lundi 23 août 2010

une lettre que je reçois, aux bons soins du Calame

Bertrand Fessard de Foucault, un des nôtres
par Mohamed Fadel Ould Ahmed Yahya
Consultant
La livraison du Calame en date du 10 Août 2010 nous a proposé une lettre écrite par M. Bertrand Fessard de Foucault sous le titre , Lettre ouverte à l’opposition et aux démocrates mauritaniens, que j’ai lue avec intérêt en raison du nom qui l’a signée et en raison, après lecture, de son contenu .

Voyons l’homme et les idées qu’il développe
L’homme

Les publications signées de M. Bertrand Fessard de Foucault exercent un certain magnétisme sur nous les mauritaniens par la valeur de l’homme, celle de la pertinence de ses idées et de la prodigieuse mémoire de sa plume.
Les rubriques historiques qui reprennent le parcours politique moderne ou contemporain de la Mauritanie, publiées dans le Calame et qui continuent jusqu’à présent, mettent en relief un amour certain pour la Mauritanie, le peuple que nous sommes, alors que nous-mêmes, chauvinisme à part, nous nous trouvons peu de charmes pour mériter un tel intérêt surtout de la part d’un occidental, pétri d’une culture cosmopolite au cœur du vieux continent et ressortissant du pays qui avait la haute main sur la Mauritanie avant l’ accession de ce dernier à l’indépendance. La Mauritanie ne peut qu’être redevable à cet homme de grand cœur qui semble avoir décidé, souverainement, de lui consacrer pratiquement, une bonne partie de son temps, depuis son jeune âge et au-delà de son départ à la retraite. Quel signe de loyauté !
M. Bertrand a conseillé le premier président de la république pendant que ce dernier était en fonction et après son retrait forcé de la vie publique, formé une bonne partie de l’élite nationale qui devait passer peu de temps après, aux commandes. La fin de sa mission en Mauritanie, la retraite, au lieu d’émousser sa patience pour le pays, l’ont plutôt revigoré comme s’il était attaché à ce pays par un cordon ombilical.
La lettre ouverte, objet du présent papier, dénote d’une formidable hargne de se rendre utile et d’une grande présence d’esprit, bref d’une rare odyssée d’amour et d’une passionnante succes story de nature à susciter une admiration que les mauritaniens apprécient à sa juste valeur. Les mauritaniens ne l’appellent-ils pas affectueusement Ould Kaïge du nom de cet explorateur français du 18° siècle, de son vrai nom René Caillé, premier européen à fouler le sol de la sous région et qui a traversé le Trarza et le Brakna, pour que la culture populaire le crédite d’estime en raison de ses capacités d’adaptation aux dures conditions du Sahel et de sa population d’alors.
Un homme si bon ne peut développer que des idées à l’image de son envergure.
Les idées
M. Bertrand a donné, donne toujours à la Mauritanie ce dont elle a besoin alors qu’il l’avait quittée des années plus tôt, il lui restitue son histoire parce qu’un peuple qui n’étudie pas son passé ne peut organiser son présent. Quant à son avenir, n’en parlons pas, il lui échappera inéluctablement. Il a dû certainement évaluer notre besoin fondamental pour décider de cibler la restitution des péripéties historiques depuis l’avènement de notre accession à la souveraineté internationale, se fondant très certainement sur les enseignements que donne de nous la sociologie en ce sens que notre culture africaine ne valorise pas suffisamment l’écrit mais le sacrifie au profit de l’oralité. C’était un choix simple mais pas à notre portée, pertinent mais aussi utile, perspicace mais de dimensions, fabuleux.
Pour revenir à la lettre ouverte, M. Bertrand a montré, point après point, comment l’opposition a mal manœuvré suite au dernier coup d’Etat, et comment elle a été dans une large mesure le dindon de la farce, l’expression n’est pas de lui parce qu’il est courtois. Pour être pratique, il a indiqué à cette opposition des possibilités de se reprendre, de passer de la défensive à l’offensive par la prise d’initiatives.
L’opposition ne souffre-t-elle pas de d’handicapes structurels ? En fait, l’opposition, malgré le courage de quelques uns, est alourdie par une masse d’adhérents qui obéissent plus à des intérêts étroits, personnels, et qui militent dans ses rangs faute de bénéficier d’une place confortable au soleil, ou pour se mettre en relief tout en scrutant à l’horizon la première opportunité de la part du pouvoir pour tout renier, et se muer en inconditionnels soutiens au prince du moment, abstraction faite de sa politique, de ses projets pour le pays. Cette masse d’adhérents est forte de sa taille, de l’expérience de quelques uns de ses meneurs en matière d’opportunisme et à ce titre exerce des pressions terribles sur les leaders de l’opposition. La logique veut qu’il n’y ait pas de parti ou de mouvement politique sans adhérents, et comme les adhérents en Mauritanie posent problème, l’opposition s’en trouve affectée, à la limite freinée dans ses projets.
S’agissant du modèle politique que doit chercher la Mauritanie, je pense, sans aller jusqu’à affirmer que l’histoire des peuple de la planète est linéaire, que ce modèle ne peut qu’évoluer dans le sens de la démocratie contemporaine, les hommes n’en ont pas encore trouvé, du moins à ce jours, de meilleur. Les difficultés énumérées dans la lettre se posent sous bien d’autres cieux parfois à des degrés plus dramatiques.
Historiquement, combien de membres de l’assemblée constituante française de la fin du 18ème siècle ont échappé à la guillotine ?
L’Amérique Latine est restée longtemps terre de prédilection de l’intrusion de l’armée en politique, bien avant les indépendances africaines.
Aujourd’hui, non seulement la démocratie y retrouve ses lettre de noblesse mais ses dirigeants ont été à l’avant-garde dans le chapitre de la contestation du nouvel ordre international imposant le néolibéralisme dévastateur.
L’Inde, deuxième pays le plus peuplé de notre planète, où survivent 445 langues, une pauvreté endémique, des castes d’un autre âge, les parias, a mis en place un système démocratique à la fin des années 40, pour arriver à la performance combien délicate, de le maintenir à ce jour.
Je croix que le système de consensus que suggère M. Bertrand Fessard de Foucault, il faut le prendre pour un euphémisme qui sous-tend un conseil dans le sens de plus de dialogues, d’ouverture sur l’autre, de tolérance, de nature à permettre à la classe politique de s’entendre sur des minima sans cataclysme, histoire de s’affirmer, plus, vis –à-vis de l’Institution militaire et préparer la perspective de la reconquête pacifique du pouvoir.
Comme l’histoire nous enseigne que les changements brutaux n’enfantent que la haine, la violence et l’accaparement du pouvoir par des autocrates difficiles à déboulonner et quand on parvient à mettre un terme à leurs mandats, les séquelles de leur gestion restent longtemps dévastateurs comme ces bombes qui attendent d’atteindre le sol pour libérer dans la nature des milliers de petites bombes à retardement qui explosent au contact des personnes et des animaux , nous souscrivons à l’idée de passage au changement démocratiquement.
Donc, travaillons toujours pour plus de liberté, M. Guy Bedos ne disait-il pas que La liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

