mercredi 19 mai 2010

lecture du Coran par un chrétien - sourate 27 . Les fourmis

texte à re-formater pour distinguer ce qui est citations du Coran ou de la Bible (italiques) - de ce qui est ma lecture (caractères droits)


soir du mardi 30 Mars 2010

Je viens – avec un plaisir préparé la veille, quand je l’ai choisie – à la sourate les fourmis. Je quitte donc, un moment, les sourates de la fin du livre, la fin au sens de la présentation et du classement actuels : sourates qui sont des objurgations lapidaires, pour consacrer du temps et de la méditation à un texte suivi qui m’attire car il semble présenter la version et la lecture coraniques d’une partie de l’Ancien Testament, une partie réciotative, événementielle, alors que ce n’est pas du tout le genre littéraire du Prophète ; A m’en tenir à la question de ce genre, il me semble que ce n’est pas non plus un livre de sagesse. C’est vraiment un prêche insistant pour n’être pas parjure mais au contraire adorateur conséquent et convaincu de l’Unique. D’une certaine manière, Mahomet prêche le ciel, un état de vie religieuse, une escathologie.


Sourate 27 . Les fourmis Masson & Chouraqui d’accord

Une bonne nouvelle pour les croyants. Non pas un enseignement ou une révélation qui produiraient conversion et foi nouvelles, mais un aliment pour une foi déjà acquise. Critère de celle-ci ? les adhérents qui élèvent la prière, donnent la dîme, certains de l’autre monde. 1 pas une conception de Dieu, mais un comportement, des actes. Quant à l’au-delà , il contient forcément la foi en Dieu, sans qu’y ait à décrire ou expliciter celui-ci.


soir du jeudi de l’Ascension (pour les chrétiens) 13 Mai 2010

Je me suis écarté de la structure que je souhaite pendant six semaines, j’y reviens. J’éprouve une dychotomie qui ne peut se résoudre que dans la méditation du texte. D’un côté des lectures ce mois-ci, trois livres que je crois décisifs, la biographie de Mahomet par Virgil Georghiu [1] et deux études, disant aussi bien la profondeur de ce que l’Islam apporte même à la théologie catholique (le dogme trinitaire) sur les points-mêmes de la plus essentielle divergence [2], que le méfait de lecture non empathique des Ecritures de l’autre et tournant à la haine [3], alors même que des vues sont suggestives [4]quand on ne développe que soi et non la vue qu’on a de l’autre et de sa sociologie. Le seul point que marquent ces derniers auteurs est qu’ils ont tenté de lire la Bible, alors que les détracteurs de l’Islam – dans le christianisme ou l’agnosticisme se transmettent une opinion caricaturale sans lire le Coran-même. Etant à saisir mon journal d’il y a quarante ans, j’ai moi aussi écrit au printemps de 1965 des absurdités conformistes sur l’Islam, telles que des religieux catholiques me les transmettaient et il n’y a pas six mois m’était rapportée une définition lapidaire, trop brillante et fausse de l’Islam par le cardinal Lustiger. Il est utile que dans un dialogue, chacun sache l’image que l’autre a de lui, a priori : mesure rétrospective ensuite du chemin parcouru.
Je réfléchirai, par écrit et séparément de mon présent exercice, à cette lecture – que j’ai résolu d’entreprendre et de mener à terme – lecture tranquille du Coran pour lui-même et comme s’il m’était directement adressé, tel que je suis et au moment où je suis de ma culture et de ma vie, de mes solidarités aussi avec tant d’amis musulmans, siolidarités personnelles et solidarités avec un pays précis : la Mauritanie. De l’autre côté, le texte lui-même à lire comme un apport essentiel au parcours de l’homme vers Dieu ou selon Dieu. Dans le premier cas, la discussion porte sur les conditions à remplir intimement pour être de bonne foi dans ce que l’on croit et dans ce que l’on découvre du fondement d’une croyance différente ; dans le second, le néophyte de bonne volonté avance sans le moindre secours et les résonnances se font non pas entre des passages du texte, mais entre ce texte et celui de ma foi, la Bible judéo-chrétienne, ou plus simplement entre ce texte et ce que j’en extrapole puisque cette lecture est la toute première et que je suis très loin d’aller et venir dans le Coran, et plus encore de savoir ce que la tradition ou l’exégèse disent de ce que je lis et que sans doute le musulman (arabisant) a, dans l’esprit et le cœur, quand il prie, récite, lit.

