Mauritanien d'adoption depuis un service national français effectué à l'Ecole nationale d'administration mauritanienne (Février 1965 . Avril 1966), je souhaite dialoguer ce que je continue d'apprendre de la Mauritanie, et - avec mes amis mauritaniens - ce que je sais du legs de leur fondateur moderne : Moktar Ould Daddah, qui me surnomma Ould Kaïge (Mars 1974). L'accompagnant à son retour d'exil (Juillet 2001), j'eus l'honneur de relire ses mémoires. - b.fdef@wanadoo.fr
dimanche 31 janvier 2016
samedi 30 janvier 2016
vendredi 29 janvier 2016
journal de maintenant - vendredi 29 janvier 2016
Ce que je reçois d'un ami - impossible à vérifier mais correspondant certainement au souhait de beaucoup de mauritaniens. Puisqu'aucun scenario ni constitutionnel ni militaire ne semble devoir mettre rapidement au système actuel, espérance d'affaires vraiment grosses.
Depuis qq semaines ou le décès du fils de MOAA ,on ne parle
que de sa fortune dans les banques à l'étranger de son naufrage ,de l'héritage
,de son fils d'une autrichienne qui aurait commis des avocats et réclame le
tiers
Récemment un conseiller de la présidence très proche des
affaires MOAA se serait rendu pour la cause et trouver bouée de sauvetage pour
la fortune et il aurait été refoulé à l'aéroport de Londres
Tout ça peut être fondé et ces logique mais ici ils sont imaginatifs
Je déviens curieux Si vous avez des. Confirmations ou
l'inverse ..,,
- MOAA dans un contexte intérieur difficile et pour soutenir
le retour de SARKOZY aurait selon les ont dit ici et de source très informée
aurait dépêché le président de son parti pour rencontre les Républicains + une
valise
jeudi 28 janvier 2016
entretien avec Diop Moustapha, lieutenant de vaisseau, ancien membre du CMSN, ancien ministre - 1ère livraison - publ. Le Calame repris par Cridem,
Le
Calame - "Le magistère de Ould Taya
a été la caricature dramatique de l’exercice d’un pouvoir qui a été jusqu’à
créer un homo mauritanicus nouveau, repu aux auges de la corruption et devenu
esclave docile du maître jusqu’à sa chute en 2005"
Le lieutenant de vaisseau, Diop Moustapha, fut l’un des premiers officiers de notre marine nationale sortant de la prestigieuse école navale de Brest. Devenu membre du Comité militaire de Salut National, il sera tour à tour, directeur de la Marine Nationale, directeur de la Sûreté nationale et ministre sous le magistère Haidalla (1980/1984).
Il sera arrêté le 12 décembre 1984 après le coup d’Etat de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Emprisonné puis placé en résidence surveillée, il ne sera libéré qu’en 1989 ( ?) et choisit le chemin de l’exil. De retour au pays en 2003, pour soutenir la candidature d’Haidalla à la présidentielle, il échappe de peu à l’arrestation et s’installe en France.
C’est la première fois qu’il accepte d’accorder un entretien à un journal. Il évoque dans cette première partie l’élection présidentielle de 2003, les Grab, ss relations avec Ould Abdel Aziz et avec Ely Ould Mohamed Vall, son compagnon d’armes, le règlement du passif humanitaire, la question de l’esclavage et le dialogue politique. Un entretien édifiant.
Le Calame : Vous vivez en exil en France, depuis 2003, si je me trompe. Vous faites partie de cette cohorte de mauritaniens qui ont fui le pays sous le magistère d’Ould Taya ou vous êtes un réfugié économique comme tant d’autres ?
Diop Moustapha : Avant tout, reconnaissez que c’est vous qui avez fait un torrent de questions dont je vous laisse seul responsable de l’ennui de vos lecteurs. Aussi, donnant-donnant, vous provoquez un océan de réponses !
Pour revenir à votre question, pourquoi n’en seriez-vous pas à des légions puisque vous êtes si obnubilés par les définitions militaires ?
Pour vous dire que je suis arrivé totalement démuni en France après ma fuite (puisque vous utilisez ce terme). Il se trouve que ce pays, lorsqu’il accepte de vous accueillir et vous accorde le statut de réfugié, il vous fait bénéficier de ce que disposent ses propres lois et règlements, en conformité d’ailleurs avec les conventions internationales.
Il veille à un minimum de votre entretien et veille à vos commodités, en actes de solidarité humaine bien loin de ce que vous qualifiez de réfugié économique.
Certains peuvent s’y plaire d’autres, non. J’assimile ces avantages à ce que Le Calame, comme d’autres organes de presse, reçoit comme subventions financières de l’Etat mauritanien et d’autres organisations internationales pour sa survie et le bon confort de son personnel.
Je ne dirai pas de survie économique mais simplement d’assistance à participation de l’exercice de la démocratie, pour ne pas être taxé de diffamateur. Après, vous en faites ce que vous voulez. Quant au statut de réfugié ou d’exilé, des dispositions particulières d’accompagnement s’y rattachent sans que les bénéficiaires ne l’aient demandées.
Cette date de 2003 correspond à une présidentielle à laquelle avait pris part celui que les gens considèrent comme étant votre ami c'est à dire Ould Haidalla. Pour avoir dénoncé les résultats de l’élection, cet ancien président, accusé aussi de tentative de coup de force a été arrêté. Y’aurait un rapport entre cet évènement et votre départ en exil ?
Rectificatif, Ould Haidalla est plus que mon ami, il est mon frère. Vous faites semblant d’ignorer que ma fuite a été concomitante à l’arrestation du candidat Ould Haidalla, dont j’étais le directeur de cabinet, et de la totalité de la direction de campagne.
Encore un rectificatif, la première arrestation du candidat a eu lieu le 05 novembre, veille du scrutin quand le pouvoir a compris que les dés étaient jetés et que la mobilisation dans tout le pays ne laissait plus aucun doute quant à la victoire certaine de la Coalition pour une Alternance Pacifique qui s’était formée autour du candidat indépendant Haidalla.
Il fut libéré le soir même sur protestation de certains chefs de missions diplomatiques qui rappelèrent à Ould Taya, entre autres motifs, que la loi électorale stipulait que le maintien en prison du candidat faisait reporter, sine die, le scrutin.
Je vous avoue que ma réaction première, à Kaédi, d’où je supervisais, pour la Région du Gorgol, le scrutin prévu le lendemain 06 novembre, a été de me rendre aux autorités à Nouakchott.
La réaction de la commission des Jeunes m’en a dissuadé et nous avons alors décidé d’engager une forme de résistance, violente, si nécessaire, pour répondre à la violence d’Etat qui nous avait été faite. Sa seconde arrestation eut lieu le lendemain du scrutin, le 07 novembre 2003. Voilà pour la chronologie des faits.
Pouvez-vous nous dire quelles relations vous avez entretenues et continuez à entreprendre avec cet officier, devenu chef de l'Etat entre 80 et 84 ?
Cette question ne me semble pas d’un intérêt majeur puisque, vous-même dites, que nos relations personnelles sont connues. Malgré tout, je vous rappellerai que mes relations avec le Président Haidalla remontent à 1974 à Nouadhibou, où jeune officier de marine fraichement débarqué de l’Ecole Navale de Brest, j’ai d’abord connu sa famille qui m’avait adopté et ensuite seulement présenté à lui, un an plus tard.
Nos relations, au Gouvernement où il m’avait appelé, ont parfois conduit à des perceptions très subjectives, mais que j’assume. Aujourd’hui, malgré mon éloignement, nous entretenons les mêmes relations, devenues familiales depuis.
Quels types de rapports vous entretenez avec l’actuel président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz ? On dit que vous êtes devenu proche de lui ?
Encore « on dit que » ! Vous l’aurez cherchée, alors souffrez que le développement soit long.
Je vais quand même vous rappeler une vérité difficile à contredire. C’est le Président Ould Abdel Aziz, à l’époque Général Président du HCE naissant, qui est devenu proche de moi, pour reprendre votre propos mais que je rectifie en disant proche de nous, nous signataires de la « Déclaration de Dakar ».
Et cela, depuis le jour où, naufragé parmi les naufragés de la Déclaration de Dakar du 14 août 2005, il fut le seul à avoir accepté de faire siens les termes de cette Déclaration, que nous avaient renvoyée à la figure la quasi-totalité de la classe politique à l’époque.
Ce n’est pas si lointain et toutes les contorsions sémantiques, les cris d’orfraie n’effaceront ce douloureux épisode du parcours des signataires du fruit de nos cogitations dakaroises considérées à l’époque comme le summum de la trahison nationale.
Avoir parlé des problèmes de la Mauritanie hors du pays fut considéré par les « biens pensants » comme justiciable de la Haute Cour de Justice et ses tenants comme des pendards juste bons pour l’échafaud.
Ce fut une condamnation unanime, sans recours, à l’exception d’une frange du FONADH conduite par maître Diabira Maroufa qui était partie intégrante de notre délégation. Le vice-président de l’UFP, l’inénarrable et redoutable Lô Gourmo, s’était drapé d’un courage et d’innombrables gris-gris et autres « aya » jusqu’à effectuer, SEUL, un téméraire assaut à notre hôtel pour nous cracher au visage son courroux et sa condamnation, se disant « le porte-parole du pays tout entier » !
On en aurait grelotté de frayeur si des informations amicales ne lui avaient ôté toute idée de vindicte et à en faire un nouvel allié « retourné » ! Il avait alors expressément demandé au ministre sénégalais Gadio de le dire officiellement, à la reprise de nos réunions avec le Président Wade.
Nous lui en avions su gré même si nous doutions qu’il soit suivi par ses camarades de parti ! Dans ce tumulte de lynchage, une voix discordante avait pourtant surgi pour approuver et s’approprier « notre infamie», celle d’un certain Colonel Mohamed Ould Abdel Aziz, membre du CMJD que je ne connaissais que de nom, en sa qualité d’officier supérieur de la famille militaire.
Permettez-moi une petite diversion, pour l’anecdote. J’avais frémi de terreur lorsque la classe politique mauritanienne s’était retrouvée, en 2009, à Dakar avec les mêmes interlocuteurs que nous, le Président Wade et son ministre des affaires étrangères, Ckeikh Tidiane Gadio, sous les lambris des palais nationaux sénégalais…pour déterminer l’avenir de la Mauritanie ! !
Je m’imaginais une grosse fournée pour l’échafaud pour ces « impies » qui osaient aller parler des problèmes de la Mauritanie hors de la Mauritanie avec de vilains étrangers ! ! DIEU merci, la décimation fut évitée par une juste repentance !
Je pense que l’idiosyncrasie du monde politique mauritanien a volontairement occulté ce fait, de façon pernicieuse et d’une redoutable efficacité. De là, une véritable synergie d’efforts, pourtant contradictoires, pour stopper toute velléité de résurgence des termes de la Déclaration de Dakar avait pris forme.
Entre une opposition en quête d’auto absolution pour la « condamnation » de ceux de Dakar et plus tard de supposés soutiens du HCE obnubilés par la « crainte » de voir son nouveau chef continuer à prêter une oreille attentive à ces « étrangers » venus d’ailleurs, s’était alors constituée, de facto, une sainte alliance pour notre rejet.
La dislocation de nos propres rangs, selon des affinités subjectives tribalo-ethnico-parentales fit le reste. Il est évident que notre programme eut beaucoup gagné en accompagnant, dès le début, le seul allié que nous avions alors, le Général Ould Abdel Aziz.
Pourtant, moult venait d’abandonner, au milieu du gué, un si merveilleux texte que voulait porter, dès 2008, le pouvoir insurrectionnel du HCE certes, mais qui demeurait le seul crédible, après les reniements du pouvoir civil de 2007. HCE sur lequel nous pouvions nous adosser et l’aider fortement à poser des jalons indéracinables.
Comme je l’avais pourtant demandé, en vain, dans une lettre en date du 29 novembre 2005, au Colonel Ely Ould Mohamed Vall, alors Président du CMJD. Le HCE, lui aussi, pouvait s’adosser sur nous car nous n’étions demandeurs de rien sinon la prise en charge de la Déclaration de Dakar.
Ce qu’on appelait l’opposition, sans pour autant qu’on puisse en avoir une définition exacte, était traumatisée par un pouvoir qui venait de lui échapper pour la seconde fois et les éternels soutiens de tout pouvoir qui bataillaient pour des positionnements d’une récurrence inouïe, et s’y maintiennent encore, s’attelèrent à nous isoler.
Les premiers, parce qu’ils exigeaient l’hypothétique monopole des revendications nationales et les seconds souhaitaient tout bonnement torpiller toute velléité de réformes en profondeur susceptibles d’ébranler leurs positions.
Et ce qui restait de notre groupe fut pris en tenaille entre les deux. Plus tard, il s’avérera que certains d’entre nous, beaucoup parmi nous, avaient opté pour l’un ou l’autre de ces camps. Ce fut l’enlisement.
Quant à moi, avec quelques rescapés du naufrage de Dakar, nous avions décidé de nous obstiner à accompagner celui qui nous avait fait bon accueil et pris en charge notre bréviaire.
Donc, quand vous dites que je suis proche du Président Aziz, ne soyez pas volontairement réducteur et falsificateur. Bien sûr, le chemin fut rendu difficile, parsemé de coups perfides pour empêcher les réformes voulues. Nous n’en sortîmes pas indemnes certes mais c’est le pays qui a perdu du temps.
Etre ensembles dans une démarche suppose, sans être acteur direct, assumer une coresponsabilité et avoir un droit d’inventaire. Avoir perdu une bataille dans ce fracas de contradictions de notre classe politique n’a jamais fait perdre espoir et l’avenir m’a donné raison sur les motivations d’une opposition qui n’a de souci majeur que son agenda. C’est son droit comme il est du mien de pouvoir ne pas être en phase.