dimanche 8 août 2010

communiqué de la Coordination de l'opposition démocrate - nouveau mode de lutte

communiqué reçu dimanche après-misdi 8 Août 2010

La COD inaugure un nouveau mode de lutte politique

La Coordination de l’Opposition Démocratique a organisé, samedi 7 août 2010, une journée de solidarité avec les populations déguerpies par le pouvoir, les victimes de violations des droits de l’homme et de l’esclavage. La journée qui a eu lieu à Riyad, dans la grande salle de Livrig (PK10) a été marquée par la présence de tous les présidents de la COD présents à Nouakchott, les autres s’étant fait représenter par leurs vice-présidents, traduisant ainsi l’importance capitale que l’Opposition accorde aux problèmes de nos populations les plus vulnérables et marquant l’inauguration d’un nouveau mode de lutte politique centré sur la proximité.

Prenant la parole devant les militants de l’Opposition et victimes des multiples violations des droits de l’homme qui frappent ces temps-ci nos citoyens, le Président en exercice de la COD, Monsieur Boïdiel Ould Houmoïd a d’abord remercié l’assistance pour sa présence, annonçant que la Coordination a pris l’option de multiplier ce genre d’initiatives, c’est-à-dire d’aller vers les victimes, de les écouter et d’œuvrer en concertation avec elles à trouver des solutions à leurs problèmes. « Quiconque doutait encore de l’existence de l’esclavage dans notre pays, des difficultés que vivent les réfugiés ayant regagné le pays ou des injustices que subissent nos populations vulnérables au quotidien a eu, ce soir, suffisamment de preuves pour se faire une opinion différente » a dit le Président en exercice de la COD. Les problèmes qui nous ont été posés ce soir constituent des menaces réelles pour l’unité de notre peuple et la stabilité de notre pays, toutes deux tributaires de la justice et de l’égalité. La COD aidera, dans la limite de ses moyens, les victimes pour mettre fin à leurs souffrances, afin que règne la justice et l’égalité en Mauritanie. Notre but est, en effet, que tous les mauritaniens puissent vivre ensemble, dans une société juste, égalitaire et respectueuse des droits de chacun a-t-il conclu.

Auparavant, les Présidents de la COD avaient visité les stands des différentes organisations et divers groupements de victimes qui ont participé à la manifestation, avant d’écouter des allocutions de différents orateurs représentant des associations des droits de l’homme et regroupements des victimes. Ainsi, une allocution a été prononcée aux noms du FONADH et de REVE-89-91, consacrées à une rétrospective des événements douloureux de la période 1989-1991, à la description des souffrances endurées par les victimes, aux avancées enregistrées par le processus de règlement de la question engagé en 2007 et aux obstacles qui se dressent devant la résolution définitive du problème. Ensuite, ce fut le tour d’un représentant de SOS-Esclaves, de remercier la COD pour cette journée sur des questions aussi sensibles et touchant des franges aussi importantes de nos populations. Il a remercié aussi les parlementaires pour avoir voté la loi criminalisant la pratique odieuse de l’esclavage, précisant que cette loi reste malheureusement inappliquée car, dit-il, il y a une connivence ouverte entre les autorités administratives et les esclavagistes pour la laisser lettre morte. Le représentant de SOS-Esclaves a passé la parole à des personnes qui subissent encore les affres de l’esclavage, dont les témoignages ont profondément ému l’assistance et suscité sa colère, de découvrir que ces pratiques d’un autre âge existe toujours dans notre pays.
L’assistance a écouté, aussi émue que révoltée, le récit d’un citoyen de Nouakchott, récemment déguerpi de son terrain qu’il a occupé pendant trente ans ! « Mes enfants y sont nés et certaines de mes filles s’y sont mariées » a-t-il dit, s’interrogeant sur les mobiles de l’administration pour l’en chasser et réclamant justice avec insistance.
Notons que la journée de solidarité avec les populations déguerpies, les victimes des violations des droits de l’homme et de la pratique de l’esclavage a vu aussi une présence massive d’élus et de cadres de la COD.


COMMISSION COMMUNICATION

chronique anniversaire - Le Calame - embargo jusqu'au 3 Août 2010

5 Août 1967 & 5 Août 1979


d’anciens ministres du président Moktar Ould Daddah
apportent « leur plein et entier soutien »
à Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, détenu
&
à Alger, la République Islamique de Mauritanie
signe un accord avec le Front Polisario




Le 5 Août 1967, commence de circuler à Nouakchott un tract signé de huit hauts-fonctionnaires, dont trois anciens ministres, et non des moindres : Mohamed Ould Cheikh 1, Yahya Ould Menkouss 2 et Elimane Mamadou Kane 3. Ceux-ci protestent « contre l’utilisation de l’appareil judiciaire à des fins politiques » et apportent « leur plein et entier soutien à Ahmed Baba Ould Ahmed Miske ». La veille, l’influent quotidien français, Le Monde, avait fait état d’un comité de soutien à Ahmed Baba Ould Ahmed Miske dont feraient partie certains responsables mauritaniens : Hamdy Ould Mouknass, Haïba Ould Hamody, un ancien président de l’Assemblée et le secrétaire général du ministère des Affaires Etrangères. Le 9 Août, Sidi Mohamed Diagana, expédiant les affaires courantes pendant l’absence du Président de la République, prend des sanctions contre les signataires du tract. Mohamed Ould Cheikh est suspendu de ses fonctions, Elimane Kane révoqué et Yahya Ould Menkouss suspendu. Le 13, le journal du parti unique de l’Etat, Le Peuple publie des lettres de Hamdi Ould Mouknass, alors haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports et de Haïba Ould Hamody, maire d’Atar et constamment réélu au Bureau politique depuis le congrès fondateur de 1961 ; ils protestent auprès du journal Le Monde, pour avoir été cités comme faisant partie du comité de soutien et déclarent partager la responsabilité de l’arrestation et de l’emprisonnement d’Ahmed Ould Baba Miske.