Sourate 27 . Les fourmis
Masson & Chouraqui d’accord sur cette traduction du « titre »

Une bonne nouvelle pour les croyants. Non pas un enseignement ou une révélation qui produiraient conversion et foi nouvelles, mais un aliment pour une foi déjà acquise. Critère de celle-ci ? les adhérents qui élèvent la prière, donnent la dîme, certains de l’autre monde. 1 pas une conception de Dieu, mais un comportement, des actes. Quant à l’au-delà , il contient forcément la foi en Dieu, sans qu’y ait à décrire ou expliciter celui-ci. Evidemment, je me sens en pays de connaissance, jusqu’à la dernière phrase du verset 3
Avec ses deux traductions : ils croient fermement à la vie future (Masson), certains de l’Autre monde (Chouraqui), le texte m’amène à réfléchir sur ce que les chrétiens, à la suite du Christ, appellent la vie éternelle. La vie, en fait, par excellence. Ni l’Islam, ni Israël ne disent donc et ne pensent ainsi.
Aveugler celui qui ne croit pas 4 & 5 semble tautologique ou vouloir poursuivre une vengeance. Mais qui est l’acteur ? qui dit : nous ? nous maquillons pour eux leurs œuvres (Chouraqui), nous avons embelli à leurs propres yeux les actions de ceux qui ne croient pas (Masson) : priver l’homme de discernement parce qu’il s’est perdu, pour qu’il se perde ? on verrait plutôt que ce soit une cause de cette perte et sans que Dieu, au contraire, l’ait voulu.
Moïse, premier messager, premier prophète du Coran-même, ce qui implicitement fait du Coran, bien plus qu’un successeur ou un complément de la Bible, mais bien l’englobant de la Bible, et à son origine… Tu reçois en vérité le Cora de la part d’un Sage, d’un Savant (Masson), te voilà, tu as rencontré l’Appel (le Coran) du Sage, du Savant 7 introduit par 6. Problème : Moïse n’est pas un savant, il n’est un sage que pour sa postérité spirituelle et politique. De même pour Mahomet. L’épisode du buisson ardent est traité spirituellement et pas factuellement. La Bible en a fait la première rencontre de Moïse avec Dieu, usant d’un subterfuge pour piquer sa curiosité et tester sa disponibilité. Le Coran fait du buisson ce qui aurait pour analogue dans la liturgie de la Pâque chrétienne le cierge pascal, le feu d’ouverture de la veillée : Oui, j’aperçois un feu, je vous en apporterai bientôt un nouveau (Chouraqui), une nouvelle (Masson), ou bien un tison ardent. Exhortation spirituelle en même temps que transmission : peut-être vous réchaufferez-vous ? L’ensemble est beau 7, typique des Pères de l’Eglise qui ont peut-être eu déjà cette méditation. La parole venant du buisson a deux auteurs, le premier situe le second, le second est Dieu Lui-même Deutéronome XXXIII 16 & ExodeIII 12. Ô Moïse, je suis Dieu, en vérité, le Tout-puissant, le Sage… 9 Dans la Bible, Dieu ne se nomme qu’à la demande de Moïse ayant déjà reçu son « ordre de mission » Exode III 14 et en première présentation, il se donne à reconnaître comme il l’avait fait aux patriarches : Moïse n’est pas prophète mais il reprend la lignée de ceux-ci : Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob Exode III 6 ce qu’ignore le Coran qui anticipe sur ce que la Bible place chronologiquement plus tard : je suis en vérité celui qui pardonne et qui est miséricordieux (quoique conditionnellement) à l’égard de ceux qui ont, ensuite, remplacé un mal par un bien. 11 L’épisode du bâton 10 éprouvant Moïse est dans la Bible mais situé plus loin dans le récit au titre des arguments et preuves dont disposera devant Pharaon l’envoyé de Dieu Exode IV 2 à 5, celui de la main devenant lépreuse puis redevenant normale 12 y figure aussi Exode IV 6 à 8. Le Coran coupe court : quand nos signes leur parvinrent pour les éclairer, ils dirent : « c’est de la magie » 13 et il se présente – dans le portrait et le rôle donnés à Moïse – davantage comme le lecteur et commentateur de morceaux choisis dans la Bible que comme innovant, sauf – ce qui lui est familier et constitue son cachet, que j’apprécie beaucoup, et qui me le fait apparenter aux Pères du désert dont chronologiquement Mahomet n’est pas loin – quand il tire la leçon spirituelle : celle du bâton. Ô Moïse, n’aie pas peur ! Les prophètes n’ont jamais peur auprès de moi, à l’exception de ceux qui sont injustes 10.11 (Masson). Me voici : près de moi, les Envoyés ne craignent rien, excepté ceux qui fraudent (Chouraqui). Le Coran traite-t-il ailleurs la Pâque, le passage de la mer Rouge, les plaies d’Egypte ? à voir. La Bible, au contraire, détaille aussi bien la mission de Moïse que, oar avance, la manière dont se passeront les choses : une anticipation du divin rédempteur, plan de Dieu, mission du Fils de l’homme, accomplissement des prophéties.
Le texte va être beaucoup plus conséquent et surtout beaucoup plus variant de la Bible, à propos de Salomon (et de la reine de Saba) 15 à 44.



