dimanche 7 février 2010

lecture du Coran - sourate 92 . La nuit




soir du dimanche 7 Février 2010

Je ne peux prendre le Coran comme parole de Dieu – ce qui, en revanche, sous-tend toujours ma lecture de l’Ancien et du Nouveau Testament (la Bible), même quand le texte est un récit anecdotique. La Bible m’est donnée comme instrument et lieu de prière, de communion ou de chemin de communion avec Dieu, par son Fils (annoncé dans l’Ancien Testament, présenté par le Nouveau : un peu de biographie, beaucoup d’enseignement et surtout la confrontation entre deux accueils, l’un passionnément hostile, l’autre favorable mais très conditionnellement et à courte vue. Tandis que le Coran m’est un moyen de communier avec les hommes, avec les musulmans, de les rejoindre. Il est aussi – jusqu’à présent – un portrait de Dieu tout à fait conforme à celui donné dans la Bible, mais qui a une écriture, un autre souffle et une autre manière de se dire. Il est enfin centré – bien davantage que la Bible – sur le jugement, donc sur la sanction de l’accueil reçu par le Prophète, et en fait plus profondément et en nous faisant entrer vraiment dans le spirituel, sur la sanction ou la récompense, l’état de vie éternelle des croyants et des infidèles. Quant à la langue, je ne la pratique pas, mais les images, le rythme qui en sont restituées par les traductions, sont très motivants : le lecteur, le pratiquant du Livre sont haletants. Dieu exige, menace, alerte et, quoique répétitif si la lecture n’est que superficielle, le Coran surprend constamment par sa force.

Sourate 92 . La nuit

Effet littéraire très parlant, la puissance et la stabilité du cosmos et même de la physiologie, reflet de la divinité, parabole de Dieu et en regard les mouvements browniens des hommes : voici, vos démarches divergent 4. Argument des philosophes des Lumières, au XVIIIème siècle occidental, qui n’avaient sans doute pas la maîtrise du Coran. Dieu et les hommes, par la nuit quand elle engloutit, par le jour quand il éclate, par ce qui crée le mâle et la femelle 1 à 3. La reproduction humaine, souvent invoquée par le Prophète soit pour rappeler l’humilité de la condition humaine, soit – ici – pour en dire l’immuabilité. Justice distributive et manichéenne : Paradis et Géhenne, selon deux types d’hommes dans leur rapport à Dieu : celui qui donne, frémit et celui qui lésine, s’enrichit et nie 5 & 8. Le texte est d’une saveur particulière pour un chrétien qui s’y reconnaît assez bien ; la foi n’est pas intellectuelle mais elle vient du cœur, elle frémit. La pauvreté, le dénuement consentis valent la foi, la signifient : tout frémissant qui donne sa richesse pour se purifier 17.18 tandis que le mécréant : sa richesse ne lui profite pas, quand il sombre 11. L’auteur du livre des Proverbes n’a pas dit mieux et le psalmiste comme Jean de la Croix sont en symbiose avec le Prophète quand celui-ci s’écrie : Rien chez personne n’est récompensé par un tel ravissement, sauf le désir du visage de son Seigneur, le Sublime 19 & 20 . Et une vue optimiste du dénouement : bientôt, il sera exaucé 21.

Ainsi, suis-je introduit à une souplesse plus grande qu’ailleurs dans le Coran, le jugement, le bonheur, la malédiction ont des degrés, et surtout le salut est possible, promis, déjà en filigrane.Je peux ainsi lire le Coran quand les sourates sont courtes comme le moment d’une respiration mystique : le texte n’est pas un enseignement sur Dieu ou sur l’homme, il est une mise de l’homme en présence de Dieu, il est immédiatement une école de contemplation mais sans conseils pratiques ni de posture. Il place l’homme devant Dieu, subitement. Et si chacune des sourates est parente, analogue à beaucoup d’autres, c’est bien qu’il s’agit d’une même respiration permanente, éternelle comme la vie promise.

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