Mauritanien d'adoption depuis un service national français effectué à l'Ecole nationale d'administration mauritanienne (Février 1965 . Avril 1966), je souhaite dialoguer ce que je continue d'apprendre de la Mauritanie, et - avec mes amis mauritaniens - ce que je sais du legs de leur fondateur moderne : Moktar Ould Daddah, qui me surnomma Ould Kaïge (Mars 1974). L'accompagnant à son retour d'exil (Juillet 2001), j'eus l'honneur de relire ses mémoires. - b.fdef@wanadoo.fr
mercredi 30 novembre 2022
mardi 29 novembre 2022
lundi 28 novembre 2022
dimanche 27 novembre 2022
samedi 26 novembre 2022
passionnante étude - reçue de mon ami, professeur émérite à l'Université de Nouakchott, Mohamed Ould Mohamed El Hacen - sujet : la S.N.I.M.
Cette étude a été publiée en Avril 2019 sur Le Sites initiativenews; cridem et notre site 2 ires avant qu’il ne soit agressé.
Cordialement
Institut 2ires
26/ 11/2022
Chroniques des années Ould Abdel Aziz
IV: La SNIM, victime de sa prospérité financière
La
SNIM, deuxième employeur du pays (6 000 employés) après l’Etat et qui
contribue pour 30% du Budget de l’Etat et représente 50% des
exportations, a bénéficié d’un boom minier sans équivalent dans
l’histoire, depuis sa nationalisation et même avant celle- ci.
D’une
année à l’autre, le prix de la tonne de minerai a été multiplié par 3,
le chiffre d’affaires de la société, toutes choses égales par ailleurs, a
triplé. Ce triplement du chiffre d’affaires n’était pas accompagné
d’une progression des charges, la production n’ayant pas augmenté et les
coûts de production n’ont pas, non plus, eu de raisons de se modifier.
Des bénéfices ‘’fleuves’’ et inattendus ne pouvaient qu’en résulter. Ils
proviennent
d’une générosité divine via les prix du marché international. Aucune
entreprise dans un autre secteur n’a eu à bénéficier, un jour, d’un tel
‘’lancement satellitaire’’.
Malgré cet océan d’argent, l’endettement de la SNIM est passé de 5% du PIB à 11, 5% du PIB.
La SNIM a suivi apparemment les pas de l’Etat. Comment ce paradoxe (un de
plus)
peut- il être justifié ou expliqué? A priori, pas dans les lois d’une
gestion économique et financière rationnelle et orthodoxe des
entreprises. L’entreprise, fut-elle publique ou à capitaux
majoritairement étatiques, n’est pas l’Etat. Elle doit se confiner aux
activités lucratives et relevant de son objet social. Contrairement à
l’Etat, elle n’a pas pouvoir de collecter des impôts pour combler ses
déficits, pour assurer sa pérennité et préserver ses emplois. Elle peut
faire faillite. Que Dieu préserve la SNIM. C’est ce que, manifestement,
les pilotes de l’ère azizienne ont consciemment ou inconsciemment
ignoré. Le Premier parmi eux, en premier!!!
Bref,
Il faudrait auditer et ausculter en profondeur les comptes de cette
entreprise pour avoir l’explication de la situation paradoxale, évoquée
plus haut.
On sait
cependant que la SNIM s’est lancée dans des projets qui ne relèvent pas
de son objet social et de son activité normale et classique. Mais je
n’ai pas les détails de ces incursions, pour ne pas dire de ces
aventures. De plus, elle s’est lancée, depuis 2009, dans un
investissement de 350 milliards d’ouguiyas (l’équivalent d’un budget de
l’Etat mauritanien, garant, en dernier ressort, de ses dettes).
Lire aussi: Les relations financières avec l’Etranger à travers la BALANCE COMMERCIALE
Un
investissement supplémentaire de 5 milliards de dollars, 5 fois plus
important que le précédent avait comme objectif affiché de permettre une
production de 40 millions de tonnes pour figurer dans le club des 5
premiers mondiaux. Malheureusement, sa production record n’a pas, à ce
jour, dépassé 13,5 millions de tonnes (chiffre de l’année, en 2014).