soir du samedi 15 Mai 2010

Je reviens simplement au texte.

Sourate 27 . Les fourmis 15 à 44

Nous avons donné une science à David et à Salomon 15 et cette science, c’est de reconnaître Dieu et la vocation à laquelle il nous appelle : Dieu qui nous a préférés. Le Coran opère une synthèse, alors que la Bible donne David dans les deux livres de Samuel ainsi que dans le 1er des Chroniques X à XXIX, et Salomon, plus parcimonieusement dans le 1er livre des Rois III à XI et aussi dans le 2ème des Chroniques I à X ; il est vrai qu’on peut conjecturer la perte d’un livre-source, l’Histoire de Salomon évoquée en 1er Rois XI 41 et surtout retrouver l’œuvre directe et ou l’inspiration des deux grands rois dans nombre de livres sapientiaux : Sagesse et Psaumes. La synthèse n’est ni littéraire ni historique, elle est centrée sur la reine de Saba et l’entrée en scène de celle-ci, dite Bilqis, est particulièrement romanesque : j’y ai trouvé une femme 23 mais celle-ci est traitée en termes de puissance seulement : elle rège sur eux, elle est comblée de tous les biens et elle possède un trône immense 23. La Bible laisse l’initiative du déplacement et de la rencontre à la reine, le Coran le donne au roi : pars avec ma lettre que voici, lance-la aux Saba puis, tiens-toi à l’écart et attends leur réponse 28 La reine n’est pas spontanée dans sa réponse ni dans son voyage, elle consulte : Qunt à moi, je vais leur envoyer un présent et je verrai ce que les émissaires rapporteront 35.
La consultation de la reine de Saba : l’affaire dépend de toi, vois donc ce que tu veux ordonner 33 cette déclaration d’incompétence des chefs du peuple veut-elle en sociologie politique d’un pays musulman ? Stratégie de la reine de Saba et comment Salomon a le comportement qu’elle prévoyait : quand les rois pénètrent dans une cité, ils la saccagent et ils font de ses plus nobles habitants les plus misérables des hommes. C’est ainsi qu’ils agissent… Nous allons marcher contre eux avec des armées, ils n’y résisteront pas, nous les chasserons de leur pays, ils seront alors misérables et humiliés. 34 & 37 Mais Salomon cherche un exécutant, deux se présentent, un ‘ifrit ou rebelle, puis quelqu’un qui détenait une certaine science du Livre 9 & 40. Salomon, en fait, veut mettre à l’épreuve sa partenaire et ne veut qu’à son trône : rendez-lui son trône méconnaissable ; nous verrons alors si elle est bien dirigée ou si elle est au nombre de ceux qui ne sont pas dirigés 8. Et la reine triomphe parce qu’elle est croyante, qu’elle a la foi et que si elle ne l’avait pas encore, elle l’embrasse : La Science nous a déjà été donnée et nous sommes soumis ! Je me suis fait tort à moi-même ; avec Salomon, je me soumets à Dieu, Seigneur des mondes 42 & 44. Etapes de la conversion et le récit se termine là, qui est l’inverse de celui de la Bible où Salomon avait étonné la reine par sa sagesse. Ici, l’héroîne est cette femme qui va de découverte en découverte jusqu’à la foi, mais pour triompher des apparences, et ne pas se contenter de la simple science (majuscule ou pas), il lui faut un mot de Salomon : on lui dit : ‘entre dans le palais !’. Lorsqu’elle l’aperçut, elle crut voir une pièce d’eau, et elle découvrit ses jambes. Salomon dit : ‘c’est un palais dallé de cristal’ 44. Le Coran, redondance de la Bible et commentaire de celle-ci soit factuellement, il est alors discutable pour le chrétien et sans doute aussi pour le juif, soit spirituellement il est alors l’un des orfèvres de la prière humaine et de la révélation.


