi traverser le pays. (1300 km jusqu’à la frontière malienne). – Robert, cela est impossible. Je ne l’ai jamais fait moi-même. Il y a des parties sans piste et la température monte à 50° ! » On se lance. Un certain jour, le midi se passe dans l’épais Borj colonial (maison en pisé) d’un préfet. Très longue sieste. « Robert, et si nous en profitions pour célébrer la messe ? « –« Excellente idée ! » Au partage d’Évangile, on frappe à la porte : arrivent la boisson, le thé, et le préfet. Nous rangeons nos livres de prière. Le soir, dans un autre bivouac, les gens s’endorment. « Robert, et si nous continuions notre messe ? » « – Excellente idée ! » Nous déployons le corporal et sortons les hosties, etc.

- Il était ainsi, notre cher Père évêque… qui, en d’autres circonstances n’aimait guère les excentricités.

- En automne 1995, le Père Martin Happe devient le 3e évêque de Mauritanie. Robert de Chevigny va alors accomplir son rêve secret. Après une année de recyclage à Paris, il repart pour 7 ans en Guinée Conakry. Ce sera dur !

- En janvier 2003, il est affecté à la communauté de Chevilly-Larue : retraite ! Ce sera plus dur encore. Il fera encore quelques échappées pastorales (à Cherence), mais il est usé.

- Sereinement, il expire la veille de la Pentecôte.

- Le magnifique serviteur aura appris à ralentir, laissant au Maître l’honneur de l’approcher pour le servir.





6 lignes de son testament :

Je remercie la Congrégation de tout le soutien physique et moral qu’elle m’a accordé. La spiritualité du P. Libermann, présentée ou vécue par bon nombre de mes confrères de la Province de France, de Guinée, du Sénégal ou de la Mauritanie m’a fait grandir dans la Foi et l’Amour en Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Frère.
Tous nous nous retrouverons bientôt dans sa Paix et sa Joie – avec la Vierge Marie qu’il nous a donnée comme Maman du Ciel. Alleluia.
Fait et écrit de ma propre main à Paris,

Le 25 septembre 2002.

+ R. de Chevigny


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Chers amis du diocèse de Nouakchott,
vous avez lu la notice biographique du Père Robert de Chevigny, voici un petit complément.

Le Père Robert est donc vraiment mort de vieillesse, tranquillement, la veille de la Pentecôte, fête principale des Spiritains. Le mardi 15 juin, son cercueil posé entre les stalles de la Chapelle de l'ex-grand séminaire de la Congrégation du Saint-Esprit, à l'endroit même où Robert avait prononcé ses voeux définitifs de religieux, reçu l'ordination sacerdotale en octobre 1948 et finalement l'ordination épiscopale le 23 février 1974.

Notre eucharistie, notre "action de grâces", est présidée par son sucesseur Mgr Martin Happe, qui fit des prouesses pour venir de Poponguine via Nouakchott et Dakar jusqu'à Chevilly-Larue.

Les deux familles de Robert, la spirituelle et celle de naissance, rassemblaient près de deux cent personnes. Bien des amis, d'époques et d'horizons différents, bien des représentantes des congrégations féminines étaient présentes. Le Père Paul Grasser présenta la vie de Monseigneur; son neveu, l'Abbé Antoine Mérillon, fit la bénédiction au cimetière, ses nièces, Véronique et Ghislaine prononcèrent de magnifiques témoignages. Le Vicaire Provincial des Spiritains de France fit la prière de l'Absoute.

A l'entrée du cimetière, à deux pas de la tombe de Mgr Michel Bernard, du Père Terlet, de Jean Delcourt et du Frère Félicien (Dakar et Saint-Louis), nous écoutions avec émotion la "Prière à Notre Dame de Mauritanie", dite par le Père René Prévot. Sur demande du Père Robert, cette prière avait été composée à l'occasion du vingtième anniversaire de la fondation du diocèse, par le Père Jacques Meugniot (décédé à Pâques dans son Abbaye de Solesmes). Elle vient d'être rééditée.

L'Ave Maria de Lourdes conclut la prière, le chant du Père Deiss "L'Esprit de Dieu repose sur moi...l'Esprit de Dieu m'a envoyé proclamer la paix la joie." l'avait ouverte.

rédigé 30 rue Lhomond 75005 ce 16 juin 2011 par Paul Grasser

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