De retour à Nouakchott, le 23, Moktar Ould Daddah confirme les sanctions prises contre les signataires du tract de soutien à Ahmed Baba et reçoit la démission d’Ahmed Bazeid Ould Ahmed Miske 4 : frère d’Ahmed Baba, il était ministre de la Défense, depuis le décisif remaniement, faisant suite le 21 Février 1966, aux « événements ». Il est nommé secrétaire général du Conseil économique et social et remplacé à la Défense par Baham Ould Mohamed Laghdaf, jusques là ministre du Travail. Le 31 Août, le Bureau politique se penche « sur la situation créée par la diffusion de tracts mensongers et tendancieux visant à discréditer les responsables du régime et à saper l’action menée par le Parti et le Gouvernement » : il « rappelle que l’engagement inconditionnel au Parti demeure de rigueur en tout moment et en toutes circonstances, surtout en ce qui concerne ceux qui sont investis des responsabilités importantes ». Le B.P.N. entérine les nominations et exclut du Parti les signataires du tract 5. En outre, Bocar Alpha Ba est relevé de la direction de l’Hôpital national. Longtemps médecin à Boutilimit où le futur président de la République est son patient à chaque hivernage, il a été jusqu’au 3 Avril 1965 début de 1965 le très important ministre des Affaires sociales et de la Fonction publique à partir du 1er Juillet 1963, et surtout quand s’est ajouté à son portefeuille celui des Finances le 6 Novembre 1963 au moment où la Mauritanie renonce à la subvention française d’équilibre budgétaire, et même quand le 21 Janvier 1965 il avait confiné aux seuls Affaires économiques. Abdallahi Ould Cheikh est, lui, relevé de la direction générale de SONIMEX. 6

Que se passe-t-il ? pour que le Bureau politique décide du principe de la multiplication des missions de contact avec les masses, et surtout de qui et de quoi s’agit-il ?

Ahmed Baba Ould Ahmed Miske a été pendant deux ans – Mars 1964 à Mars 1966 – l’ambassadeur de la République Islamique de Mauritanie à Washington et son représentant permanent auprès des Nations Unies, à New-York. Il présente ses lettres de créance au président Lyndon B. Johnson, le 6 Mai 1964, et s’introduit tellement au Département d’Etat qu’il en obtient la résidence à Nouakchott de l’ambassadeur américain – première des grandes puissances autres que la métropole et l’Espagne à le faire… et, ce qui n’est pas accessoire, la venue du secrétaire d’Etat pour toute une soirée à la représentation mauritanienne… la Mauritanie lui doit son installation dans les cercles diplomatiques décisifs de Washington et de New-York. Au dîner diplomatique d’Octobre 1965, le ministre des Affaires étrangères et la délégation mauritanienne reçoivent deux Premiers ministres, plusieurs ministres des Affaires étrangères, une quinzaine d’ambassadeurs. En Mars 1966, le secrétaire général des Nations Unies, U Thant, déjeune à la table de l’ambassadeur, entouré des représentants des pays les plus influents. A propos de la crise financière de l’Organisation mondiale, il avait, le 18 Février 1965, assuré que « nous ne voulons confier ni à cinq ni à deux grandes puissances le soin de décider en dehors de nous, de notre destin à tous ».

Considéré par Jean-François Deniau, alors ambassadeur de France à Nouakchott, comme « certainement le diplomate mauritanien le plus écouté dans sa capitale », Ahmed Baba Ould Ahmed Miske obtient ainsi pour son pays des succès incontestables 7. « En Octobre 1964, échec de la délégation marocaine qui n’a pu obtenir une résolution favorable à sa cause devant le Comité des 24, malgré une « conclusion » où cet organisme lui donnait pratiquement gain de cause en 1963. Election de la Mauritanie au Comité des 33 (maintien de la paix), malgré une vigoureuse campagne marocaine (ce fait n’avait pas de rapport direct avec le problème du Sahara, mais a renforcé notre position à l’ONU : c’était le premier organisme important auquel la Mauritanie était élue). Renforcement de la présence de la Mission mauritanienne et établissement de nombreux contacts et liens avec les délégations, le Secrétariat et la presse internationale. Succès remporté au cours de la discussion durant la 20° session : le débat s’est terminé nettement à notre avantage. Articles favorables à notre cause parus (pour la première fois) dans la presse internationale (correspondants auprès de l’ONU du Christian Science Monitor, de Jeune Afrique, du New York Times, dépêches de UPI, etc…). Certes le Maroc peut cobnsidérer comme un succès d’avoir contribué à nous barrer la route du Conseil de sécurité 8. Mais, outre le fait que nous avons, en nous retirant, renforcé notre position africaine, la campagne menée nous a permis d’établir des contacts nombreux et utiles, qui demeurent. De plus, nous restons très bien placés dans la course pour 1967. L’opinion « onusienne » était si bien conditionnée par la propagande marocaine que l’on pensait automatiquement Maroc lorsqu’il était question du ‘Sahara espagnol’. Il n’en est plus ainsi maintenant… ».

Commentateur érudit du fameux Al Wasit, Ahmed Baba a, depuis son enfance, la pénétration du sujet. Sa tribu nomadise des deux côtés de l’ancienne frontière franco-espagnole. S’il est militant et ambassadeur du Front Polisario quinze ans plus tard, c’est simplement parce qu’il milite d’une autre manière pour la même cause : l’unification de l’ensemble mauritanien. Le 28 Mars 1967, sans affectation depuis près d’un an, il publie dans Le Monde un article remarqué : le Maroc doit renoncer à la force dans ses revendications territoriales et l’avenir de ses relations avec l’Algérie dépend d’une normalisation de son rapport à la République Islamique de Mauritanie.

Le 14 Avril 1966, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske est autorisé à regagner Nouakchott : il est remplacé aux Nations Unies et à Washington par le demi-frère du Président de la République, Abdallahi Ould Daddah, arrivant de l’ambassade de Paris et peu enclin à ménager la mémoire de son prédécesseur. Le 20, il rend publique sa décision de démissionner de ses fonctions diplomatiques « pour raisons personnelles ». C’est le 6 Juillet qu’il doit répondre de la gestion financière de son poste en Amérique.