soir du dimanche 16 Mai 2010

Spontanément, ma femme rapporte pour notre fille (cinq ans et demi) deux albums dessinés, le premier raconte l’itinéraire d’une petite Leïla, française à la seconde génération, les parents de l’Algérie à Boulogne-Billancourt [5], l’autre dans la série de « la vie privée des hommes » le récit des premiers siècles de l’Islam [6]. Je poursuis ma lecture, maintenant sans référence biblique.

Sourate 27 . Les fourmis 45 à 58

Nouvel épisode de la mission de Sâlih chez les Thamûd, elle est évoquée souvent dans le Coran, dès la sourate 7 Les hauteurs 73 & ss.Mes deux traducteurs n’ont pas de notice biographique sur ce prophète mais indiquent la tribu pré-islamique est désignée autant pour elle-même que pour la divinité qu’elle célèbre. Exhortation de l’envoyé à la paix domestique : Si seulement vous demandiez pardon à Dieu, peut-être vous serait-il fait miséricorde. 46
Là où la BibleExode XVIII 17 à XIX 29 donne un récit (le châtiment de Sodome et de Gomorrhe, l’intercession d’Abraham et la fuite de Loth) dont se déduisent le plan, la justice et la miséricorde de Dieu, le Coran – supposant l’épisode connu en version originale – commente et donne les pensées des uns et des autres, comme déjà donné par sourate 7 80 à 84. Au passage, condamnation de l’homosexualité : Vous vous approchez par concupiscence des hommes plutôt que des femmes : vous êtes ignorants 55 – ce que n’évoque pas la Bible, fort discrète (je vais descendre voir s’ils ont fait tout ce qu’indique le cri qui est monté vers moi ExodeXVIII 21, pas plus qu’elle ne suggère une expulsion de Loth par ses concitoyens : Chassez de votre cité la famille de Loth, voilà des gens qui affectent la pureté 56 et paradoxalement l’hétérosexuel est séparé d’autorité de sa femme, selon le Coran, alors que la Bible donne la perte de celle-ci du fait de sa curiosité qui la fit se retourner Exode XIX 26 après le départ de la famille au complet. Quant à l’inceste que pratiquent les filles de Loth avec leur père pour assurer une descendance (il n’y a pas d’homme dans le pays pour s’unir à nous à la manière de tout le monde. Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui ; ainsi de notre père, nous susciterons une descendance Exode XIX 31) avec recours au vin et donc à l’ivresse (l’aînée vint s’étendre près de son père, qui n’eut conscience ni de son coucher ni de son lever Exode XIX 33), la Bible n’en fait pas un commentaire négatif de principe : la fin justifie les moyens. Ainsi, la matière des interdits, et leur degré, diffèrent-t-elles fortement entre les deux Livres. Le genre du Coran est donc spirituel au premier degré, la Bible, dans ses livres « historiques », privilégie le récit et Dieu ne parle qu’en dialogue, la morale et le sens spirituel sont réservés à d’autres livres. La législation qui peut se déduire, est littéralement plus laxiste dans la Bible, laxisme tenant aux omissions voulues davantage qu’à la tournure d’énoncés qui, eux, ne sont jamais flous.