Vous le rencontrez chaque fois qu’il fait halte à Paris ? Et sur quoi portent vos apartés?
Décidément vous êtes bien affirmatif ou c’est votre question qui est mal tournée ? Je n’ai jamais rencontré le Président Ould Abdel Aziz à Paris, puisque nos agendas respectifs n’y ont jamais coïncidé. Par conséquent, nous n’avons, de ce fait, pas pu y avoir des apartés comme vous l’affirmez, même si, comme citoyen, j’en aurais exprimé le désir.
D’autres compatriotes ont pu avoir des audiences avec lui et je pense que cela doit être dans l’ordre naturel des choses puisqu’un entretien avec le Président de la République, qui l’accepte et l’accorde, est le mode de communication le plus approprié pour ceux qui revendiquent une position sur la scène politique, celle des organisations ou encore des mouvements.
Ce mode serait bien plus édifiant que vos « on dit que… » pour s’assurer d’une convergence de vues ou d’une divergence sur celles-ci. Quant à moi, une audience avec le président Ould Abdel Aziz m’est sûrement plus utile d’abord que celle que je peux avoir avec mon hôte, le président Hollande.
Le régime d’Ould Haidalla est qualifié par ses détracteurs de « répressif ». Partagez-vous ce sentiment ?
Vous êtes décidément obnubilé par le régime de Haidalla. Mais comme vous dites vous-même que ce sont ses détracteurs qui qualifient ce régime de répressif. Cela est leur appréciation. Le terme me semble cependant excessif, même s’il y a lieu de reconnaitre que des circonstances particulières ont pu imposer parfois des décisions et actes contestables.
Dans tous les cas, n’ayant jamais démissionné de mes fonctions sous le régime d’Ould Haidalla, j’en assume solidairement le bilan. Et si nous devions en répondre devant notre peuple, par les voies appropriées, nous ne nous y déroberions pas. Pour la plupart, en tout cas.
L’immense coalition qui a soutenu le candidat Haidalla, comme candidat indépendant, alors que moi-même je ne souhaitais pas sa candidature pour des raisons que j’ai explicitées, est quand même significative. A moins que vous soyez dans la certitude que les mauritaniens aient la mémoire courte !
Comprenez-vous pourquoi Ould Taya l’a arrêté au lendemain du scrutin présidentiel de novembre 2003 ? Grab 1 et Grab II étaient –ils des montages ?
J’aurai souhaité que vous rappeliez d’abord à vos lecteurs à quoi renvoient Grab 1 et Grab 2, deux termes barbares jetés à la figure de l’opinion pour un lynchage programmé d’adversaires politiques sur le point de remporter une élection présidentielle.
Pour vos lecteurs, je rappelle que Grab 1 et Grab 2 sont deux documents grossièrement montés pour accréditer une thèse de complot contre la sûreté de l’Etat. Leur contenu rocambolesque, suscité, disaient-ils, par un membre de Conscience et Résistance qui nous soutenait, Mohamed Mahmoud Ould Maaloum, (qui en était innocent aussi) et assaisonné par l’imagination fertilement manichéenne de la DGSN de l’époque et de la Direction de campagne d’Ould Taya, relate les étapes de l’exécution d’une prise de pouvoir par la violence, prêtée à notre camp.
Un scénario violent contre nous et dont nous étions totalement innocents mais qu’a postériori, indiscutablement, il ne m’aurait point déplu de mettre en œuvre, lorsqu’on sait les ravages que l’injuste répression qui a suivi, a causé dans nos rangs.
L’affaire des GRAB I et GRAB II avait fini de convaincre de la redoutable efficacité de la DGSN en matière de désinformation, de falsification et de manipulation des esprits.
Ely Oud Mohamed Vall, le DGSN de l'époque, est votre ami et camarade de promotion. Pensez-vous qu'il soit capable d'une telle machination? Et-ce vrai que c'est lui qui vous a averti de l'imminence de votre arrestation et a facilité votre fuite?
Oui, j’ai toujours considéré le Colonel Ely Ould Mohamed Vall comme un frère et je ne reviens pas là-dessus car vous le savez pour avoir lu la lettre qu’en son temps je lui avais adressée, quatre mois après le coup d’Etat du 03 Août 2005. Certes cette lettre était destinée au Chef de l’Etat qu’il était, mais écrite du fond des tripes d‘un frère sincère.
Ma seule préoccupation était de contribuer à aider à une gouvernance qui ne s’annonçait guère facile et qui ne le serait sûrement pas non plus pour encore de très nombreuses années.
Malgré que je ne fus point audible, je n’en gardais pas moins cette relation particulière jusqu’au jour où, pour des divergences politiques profondes, je lui demandais de ne point se présenter à l’élection présidentielle de juin et de juillet 2009 afin conserver, au moins, cette image qu’on lui conférait de promoteur de la démocratie mauritanienne.
J’avais eu une attitude similaire lorsqu’en 2007 j’avais prié Haidallah de ne pas se présenter. Celui-ci ne m’en a jamais voulu et nos relations n’en ont jamais souffert.
Notre conversation fut sans résultat et je lui confirmais que j’avais souhaité de tous mes vœux un putsch. Un putsch pour sortir de l’insoutenable impasse dans laquelle se trouvaient les institutions de mon pays. Impasse créée par la propre majorité parlementaire du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, malgré ce que d’autres ont pu en interpréter.
A ces heures-là, les opinions divergent forcément. Je lui confirmais, de Dakar, au cours d’un entretien téléphonique, à son initiative, que je regrettais qu’il ne m’écoutât pas et que je ne le soutiendrai pas, convaincu que j’étais, de l’inopportunité de sa candidature.
Ce fut notre dernière communication car depuis ce jour il rompit les relations avec moi malgré mes mille et une tentatives pour restaurer ce lien fraternel de 50 ans. De guerre lasse et devant ce que je considérais comme une humiliation, je cessais mes appels, à mon corps défendant.
Ceci pour dire que malgré mon infortune avec celui que j’appelais mon frère, jamais je ne tomberai dans la médisance mais nos divergences politiques demeurent intactes. Lorsqu’on revendique une amitié sincère, à plus forte raison une fraternité, il serait infâme de se cacher les vérités auxquelles on croit. C’est ce que je fis.
La DGSN à l’époque avait la particularité d’avoir en son sein la puissante DES (Direction de la Süreté d’Etat, NDLR) et toutes mes analyses me font croire que c’est à partir de cette structure qu’est partie le montage de l’affaire GRAB I et GRAB II. Comme dans toute hiérarchie administrative, le DGSN qu’il était ne pouvait sûrement pas l’ignorer mais n’a fait qu’assumer le « boulot ».
Nous n’en avons jamais parlé sauf sous forme de boutades. En mon âme et conscience, je ne peux penser qu’il ait été l’initiateur de ce forfait puisque je sais que son camp, à l’époque, disposait de tous les artifices pour proclamer vainqueur le candidat Ould Taya et nous neutraliser sans violence inutile. Je m’en étais confié à Haidalla avec lequel je l’avais réconcilié du reste. Mais, peut-être que je suis sous-informé.
Quant à la rumeur qui a voulu faire croire qu’il m’avait informé de l’imminence de notre arrestation, je puis vous affirmer qu’il n’en a rien fait. A-t-il retardé l’ordre de mon arrestation puisque ses services de police m’avaient quand même bien localisé à Kaédi, je ne le crois pas mais cela demeure du possible, je n’en sais rien.
Toujours est-il que j’ai été informé de l’arrestation du Candidat Haidalla et de l’équipe de campagne par le jeune Hacen Ould Lebatt que j’avais désigné Chef du protocole du candidat ainsi qu’un journaliste à Paris qui avait reçu l’enregistrement de la conférence de presse du Procureur général. Le reste vous le savez.
Partagez-vous le sentiment de ceux qui accusent les militaires qui gouvernent le pays depuis 1978 d’y avoir injecté le virus de la corruption et de là mal gouvernance, particulièrement à partir du magistère d’Ould Taya ?
Comme on sait aussi que derrière chaque militaire gravitent des groupes de civils, souvent divergents et même antagonistes dans leurs objectifs, je peux partager le sentiment qu’ensemble ils ont pu injecter le virus de la corruption et de là, la mal gouvernance. J’édulcore mon propos en disant que toute gouvernance civile ou militaire comporte en elle les succès que l’on en attend et les échecs que l’on en redoute.
Le magistère de Ould Taya, comme vous le qualifiez, a été la caricature dramatique de l’exercice d’un pouvoir qui a été jusqu’à créer un homo mauritanicus nouveau, repu aux auges de la corruption et devenu esclave docile du maître jusqu’à sa chute en 2005.
Outre la gabegie, le règne d’Ould Taya a également été marqué par la déportation de milliers de négro-mauritaniens vers le Mali et le Sénégal, mais aussi de nombreuses massacres de militaires négro-mauritaniens dans les casernes. Avez-vous compris comment ces horreurs sont arrivées à la Mauritanie où différentes composantes du pays cohabitaient paisiblement ?
Le règne d’Ould Taya a, lui-même nourri le terreau duquel ont éclos les germes de la haine, de la passion et de la cupidité qui ont inéluctablement accompagné la folie meurtrière et les lubies d’un homme pris dans un délire de destruction.
Cette entreprise n’a pu se réaliser sans la complicité active et passive d’un nombre important. Un homme seul ne peut concevoir, planifier et exécuter une telle entreprise de déconstruction du pays. Hélas, nous vivons dans un pays où nulle autocritique ne se fait et où l’on se confine dans la satisfaction de toujours rejeter ses propres responsabilités à la face de l’autre.
Les uns se sont tus, d’autres ont agi, certains sont restés indifférents, peu se sont insurgés, et la balance a pesé en défaveur des Justes. C’est ainsi qu’est né et a grandi l’homo mauritanicus nouveau. Pour ma part, je plaide coupable, pour avoir été passif jusqu’au moment où le glaive a virevolté si près de mon propre cou.
Jadis, Ould Taya avait fait publier une Livre Blanc sur ce qui est convenu d’appeler les « Evènements ». Certains rédacteurs forcés et repentants d’un tel document témoigneront un jour, je l’espère, comment la réalité des faits a été si dramatiquement falsifiée.
Pensez-vous que les gestes de reconnaissance, la prière de Kaédi, en mars 2009 et « réparations » octroyées aux ayants droit des victimes et rescapés suffisent à panser les plaies et à tourner cette page sombre de l’histoire de notre pays ?
Je pense que les drames soufferts sont autant de préoccupations nationales qui requièrent leur appropriation par chacun de nos compatriotes. Leur dénonciation et la recherche de solutions définitives ne sont l’apanage de quelque groupe que ce soit.
Seul un pouvoir fort, soutenu objectivement, au-delà de toute querelle de chapelle partisane, peut mettre en chantiers les fruits d’une concertation où les victimes, leurs ayants droits et l’Etat (comme partie civile aussi) ont la prépondérance du propos. Hélas l’excessive et honteuse politisation de drames humains, dans tous les segments de notre société, a dévoyé leurs traitements et conduit à de pitoyables récupérations politiques qui ont dénaturé le débat.
Il devient de plus en plus évident que certains agitateurs dans ce pays, toute tendance politique et sociale confondue, n’ont aucun intérêt à ce que des solutions justes et définitives soient trouvées.
Tenir le haut du pavé, avec en bandoulière, le passif humanitaire et l’esclavage tient lieu, pour des autoproclamés leaders aux desseins trop bien avoués, de leur seul moyen de survie politique dans une scène où seuls l’UFP et TAWASSOUL définissent leur choix politique sur la base d’une idéologie.
Les victimes, les ayant-droits ont seuls la latitude de définir avec l’Etat les voies et moyens de panser ces plaies. La communauté nationale, tout entière, a le devoir de les y accompagner et non de se substituer à eux.
Lorsqu’on note le nombre croissant, et souvent antagonistes, d’organisations de déportés, de victimes de crimes extrajudiciaires, de spoliation, qui, pourtant devraient porter les mêmes revendications, on se demande si des intrusions perfides n’y ont pas pris pied et y manœuvrent.
Transformant ainsi ces dossiers en un champ clos de leurs propres luttes de chapelle de « m’as-tu vu politique » de leadership désuet et grotesque. Ceci est un scandale que l’opinion reconnait pourtant mais qu’elle s’abstient de dénoncer, par lassitude.
N’étant pas une victime directe, je me garderai bien de suggérer des solutions mais plutôt de me confiner dans un rôle humble de citoyen concerné par les drames pour aider du mieux que je peux, sous le contrôle exclusif des victimes et de l’Etat régalien, à ce que soient réglées définitivement ces questions.
Règlement dans la sérénité et l’intelligente détermination à ce que seuls les intérêts des victimes soient la garante de la paix sociale. Il y va hautement de l’intérêt de notre pays pour que les gouvernances successives cessent de trainer ces poids qui nous exposent de façon récurrente à l’opinion internationale, à laquelle, que nous le voulions ou non, nous appartenons.
Cette tâche, ne nous faisons pas d’illusion, est inscrite dans le long terme puisque rendue ardue par des forces hostiles, objectivement coalisées, qui poseront des chicanes tant à l’Etat qu’aux victimes désemparées.
Celles-ci ont tout intérêt à se débarrasser de toute influence, à cesser ces divergences suscitées qui les nuisent pour enfin être unies pour le même but et demeurer seules, en conclave avec l’Etat pour offrir à la communauté nationale la joie de voir les peines apaisées.