Bien plus que d’avoir été l’efficace représentant de son pays à New-York et d’avoir introduit la Mauritanie dans les débats sur le Sahara alors dit espagnol, Ahmed Baba est surtout le premier secrétaire général de l’Association de la Jeunesse mauritanienne (A.J.M.) que de jeunes dissidents de l’U.P.M. fondent à Rosso le 24 Novembre 1955 pour soutenir une candidature autre que celle de Sidi El Moktar N’Diaye, député sortant, soutenu par l’administration coloniale. Le candidat de la Jeunesse, Mohamed Ould Jiddou, conseiller territorial, rejoint un temps Horma Ould Babana au Maroc. C’est à cette époque que se noue l’amitié entre quelques-uns des cadres les plus déterminés de l’indépendantisme mauritanien : Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, Bamba Ould Yezid, Yahya Ould Menkouss, Mohamed Ould Cheikh en sont, Ahmed Bazeid, un temps aussi. Les chemins divergeront quand pour certains l’opposition à la France, dont la volonté de décolonisation peut paraître suspecte, doit se faire sous la forme d’un parti, tandis que d‘autres se convainquent que la réponse efficace est de faire un Etat et d’en obtenir l’indépendance. Au deuxième congrès, tenu de nouveau à Rosso du 15 au 17 Juillet 1957, c’est Mohamed Ould Cheikh, qui est élu secrétaire général : Ahmed Baba lui a passé la main peu auparavant et s’efface provisoirement tandis que son frère Ahmed Bazeid, d’abord trésorier, participe à la commission de presse. En congrès extraordinaire, toujours à Rosso, les 25 et 26 Décembre 1957, l’Association rejette toute idée de fusion avec tout parti politique : Ahmed Bazeid devient secrétaire général, après un bref intérim d’Abdallahi Ould Cheikh et Ahmed Baba se charge – c’est un talent incontesté depuis maintenant plus de cinquante ans – du journal 9. Au troisième congrès, tenu cette fois à Nouakchott du 17 au 19 Juillet 1958, l’A.J.M. réaffirme son apolitisme mais laissent ceux de ses membres qui veulent créer un parti, libres de le faire. Ahmed Baba, alors secrétaire arabe du haut comité d’action (le bureau), ne s’en prive pas, la Nahda se constitue à Kaédi : le congrès tenu les 25 et 26 Août 1958 porte au bureau exécutif notamment Bouyagui Ould Abidine (président), Ahmed Baba Ould Ahmed Miske (secrétaire général), Yahya Ould Menkouss, Bamba Ould Yezid, Heïba Ould Hamody. Quand se tient toute l’année 1961 la « table ronde » des partis et tendances politiques, aboutissant à l’investiture consensuelle de Moktar Ould Daddah, candidat unique pour la présidence, et surtout à la fusion produisant – au Congrès de l’Unité, le 25 Décembre 1961 – le Parti du Peuple, futur parti unique de l’Etat, ce sont les dirigeants de la Nahda, eux-mêmes issus des premières directions de l’A.J.M. qui sont les plus déterminés, qui soutiennent le plus efficacement Moktar Ould Daddah et proposent un corps de doctrine. Ce sont eux qui forment l’ossature des gouvernements successifs jusqu’en Février 1966, et c’est l’A.J.M. en tant que telle qui adresse au congrès de Kaédi un message recommandant aux congressistes l’unité, un meilleur encadrement des masses et la prédominance absolue du Parti.

Vis-à-vis de Moktar Ould Daddah, Ahmed Baba et Mohamed Ould Cheikh sont dans une relation très différente jusqu’en 1966. Le premier l’a connu dès l’adolescence, puisque le futur président était reçu à Atar par le « vieux Bazeid » 10, père d’Ahmed Baba et d’Ahmed Bazeïd et c’est avec celui-ci que Moktar délibère aussi bien en 1946 une éventuelle candidature à la députation qu’en 1954 une candidature à l’Assemblée de l’Union française. Il regarde le Président comme le fruit d’un choix français et lui prête la crainte que le parti lui échappe si lui s’en occupe vraiment : il a, il est vrai, l’excellente référence de la Nahda tandis que la parti gouvernemental précédent a si peu prospéré que le groupe parlementaire a dû se substituer à son bureau exécutif. Après s’être beaucoup investi pendant l’année 1962 – notamment en organisant la permanence du Parti puis son groupe parlementaire initialement présidé par un autre ancien de la Nahda Sid’Ahmed Lehbib – , il est donc démissionnaire de fait mais réélu pourtant au Bureau politique par le congrès de Mars 1963, auquel il n’assiste d’ailleurs pas plus de Mohamed Ould Cheikh, fatigué. Il opte en fait aussitôt pour l’ambassade en Abidjan qui dessert aussi Conakry 11, d’où il sera nommé, dès Décembre 1963, à Washington 12. Mohamed Ould Cheikh, secrétaire permanent de la « table ronde » dans le dernier trimestre de 1961, au contraire, est l’homme du Président. Il n’y a pas de rupture entre Ahmed Baba et ce dernier, parce qu’il n’y a jamais eu de véritable amitié personnelle ou politique, tandis que de son éviction du gouvernement, vêcue comme une cassure intime d’une relation de travail et d’une communion de pensée et d’ambition pour le pays, Mohamed Ould Cheikh, ne se remettra jamais, mais il a été l’homme du « parler vrai » 13. La France a contribué à l’image de l’un et de l’autre. Elle a intérêt à faire passer la Nahda, parti d’opposition indépendantiste, pour pro-marocaine et elle présente ensuite le système du parti unique de l’Etat, voire l’équipe gouvernementale qui reconnaît Pékin et quitte l’O.C.A.M. comme inspirée par l’esprit de cet ancien parti de la jeunesse nationaliste 14. Jean-François Deniau, alors l’ambassadeur, analyse aussi la montée en puissance – et peut-être en projets d’avenir – de Mohamed Ould Cheikh 15. Ainsi, une « affaire » de gestion d’une ambassade peut devenir la contestation de l’ensemble d’un régime dont le dessein politique initial doit beaucoup à ceux qui le contestent après en avoir été écartés.

Sans doute est-ce la fin d’une première époque de la fondation mauritanienne moderne. Le débat sur le régime constitutionnel – tranché par le vote du 20 Mai 1961 d’une Constitution présidentielle – et sur la place et le rôle d’un ou plusieurs partis – tranché par le congrès de Kaédi tenu du 25 au 31 Janvier 1964 sous la présidence d’un secrétaire général pourtant mis en minorité le 4 Octobre précédent, et par la révision constitutionnelle du 12 Janvier 1965, aurait pu opposer sévèrement plusieurs des grands acteurs mauritaniens de la fin de l’administration française au nouveau-venu que fut en 1957 Moktar Ould Daddah. Malgré des velléités d’opposition soit par la présidence de l’Assemblée nationale soit par la fondation de partis autres que celui du gouvernement, Sidi El Moktar N’Diaye et Souleymane Ould Cheikh Sidya se réconcilièrent finalement avec le Président, Bouyagui Ould Abidine cessa de faire parler de lui et de susciter des foules. Mais Mohamed Ould Cheikh et Ahmed Baba Ould Ahmed Miske représentèrent de 1958 à 1966 une alternative idéologique, une conception du Parti, discutée à Kaédi, mais pas adoptée, celle d’un parti de cadres.