soir du mardi 18 Mai 2010

Troisième partie de cette sourate, si originale : un commentaire ou une prolongation de l’Ancien Testament (la Bible) avec une mise en scène de Moïse, de Loth et de la reine de Saba, généralement un contre-pied dela Bible pour que l’initiative passe d’un personnage à l’autre – la mission de Silal d’application biblique mais sans doute d’origine arabe et intertribale – maintenant le retour à l’essentiel ; j’y vais dans la prière mais aussi l’excitation littéraire car le Coran est à ses sommets d’écriture et de composition quand il montre Dieu.
Sourate 27 . Les fourmis 59 à 93

Des maximes particulièrement fortes et universelles qu’aucun chrétien ne peut éluder : Ton Seigeur n’est pas inattentif à ce que vous faites 93, ou encore : Confie à toi, tu es certainement dsans la claire Vérité (Masson), abandonne-toi en Allah, tu seras dans la vérité évident (Chouraqui) 79 ni même aucun spirituel : Quiconque est bien dirigé est dirigé pour lui-même 92 Thème du « jugement dernier » que ne récuse pas le chrétien : la parole tombera sur eux, parce qu’ils ont été injustes et ils se tairont 85 ceux qui viendront en ce Jour avec une bonne action, recevront mieux encore. Ils seront à l’abri de toute frayeur. Ceux qui viendront avec une mauvaise action seront préciputés la face dans le Feu. 88 & 89
Démonstration de fond pour les Juifs : ce Coran raconte aux fils d’israël la plus grande partie des choses sur lesquelles ils ne sont pas d’accord 76 et avec les arguments qui seront plus tard ceux des déistes et de Voltaire, le reste des hommes, le monde entier est convié…le Coran d’ailleurs insiste autant, pami les œuvres et bienfaits de Dieu, sur les grâces spirituelles, notamment celle du discernement, que sur la cosmogonie ou l’architecture universelle : n’est-ce pas lui qui exauce le malheureux qui l’invoque ? n’est-ce pas lui qui vous dirige dans les ténèbres de la terre et de la mer ? n’est-ce pas lui qui a créé les cieux et la terre ? n’est-ce pas lui qui donne un commencement à la création et qui, ensuite, la renouvellera ? ne voient-ils pas que nous avons disposé la nuit pour qu’ils se reposent et le jour pour qu’ils voient clair ? 62, 63, 60, 64 & 86
Distribution des rôles enfin et description de chacun. Celui du Prophète : J’ai reçu seulement l’ordre d’adorer le Seigneur de cette cité qu’il a déclarée sacrée, j’ai reçu l’ordre d’être au nombre de ceux qui sont soumis et de réciter le Coran, je suis seulement chargé de vous avertir 91 & 92 . Celui des incrédules portaiturés très négativement :Voilà des gens qui donnent à Dieu des égaux… La plupart des hommes ne savent pas…Il y a peu d’hommes qui réfléchissent… Ils disent ‘’Quand donc cette promesse se réalisera-t-elle si vous êtes véridiques’’ 60,61, 62 & 71. Celui enfin de Dieu : ton Seigneur est plein de bonté envers les hommes, ton Seigneur connaît parfaitement ce que cachent leurs cœurs et ce qu’ils divulguent 73 & 74..
Mais l’essentiel me semble surtout dans l’affirmation en différentes formes que seule la foi sauve – diraient l’Eglise et l’Apôtre – ou autrement dit, selon le Coran, c’est l’absence de foi, l’incrédulité, le refus explicite de croire qui condamne. L’Islam introduit une forte liberté humaine, celle de croire ou celle de ne pas croire, et contrairement à la démarche et à la psychologie chrétienne qui faisant recevoir la foi par le croyant, suppose qu’à l’origine du destin humain il n’y a ni salut ni foi personnels, le baptême introduisant à l’un et à l’autre, l’Islam voit au contraire la foi originelle, tant Dieu est évident, et la possible démarche humaine seulement en incrédulité, laquelle est donc un reniement. Sans doute, à terme, arive-t-on – intellectuellement et spirituellement – à la même posture de l’homme, saisi par Dieu et croyant. Mais au jugement dernier, le critère en Islam est la foi, dans le christianisme il est les œuvres : ce que vous avez fait à l’un de ces petits … c’est à moi que vous l’avez fait ! Critère qui court tout le Livre (l’Appel) : Le jour où nous rassemblerons, de chaque communauté, une foule de ceux qui traitaient nos signes de mensonges, on les placera en rangs. Quand ils seront arrivés, Dieu leur dira : ‘N’avez-vous pas traité nos signes de mensonges, alors que vous ne les connaissiez pas ? Que faisiez-vous alors’. La Parole tombera sur eux, parce qu’ils ont été injustes, et ils se tairont. 83, 84, 85 Les œuvres nétant pas, je le note, complètement absentes de l’évaluation finale : ils ont été injustes.
Image conclusive, saisissante de réalisme et introduisant aussitôt au spirituel : Tu verras les montagnes, que tu croyais immobiles, passer comme des nuages. C’est une œuvre de Dieu : il fait bien toute chose, il est parfaitement informé de ce que vous faites. 88