L’Etat a reconnu les faits posés et la prière de Kaédi en était la manifestation car, tout de même, on n’effectue pas la prière de l’absent pour des faits contestés et à ce que je sache, elle était le prélude aux débats avec les victimes elles-mêmes.
Seules les victimes et leurs ayant-droits ont qualité pour définir ce qui leur parait acceptable ou non acceptable. Toute immixtion externe y introduit des manipulations « profitables » aux seuls intérêts politiques de ces « conseillers » qui veulent à tout prix s’accaparer du dossier et même, à la limite, bouter dehors les concernés. Certaines organisations s’en plaignent mais sont envahies et embrigadées.
Hélas, les intrus qui ont été jusqu’à s’arroger le droit de définir qui est victime ou non et qui ont créé des dissensions au sein des organisations ad hoc, ont facilité la tâche de tous ceux, de tout bord, qui veulent torpiller les solutions.
Ce ne sont pas les envolées sur les réseaux sociaux ou autres qui atténueront, dans leur conscience, cette responsabilité. A la limite, une grande majorité de soi-disant activistes s’en fiche, l’essentiel, pour eux étant seulement de se faire lire le temps d’un buzz électronique où l’injure et le commérage sont légion. Hélas, le web est peu accessible à la grande majorité de nos concitoyens et ce dialogue de sourds est réduit à une espèce de Café du Commerce.
Il faut quand même aussi reconnaitre l’engagement de beaucoup, sans connotation politique, sans tambours ni trompettes pour apurer ce dossier et bien d’autres de façon juste.
Parmi les dossiers qui alimentent les débats en Mauritanie il y a l’esclavage et/ou ses séquelles dont l’un des pourfendeurs, Biram Dah Ould Abeid croupit en prison depuis plus d’une année. Que pensez-vous du combat que mènent les abolitionnistes alors que l’État a criminalisé l’esclavage ?
Si l’on devait considérer la chronologie des actes conférant une légitimité certaine à la lutte contre l’esclavage, il serait objectif de reconnaitre que l’Etat, dans sa continuité, a toujours été à l’avant-garde de l’abolitionnisme. Les lois criminalisant l’esclavage qui en ont été l’aboutissement devraient consacrer la fin définitive de ce fléau qui bafoue la dignité des personnes et assombrit l’image de notre pays.
Elaborer des lois et institutionnaliser des cours de justice dédiées est une reconnaissance sans équivoque de ce mal. Le combattre devient dès lors une affaire qui concerne chacun d’entre nous. Toute défaillance dans la chaine de responsabilité peut et doit être dénoncée. Nul ne peut s’approprier l’exclusivité ou le monopole d’une cause aussi universelle que celle de la lutte contre l’esclavage.
Il est vrai que des démembrements de l’Etat freinent des quatre fers pour rendre inopérantes les grandes décisions qui devraient en finir avec l’esclavage. Je regrette profondément que l’Etat, depuis 1981, et les organisations des droits de l’homme qui ont suscité l’abolitionnisme, n’aient pas pu coopérer dans une complémentarité plus que naturelle.
Là aussi, comme à l’accoutumée, des postures exclusives de revendications ont amené, curieusement, les parties à être plus antagonistes que partenaires dans le même combat. Les abolitionnistes auraient dû être le fer de lance de l’Etat pour la stricte application des dispositions légales prises.
Il est connu, sous nos latitudes, qu’un Etat légifère mais l’applicabilité connait toujours des embûches de toute nature. Aussi, dans une synergie d’efforts, tous peuvent et doivent contribuer à ce que force soit l’apanage de la seule Loi. Hélas, des contingences que je ne peux comprendre, ont fait que ceux qui devaient être des partenaires naturels, l’Etat et les organisations abolitionnistes, se sont affrontés. Et le pays y perd encore.
C’est dans ce contexte que monsieur Biram Dah Ould Abeid a créé et dirige son mouvement avec une stratégie qui est la sienne et dont les méthodes ne me paraissent pas les meilleures pour être efficaces dans l’apport pour une mise à exécution des Lois.
La candidature à la dernière élection présidentielle de monsieur Biram Dah Ould Abeid laisse supposer qu’il a un agenda qui ne lui permette pas tout simplement d’être partenaire avec le législateur, sous toute forme que ce soit, la méfiance étant érigée en règle. Toutefois, cela découle de ses choix comme chacun, dans ce pays, a ses choix, ses convictions et son parcours. Je regrette toutefois que les actions qu’on lui reproche l’aient conduit en détention lui et ses compagnons.
Mais comme il s’agit d’une décision de justice, je me garderai bien de la commenter mais je peux exprimer le souhait que par des dispositions légales qui existent aussi, l’autorité l’élargisse, lui et ses compagnons. Votre vision de la démocratie à laquelle je suis astreint m’oblige au respect des institutions. S’il devait en être autrement, avisez-moi à temps.
Vous vivez certes loin du pays mais vous suivez certainement les « tensions politiques » qui s’y passent entre le pouvoir et son opposition. Comprenez-vous pourquoi le gouvernement de Mohamed Ould Abdel Aziz et son opposition dite radicale (FNDU) peinent, depuis 2009, à nouer ce qu’ils appellent « un dialogue inclusif, franc et sincère » pour sortir le pays de cette tension politique ?
Je pense qu’il serait plus juste de dire « ses oppositions » tellement il y a un trop plein de chapelles qui s’entredéchirent pour revendiquer l’exclusivité de la représentativité populaire ! Mon DIEU ! Il y a peine à nouer un dialogue et il y aura grand peine à nouer « un dialogue inclusif, franc et sincère », comme vous dites, entre le pouvoir et ses oppositions, si tant est d’abord que l’on puisse savoir quelle est la qualification exacte de cette Opposition !
D’un côté, nous avons un pouvoir connu puisqu’il est l’émanation d’un scrutin où le peuple a eu à s’exprimer ; or chaque groupe de cette multitude de coalitions revendique, pour lui seul, la représentativité populaire sans que l’on ait des jauges pour mesurer la représentativité de chacun. Et il est indispensable que nous le sachions, malgré les dénonciations récurrentes des modes et résultats à chaque scrutin !
Personnellement, ce dialogue ne m’engage pas, n’étant pas un acteur politique investi de quelque légitimité qui soit. Toutefois, il y a cette interrogation à laquelle j’aimerais trouver réponse. Même si vous me qualifiez de réfugié économique (terme insultant et méchant quand même de votre part) je demeure aujourd’hui un mauritanien lambda avec droit de savoir.
Des élections dans un calendrier constitutionnel ont eu lieu malgré le boycott de certains partis et le scrutin a tranché entre des candidats, auxquels on devrait arrêter de faire l’injure qu’ils ne seraient pas représentatifs d’un électorat et qu’ils ne sont que des faire-part.
Curieusement ceux qui les accusent de ne rien peser, sont les mêmes, jadis, lorsqu’ils évoluaient dans les mêmes partis, avant leur rupture de banc, nous tympanisaient pour nous faire comprendre qu’ils étaient pourtant de grands électeurs, représentatifs de franges importantes de la population ! Dès qu’ils ont claqué la porte de leurs partis originels, ils seraient devenus, subitement, non représentatifs, incapables de mobiliser deux tondus et trois pelées ? Ceci est d’un ridicule décapant !
Pourtant, certains parmi ces candidats ont acquis nombre de conseillers municipaux, de maires, de députés et de sénateurs. Les tenants de ce déni, s’octroyant la qualité de seuls dépositaires de légitimité devraient revoir leur copie car la légitimité doit nous être prouvée par une adhésion élective et non par de fracassantes déclarations devenues monotones et ne font plus sourire.
Quelle que soit la contestation post-électorale, il a été reconnu, même au-delà de nos frontières, que les scrutins locaux et présidentiel se sont déroulés dans des conditions légales et dont les résultats étaient conformes aux normes en vigueur. Un président a été investi, les communes et l’Assemblée Nationale installées.
A ma connaissance, le président de la République nouvellement élu l’a été sur la base d’un programme qui a été préféré aux autres mis en compétition à la sanction populaire. L’application de ce programme scelle le pacte entre lui et les électeurs auxquels il a obligation de rendre compte à la fin de son mandat.
Peut-on dès lors, imaginer, sous l’injonction de partis dont les programmes n’ont pas été approuvés ou tout bonnement volontairement absents de la consultation, que ce programme élu puisse être abandonné pour la satisfaction de partis qui se sont auto-exclus du jeu démocratique ? Quelle exigence peuvent-ils exprimer pour un gouvernement de consensus ou d’union nationale pour un programme dont ils ne sont pas partie prenante et pire, dont ils ne se reconnaissent même pas.
Même si cette idée de consensus gouvernemental a été vite abandonnée, il reste que ces partis exigent, avec leurs préalables et conditions, la tenue d’un dialogue avec le pouvoir élu. De mon point de vue, nous sommes en passe d’établir une République des partis où on fera fi des choix exprimés par les scrutins et où, dans la douceur des salles du Palais des Congrès, on assassine le choix des électeurs.
Quel que soit ce qu’on pense de ce choix, il doit être respecté. La seule façon de le faire changer est d’en convaincre l’électorat par une consultation démocratique et non par des conciliabules en catimini, entre copains et coquins. Ou alors le faire en trompant le peuple, avec beaucoup d’humilité et non avec grande redondance.
Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh et Dalay Lam
Le lieutenant de vaisseau, Diop Moustapha, fut l’un des premiers officiers de notre marine nationale sortant de la prestigieuse école navale de Brest. Devenu membre du Comité militaire de Salut National, il sera tour à tour, directeur de la Marine Nationale, directeur de la Sûreté nationale et ministre sous le magistère Haidalla (1980/1984).
Il sera arrêté le 12 décembre 1984 après le coup d’Etat de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Emprisonné puis placé en résidence surveillée, il ne sera libéré qu’en 1989 ( ?) et choisit le chemin de l’exil. De retour au pays en 2003, pour soutenir la candidature d’Haidalla à la présidentielle, il échappe de peu à l’arrestation et s’installe en France.
C’est la première fois qu’il accepte d’accorder un entretien à un journal. Il évoque dans cette première partie l’élection présidentielle de 2003, les Grab, ss relations avec Ould Abdel Aziz et avec Ely Ould Mohamed Vall, son compagnon d’armes, le règlement du passif humanitaire, la question de l’esclavage et le dialogue politique. Un entretien édifiant.
Le Calame : Vous vivez en exil en France, depuis 2003, si je me trompe. Vous faites partie de cette cohorte de mauritaniens qui ont fui le pays sous le magistère d’Ould Taya ou vous êtes un réfugié économique comme tant d’autres ?
Diop Moustapha : Avant tout, reconnaissez que c’est vous qui avez fait un torrent de questions dont je vous laisse seul responsable de l’ennui de vos lecteurs. Aussi, donnant-donnant, vous provoquez un océan de réponses !
Pour revenir à votre question, pourquoi n’en seriez-vous pas à des légions puisque vous êtes si obnubilés par les définitions militaires ?
Pour vous dire que je suis arrivé totalement démuni en France après ma fuite (puisque vous utilisez ce terme). Il se trouve que ce pays, lorsqu’il accepte de vous accueillir et vous accorde le statut de réfugié, il vous fait bénéficier de ce que disposent ses propres lois et règlements, en conformité d’ailleurs avec les conventions internationales.
Il veille à un minimum de votre entretien et veille à vos commodités, en actes de solidarité humaine bien loin de ce que vous qualifiez de réfugié économique.
Certains peuvent s’y plaire d’autres, non. J’assimile ces avantages à ce que Le Calame, comme d’autres organes de presse, reçoit comme subventions financières de l’Etat mauritanien et d’autres organisations internationales pour sa survie et le bon confort de son personnel.
Je ne dirai pas de survie économique mais simplement d’assistance à participation de l’exercice de la démocratie, pour ne pas être taxé de diffamateur. Après, vous en faites ce que vous voulez. Quant au statut de réfugié ou d’exilé, des dispositions particulières d’accompagnement s’y rattachent sans que les bénéficiaires ne l’aient demandées.
Cette date de 2003 correspond à une présidentielle à laquelle avait pris part celui que les gens considèrent comme étant votre ami c'est à dire Ould Haidalla. Pour avoir dénoncé les résultats de l’élection, cet ancien président, accusé aussi de tentative de coup de force a été arrêté. Y’aurait un rapport entre cet évènement et votre départ en exil ?
Rectificatif, Ould Haidalla est plus que mon ami, il est mon frère. Vous faites semblant d’ignorer que ma fuite a été concomitante à l’arrestation du candidat Ould Haidalla, dont j’étais le directeur de cabinet, et de la totalité de la direction de campagne.
Encore un rectificatif, la première arrestation du candidat a eu lieu le 05 novembre, veille du scrutin quand le pouvoir a compris que les dés étaient jetés et que la mobilisation dans tout le pays ne laissait plus aucun doute quant à la victoire certaine de la Coalition pour une Alternance Pacifique qui s’était formée autour du candidat indépendant Haidalla.
Il fut libéré le soir même sur protestation de certains chefs de missions diplomatiques qui rappelèrent à Ould Taya, entre autres motifs, que la loi électorale stipulait que le maintien en prison du candidat faisait reporter, sine die, le scrutin.
Je vous avoue que ma réaction première, à Kaédi, d’où je supervisais, pour la Région du Gorgol, le scrutin prévu le lendemain 06 novembre, a été de me rendre aux autorités à Nouakchott.
La réaction de la commission des Jeunes m’en a dissuadé et nous avons alors décidé d’engager une forme de résistance, violente, si nécessaire, pour répondre à la violence d’Etat qui nous avait été faite. Sa seconde arrestation eut lieu le lendemain du scrutin, le 07 novembre 2003. Voilà pour la chronologie des faits.