Un autre ancien de l’A.J.M.. et de la Nahda, qui a été ministre des Finances du 18 Janvier 1965 au 21 Février 1966, est lui aussi sur la sellette : Bamba Ould Yezid, commandant le cercle du Hodh occidental est, pour un an, exclu le 18 Août 1996 du Parti « pour indiscipline et négligence caractérisées », et le lendemain relevé de ses fonctions. Yahya Ould Menkouss, ambassadeur à Paris, est remis à la disposition du ministre de l’Intérieur, le 1er Avril 1967. En fait, l’ambiance à Nouakchott est devenue délétère : le Bureau politique réuni du 16 au 18 Mai 1967 « arrête des mesures propres à neurtraliser toutes activités subversives d’où qu’elles viennent et sous quelques formes que ce soient ». Le 1er Juin, le Président reçoit longuement Ahmed Baba qui doit répondre de sa gestion à la représentation permanente aux Nations Unies. Ce dernier est arrêté le 16 Juin. Sans qu’il y ait eu vraiment procès 16, il sera mis en liberté provisoire le 28 Septembre et partira s’établir en France.

Révoqué le 21 Février 1968 – sinistre anniversaire de son départ du gouvernement deux ans auparavant – le solitaire de Dar El Barka ne réclamera jamais rien et ne profitera pas de la réintégration offerte le 3 Février 1972 à tous les fonctionnaires poursuivis de 1968 à 1972. Son prestige demeuré intact en 1978, au sein des forces armées qu’il avait créées, fait rêver d’une autre issue, alors tant pour la guerre au Sahara que pour le maintien d’une légitimité certaine du pouvoir. Au contraire, Bamba Ould Yezid sera membre du Conseil constitutionnel et Ahmed Baba Ould Ahmed Miske figurera à l’organigramme de la présidence de la République au début du mandat de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Et Yahya Ould Menkouss sera le directeur de la sûreté nationale des premiers putschistes pour instruire le procès par contumace de Moktar Ould Daddah en interrogeant notamment Abdoul Aziz Sall et Sidi Ould Cheikh Abdallahi…

Mais le débat de 1967 était encore un débat de personnes et d’individualités. A partir de 1969, les scissions syndicales constitueront la partie apparente de débats de fond, dont le régime du parti unique de l’Etat n’est qu’un des thèmes. Des partis et mouvements apparaîtront – forcément clandestins – dès 1973 17. La première génération s’étant accordée sur le parti unique quoiqu’elle provînt, majoritairement en conception du pouvoir et en personnalités, de mouvements d’opposition aux gouvernements issus de la période française, ne pouvait contester le pouvoir qu’elle avait établie que sur son bilan ou sur le traitement fait aux siens : elle ne continuait pas une ligne politique antérieure. La seconde génération du débat politique oblige les personnalités quelles qu’elles soient – et qu’elles se trouvent dans l’opposition ou au pouvoir – doivent fonder un parti ou en disposer. Les mises en cause individuelles – et les atteintes aux libertés – appellent les partis à prendre position : on l’a vu quand l’ancien Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghef a été à plusieurs reprises arrêté, apparemment pour des gestions antérieures à l’eexercice de hautes fonctions gouvernementales. Dans les années 1960, au contraire, les questions de personnes n’appellent que des prises de position personnelles.




Le 5 Août 1979, à Alger, le lieutenant-colonel Ahmed Salem Ould Sidi, pour la République Islamique de Mauritanie, et Bachir Mustapha Sayed pour la « République arabe sahraouie démocratique » signe un accord de paix. Il est – sauf son fait – secret de texte. Il ne prévoit pas formellement la cession de la Tiris El Gharbia dont la Mauritanie conserve la responsabilité et l’administration pendant encore six mois, mais une formule de rétrocession par les Nations Unies. Ahmed Ould Abdallah, chef de ‘létat-major national, a secondé dans la négociation le vice-président du Comité militaire de salut national. Il déclare le 8, que « l’existence de la Mauritanie en tant qu’Etat libre et indépendant, serait menacée si elle ne sortait pas d’une guerre impopulaire ». C’est ce qu’avait soutenu le 2, le lieutenant-colonel Mahmoud Ould Houssein, ministre de l’Information : « s’il avait été consulté, le peuple mauritanien n’aurait jamais accepté de consentir tant de sacrifices pour un morceau de désert qu’il ne revendique pas ». De fait, le 7 Août, le Comité militaire entérine l’accord d’Alger, soutenu par une motion signée de quatre cent cadres qui l’approuve.

Le 2 Août, Ahmedou Ould Abdallah, alors ministre des Affaires étrangères, avait remis un message du Premier ministre, le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla au président français, Valéry Giscard d’Estaing et s’était entretenu avec son homologue à Paris, Jean François-Poncet. Mais le 3, en conférence religieuse à la mosquée de Mechouar, le roi Hassan II avait rappelé les accords mauritano-marocains en matière de frontières, le 14 Avril 1976, et de solidarité militaire, le 13 Mai 1977. C’est le thème des entretiens, à Rabat, entre le Roi et le Premier ministre : « le Maroc et la Mauritanie s’engagent à ne rien faire qui puisse porter atteinte à la sécurité réciproque de leurs deux pays. » Soit !

La réalité est bien plus complexe.

D’abord dans les intentions des militaires qui n’ont pas pris pour motif principal du renversement de Moktar Ould Daddah, de mettre fin à la guerre du Sahara, au contraire. Naturellement, ils se sont satisfaits de l’attentisme bienveillant du Front Polisario, publié le , mais Mustapha Ould Mohamed Saleck a limogé dans les trois mois du coup ceux – du clan – qui voulait liquider la 13ème région. Ahmed Ould Bouceif a, d’entrée de jeu, signifié que la question du Sahara mauritanien et de la guerre ne pourrait trouver sa solution que dans un règlement d’ensemble. Son successeur, comme Premier ministre, Mohamed Khouna Ould Haïdalla qui ne devient président du Comité militaire qu’à la suite d’une longue session du 4 au 10 Janvier 1980, est pris – à propos du Sahara – dans un engrenage comme il le sera, pour l’ensemble de sa période d’ « homme fort ».