[1] - Virgil Gheorghiu . La vie de Mahomet trad. du roumain par Livia Lamoure éd. française Plon 1962 & Robert Laffont 1974 . 349 pages – l’œuvre est dédiée à Jacques Benoist-Méchin

[2] - Abdel-el-Krim el-Jîlî . Un commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran trad. et annoté par Jâbir Clément-François, précédé d’une introductrion générale à la Non-Dualité dans l’ésotérisme islamique (éd. Albouraq . Beyrouth . Avril 2002 . 277 pages) pp. 120 à 123

[3] - Mohamed Talbi . L’Islam n’est pas voilé, il est culte – Rénovation de la pensée musulmane (éd. Carthaginoiseries . Tunis . 1er trim. 2009 . 410 pages) pp. 212 & 206

[4] - ibid. p. 180
[5] - Valentine Goby & Roman Badel . le cahier de Leïla, de l’Algérie à Billancourt (coll. Français d’ailleurs . éd. Autrement Jeunesse . Mars 2007 . 79 pages)

[6] - Moktar Moktefi, textes & Sedat Tosun illustrations . Aux premiers siècles de l’Islam . VII°.XIII° siècles . 600.1258 ap. J.C. de Mohamed à la chute de Bagdad (Hachette Jeunesse . Novembre 1986 . 67 pages) . évoque entre autres que les fables de La Fontaine doivent beaucoup comme celui-ci le reconnaît au recueil de contes indo-iranien (Le livre de Kalila et Dsimma ou fables de Bidpaï) traduit au VIIIème siècle par Ibn Al Moukaffa, qui l’enrichit considérablement – illustration aussi de l’universalité de la langue et plus encore de l’écriture arabes

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