Pouvez-vous nous dire quelles relations vous avez entretenues et continuez à entreprendre avec cet officier, devenu chef de l'Etat entre 80 et 84 ?
Cette question ne me semble pas d’un intérêt majeur puisque, vous-même dites, que nos relations personnelles sont connues. Malgré tout, je vous rappellerai que mes relations avec le Président Haidalla remontent à 1974 à Nouadhibou, où jeune officier de marine fraichement débarqué de l’Ecole Navale de Brest, j’ai d’abord connu sa famille qui m’avait adopté et ensuite seulement présenté à lui, un an plus tard.
Nos relations, au Gouvernement où il m’avait appelé, ont parfois conduit à des perceptions très subjectives, mais que j’assume. Aujourd’hui, malgré mon éloignement, nous entretenons les mêmes relations, devenues familiales depuis.
Quels types de rapports vous entretenez avec l’actuel président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz ? On dit que vous êtes devenu proche de lui ?
Encore « on dit que » ! Vous l’aurez cherchée, alors souffrez que le développement soit long.
Je vais quand même vous rappeler une vérité difficile à contredire. C’est le Président Ould Abdel Aziz, à l’époque Général Président du HCE naissant, qui est devenu proche de moi, pour reprendre votre propos mais que je rectifie en disant proche de nous, nous signataires de la « Déclaration de Dakar ».
Et cela, depuis le jour où, naufragé parmi les naufragés de la Déclaration de Dakar du 14 août 2005, il fut le seul à avoir accepté de faire siens les termes de cette Déclaration, que nous avaient renvoyée à la figure la quasi-totalité de la classe politique à l’époque.
Ce n’est pas si lointain et toutes les contorsions sémantiques, les cris d’orfraie n’effaceront ce douloureux épisode du parcours des signataires du fruit de nos cogitations dakaroises considérées à l’époque comme le summum de la trahison nationale.
Avoir parlé des problèmes de la Mauritanie hors du pays fut considéré par les « biens pensants » comme justiciable de la Haute Cour de Justice et ses tenants comme des pendards juste bons pour l’échafaud.
Ce fut une condamnation unanime, sans recours, à l’exception d’une frange du FONADH conduite par maître Diabira Maroufa qui était partie intégrante de notre délégation. Le vice-président de l’UFP, l’inénarrable et redoutable Lô Gourmo, s’était drapé d’un courage et d’innombrables gris-gris et autres « aya » jusqu’à effectuer, SEUL, un téméraire assaut à notre hôtel pour nous cracher au visage son courroux et sa condamnation, se disant « le porte-parole du pays tout entier » !
On en aurait grelotté de frayeur si des informations amicales ne lui avaient ôté toute idée de vindicte et à en faire un nouvel allié « retourné » ! Il avait alors expressément demandé au ministre sénégalais Gadio de le dire officiellement, à la reprise de nos réunions avec le Président Wade.
Nous lui en avions su gré même si nous doutions qu’il soit suivi par ses camarades de parti ! Dans ce tumulte de lynchage, une voix discordante avait pourtant surgi pour approuver et s’approprier « notre infamie», celle d’un certain Colonel Mohamed Ould Abdel Aziz, membre du CMJD que je ne connaissais que de nom, en sa qualité d’officier supérieur de la famille militaire.
Permettez-moi une petite diversion, pour l’anecdote. J’avais frémi de terreur lorsque la classe politique mauritanienne s’était retrouvée, en 2009, à Dakar avec les mêmes interlocuteurs que nous, le Président Wade et son ministre des affaires étrangères, Ckeikh Tidiane Gadio, sous les lambris des palais nationaux sénégalais…pour déterminer l’avenir de la Mauritanie ! !
Je m’imaginais une grosse fournée pour l’échafaud pour ces « impies » qui osaient aller parler des problèmes de la Mauritanie hors de la Mauritanie avec de vilains étrangers ! ! DIEU merci, la décimation fut évitée par une juste repentance !
Je pense que l’idiosyncrasie du monde politique mauritanien a volontairement occulté ce fait, de façon pernicieuse et d’une redoutable efficacité. De là, une véritable synergie d’efforts, pourtant contradictoires, pour stopper toute velléité de résurgence des termes de la Déclaration de Dakar avait pris forme.
Entre une opposition en quête d’auto absolution pour la « condamnation » de ceux de Dakar et plus tard de supposés soutiens du HCE obnubilés par la « crainte » de voir son nouveau chef continuer à prêter une oreille attentive à ces « étrangers » venus d’ailleurs, s’était alors constituée, de facto, une sainte alliance pour notre rejet.
La dislocation de nos propres rangs, selon des affinités subjectives tribalo-ethnico-parentales fit le reste. Il est évident que notre programme eut beaucoup gagné en accompagnant, dès le début, le seul allié que nous avions alors, le Général Ould Abdel Aziz.
Pourtant, moult venait d’abandonner, au milieu du gué, un si merveilleux texte que voulait porter, dès 2008, le pouvoir insurrectionnel du HCE certes, mais qui demeurait le seul crédible, après les reniements du pouvoir civil de 2007. HCE sur lequel nous pouvions nous adosser et l’aider fortement à poser des jalons indéracinables.
Comme je l’avais pourtant demandé, en vain, dans une lettre en date du 29 novembre 2005, au Colonel Ely Ould Mohamed Vall, alors Président du CMJD. Le HCE, lui aussi, pouvait s’adosser sur nous car nous n’étions demandeurs de rien sinon la prise en charge de la Déclaration de Dakar.
Ce qu’on appelait l’opposition, sans pour autant qu’on puisse en avoir une définition exacte, était traumatisée par un pouvoir qui venait de lui échapper pour la seconde fois et les éternels soutiens de tout pouvoir qui bataillaient pour des positionnements d’une récurrence inouïe, et s’y maintiennent encore, s’attelèrent à nous isoler.
Les premiers, parce qu’ils exigeaient l’hypothétique monopole des revendications nationales et les seconds souhaitaient tout bonnement torpiller toute velléité de réformes en profondeur susceptibles d’ébranler leurs positions.
Et ce qui restait de notre groupe fut pris en tenaille entre les deux. Plus tard, il s’avérera que certains d’entre nous, beaucoup parmi nous, avaient opté pour l’un ou l’autre de ces camps. Ce fut l’enlisement.
Quant à moi, avec quelques rescapés du naufrage de Dakar, nous avions décidé de nous obstiner à accompagner celui qui nous avait fait bon accueil et pris en charge notre bréviaire.
Donc, quand vous dites que je suis proche du Président Aziz, ne soyez pas volontairement réducteur et falsificateur. Bien sûr, le chemin fut rendu difficile, parsemé de coups perfides pour empêcher les réformes voulues. Nous n’en sortîmes pas indemnes certes mais c’est le pays qui a perdu du temps.
Etre ensembles dans une démarche suppose, sans être acteur direct, assumer une coresponsabilité et avoir un droit d’inventaire. Avoir perdu une bataille dans ce fracas de contradictions de notre classe politique n’a jamais fait perdre espoir et l’avenir m’a donné raison sur les motivations d’une opposition qui n’a de souci majeur que son agenda. C’est son droit comme il est du mien de pouvoir ne pas être en phase.
Vous le rencontrez chaque fois qu’il fait halte à Paris ? Et sur quoi portent vos apartés?
Décidément vous êtes bien affirmatif ou c’est votre question qui est mal tournée ? Je n’ai jamais rencontré le Président Ould Abdel Aziz à Paris, puisque nos agendas respectifs n’y ont jamais coïncidé. Par conséquent, nous n’avons, de ce fait, pas pu y avoir des apartés comme vous l’affirmez, même si, comme citoyen, j’en aurais exprimé le désir.
D’autres compatriotes ont pu avoir des audiences avec lui et je pense que cela doit être dans l’ordre naturel des choses puisqu’un entretien avec le Président de la République, qui l’accepte et l’accorde, est le mode de communication le plus approprié pour ceux qui revendiquent une position sur la scène politique, celle des organisations ou encore des mouvements.
Ce mode serait bien plus édifiant que vos « on dit que… » pour s’assurer d’une convergence de vues ou d’une divergence sur celles-ci. Quant à moi, une audience avec le président Ould Abdel Aziz m’est sûrement plus utile d’abord que celle que je peux avoir avec mon hôte, le président Hollande.
Le régime d’Ould Haidalla est qualifié par ses détracteurs de « répressif ». Partagez-vous ce sentiment ?
Vous êtes décidément obnubilé par le régime de Haidalla. Mais comme vous dites vous-même que ce sont ses détracteurs qui qualifient ce régime de répressif. Cela est leur appréciation. Le terme me semble cependant excessif, même s’il y a lieu de reconnaitre que des circonstances particulières ont pu imposer parfois des décisions et actes contestables.
Dans tous les cas, n’ayant jamais démissionné de mes fonctions sous le régime d’Ould Haidalla, j’en assume solidairement le bilan. Et si nous devions en répondre devant notre peuple, par les voies appropriées, nous ne nous y déroberions pas. Pour la plupart, en tout cas.
L’immense coalition qui a soutenu le candidat Haidalla, comme candidat indépendant, alors que moi-même je ne souhaitais pas sa candidature pour des raisons que j’ai explicitées, est quand même significative. A moins que vous soyez dans la certitude que les mauritaniens aient la mémoire courte !
Comprenez-vous pourquoi Ould Taya l’a arrêté au lendemain du scrutin présidentiel de novembre 2003 ? Grab 1 et Grab II étaient –ils des montages ?
J’aurai souhaité que vous rappeliez d’abord à vos lecteurs à quoi renvoient Grab 1 et Grab 2, deux termes barbares jetés à la figure de l’opinion pour un lynchage programmé d’adversaires politiques sur le point de remporter une élection présidentielle.
Pour vos lecteurs, je rappelle que Grab 1 et Grab 2 sont deux documents grossièrement montés pour accréditer une thèse de complot contre la sûreté de l’Etat. Leur contenu rocambolesque, suscité, disaient-ils, par un membre de Conscience et Résistance qui nous soutenait, Mohamed Mahmoud Ould Maaloum, (qui en était innocent aussi) et assaisonné par l’imagination fertilement manichéenne de la DGSN de l’époque et de la Direction de campagne d’Ould Taya, relate les étapes de l’exécution d’une prise de pouvoir par la violence, prêtée à notre camp.
Un scénario violent contre nous et dont nous étions totalement innocents mais qu’a postériori, indiscutablement, il ne m’aurait point déplu de mettre en œuvre, lorsqu’on sait les ravages que l’injuste répression qui a suivi, a causé dans nos rangs.
L’affaire des GRAB I et GRAB II avait fini de convaincre de la redoutable efficacité de la DGSN en matière de désinformation, de falsification et de manipulation des esprits.
Ely Oud Mohamed Vall, le DGSN de l'époque, est votre ami et camarade de promotion. Pensez-vous qu'il soit capable d'une telle machination? Et-ce vrai que c'est lui qui vous a averti de l'imminence de votre arrestation et a facilité votre fuite?
Oui, j’ai toujours considéré le Colonel Ely Ould Mohamed Vall comme un frère et je ne reviens pas là-dessus car vous le savez pour avoir lu la lettre qu’en son temps je lui avais adressée, quatre mois après le coup d’Etat du 03 Août 2005. Certes cette lettre était destinée au Chef de l’Etat qu’il était, mais écrite du fond des tripes d‘un frère sincère.
Ma seule préoccupation était de contribuer à aider à une gouvernance qui ne s’annonçait guère facile et qui ne le serait sûrement pas non plus pour encore de très nombreuses années.
Malgré que je ne fus point audible, je n’en gardais pas moins cette relation particulière jusqu’au jour où, pour des divergences politiques profondes, je lui demandais de ne point se présenter à l’élection présidentielle de juin et de juillet 2009 afin conserver, au moins, cette image qu’on lui conférait de promoteur de la démocratie mauritanienne.
J’avais eu une attitude similaire lorsqu’en 2007 j’avais prié Haidallah de ne pas se présenter. Celui-ci ne m’en a jamais voulu et nos relations n’en ont jamais souffert.
Notre conversation fut sans résultat et je lui confirmais que j’avais souhaité de tous mes vœux un putsch. Un putsch pour sortir de l’insoutenable impasse dans laquelle se trouvaient les institutions de mon pays. Impasse créée par la propre majorité parlementaire du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, malgré ce que d’autres ont pu en interpréter.
A ces heures-là, les opinions divergent forcément. Je lui confirmais, de Dakar, au cours d’un entretien téléphonique, à son initiative, que je regrettais qu’il ne m’écoutât pas et que je ne le soutiendrai pas, convaincu que j’étais, de l’inopportunité de sa candidature.
Ce fut notre dernière communication car depuis ce jour il rompit les relations avec moi malgré mes mille et une tentatives pour restaurer ce lien fraternel de 50 ans. De guerre lasse et devant ce que je considérais comme une humiliation, je cessais mes appels, à mon corps défendant.
Ceci pour dire que malgré mon infortune avec celui que j’appelais mon frère, jamais je ne tomberai dans la médisance mais nos divergences politiques demeurent intactes. Lorsqu’on revendique une amitié sincère, à plus forte raison une fraternité, il serait infâme de se cacher les vérités auxquelles on croit. C’est ce que je fis.
La DGSN à l’époque avait la particularité d’avoir en son sein la puissante DES (Direction de la Süreté d’Etat, NDLR) et toutes mes analyses me font croire que c’est à partir de cette structure qu’est partie le montage de l’affaire GRAB I et GRAB II. Comme dans toute hiérarchie administrative, le DGSN qu’il était ne pouvait sûrement pas l’ignorer mais n’a fait qu’assumer le « boulot ».