A peine a-t-il formé son gouvernement le 3 Juin 1979 – le lendemain des funérailles d’Ahmed Ould Bouceïf, en même temps que le lieutenant-colonel Mohamed Ould Louly prend la place de Mustapha Ould Mohamed Saleck comme « chef de l’Etat » –, qu’il est approché par les Sahraouis – en fait par Ahmed Baba Ould Ahmed Miske. Rencontre directe ou avec témoins ? entre le Mauritanien et le Front Polisario ? Les hésitations à Nouakchott sont interprétées à Tindouf d’une manière telle que le 12 Juillet 1979, le Front rompt unilatéralement le cessez-le-feu qu’il avait instauré, unilatéralement aussi, depuis douze mois juste : il attaque la garnison de Tichla et fait des prisonniers. La négociation change d’enjeu, les prisonniers ou les conversations. Au sommet de l’O.U.A. à Monrovia, dont le principal point à l’ordre du jour est le Sahara, l’Algérie, comme convenu, s’entremet tandis qu’Ahmed Baba s’efface – il reviendra à Nouakchott l’année suivant convaincu d’être nommé Premier ministre dans un jeu où Sid’Ahmed Bneijara le doublera. Le rendez-vous d’Alger est donc convenu à Monrovia de la façon la plus floue 18. De même, l’entretien de Rabat, cinq jours après la signature d’Alger, n’est aussi conclusif que le communiqué veut le faire entendre puisque dès le 11 Août, une colonne du Front Polisario – forte selon les Sahraouis de trois mille hommes – se concentre et attaque à Bir Anzaram, près de la fronitère mauritanienen. Aussitôt, le Maroc prend le contrôle de la zone mauritanienen et occupe par la force Dakhla. Vainement, dans la soirée, la Mauritanie des militaires demande le retrait marocain de la Tiris El Gharbia et croit riposter en demandant au Maroc de retirer ses troupes de Mauritanie-même. Le 14, est publiée la reprise des relations diplomatiques avec l’Algérie et le lendemain la Mauritanie se retire de ce qu’elle avait obtenu lors du traité de Madrid, près de quatre ans plus tôt : elle prétend le faire à la suite de « l’agression » du Maroc contre son administration provisoire à Dakhla. Contre le coup de force marocain et sans pouvoir s’appuyer sur une résistance de ses propres troupes ou quelque conduite ne donnant pas prise à la propagande de Rabat, le Premier ministre mauritanien proteste. Mais l’essentiel – pour lui et pour l’avenir de la diplomatie mauritanienne à propos du Sahara – est qu’il déclare qu’il « ne lui est plus possible de mettre en œuvre les engagements souscrits concernant ce territoire ». Le Front Polisario a beau jeu de critiquer la passivité mauritanienne devant l’occupation par le Maroc de la totalité de l’ancienne possession espagnole. Il communique, le 16 Août que « la Mauritanie par l’empressement qu’elle montre est en train d’effectuer une opération qui relève de la confusion » tandis que le roi Hassan II raille « la débandade politique des responsables de Nouakchott ».

Les épilogues – tous tristes – sont multiples.

La Mauritanie doit d’abord expliquer à ses divers partenaires qu’elle n’est pas un « Etat-girouette ». Elle dénonce pourtant l’accord de défense avec le Maroc et à Nouakchott l’on manifeste contre « les appétits expansionnistes » de Rabat d’autant que si les troupes royales évacuent la Mauritanie, elles demeurent, au nombre de mille hommes à Bir Oum Ghrein tant que La Guerra n’aura pas été abandonnée. Les Nations Unies sont saisies, le retrait de la Guerra est en principe accepté à Nouakchott mais quand la paix revenue au Sahara il y aura à qui rétrocéder la bourgade qui fauit banlieue de la capitale économique – alors – de la Mauritanie. Le 26 Décembre 1979, enfin, le Maroc évacue Bir Oum Ghrein. Mais les années suivantes sont marquées par la menace constante que Rabat exerce le droit de suite, en territoire mauritanien au prétexte que le Polisario le traverse constamment ou y aurait même des bases.

Aussi bien le Premier ministre que le signataire de l’accord d’Alger regrettent ce qu’ils ont fait, et s’estiment trompés par l’ensemble des protagonistes algériens, marocains et sahraouis. Mohamed Khouna Ould Haïdalla est désormais en minorité au sein du Comité militaire aussi bien quand il s’agit – à l’instigation du colonel Khadafi, les 20 et 21 Avril 1981 – de tenter une union avec la République sahraouie doublée d’un « pacte révolutionnaire » entre la Libye, l’Algérie, cette République et la Mauritanie, que le 27 Février 1984 lors de sa reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique, et cette majorité, hostile au rapprochement avec le Front, est menée celui qui le renversera : Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya. Quant à Ahmed Salem Ould Sidi, démissionnaire du Comité, il est avec son brillant collègue Mohamed Ould Ba Abdelkader, moins dissimulé et plus expéditif : la tentative du 16 Mars 1981 est manquée, le pouvoir en place la déclare commanditée par le Maroc, les deux braves sont fusillés dans des conditions atroces.

Radio-télévisé depuis Tetouan, pour la « fête du trône », le 30 Juillet 2010, onzième anniversaire de son accession au pouvoir, près de dix-neuf ans après l’apparent consensus sur le principe d’une consultation référendaire des populations concernées – que la Mauritanie, seule à connaître tout son monde, pourrait vraiment identifier en dépit des multiples transferts du nord vers le sud et de l’est vers l’ouest – le roi Mohamed VI peut tranquillement assurer que le Maroc « ne cèdera pas un pouce de son Sahara ». Accord d’Alger avec le représentant d’une République qui certes a un siège à l’Union africaine mais n’a toujours aucune effectivité territoriale : c’est cet accord qui devait la lui procurer.

Ould Kaïge


- nommé au Brakna, le 14 Janvier 1958, il est de la première vague des adjoints mauritaniens placés auprès des commandants de cercle encore français, puis de celle des premiers commandants mauritaniens, nommé en Assaba le 17 Juin 1960, après avoir été chef de la subdivison centrale d’Aleg le 17 Janvier 1959. Il n’est ministre que sept mois : Affaires étrangères et Défense nationale du Juillet 1965 au 21 Février 1966, mais, sous l’autorité nominale du président Moktar Ould Daddah, ministre de la Défense, c’est lui quiorganise les forces armées nationales selon la loi du 25 Novembre 1960 et en tant que secrétaire général de la Défense nationale (institution créée le 30 Juin 1961 dont il reçoit la charge le 7 Juillet 1961). Dans la période des attentats, il est nommé président de la Cour criminelle spéciale le 20 Mars 1961 (qui prononce le 20 Mai une peine capitale commuée par le chef de l’Etat) et il préside aussi la Cour de sûreté de l’Etat rendant un verdict de clémence dans le procès des « transfuges » de 1958 (7-8 Juillet 1965), puis condamnant à la perpétuité des resoponsables de l’attentat de Nouakchott en 1961 (14 Juillet 1965) et acquittant les deux accusés du meurtre d’Abdallahi Ould Obeïd en 1960 (21 Juillet). Il fait partie du Bureau politique national de la fondation du Parti du Peuple à Juin 1966. Quand il quitte le gouvernement et cesse d’assister aux réunions du B.P.N. il est nommé commandant du cercle du Brakna, retrouvant ainsi sa première affectation d’administrateur… .

