lundi 3 août 2009

journal de maintenant - lundi 3 août 2009

Lundi 3 Août 2009

Taqadoumy donne une « liste spéculative » du gouvernement, elle est manifestement familiale et rétributive, mais une autre dépêche fait état de propositions au F N D D et de la rumeur qu’Ahmed Ould Daddah serait gratifié de la participation d’un membre de sa famille au gouvernement. Ce ne pourrait être qu’un de ses neveux, soit l’un des délégués de Mohamed ould Abdel Aziz à Dakar, M° Brahim Ould Daddah, soit l’un des deux fils du président Moktar Ould Daddah…

Mon sage correspondant opine, sans évoque ces rumeurs, et traite l’essentiel : La période est indécise. Du côté de l’opposition, différents courants qui vont de l’option pour l’affrontement avec Mohamed Ould Abdel Aziz à une reconnaissance totale et peut- être une collaboration avec celui-ci. Du côté de Mohamed Ould Abdel Aziz et de ses amis, certains veulent exclure totalement l’opposition de la gestion ; d’autres veulent ‘l’amadouer’ en payant pour cela un prix qu’ils veulent le mois élevé possible. Il faut attendre, en particulier, la composition du nouveau gouvernement pour y voir plus clair.
Comme j’ai eu déjà à vous le dire, je n’attends rien d’intéressant de tout cela. Je ne pense pas que Mohamed Ould Abdel Aziz est porteur d’un projet de reformes sérieuses pour le pays. Il est très probable qu’on assiste a une continuation du discours et des pratiques qui ont caractérisé la gouvernance passée de Mohamed Ould Abdel Aziz. Il est très probable que la situation socio-économique continue à se dégrader, le retour a la coopération pour le développement devant prendre nécessairement du temps. Il est probable que la Communauté Internationale se rende de plus en plus compte qu’elle n’a pas aidé à régler grand-chose en Mauritanie et que les problèmes politiques demeurent. Cela pourra l’entrainer peut être à faire de nouvelles pressions sur Mohamed Ould Abdel Aziz et sur l’opposition pour un dialogue inclusif encourageant la formation d’un gouvernement véritablement d’union nationale ou du moins de large ouverture.
Bien entendu, Mohamed Ould Abdel Aziz n’épargnera aucun effort pour casser l’opposition par des débauchages de personnalités bien connues et en jouant le F.N.D.D. contre le R.F.D. Sa position par rapport au dialogue dépendra des résultats de ces efforts.


Le secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet, qui s’était déjà engagé en faveur du putschiste dès la mi-Octobre 2008 [1], va représenter la France mercredi 5 à l’intronisation. Il déclare notamment à Radio-Monte-Carlo :
J'ai toujours dit que je voulais construire. Je pense que l'on ne construit rien sur les avis de décès. Aujourd'hui on est obligé de tenir compte de la mondialisation, de la concurrence que nous rencontrons, y compris dans les actions de coopération. Moi je revendique cette volonté d'influence pour la France, parce que je veux que la France soit présente. Et en même temps, notre présence fait que nous sommes exigeants et que c'est grâce à nous quelque part, que comme en Mauritanie, la démocratie revient. Donc il faut faire les deux : évidemment se battre pour le retour à la démocratie, pour la transparence, pour l'honnêteté totale dans les procédures de développement au plan international ; et en même temps être présent, positiver. Il faut penser à la jeunesse africaine et arrêter de vouloir construire l'avenir en regardant dans le rétroviseur. J'ai envie de construire avec ces jeunes ; c'est l'intérêt de la France et celui de l'Europe. Si on ne le fait pas, si les jeunes Africains ne construisent pas avec nous, d'ici 20 ans ils le feront avec quelqu'un d'autre.
Je ne tiens pas compte de ce factum et lui courielle sur ce qui me tient à cœur : la libération d’Hanevy, la sécurité politique de Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed Ould Daddah, l’abus de l’image du président Moktar Ould Daddah. En annexe, le dossier Hanevy tel que le communique mon ami M° Brahim Ould Ebety, et la lettre reçue de la Commission européenne soulignant la vigilance de Bruxelles pour que soit respecté l’accord de Dakar, point VII, sur le dialogue national et les libertés publiques.

Monsieur le Ministre,
depuis la mi-Octobre 2008, j’ai suivi – davantage par les directeurs successifs de votre cabinet – votre politique et ce que vous incarnez pour la France en matière de coopération et de relations franco-africaines.