Nous n’en avons jamais parlé sauf sous forme de boutades. En mon âme et conscience, je ne peux penser qu’il ait été l’initiateur de ce forfait puisque je sais que son camp, à l’époque, disposait de tous les artifices pour proclamer vainqueur le candidat Ould Taya et nous neutraliser sans violence inutile. Je m’en étais confié à Haidalla avec lequel je l’avais réconcilié du reste. Mais, peut-être que je suis sous-informé.
Quant à la rumeur qui a voulu faire croire qu’il m’avait informé de l’imminence de notre arrestation, je puis vous affirmer qu’il n’en a rien fait. A-t-il retardé l’ordre de mon arrestation puisque ses services de police m’avaient quand même bien localisé à Kaédi, je ne le crois pas mais cela demeure du possible, je n’en sais rien.
Toujours est-il que j’ai été informé de l’arrestation du Candidat Haidalla et de l’équipe de campagne par le jeune Hacen Ould Lebatt que j’avais désigné Chef du protocole du candidat ainsi qu’un journaliste à Paris qui avait reçu l’enregistrement de la conférence de presse du Procureur général. Le reste vous le savez.
Partagez-vous le sentiment de ceux qui accusent les militaires qui gouvernent le pays depuis 1978 d’y avoir injecté le virus de la corruption et de là mal gouvernance, particulièrement à partir du magistère d’Ould Taya ?
Comme on sait aussi que derrière chaque militaire gravitent des groupes de civils, souvent divergents et même antagonistes dans leurs objectifs, je peux partager le sentiment qu’ensemble ils ont pu injecter le virus de la corruption et de là, la mal gouvernance. J’édulcore mon propos en disant que toute gouvernance civile ou militaire comporte en elle les succès que l’on en attend et les échecs que l’on en redoute.
Le magistère de Ould Taya, comme vous le qualifiez, a été la caricature dramatique de l’exercice d’un pouvoir qui a été jusqu’à créer un homo mauritanicus nouveau, repu aux auges de la corruption et devenu esclave docile du maître jusqu’à sa chute en 2005.
Outre la gabegie, le règne d’Ould Taya a également été marqué par la déportation de milliers de négro-mauritaniens vers le Mali et le Sénégal, mais aussi de nombreuses massacres de militaires négro-mauritaniens dans les casernes. Avez-vous compris comment ces horreurs sont arrivées à la Mauritanie où différentes composantes du pays cohabitaient paisiblement ?
Le règne d’Ould Taya a, lui-même nourri le terreau duquel ont éclos les germes de la haine, de la passion et de la cupidité qui ont inéluctablement accompagné la folie meurtrière et les lubies d’un homme pris dans un délire de destruction.
Cette entreprise n’a pu se réaliser sans la complicité active et passive d’un nombre important. Un homme seul ne peut concevoir, planifier et exécuter une telle entreprise de déconstruction du pays. Hélas, nous vivons dans un pays où nulle autocritique ne se fait et où l’on se confine dans la satisfaction de toujours rejeter ses propres responsabilités à la face de l’autre.
Les uns se sont tus, d’autres ont agi, certains sont restés indifférents, peu se sont insurgés, et la balance a pesé en défaveur des Justes. C’est ainsi qu’est né et a grandi l’homo mauritanicus nouveau. Pour ma part, je plaide coupable, pour avoir été passif jusqu’au moment où le glaive a virevolté si près de mon propre cou.
Jadis, Ould Taya avait fait publier une Livre Blanc sur ce qui est convenu d’appeler les « Evènements ». Certains rédacteurs forcés et repentants d’un tel document témoigneront un jour, je l’espère, comment la réalité des faits a été si dramatiquement falsifiée.
Pensez-vous que les gestes de reconnaissance, la prière de Kaédi, en mars 2009 et « réparations » octroyées aux ayants droit des victimes et rescapés suffisent à panser les plaies et à tourner cette page sombre de l’histoire de notre pays ?
Je pense que les drames soufferts sont autant de préoccupations nationales qui requièrent leur appropriation par chacun de nos compatriotes. Leur dénonciation et la recherche de solutions définitives ne sont l’apanage de quelque groupe que ce soit.
Seul un pouvoir fort, soutenu objectivement, au-delà de toute querelle de chapelle partisane, peut mettre en chantiers les fruits d’une concertation où les victimes, leurs ayants droits et l’Etat (comme partie civile aussi) ont la prépondérance du propos. Hélas l’excessive et honteuse politisation de drames humains, dans tous les segments de notre société, a dévoyé leurs traitements et conduit à de pitoyables récupérations politiques qui ont dénaturé le débat.
Il devient de plus en plus évident que certains agitateurs dans ce pays, toute tendance politique et sociale confondue, n’ont aucun intérêt à ce que des solutions justes et définitives soient trouvées.
Tenir le haut du pavé, avec en bandoulière, le passif humanitaire et l’esclavage tient lieu, pour des autoproclamés leaders aux desseins trop bien avoués, de leur seul moyen de survie politique dans une scène où seuls l’UFP et TAWASSOUL définissent leur choix politique sur la base d’une idéologie.
Les victimes, les ayant-droits ont seuls la latitude de définir avec l’Etat les voies et moyens de panser ces plaies. La communauté nationale, tout entière, a le devoir de les y accompagner et non de se substituer à eux.
Lorsqu’on note le nombre croissant, et souvent antagonistes, d’organisations de déportés, de victimes de crimes extrajudiciaires, de spoliation, qui, pourtant devraient porter les mêmes revendications, on se demande si des intrusions perfides n’y ont pas pris pied et y manœuvrent.
Transformant ainsi ces dossiers en un champ clos de leurs propres luttes de chapelle de « m’as-tu vu politique » de leadership désuet et grotesque. Ceci est un scandale que l’opinion reconnait pourtant mais qu’elle s’abstient de dénoncer, par lassitude.
N’étant pas une victime directe, je me garderai bien de suggérer des solutions mais plutôt de me confiner dans un rôle humble de citoyen concerné par les drames pour aider du mieux que je peux, sous le contrôle exclusif des victimes et de l’Etat régalien, à ce que soient réglées définitivement ces questions.
Règlement dans la sérénité et l’intelligente détermination à ce que seuls les intérêts des victimes soient la garante de la paix sociale. Il y va hautement de l’intérêt de notre pays pour que les gouvernances successives cessent de trainer ces poids qui nous exposent de façon récurrente à l’opinion internationale, à laquelle, que nous le voulions ou non, nous appartenons.
Cette tâche, ne nous faisons pas d’illusion, est inscrite dans le long terme puisque rendue ardue par des forces hostiles, objectivement coalisées, qui poseront des chicanes tant à l’Etat qu’aux victimes désemparées.
Celles-ci ont tout intérêt à se débarrasser de toute influence, à cesser ces divergences suscitées qui les nuisent pour enfin être unies pour le même but et demeurer seules, en conclave avec l’Etat pour offrir à la communauté nationale la joie de voir les peines apaisées.
L’Etat a reconnu les faits posés et la prière de Kaédi en était la manifestation car, tout de même, on n’effectue pas la prière de l’absent pour des faits contestés et à ce que je sache, elle était le prélude aux débats avec les victimes elles-mêmes.
Seules les victimes et leurs ayant-droits ont qualité pour définir ce qui leur parait acceptable ou non acceptable. Toute immixtion externe y introduit des manipulations « profitables » aux seuls intérêts politiques de ces « conseillers » qui veulent à tout prix s’accaparer du dossier et même, à la limite, bouter dehors les concernés. Certaines organisations s’en plaignent mais sont envahies et embrigadées.
Hélas, les intrus qui ont été jusqu’à s’arroger le droit de définir qui est victime ou non et qui ont créé des dissensions au sein des organisations ad hoc, ont facilité la tâche de tous ceux, de tout bord, qui veulent torpiller les solutions.
Ce ne sont pas les envolées sur les réseaux sociaux ou autres qui atténueront, dans leur conscience, cette responsabilité. A la limite, une grande majorité de soi-disant activistes s’en fiche, l’essentiel, pour eux étant seulement de se faire lire le temps d’un buzz électronique où l’injure et le commérage sont légion. Hélas, le web est peu accessible à la grande majorité de nos concitoyens et ce dialogue de sourds est réduit à une espèce de Café du Commerce.
Il faut quand même aussi reconnaitre l’engagement de beaucoup, sans connotation politique, sans tambours ni trompettes pour apurer ce dossier et bien d’autres de façon juste.
Parmi les dossiers qui alimentent les débats en Mauritanie il y a l’esclavage et/ou ses séquelles dont l’un des pourfendeurs, Biram Dah Ould Abeid croupit en prison depuis plus d’une année. Que pensez-vous du combat que mènent les abolitionnistes alors que l’État a criminalisé l’esclavage ?
Si l’on devait considérer la chronologie des actes conférant une légitimité certaine à la lutte contre l’esclavage, il serait objectif de reconnaitre que l’Etat, dans sa continuité, a toujours été à l’avant-garde de l’abolitionnisme. Les lois criminalisant l’esclavage qui en ont été l’aboutissement devraient consacrer la fin définitive de ce fléau qui bafoue la dignité des personnes et assombrit l’image de notre pays.
Elaborer des lois et institutionnaliser des cours de justice dédiées est une reconnaissance sans équivoque de ce mal. Le combattre devient dès lors une affaire qui concerne chacun d’entre nous. Toute défaillance dans la chaine de responsabilité peut et doit être dénoncée. Nul ne peut s’approprier l’exclusivité ou le monopole d’une cause aussi universelle que celle de la lutte contre l’esclavage.
Il est vrai que des démembrements de l’Etat freinent des quatre fers pour rendre inopérantes les grandes décisions qui devraient en finir avec l’esclavage. Je regrette profondément que l’Etat, depuis 1981, et les organisations des droits de l’homme qui ont suscité l’abolitionnisme, n’aient pas pu coopérer dans une complémentarité plus que naturelle.
Là aussi, comme à l’accoutumée, des postures exclusives de revendications ont amené, curieusement, les parties à être plus antagonistes que partenaires dans le même combat. Les abolitionnistes auraient dû être le fer de lance de l’Etat pour la stricte application des dispositions légales prises.
Il est connu, sous nos latitudes, qu’un Etat légifère mais l’applicabilité connait toujours des embûches de toute nature. Aussi, dans une synergie d’efforts, tous peuvent et doivent contribuer à ce que force soit l’apanage de la seule Loi. Hélas, des contingences que je ne peux comprendre, ont fait que ceux qui devaient être des partenaires naturels, l’Etat et les organisations abolitionnistes, se sont affrontés. Et le pays y perd encore.
C’est dans ce contexte que monsieur Biram Dah Ould Abeid a créé et dirige son mouvement avec une stratégie qui est la sienne et dont les méthodes ne me paraissent pas les meilleures pour être efficaces dans l’apport pour une mise à exécution des Lois.
La candidature à la dernière élection présidentielle de monsieur Biram Dah Ould Abeid laisse supposer qu’il a un agenda qui ne lui permette pas tout simplement d’être partenaire avec le législateur, sous toute forme que ce soit, la méfiance étant érigée en règle. Toutefois, cela découle de ses choix comme chacun, dans ce pays, a ses choix, ses convictions et son parcours. Je regrette toutefois que les actions qu’on lui reproche l’aient conduit en détention lui et ses compagnons.
Mais comme il s’agit d’une décision de justice, je me garderai bien de la commenter mais je peux exprimer le souhait que par des dispositions légales qui existent aussi, l’autorité l’élargisse, lui et ses compagnons. Votre vision de la démocratie à laquelle je suis astreint m’oblige au respect des institutions. S’il devait en être autrement, avisez-moi à temps.
Vous vivez certes loin du pays mais vous suivez certainement les « tensions politiques » qui s’y passent entre le pouvoir et son opposition. Comprenez-vous pourquoi le gouvernement de Mohamed Ould Abdel Aziz et son opposition dite radicale (FNDU) peinent, depuis 2009, à nouer ce qu’ils appellent « un dialogue inclusif, franc et sincère » pour sortir le pays de cette tension politique ?
Je pense qu’il serait plus juste de dire « ses oppositions » tellement il y a un trop plein de chapelles qui s’entredéchirent pour revendiquer l’exclusivité de la représentativité populaire ! Mon DIEU ! Il y a peine à nouer un dialogue et il y aura grand peine à nouer « un dialogue inclusif, franc et sincère », comme vous dites, entre le pouvoir et ses oppositions, si tant est d’abord que l’on puisse savoir quelle est la qualification exacte de cette Opposition !
D’un côté, nous avons un pouvoir connu puisqu’il est l’émanation d’un scrutin où le peuple a eu à s’exprimer ; or chaque groupe de cette multitude de coalitions revendique, pour lui seul, la représentativité populaire sans que l’on ait des jauges pour mesurer la représentativité de chacun. Et il est indispensable que nous le sachions, malgré les dénonciations récurrentes des modes et résultats à chaque scrutin !
Personnellement, ce dialogue ne m’engage pas, n’étant pas un acteur politique investi de quelque légitimité qui soit. Toutefois, il y a cette interrogation à laquelle j’aimerais trouver réponse. Même si vous me qualifiez de réfugié économique (terme insultant et méchant quand même de votre part) je demeure aujourd’hui un mauritanien lambda avec droit de savoir.
Des élections dans un calendrier constitutionnel ont eu lieu malgré le boycott de certains partis et le scrutin a tranché entre des candidats, auxquels on devrait arrêter de faire l’injure qu’ils ne seraient pas représentatifs d’un électorat et qu’ils ne sont que des faire-part.