2 - il est du bureau exécutif que se donne la Nahda à sa fondation le 26 Août 1958, et membre du comité directeur de l’UGTAN-Mauritanie fondée le 31 Août 1958. Seul du bureau exécutidf à ne pas être assigné à résidence à Tichitt à la veille de l’indépendance. Il entre au Bureau politique du Parti unique, à la suite du congrès de Kaédi le 31 Janvier 1964, puis au gouvernement le 18 Janvier 1965 (assurant même pendant deux mois et demi l’intérim des Affaires économiques, dont a été déchargé Bocar Alpha Ba) et en est remercié le 21 Février 1966 en même temps qu’Elimane Kane et que Mohamed Ould Cheikh, pour être vite nommé ambassadeur à Paris

3 - nommé ministre du Développement le 26 Juillet 1965, c’est un enseignant, historien de profession, et un synidcaliste de formation. Entré au gouvernement en même temps que Mohamed Ould Cheikh, il en est évincé le même jour, 21 Février 1966, puis exclu du Parti pour trois mois, le 8 Mars suivant : coupable d’indiscipline grave ». Il reprend l’enseignement, quoique le 5 Juillet 1966, il est élu membre du conseil d’administration du Bureau International du Travail, B.I.T. à Genève et c’est lui qui rapporte au 3ème congrès ordinaire de l’U.T.M., centrale syndicale unique, tenu à Niouakchott du 24 au 26 Décembre 1966, le protocole d’accord intervenu avec le Parti unique à la suite d’entretiens paritaires menés du 19 au 22 Décembre ; il est alors réélu secrétaire général adjoint, fonction qu’il occupe depuis le congrès constitutif des 29-31 Mai 1961. Il avait en Mai 1965 fait rapport au conseil national du syndicat sur Miferma et recommandé la restauration de l’Etat dans le nord du pays. – Un autre syndicaliste, Birane Mamadou Wane, qui inaugure en Septembre 1964 la fonction de Permanent du Parti et fait rapport en Mai 1965 sur les rapports Parti-U.T.M., aura après lui une carrière ministérielle plus longue et dans les responsabilités les plus importantes. Il le remplace au Développement le 21 Février 1966 et devient ministre des Affaires étrangères et du Plan le 8 Octobre 1966, restant ministre des Affaires étrangères jusqu’à ce qu’il en soit démis le 29 Juin 1968

4 - Ahmed Bazeid est surtout le collaborateur quotidien du Président en tant que son chef de cabinet dès la formation du premier gouvernement mauritanien, le 21 Mai 1957 (donc en second d’abord d’un Français Villandre puis Larue, et ensuite d’Abdoul Aziz Sall). Le 19 Avril 1961, à la m »auritanisation » des services de sécurité et de police, il en reçoit la direction, puis est nommé secrétaire général adjoint (de Mohamed Ould Cheikh) à la défense nationale, le 25 Novembre 1963. Parallèlement, il assure l’intérim à Port-Etienne le 6 Février 1964., et devient devient directeur adjoint du cabinet du président de la République

5 - c’est-à-dire, outre Mohamed Ould Cheikh et Elimane Kane, Abdallahi Ould Sidya Ould Ebnou, Mohamed Salem Ould Dogui, Ibrahima Sy, Ahmed Ould Bouleïba, Fadel Mohamed Mahmoud

6- me recevant à la résidence d’Ahmed Ould Jiddou, son ambassadeur à Paris, rue du Commandant-Marchand, le Président répond à ma question sur « l’affaire Miske », le 18 Septembre 1967. Notes prises sous ses yeux à défaut d’enregistrement magnétique – « C’est un membre fondateur du Parti. Il a tenu la permanence du Parti comme l’ont tenu ensuite Sy Seck, Haiba et Ahmed Ould Mohamed Salah. A ensuite été ambassadeur à l’ONU, poste dont il a démissionné de son propre gré, pour des raisons personnelles. Dans le cadre de la politique d’austérité, que j’essaie de mettre en œuvre, une inspetion des finances des diverses amnassades a montré que la gestion d’Ahmed Baba n’était pas ce qu’elle aurait dû être. Arrêt de la Cour suprême satutant sur le plan administratif, l’a condamné à un million de francs CFA d’amendes. Ne pouvait statuer au pénal. Or, il s’est trouvé aussi une matière pénale. Tout cela m’a touché au plan personnel puisque c’est un de mes amis. Il a donc été incarcéré . Se rappeler la réforme de la Cour suprême en Juin 1965, qui avait, entre autres, supprimé la Cour de discipline budgétaire qui n’avait jamais fonctionné. Avec l’arrivée d’un conseiller financier, Delsel, on a eu l’instrument technique nécessaire. On allait enfin pouvoir réagir sur le plan des détournements financiers. Réactions ducôté français : la campagne du journal Le Monde mal informé. On ne comprend pas leur acharnement (épisode de Biarnès, qui a été très étonné, après tout ce qu’il avait écrit, d’être très bien reçu en Mauritanie : depuis, n’écrit plus sur la Mauritanie, articles non signés ou bien de Lacouture. Dans l’ensemble, les informations du Monde, viennent de Paris… Réactions du côté mauritanien : Kane Elimane et Mohamed Ould Cheikh qui n’ont pas pardonné, probablement, leur départ de Février 1966, ont fait circuler un papier injurieux à l’égard des institutions, et déclarant que l’affaire était politique et non judiciaire. Ces fonctionnaires ont été suspendus, et exclus du Parti. Surtout, action de mécontents, d’ailleurs n’ont trouvé – malheureusement pour eux – que fort peu de supporters. Au sujet de leur départ, vous savez toutes les interprétations qui en ont été données. Le bruit courait que les institutions reposaient sur eux. Autre chose encore : au sein du gouvernement, Haïba et Ahmed Baba sont amis d’enfance. Au début, avec Hamdi Ould Mouknass, ont aidé Ahmed Baba, comme je l’aurais fait moi-mêem pour tout ami. Puis ont cessé quand l’affaire s’est politisée. Or, il s’agit d’une affaire purement judiciaire. Au sujet de Ba Bocar Alpha, était en contact avec ceux qui ont soutenu Ahmed Baba. N’a rien signé. Simple mutation de l’hôpital de Nouakchott à celui d’Aïoun. Mohamed Ould Cheikh et Kane Elimane, simplement attaqués suivant la loi sur la presse, règlementant la publication. Vu la police une fois. N’ont nullement été incarcérés, comme le prétendait Le Monde. … Si l’on me dit que tout va bien, je pense que l’on se paye ma tête, si vous me passez l’expression. Si l’on me dit que tout va mal, je sais bien que ce n’est pas vrai. »