Le
bon sens et les expériences entrepreneuriales et de croissance des
entreprises similaires interdisent de croire que de tels bonds puissent
être accomplis par une entreprise qui opère sur des marchés
internationaux aussi capricieux et dans un environnement bourré de
contraintes et de goulots d’étranglement.
Sans être
un spécialiste des mines et en espérant me tromper, je sens, ici,
plutôt de la communication, de la publicité et un besoin de
justification que de ‘’l’objectivement réalisable’’!
Je
ne peux pas croire à une multiplication par 4 de la production d’une
entreprise âgée d’un demi-siècle et dont la production a peu évolué au
cours des dernières décennies. En revanche, si les recettes
prévisionnelles des ventes d’une telle production sont peu probables et
aléatoires, les dépenses sont, en général, certaines et les fournisseurs
ne refusent jamais les commandes. La SNIM poussée ou obligée par l’Etat
et son Chef a manqué de prudence. C’est le moins que l’on puisse dire!
Son avenir ???
La SNIM victime d’un retournement brutal de la conjoncture
Un
retournement de conjoncture sur les marchés des matières premières,
auquel le minerai de fer n’a pas échappé, a provoqué une division des
prix par 4, à partir de 2015, plongeant l’Entreprise dans une crise de
liquidité, voire de solvabilité, sans précédent qui menace d’affecter
durablement sa structure financière.
Il semblerait
que, pour la première fois et pour le présent exercice, elle ne pourra
pas verser de contribution au budget de l’Etat.
Les
résultats des ‘’investissements – projets’’ dont les coûts officiels
s’élèvent à plus de 2000 milliards de nos anciennes ouguiya, décideront
de la vie la vie de l’Entreprise et détermineront de quoi son avenir
sera fait ou ne sera pas.
Deux leçons à tirer de cette fâcheuse expérience, vécue sous l’ère azizienne
La
première leçon : la SNIM n’est pas l’Etat et ne doit pas se substituer à
lui, la deuxième leçon: la séparation de l’Etat et de l’Enterprise,
qu’elle soit publique ou privée est vitale pour notre pays. En 2009,
alors qu’on parlait beaucoup de mauvaise t de bonne gouvernance, sans
savoir, d’ailleurs, de quoi on parle, j’ai publié
une étude sous forme de lettre ouverte au Chef de l’Etat de cette ère
sur la gouvernance des entreprises publiques dans laquelle je préconisai
un suivi des projets et entreprises publics. Quelque temps après,
‘’quelque chose’’ a été créée pour le suivi des projets mais pas, à ma
connaissance, pour les entreprises et établissements publics.
En
un mot, la croissance économique durant la première moitié de la
décennie, objet de notre analyse, n’est pas une résultante d’une
politique économique délibérée, elle vient du ‘’Ciel‘’ des produits
miniers, mais elle est ‘’tombée sur les têtes’’ des gestionnaires qui
ont opté pour des investissements surdimensionnés et coûteux aux effets
dévastateurs sur l’économie, tel un tsunami.
Au
lieu d’être un moteur de croissance, ces investissements, d’un genre
particulier, ont été un facteur de crise et d’instabilité, générateurs
d’importations payées en devises, de surendettements excessifs,
creuseurs de déficits en cascade et sources des déséquilibres
structurels en série.
Ils ont eu, en revanche, des
effets bénéfique certains pour les économies de certains pays étrangers
fournisseurs de gros matériel et pour leurs représentants et/ou
commissionnaires.
Le retournement brutal et
inattendu de la conjoncture, intervenu à partir de 2015, a ralenti le
taux de la croissance et le rythme des investissements qui n’ont pas
créé des revenus supplémentaires pouvant dispenser l’Etat, pour combler
le manque à gagner financier, de se retourner contre des populations à
pouvoirs d’achats laminés ou stagnants, rendant la pression fiscale
intenable.
(A suivre)
Mohamed Ould Mohamed El hacen
Institut 2ires
Avril 2019