Curieusement ceux qui les accusent de ne rien peser, sont les mêmes, jadis, lorsqu’ils évoluaient dans les mêmes partis, avant leur rupture de banc, nous tympanisaient pour nous faire comprendre qu’ils étaient pourtant de grands électeurs, représentatifs de franges importantes de la population ! Dès qu’ils ont claqué la porte de leurs partis originels, ils seraient devenus, subitement, non représentatifs, incapables de mobiliser deux tondus et trois pelées ? Ceci est d’un ridicule décapant !
Pourtant, certains parmi ces candidats ont acquis nombre de conseillers municipaux, de maires, de députés et de sénateurs. Les tenants de ce déni, s’octroyant la qualité de seuls dépositaires de légitimité devraient revoir leur copie car la légitimité doit nous être prouvée par une adhésion élective et non par de fracassantes déclarations devenues monotones et ne font plus sourire.
Quelle que soit la contestation post-électorale, il a été reconnu, même au-delà de nos frontières, que les scrutins locaux et présidentiel se sont déroulés dans des conditions légales et dont les résultats étaient conformes aux normes en vigueur. Un président a été investi, les communes et l’Assemblée Nationale installées.
A ma connaissance, le président de la République nouvellement élu l’a été sur la base d’un programme qui a été préféré aux autres mis en compétition à la sanction populaire. L’application de ce programme scelle le pacte entre lui et les électeurs auxquels il a obligation de rendre compte à la fin de son mandat.
Peut-on dès lors, imaginer, sous l’injonction de partis dont les programmes n’ont pas été approuvés ou tout bonnement volontairement absents de la consultation, que ce programme élu puisse être abandonné pour la satisfaction de partis qui se sont auto-exclus du jeu démocratique ? Quelle exigence peuvent-ils exprimer pour un gouvernement de consensus ou d’union nationale pour un programme dont ils ne sont pas partie prenante et pire, dont ils ne se reconnaissent même pas.
Même si cette idée de consensus gouvernemental a été vite abandonnée, il reste que ces partis exigent, avec leurs préalables et conditions, la tenue d’un dialogue avec le pouvoir élu. De mon point de vue, nous sommes en passe d’établir une République des partis où on fera fi des choix exprimés par les scrutins et où, dans la douceur des salles du Palais des Congrès, on assassine le choix des électeurs.
Quel que soit ce qu’on pense de ce choix, il doit être respecté. La seule façon de le faire changer est d’en convaincre l’électorat par une consultation démocratique et non par des conciliabules en catimini, entre copains et coquins. Ou alors le faire en trompant le peuple, avec beaucoup d’humilité et non avec grande redondance.
Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh et Dalay Lam
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Source : Le Calame (Mauritanie)
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· Ghoura (H) 30/01/2016 19:05
Grand Moustaph, tu as créé des jaloux chez nos
"intellectuel" politicards et chez nos "brillants"
militaires: non seulemement tu as une grande maîtrise de la langue, mais pour
qui te… Voir
plus
· Ndiamndi (H) 29/01/2016 22:13
Par ailleurs, le term "negro" est
RACISTE, car il est l'equivalent de du term "nigger"??!!
· Ndiamndi (H) 29/01/2016 22:10
En Mauritanie, le terme "negro-africain"
(pour designer certaines ethnies du Sud) doit etre revu et corrige', car tous
Mauritaniens sont des Africains.
· abma (H) 29/01/2016 08:31
Mr Diop, ce général putschiste après avoir pris
le pouvoir et élu comme vous le dites, qu' a-t-il fait du contenu de votre
déclaration de Dakar? Ne croyez-vous pas, au moins avec… Voir plus
· LEKRATOTIEN (H) 29/01/2016 07:55
Que tu parles ou écrives bien le français nous
importe peu, d'ailleurs il est tout de même normal qu'un militaire de ton rang,
surtout de l'ancienne école soit bien formé et maîtrise… Voir plus
· dorocire_ly (H) 28/01/2016 22:42
Salut Diop ! Clin d’œil reçu et bien décrypté !
Vous aurez un retour sous peu incha’Allah !
· pyranha (H) 28/01/2016 19:38
Moutalli il faut rompre avec ton habitude
loufoque , savoir aussi avoir la patience de voir ,écouter pour essayer de
comprendre...et c'est pas aussi chaque jour que cet excellent…
Voir plus
· nabuchodonosor (H) 28/01/2016 16:18
Quel talent et quelle lucidité! Voilà un Officier
digne et talentueux qui nous réconcilie avec les militaires. Même si on ne
participe pas avec lui toutes ses convictions, il reste… Voir plus
· bebeto (H) 28/01/2016 13:47
Ce français académique n'est le français de mon
général. Hup, garde à vous!!! Rires
· Moutalli (H) 28/01/2016 13:27
Très longue et fastidieuse interview!
Commentaires (10)
· Ghoura (H) 30/01/2016 19:05
Grand Moustaph, tu as créé des jaloux chez nos
"intellectuel" politicards et chez nos "brillants"
militaires: non seulemement tu as une grande maîtrise de la langue, mais pour
qui te connaît tu as été un haut responsable militaire intègre, juste et
surtout humble. Pour toi c'était le princpe de "LA NATION D'ABORD"
· Ndiamndi (H) 29/01/2016 22:13
Par ailleurs, le term "negro" est
RACISTE, car il est l'equivalent de du term "nigger"??!!
· Ndiamndi (H) 29/01/2016 22:10
En Mauritanie, le terme
"negro-africain" (pour designer certaines ethnies du Sud) doit etre
revu et corrige', car tous Mauritaniens sont des Africains.
· abma (H) 29/01/2016 08:31
Mr Diop, ce général putschiste après avoir pris
le pouvoir et élu comme vous le dites, qu' a-t-il fait du contenu de votre
déclaration de Dakar? Ne croyez-vous pas, au moins avec temps, que son soutien
était un calcul.Vous êtes sympathique mais ne soyez aussi naïf.
· LEKRATOTIEN (H) 29/01/2016 07:55
Que tu parles ou écrives bien le français nous
importe peu, d'ailleurs il est tout de même normal qu'un militaire de ton rang,
surtout de l'ancienne école soit bien formé et maîtrise bien ses sujets de
discussion; par ailleurs j'aurais souhaité que l'ont me dise que tu maîtrise
mieux le pulaar qui est ta langue maternelle. Le texte est tellement difficile
à comprendre des fois, justement pour des raisons liées à ta maîtrise du
français, qui dépasse le niveau moyen du Mauritanien. Mais on retient tout de
même dans ce texte que tu ne fais que jeter des fleurs à ton nouveau mentor,
qui, pourtant n'était même pas encore officier quand tu étais aux commandes. Il
te plaît aujourd'hui de jeter l'opprobre sur la classe politique mauritanienne
(surtout l'opposition), en prenant comme héros cet arriviste de la vingt cinquième
heure! C'est quand même réducteur et intellectuellement malhonnête. De là, on
comprend qu'un militaire, que ça soit sa formation politique, reste un
militaire.
· dorocire_ly (H) 28/01/2016 22:42
Salut Diop ! Clin d’œil reçu et bien décrypté !
Vous aurez un retour sous peu incha’Allah !
· pyranha (H) 28/01/2016 19:38
Moutalli il faut rompre avec ton habitude
loufoque , savoir aussi avoir la patience de voir ,écouter pour essayer de
comprendre...et c'est pas aussi chaque jour que cet excellent officier donne des
interviews .Son look à lui seul renseigne le niveau de l'intellect de ce
Monsieur .Cultivé,compétent,intègre et très pondéré,il est de ceux (comme je le
dis souvent )que la Mauritanie ne peut pas mériter...simplement .Sous d'autres
cieux lui et ceux qui le ressemblent deviennent des génies simplement...
L’environnent leur étant favorable .
· nabuchodonosor (H) 28/01/2016 16:18
Quel talent et quelle lucidité! Voilà un Officier
digne et talentueux qui nous réconcilie avec les militaires. Même si on ne
participe pas avec lui toutes ses convictions, il reste utile de lui
reconnaitre que c'est l'un des rares responsables de ce pays qui est resté
intègre vis à vis des bien publics et fidèle à ses principes. C'est bien rare,
et il faut bien le reconnaitre. Chapeau!
· bebeto (H) 28/01/2016 13:47
Ce français académique n'est le français de mon
général. Hup, garde à vous!!! Rires
Enseigne de Cridem Communication - Sarl - Tous droits réservés
mercredi 27 janvier 2016
60% des fonctionnaires du Ministère des Affaires étrangères sont des "fantômes" ou inactifs - Alakhbar repris par Cridem
Alakhbar
- Des documents et statistiques relatifs à la situation du personnel du
ministère mauritanien des Affaires étrangères et de la coopération, dégagent un
taux de fonctionnaires fantômes, ou "non-actifs" de plus de
60% au niveau de ce département de souveraineté.
Le personnel actif au ministère ne dépasse pas 37% dont plus d'un tiers est composé d’employés non permanents alors que la proportion des non contractuels au sein des effectifs réellement actifs est de 37,2%.
Le personnel total du ministère des affaires étrangères et de la coopération serait de 660 fonctionnaires et employés dont 250 seulement sont actifs avec 93 non permanents. Le secrétariat du département emploie le quart des travailleurs actifs du ministère soit 64 employés dont 60 sont des femmes.
La répartition des travailleurs actifs dans le ministère des Affaires étrangères, se présente selon les rapports obtenus comme suit:
- Catégorie non classé: 57.
- Secrétariat: 64 (dont 60 femmes).
- chefs de département: 31.
- Service Courriers: 20
- Facteurs: 20
- portiers: 15.
- Directeurs et directeurs adjoints: 11
- Agents: 11.
- Cadres: 5.
- Chauffeurs: 5
- Attachés: 4.
- Conseillers: 3.
- Distributeurs: 3.
- Juristes : 2.
- Chargés de mission: 2.
- Experts: 3.
- Femme de bureau : 1.
- Comptable: 1.
- Ancien ministre: 1.
Les documents parlent également de l’accréditation des affaires étrangères de dizaines de personnes détachées d'autres départements gouvernementaux de l'éducation et de la santé, sans justifier les besoins du ministère dans ce domaine, évoquant dans le cadre de ce personnel des infirmiers, des sages-femmes, des médecins, des enseignants, des professeurs et des agronomes, investis de fonctions diplomatiques, au moment où certains deviennent des fantômes.
Par ailleurs et en dépit du manque du personnel au niveau de certains départements gouvernementaux, le ministère des affaires étrangères continue de garder un effectif appréciable de fonctionnaires détachés pour ses services à l’intérieur et les ambassades à l’étranger sans compter les dizaines d’employés non permanents dans les différents services du ministère.
Traduit de l’Arabe par Cridem
Le personnel actif au ministère ne dépasse pas 37% dont plus d'un tiers est composé d’employés non permanents alors que la proportion des non contractuels au sein des effectifs réellement actifs est de 37,2%.
Le personnel total du ministère des affaires étrangères et de la coopération serait de 660 fonctionnaires et employés dont 250 seulement sont actifs avec 93 non permanents. Le secrétariat du département emploie le quart des travailleurs actifs du ministère soit 64 employés dont 60 sont des femmes.
La répartition des travailleurs actifs dans le ministère des Affaires étrangères, se présente selon les rapports obtenus comme suit:
- Catégorie non classé: 57.
- Secrétariat: 64 (dont 60 femmes).
- chefs de département: 31.
- Service Courriers: 20
- Facteurs: 20
- portiers: 15.
- Directeurs et directeurs adjoints: 11
- Agents: 11.
- Cadres: 5.
- Chauffeurs: 5
- Attachés: 4.
- Conseillers: 3.
- Distributeurs: 3.
- Juristes : 2.
- Chargés de mission: 2.
- Experts: 3.
- Femme de bureau : 1.
- Comptable: 1.
- Ancien ministre: 1.
Les documents parlent également de l’accréditation des affaires étrangères de dizaines de personnes détachées d'autres départements gouvernementaux de l'éducation et de la santé, sans justifier les besoins du ministère dans ce domaine, évoquant dans le cadre de ce personnel des infirmiers, des sages-femmes, des médecins, des enseignants, des professeurs et des agronomes, investis de fonctions diplomatiques, au moment où certains deviennent des fantômes.
Par ailleurs et en dépit du manque du personnel au niveau de certains départements gouvernementaux, le ministère des affaires étrangères continue de garder un effectif appréciable de fonctionnaires détachés pour ses services à l’intérieur et les ambassades à l’étranger sans compter les dizaines d’employés non permanents dans les différents services du ministère.
Traduit de l’Arabe par Cridem
Source : Alakhbar
(Mauritanie)
Commentaires : 11
Lus : 4200
· habouss (H) 30/01/2016 22:52
Secret de Polichinelle de la présidence à la
dernière institution administrative de ce pays (***) avec leur état batti à
leur image c'est à dire avoir une considération fruste de toute chose !
· lass77 (H) 30/01/2016 21:10
tout se passe bien mais que les voleurs de cette
nature soient prêts au jugement à rendre compte. salaire de complaisance ,
fonction fictive , travail obtenu par corruption ou par inéquité etc... on n'a
l'impression qu'on ne vit pas en terre d'islam malheureusement c'est dans les
pays musulmans qu'on trouve des pechés gravissimes. Comment vivre du Haram ,
fondé sa famille , elever ses enfants dans ce meme haram , vous voyez les
dégats ...
· Lmes Oul (H) 28/01/2016 23:29
Ce serait une véritable méprise et une injustice
que de croire une seconde que Hamadi Meimou est hautin ou quelque chose du
genre. Non nous sommes amis depuis plusieurs décennies. C est un homme séreux
compétent avec un humour ravageur et d une grande simplicité . Croyez moi de
nature un peu réserve mais jamais hautin oh non.