Je crois qu’au début de ce qu’il est convenu d’appeler la crise mauritanienne, vous avez souhaité que nous conversions là-dessus. Je continue quant à moi de le vouloir, et nous pourrons élargir le propos à l’ensemble de ces relations franco-africaines, nouvelle génération et nouvelle mouture. Vos convenances seront donc les miennes.

Puis-je d’ici là vous suggérer trois points pour la conversation que vous n’allez pas manquer d’avoir avec le général Mohamed Ould Abdel Aziz, en assistant dans sa capitale à son intronisation. L’appui, manifeste, que nous lui avons donné – malgré notre condamnation initiale – est d’ailleurs en continuité avec l’amitié que manifestait le président Chirac envers le colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya (soutien en compagnie de Pierre Messmer et Hubert Védrine dans la campagne de sa réélection à l’automne de 1997, confiance a priori dans le processus de sa nouvelle réélection en 2003, réticence à son renversement en 2005).
Ces trois points sont d’immédiate actualité. Exposés par vous, ils seront sûrement compris par votre interlocuteur, en tête-à-tête :

1° le directeur de la publication du site électronique Taqadoumy, Hanevy Ould Dehah est en taule depuis le 26 Juin – coincidence avec le discours d’adieux du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, discours qui eut un très grand retentissement et a donné à celui-ci une autorité morale certaine – et son procès vient enfin – autre coincidence – à la date d’intronisation du général Ould Abdel Aziz. Ce site est l’un des plus visités et des plus fiables d’Afrique occidentale.
Le dossier est vide, la Cour suprême s’est prononcée pour la libération, l’accord de Dakar prévoit en point VII (je vous donne une lettre reçue de la Commission) le dialogue national à poursuivre et le respect ou la restauration des libertés publiques. Il serait dangereux – pour un pouvoir qui se veut nouveau – de commencer par des affaires de presse. L’opinion internationale, la nôtre en particulier, est très sensible à ce genre d’évidence.
Obtenir sa libération inconditionnelle marquerait votre voyage en Mauritanie et en Afrique, et dans les milieux français qui suivent les choses africaines. Ce serait non négligeable à l’heure de votre bilan.

2° le président de l’Assemblée nationale est une personnalité d’exception tant à raison de son opposition au putsch, pour des raisons simples de légitimité, que par le drapeau qu’il porte de naissance et explicitement depuis qu’il a fondé en 1978 le mouvement El Hor militant pour l’émancipation et la dignité des descendants d’esclaves. Peut-être serait-il bon de nous assurer qu’aucun coup tordu ne sera tenté pour le faire descendre de son « perchoir ».
Le rencontrer en tête-à-tête serait une utile évaluation des réalités mauritaniennes, pour vous.
De même, Ahmed Ould Daddah, si vous ne l’avez déjà reçu à Paris, est à rencontrer. C’est une tête admirablement construite. Il a été arrêté six fois sous le colonel Maaouyia Ould Sidi Ahmed Taya, il a l’expérience des processus électoraux en Mauritanie, il a à dire sur d’autres manières que les actuelles de prendre la question israëlo-palestinienne et arabe, et surtout il reste convaincu que le partenaire de la Mauritanie tout naturellement est l’Union européenne inspirée par la France. – Il a été décisif dans le processus de cette année.

3° ambitieux pour son image et son règne, le général Mohamed Ould Abdel Aziz affiche le portrait du père-fondateur Moktar Ould Daddah, avec le sien. Peut-être pourrez-vous faire expliciter cette formule et cette filiation spirituelle souhaitée ? Chacun y verrait plus clair, notamment en Mauritanie. Et nous-mêmes, par conséquent. Croyez en mes sentiments, Monsieur le Ministre, confiants et attentifs.
Aurai-je un écho ?

[1] - 17 Octobre 2008 - Mauritanie/France - " Les collectifs les plus attachés aux droits de l'homme ne demandent pas d'une manière ferme et définitive le retour du président " déchu, note le secrétaire d'Etat français à la coopération et à la Francophonie
Nouakchott, 17 oct (AMI) - " Même en Mauritanie, les collectifs les plus attachés aux droits de l'homme ne demandent pas d'une manière ferme et définitive le retour du président " déchu, a déclaré vendredi le secrétaire d'Etat français à la coopération et à la Francophonie, M. Alain Joyandet. M. Joyandet qui répondait à des questions de Radio France internationale a précisé que " tout le monde dit quasiment aujourd'hui : il faut trouver la solution d'un retour à la constitution puisque c'est absolument impératif " mais que " personne ne dit Abdellahi doit être mis sur son siège ".

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