7 - lettre du 15 Mars 1966 par laquelle, en fin de mission, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske rend compte à Nouakchott

8 - candidate au siège annuel de l’Afrique au Conseil de sécurité, la Mauritanie retire sa candidature le 1er Décembre

9 - rédigé et paraissant uniquement en arabe, il est diffusé de mille à deux mille exemplaires, et très lu dans les campements, il doit être considéré comme l’ancêtre de toute la presse d’opinion écrite en Mauritanie

10 - entretiens à Paris les 23, 24 et 25 Octobre 1967 – corroborés sur ce point par Moktar Ould Daddah La Mauritanie, contre vents et marées (Karthala . Octobre 2003 . 669 pages), pp. 94-95 à ceci près que Bazeïd serait le grand-père et non le père des deux protagonistes du Président

11 - il remet ses lettres de créance à Sekou Touré le 19 Octobre 1963 et prépare donc le décisif voyage d’études « place sous le signe du Parti » qu’effectue, du 27 Octiobre au 3 Novembre suivants, Moktar Ould Daddah et une nombreuse délégation

12 - il n’est d’ailleurs pas étranger à la diplomatie, puisqu’à l’ouverture de la table ronde des partis, il est nommé – 20 Mars 1961 – chef du services des affaires politiques et sociales au ministère des Affaires étrangères

13 - notamment sur le sujet difficile des « garanties à la minorité ». Dès le congrès de Mars 1963, il est associé à Elimane Mamadou Kane dans un tract dénonçant des sympathies excessives pour les compatriotes originaires de la vallée du Fleuve. C’est principalement sur cette accusation, encore plus répandue contre les deux ministres à partir de l’automne de 1965, que sont remerciés deux des meilleurs ministres qu’ait eus la Mauritanie

14 - dépêche de Jean-François Deniau, en date du 6 Juillet 1965 : « du retour de la Nahda »

15 - dépêche de Jean-François Deniau, en date du 12 Novembre 1965 sur les « rumeurs de complot contre le Président Moktar qui mettrauient en cause le ministre des Affaires étrangères et de la Défense nationale, ainsi que son ami, le ministre des Finances, M. Bamba Ould Yezid … On peut remarquer que M. Mohamed Ould Cheikh a fait à peu près tout ce qu’il fallait pour pouvoir être admis à la magistrature suprême en Mauritanie, ou plus exactement pour lever les opposotions qui risqueraient de se présenter. Passer à l’exécution est une autre affaire, qui n’est d’ailleurs pas toujjours le premier souci de nos amis mauritaniens. Il est donc encore impossible de dire si M. Mohamed Ould Cheikh préf-èrera attendre que le Président Moktar Ould Daddah l’appelle lui-même un jour à sa succession, s’il provoquera celle-ci demain ou dans un an ou si, ayant consolidé sion influence personnelle, il ne se contentera oas d’exercer la plus large part du pouvoir réel. Ce qui est sûr, c’est que le terrain est bien préparé. »

16 - reçu et lu par le président Ba Ould Ne, ancien ministre de la Justice et ancien président de l’Assemblée nationale, le mémoire en défense d’Ahmed Baba est bien engistré par le greffe de la Cour suprême sous le numéro 44, mais à l’audience, il est déclaré tardif et récusé. La saisine de la Cour se fonde alors uniquement sur le rapport d’Ahmed Ould Amar. La confusion se fait entre plusieurs exercices budgétaires, entre des dépenses en matériel ou en personnel, mais surtout la gestion de l’ancien ambassadeur est contrôlée par un agent de l’assistance technique française faisant fonction de conseiller financier de la Cour – il y avait eu un précédent : le 20 Août 1963, l’ancien ambassadeur à Dakar avait été arrêté « pour fautes de gestion »

17 - notamment le Mouvement national démocratique, stigmatisé le 4 Mai 1973 parce que sa naissance coincide avec une grève de la faim de vingt syndicalistes emprisonnés à Tamchakket et dont cinq hauts fonctionnaires – à l’instar du tract de 1967 – ont pris la défense en écrivant au Président de la République…. puis le Parti des Kadihines actif à partir du 1er Octobre suivant

18 - entretien avec Mohamed Khouna Ould Haidalla, à Nouakchott, les 1er et 5 Décembre 2005

dimanche 1 août 2010

journal de maintenant - dimanche 1er août 2010

Dimanche 1er Août 2010

Je rapproche un article élogieux pour la Mauritanie et l’opération de ses troupes spéciales la semaine dernière (Le Monde daté du mercredi 28 Juillet 2010) d’une dépêche AFP de ce soir. Mensonge aussi net que celui proféré par Sarkozy en conférence de presse à Niamey le 27 Mars 2009 : il apparaît bien que la France s’est liée au putschiste mauritanien dès son coup, sinon avant, pour recruter et former chez lui ses supplétifs. L’opération n’était pas du tout pour sauver Germaneau (elle l’a condamné s’il n’était déjà exécuté) mais pour atteindre unb objectif stratégique qui l’aurait été, surtout pour Nouakchott ; elle a été décidée le 13 Juillet, après des mois de préparation. Or, Al Qaïda Maghreb fait savoir qu’elle était en négociation avec Paris au moment du coup. Sarkozy et Fillon ont menti… ce leur est coûtumier. En tous domaines.

C’est la commune de Marcoussis – seule famille sur terre de cet homme sacrifié sciemment par Paris et évidemment indifférent à Nouakchott – qui peut poser les questions et éventullement affirmer. J’ai couriellé au président Sidi : ces formations que mon journal affirme dater de 2008, les avait-il initiées ? ou sont-elles postérieures au coup. Dans le second cas, la France « avoue »… mon pays…

Presque la journée dans mes archives pour décrire – à paraître dans Le Calame – la signification de l’emprisonnement d’Ahmed Baba et des comités de soutien qui se font alors connaître, l’été de 1967. Moktar Ould Daddah et ses amitiés, Moktar Ould Daddah et les opposants, l’implication de la France, certainement au temps de Jean-François Deniau pour faire les images des personnages qu’elle pousse ou qu’elle n’aime pas.