· mohamed hanefi (H) 28/01/2016 14:23
@Montesquijr. Si le département ne se redresse
pas avec cet homme, alors il ne se redressera jamais. Je vous le dis parce que
je sais. Attendez pour voir.
· cheibou (H) 28/01/2016 10:19
NOT COMMENT ! Tous les départements ministériels
sont dans la même situation qu'aux Affaires Etrangères. KIF KIF
· ishaghh (H) 27/01/2016 16:32
Dès qu'une information est au conditionnel, elle
entre dans la catégorie des élucubrations.Il est écrit "le personnel du
ministère serait de...". Il est indéniable que ce ministère est le Haut
Lieu du népotisme mais de grâce epargnez nous du conditionnel.
· Montesquieujr (H) 27/01/2016 16:08
En plus le nouveau ministre est tellement hautin
à croire que c'est lui le president de la Republique! En tout cas c'est pas
avec ce ministre que ce departement sera efficace.
· medsayka (H) 27/01/2016 16:05
c'est juste la partie visible de l'ICEBERG
· Yahyaoui (H) 27/01/2016 15:48
On sait que toutes les familles aisées ou
appartenant à la tribu d'un chef, ont au moins 2 employés dans un ministère qui
sont des fantômes sans diplôme donc le ministère des affaires n'est rien par
rapport à ce qui reste caché ailleurs, ce pays est foutu.
· hamadel (H) 27/01/2016 15:26
tout le monde sait
le ministère de la Culture indexé de corruption et de népotisme par les différentes formations relevant du département - Le Véridique repris par Cridem
Le Véridique - Le département de la culture semble souffrir de schizophrénie avec ses multiples adhérents de l’espace artistique et patrimonial.
En effet, après le grand vacarme provoqué par la fédération du tir à la cible, représentant plus de 120 clubs et associations professionnels, à la suite d’élections à la crédibilité contestée, conduisant à la rédaction d’une lettre ouverte au Président de la République, pour redresser les torts, d’autres formations artistiques viennent de présenter une plateforme de revendications adressée à Mme le ministre.
Ces formations comprennent à titre d’exemple :
- L’union des cinéastes mauritaniens,
- L’union des dramaturges mauritaniens,
- L’association des artistes plasticiens,
- Un groupe d’artistes dirigés par Ahmed Ould Abba et Tahra Mint Hembare,
- Le directeur du festival Assalamou Aleykoum (Monza),
- L’espace culturel Ciré Camara pour la culture et les associations adhérentes sous sa houlette,
- Le groupe des artistes indépendants,
La plateforme revendicative est la suivante :
Avant-propos:
Partant de ce que la constitution de la République islamique de Mauritanie, publié en Juillet 1991, garantit de droit à la liberté d'expression et d'opinion, dans les limites du respect de la loi et des institutions, et du droit à la culture, l'un des droits les plus importants explicités par la Déclaration universelle des droits de l'homme, publié le 10 décembre 1948, Partant de notre diagnostic et de notre expérience accumulée du vécu de l’action culturelle et de la situation du secteur de la culture dans notre pays, nous pouvons résumer les obstacles au secteur dans les points suivants:
- La rareté de compétences spécialisées du Ministère de la Culture dans la gestion des affaires culturelles ainsi que dans les arts,
- Le manque d'infrastructures permettant d’assurer une dynamique des activités culturelles et artistiques, en particulier à la suite de la conversion du rôle de la jeunesse dans la capitale en projets d’instituts pour combler le vide consécutif à la formation. Ce qui a étouffé les activités exercées par les associations qui n’ont plus d’espace pour s’épanouir que la rue,
- La mainmise, depuis quelques années, sur secteur de la culture d’un groupe de hauts fonctionnaires au ministère de la Culture, exerçant leur domination et leur influence sur les importantes et vitales prises de décision ainsi que leur tentative ininterrompue de cautionner la politique du département suivant leurs intérêts personnels aux dépens de l’intérêt général, de telle sorte que ces hauts fonctionnaires constituent aujourd’hui l’écueil infranchissable de tous les efforts sincères de réforme vainement menés par les différents ministres qui se sont succédés à la tête de département ,
- La corruption rampante et l'adoption du clientélisme et du népotisme comme critère pour attribuer le soutien financier pour les associations et les manifestations culturelles et artistiques annuellement organisées par le Ministère, sans tenir compte du minimum de transparence déclarée par écrit,
- S’ajoute à cette situation, la concurrence déloyale d’associations inactives appartenant directement ou indirectement à certains responsables du secteur de la culture ou à leurs proches face à des associations actives et productives à l'appui, sans tenir compte d’une transparence minimale, portant sur la prise en considération de critères objectifs,
- Il y a également un arbitrage inéquitable, dans la plus part des cas- où le responsable et juge et partie confronté à des acteurs culturels qui n’ont devant eux que se résoudre au fait accompli,
- L’absence d'organisation de festivals professionnels dans les arts à cachet national et international dans notre pays,
- L’absence d'attribution de prix afin de stimuler et d'encourager la créativité dans tous les sous-secteurs de la culture et les arts,
- La faiblesse de l’appui débloqué pour les festivals organisés par les associations tell que les festivals du court-métrage, du théâtre scolaire, d’Assalamou Aleykoum du Hip Hop…, en dépit de la continuité de ces festivals,
Objectifs:
Afin de travailler pour changer ce vécu culturel déplorable, il est indispensable de réaliser les objectifs suivants:
- Publication d’un document exhaustif des politiques culturelles, élaboré en collaboration entre le secteur culturel et artistique indépendant et la tutelle, avant d’être soumis aux autorités supérieures avant d’être présenté de manière officielle pour adoption de la part du Parlement. Ce document vise à assurer la poursuite des stratégies sectorielles des caprices personnels des fonctionnaires personnels ainsi que des changements fréquents de ministres,
- Rechercher des mécanismes de contact opérationnels et transparents pour interagir avec les conseillers culturel de la Présidence ainsi que pour profiter de leurs positions auprès des centres de décision,
- Ancrer le principe de transparence dans la gestion des affaires culturelles à travers l'implication des opérateurs culturels dans la gouvernance du secteur de la culture, en particulier en matière de mise en place de plans et de commissions de candidature, d’évaluation et d’appui,
- Déclarer de manière officielle à travers le site Web du ministère les montants obtenus successivement à partir du Fonds de soutien culturel, financé par la taxe douanière,
- Interrogation et punition des fonctionnaires accusés d'implication dans la corruption au ministère de la Culture, conformément à la politique de l'Etat dans ce domaine,
- Miser sur la formation sur les spécialités liées à la culture, aux arts et au patrimoine, comme condition pour provoquer le changement culturel souhaité,
- Construire des infrastructures pour la diffusion de la culture et des arts (complexes culturels pluridisciplinaires, rôle de la culture, musées ...),
- Renforcer le principe de la décentralisation concrète des projets de développement culturel d'une manière équitable entre les zones et les parties,
- Assurer la neutralité de l'autorité de tutelle représentée par le Ministère de la Culture vis-à-vis des questions internes des associations et des fédérations culturelles et artistiques,
- Travailler pour créer des sources nouvelles de la culture à travers le développement de l'économie de la culture, de l’art et du patrimoine,
- Travailler pour créer une diplomatie culturelle mauritanienne servant de vitrine extérieure pour le rayonnement de notre culture dans sa diversité spécifique arabe, africaine et mondiale,
Demandes et propositions:
Ce paquet de demandes et de propositions pratiques dont certaines peuvent être réalisées à court terme par l'autorité de tutelle et d’autres exigeant un certain temps, en raison de la nécessité de les examiner, de les programmer et de rechercher leurs financement.
Les propositions peuvent être réalisées à court terme:
- Activation de l’institut de la musique et des Beaux-arts, des théâtres et reformulation de sa dénomination en plus de l’organisation de ses spécialités,
- Création d’un fonds national pour soutenir la culture et les arts,
- Œuvrer pour impliquer le secteur culturel dans le projet de décret sur la publicité en raison de son instrumentalisation dans des scènes et des images de la culture,
- Œuvrer pour résoudre le problème de chevauchement des compétences administratives entre les secteurs de la culture et de l'information sur le film d’une part et entre le secteur de la culture, de la jeunesse et des sports pour ce qui des installations, des associations et des activités de jeunesse.
- Activation le droit de la propriété intellectuelle de sorte à garantir les droits de tous les créateurs,
- Promulguer une loi contrôlant le statut de l'artiste et ses privilèges,
- Encourager, soutenir et revaloriser les participations culturelles et artistiques mauritaniennes dans les forums internationaux et régionaux,
- Travailler en collaboration avec le ministère de l'Education nationale afin d'intégrer la matière de l'éducation artistique dans les programmes scolaires nationaux,
- Organisation de semaines nationales de la culture et des arts à l'intérieur et l'extérieur du pays,
- Organisation de festivals régionaux culturels et artistiques,
- Organisation de journées de réflexion sur l’action culturelle,
- Travailler pour intégrer un Prix des Arts dans les prix annuels de Chinguetti,
- Impliquer les compétentes nationales spécialisées dans la Culture, les Arts et le Patrimoine dans la gestion et l’administration du secteur de la culture,
- Révision et tenue de la liste des associations culturelles et artistiques actives dans le secteur culturel et leur attribution de privilèges accordés sur la base de l'activité et de l’opérationnalité,
- Promouvoir la créativité culturelle et artistique à travers l'organisation de concours et récompenses couvrant divers domaines de la créativité culturelle et artistique dont l'écriture, la poésie, la musique, la danse, le théâtre, le cinéma, l'art et le folklore et la peinture ...
- Mettre en place un mécanisme pour évaluer et examiner les festivals annuels organisés grâce au financement du ministère de la Culture, suivant des conditions objectives et leur classement en niveaux, afin d'assurer la qualité du travail et consacrer la compétitivité honnête ainsi que pour encourager les activités d'excellence et d'innovation.
- Formation de comités mixtes entre l'autorité de tutelle et les acteurs culturels investis d’évaluer, d’organiser et de superviser les différentes activités culturelles et artistiques,
- Activation les accords bilatéraux et les accords conjoints entre la tutelle, les secteurs et les institutions similaires bénéficier de la disponibilité de nos amis et partenaires dans la promotion de l’action culturelle et artistique dans notre pays.
Les propositions qui peuvent être réalisées à moyen terme:
- Construire un palais de la culture et des arts répondant aux besoins de l’action culturelle et digne du statut de la capitale Nouakchott, en plus de la construction d'installations culturelles dans les capitales des autres wilayas du pays ainsi qu’œuvrer à réformer et réhabiliter les installations existantes et les mettre à la disposition des associations,
- Construire un théâtre national,
- Création d'un Conservatoire national du cinéma pour préserver le patrimoine national dans toutes ses composantes,
- Création d’une maison nationale pour l’impression et l'édition,
- Création d’une chaîne TV culturelle publique spécialisée,
- Faire un inventaire intégral du patrimoine culturel immatériel de notre pays,
- Créer un Atlas de sites archéologiques et lieux de mémoire nationale dans notre pays,
- Création d'une agence nationale d'exploiter optimale des capacités de notre patrimoine culturel et naturel.
mardi 26 janvier 2016
lundi 25 janvier 2016
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lundi 11 janvier 2016
aux origines du schisme en Islam - essai de synthèse pour un ami français
Amal Cheikh Abdallahi . s’aidant aussi de " l'orient mystérieux" de Reynaert
Le prophète
Mahomet est mort en 632. Il a été emporté par une forte fièvre à 64 ans. Il
aura tout prévu, tout ce qui doit régler la vie des hommes, sauf un seul
point : celui de sa succession. Cette question va amorcer une fracture que
l’islam aujourd’hui n’a toujours pas réparée : celle du sunnisme/chiisme.
Qui doit et surtout
qui peut succéder à Mahomet ?
Faut-il pour le
déterminer s’en remettre à la tradition bédouine qui veut que le conseil des
plus sages désigne parmi les compagnons du défunt, le plus capable ? Ou
faut-il au contraire n’accepter pour succéder à cet homme exceptionnel à qui
« Dieu a parlé », que quelqu’un qui soit de son sang ou au moins de
sa famille la plus proche ? Il faut savoir que tous les garçons qu’a eus
le Prophète sont morts en bas âge, mais qu’il a adopté un neveu, Ali, qu’il
aimait beaucoup. Il l’a marié à l’une de ses filles préférées, Fatima-Zahra.
Tous les deux lui ont donné deux petits enfants Hassan et Hussein. Ali, gendre
du Prophète et père de ses descendants, n’est-il alors pas le plus indiqué pour
assumer la charge immense de venir après lui ? Certains le pensent,
d’autant plus qu’en revenant de son dernier pèlerinage en 632, Mahomet aurait
fait des déclarations à propos d'Ali qui seront interprétées très différemment
par ceux qui seront, on le verra plus tard, les sunnites et les chiites. Le
Prophète aurait arrêté un jour sa caravane à Ghadir Khumm et réunit les
pèlerins de retour de la prière commune. Puis, « Prenant Ali par la main,
Mahomet demande à ses fidèles, Ô gens! N'ai-je pas plus de droit (mawla) sur les croyants que ce qu'ils
ont sur eux-mêmes ? Et la foule de crier: « Il est vrai, ô Messager
d'Allah ! »; il aurait ensuite déclaré: « Celui dont je suis le mawla, alors Ali est aussi mawla »[1].
Les chiites
considèrent ces propos comme constituant la désignation d'Ali comme le
successeur de Mahomet et le premier Imam car
le contexte de "mawla" ici est l'autorité. En effet, le prophète
avant de prononcer "Celui dont je suis le mawla, alors Ali est aussi
mawla" demanda à ses fidèles s'il n'était pas plus autoritaire à eux, donc
le contexte du mot "mawla" est ici l'autorité. .. En revanche, les
sunnites interprètent ces déclarations comme l'expression d'une relation
spirituelle étroite entre Mahomet et Ali, et de son souhait qu'Ali, comme son
cousin et beau-fils, hérite à sa mort de ses responsabilités familiales ; mais
pas nécessairement d'une appellation d'autorité politique.
Le point de vue des
seconds l’emportent dans un premier temps.
An effet, Abu Bakr,
le fidèle compagnon de la première heure de Mahomet[2],
et père de Aicha, l’épouse favorite devient calife. Le prophète disait à son
sujet : « N'allez-vous pas laisser tranquille mon compagnon !
Lorsque je vous ai dit : " Ô peuple, je suis le Messager d'Allah
auprès de vous ! Vous m'avez répondu : " Menteur ! ",
sauf Abu Bakr qui, lui, m'a cru »[3]. Il aurait également dit : « Quand j'ai
invité les gens à embrasser l'islam, tous ont pris un temps de
réflexion et d'hésitation, excepté Abu Bakr : il ne s'est pas retenu, et
n'a pas hésité »[4]. Celui-ci avait
même été désigné par le prophète au cours de la maladie qui lui fut fatale,
pour diriger les prières en son absence. Le prophète aurait-il ainsi arrêté son
choix ? Omar, un autre compagnon du prophète, le pense. Il pousse Abu Bakr
au pouvoir. Il devient ainsi le premier calife (successeur). Mais à cause de
son âge avancé, il ne règne que deux ans. Peu avant sa mort, et après avoir
consulté les compagnons proches et influents, il fit d'Omar son successeur. En
634, vient ainsi celui que l’on appelle parfois le Saint Paul de l’Islam[5].
Il a été un farouche opposant à Mahomet dans un premier temps. L’histoire
raconte qu’il se chargea de torturer une servante qui s'était convertie à
l'islam afin de lui faire renier sa nouvelle foi. Il s'acharnait sur elle mais
elle fut sauvée par Abou Bakr qui lui rendit la liberté en la
rachetant. Il était allé même jusqu’à envisager d’assassiner le prophète, avant
de se convertir à la nouvelle religion, pour ensuite devenir son plus grand
propagateur. Sous son égide ont lieu de grandes victoires. C’est lui que l’on a
vu faire son entrée à Jérusalem en 637. C’est également lui le conquérant de
l’Egypte, l’artisan de la prise de Ctésiphon et le fondateur de Koufa. Il sera
assassiné par un esclave persan zoroastrien, nommé Fayrouz, qui lève un
poignard mortel sur lui en 644. Lui succède un autre compagnon, Othman. Membre
de l'aristocratie mecquoise, il est l'un des rares personnages de haut rang à
se convertir tôt à l'islam. Désigné par Omar comme l'un des six membres du conseil
aptes à régler le problème de sa succession, il est choisi en 644 comme calife à la mort
de celui-ci, de préférence à Ali,
ce qui suscita des mécontentements autour de lui. Il
serait l’homme qui aurait imposé la fixation écrite du coran. En effet, des
divergences sont apparues à propos du texte sacré après la conversion à l'islam
de personnes d'ethnie non arabe et après la mort de nombreux compagnons du
prophète (hafiz) qui connaissaient et récitaient le Coran par cœur pendant les
expéditions de guerre. Othman décide alors d'officialiser un exemplaire du
texte coranique, et établit une classification unique des sourates les unes par
rapport aux autres. C'est à cette fin qu'en 647 (quinze ans après la
mort de Mahomet), il charge une commission de préparer plusieurs copies du
Coran. Ces copies préparées, Othmân les fait envoyer en différents points
importants du territoire musulman. Le Coran de nos jours suivrait toujours, mot
pour mot, cette compilation des copies
d'Othman. Sous son règne, la querelle successorale se double de batailles
complexes entre les clans qui se sont formés autour des divers gouverneurs des
nouvelles provinces conquises. Les haines fratricides sont si vives qu’en 656,
le calife est assassiné par d’autres musulmans. En
effet, le 17 juin 656 dans sa maison de Médine, après avoir été assiégé par
un groupe d'insurgés venant de Bassora, Koufa et d'Égypte durant 40 jours
et ce, pendant le mois du pèlerinage à La Mecque,
il reçoit neuf coups de poignards[6].
La période qui suivit ces événements est appelé al-fitna al-kubrâ (le
grand désordre). Ali, qui n'est plus à Médine,
se retire dans sa maison, horrifié par cet évènement. Les mêmes sahaba qui
ont élu Othman viennent le voir afin de lui demander d'être leur chef. Il
refuse au début, mais accepte quelques jours plus tard, à la demande générale,
à la mosquée de Médine devant une foule d'assemblée
Ali, après quelques hésitations, accepte de
prendre la place. Il accède ainsi
au pouvoir mais se heurte aux revendications de certains pour appliquer
la loi du Talion aux assassins de Othman. Il s’agit en l’occurrence d’Aicha,
l’épouse du prophète ainsi que deux autres compagnons, Talha et Al-Zubayr. Le
camp de ses ennemies se fédère également autour d’un nouveau venu, Muawiya.
Issu d’un clan mecquois venu tardivement à l’islam, il n’a pas de grande
légitimité religieuse aux yeux des premiers convertis. Politiquement, il pèse
d’un grand poids. Il fait également partie de ces grands généraux qui ont mené
la conquête et est devenu le puissant gouverneur de la Syrie.
La division a ainsi
atteint un point de non retour. On arrive donc inévitablement à la guerre.
Deux
batailles de cette première fitna
sont restées très célèbres.
La première
s’appelle la Bataille du Chameau
(656), ainsi nommée car c’est sur cet animal que la principale protagoniste de
cette histoire est venue assister au combat. Aicha elle-même, la veuve du
prophète, farouche opposante d’Ali et de ses soutiens, a tenu à être là pour
pousser son camp au combat et assister à la défaite de son ennemi. Elle sera
déçue. Les chefs de son camp sont tués dans la bataille. Ali survit. La guerre
peut reprendre. Six mois plus tard, c’est un nouvel affrontement, la Bataille de Siffin, une ville de Syrie.
Les deux armées se font face. Mais un doute hante certains esprits : des
frères musulmans peuvent ils s’entretuer ? Les partisans de Muawiya ont
alors une idée. Ils placent les feuillets du coran au bout de leurs lances pour
demander que l’on se remette à un arbitrage. Ali accepte. Mais les plus
intransigeants de ses partisans sont furieux de ce qu’ils prennent pour une
lâcheté. L’arbitrage n’est qu’à Dieu, déclarent-ils en décidant de sortir du
jeu. On les appelle alors les Kharijites (ceux qui sortent). Voulant punir ce
qu’il considère comme une trahison, Ali mène la bataille contre eux. Ils
décident de se venger. En 661, l’un d’entre eux poignarde le calife au moment
même où il se prosterne pour prier. La voie est alors libre pour celui qui
reste, Muawiya, le brillant général. Un de ses aïeux et grand oncle du prophète
s’appelait Omeyya. On nomme ainsi la dynastie dont il est le premier chef
omeyyade.
19 ans plus
tard, survient le second et ultime épisode de cette affaire, la Bataille de Kerbala, encore plus
terrible que les précédents et marque définitivement la scission de l’islam en
deux branches ennemies : le sunnisme et le chiisme.
Arrivé à la
fin de ses jours, Muawiya a fait accepter par son conseil que son successeur soit
Yazid, son fils. Voilà le pouvoir omeyyade devenu héréditaire. C’est
intolérable pour un homme au moins Hussein, fils d’Ali[7].
Il décide donc de rassembler ses partisans, qui se trouvent majoritairement en
Mésopotamie. En 680, à Karbala (Irak), sa troupe composée d’une soixantaine de
compagnon et de sa famille, est entourée par l’armée innombrable[8]
des représentants de Yazid. Mais Hussein refuse de faire allégeance au nouveau
calife. Peut-on pour autant lever son arme sur un homme dans les veines duquel coule
le sang de Mahomet ? Les soldats hésitent. L’un d’eux finit par se lancer,
les autres suivent et c’est le massacre : compagnons, famille, personne
n’y échappe. La tête du petit fils du prophète est envoyée chez le calife à
Damas. A partir de ce moment, les frères musulmans seront à jamais
séparés : il y a ceux qui pensent que l’intérêt de la communauté doit
primer et que le calife dûment désigné est bien le calife légitime, ce sont les
sunnites. Les autres sont toujours du parti d’Ali, ce sont les chiites.
Ainsi 50 ans
à peine après la mort du prophète, l’islam s’est subdivisé en 3 branches :
Kharijites, sunnites et chiites. Séparés au départ sur la base de querelles au
pouvoir, les frères ennemis vont développer au cours des siècles, de véritables
systèmes de croyance et de pensée spécifiques. Rappelez-vous, les kharijites
sont ces intransigeants qui ont quitté
la bataille de Siffin en reprochant à Ali sa pusillanimité. Certains de leurs
descendants conservent toujours cette image de puritains farouches, aux mœurs
très rigoureuses et à l’égalitarisme sans faille. Ils sont très minoritaires en
Islam. Les plus célèbres aujourd’hui sont les ibadites, majoritaires à Oman, et les mozabites d’Algérie.
Les chiites
eux restent marqués par ce qu’on pourrait appeler le « traumatisme
fondamental de la bataille de Kerbala ». Tous les ans, ils la commémorent
lors de la fête de l’Achoura[9] en pleurant, en se
lacérant, en se punissant de n’avoir pas su défendre Hussein, le petit fils du
Prophète, dans ce combat qui est devenu avec le temps pour eux le symbole de
l’injustice, de l’écrasement du faible par le fort. Toute la martyrologie, si
importante chez les chiites, y prend sa source. Ils n’oublient pas non plus le
point de départ du désaccord : la légitimité d’Ali et de ses descendants,
seuls à même de succéder au Prophète, car ils sont de son sang et donc les
seuls à comprendre les vérités du monde qui échappent au commun des mortels.
L’univers chiite est un monde duel qui oppose toujours une vérité apparente des
choses à une vérité cachée. Cela se retrouve jusque dans l’appréhension du
Livre saint lui-même. Ce que le fidèle y lit n’est qu’apparence. Le sens
profond des mots est un mystère qui ne peut être percé que par le personnage
central, l’imam, c'est-à-dire un de ces hommes impeccables et infaillibles que
Dieu a envoyés sur terre pour guider l’humanité. Les prophètes de l’ancien
Testament étaient de ceux-là. Mahomet aussi. Après lui, viennent pour relayer
son message, Ali et ses descendants. Car il y en a eut. A Karbala, un fils de
Hussein est épargné par miracle. Il devient donc l’imam à son tour. Après lui,
la chaine continue. Pour la majorité des chiites, elle compte 12 imams après le
prophète. On les appelle les duodécimains[10].
le dernier imam connu des hommes s’appelle Mohammad. On le surnomme le Mahdi.
Il aurait vécut au 9e siècle mais, à cause de la persécution qui peut toujours
renaitre, il vivait caché. Il disparut en 874, mais serait revenu un peu plus
tard pour transmettre des messages par l’intermédiaire de ses disciples. Puis
il disparut définitivement en 940 pour basculer dans une autre réalité. On
appelle ainsi cette disparition la grande occultation. Elle prendra fin quand,
comme avec le Christ pour les chrétiens, Dieu décidera de faire réapparaitre le
Mahdi sur terre pour sauver l’humanité. En l’attendant, les croyants doivent se
fier à ceux qui préparent son arrivée, les ayatollahs et les mollahs,
c'est-à-dire le clergé pour les uns et les maîtres spirituels et les guides
mystiques pour d’autres.
L’autre
famille, le sunnisme, très majoritaire de l’islam ne connait pas ce type
d’autorités. Elle ne s’attache pas non plus à ce type de légitimité par le
sang. Elle garde de ces débuts, comme nous l’avons déjà vu, l’idée qui était
celle des nombreux partisans de Muawiya. L’unité de la communauté est ce qui
prime sur toute autre considération. Elle pose un autre principe
fondamental : Mahomet est le seul homme infaillible en matière religieuse.
Tout ce qu’il convient tient dans la révélation qui lui a été faite à travers
le Coran et les hadiths, ce que l’on appelle la sunna (d’où le nom sunnites).
Pour ce qui est de l’ordre politique, elle accepte donc le nouveau calife et
ses successeurs.
reçu le matin du lundi 11 janvier 2016
[1] cf. l’encyclopédie de l’islam
[2] Selon la tradition
sunnite, il fut le premier homme à embrasser l’islam après la première femme de Mahomet, Khadija, et les deux fils adoptifs
du Prophète. Selon la plupart des sources chiites, ce serait Ali, qui vivait dans la maison du prophète,
qui aurait le premier embrassé l'islam suivi de Zayd fils adoptif du prophète.
[5] A cause notamment de sa venue tardive à l’islam. Il se serait converti sur
le chemin qu’il avait emprunté pour assassiner le prophète
[6] Par un certain Amr ibn
al-Hamiq
[7] Hassan, l’autre fils
d’Ali, est mort en 670
[8] Certains avancent le
chiffre de 30.000 hommes
[9] Le nom vient du mot
« dix » en arabe, car la bataille a eu lieu le dixième jour du 1er
mois de l’année lunaire)
[10] Une branche minoritaire
du chiisme croit en l’existence de 7 imans. On les appelle les septimains